Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Tome 2/Pratique D

(p. 459-490).

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DÉCALQUER, (v. act.) Après avoir pris le calque d’un ouvrage peint ou dessiné, on le peut décalquer sur un papier ou sur une toile, pour faire une copie exacte de la peinture ou du dessin dont le calque a été levé, ou sur un cuivre vernis, pour s’assurer du trait & n’avoir pas l’embarras de le chercher pendant l’opération de la gravure.

DÉCORATION. Nous ne prenons pas ici se mot dans la signification très-étendue où il embrasse tout ce qui peut décorer une place publique, un édifice, un appartement. Tous les ouvrages des arts peuvent en ce sens être compris sous le mot de décoration. Mais nous resserrons ici ce mot dans la signification de décoration de théâtre, ou de fête publique. Et dans ce sens, relativement à la pratique, nous n’avons rien à ajouter à ce qu’on peut lire à l’article Détrempe. C’est à la détrempe que se peignent les décorations. Celles de théâtre sont composées de feuilles & d’un rideau. Les feuilles forment les côtés ; ce sont des toiles clouées sur des chassis ; le rideau termine le fond, & n’est autre chose qu’un vaste tableau.

DÉCOUVRIR, (v. act.) Terme de gravure à l’eau-forte. Quand la planche est suffisamment mordue, on la découvre, c’est-à-dire qu’on la dépouille du vernis dont elle est enduite. Voyez l’article Gravure.

DÉGROSSIR, (v. act.) Dégrossir un marbre, c’est l’approcher, mais non pas encore de fort près, des formes du modèle composé par le sculpteur. On charge de cette première opération des ouvriers subalternes à qui l’on ne confieroit pas le soin délicat d’avancer l’ouvrage.

DESSIN, (subst. masc.) Ce mot, dans son acception la plus stricte, se borne à signifier les délinéamens ou les traits qui circonscrivent les formes des objets. Mais on l’applique par extension aux ouvrages qui joignent à l’expression du contour, celle des effets du clair-obscur, c’est-à-dire l’imitation de la lumière & de l’ombre. Un dessin très-fini est un tableau d’une seule couleur.

Dans ces sortes d’ouvrages, on suit plusieurs procédés. On dessine ou au crayon rouge qu’on nomme sanguine ; ou à la pierre noire, ou à la


plume, ou au pinceau avec différentes substances délayées dans l’eau.

Quelquefois on dessine au crayon rouge ou noir sur papier blanc, & quelquefois avec l’un de ces crayons sur papier de demi-teinte. Alors on se sert de crayon blanc pour exprimer les lumières, & on laisse travailler le papier pour rendre les demi-teintes. On mêlange aussi ces trois crayons, & c’est ce qu’on nomme dessins aux trois crayons. On y joint encore quelquefois des teintes avec du crayon de pastel, & les dessins alors se rapprochent de la peinture.

On dessine au pinceau avec de l’encre de la Chine ou du bistre sur papier blanc, ou avec l’une de ces substances, ou toutes deux, sur papier coloré, & l’on touche les lumières avec du blanc à l’eau. On fait aussi de ces dessins avec différentes couleurs qui ont peu de corps. La pratique de ces différentes manières s’acquiert par l’usage, auquel ne suppléeroient pas des préceptes écrits ; la théorie de toutes ces manières est la même, elle s’acquiert par l’étude de la nature & par la réflexion. Voyez les articles Crayon, Aquarelle, Lavis, Papier.

Cet article est principalement destiné à renvoyer aux différentes planches qui concernent le dessin. Feu M. Cochin en a dirigé l’exécution ; il a enrichi cette collection de plusieurs dessins de sa main, & sur-tout de la vignette. Elle présente sous un même coup-d’œil les différentes classes par lesquelles on passe successivement pour parvenir à la parfaite imitation de la nature, qui est le but de l’art.

