Société Littéraire de France (p. 37-62).


DEUXIÈME PARTIE


Quand la nuit comme une grande fumée épaissit l’air, qu’elle écoute, en extase, les propos des amants, que l’air est suspendu à leurs lèvres, que l’été qui s’attarde retourne encore une fois vers eux la tête, et lève le front, comme s’il entendait une fois encore le rossignol, le cœur partagé se tait dans l’homme solitaire.

Divine nuit ! Que tous mes sentiments s’éteignent en un tumultueux pianissimo…

* * *

Comme dans ces pays de montagnes, où le ciel reste longtemps clair après que le soleil a disparu, voici qu’au-dessus de ma vie, la promesse d’un calme, d’un apaisement non mortels, un pâle crépuscule s’étendent. Silence aux mots les plus amers. L’obscurité, où l’esprit ouvre ses riches ailes invisibles, nous est refusée, ce soir.

N’apprendrai-je donc point, comme un autre, à me repaître de chimères, et de cet espoir qui m’arrive ? Pourquoi me refuser toujours à leur chétive et vague étreinte ? Pourquoi repousser d’un sarcasme leurs avances mystérieuses ? Où mon orgueil, où ma douleur en veulent-ils venir avec ces façons ? Eh bien oui, je le sens, j’espère, humblement, résolument comme la feuille, jusqu’à ce qu’elle soit flétrie, est verte.

* * *

Les lèvres glacées, la gorge étranglée, comme le trafiquant qui abaisse progressivement le prix de cette marchandise, sa suprême ressource et le pain des siens — et on n’en veut pour or ni argent. Cela ne fait pas l’affaire — je me suis vu réduit de mes prétentions les plus justes à ne désirer rien que de pouvoir vous tutoyer, non plus sournoisement, brusquement, les yeux cachés, le cœur amer comme le buis, mais d’un tutoiement consenti, sans cesse.

Premier tutoiement, première odeur de l’herbe au printemps !

Tendre, mouillé, avec des maladresses d’oiseau tombé, des scintillements d’étoiles, le doux tutoiement, doux comme un pied nu…

C’est décidé, je te tutoie, mais comment faire ? Quand je te tutoie, même en rêve, que je te dis « tu » tout haut, par force, je reçois un choc suave, comme si ta main me heurtait le dos. Et l’équilibre de mon cœur est rompu par la surprise.

De s’être approchées l’une de l’autre, que nos bouches se soient à jamais tutoyées ! Que ce soit toute notre couronne, peut-être, cette infructueuse fleur !

* * *

Si la solitude avait une couleur, je dirais qu’on en a peint les murs de ma chambre.

On ne voit guère dans cette pièce que des fleurs. Il y en a d’un mauve si doux qu’elles te ressemblent, il y a une rose qui s’aplatit en se fanant ; et, partout, de ces phlox dont l’odeur emprunte aux traînants soupirs de l’automne leur amère et secrète folie.

J’ai fait tout de suite mon séjour de ce verger. Il est petit, il est carré, il a deux allées qui se croisent ; il faut être humble pour s’y promener. D’un côté, une balustrade en briques lui découvre la campagne ; une haie de troènes fait, sur les trois autres côtés, plutôt office de paravent que de muraille. Dans le coin où les fraisiers sentent bon, se cache un banc de bois ; on découvre, un peu en arrière, les cabanes des abeilles. C’est là que, sous couleur de préparer leur miel, les rusées sorcières fabriquent des étoiles avec le suc, avec l’âme même des fleurs.

Il y a des endroits où les oiseaux ne chantent jamais ; où ils se plaignent. Ici.

* * *

Une longue séparation, l’impossibilité de me rapprocher de toi, d’agir dans ce but, toutes les forces du cœur repliées sur ton souvenir : me préserve ce souvenir même de la sentimentalité ! Non qu’elle soit vide de douceur, elle en a peut-être trop, elle engourdit, elle paralyse ; non qu’elle me paraisse ridicule, cela m’est égal ; mais elle n’exprime pas assez noblement l’amour.

