NOTES SUR LA LINGUANMANIE[1]



Ἔσθιε, πῖνε, ὄχευε, ὡς ἄτἁ ἄλλα ουδενός, ἐςιν ἄξια.
Apollodorus, in Sardanap.


Uxor, te cunnos nescis habere duos.
Martial.


Page 126. — « C’étaient des maisons publiques où les hommes et les femmes pêle-mêle s’abandonnaient à tous les genres de libertinage. »

La prostitution date de la plus haute antiquité. Les Orientaux l’admirent dans le culte de leur religion, et ne la considérèrent point comme un dérèglement de mœurs ; ils la consacrèrent d’abord à célébrer le premier instant de l’existence de l’être auquel ils ouvraient le sentier de la vie. Elle fut ensuite un des moyens puissants d’accroître et de propager l’espèce humaine. Dans les temps patriarcaux, nous trouvons Ada et Selles, concubines de Lamech, père d’Abraham, se distinguer dans le métier, et leur progéniture bravement suivre leur exemple[2]. Aux petits soins avec Abraham, la jeune Sara, dont Dieu avait fermé le sein, conclusit, met dans le lit de son mari la fraîche et gentille Agar, sa servante[3]. Nous voyons Sodome et Gomorrhe et toutes les villes de la Pantapole, dans la Palestine, livrées à une souillure infâme[4]. Pheiné, de connivence avec Thamma, deux filles de Loth, prennent goût à la bagatelle, et, commettant un inceste avec leur bonhomme de père, dans le dessein de repeupler la terre, se font engrosser par lui, après l’avoir enivré au sortir de Sodome, dont tous les habitants viennent d’être rôtis par un déluge de soufre, pour avoir pris saint Pierre pour saint Paul[5]. Lia et Rachel, épouses de Jacob, lui prostituent leurs servantes[6] ; et Ruben séduit Bêla, concubine de son père[7]. Juda fait épouser Thamar, la veuve de son fils aîné Her, par son second fils Onan, qui élude le devoir conjugal au moyen de la masturbation[8]. Et cette même Thamar, sur un grand chemin, escamote avec adresse un enfant à son beau-père Juda, qui, en s’évertuant avec elle, croit être avec une femme publique[9]. De cette surprise incestueuse, si salutaire au genre humain, naquit Pharès, l’un des ancêtres de Jésus-Christ. L’amoureuse Nitiflis, femme de Puliphar, sollicite l’imbécile Joseph à de voluptueux ébats, mais il refuse obstinément de s’unifier avec elle[10]. La bestialité et la pédérastie étaient fort communes dans le pays de Canaan[11]. On s’y polluait devant la statue de Moloch[12]. Parmi les femmes publiques madianites qui, du temps de Moïse, corrompirent, à Setim, le corps et l’âme du peuple juif, se trouva la jolie prostituée Cozbi, fille de Jur, prince très-noble des Madianites, avec laquelle était couché dans un b…, in lupanar, Zambri, fils de Salu, prince de la maison et lignée de Siméon, lorsque le pieux et fanatique Phinées, petit-fils du grand-prêtre Aaron, et fils d’Éléazar, tout transporté d’une sainte colère, entra dans le b…, une dague à la main, et transperça d’un seul coup les deux délinquants ensemble, vers les parties de la génération[13].

Ce fut une femme publique, nommée Rahab, qui, mue par cette généreuse pitié si naturelle aux filles de son espèce, cacha au haut de sa maison, sous de la paille, les espions qui s’étaient délassés avec elle de leurs fatigues, et que Josué avait envoyés à Jéricho, pour reconnaître la ville avant de l’assiéger[14].

Passons maintenant au Livre des Juges. Le robuste Samson se rend un jour dans la ville de Gaza ; il voit sur sa porte une courtisane, avec laquelle il couche jusqu’à minuit[15]. Ensuite il devient éperduement amoureux de Dalila, de la vallée de Sorec, autre fille de joie. Dans un de ces moments de voluptueuse ivresse où le cœur, nageant dans l’élément du plaisir, est incapable de rien refuser à l’être qui vous le procure, Samson, après avoir trompé trois fois son amante sur le secret de sa force, a enfin la faiblesse de le lui dire, et comme il est impossible à la femme de porter loin un secret, elle le trahit à son tour en le faisant connaître aux Philistins, qui lui crèvent les yeux[16].

