Esquisse d'une grammaire comparée de l’arménien classique/Introduction

Imprimerie des pp. Mekhitaristes (p. 9-18).

INTRODUCTION.

1. — L’arménien est une langue indo-européenne, c’est-à-dire l’une des transformations d’une langue non conservée qui est représentée aussi par l’indo-iranien, le hittite, le « tokharien », le slave et le baltique, l’albanais, le grec, le germanique, le celtique et l’italique (latin et osco-ombrien).

C’est l’idiome des populations qu’on rencontre dès le VIme siècle avant J.-C. dans les régions montagneuses de l’Ararat, du lac de Van, des sources de l’Euphrate et du Tigre qu’elles occupent aujourd’hui encore, dans la mesure où elles n’en ont pas été chassées par des persécutions ; le nom par lequel se désignent ces populations est celui de Հայ Hay (au pluriel Հայք Hayk‘) que M. Kretschmer identifie au nom de contrée Hayaša dans les textes de Boghaz-Köy (Anzeiger der Wien. Akad., 1932, p. 28 sq.) ; les inscriptions achéménides se servent du mot Armina-, Arminiya- et, sans doute sous l’influence perse, les Grecs de Άρμένιος ; ce nom est celui qui a été adopté partout.

L’arménien est un rameau de la famille indo-européenne aussi indépendant de tous les autres que le sont par exemple le grec ou le germanique. Il est de plus isolé, n’étant pas accompagné d’une langue d’aspect analogue, comme le slave l’est du baltique, ni même d’une langue offrant des innovations importantes en commun avec lui, comme l’italique l’est du celtique. Enfin il ne présente pas de dialectes : il n’est attesté au début que sous une seule forme, et les parlers modernes ne présentent aucun trait qui suppose l’existence de dialectes gravement différents les uns des autres au Vme siècle après J.-C. ; en tout cas, ces parlers ne renferment à peu près rien qui suppose des particularités indo-européennes ignorées de l’arménien classique. — Les ressources que donne dans les autres langues la comparaison des dialectes pour déterminer la solution des problèmes qui se posent, manquent donc à qui étudie la grammaire comparée de l’arménien.

On est réduit à examiner les faits tels que les présente la langue dite classique, c’est-à-dire celle dans laquelle ont été écrites les traductions des livres saints que les documents historiques arméniens attribuent au Vme siècle après J.-C., et les œuvres originales composées dans le même idiome. Comme l’irlandais, le gotique et le slave, l’arménien n’est connu qu’à partir du moment où le christianisme s’est introduit, et ce sont les besoins de l’évangélisation qui l’ont fait fixer par écrit. Le cas de l’arménien diffère de celui de l’irlandais qu’aucun écrivain n’a fixé dès le début et pour lequel on n’a d’abord que des gloses servant à interpréter des textes latins. Comme le gotique et le slave, l’arménien a été dès l’abord fixé par un lettré qui a constitué une grammaire régulière et un vocabulaire permettant de traduire les textes sacrés du grec ou de rédiger des textes chrétiens pour les besoins des fidèles. Il y a donc eu dès l’abord une langue pourvue d’une grammaire exacte et d’un vocabulaire précis et notée par un alphabet bien adapté au phonétisme de la langue. Les particularités propres aux écrivains taxés de vulgarisme comme Lazare de P‘arpi sont surtout lexicales ; dans la mesure où elles sont grammaticales, il n’est nullement certain qu’elles soient attribuables aux auteurs, et il est au moins possible qu’elles proviennent d’innovations dues à des reviseurs et à des copistes, car les manuscrits de ces auteurs, assez rares d’ailleurs, datent tous du moyen âge. — Certaines traductions de textes philosophiques qui sont écrites d’une manière artificielle et qui sont presque partout un calque des originaux grecs ont aussi des particularités, dont les unes proviennent visiblement d’innovations qui s’expliquent en partant de l’état classique, ainsi les locatifs en -um —ում et en -oǰ —ոջ de substantifs quelconques (voir §§ 31 et 58), et dont les autres sont de purs faits de vocabulaire.

La seule langue que la grammaire comparée indo-européenne ait à considérer est donc la langue classique, le grabar գրաբար (langue écrite), et c’est aussi la seule dont il sera question ici : quelques indications données sur les parlers modernes ont seulement pour objet de marquer en quel sens l’arménien a tendu à se développer et à se modifier.