L’art du dessin, né de la sensation qu’ont éprouvé, les hommes dans tous les temps à l’aspect du tableau de l’univers, est l’effet de l’hommage & du respect que nous rendons à la nature & à ses productions. Rien n’étoit si naturel à l’homme, que de chercher à retracer aux yeux de ses semblables une idée nette & ressemblante des objets qui l’avoient affecté, soit afin de perpétuer le souvenir des hommes qu’il regardoit ou comme ses bienfaiteurs, ou comme les bienfaiteurs de l’humanité ; soit pour transmettre à la postérité ces événemens, ces scènes intéressantes, que les circonstances des temps & des lieux, les mœurs, la religion, le costume & la nature du climat varient de tant de manières différentes. Si l’on considère chaque objet en particulier, & combien d’objets concourent ensemble à former un tableau ; quelles

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difficultés n’a-t-on fias dîi rencontrer ? combien d’efpcces différentes qui ont chacune des formes & des caraftères diftinaifs dans chaque genre 1 I ! n’exiffe rien dans la nature qui ne puiffe avoir infpiré aux hommes la noble émulation àa delïïner. Elle futleurpremiermaître , comme elle le fera toujours ; la raifon leur donna des principes, & l’expérience leur fit trouver des proportions & des rapports qui ont applani bien des difficultés. L’enfance de cet art a été aulli celle de la peinture , qui d’abord ne confifla qu’en de fimples traits informes & grofliers. La perfection du dejjin amena celle de la peinture, de la fculprure tk de la gravure, dont le principal objet eft l’exprelîion des formes, & par conféciuent le ddffln lui-même. Tous les genres font également honneur aux artifles qui s’y diftinguent , quoique les uns fbient fufccptibles de beaucoup plus de difficultés que les autres. L’étude de la figure qui comprend généralement l’imitation de la forme & des mouvemens du corps humain, la reprélenration de nos adions & de nos vêtemens ; 3’étude des animaux, du payfage , des plantes , des coquilla ;jes , des infecies , &c. Ibnt des genres particuliers ; tous, variés par les formes «à : les caractères, font également fondés l’ur les mêmes principes, quant à la man’tre de les cxpr’mei- , .parce que la lumière agit fur toi’S le., corps de la même manière , 8c avec la même hanaonic. Chacun de ces genres fe fubdiviie ; .par exemple, celui de la tigure produit le genre de l’hijloire , des hataïlUs , du portrait , &c.-

Le plus noble de tous ces genres eft fans contredit celui qui le prcp&fe l’imitation du corps humain. Que l’on confidcte le. ; rapports & l’analogie des parties du corps qui doivent concourir à exprimer , par exemple , les palTions des hommes, leur caraélère, leurs adions, leur état, leur âge, leur ^orcc , tkc. on conviendra facilement que Ici difficultés des autres genres n’approchent pas de celles qu’il offre à chaque ’ trait.

C’eft donc par cette raifon, toutes chofes étant égales d’ailleurs, que nous ncus’ foinmes appliqués particulièrement à traiter de la figure ; les principes de ce genre étant bien connus , il efl aife d’en faire l’application aux autres, puifqu’ils peuvent s’exécuter delà même manière là par les mêmes combinaifons.

L’anacùmie Si. la perfpeSive font des fcienccs également néceffaires au genre dont nous par-Ions : ’l'anatomie pour connoîrre la charpente du corps humain, c’efl-à-dire les os qui modifient la forme extérieure du corps en général , & celle de chaque membre en particulier ; pour donner aux mufcles leurs véritables pofitions, & : pour les accufer convenablement à l’adion qu’ils ont fur les membres , ik aux I DES

mouvemens qu’ils leur impriment." La perfpeetive, pour bien concevoir e’i^Lns d’une figure ou d’ungrouppe , pour exprimer les raccurcis 8c la diminution des corps, à mefure qu’ils .s’éloignent de l’œil du fpeûateur, & pour pouvoir mettre en même -temps de l’intelligenca dans les groiippes de lumière & d’ombre par rapport ^ux plans qu’ils occupent. Les ouvrages des grands maîtres prouvent clairement qu’ils avoient fait une étude férieufe de ces fciences, qu’ils regardoient comme la baie fondamenta’e du dejfin : en effet , lorlqu’on les pofTède , nonleulement on s’épargne beaucoup de temps & de peine , & l’on ne fait rien au hazard ; mais tout ce que l’on delFine d’après nature, porte avec foi ce caraûère de vérité & de précifion qui trappe au premier coup-d’œil.