Aimez-vous à consulter les Livres des Rois ?… Eh bien ! ouvrez celui de David, et vous verrez ce prophète-roi qui avait épousé Michol, fille de Saül, s’en donner avec l’impudique Abigaïl, femme de Narbal, qui lui inocule la v… (malum)[17]. Le saint homme de roi accolait en même temps plusieurs autres concubines et femmes de Jérusalem, auxquelles il fabrique des enfans, ce qui ne l’empêche nullement d’enlever la sensible Bethsabée, femme du brave Urie, qu’il épouse après avoir fait assassiner son mari dans les combats[18], afin sans doute qu’il n’y eût plus de vestige de fornication. Dans sa vieillesse, il se réchauffe, faute de bassinoire, dans les bras de la jeune Sunamite, et ne la déflore pas : Non cognovit eam[19]. Tel père, tel fils, dit le proverbe, et les enfans de David le justifient : son fils Ammon brûle d’une flamme incestueuse pour sa sœur Thamar, et sur le perfide conseil de son cousin germain Jonadab, il la viole au moment qu’elle lui présente un potage apprêté de sa propre main ; puis il la renvoie fort brutalement. Absalon, irrité de l’outrage insultant fait à sa sœur, saisit, deux ans après, l’occasion d’un splendide festin, au milieu duquel il immole Ammon, en présence de ses autres frères, qui fuient épouvantés[20]. Ce fratricide met ensuite le comble à ses forfaits en couchant publiquement avec toutes les concubines de son père[21].

Si nous descendons jusqu’au troisième Livre des Rois, nous voyons le type de la sagesse, le fils de l’adultère Bethsabée, Salomon enfin, dont la haute sapience avait acquis si haute renommée dans l’Orient, participer à l’humaine faiblesse et rouler dans son palais sur sept cents épouses et trois cents concubines, dont « les nez ressemblaient à la tour du mont Liban qui regarde du côté de Damas[22] ; les yeux à ceux des colombes[23] ; les tétons à des faons de chevreuil[24] ; » et qui, en un mot, étaient « belles comme les tentes de Cédar et les peaux de Salomon[25]. »

Les allures galantes des courtisanes de son temps ressemblent beaucoup au manège de nos femmes publiques qui, le soir, dans les rues, vont recueillant les passants, pour les engager « à parcourir avec elles les deux monts de la myrrhe, la colline de l’encens[26], embrasser ensuite le figuier, et monter dessus pour en recueillir les fruits[27], » qui sont quelquefois si amers !…

Voici ce que ce roi en rapporte dans le livre des Proverbes, dont les uns renferment des erreurs, les autres de fastidieuses répétitions, et que l’Église cependant considère comme un petit chef-d’œuvre canonique, ouvrage du Très Saint-Esprit.

« De la fenêtre de ma maison, j’aperçois un jeune insensé qui, sur le soir, et lorsque la nuit devient obscure, passe dans le coin d’une rue près la maison d’une… fille. — Je la vois venir au-devant de lui, en sa parure de courtisane ; elle prend ce jeune homme, le baise et le caresse effrontément, lui disant : « Je me suis acquittée de mon vœu aujourd’hui. C’est pourquoi je suis venue au-devant de vous, désirant de vous caresser. J’ai parfumé mon lit de myrrhe, d’aloës et de cinnamome. Venez : enivrons-nous de volupté jusqu’à ce qu’il fasse jour, et jouissons de ce que nous avons tant désiré. Mon mari n’est point à la maison : il est allé faire un voyage qui sera très-long ; il a emporté avec lui un sac d’argent, et il ne doit revenir que lorsque la lune sera pleine[28]. » Entraîné par de longs discours et les caresses de ses paroles, le jeune homme la suit comme un bœuf qu’on mène pour servir de victime et comme un agneau qui va à la mort en bondissant[29]. »

Il est à remarquer ici que cette prostituée sait mettre de l’ordre dans ses affaires. Dévote avant de se livrer à ses impudiques plaisirs, qu’elle veut d’abord sanctifier par la prière, hodie vota mea Deo reddidi, elle aura tout le temps d’être amoureuse au lit. C’était aussi l’opinion de Wasselin, abbé de Liège, qui trouvait convenable de faire sa prière avant de se mettre à l’œuvre du coït[30]. Cette pratique est passée en usage jusqu’à nos jours, car presque toutes les filles de joie, celles qui font leur métier en honneur et conscience s’entend, ornent d’un crucifix la cheminée de leurs réceptacles, qu’elles tapissent souvent d’images de l’immaculée Conception, de saint Barnabas, de la Madone, mère de la pureté, avec son divin poupon sur le bras ; elles font de temps à autre dire des messes pour le salut de leurs âmes et pour que Dieu leur envoie des chalands ; quelques-unes, par excès de dévotion, y ajoutent la confession les dimanches et les jours de fête, et, dans l’intention de se rendre le ciel propice, la plupart portent sur elles des scapulaires de la Vierge, et se font con-sœurs du Saint-Rosaire, du Sacré-Cœur ou de la Congrégation.

C’était un drôle de corps que ce roi Salomon : Piron d’un autre temps, à l’harmonie près, qu’il ne possède pas, bel-esprit érotique, il composa des Cantiques, que les belles voix de ses mille femmes et concubines exécutaient sans doute pendant les orgies de ses splendides festins, où 50 bœufs et 100 moutons faisaient à eux seuls les pièces de résistance, et dont je vous détaillerais, lecteur, toutes les substantielles et stimulantes friandises, si je ne craignais de devenir fastidieux ; mais je reviens à ses Cantiques, dont voici la fidèle traduction :

« Je chanterai mon bien-aimé, qui est pour moi une grappe de raisin de Chypre. » Cant. I, 13.

