Examen critique de la soi-disant réfutation/09

IX


Page 31. Les dîmes : Votre article des dîmes, M. L., ne vous attirera des compliments de personne. En plusieurs endroits il est tout à fait obscur, notamment à la page 32 : il est faible quand vous n’avez à dire, en fin de compte à votre adversaire, d’autre particularité sinon que l’Église étant infaillible puisqu’elle doit enseigner toute vérité : OMNEM veritatem (quelle spécialité !) on doit conclure, et vous en effet vous concluez solennellement que quand l’Église dit qu’elle a droit de posséder, et qu’elle possède réellement, c’est qu’elle l’a ! (Textuel.)

Sans doute !… et M. Prud’homme n’eut pas dit mieux !… Mais jugez de la portée d’un tel coup pour abattre un philosophe !… C’est en vérité, Messieurs, abuser du don que vous pensez avoir vous même, d’être sans réplique… ; et quel besoin de quatre pages et demie pour en arriver là ?…

Du reste ce chapitre, encore plus que les autres, si c’est possible, est noyé dans un déluge de grossièretés qui fait mal au cœur ; on voit que vous vous complaisez M. L., à dire à M. D : La question vous agace les nerfs…Il y a longtemps que vous désirez brouter dans les champs de l’Église, ce qui vous irrite, c’est que vous donnez inutilement de la corne contre le mur qui le protège (le ou les, comprenne qui pourra…) C’est grand dommage que Dieu…, N. S., et l’Apôtre S. Paul, n’aient pas prévu que vous, M. D., pouviez naître un jour. (Nous naissons apparemment sans que Dieu s’en aperçoive), resplendissant des lumières de la raison laïque. Ils auraient certainement pris garde à eux et n’auraient pas parlé et agi à la légère, comme ils ont fait… (M. Luigi, vous souvenez-vous que vous parlez de Dieu et de N. S. J. C. ?) Ils se sont malheureusement trompés, etc… Vous affirmez avoir reçu mission pour réformer ce qu’il y a d’imparfait dans l’Église ; cela se peut, mais comme l’âne de Balaam, ne parle pas tous les jours, il faut que vous donniez des preuves évidentes de la mission que vous dites avoir reçue… Il y a lieu de pouffer de rire etc… Vous vous garderiez bien de mettre le nez dans les affaires de votre voisin, sachant qu’on vous forcerait à renifler autre chose que le pot aux roses… Vous seriez payé pour radoter que vous ne feriez pas mieux.

Est-il quelqu’un au monde excepté vous, à qui ces saletés ne fassent bondir le cœur ?… Et j’en passe les trois quarts !…

Page 38. Le texte Nemo militans Deo implicat se negotiis sœcularibus, ne renferme certainement rien contre la faculté qu’a l’Église de posséder ; mais toutefois c’est en outrer le sens que de prétendre, ainsi que vous faites, l’appliquer à même titre et à même degré, aux laïques comme aux personnes d’Église. De plus, en prendre occasion pour dire à votre adversaire que ce texte est, hors de la portée de son intelligence, afin de vous donner l’occasion de lui en citer comme mieux à sa portée, un autre absolument étranger à l’objet de la discussion, mais seulement parce qu’il renferme une leçon humiliante pour tout pécheur en général, c’est faire un bien malheureux usage de l’Écriture. Est-ce la respecter, que de la réduire à devenir un répertoire de lieux communs, pour y trouver des reparties ? Employée de la sorte cette parole de Dieu, ne devient plus que la vôtre (comme vous le reprochez à M. D., page 11 de votre brochure), et ce dans le plus mauvais goût.

P. 39, lig. 17. L’enseignement de l’Église et des Papes ne cadre pas avec les inspirations qui vous viennent du ventre… (Vous n’avez pas honte, M. L.) !  !…

Ibid., P. 39 et 40. Toujours M. L. à M. Dessaulles : Par les mauvais raisonnements que vous faites sur les Papes, vous nous autorisez à penser que chevaucher sur la grande jument de Mahomet, vous donne un vertige qui menace d’établir perpétuellement domicile chez vous. — Cette figure du chevauchement, est pour vous M. L. une vraie trouvaille ; depuis que vous avez donné cette allure à votre adversaire, au commencement de votre écrit, vous même vous l’abandonnez difficilement. Il faut encore qu’elle reparaisse à la page suivante (41), sans doute avec autant d’apropos : Toujours en croupe sur une cavale indisciplinée, vous êtes, M. D., dit M. L., trop violemment remué, et la tête vous tourne… Et encore : pour recouvrer la claire-vue de l’esprit, laissez-là cette vilaine monture… Comme c’est de bon goût !… et qu’à plaisir, Monsieur, vous donnez prise sur vous à qui voudrait s’amuser a vos dépens !  !

Encore page 41, ligne suivante ; L. à D. : Caracolant toujours de la même façon à travers les textes… (Décidément vous n’en descendrez pas !) vous serez obligé de vous mordre les lèvres de dépit. Puis vous hâtant M. L. de réformer ce mot, comme pas assez bien dit ; les babines, reprenez-vous beaucoup plus élégamment ; tant vous paraissez avoir horreur de parler bon sens et vérité… — Lequel pensez-vous, est le plus gentilhomme de vous deux ?…

Ibid., page 41. Vous lui dites encore, à propos de St. Bernard ; vous avez là une de ces berlues fréquentes chez ceux que travaille, etc.

