Eureka (1848)
Traduction par Charles Baudelaire.
M. Lévy frères (p. 201-220).


XIII


L’imagination ainsi pleine de distances cosmiques, profitons de l’occasion pour parler de la difficulté que nous avons si souvent éprouvée, quand nous poursuivions le chemin battu de la pensée astronomique, à rendre compte de ces vides incommensurables, — à expliquer pourquoi des gouffres, si totalement inoccupés et si inutiles en apparence, se sont produits entre les étoiles, — entre les groupes, — bref, à trouver une raison suffisante de l’échelle titanique, sur laquelle, quant à l’espace seulement, l’Univers paraît avoir été construit. J’affirme que l’Astronomie a fait visiblement défaut dans cette question et n’a pas su attribuer à ce phénomène une cause rationnelle ; — mais les considérations qui, dans cet Essai, nous ont conduit pas à pas, nous permettent de comprendre clairement et immédiatement que l’Espace et la Durée ne sont qu’un. Pour que l’Univers pût durer pendant une ère proportionnée à la grandeur de ses parties matérielles constitutives et à la haute majesté de ses destinées spirituelles, il était nécessaire que la diffusion atomique originelle se fit dans une étendue aussi prodigieusement vaste qu’elle pouvait l’être sans être infinie. Il fallait, en un mot, que les étoiles passassent de l’état de nébulosité invisible à l’état de solidité visible, et vieillissent en donnant successivement la naissance et la mort à des variétés inexprimablement nombreuses et complexes du développement de la vitalité ; — il fallait que les étoiles accomplissent tout cela, trouvassent le temps suffisant pour accomplir toutes ces intentions divines, durant la période dans laquelle toutes choses vont effectuant leur retour vers l’Unité avec une vélocité qui progresse en raison inverse des carrés des distances, au bout desquelles est placé l’inévitable But.

Grâce à toutes ces considérations, nous n’avons aucune peine à comprendre l’absolue exactitude de l’appropriation divine. La densité respective des étoiles augmente, naturellement, à mesure que leur condensation diminue : la condensation et l’hétérogénéité marchent de pair ; et par cette dernière, qui est l’indice de la première, nous pouvons estimer le développement vital et spirituel. Ainsi, par la densité des globes, nous obtenons la mesure dans laquelle leurs destinées sont remplies. À mesure qu’augmente la densité et que s’accomplissent les intentions divines, à mesure que diminue ce qui reste à accomplir, nous voyons augmenter, dans la même proportion, la vitesse qui précipite les choses vers la Fin. Et ainsi l’esprit philosophique comprendra sans peine que les intentions divines, dans la constitution des étoiles, avancent mathématiquement vers leur accomplissement ; — il comprendra plus encore ; il donnera à ce progrès une expression mathématique ; il affirmera que ce progrès est en proportion inverse des carrés des distances où toutes les choses créées se trouvent relativement à ce qui est à la fois le point de départ et le but de leur création.

Non-seulement cette appropriation de Dieu est mathématiquement exacte, mais il y a en elle une estampille divine, qui la distingue de tous les ouvrages de construction purement humaine. Je veux parler de la complète réciprocité d’appropriation. Ainsi dans les constructions humaines une cause particulière engendre un effet particulier ; une intention particulière amène un résultat particulier ; mais c’est tout ; nous ne voyons pas de réciprocité. L’effet ne réagit pas sur la cause ; l’intention ne change pas son rapport avec l’objet. Dans les combinaisons de Dieu, l’objet est tour à tour dessein ou objet, selon la façon dont il nous plaît de le regarder, et nous pouvons prendre en tout temps une cause pour un effet, et réciproquement, de sorte que nous ne pouvons jamais, d’une manière absolue, distinguer l’un de l’autre.