« Car le roi m’a déjà fait entrer dans ses celliers, et je suis ivre. » Cant. I. 3.

« Mon bien-aimé est pour moi comme un bouquet de myrrhe ; il demeurera entre mes tétons[31]. » Cant. I, 12.

« Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » Cant. I, 1.

« Fortifiez-moi avec des pommes odorantes, parce que je languis d’amour. » Cant. II, 5.

« Je me reposerai sous celui que j’ai désiré. » Cant. II, 5.

« Là je lui offrirai mes tétons. » Cant. VII, 12.

« Mon bien-aimé mit la main au trou, et mon ventre a tressailli de ses attouchements. » Cant. V, 4.

Au livre de Judith, chap. XIII, v. 8, 9 et 10, on voit la jolie veuve de Manassès, la fière Judith, aller dévotement en bonne fortune trouver dans sa tente l’Assyrien Holopherne, qui assiégeait Béthulie, et, à l’âge de 65 ans[32], inspirer à ce général une violente passion, auquel, hélas ! et quatre fois hélas ! pour vous plaire, ô mon Dieu ! elle coupa le cou d’un coup de son propre coutelas, après avoir couché avec lui.

Nous voyons au livre d’Esther, chap. I et II, v. 11 et 8, Assuérus, qui régnait de l’Inde à l’Éthiopie sur cent vingt-sept provinces, répudier la belle mais insolente Vasthi, qui refusait de montrer sa beauté in naturalibus aux libertins de sa cour ; et puis, usant de son privilège de despote, parmi les trois cents belles vierges qui lui furent amenées pour être ses courtisanes, choisir l’aimable et mignonne Esther et l’admettre à l’honneur de partager sa couche royale.

Le livre d’Ézéchiel justifie par ses peintures hardies celles du Portier des Chartreux. Il vous offre, aux chapitres XVI et XXIII, le tableau des mœurs abominables dont étaient infectés Jérusalem et tout le pays d’Israël, sous les rois successeurs de David. Les fameux emblèmes d’Ooll et d’Ooliba nous font voir les femmes de ces contrées « forniquer avec tous les passants, se bâtir des b…, se prostituer dans les rues[33], et rechercher avec emportement les embrassements de ceux quorum carnes sunt ut carnes asinorum ; et sicut fluxus equorum, fluxus eorum[34].

Le livre d’Ozée, dit Voltaire, est peut-être celui qui doit le plus étonner des lecteurs qui ne connaissent point les mœurs antiques. En effet, comment concevoir, à moins de faire le sacrifice de sa raison, que le Seigneur puisse ordonner si positivement à ce petit prophète d’aller s’évertuer avec une femme de mauvaise vie et de lui faire des enfants de prostitution, puis lui enjoindre d’aller se gaudir avec une femme qui non-seulement ait déjà un amant, mais qui soit adultère [35], et dont la jouissance coûte à Ozée quinze pièces d’argent et une mesure et demie d’orge[36] ?…

Je ne dirai, et seulement par liaison, que peu de chose de ce que nous rapporte le Nouveau Testament des galantes aventures de la Madeleine, qui, pleurant sur les débauches et les désordres de sa vie passée, devint un modèle de vertu, comme elle avait été un scandale de prostitution, ainsi que Marie Égyptienne, autre fille de joie, dont les débauches furent effacées par une vie pénitente de quarante ans, qu’elle passa dans le désert sans manger.

Je borne ici le tableau des prostitutions et des turpitudes du peuple hébreu, que certes on ne doit point envisager conformément aux idées que nous avons reçues sur les lois de la décence et de la pudeur Ces mœurs, si éloignées des nôtres, n’étaient point grossières dans ces temps reculés, et ne paraissent confondre notre faible raison que parce que nous ne pouvons sonder les profondeurs mystérieuses de ce peuple élu, manifestement conduit par le doigt de Dieu ; profondeurs qui nous seront peut-être un jour dévoilées alors que les Dies iræ seront arrivées, pendant lesquels les balances d’or de Monseigneur saint Michel pèseront nos futures destinées dans la vallée de Josaphat[37].