En l’absence de différences dialectales anciennes, on ne saurait déterminer quelle est la région où a été fixé l’arménien classique. Toutefois, dans un cas où, par une exception presque unique, certains dialectes ont une forme sans doute plus ancienne que la forme classique, lizu լիզու « langue » en regard du classique lezu լեզու (voir § 25), les parlers actuels de la plaine d’Ararat ont lizu tandis que ceux des environs du lac de Van ont la forme classique lezu ; or, d’autre part, par une coïncidence qui n’est sans doute pas fortuite, c’est aussi dans les parlers des régions voisines du lac de Van qu’est conservé l’emploi de z զ devant l’accusatif qui joue un si grand rôle en arménien classique (voir § 63), mais qui n’apparaît pas dans la plupart des parlers modernes.

2. — Sur le développement de la langue dans le long espace de temps compris entre la période indo-européenne et la fixation de l’arménien classique par l’écriture, on ne possède aucun renseignement. Les inscriptions vanniques cunéiformes sont rédigées en un idiome différent de l’arménien et dont on trouvera une description chez J. Friedrich, Einführung ins Urartäische, 1933. Jensen avait proposé un déchiffrement des inscriptions hittites qui tendait à y faire reconnaître de l’arménien (voir son livre : Hittiter und Armenier, Strasbourg 1898), mais les formes arméniennes indiquées étaient ou invraisemblables ou dénuées d’intérêt linguistique. Le hittite est maintenant déchiffré. Il ne présente avec l’arménien aucun rapport particulier.

D’après quelques témoignages d’historiens grecs, les Arméniens seraient des colons phrygiens ; les Phrygiens eux-mêmes seraient d’origine thrace, ce que l’onomastique et quelques indices archéologiques tendent en effet à confirmer (voir P. Kretschmer, Einleitung in die Geschichte der griechischen Sprache, p. 171 et suiv.). Dans son étude sur Le berceau des Arméniens (Rev. ét. arm., VIII, 1928, p. 211 s.), J. Markwart a situé leur premier habitat au nord de la Thessalie, dans le voisinage des Athamaniens et des Illyriens, au sud des Phrygiens. Mais le peu qu’on sait du thrace ne permet pas de confirmer linguistiquement cette théorie. En revanche, la langue des inscriptions néo-phrygiennes (qu’on trouvera commodément réunies dans le livre de Johannes Friedrich, Kleinasiatische Sprachdenkmäler, Berlin 1932, p. 128 ss.) présente avec l’arménien quelques rapports notables, qu’on a signalés ci-dessous (§§ 8, 56, 95), mais portant sur un très petit nombre de faits.

Il n’existe donc sur le passé de l’arménien avant le Vme siècle après J.-C. aucun document utilisable.

Deux circonstances historiques ont été décisives pour le développement de la langue arménienne.

La première, c’est que l’arménien a sans doute été apporté entre le Xme et le VIme siècle avant J.-C. dans le pays où on le parle. Il y a donc lieu de tenir compte de l’influence de la langue des anciens occupants du pays. On n’a malheureusement pas réussi jusqu’à présent à déterminer ce qui, parmi la masse des mots arméniens dont l’étymologie est inconnue, proviendrait de la langue des indigènes. Mais il est probable que les tendances propres auxquelles sont dues les transformations profondes qu’a subies l’indo-européen en Arménie, proviennent, en partie du moins, de ces populations. On a constaté en effet que l’aspect général du système phonique arménien ressemble à celui des systèmes caucasiens méridionaux, géorgien, etc. Autre concordance remarquable : les langues caucasiennes du sud ont une déclinaison riche en cas, mais ignorent le genre grammatical ; or, l’arménien a gardé, malgré la chute de ses finales, la distinction de presque tous les cas de la déclinaison indo-européenne, mais il n’a pas trace de genre (Le persan au contraire n’a plus ni déclinaison ni genre : or la langue des inscriptions achéménides du second système, l’élamite, qui a disparu, remplacé par l’iranien, n’a ni déclinaison ni genre.) Il est donc probable que les tendances linguistiques des anciens habitants du pays ont déterminé dans une large mesure les destinées de l’arménien.