Prenons un exemple. Dans les climats polaires, la machine humaine, pour maintenir sa chaleur animale, et pour la combustion dans le système capillaire, réclame une abondante provision de nourriture fortement azotée, telle que l’huile de poisson. D’autre part, nous voyons que dans les climats polaires l’huile des nombreux phoques et baleines est presque la seule nourriture que la nature fournisse à l’homme. Et maintenant dirons-nous que l’huile est mise à la portée de l’homme parce qu’elle est impérieusement réclamée, ou dirons-nous qu’elle est la seule chose réclamée parce qu’elle est la seule qu’il puisse obtenir ? Il est impossible de décider la question. Il y a là une absolue réciprocité d’appropriation.

Le plaisir que nous tirons de toute manifestation du génie humain est en raison du plus ou moins de ressemblance avec cette espèce de réciprocité. Ainsi, dans la construction du plan d’une fiction littéraire, nous devrions nous efforcer d’arranger les incidents de telle façon qu’il fût impossible de déterminer si un quelconque d’entre eux dépend d’un autre quelconque ou lui sert d’appui. Prise dans ce sens, la perfection du plan est, dans la réalité, dans la pratique, impossible à atteindre, simplement parce que la construction dont il s’agit est l’œuvre d’une intelligence finie. Les plans de Dieu sont parfaits. L’Univers est un plan de Dieu.

Nous sommes maintenant arrivés à un point où l’intelligence est forcée de lutter contre sa propension à la déduction analogique, contre cette monomanie qui la poussa à vouloir saisir l’infini. Nous avons vu les lunes tourner autour des planètes ; les planètes autour des étoiles ; et l’instinct poétique de l’humanité, — son instinct de la symétrie, en tant que la symétrie ne soit qu’une symétrie de surface, — cet instinct, que l’Âme non-seulement de l’Homme mais de tous les êtres créés, a tiré au commencement de la base géométrique de l’irradiation universelle, — nous pousse à imaginer une extension sans fin de ce système de cycles. Fermant également nos yeux à la déduction et à l’induction, nous nous obstinons à concevoir une révolution de tous les corps qui composent la Galaxie autour de quelque globe gigantesque que nous intitulons pivot central du tout. On se figure chaque groupe, dans le grand groupe de groupes, pourvu et construit d’une manière similaire ; et en même temps, pour que l’analogie soit complète et ne fasse défaut en aucun point, on va jusqu’à concevoir tous ces groupes eux-mêmes comme tournant autour de quelque sphère encore plus auguste ; — cette dernière à son tour, avec tous les groupes qui lui forment une ceinture, on croit qu’elle n’est qu’un des membres d’une série encore plus magnifique d’agglomérations, évoluant autour d’un autre globe qui lui sert de centre, — quelque globe encore plus ineffablement sublime, quelque globe, disons mieux, d’une infinie sublimité, incessamment multipliée par l’infiniment sublime. Telles sont les conditions, continuées à perpétuité, que la tyrannie d’une fausse analogie impose à l’imagination et que la Raison est invitée à contempler, sans se montrer, s’il est possible, trop mécontente du tableau. Tel est, en général, le système d’interminables révolutions s’engendrant les unes les autres, que la Philosophie nous a habitués à comprendre et à expliquer, en s’y prenant du moins aussi adroitement qu’elle a pu. De temps à autre cependant, un véritable philosophe, dont la frénésie prend un tour très-déterminé, dont le génie, pour parler plus honnêtement, a, comme les blanchisseuses, l’habitude fortement prononcée de ne couler les choses qu’à la douzaine, nous fait voir le point précis, qui avait été perdu de vue, où s’arrête et où doit nécessairement s’arrêter cette série de révolutions.

Les rêveries de Fourier ne valent peut-être pas la peine que nous nous en moquions ; — mais on a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de l’hypothèse de Madler, — à savoir qu’il existe, au centre de la Galaxie, un globe prodigieux, autour duquel tournent tous les systèmes du groupe. La période de révolution pour notre propre système a même été évaluée à 117 millions d’années.