Je n’imagine pas volontiers un homme qui meurt d’une façon sentimentale. On souffre autrement. On aime autrement. On s’arrange.

La tendresse, l’humilité, l’abaissement, des larmes dans quelques occasions, des contrastes et ces subtilités qu’adorent les amants… oui, des larmes, mais ailleurs que dans la voix !

* * *

La révélation soudaine de l’étendue de ta beauté ne m’a point « renversé ».

Non, pas plus que ne le serait une âme délicate, d’entendre, en été, le soir lui parler à l’oreille, ou les fleurs pousser leurs parfums jusqu’au chant.

* * *

Quand j’ai réussi à me promener toute une matinée dans la campagne sans rencontrer un seul visage, rien n’égale ma joie ; je finirais par me confondre avec la verdure qui miroite, avec la verdure qui moutonne, avec la verdure qui flamboie, si je n’étais devenu, par l’éclat dont me revêt à mes propres yeux ton amour, un être distinct de tous les autres êtres.

Distinct même de l’homme…

Tes bras de naïade, tes jambes d’hamadryade, le souvenir de tes beautés mythologiques me tirent du milieu de mes frères : j’existe, mais à part.

* * *

Il n’y a plus dans ma vie d’autres événements que des promenades. Je ne sais pas de pays plus propre à en fournir que celui-ci. Il me fait accepter d’attendre. Ces campagnes, ternes et mornes, se déroulent mélancoliquement sous les pas du rêve et le favorisent dans la mesure qui lui convient. Il peut s’abandonner à elles, sans craindre qu’elles le détruisent ; surtout en cette saison qu’elles appellent toute l’année et dont la possession les tue. Car déjà la pointe des feuilles se recroqueville ; on ne voit pas encore que c’est l’automne, mais le cœur en est averti.

* * *

À midi, en été, sur la route, c’est nous qui protégeons notre ombre des ardeurs du soleil, qui lui formons de notre propre corps un rempart contre la lumière.

Ainsi notre amour qui est chair et vie projette devant soi son idéal qui n’est qu’illusion et vanité ; de toute sa stature humaine il garantit la sombre silhouette qui le précède et qu’il croit suivre alors qu’il la guide par les pieds. Souffrir, saigner, succomber même, que lui importe, si la chère image aux lignes pures, aux gestes longs ne ressent rien, Elle, des feux du jour !

* * *

Enfin le dernier rayon de ce soir d’angoisse a dépassé la cime de l’arbre le plus haut. Trois hirondelles se partagent le ciel. Une mince fumée sort du toit. Elle fuit si vite qu’elle a l’air d’écrire sur le vent quelque chose d’illisible et de passionné.

Je ne te vois pas, je ne t’imagine pas, je t’aime. Ma tristesse vient de tant de force, de tant d’ardeurs, de ce crépuscule-ci, perdus pour notre amour, de tous ces jours enfin que ne m’aura point comptés ta voix aux douceurs affligeantes.

* * *

Tout ce qui m’étonne prend, du même coup, ton nom ; tout sentiment vif qu’éveille en moi la surprise, c’est toi-même : un oiseau part sous ma main ; un papillon s’ouvre dans l’air ; un rayon de soleil m’illumine — et je te salue du bout des lèvres !

Quand j’ai longtemps marché dans les terres, la fatigue aidant, je t’oublie ; je songe à la gloire, à la beauté d’un vers, à celle de l’océan. Qu’une chaumière tout à coup, qu’une ferme perdue s’enlève sur le ciel, mais c’est toi qui l’habites ; je retiens une brusque larme, j’étouffe un cri.

Je me couche dans le blé noir. Cette beauté blanche et légère, ce quelque chose de frissonnant qu’il garde jusque dans l’immobilité de ses tiges, je ne les ai trouvés qu’à la voie lactée, au givre et à toi. Tout le reste étant d’une pâleur plombée et fixe.

