Mercure de France (p. 82-83).

XXXVIII

Il n’y a que la Vérité qui offense.


Post-scriptum au paragraphe XXXIII. J’allais l’oublier, celui-là. N’avais-je pas raison ? Non seulement il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à entendre, mais le profond Bourgeois nous affirme qu’il n’y a que la Vérité qui l’offense.

Le mensonge ne l’offense pas, ne l’offensera jamais. C’est une espèce d’oncle dont il espère toujours hériter et pour lequel il n’a pas assez de caresses. Quand le Mensonge s’incarnera, ce qui doit arriver un jour, il n’aura qu’à dire : « Quittez tout et suivez-moi », pour traîner aussitôt derrière lui, non pas une douzaine de pauvres, mais des millions de bourgeois et de bourgeoises qui le suivront partout où il lui plaira d’aller.

Jusqu’à présent, la Vérité seule s’est incarnée, Ego Veritas qui loquor tecum, et vous savez comment elle a été accueillie. Ah ! on ne s’y est pas trompé une minute : Crucifigatur ! Il n’y a que la VÉRITÉ qui offense !

C’est tout de même troublant d’entendre le Bourgeois dire ces choses-là, tranquillement, du matin au soir.