On a longtemps soupçonné que notre Soleil opérait un mouvement dans l’espace, indépendamment de sa rotation, et une révolution autour du centre de gravité du système. Ce mouvement, en admettant qu’il existe, devrait se manifester par la perspective. Les étoiles, dans cette partie du firmament que nous sommes censés avoir laissée derrière nous, devraient, pendant une longue série d’années, s’accumuler en foule ; celles comprises dans le côté opposé devraient avoir l’air de s’éparpiller. Or, par l’histoire de l’Astronomie, nous apprenons d’une manière vague que quelques-uns de ces phénomènes se sont manifestés. À ce sujet on a déclaré que notre système se mouvait vers un point du ciel diamétralement opposé à l’étoile Zêta Herculis ; — mais c’est là peut-être le maximum de ce que nous avons logiquement le droit de conclure en cette matière. Madler, néanmoins, est allé jusqu’à désigner une étoile particulière, — Alcyone, l’une des Pléiades, — comme marquant juste, ou à peu de chose près, le point autour duquel s’accomplirait une révolution générale.

Or, puisque c’est l’analogie qui nous a tout d’abord entraînés vers ces rêves, il est naturel et convenable de nous servir de la même analogie pour en poursuivre le développement ; et cette analogie qui nous a suggéré l’idée de révolution nous suggère en même temps l’idée d’un vaste globe central autour duquel elle devrait s’accomplir ; — jusque-là le raisonnement de l’astronome est logique. Dynamiquement, il faudrait toutefois que cet astre central fut plus gros que tous les astres réunis qui l’entourent. Or, ils sont au nombre de 100 millions environ. « Pourquoi donc, » a-t-on demandé très-naturellement, « ne voyons-nous pas ce vaste soleil central, au moins égal par sa masse à 100 millions de soleils semblables au nôtre ? Pourquoi ne le voyons-nous pas, nous particulièrement, qui occupons la région moyenne du groupe, — le lieu même près duquel, en tout cas, doit être situé cet astre incomparable ? » On répondit prestement : « Il faut qu’il soit non lumineux comme sont nos planètes. » Ici, pour s’accommoder au but, l’analogie se laissait torturer. On pouvait dire : « Nous savons qu’il existe positivement des soleils non lumineux, mais non pas dans de telles conditions. » Il est vrai que nous avons quelque raison d’en supposer de tels, mais nous n’avons certainement aucune raison pour supposer qu’il y a des soleils non lumineux entourés de soleils lumineux, ces derniers étant à leur tour environnés de planètes non lumineuses ; tout cela est précisément ce dont Madler est sommé de trouver l’analogue dans les cieux ; car il imagine tout cela justement à propos de la Galaxie. En admettant que la chose soit telle qu’il le dit, nous ne pouvons nous empêcher de penser combien cette question : « Pourquoi les choses sont-elles ainsi ? » serait cruellement embarrassante pour les philosophes à priori.

Mais si, en dépit de l’analogie et de toute autre raison, nous reconnaissons la non-luminosité de ce grand astre central, nous pouvons toujours demander comment ce globe si énorme n’est pas rendu visible, grâce à cette effusion de lumière versée sur lui par les 100 millions de splendides soleils qui brillent dans tous les sens autour de lui. Devant cette embarrassante question, l’idée d’un soleil central positivement solide semble avoir été jusqu’à un certain point abandonnée ; et l’esprit spéculatif s’est contenté d’affirmer que les systèmes du groupe accomplissaient leurs révolutions autour d’un centre immatériel de gravité qui leur était commun à tous. Ici encore, l’analogie a fait fausse route, pour se prêter à une théorie. Les planètes de notre système tournent, il est vrai, autour d’un centre commun de gravité ; mais elles agissent ainsi conjointement avec un soleil matériel qui les entraîne, et dont la masse fait plus que contrebalancer le reste du système.