La prostitution fut connue de tous les peuples de l’Orient, qui la pratiquaient sous l’emblème des divinités génératrices. Influencés par des climats constamment brûlants où le soufre, mêlé à tous les végétaux et les drogues les plus échauffantes, occasionne dans le sang et le cerveau de ces explosions qui mènent l’esprit jusqu’au délire, ces peuples les honorent par des actes de la plus révoltante impudicité : tribaderie, pédérastie, bestialité, sodomie, onanisme et jusqu’à la profanation de cadavres de femmes, tout y est mis en usage pour stimuler leurs désirs déhontés. Mais la volupté ne paraît avoir nulle part établi son empire avec plus de dépravation et de lubricité que dans la Grèce et chez les Romains. C’est Orphée, dit-on, qui le premier introduisit dans la Thrace l’amour infâme des hommes, παιδεραστία[38], après la mort d’Eurydice, sa femme. Mais les Bacchantes, pour le punir de ce crime, le tuèrent et jetèrent sa tête dans le fleuve Hébrus. Philippe de Macédoine en fit ses délices avec Pausanias, dont il fut assassiné pour avoir souffert la violence que lui fit Atticus, son favori, en l’exposant, dans un banquet, à la lubricité de ses serviteurs. Le divin Platon ne pouvait se passer un moment de son Alexis ou de son Agathon, et le sage Socrate enseignait entre deux draps cette honteuse volupté à ses favoris Phédon et Alcibiade. Xénophon prenait souvent ce plaisir avec Callias et Antolicus, Pindare avec Amarico, Aristote avec son Herminas ; Anacréon brûla pour Bathyle, et le grand, mais bizarre Lycurgue, soutenait qu’on ne pouvait être bon citoyen sans avoir un ami avec qui l’on couchât. Sapho se rendit célèbre, non moins par ses habitudes lesbiennes de κλειτοριαζειν, que par ces talents comme poëte. Aspasie se prostitua à Périclès, et Glycère à Alcibiade. Laïs reçut dans ses bras le dégoûtant Diogène et le galant Aristippe, tandis que Phryné débaucha l’Aréopage entier. Thaïs, en sortant des bras d’Alexandre, se fit un doux plaisir de faire brûler le palais de Persépolis ; et l’on érigea, dans Athènes, des autels à la danseuse Cotytto, sous le nom de Vénus populaire.

Si nous examinons les mœurs des anciens Romains, nous les trouvons plus dissolues encore, surtout au temps des empereurs. Les lupanaria d’alors étaient de ces endroits où l’on s’abandonnait à tous les genres d’abominations. Dans les quartiers séparés qu’habitaient les meretrices, on voyait sur la porte de la loge de chacune de ces courtisanes un écriteau qui portait le nom et le prix auquel étaient taxés ses charmes[39]. D’où, vient que Juvénal, parlant de la débauche effrénée de Messaline, dans la loge de la fameuse Lysisca, dit si agréablement titulum mentita Lisiscœ[40] donnant ainsi à connaître que malgré le nom supposé qu’empruntait l’impératrice pour cacher ses infamies, il ne se trompait pas sur la femme qui s’y prostituait. Apollonius de Tyr nous a conservé, dans son histoire, la forme d’un titre qui est trop plaisant pour ne point le rapporter ici :

Quicumque Tarsiam defloravit
  Mediam libram dabit ;

Posteâ populo patebit
  Ad singulos solidos.


Dans ces lieux de débauche, un règlement de police indiquait l’heure de se retirer, et le son d’une cloche avertissait le public du moment de l’entrée et de la sortie de ces lupanaria[41].

Les courtisanes qui se distinguèrent le plus dans la prostitution, furent Pyrallis, Gallia, Lysisca et Flora, qui en mourant nomma le Sénat romain pour son héritier, ce qui lui valut une apothéose, et Quartilla, dont Pétrone nous a dépeint la galante impudicité[42]:

« Encolpe et Ascylte, dit-il, sont chez la courtisane Quartilla. Après que de vieux débauchés les eurent fatigués de caresses lascives et révoltantes, Psyché, suivante de Quartilla, s’approcha de l’oreille de sa maîtresse, et lui dit en riant quelque chose ; elle répondit : — Oui, oui, c’est fort bien avisé, pourquoi non ? Voilà la plus belle occasion qu’on puisse trouver pour faire perdre le pucelage à Pannichia. On fit aussitôt venir cette petite fille, qui était fort jolie, et ne paraissait pas avoir plus de sept ans ; c’était la même qui, un peu auparavant, était entrée dans notre chambre avec Quartilla. Tous ceux qui étaient présents applaudirent à cette proposition ; et pour satisfaire à l’empressement que chacun témoignait, on donna les ordres nécessaires pour le mariage. Pour moi (c’est Encolpe qui parle), je demeurai immobile d’étonnement, et je les assurai que Giton avait trop de pudeur pour soutenir une telle épreuve et que la petite fille n’était pas aussi dans un âge à pouvoir endurer ce que les femmes souffrent dans ces occasions. — Quoi ! répartit Quartilla, étais-je plus âgée lorsque je fis le premier sacrifice à Vénus ? Je veux que Junon me punisse, si je me souviens jamais d’avoir été vierge ! car je n’étais encore qu’une enfant, que je folâtrais avec ceux de mon âge ; et à mesure que je croissais, je me divertissais avec de plus grands jusqu’à ce que je sois parvenue à l’âge où je suis. »

Les femmes publiques n’étaient point mêlées avec les citoyens ; et dans ces temps malheureux où l’on voyait à Rome la plus honteuse débauche régner sur le trône, à la cour et dans la haute classe de la société, les prostituées gardaient une sorte de décence et de pudeur que les dames ne connaissaient plus.