En second lieu, depuis le moment où le pays a été incorporé au royaume mède par Cyaxare et ensuite à l’empire perse, les Arméniens n’ont cessé d’être soumis à des dominations iraniennes. De 66 après Jésus-Christ jusqu’à 387, l’Arménie a eu une dynastie arsacide ; et durant ce temps, la noblesse a été parthe ou assimilée à la noblesse parthe ; de là viennent les nombreux mots iraniens dont le vocabulaire arménien est rempli ; la date de ces emprunts est indiquée par leur forme qui n’est pas celle du vieux perse, mais celle d’un pehlevi archaïque et, au point de vue dialectal, non le parsīk, mais le pahlavīk (Meillet, M. S. L. XVII, p. 242 sq., Gauthiot, ibid. XIX, p. 125 sq.). L’importance de l’élément iranien, dans le vocabulaire, est telle qu’on a pris longtemps l’arménien pour un dialecte iranien. Tel phonème qui, comme le č ճ, n’existe que par exception dans un mot original, n’est pas rare, simplement parce qu’il se rencontre dans beaucoup de mots empruntés au pahlavīk ; il a été emprunté assez de mots de même forme pour donner naissance à des suffixes, ainsi le suffixe -akan —ական de mots comme vačaṙakan վաճառական « marchand », de vačaṙ վաճառ « marché ». Des locutions même comme p‘oł harkanel փող հարկանել « jouer de la trompette », littéralement « battre de la trompette », sont visiblement calquées sur les locutions iraniennes correspondantes : ici harkanel հարկանել est la traduction d’un ancien pehlevi ǰatan (persan zadan). — En revanche la grammaire arménienne paraît être restée à peu près indemne d’influence iranienne.

Les mots syriaques et grecs que renferme aussi l’arménien proviennent presque tous d’emprunts ecclésiastiques et savants, et, malgré leur nombre, n’ont que peu d’importance linguistique (sur les emprunts de l’arménien au grec, voir le travail de Thumb, Byzantinische Zeitschrift IX, 388 et suiv., et Schwyzer, Griechische Grammatik I, 1934, p. 163 sq.). Mais nombre de mots grecs sont entrés en arménien d’une manière indirecte parce que le pehlevi les avait empruntés ; ainsi kałapar կաղապար « modèle, moule » et łambar ղամբար « lampe, flambeau » sont entrés en arménien par la voie du pehlevi. (A. Meillet, De l’influence parthe sur la langue arménienne, Rev. des études arm., t. I, fasc. 1, 1920, p. 10-12 : Les premiers emprunts de l’arménien au grec.)

3. — L’alphabet arménien, qui est parfaitement adapté à la langue et qui a un caractère rigoureusement phonétique, est rangé dans l’ordre de l’alphabet grec ; mais de nombreux signes nouveaux y sont intercalés pour rendre des phonèmes inconnus au grec. En voici le tableau, avec en regard les lettres grecques correspondantes, la transcription adoptée ici et les valeurs numériques ; la transcription est celle de Hübschmann, sauf ceci que յ est toujours transcrit par y, ւ par w et վ par v, tandis que Hübschmann transcrivait այ par ai, աւ par au, վ et ւ consonne par v sans distinction ; de plus les aspirées փ, թ, ք sont rendues par p‘, t‘, k‘ qui ont l’avantage d’indiquer la prononciation. (Sur l’histoire de l’alphabet, voir Paul Peeters, Pour l’histoire des origines de l’alphabet arménien. Rev. des études arm., 1929, p. 203-237.)

Majuscules Minuscules Grec Transcription 26Valeur
26numérique
Ա ա α a
1
Բ բ β b
2
Գ գ γ g
3
Դ դ δ d
4
Ե ե ε e
5
Զ զ ζ z
6
Է է η ē
7
Ը ը ə
8
Թ թ ϑ t‘
9
Ժ ժ ž
10
Ի ի ι i
20
Լ լ l
30
Խ խ x
40
Ծ ծ c
50
Կ կ ϰ k
60
Հ հ h
70
Ձ ձ j
80
Ղ ղ ' ł
90
Ճ ճ ċ
100
Մ մ μ m
200
Յ յ y
300
Ն ն ν n
400
Շ շ ξ č
500
Ո ո ο o
600
Չ չ č̣
700
Պ պ π p
800
Ջ ջ ǰ
900
Ռ ռ ρ
1000
Ս ս σ s
2000
Վ վ v
3000
Տ տ τ t
4000
Ր ր r
5000
Ց ց
6000
Ւ ւ υ w
7000
Փ փ φ p‘
8000
Ք ք χ k‘
9000

La voyelle u est notée par le groupe ու, sur le modèle du phonème grec correspondant ου. Elle sera transcrite ici par u. La lettre o a été ajoutée au XIIme siècle pour rendre la prononciation o ouvert prise par la diphtongue aw աւ; à la même date ֆ a rendu dans les transcriptions de mots étrangers le phonème f qui ne figure pas dans les mots arméniens.

