Essai de psychologie/Chapitre 13


Chapitre 13

Continuation du même sujet. De la formation des idées de pensée, de volonté, de liberté, de vrai, de faux, de juste, &c. De bien, &c. De regle, de loi.


Si au lieu de considérer l’homme principalement par ce qu’il a de corporel, l’ame l’envisage sur-tout dans ce qu’il a de spirituel, si elle désigne de même par des termes tout ce que ce nouvel examen lui en fera connoître, elle acquerra des idées d’un genre fort différent, mais qu’elle universalisera comme les premieres. D’une pensée, d’une volonté, d’une action particuliere elle s’élevera par l’abstraction à la pensée, à la volonté, à la liberté en général. De la conformité ou de l’opposition de la pensée avec l’état des choses l’ame se formera l’idée du vrai & du faux, de la vérité & de l’erreur. Faisant abstraction de l’agent & ne considérant l’action que dans ses rapports avec le bonheur de l’homme ou avec celui des êtres qui lui ressemblent, elle acquerra les idées de l’utile, de bien & de mal, de la vertu et du vice, du juste & de l’injuste, de l’honnête et du déshonnête, de la perfection & de l’imperfection, de l’ordre & du désordre, du beau moral. Par la connoissance du bien ou du mal moral qui découle naturellement du bon ou du mauvais usage que l’homme fait de ses facultés, l’ame parviendra à la notion de la regle des actions humaines. Considérant ensuite cette regle comme la volonté d’un souverain, l’ame acquerra l’idée de la loi, &c.