Entre deux rives/« On ne passe pas »

Imprimerie de l'Action sociale (p. 37-54).

« ON NE PASSE PAS ! »


Les combats sur l’Yser



Cinq heures et trente. Déjà les premières lueurs de l’aube se devinent au levant.

La nuit a été presque calme ; les hommes de garde sondent le terrain encore peu connu, en pensant que bientôt ils pourront reposer leurs membres las, pour reprendre, la nuit suivante, l’éternelle garde qu’ils ont montée un peu partout sur l’Yser, où la consigne est unique : « On ne passe pas »

Soudain un tir violent se déclanche, déversant des obus, hurlant et fracassant, sur les premières lignes, sur l’arrière, sur les postes, sur les routes. Il en pleut partout, de tout calibre, en une cadence toujours plus précipitée ; bientôt un nuage de fumée se mêle à la buée matinale que le froid plus vif du matin refoule à fleur du sol.

À St-Georges, les ruines du village et les tranchées sont noyées dans la blancheur laiteuse. Au nord du Canal, à Nieuwendamme, l’impression est plus saisissante encore ; les ombres se meuvent comme dans une inondation qui cherche à les engloutir.

Partout des obus à éclatement sec annoncent le gaz perdide ; on tousse, on crache, et bientôt le masque protecteur a recouvert les visages, et ce travestissement des hommes courant tous au combat où ils vont faire parler leur âme, leur haine, et leurs armes, a quelque chose de tragique dans le clair obscur du matin. La lueur des explosions jette toujours ses points violents au milieu d’un bruit d’enfer.

Des fusées diverses montent vers le ciel comme une prière. Mais c’est un ordre, car aussitôt la foudre éclate vers l’arrière, et vient tripler, quintupler le vacarme autour de nous.

Braves artilleurs ! Leur aide rapide donne chaud au cœur : ils vont largement faciliter notre tâche !

Le jour levé semble vouloir nous éclairer en ami dans la lutte qu’il va falloir livrer. Les balles sifflent, les grenades claquent, l’ennemi s’est avancé à la faveur de son tir et a pris possession des trous d’obus formant une ligne abandonnée volontairement.

Ses colonnes nombreuses et fournies emportent des mitrailleuses ; mais les nôtres, à leur poste malgré les projectiles qui éclatent de toutes parts, répondent avec vigueur et clouent sur place les colonnes ennemies qui ne se contentent pas d’un premier gain.

En effet, elles poussent vigoureusement en avant dans les boyaux, dans les intervalles, et cherchent par tous les moyens à nous refouler. Mais nous sommes carabiniers, disent les officiers et les hommes, et si vous nous avez fait l’honneur d’envoyer contre nous l’élite de vos « stoss struppen », vous devriez vous rappeler qu’avec les « Diables noirs », de si glorieuse mémoire, « On ne passe pas ! »

Tout aussitôt notre tir allonge ses rafales, nos braves surgissent, conduits par de non moins braves officiers, et refoulent les assaillants par une énergique contre-attaque.

Nous reprenons la moitié du terrain abandonné « par ordre », mais les mitrailleuses fauchent largement dans nos rangs et les vaillants qui restent se tapissent à leur tour dans le terrain dont ils viennent héroïquement de reprendre une part.

On se reforme, on se compte, on se réapprovisionne.

Que d’actes de bravoure en ces minutes tragiques ! Combien d’héroïques efforts resteront ignorés et non récompensés !…

Des ordres arrivent bientôt et aussi des renforts, car nous ne pouvons laisser souiller par l’ennemi la moindre parcelle de ce qui reste de la Belgique inviolée.

De nouvelles colonnes se préparent ; l’artillerie écrase à nouveau la position occupée par l’ennemi, et deux fois dans un élan admirable, avec l’esprit d’abnégation le plus complet, elles se heurtent à l’ennemi qui tient ferme encore, mais dont la part conquise diminue chaque fois.

