Examen critique de la soi-disant réfutation/12

XII


Arrivent enfin à la page 74 (sur 100), des titres où commencent à poindre le Canada, et les noms de ses Évêques ; la Comédie Infernale, le Nouveau-Monde, le Franc-Parleur, l’Université-Laval, les Noces d’Or, etc.

Par la seule inspection du titre de l’ouvrage de M. Dessaulles, nous sommes portés à croire, que ces objets n’en fesaient pas une mince portion ; comme ils n’en ont pas fait une mince dans les troubles déplorables qui agitent depuis trop longtemps, tout le clergé de cette partie de la province, ce qui nous porte de plus en plus encore à présumer, que la soi-disant réfutation, est loin d’en être une.

Entrons cependant dans ces quelques pages, et glanons-y au moins quelques principes de solution sans doute forts, étendus, clairs, péremptoires et devant amplement suffire pour tout expliquer, tout réfuter, tout pacifier. On paraît convenir qu’il y a eu en Canada, quelques divergences d’opinion, entre les Évêques, quelques discussions religieuses (p. 74), mais on a soin de dire, que l’Église tolère, permet, encourage ces sortes de discussions… que l’Écriture Sainte nous déclare que bon nombre de questions ont été laissées à la dispute des hommes (p. 75).

Que ces divergences d’opinion qui ont agité les esprits, n’avaient pour objet que quelques faits laissés à l’appréciation des autorités ecclésiastiques. Que tous constamment d’accord sur les principes, n’ont pu différer que relativement à leur application ; que quelques uns des prélats en cause n’ont pas eu l’avantage de connaître suffisamment les faits sur lesquels ils avaient à se prononcer ; (bons évêques !) bien qu’ils aient cru, d’après l’exposé qu’on leur a donné, pouvoir porter leur jugement avec parfaite connaissance de cause (p. 76). — Plus que bons ! —

Que NN. SS. l’Archevêque de Québec et les Évêques de St. Hyacinthe et de Rimouski, avaient reçu les félicitations de M. Dessaulles, pour avoir favorisé des opinions qui doivent finir, espère-t on, par étouffer l’ultramontanisme en Canada ; (singulièrement flatteur pour ces prélats, mais qu’il en était tout autrement pour Mgr. de Montréal) véritable représentant de ce même ultramontanisme… qu’on affectionne[1] dans notre pays, éloge dites-vous, le plus magnifique qu’il soit possible de concevoir (p. 78).

Cependant M. L. e. l. r., ne fera pas dit-il aux trois premiers de ces prélats, l’injure de croire que M. Dessaulles, les a bien jugés… quoique puissent donner à croire certains de leurs actes applaudis par les coryphées de l’impiété et du rougisme en Canada ; (Adroit !) épreuve qu’ils subissent aujourd’hui devant tout le pays, humiliation que Dieu permet sans doute pour épurer leur vertu (p. 79). — Douce charité !… et quelle onction de langage !…

M. Dessaulles, peint la tempête, — De légères discussions religieuses comme on a vu — bien plus grosse qu’elle n’est en réalité ; il emploie pour cela des hyperboles outrées (p. 79). Ibid, il renchérit et renchérit au delà de toute expression, sur tout ce qu’ont été obligés d’écrire, (obligés) pour défendre les droits de la vérité et de la justice, tous ceux que M. Dessaulles, incrimine. Combien n’est-il pas injuste, ce M. Dessaulles, de trouver blâmable, affreux, même horrible (sic), que des prêtres, — la Société des écrivains catholiques — usent à l’égard de leurs confrères — qui doivent s’en trouver très-heureux !… — d’un droit que la raison et la Religion reconnaissent et consacrent [2] ; et vous, sous prétexte de redresser leurs prétendus torts, vous allez accumulant injures sur injures, calomnies sur calomnies, ordures sur ordures (p. 80).

Si les discussionsRien Que Celaoffusquent tant M. Dessaulles, il peut trouver assez de guerres à apaiser, dans d’autres sphères, et pour qu’il ne s’y méprenne pas, vous avez soin de les lui désigner : les intérêts sordides, les odieux tripotages, les affaires de cuisine et parfois d’écurie ; plutôt que de faire une Guerre Ecclésiastique. — Apparemment, c’est lui qui la fait !…

Ligne suivante, (p. 80) : Quand les ecclésiastiques du Canada se sont fait ce qu’on a improprement appelé la guerre.Improprement ne me parait pas le mot propre ; que faudrait-il d’avantage, pour que s’en soit une vraie ? — …ils n’ont été mus que par le désir de s’éclairer les uns les autres ; — Quelle Charité ! — de faire triompher ce qu’ils jugeaient le plus propre à produire le bien général. — Ô désintéressement ! — Quelques uns ont pu se tromper… — Mais en quoi a pu se tromper le parti qui, dans cette lutte d’écrits, n’a jamais rien écrit ; qui dans cette guerre, ne fait autre chose que recevoir les coups ? — Dieu seul jugera des intentions (de tous) et de leur culpabilitéoui, certes !

Ligne suivante, toujours M. L., e. l. r.. continuant à flageller M. Dessaulles : Quant à vous, vous vous proposez tout autre chose que de servir la vérité et la justice, de rendre hommage à la charité chrétienne.Ait latro ad latronem[3] — … Ce qu’on ne comprend pas, c’est que, nourrissant les plus criminels desseins, vous ne cessez point de vous vanter de modération, de justice et de charité.Dess., Luigi-And Co !  !  !

  1. On eut dû dire qu’on outre et discrédite, dans certaine partie etc.
  2. …Vous leur fîtes, Seigneur,
    En les croquent beaucoup d’honneur !…

  3. Molière dirait : « Ce latin-là a raison. »