La prononciation de ces lettres sera indiquée au chapitre de la phonétique ; il suffit d’indiquer ici que c ծ, ց et j ձ représentent les mi-occlusives sourde, sourde aspirée et sonore de la série sifflante (type du russe car « tsar ») et č ճ, č̣ չ et ǰ ջ les mi-occlusives correspondantes de la série chuintante (type de l’italien ci, gia).

4. — Les seuls travaux de grammaire comparée relatifs à la préhistoire de l’arménien qui aient actuellement un intérêt sont ceux dont les auteurs ont accepté, avec ses conséquences la démonstration du caractère non iranien de l’arménien qu’a donnés Hübschmann dans son bel article du volume XXIII de la Zeitschrift de Kuhn, p. 5-42. Les publications antérieures n’ont plus maintenant qu’un intérêt historique, et les publications plus récentes dues à des personnes qui ne possèdent pas les méthodes de la linguistique moderne n’en ont jamais eu aucun.

Les Armenische Studien de P. de Lagarde (Gœttingue 1879 ; extrait du volume XXII des Abhandlungen de l’Académie de Gœttingue) résument toutes les recherches antérieures sur l’étymologie ; mais le livre qui sert encore maintenant de base au travail sur l’étymologie arménienne est le premier volume de l’Armenische Grammatik de H. Hübschmann, Strasbourg 1897 (cf. un important compte rendu de cet ouvrage par son auteur, Indogermanische Forschungen, Anzeiger X, p. 41 et suiv. ; les autres volumes qui devaient renfermer la grammaire proprement dite n’ont jamais paru) ; c’est au fond sur les étymologies admises par Hübschmann que reposent en principe les lois phonétiques et par suite les doctrines exposées dans le présent ouvrage. Au contraire on n’a guère pu emprunter que des rapprochements isolés aux publications de Bugge (Beiträge zur etymologischen Erläuterungen der armenischen Sprache, Christiania 1889, et divers articles dont les principaux sont celui de la Zeitschrift de Kuhn XXXII, 1-87 et celui des Indogermanische Forschungen III, 437-459) ; la plupart des hypothèses de l’illustre savant norvégien ont paru ou inexactes ou trop douteuses pour être reproduites. Sur quelques points, les théories qu’on trouvera ci-dessous différent de celles de Hübschmann ; on verra les raisons de ces divergences dans les articles qu’a publiés l’auteur du présent livre dans les Mémoires de la Société de Linguistique de Paris (vol. VII et suiv.) et dans le Banasēr dirigé par M. Basmadjian ; et dans les mémoires de M. Holger Pedersen, principalement : K. Z. (Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung) : Bd. XXXVIII (1902): Zur armenischen Sprachgeschichte, p. 194—240 ; Bd. XXXIX (1904): Armenisch und die Nachbarsprachen, p. 334-485. À la page XVII du Ier volume de son Armenische Grammatik, H. Hübschmann signalait de plus des travaux importants de Fr. Müller et surtout de Bartholomae. Il y faut ajouter divers articles des Sprachwissenschaftliche Abhandlungen, qui étaient dirigées par Lucas von Patrubány (Budapest), principalement celui de Hübschmann sur la Chronologie der armenischen Vokalgesetze (vol. I, p. 129 et suiv.) et celui de Osthoff, Zur armenischen Laut- und Wortforschung (vol. II, p. 49 et suiv.) ; les articles de M. Grammont sur la phonétique arménienne (M. S. L. XX, p. 213-259), de M. H. Pedersen, art. Armenier du Reallexikon der Vorgeschichte, dirigé par M. Ebert. En outre, sur l’étymologie, les travaux de M. Evald Lidén, Armenische Studien, 1906, et Armeniaca (Göteborgs Högskolas Årsskrift XXXIX, 1933, p. 41-56) ; sur la syntaxe, A. Meillet, Recherches sur la syntaxe comparée de l’arménien (M. S. L. X, XI, XII, XVI).