On voyait Pompeïa, femme de Jules-César, se laisser séduire par Clodius, pendant le sacrifice de la Bonne Déesse, et l’empereur, son époux, vivre en adultère avec la fameuse Cléopâtre, reine d’Égypte, après qu’il eut débauché Servilie, mère de Brutus, et les plus illustres Romaines[43]. César avait déjà commis, dans sa jeunesse, le péché contre nature avec Nicomède, roi de Bithynie[44]. Il fut, pour ses nombreuses fredaines, appelé la femme de tous les maris et le mari de toutes les femmes[45].

Auguste n’était point exempt de la petite fantaisie de César : il la goûtait souvent avec son favori Mécène, dont la femme lui servait de concubine. Entremetteuse de son capricieux époux, l’impératrice Livie lui procurait des femmes de toutes parts, et prêtait quelquefois une main complaisante à certain objet fort variable de sa nature[46] ; tandis que son volage époux se livrait à une flamme incestueuse avec sa propre fille Julie, si dissolue dans ses mœurs qu’elle osa publier ses turpitudes, ne recevant, disait-elle, des passagers dans sa barque que quand elle était pleine[47]. Les désordres de cette princesse furent si effroyables, qu’elle admettait ses amants par compagnies[48], avec lesquelles elle parcourait la nuit toutes les rues de Rome, se prostituant dans toutes les places publiques[49], et jusque sur les Rostres, où son père Auguste avait lancé des décrets si foudroyants contre les adultères[50]. Elle combla la mesure de ses scandaleuses lubricités en faisant chaque jour couronner la statue de Marsyas autant de fois qu’elle avait la nuit soutenu de combats amoureux[51].

Tibère, ce monstre d’impudicité et de cruauté, se plongeait, en l’île de Caprée, dans les turpitudes les plus dégoûtantes et les plus horribles saletés. Non content d’exciter son imagination déréglée par les peintures les plus obscènes et les plus luxurieuses d’Éléphantis, il chercha à ranimer ses sens émoussés par les groupes les plus lascifs, qu’il faisait exécuter en sa présence par des spintres qui triplici serie connexi, invicem incestarent[52] ; il allait jusqu’à abuser de lapins tendre enfance, dont il se faisait polluer dans ses bains de la plus infâme manière[53].

Caligula jouit de toutes ses sœurs, en présence de sa femme, au milieu de ses lubriques festins, pendant lesquels il violait les plus illustres dames devant leurs maris[54] ; et portant la dépravation de son cœur jusqu’à prostituer sa propre personne, il déshonore la fille qu’il avait eue de son commerce incestueux avec l’une de ses sœurs[55]. Il marque le plus fol amour pour l’une d’elles, Drusille, parce qu’il en avait eu les prémices, l’enlève à son époux, Cassius Longinus, et l’entretient publiquement ; et quand il est fatigué de ses autres sœurs, Agrippine et Livilla, il les expose à la brutalité de ses gitons[56]. Ensuite il conçoit une furieuse passion pour la luxurieuse et lascive Césonie, l’habillant tantôt en guerrier, et tantôt la faisant voir toute nue à ses amis[57].

Tandis que le stupide et l’imbécile Claude, prince qui tenait plus de l’animal que de l’homme, se donnait tout entier aux plaisirs de la table, et avait résolu, pour ne point incommoder ses conviés, de faire publier un édit par lequel il octroyait la permission de péter pendant les repas[58], Messaline, sa femme, se prostituant à tout venant et s’abandonnant aux vices les plus honteux, poussait l’impudeur jusqu’à se marier publiquement avec Silius, en l’absence de Claude, qui se divertissait à Ostie[59], et donnant l’essor à toute la fougue effrénée de ses infâmes passions, elle se déguise en fille de joie pour aller, dans la loge de Lysisca, se prostituer aux vils embrassements de gladiateurs, d’esclaves et de soldats[60].

Digne fils de l’adultère et incestueux Domitius Ænobarbus[61] et d’une mère méchante et corrompue, qui datait son libertinage dès sa plus tendre enfance, Néron se livre à d’incestueuses privautés avec Agrippine, déjà souillée d’une familiarité criminelle avec son frère Caligula[62]. Il la fait ensuite massacrer, ainsi que son épouse Octavie, qu’il sacrifie à la jalousie de l’adultère Poppée, alors sa concubine, dont il se défait également par un coup de pied qu’il lui donne dans le ventre[63]. Méprisant toutes les lois de la décence et de la pudeur, il viole la vestale Rubria, et prend pour femme, sous le nom de Sabine, le jeune et beau Sporus, après lui avoir fait extirper les testicules[64] ; puis se fait épouser par Doryphore, son intendant, pour donner une nouvelle volupté à son infâme lubricité[65].