Ah ! les braves gens ! faut-il qu’ils aient l’esprit, du devoir pour se lancer ainsi contre les mitrailleuses qui crachent la mort ! Faut-il qu’ils comprennent la nécessité de lutter pour retrouver les villes de leur Belgique, leurs parents, leurs femmes, leurs enfants ! Faut-il qu’ils aiment ce sol où reposent les leurs, pour se sacrifier ainsi pour leur Roi et leur Patrie !

Mais au Nord la lutte est restée aussi ardente qu’indécise. La nuit est revenue, il reste quelques points à reprendre et, sans avoir soufflé un moment, sans avoir reçu le moindre aliment, les hommes décident spontanément de continuer la lutte, jusqu’à la victoire complète.

Les équipes sont reformées, les vaillants se redressent ; une pluie de grenades donne l’occasion de reprendre mètre par mètre un boyau où l’ennemi s’est solidement accroché. Dans la nuit, les balles de ses mitrailleuses continuent leur œuvre de destruction, mais au matin il se trouve repoussé dans les dernières extrémités.

Alors un assaut irrésistible refoule définitivement ces épaves de la lutte. Venus fiers et insolents, ils iront dire aux leurs que de notre côté « on est toujours là ! »…

Un peu plus au Sud les Allemands n’ont pas attendu l’aube pour prendre prudemment le chemin du retour, abandonnant leurs morts nombreux.

La victoire est complète, honneur à nos vaillants carabiniers ! Saluons-les bien bas, mais n’oublions pas ceux qui sont tombés et dont la mort illustre la vaillance de ces belles troupes, luttant pour reprendre cette parcelle de terre aimée.

Sur la croix surmontant leur tombe, nous lirons avec émotion :

« 18-19 mars. Nieuwendamme. Tombés glorieusement pour la défense de leur pays. »


quand nous irons bientôt au cimetière leur porter avec une prière l’hommage de notre admiration et de notre gratitude.

Ici, fiers de leurs exploits, nous restons l’arme au bras, en attendant l’heure bénie où nous pourrons les venger, impatients aussi de terminer avec honneur cette lutte épique, non seulement en gardant ce que tous nous défendons avec vaillance, mais aussi avec le ferme espoir de reprendre bientôt et pour toujours ce qui a été ravi aux nôtres et à nous-mêmes : La libre Belgique !




Avril 1918.


Louise à Raymond


Votre dernière lettre m’apporte l’heureuse certitude que vous êtes encore de ce monde, bien joyeux, toujours aimable en dépit des soucis qui vous tiennent, et l’inquiétude que j’avais de vous, née de votre silence, s’est aussitôt dissipée…

La lecture de ces pages narrant les combats qui immortalisent votre glorieux régiment m’a profondément émue. Oh ! quelle épopée magnifique vous écrivez en ce moment et combien admirable est la vaillance de vos soldats belges, fiers et tenaces, qui ne craignent pas la mort, et qui acceptent avec courage les privations et les douleurs de la guerre parce qu’ils ne veulent pas accepter ce que le Boche leur a présenté bien simplement : la forfaiture à l’Honneur !

Espérons que les renforts américains qui vous arrivent constamment rachèteront la défection russe et feront pencher la balance en faveur du Droit et de la Justice.

Comme tout ce qui concerne le Canada paraît vous intéresser, je vous adresse quelques découpures de journaux… Un extrait vous donne le résumé de la conférence faite par François Veuillot sur « l’âme canadienne » Vous trouverez aussi une description parfaite des caps Éternité et Trinité, deux immenses rochers que des Titans dûrent tailler dans les Laurentides pour ensuite les rouler sur les bords du mystérieux Saguenay…

Mais notre métropole, Montréal ! Vous n’en connaissez peut-être pas beaucoup ?… Je vous envoie donc un livret de vues qui vous permettra de visiter, sans cicérone, l’ancienne Ville-Marie de Maisonneuve, la plus importante des villes canadiennes. Je vous inclus encore une photographie de ma demeure. Si vous passiez, le soir, devant les grandes fenêtres centrales, vous pourriez voir, par les persiennes à demi fermées, votre marraine écrivant à son filleul, dans la paisible solitude de son agréable « retiro ».

