Esquisse d'une grammaire comparée de l’arménien classique/Avant-Propos

AVANT-PROPOS.

L’objet du présent opuscule est double : esquisser la structure de l’arménien classique, et en exposer, dans la mesure où elles sont connues, les origines historiques. Il est destiné aux linguistes qui désireraient être orientés sur l’un des aspects les plus originaux qu’ait pris l’indo-européen au cours de son développement, en même temps qu’aux personnes qui, sachant déjà la langue arménienne, sont curieuses de son passé.

Il est extrêmement sommaire : on n’a pas visé à tout expliquer ni à discuter toutes les hypothèses proposées, moins encore à en proposer de nouvelles ; beaucoup de problèmes restent obscurs, beaucoup de faits sont encore dénués de toute interprétation ; là même où une explication paraît plausible, rien ne prouve qu’on ne soit pas dupe d’une apparence : les moyens de démonstration ordinaires de la linguistique font souvent défaut et l’on doit se contenter presque toujours de constater la possibilité d’une théorie, sans aller jusqu’à en affirmer la certitude : les doctrines qu’on trouvera ici ne sont enseignées que sous le bénéfice de cette réserve générale.

Les principales publications relatives à la grammaire comparée de l’arménien ont été signalées dans l’introduction ; une bibliographie particulière de chaque question a été ainsi rendue inutile.

On s’est efforcé de mettre le lecteur en mesure d’aborder la grande grammaire du maître incontesté des études de linguistique arménienne, H. Hübschmann. Le but qu’on s’est proposé sera pleinement atteint si l’on a préparé un certain nombre de linguistes à tirer profit de la partie parue de cet ouvrage capital, et si on leur en a fait souhaiter le prompt achèvement.

Afin de faciliter la lecture des pages qui suivent aux personnes qui n’ont pas étudié l’arménien, les mots ont été donnés à la fois en transcription et en caractères nationaux.

La composition de ce petit ouvrage a été provoquée par une demande que m’a adressée le R. P. J. Dashian ; déjà en 1890-1891 il m’avait consacré bien des heures d’un temps si précieux aux progrès de la philologie arménienne ; cette fois il a pris pour lui la part la plus pénible de la correction des épreuves, et je ne saurais exprimer ici tout ce que je lui dois. Je tiens aussi à remercier l’illustre congrégation des Mékhitharistes de Vienne qui a bien voulu se charger d’éditer mon livre et qui a mis à ma disposition avec la plus grande libéralité les ressources de son excellente imprimerie ; je donne un faible témoignage de ma reconnaissance en dédiant ces pages à la mémoire de leur abbé vénéré, Mgr. Arsène Aydenean, dont la mort récente a été pour la linguistique arménienne une perte si sensible.

Paris, 31 juillet 1902.

A. M.