Vitellius, envoyé fort jeune à Caprée, où Tibère, dans les ombres de cette île infâme, cachait ses monstrueuses saletés et ses horribles débordements, débute dans la carrière de la vie par une abominable prostitution de son corps[66] ; puis devient l’assassin de sa mère Sextilia, qu’il fait mourir de faim.

Vespasien, passionnément amoureux de Cénis, affranchie d’Antoine, mère de Claude, entretient cette concubine dans son palais, et la traite comme si elle eût été son épouse légitime[67].

Tite, pendant son expédition contre les Juifs, se passionne pour la reine Bérénice, sœur du roi Agrippa, qui lui accorde les dernières faveurs[68]. De retour à Rome, où il s’est fait suivre de sa maîtresse, pour en avoir la tranquille jouissance, il répudie sa femme Marcie Furnille, et mène ensuite une vie efféminée et dissolue, passant des nuits entières dans des débauches de table et se livrant aux plus infâmes plaisirs[69]. Puis il renvoie cette reine en Judée, quoique à contre-cœur[70], après avoir fait massacrer brutalement le consul Cecinna au moment que celui-ci sortait de la salle du repas, sous le vain prétexte qu’il avait violé Bérénice[71].

Domitia Longina, fille de Domitius Corbulo, d’une beauté admirable, mais trop coquette pour ne pas franchir les bornes du devoir conjugal, devient une des plus débauchées courtisanes de Rome ; elle livre ses charmes à Domitien, qui l’enlève brutalement à Ælius Lamia, son mari[72]. Mais bientôt dégoûté d’une femme dont la possession lui avait coûté si peu de peine, il s’enflamme pour Julie Sabine, sa nièce[73], et, pour la posséder librement, il répudie son épouse Domitia, qui se prostitue publiquement à la populace et au comédien Paris, dont elle devient folle d’amour[74], et qu’il fait massacrer en pleine rue. Ensuite, rappelant son épouse, sous prétexte que le peuple lui demande cette grâce, il la fait rentrer dans son lit sacré[75], après avoir donné la mort à son infâme concubine, par un breuvage qu’il lui fait prendre pour faire avorter le fruit de leurs incestueuses amours[76] ; homme profondément immoral, qui s’abandonna dans ses bains aux plus monstrueuses turpitudes avec les femmes les plus dissolues ; qui se souilla par de sanglantes exécutions, et qui fut massacré dans sa chambre par sa propre femme et les grands de sa cour qu’il avait proscrits[77].

Sabine, femme de l’empereur Adrien, se livre aux embrassements adultères de plusieurs patriciens ; et l’épouse de Marc-Aurèle, Faustine, devient éperduement amoureuse d’un gladiateur.

Commode, né de l’adultère Faustine, fille d’Antonin, ne dément point son origine : il se livre dans son palais à la lasciveté de trois cents concubines et assassine sa sœur Lucilia. Caracalla se souille du sang de son frère et épouse sa belle-mère Julie, dont la beauté égalait l’impudence[78]. Heliogabale aime son eunuque Hiéroclès avec un délire si effréné, « ut eidem inguina oscularetur, floralia sacra se asserens celebrare[79]. » Mais énervé par le luxe et les débauches, incapable par lui-même d’assouvir ses exécrables lubricités, il prostitue toutes les parties de son corps aux turpitudes de ses courtisans et esclaves, se faisant donner le nom de Bassiana, et recherchant avec emportement les criminels plaisirs de la bestialité[80].

Je finirai cette honteuse description des mœurs de l’antiquité par une petite nomenclature que j’ajoute à celle déjà citée par Mirabeau[81], pour faire voir à quel degré de corruption étaient montées la luxure et les turpitudes des Grecs et des Romains du temps de l’empire :

Λεσβιἁζειν, λειχἁζειν, obscœnum turpitudinis genus, quo viri inguina puerorum vel virorum ore et labiis tractabant, inrumationem aliàs vocatam[82] ; exsugere, fellare, oris stuprum ; habitudes monstrueuses des femmes de Lesbos, aujourd’hui Mételin, île de l’Archipel, autrefois la mer Égée.

Σιφνιαζειν, siphniassare, vice honteux des habitants de l’île de Syphnos, aujourd’hui Sifanto, situé dans l’Archipel. Cette expression, selon Suidas, était passée en proverbe et signifiait τὁ ἂπτεσθαι τἢς πυγἢς (τὢν παίδων) δακτυλω, quod est manum admovere postico puerorum.

Κλινοπἁλην, lecti palœstrum libidinis foedum exercitium Domitianum vocasse dicit Aurel. Vict., Epist. II, 7.

Τριβουσαν, mulieres quæ sese exercent ὃλίσβω, πεω, priapulo[83], et inter se libidinis coïtum obibant, et quæ agabat τριβἁς vel frictrix dicebatur.

Massare, pétrissement de tout le corps nu au sortir du bain, manœuvre qui consiste à faire malaxer mollement, par des mains féminines, toutes les articulations qu’elles font craquer ; ce qui, dit-on, délasse beaucoup et procure de la volupté[84].

