Examen critique de la soi-disant réfutation/08

VIII.


Article De la raison laïque de M. Dessaulles et de la raison humaine, etc.

La théologie dans ses plus hautes questions, vous est si familière, M. L. que vous avez pensé en pouvoir présenter en moins de deux pages une quintessence, suffisante sans doute pour que M. D., en soit ébloui et écrasé. Ce n’est pas donner une mince idée de l’élévation et de l’étendue de vos connaissances. Aussi dans les pages suivantes, ne cessez vous de lui dire avec modestie, jusqu’à cinq ou six fois de suite : comme je vous l’ai démontré. Il est vrai que vous lui ajoutez de temps en temps : Si toutefois vous avez pu me comprendre. C’est une de ces légères prétentions, dont vous avez parlé plus haut (p. 11). Croyez bien cependant que votre théologie ne pèche ni par excès de clarté, ni par le trop d’exactitude d’expression.

Page 12. M. L. dit à M. D. : Je viens de vous mettre sous les yeux… vos contradictions… (On vient de voir que vous lui en imputez deux gratuitement.) Retour au coq-blanc de Mahomet… Vous vous rappelez ce que je vous ai dit… — Si vous m’avez compris, etc… — On pourrait bien ne vous avoir compris qu’à demi, sans pourtant être aussi b… que vous aimez à le dire.

Page 48 de vos abominations. — Un mot cité de cette page, et un mot très-raisonnable que « l’homme ne saurait jamais égaler Dieu. » — Voilà la seconde ou troisième citation du pamphlet D., toutes deux à lui reprochées à faux, et nous sommes cependant déjà rendus à la 48me page de son écrit.

Page 13 : Tout le rôle de la raison en matière de foi, se borne a bien établir le fait de la révélation.

Au lieu d’une soixantaine de pages censées de théologie, et inutiles pour le plus grand nombre, si vous eussiez vous-même établi en quatre ou cinq pages solides un précis des bases de la foi (puisque vous paraissiez penser que cela fut nécessaire), vous eussiez je crois, atteint beaucoup mieux votre but. Votre pamphlet en eut été dix fois moins long, et dix fois plus utile.

Ibid. Premier passage de quelque étendue (16 lignes), et réellement blâmable de M. D. ; mais votre courte réfutation, qui n’en est pas une, est gâtée par ces deux lignes : Peut-on rien imaginer de plus orgueilleusement bête… Cette théologie qui est la vôtre, est bonne pour les veaux…

Page 14. M. D., interprète en vrai luron ces paroles de l’Écriture qu’il cite : « La loi du Christ » etc… : Vous les interprétez-vous, M. L. en disant que : La liberté que nous donne la loi du Christ, est une liberté qui nous affranchit du mal, tant dans nos pensées ou opinions que dans nos actes. Vous semble-t-il que ce soit exact ?

La conclusion à tirer de là, c’est que l’Église romaine par ses congrégations, surtout par la congrégation de l’Index, favorise extrêmement la liberté. — Il me semble que le moins qu’on puisse dire de cette phrase, c’est qu’elle est extrêmement gauche.

Page 19, art. IV. Comment M. D., Traite l’Église ; l’Église romaine est la véritable Église.

Vous vous souvenez M. L., que je n’ai pas lu le pamphlet de M. Dess. S’il attaque l’Église directement et dit tout ce que vous lui faites dire, il est bien évident qu’il est condamnable à tous égards. Là-dessus, vous paraissez vous croire obligé d’exposer ce qu’est l’Église en général, ses droits, etc., afin de prouver que l’Église Romaine est la véritable Église. Cette exposition vient-elle ad rem ? est-elle opportune ? Nous n’en pouvons rien dire, sinon qu’il n’est pas difficile de faire des volumes, ou de les grossir en y copiant des thèses entières de théologie : si d’ailleurs la votre est entièrement exemple d’exagération, en ce qui touche au pouvoir civil, ce que je ne voudrais pas garantir (p. 21).

Page 24. M. D en face de l’Église etc… On a peine à imaginer comment ceci peut se produire comme titre. Qu’est-ce donc qu’un individu quelconque, en face de l’Église du Christ ? Est-ce qu’il est besoin de répondre à pareille question ? — Viennent les empêchements de mariage. Le droit de l’Église d’en poser n’a jamais fait question. Si M. Dess., se permet là-dessus des avancés faux, rien de plus juste qu’il soit rappelé à la vérité.

Page 27, art. VI, titre : L’Église depuis M. D., s’est trompée, etc. Cette malheureuse faute de votre Prote laissant depuis pour d’après, aurait dû être aperçue et corrigée car elle est propre à faire casser la tête à tout lecteur qui tâche de comprendre ce qu’il lit. Tantôt, c’est imprudence pour impudence ; croit pour croie ; vous avez pêchez pour péché ; lui permettre, pour permettre ; non pas, pour et cela ; fruit pour puits de l’abîme ; des mots entiers omis dans vos phrases, pas un seul texte latin qui n’ait quelques fautes ; avouez qu’il faut avoir une forte dose de bonne volonté, pour vous lire.[1]

Ibid., ligue dernière : L. à D. : Il suffit d’un seul grain de bon sens pour avoir raison de vos objections.

C’est toujours ce ton de suffisance qui ne peut pas vous quitter. Pourquoi ne pas vouloir convenir qu’il y a en effet des choses qui prêtent à des objections spécieuses, et pas toujours faciles à résoudre ? En affectant ainsi de tout mépriser, en fait de difficultés, on finit par nuire étrangement, à l’air de bonne foi que la vérité doit donner toujours, à ceux qui se portent pour ses défenseurs.

Page 30. À propos du mot de changeurs, que M. D., dites vous aurait ajouté à la parabole Évangélique, « des serviteurs fidèles qui avaient doublé leur argent en le mettant à la banque ; » vous dites à M. D. ; Le changeur c’est vous, et l’Écriture Sainte se garde de mentionner votre nom, parce qu’il désigne une personnalité moins respectable que celle de Pilate, Caïphe et Judas.

Mais Monsieur, y pensez-vous ; et où vous entraîne la passion !… Est-ce que Pilate, Caïphe et Judas, sont nommés dans l’Écriture, parce qu’ils sont respectables ?…Et puis tous les Saints du Nouveau Testament, sont-ils plus nommés dans l’Écriture que M. Dessaulles ? Est-ce aussi parce qu’ils seraient moins respectables que Pilate, Caïphe et Judas ?…

  1. Voir l’Errata.