* * *

Comme un petit garçon et une petite fille qui se rencontrent plusieurs fois de suite dans le même square et qui aspirent si violemment à jouer l’un avec l’autre, qu’ils n’ont plus d’autre univers, enfants sauvages, jusque-là dédaigneux des plaisirs qu’ils ne prenaient pas seuls, et qui se jettent à la dérobée d’immenses regards, nous demeurâmes ensemble longtemps, sans nous sourire, sans nous parler, cruels, graves.

Au début même de mon amour, je n’aurai point connu l’horreur d’être haï, mais j’ai reçu de l’assurance que tu m’aimais une joie si grande qu’elle m’a fait mal pour toujours et que l’angoisse qui lui a succédé dure encore.

Dans ces premières difficultés qu’éprouve un timide, un respectueux, quand il veut exprimer sa passion, il y a une volupté tellement inouïe que je préfère ne la comparer à rien, de peur que mon point de comparaison ne te scandalise.

Tu t’approchas de moi ; tu me demandas je ne sais plus quoi ; je te répondis : « Je ferai tout ce que vous voudrez. » De ce jour-là nous sûmes que nous étions l’un à l’autre.

* * *

Je cueille avec tendresse un brin de mélilot, car il y a des amours qui contiennent, dès leurs premiers sourires, l’amertume et la suavité qu’on ne trouve d’ordinaire qu’aux larmes, comme il y a des fleurs qui sentent par avance le miel.

* * *

Par la fenêtre je vois mon hôtesse qui repasse du linge. Elle est sans force ; il fait une chaleur d’orage qui l’accable. De sa main droite elle promène un fer noir et court ; de l’autre qu’elle plonge par moments dans un bol, elle jette négligemment quelques gouttes d’eau fraîche devant soi. Que sa fatigue est pleine de charme ! Je songe que mes travaux, qui sont de transir et de brûler tour à tour pour un même souvenir, ressemblent aux siens et que, sans rien faire d’autre, je suis aussi fatigué qu’elle.

Je dessine ton nom en l’air, au-dessus de ma table, avec la pointe d’un couteau. Je ne sais quel désir rustique de le voir gravé dans le bois entraîne mon cœur par degrés. Le silence est grand, l’ombre épaisse. Tout à coup je ferme les yeux.

Il est là ! Est-ce toi, nom charmant ? Il brille de toutes ses entailles ; partout où je porte mes regards, je l’aperçois ; dans le jardin obscur, sur les murs sombres, au ciel nocturne ; il me fascine, il m’effraye. J’ai peur que d’autres que moi ne le lisent parmi les astres, quand ces nuages qui les voilent disparaîtront.

* * *

Je me souviendrai toujours de ce rêve. Il neigeait, la nuit était profonde. Un manteau de fourrure te pressait dans ses plis. Ta mantille était cousue de violettes de Parme fraîches. Tu te dégrafas : tes épaules bondirent comme des mouettes, au-dessus d’une robe si verte qu’elle semblait encore humide d’avoir été fauchée le soir même dans la prairie !

Que je suis touché de te voir rompre en faveur de ton amour le sommeil si moelleux du matin ! Je sens la pareille douceur du vent et des oiseaux qu’il porte. Le ciel est gris et dru comme un toit de chaume. C’est toi dans le petit jour, je t’aperçois ; tu ne marches pas, tu ne flottes pas ; cependant on dirait qu’il neige.

* * *

Bonjour, mon aube de Corot, mon humide petit-jour, ma rose blanche !

Je me souviens d’un tableau qui représente une femme accoudée à un banc. Comme elle n’est pas belle, rien n’empêche qu’on jouisse de la langueur de son attitude.

Je ne te fais pas un reproche de ta beauté ! mais, tout d’abord, on ne voit qu’elle ; il faut l’oublier pour sentir la grâce de ta démarche, le charme de tes gestes et ta noblesse d’expression. Beauté si merveilleuse qu’elle les dissimule comme des secrets !