La température est idéale ici : le printemps s’avance et c’est la joyeuse saison du sucre au Canada… Je présume que vous aimerez goûter de ce délicieux produit de nos érables dont la sève ne tarit pas, et je vous envoie ce jour même un échantillon de ce que nous appelons chez nous « le sucre du pays ». Dans une prochaine lettre je vous donnerai des explications qui pourront vous renseigner mieux sur cette industrie prospère.

N’oubliez pas de me parler longuement encore de vous, de votre noble régiment, de vos souffrances et vos joies, et je prierai le Dieu des batailles pour vous, lui demandant de vous donner bientôt la Victoire tant désirée…

Je vous garde toujours la même amitié fraternelle !




Avril 1918.


Raymond à Louise


Merci des jolies cartes datées « poisson d’avril » ! Merci encore de vos bonnes attentions et des vues splendides qui me révèlent au cours des jours les beautés naturelles de votre Canada !… La description des caps Éternité et Trinité m’a grandement intéressé et la conférence de Veuillot sur l’« âme canadienne » confirme bien l’opinion que je m’en étais faite déjà et prouve le loyal attachement que vous portez à l’idéal français.

C’est fort gentil de m’avoir fait connaître le petit coin de votre demeure d’où s’envolent, comme des papillons lumineux, les bonnes pensées qui viennent mettre du soleil en mon âme de soldat… Il me semble voir, derrière ces fenêtres mi-closes, la charmante cousine que vous êtes, noircissant son papier, un sourire sur les lèvres, pour envoyer un peu, de sa gaieté au petit poste de T…

Vous m’avez dit quelques mots de la saison des sucres d’érable… J’ignorais complètement que cet arbre pût donner du sucre doux au point d’en permettre l’exploitation… J’ai reçu l’échantillon annoncé, ainsi qu’une boite de chocolats et autre douceurs… Cousine, vous me gâtez, c’est vrai !… et je n’ai pourtant pas la force de vous gronder… Voyez-vous, ces attentions féminines sont si réconfortantes à l’âme d’un combattant !

Voici maintenant quelques notes sur notre armée d’avant-guerre. Je les écris sur des cartes représentant nos soldats des différents corps au beau temps de la paix. La Belgique d’alors, indépendante et neutre, n’était pas très militariste !

Les deux grands voisins, l’Allemagne et la France, avaient garanti sa neutralité, et ma foi, nous avions une certaine confiance en cette parole donnée.

L’armée était donc recrutée par « tirage au sort ». Arrivé à sa vingtième année, chacun passait devant l’urne, et y puisait le « bon » ou « mauvais » numéro qui décidait de son sort militaire.

Les mauvais numéros (galetteux) pouvaient encore se faire remplacer ! Le gouvernement se chargeait de trouver ce remplaçant moyennant la somme de dix-huit cents francs.

Les volontaires « remplaçants » touchaient naturellement cette somme, et le « remplacé » était libéré de toute obligation militaire (congé illimité).

Le service militaire durait, suivant l’arme, de dix-huit à vingt-quatre mois.

Comme vous pouvez bien le supposer, la bourgeoisie était rare à trouver dans nos casernes parmi nos braves pioupious.

1910 mit fin à ce favoritisme. Une loi nouvelle fut votée, décrétant qu’un fils par famille devra dorénavant servir.

1912 amena de nouveaux changements. Le gouvernement apprit par un document secret transmis par un de ses agents résidant en Allemagne, qu’en cas de guerre avec la France, l’Allemagne passerait probablement par la Belgique.