La Zeitschrift für armenische Philologie, dirigée par Finck, dont le premier volume a paru à Marburg en 1901, faisait une part importante à la linguistique. La Revue des études arméniennes, Paris 1920 et suiv., signale tout ce qui intéresse la linguistique arménienne et publie entre autres des articles de linguistique. L’arménien occupe d’ailleurs sa place dans les divers travaux publiés sur la grammaire comparée, notamment dans les Etymologische Parerga de Osthoff (Leipzig 1901) ; il figure au même titre que le sanskrit ou le grec dans le grand Grundriß der vergleichenden Grammatik de K. Brugmann (Strasbourg, 2me édition, 1897—1916), mais n’est pas considéré dans la syntaxe que Delbrück a jointe au même ouvrage. L’Anzeiger annexé à la revue Indogermanische For schungen donnait la liste des travaux publiés sur la grammaire comparée de l’arménien chaque année depuis 1891 ; les mêmes indications se trouvaient aussi dans l’Orientalische Bibliographie (depuis 1888). Maintenant il convient de recourir à l’Indogermanisches Jahrbuch im Auftrag der indogermanischen Gesellschaft, à partir de 1913, où la bibliographie des travaux sur l’arménien est indiquée d’une façon exacte et complète. Parmi les travaux publiés en arménien, il convient de citer surtout ceux de M. Adjarian, notamment un important article sur le redoublement, paru dans le Handēs Amsoreay 1899, p. 202 et suiv.

Sur les influences caucasiennes en arménien, voir G. Deeters, Armenisch und Südkaukasisch, Leipzig 1927.

Sur les destinées de l’arménien après la période classique, outre de nombreux articles dans des périodiques arméniens (notamment dans le Handēs Amsoreay de Vienne) voir : Այտընեան, Քննական քերականութկւն արդի Հայերէն լեզուի (Vienne 1866) ; Karst, Historische Grammatik des Kilikisch-Armenischen, Stras bourg 1901 (avec une bonne bibliographie des travaux antérieurs ; voir le compte rendu de Hübschmann, Indogermanische Forschungen, Anzeiger XII, p. 46 et suiv.) ; Мсеріанцъ, Этюды по армянской діалектологій, Moscou 1897 et 1901 (cet ouvrage reprend l’histoire des faits modernes depuis l’indo-européen et doit par suite être joint à la bibliographie précédente de la grammaire comparée) ; Աճաոեան, Քննութիւն Ղարաբղի բարբառին (Vagharshapat 1899, extrait de l’Ararat) ; Քննութիւն Նոր-Նախիջեւանի (խրիմի) բարբառին (Érivan 1925) ; Քննութիւն Արաղայի բարբառի (Érivan 1926) ; Քննութիւն Ագուլիսի բարբառի (Érivan 1935). Pour la dialectologie de l’arménien moderne, on consultera avec fruit Adjarian, Classification des dialectes arméniens, Paris 1909.

Les moyens dont on dispose pour étudier l’arménien classique sont défectueux. La grammaire de Petermann (Brevis linguae arme niacae grammatica, dans la Porta linguarum orientalium, 2me  édition, 1872), celle de Lauer (Vienne 1869), traduite en français et revue par Carrière (Paris 1883), et celle de Kainz (Vienne 1891) sont trop sommaires et ne donnent pas sur tous les points une idée exacte de l’arménien classique ; la volumineuse grammaire de Cirbied (Paris 1823) est trop ancienne. Les meilleures grammaires de l’ancien arménien sont des ouvrages scolaires en arménien moderne : Զալըխեան, Քերականութիւն… աչխատասիրեալ ի Հ· Ա· Այտընեան (Vienne 1885) et Մալխասեանց, Գրաբարի հոլովումը (Tiflis 1891) et Գրաբարի համաձայնութիւնը (Tiflis 1892). Il n’y a pas de grammaire donnant des renvois précis aux textes. On signalera cependant de l’auteur du présent ouvrage : Altarmenisches Elementarbuch, Heidelberg 1913, où il a été paré en quelque mesure à ces inconvénients.

Le seul dictionnaire qui donne des citations d’auteurs est le grand dictionnaire publié par les Pères Mékhitharistes de Venise (à Venise 1836—1837, 2 volumes in-folio) qui est l’ouvrage essentiel de la lexicographie arménienne ; les passages de la traduction de la Bible peuvent en outre être retrouvés au moyen de la Concordance (assez imparfaite et incomplète) ou Համաբարբառ, publiée à Jérusalem en 1895. Le petit dictionnaire manuel (Առձեռն) du P. Ճելալեան (Venise 1865) renferme des mots qui manquent au grand dictionnaire. Pour la traduction des mots dans une langue européenne, on pourra recourir au Dizionario armeno-italiano de Ciakciak (Venise 1837) ou au petit Dictionnaire arménien-français de Calfa (Paris 1861, dernier tirage Paris 1893, avec le nom d’auteur de : Narbey de Lusignan).

Il existe maintenant un grand dictionnaire étymologique : celui qu’a publié à Érivan, M. H. Adjarian : Հայերէն արմատական բառարան. Le premier volume a paru en 1926, le septième et dernier (Introduction, Index, Addenda) en 1935.