La circonférence mathématique est une courbe composée d’une infinité de lignes droites. Mais cette idée de la circonférence, idée qui, au point de vue de toute la géométrie ordinaire, n’en est que l’idée purement mathématique, mise en opposition de l’idée pratique, est aussi, en stricte réalité, la seule conception pratique que nous puissions façonner à notre usage pour l’intelligence de cette circonférence majestueuse à laquelle nous avons affaire, au moins en imagination, quand nous supposons notre système tournant autour d’un point situé au centre de la Galaxie. Que l’imagination la plus vigoureuse essaye seulement de faire un pas, un seul, vers la compréhension d’une courbe aussi inexprimable ! Sans commettre un paradoxe, on pourrait dire qu’un éclair même, qui suivrait éternellement la circonférence de cet inexprimable cercle, ne ferait que parcourir éternellement une ligne droite. Qu’en décrivant une telle orbite, notre Soleil pût selon une appréciation humaine, dévier de la ligne droite à un degré quelconque, si petit qu’on le suppose, c’est là une idée inadmissible ; cependant nous sommes priés de croire qu’une courbure est devenue apparente pendant la très-courte période de notre histoire astronomique, durant ce simple point, durant ce parfait néant de deux ou trois mille ans.

On pourrait dire que Madler a réellement vérifié une courbure dans le sens de la marche, maintenant bien tracée, de notre système à travers l’Espace. Admettant, s’il le faut, que ce fait soit réel, je maintiens qu’il n’y a dans ce cas, qu’un seul fait démontré, c’est la réalité d’une courbure. Pour l’entière vérification du fait, il faudrait des siècles, et quand même elle serait faite, elle ne servirait qu’à indiquer un rapport binaire ou tout autre rapport multiple quelconque entre notre Soleil et une ou plusieurs des étoiles les plus rapprochées. Quoi qu’il en soit, je ne hasarde rien en prédisant qu’après une période de plusieurs siècles, tous les efforts pour déterminer la marche de notre Soleil à travers l’Espace seront abandonnés comme vains et inutiles. Cela est facile à concevoir quand nous considérons l’infinité de perturbations que cette marche doit subir, par suite du changement perpétuel des rapports du Soleil avec les autres astres, pendant ce rapprochement simultané de tous vers le noyau de la Galaxie.

Mais, en examinant d’autres nébuleuses que la Voie Lactée, en considérant dans leur généralité les groupes dont est parsemé le firmament, trouvons-nous, oui ou non, une confirmation de l’hypothèse de Madler ? Nous ne la trouvons pas. Les formes des groupes sont excessivement variées quand on les regarde accidentellement ; mais par un examen plus minutieux, à travers de puissants télescopes, nous reconnaissons très-distinctement que la sphère est la forme dont ils se rapprochent le plus, — leur constitution étant en général en désaccord avec l’idée d’une révolution autour d’un centre commun.

« Il est difficile, dit sir John Herschell, — de former une conception quelconque de l’état dynamique de tels systèmes. D’un côté, sans un mouvement rotatoire et une force centrifuge, il est presque impossible de ne pas les considérer comme soumis à une condition de rapprochement progressif ; d’un autre côté, en admettant un tel mouvement et une telle force, nous ne trouvons pas moins difficile de concilier leurs formes avec la rotation de tout le système (il veut dire groupe) autour d’un seul axe, sans lequel une collision intérieure nous apparaît comme chose inévitable. »

Quelques observations sur les nébuleuses, récemment faites par le docteur Nichol, quoique faites à un point de vue cosmique absolument différent de tous ceux adoptés dans le présent Discours, s’appliquent d’une manière très-particulière au point qui est actuellement en question. Il dit :

« Quand nous dirigeons sur les nébuleuses nos plus grands télescopes, nous voyons que celles que nous avions d’abord considérées comme irrégulières ne le sont réellement pas ; elles se rapprochent plutôt de la forme d’un globe. Il y en a une qui semblait ovale ; mais le télescope de lord Rosse l’a transformée pour nous en un cercle… Or, il se présente une très-remarquable circonstance relativement à ces masses circulaires de nébuleuses qui semblent, par comparaison, douées de mouvement. Nous découvrons qu’elles ne sont pas absolument circulaires, mais que, bien au contraire, tout autour d’elles et de tous côtés, il y a des colonnes d’étoiles, qui semblent s’étendre au loin comme si elles se précipitaient vers une grande masse centrale en vertu de quelque énorme puissance.[1] »

Si j’avais à décrire, à ma guise, la condition actuelle nécessaire des nébuleuses, dans l’hypothèse, suggérée par moi, que toute matière s’achemine vers l’Unité originelle, je copierais simplement, et presque mot à mot, le langage qu’a employé le docteur Nichol sans soupçonner le moins du monde cette prodigieuse vérité, qui est la clef de tous les phénomènes relatifs aux nébuleuses.