La chambre belge fut réunie immédiatement en comité secret et vota, quelques jours plus tard, le service obligatoire et personnel, le même qui existe en France depuis 1870.

L’effectif de 1913 fut donc supérieur à celui des années précédentes, mais la nouvelle loi ne devait donner son plein effet qu’en 1916-1917. Nous aurions eu alors 500 000 hommes sous les armes. Mais 1914 amenant cette horrible guerre, il n’y eut que 117 000 hommes environ à servir sous les drapeaux.

J’arrête maintenant… J’ai écrit « à la diable », ayant mes genoux pour pupitre et pour siège un tas de cailloux, et je songe que j’aurais été plus à l’aise chez moi,… Oh ! chez moi ! Y retournerai-je seulement ?…

Acceptez, voulez-vous ? l’expression de ma sincère reconnaissance…




Mai 1918.


Louise à Raymond


Vous avez, mon cousin, une grande délicatesse de cœur. Vous ne pouviez rien trouver de plus intéressant que ces six cartes illustrées me parlant des divers corps de l’armée belge d’il y a quatre ans. Je conserve toutes ces choses pour les relire plus tard, quand je serai plus « vieille » Je constate que vous ne perdez rien de votre bonne humeur… et vous ne devez pas donner souvent des punitions à vos subalternes… Suis-je importune, ou curieuse, d’émettre cette supposition qui pourrait bien être une question timide ?

J’avais promis de vous donner des détails sur l’érable canadien. Voici : je vous dirai d’abord que cet arbre nous est cher, et que sa feuille finement découpée est notre emblème national.

Or, aux premiers jours de mars, à l’époque appelée communément « démolissement du sucre », l’habitant s’en va dans son érablière percer le flanc rugueux des érables. L’opération se fait au moyen d’un vilebrequin, à deux pieds et quelques pouces du sol. Dans l’ouverture qui n’est profonde que d’un pouce à peu près, il enfonce un chalumeau auquel il suspend une chaudière qui recevra la sève qui tombe goutte à goutte et qui deviendra plus tard sucre blond au sirop doré.

On fait ensuite bouillir cette sève et quand elle atteint une certaine densité, on la coule dans divers moules de bois, de toutes formes, représentant tantôt une maisonnette, tantôt un livre avec un crucifix dessus, et souvent même un cœur, où le sucre se durcit légèrement… N’est-ce pas que c’est charmant ces cœurs en sucre, tendres et délicieux, que l’on croque à belles dents !…

La quantité de sucre à retirer d’un érable dépend beaucoup de la situation de la « sucrerie », suivant l’expression du terroir. Ainsi dans une érablière bien ensoleillée, chaque arbre peut fournir de deux livres à deux livres et demie de sucre.

À part cela, il y a aussi le côté amusant qui ne manque pas d’attractions. Une « fête à la tire », ou une partie de sucre est un divertissement fort apprécié des Canadiens de tous les âges : la marche en pleine forêt, l’arôme qui se dégage des grandes bouilloires, le sirop dont on fait la « tire » dorée en le renversant sur la belle neige blanche, les « grillades », les « crêpes au lard », le sucre en grain, etc., etc. Mais je m’arrête, car toute la « litanie » des attraits y passerait, et voilà que la pendule m’avertit de me taire.

Suis-je bien inspirée en vous adressant un livre de chroniques traitant de voyages à travers le Canada ?… Le titre en est : « Chemin faisant ». Parmi les pages descriptives, j’ai glissé quelques vues d’Ottawa.

Bonjour, mon cousin belge ! au plaisir de vous lire.




