Mercure de France (p. 178-179).

CII

Encourager les beaux-arts.


Quand le Bourgeois, retiré des affaires, a marié sa dernière fille, il encourage les beaux-arts. Ça et les timbres-poste, ça va toujours. Ce précieux encouragement consiste à payer fort cher la camelote ou le gratin des artistes décorés. Entre Memling encore inconnu et un peinturier du Luxembourg, il n’hésitera pas une seconde. Si vous lui proposez une toile d’un garçon de génie non inscrit dans les diptyques de la Commande, il vous répondra qu’il n’encourage pas la « soulographie ».

Son flair est inconcevable pour discerner les ouvriers de néant, les crétins du tube, les avilisseurs. Ces derniers, surtout, lui sont chers. Ils lui donnent tellement ce qu’il lui faut ! Sa soif intime, son désir profond, sa croisade à lui, c’est de mettre le Beau parterre, au-dessous de la pire ordure, et rien ne vaut les cochons d’artistes pour cette besogne.

Si l’Enthousiasme ne poussait pas des cris de rhinocéros écorché, quand on veut le faire entrer au bordel, il faudrait ce mot pour exprimer l’espèce d’agitation surnaturelle dont il est ici parlé.