Et qu’il me soit permis ici de fortifier ma position par le témoignage de quelqu’un qui est plus grand que Madler, — de quelqu’un pour qui toutes les données de Madler étaient depuis longtemps choses familières, soigneusement et entièrement examinées. Relativement aux calculs minutieux d’Argelander, lesquels forment la base de l’idée de Madler, Humboldt, dont la faculté généralisatrice n’a peut-être jamais été égalée, fait l’observation suivante :

« Quand nous considérons le mouvement propre, réel et non perspectif des étoiles, nous voyons plusieurs groupes marchant dans des directions opposées ; et les données que nous avons acquises jusqu’à présent ne nous forcent pas à imaginer que les systèmes composant la Voie Lactée, ou les groupes composant généralement l’Univers, tournent autour de quelque centre inconnu, lumineux ou non lumineux. Ce n’est que le désir propre à l’Homme de posséder une Cause Première fondamentale, qui persuade à son intelligence et à son imagination d’adopter une telle hypothèse. »

Le phénomène dont il est ici question, c’est-à-dire de plusieurs groupes se dirigeant dans des sens opposés, est tout à fait inexplicable dans l’hypothèse de Madler, mais surgit comme conséquence nécessaire de l’idée qui forme la base de ce Discours. En même temps que la direction purement générale de chaque atome, de chaque lune, planète, étoile ou groupe, serait, dans mon hypothèse, absolument rectiligne ; en même temps que la route générale suivie par tous les corps serait une ligne droite conduisant au centre de tout, il est clair que cette direction rectiligne serait composée de ce que nous pouvons appeler, sans exagération, une infinité de courbes particulières, résultat des différences continuelles de position relative parmi ces masses innombrables, à mesure que chacune progresse dans son pèlerinage vers l’Unité finale.

Je citais tout à l’heure le passage suivant de Sir John Herschell, appliqué aux groupes : « D’un côté, sans un mouvement rotatoire et une force centrifuge, il est presque impossible de ne pas les considérer comme soumis à une condition de rapprochement progressif. » Le fait est qu’en examinant les nébuleuses avec un télescope très-puissant, il est absolument impossible, quand une fois on a conçu cette idée de rapprochement, de ne pas ramasser de tous les côtés des témoignages qui la confirment. Il y a toujours un noyau apparent dans la direction duquel les étoiles semblent se précipiter, et ces noyaux ne peuvent pas être pris pour de purs phénomènes de perspective ; — les groupes sont réellement plus denses vers le centre, plus clairs vers les régions extrêmes. En un mot, nous voyons toutes choses comme nous les verrions si un rapprochement universel avait lieu ; mais, en général, je crois que s’il est naturel, quand nous examinons ces groupes, d’accueillir l’idée d’un mouvement orbitaire autour d’un centre, ce n’est qu’à la condition d’admettre l’existence possible, dans les domaines lointains de l’espace, de lois dynamiques qui nous seraient totalement inconnues.

De la part d’Herschell, il y a évidemment répugnance à supposer que les nébuleuses soient dans un état de rapprochement progressif. Mais si les faits, si même les apparences justifient cette supposition, pourquoi, demandera-t-on peut-être, répugne-t-il à l’admettre ? Simplement à cause d’un préjugé ; simplement parce que cette supposition contredit une idée préconçue et absolument sans base, — celle de l’étendue infinie et de l’éternelle stabilité de l’Univers.

  1. On doit comprendre que ce que je nie spécialement dans l’hypothèse de Madler, c’est la partie qui concerne le mouvement circulaire. S’il n’existe pas maintenant dans notre groupe un grand globe central, naturellement il en existera un plus tard. Dans quelque temps qu’il existe, il sera simplement le noyau de la consolidation.