Pas de Calais, mai 1918


Raymond à Louise


J’ai été tellement occupé en ces derniers temps que je n’ai pu répondre plus tôt à votre lettre… Mais n’allez pas croire que je vous oublie ; non, ma pensée s’envole très souvent vers vous, qui êtes pour moi ma véritable sœur lointaine…

Je vous remercie du bon morceau de sucre reçu hier. À l’armée belge, le café est notre seule boisson. Autrefois, on pouvait la sucrer ; mais la pénurie actuelle nous en a fait passer le goût, et nous buvons notre café naturel, sans trop rechigner… On ne s’en porte pas plus mal assûrément, mais de savoir que j’ai maintenant une petite provision de sucre canadien en réserve, ça me fait du bien et me rend plus gai…

Merci encore des détails que vous me donnez sur l’industrie érablière qui est une chose tout à fait inconnue ici.

Oh ! mais voici que vous désirez savoir si je punis mes subalternes, et vous vous y prenez finement !…

Pour satisfaire votre gentille curiosité, je vous dirai qu’au temps où j’étais dans l’infanterie j’ai bien donné, si je me rappelle, quatre et huit jours d’arrêt à un soldat, pour insubordination. Je voulais faire un exemple. Je ne vous cache par que la pauvre victime de ma sévérité n’a accompli que la moitié de la punition… Mais généralement j’obtiens pleine obéissance et satisfaction de mes hommes sur l’expression toute simple de ma volonté.

Puis à quoi bon jurer, crier, menacer ?… On ne peut pas en obtenir plus, et j’ai l’habitude d’agir avec modération. Jadis, au beau temps de la paix, j’avais quinze ouvriers chez moi, que j’estimais et qui me le rendaient bien… Jamais nous ne nous sommes brouillés !… Aujourd’hui je commande à deux cents braves, et je vous assure qu’ils me font la tâche facile, très facile même.

J’attend le volume annoncé et je suis certain qu’il me plaira beaucoup parcequ’il vient de la cousine canadienne dont le goût ne peut être pris en défaut… Et ça va me distraire de lire un peu. À la longue, la vie que nous menons engourdit le cerveau.

Je suis bavard, n’est-ce pas ?… Qu’y puis-je faire ? bonne petite sœur : je suis en permission et j’en profite… Vous ne m’en ferez pas reproche, je suppose ?

La nourriture est bonne ici. Oh ! il y a longtemps qu’on ne voit plus de pain blanc, mais celui-ci n’est pas mauvais cependant. Et puis, il y a le lit, un lit avec des draps blancs. Un lit !… Il faut que je vous en cause ! Un lit, dans le « civil » c’est un rien, on peut y passer toutes les nuits de sa vie sans réaliser le repos qu’il procure. Mais un soldat qui a dormi des mois, des années, un peu partout sur les planches, sur la paille, dans des abris presqu’inondés, trouve tellement bon d’avoir un lit, un vrai ! qu’il le raconte à tout le monde tant cela lui paraît étrange…

Je viens de recevoir une carte de ma mère ; elle est timbrée de l’odieuse marque allemande ! Il faut que ces infâmes mettent leur empreinte jusque sur l’expression de nos plus chers sentiments ! Cette carte ! Six lignes en tout, me disant que là-bas on pense à nous, on prie pour nous, et qu’on espère nous revoir bientôt !… Entre ces petites lignes, je lis la tendresse maternelle, la piété familiale ! En un instant, la chère patrie surgit devant moi, le cercle intime du foyer, la maison où s’écoulèrent les jours heureux des années paisibles…

Mais la nostalgie me gagne… mes yeux s’embrouillent maintenant… Je songe au retour probable et lointain… Je me sens le cœur d’un enfant.

Bonsoir, marraine ! Pensez à moi !




Un mot encore : j’ai pu me procurer le compte-rendu de la mémorable bataille du 17 avril, de Kippe à Langemark, et je vous l’adresse, croyant qu’il vous intéressera. Pourvu qu’« Anastasie » ne se mette pas en tête d’y couper quelque peu… Elle a été gentille pour vous jusqu’à ce jour, car vos lettres m’arrivent intactes… Faut-il croire qu’elle ne s’attaque qu’aux neutres ?