Prurire, stringulis, scalpendi libidine ardere. Colum. , VII, 5.

Pædicare, masculum inire. Cat., XXI, 4.

Lichenare, in colla, pectusque, ac manus fœdo cutis furfure (sucer). Plin., XXVI, 1.

Ligurire, ore hiante exceptare naturam. Sen. de Benef., IV, 31. — Cunnilingus, obscœnitatis in feminas reus. Suet., in Tib. et Claud., cap. XLV et XV.

Spinthriæ, qui muliebria patiebantur. Suet., in Tib., c. XLIII.

Sellarii, qui sese mutuo in sellis construpabant Ibid.

Et une infinité d’autres expressions dégoûtantes, telles que crissare, fricare, cevere, irrumare, triobolare, infibulare, qui dénotent avec quel raffinement de volupté honteuse les Grecs et les Romains attisaient le feu d’un amour déréglé.

Ici je m’arrête, et je conclus de ces recherches que l’homme, malgré sa fière raison, est, beaucoup plus que l’animal, entraîné aux voluptés désordonnées ; que, dès le berceau du monde, et principalement chez le peuple juif, il s’est plongé dans les vices les plus honteux ; que ce peuple, quoique conduit visiblement par l’Éternel lui-même, ne valait pas mieux que les païens ; que les gouvernements despotiques ont favorisé la dissolution des mœurs, pour établir leur domination ; que les débauches infâmes signalent ordinairement la ruine des empires, et que les mœurs s’améliorent au fur et à mesure que les lumières de la civilisation se répandent dans les sociétés.


fin des notes.
  1. Du latin lingua, langue, et du grec μανία, fureur, dérivé de μαίνομαι, rendre furieux. — Cunni-langues, la Gamahuche.
  2. Gen., chap. IV, v. 19 ; V et VI, v. 1, 2, 3, 4.
  3. Gen., chap. XVI, v. 2, 3, 4.
  4. Ibid., chap. XIX, v. 4, 5, 6, 7, 8.
  5. Ibid., v. 24, 30 à 38.
  6. Ibid., chap. XXIX, v. 22, 23, 28.
  7. Ibid., chap. XXXV, v. 22.
  8. Ibid., chap. XXXVIII, v. 8, 9.
  9. Ibid., v. 14, 15, 16.
  10. Ibid., chap. XXXIX, v. 7, 8, 9.
  11. Exod., chap. XXII, v. 19.
  12. Lévit., chap. XVIII, v. 21.
  13. Num., cap. XXV, v. 1, 2 à 28 : Arrepto pugione ingressus est… in lupanar et perfodit ambos simul, virum scilicet et mulierem, in locis genitalibus.
  14. Jos., cap. II, v. 1, 6.
  15. Jud., cap. XVI, v. 1, 3.
  16. Ibid., v. 4 à 22.
  17. I. Reg., cap. XXV, v. 35, 40.
  18. II. Reg., cap. XI, v. 2, 4, 17.
  19. III. Reg., cap. I, v. 4.
  20. II. Reg., cap. XIII, v. 8 à 30.
  21. Ibid., cap. XVI, v. 22.
  22. Cant. VII, v. 4.
  23. Cant. I, v. 14 ; IV, v. 1.
  24. Cant. VII, v. 5.
  25. Cant. I, v. 1.
  26. Ad montem myrrhæ et ad collem thuris. Cant. IV, 6.
  27. Cant. VII, 8.
  28. C’est-à-dire, à la fin du monde.
  29. Prov., chap. VII, v. 6 à 22.
  30. Epist. ad Florinum abbat., tome I, Analect., page 339.
  31. On se sert ici du mot propre, pour ne pas affaiblir la couleur du sujet dont Salomon était si plein.
  32. C’est l’âge que lui donne le révérend P. Dom. Calmet.
  33. Cap. XVI, v. 15, 16, 31.
  34. Cap. XXIII, v. 20.
  35. Ozée, cap. I, v, 2.
  36. Ibid., cap. III, v. 1.
  37. Teste David cum Sybillà.
  38. Hic etiam Thracum populis fuit auctor amorem
    In teneres transferre mares, citraque juventam
    Ælatis breve ver et primos carpere flores.