Il y a comme une couronne invisible mêlée à tes cheveux, un voile toujours répandu sur tes traits, une mesure exquise observée par tous tes mouvements, et, dans ton corps entier, l’humilité des anémones.

* * *

Tes paupières sont dans mon souvenir comme deux grands sachets d’odeur.

Mais tes paupières vivantes, tes paupières fraîches et désabusées qui sentent les premiers lilas !

* * *

Ce qui donne à tes yeux le plus de vie, ce qui les anime, ce n’est pas la joie ; c’est la mélancolie dans toute sa force.

J’ai rarement vu ton âme s’élancer au dehors. Sous le trait qui la frappe, elle recule avec ivresse. Au lieu de se jeter en désordre sur l’objet de sa passion, elle l’attire mystérieusement dans ses prunelles ; elle l’adore, là ; l’accable, là ; elle le baigne, là, de délices insoutenables.

* * *

J’entends ta voix ; elle entre en moi comme si elle y apportait des fleurs, mais les mots que tu dis, après avoir tracé dans mon âme un lumineux sillage, à la façon de ces fusées qui cherchent le plus haut du ciel pour y éclater, ne prennent tout leur sens, qui est leur beauté dernière, que lorsque tu t’es tue et que d’autres voix osent succéder à la tienne.

Je ne veux plus que ta voix erre ainsi dans ma voix, lorsque je me parle à moi-même. J’ai trop peur de confondre à la longue avec ma façon de donner aux mots la douceur de vivre, celle qui n’appartient qu’à toi. Ce quelque chose de posé et qui s’étonne d’exprimer simplement les secrets d’une âme mystérieuse, ce ton bas à la fois enfantin et grave, tes intonations frileuses, je les ensevelirai dans ma mémoire plus profondément que le remuement d’aucunes lèvres, là où ne subsiste plus le souvenir d’aucune musique.

Ne t’impatiente pas, si je feins de ne pas bien entendre ce que tu me dis. Répète-le, afin que j’échange contre un peu de ridicule le plaisir déchirant de boire deux fois sur tes lèvres qui bougent les mêmes paroles.

Ô tenir dans la main le rossignol, quand il chante !

* * *

Pourquoi es-tu semblable à l’heure où, dans le matin naissant, la lune, couverte d’un inexprimable sourire, tombe en arrière ?

* * *

N’est-ce pas, tu resteras toujours la même ? Je ne peux pas imaginer que tu changes durant notre séparation. Moi je ne change pas. Je porte encore ce mouvant caractère, et tu as l’audace de t’y appuyer. On ne sait toujours point si les battements d’ailes de ce papillon sont joyeux, impertinents ou désolés. Ma stabilité, c’est toi seule.

Ah ! que tu deviennes gaie ou plus courageuse : l’affreux moyen de me trahir dont tu disposes.

Ce n’est pas que j’attende seulement de toi la répétition d’anciens gestes, de plaisirs déjà goûtés ; mais les émotions futures dont tu dois orner notre amour, semblables aux découvertes que fait encore l’oreille dans une musique mille fois reçue, je ne veux pas qu’elles m’étonnent par leur nouveauté, mais par leur harmonie même avec mes souvenirs.

* * *

Quel bonheur de n’être rien et que tu m’aimes ! Je ne reçois que de toi le peu de grandeur, de valeur humaine qui me rend digne d’aspirer à la vie du cœur. L’orgueil tombé, qu’on est petit ! Me voilà, pauvre, dénué de tout ce que tu ne m’as pas donné : j’ai jeté beaucoup de faux biens par la fenêtre.

* * *

Je n’ai de loisirs qu’en toi… Le reste du temps il pleut.

* * *

Comme je suis heureux ce soir ; je te sens là. Tu parles au nuage qui flotte dans ma cervelle, tu cueilles dans mon cœur une fleur que j’ignore, tu l’enfermes dans ton corsage. Ma main harcèle le papier, je ne vois plus ce que j’écris : tu m’attends. Je viendrai. Attends encore. Ce sera moi ! Oh ! je viendrai !