P. 43. Après une fort belle citation analysée de St. Bernard ; M. L. ajoute à M. D. : Je viens de réparer vos torts ou votre gaucherie… Il ne vous reste si vous êtes capable de voir clair, ou d’être impressionné par un sentiment honnête, qu’à avouer en vous frappant la poitrine que vous êtes un fourbe ou un imbécile. (Avec une seule L.[1]) Engageant et doux !…

Item. Article : Liberté de l’église. — Fausse Décrétales (sic),

Voici les premiers mots : L’orgueil abêtit et démonifie… puis, après cinq lignes sur le premier ange, sur le premier homme et sur la perte de leur beauté originelle, par suite de leur péché ; M. L. ajoute : Sous aucun rapport, M. Dess. vous n’avez été un privilégié de la beauté soit intellectuelle, soit physique. C’est assez dire que votre immense orgueil… imprime sur le front rétréci de votre chétive petite personne, un caractère ignominieux de laideur, de malice et de sottise cultivée qui provoque un immense et indéfinissable dégoût. Aux stupides expressions de haine voltairienne que vous exhalez contre l’Église, on devine aisément que vous vous grattez le front, pour en faire disparaître le seul ornement qui vous tient, malgré vous, la tête tournée vers le ciel, le signe sacré du baptême.

Que penser d’un écrivain qui entre en matière, sur un objet grave, par un pareil début ?

Après avoir cité un passage, sans doute répréhensible, de votre adversaire, touchant l’autorité de l’Église, en fait de doctrine, vous lui dites avec emphase : Je vous ai démontré brièvement, quoique irréfutablement, que la sainte Église catholique ne saurait errer…

C’est trop de confiance, M. L. vous ne l’avez nullement démontré, quoique ce fut précisément ce qu’il eût fallu faire ; et c’était si facile ! Vous n’eussiez eu qu’à ouvrir le premier cours de théologie, en abréger en quelques pages, la thèse sur l’autorité de l’Église, et grâce à ce morceau, vous eussiez diminué de moitié tout votre pamphlet, qui n’en eut pas été pire. Mais au lieu d’établir cela irréfutablement, — comme vous dites très-gratuitement l’avoir fait, — vous ne faites que l’avancer, ce qui ne suffit pas à un adversaire[2]. Puis après quelques nouvelles phrases de personnalités blessantes (45), vous terminez par lui dire : Si le droit canonique est ce que vous avancez, pourquoi ne le faîtes vous pas honnêtement voir ? M. Dess., pourrait vous répondre : Si ce droit est aussi irréfutable que vous l’avancez, — sans l’établir — pourquoi (au lieu de m’insulter), ne me le faites-vous pas honnêtement voir ?

Et que ne donnez-vous aussi de suite votre notion des fausses décrétales ? Pourquoi la retarder par une autre page entière ou plus, de personnalités telles que celles-ci, par exemple : page 45, lig. 33 : Votre cœur, cloaque où grouillent toutes les basses convoitises… Et encore (46) : Vous accusez l’Église de mille infamies, pour exercer contre elle vos vengeances, parcequ’elle ne tolère pas ces infamies. Qu’elle vous les permette, et l’on vous entendra vous proclamer vertueux, en même temps que vous vous vautrerez dans cette fange. Voilà ce que vous êtes, et l’on vous connaît de vieille date.

Et cela ne sont-ce pas des infamies ?…

P. 48. À propos des bienfaits de l’Église.

Une page entière d’injures : Allez planter votre tente au milieu des Peaux Rouges, puisque la vie sauvage a tant d’attraits pour vous… Si vous voulez vivre comme Bob et Rouget dans la plaine[3], ne prenez pas la peine de l’écrire, et émigrez au plus vite… Seul et très chétif représentant de l’hydre révolutionnaire… Mais le diable recrute ce qu’il peut… Vous aboyez contre l’Église… — cinq lignes plus haut : qu’avez-vous à japper ?… Puis : Menteur fieffé, calomniateur insigne… Puis page 50 : Pauvre cervelle démantibulée que la vôtre !… Page 51 : Vous, incomparable M. D. qui désirez prendre de l’embonpoint, en mangeant le bien d’autrui, vous ne jappez contre l’Église… que pour voir vos grossiers désirs accomplis. ( !  !  !)…

Pourquoi gâter par des apostrophes si dégoûtantes et si continues, les bonnes pages que vous pouviez si facilement écrire, sur les bienfaits de l’Église envers l’humanité ?

La page 52 est émaillée des fleurs suivantes : — Ignorance crasse, mauvaise foi et impiété sans vergogne… tartuffe incarné ; semblant ne vouer un culte à la justice et à la vérité, que pour vous autoriser à les mieux bafouer et salir ensuite… (Quel émail !)

P. 53. Vous et les vôtres qui êtes des menteurs nés… (Encore !)

  1. Note de Wikisource : Le mot imbécile s’écrivait imbécille auparavant.
  2. Ceci ne contredit pas ce que j’avais l’honneur de vous dire plus haut, si ce que vous en disiez-là était oiseux.
  3. Qu’est-ce que Bob et Rouget ?… nous ne pouvons le dire ; l’auteur a le tort de supposer ses lecteurs aussi savants que lui.