    Ovid., Metam., lib. X, v. 84.
  39. In cellis autem nomina meretricum solebant præfigi, et superscribi simul et stupri pretium. Lubinus.
  40. Juv., liv. {rom-maj|II}}, sat. 6.
  41. Tempus quando ad meretricem eundum erat, lenones indicabant tintinnabulo, et ante nonam fores erant clausos vel ex more, vel ex lege aut edicto aliquo. Voyez Pitiseus.
  42. Traduit par l’auteur de l’Origine des Prostitutions.
  43. Suet. in Jul. Cæs., cap. L.
  44. Ibid., cap. XLIX.
  45. Omnium mulierum virum, et omnium virorum mulierem Suet., in Jul. Cæs., cap. LII.
  46. Xiphilin., in Aug.Dio., lib. XLVIII.
  47. Numquam, nisi plena navi, tollo vectorem. Macrob., lib. II, cap. 5.
  48. Admissos gregatim adulteros.
  49. Dio, lib. LV, pag. 555, A : Juliam filiam suam adeo lasciviæ progressam, ut in ipso etiam Foro et Rostris nocturnas comessationes ac compotationes ageret. — Xiphilin., in Aug. — Nihil quod facere aut pati turpiter posset fœmina, luxuria, libidine infectum reliquit : magnitudinemque fortunœ suæ peccandi licentia metiebatur, quidquid liberet prolicito judicans. — Vell. Paterc., lib. II, 100, 3.
  50. Vell. Pater., Hist., lib. II. — Suet., in Aug., c. XXXIV.
  51. La statue de Marsyas, ministre de Bacchus (liber) et fameux joueur de flûte de Phrygie, qu’Apollon écorcha tout vif, pour le punir d’avoir eu la témérité de se mesurer avec lui, fut placée dans le Forum, comme monument de la liberté de la ville ou de la victoire du dieu des chants. Les avocats de cette époque prirent l’habitude de faire couronner cette statue chaque fois qu’ils avaient gagné un procès. Ce fut pour imiter cette coutume que la princesse Julie eam coronari jubebat ab iis quos, in ilia nocturnâ palæstrâ, valentissimos colluctatores experta erat. Voyez Muret, sur Sénèque ; et les Femmes des douze Césars, par M. de Servies, chap. Julie, femme de Tibère.
  52. Suet., Vie de Tibère, chap. XLIII.
  53. Ibid., cap. XLIV : Quasi pueros primæ teneritudinis, quos pisciculos vocabat, institueret, ut natanti sibi inter femina versarentur ac luderent, lingua morsuque sensim appetentes (ejus genitalia cupientes), atque etiam quasi infantes firmiores, necdum tamen lacte depulsos, inguini ceu papillae admoveret : pronior sane ad id genus libidinis et natura et ætate.
  54. Ibid., in Calig., cap. XXIV et XXXVI. — Dio., lib. LIX.
  55. Eutrop., in Caj. Calig.
  56. Suet., in Calig., cap. XXIV.
  57. Ibid., cap. XXV.
  58. Ibid., in Claud, cap. XXXIII.
  59. Ibid., in Claud., cap. XXVI. — Tacit., Ann. II. — Dio, lib. LX, pag. 686, B.
  60. Voyez Juvénal, liv. II, sat. 6. — Suet., in Claud., cap XXVI.
  61. Tacit., Ann. IV. — Suet., in Ner., cap. VII.
  62. Tacit., Ann. XIV. — Suet., in Calig., cap. XXIV.
  63. Tacit., Ann. XVI. — Suet., in Ner., cap. XXXV.
  64. Suet., in Ner., cap. XXVIII. — Aurel. Victor, Epitom.Xiphilin., in Ner.
  65. Ibid, cap. XXIX.
  66. Ibid., in Vitell. cap. II : Salivis melle commixtis, nec clàm aut raro, sed quotidie ac palàm arterias et fauces pro remedio fovebat. Voyez la Linguanmanie, pag. 129. — Tacit., Ann. XI.
  67. Suet., in Vesp., cap. III.
  68. Βερενίκη καί τὢ Τίτω συνεγίγνἑτο. Et Berenice cœpit cum Tito coire. Tacit., Hist. V.
  69. Suet., in Tit., cap II.
  70. Ab urbe dimisit invitus invitam. Ibid.
  71. Aurel. Victor, Epist. X, § 4.
  72. Dio, Excerp. per Vales. — Dio, lib. LXVII. — Suet., in Domit., cap. I.
  73. Ibid., cap. XXII
  74. Ibid. cap. III. — Xiphil., LXVII, pag 759, E.
  75. Dio, cap. XIII.
  76. Ibid., cap. XXII. — Dio., lib. XVI. — Plin., Epist. II.
  77. Suet., cap. XXIII. — Aurel. Vict., Epist. II, 7. — Dio, lib. LXVIII.
  78. Cum Julia noverca Bassiaui Caracallæ ci sinum nudasset : Vellem, inquit, si liceret. At illa : Si libet, licet. An nescis te imperatorem esse, et leges dare, non accipere ?
  79. Æl. Lamprid., in Heliog., cap. V.
  80. Per cunta cava corporis libidinem recipiens, et eum fructum vitæ prœeipuuni existimans, si dignus atque aptus libidini plurimorum videretur. Ibid.
  81. Voyez la Linguanmanie, page 125.
  82. Voyez Mercurtalis et Suétone, Vie de Tibère, ch. XLV.
  83. Jacob. Wolff, de Amuletis, cap. I, sect. 1, page 9.
  84. Percurrit agili corpus arte tractatrix,
    Manumque doctam spargit omnibus membris.

    Martial., lib. III, Epig. LXXXIII.