À l’heure où les ponts ne traversent plus les fleuves, la nuit ; à l’heure où les chemins de halage ne courent plus le long de l’eau, mais reposent ; à l’heure où la nature s’abandonne au premier songe qui veut d’elle, je te rejoindrai sans bruit, et l’un de nous bercera l’autre dans ses bras.

* * *

Comme une femme qui tombe sur un banc après avoir bien couru et bien ri, voici la dernière heure de ce jour de fête, de ce jour où je n’ai pas un instant cessé de penser à toi avec joie…

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Je n’imaginais pas de plus belles oasis dans notre séparation que les heures du souvenir. Je me trompais. Remonter le cours du passé, faible plaisir, lorsque tu vis en moi, que tu fais des gestes actuels, que tu dis des paroles appropriées aux circonstances présentes ; lorsque tu me souris de cette façon que tu ne tiens pas du moment, mais de ton âme constamment grave et amoureuse.

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Je dois marquer ici quelque reconnaissance à mon esprit, à ma mémoire, à ma raison même, aux fonctions de mon être tant moral que physique. Ils savent que mon cœur est occupé avec mon imagination à des travaux divins ; loin d’interrompre un entretien où ils n’ont point de part, ils accomplissent sans bruit leurs tâches respectives ; ils s’effacent ; ils se hâtent ; ils ont soin que tout soit en ordre. On dirait des serviteurs d’autant plus empressés à bien faire leur ouvrage qu’ils comprennent qu’une influence mystérieuse domine leur maître et que la bonne réputation de la maison où ils servent ne dépend plus désormais que de leur zèle.

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Si je portais un jugement défavorable sur la moindre de tes actions, je perdrais aussitôt toute confiance dans la justesse de mon esprit, mais je crois que tu ne peux rien entreprendre sans le mener à son point de perfection, rien dire qui ne soit plein de grâce et de mélancolie, rien penser sans le conseil de ton cœur : voilà comment je me tiens assuré d’être raisonnable.

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Une chose me prive, l’avouerai-je ? C’est de ne plus avoir pour ma personne physique la même considération qu’autrefois. Tu me rendais si cher à moi-même, quand tu m’assurais qu’un de mes regards t’avait blessée, que je me surprends parfois encore à attendre du paysage où je plonge doucement les yeux quelque murmure tendre et flatteur.

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Amie, amie, je ne puis plus me taire ! Je me donne à toi, comme la cloche, toute entière dans chacun de ses battements, se donne au soleil qui va disparaître sous l’horizon noir.

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Désir, être invisible, être vigoureux et brûlant, à la stature humaine, à la poigne solide et douce, pourquoi glisses-tu tes mains sous mes aisselles, pourquoi m’empêches-tu à la fois de respirer et de tomber, en me soutenant traîtreusement dans tes bras ?

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Sous les flèches de mes ennemis, nu, attaché à un arbre, je voudrais défaillir comme le plus pâle des saint Sébastien, comme celui que je peindrais et qui pleurerait joyeusement de se sentir, par ses mille blessures, soulagé d’un sang si fiévreux qu’il l’aidait moins à vivre qu’à mourir.

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En vain je t’ai promis de ne penser qu’à ton âme céleste, en vain je me suis dérobé au souvenir de ton corps vivant ; en vain je feins un amour pur : je ne puis plus celer ce besoin que j’éprouve à tout moment de partager ta chair avec toi.

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Je prononce ton nom, je respire une rose. Quand, au milieu de la nuit, la chair de Psyché gobe le plaisir que lui jette la chair de l’Amour, leur étourdissement n’est pas plus chaleureux.

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Le cœur me bat si fort qu’on dirait qu’il parle. C’est l’heure où, dans l’étable obscure et suffocante, le lit du vacher contient la vachère, où leurs genoux ragent, où leur sang s’accumule, bout, les renverse et où ils l’échangent…

Qu’un peu d’humeur nous mène loin !

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