l’our parvenir à la pratique du dejfin, nous avons reprélénté dans les premières planches de cet ouvrage, les inftrumens dont on fe fert, fuivant les différentes manières dans lefquellcs on veut traiter Ion dejp.n ; comme le portecrayon , l’eftompe , lo pinceau , la plume. Le compa.c , la règle, le chev-alet, le pantographe , la chambre oblcure , le mannequin tbnt regardés comme des moyens de faire plus commodément ou plus facilement les diffcrenj objets que l’on a à copier, lorfque l’objet qu’on le propole en copiant n’cfb pas d’étudier, mais do parvenir à la phi.s jifte & la plus prcciw imitation du modèle ou de l’exemple. Quoique nous joignions à chaque planche une e.xpiicaiLon qui en indique le fu ;êt,-& 1 apphci^tion quel’onen doit faire, nous croyons cependant nécefiaire de dire quelaue chufe fut la manière de fe cond.iire en deihnanr d’après le dejfin , d’après la bojfe & d’après nature, Dàffiin d’après l’exemple.

La planche VIII de ce recueil repréfente des ovales de têtes , vues de face , de t.oi ; - quarts , àe profil, livées , baij^ées , patichées , &c. C’efi par -là qu’un élève- doit commencer : il doit s’exercer à les tracer au crayon jufqu’à ce qu’il en ait faifi les diviflcns, èc les lignes fur lelquelles font pôles les yeux , le nez, la bouche & les oreilles ; parce que c’eft de ce principe bien conçu que l’on parvient à mettre une tête cnfembls , dans quelque fituaiion qu’elle fbit. Il copiera enfuite toutes les parties de la tête prifes feparément , c’eft ce que repréfentent les planches IX & X,

Mengs vouloit qu’on fît deffiner d’abord aux élèves des figures de géométrie , fans règle ni compas. LairetTe confeille de leur donner d’abord pour modèles des uftenGles communs, tels qi,e des chandeliers, des vafes, &c. L’objet principal eft de leur rendre l’œil jufte en leer faifajit tracer des lignes très - variées , & Fon DES

frsuve cette variété dans celles que décrivent les difféi-entes formes du corps humain. L’élève pourroit fe lebuter, Il oa vouloir l’afTujettir long- temps à ne defliner que des figures de gcométtie : il faut tâcher de lui procurer quelqu’amuicment en même-temps qu’en lui propofe une étude , & c’en eft un pour lui de copier une tête dont on lui fait renr^arquer la beauté. On le fera donc paffer , plutôt qu’on ne le voudroit peut- être , aux têtes entières , pi. XI. Il fera ufage des principes qu’il vient de copier , c’eft- à-dire, par exemple , qu’il doit faire attention que les lignes fur lefquelles font placés les yeux j le nez, la bouche & les oreilles, font parallelles enir’elles , & que , quoique ces lignes ne foient point tracées iur l’original qu’il adevant li ;i , ce principe y efl obi’ervé. D’après ces confidérations , il commencera par tracer ou efquijfer légèrement le tout enfembîe : en «emparant les parties les unes avec les autres &.’ avec les diftances qui les fjparent , il s’aiTurera fi Ion deffiji efl conforme à l’original -, alors 51 donnera plut de fermeté à cet enjemble , c’eftà-dire qu’il s’afTûrera davantage de ce qu’il vient d’erquilTer ; puis il y ajouteta les ombres, en fuivant exaûement fon original. Il établira "d’abord les principales mafles d’ombre, qu’il adoucira veis la lumière -par des demi-teintes, en chaigeatir moins fon deffln de crayon. Il comjrarira.aijfù les parties ombrées les unes aux autres, les demi- teintes aux reflets, & il j réfervera fes derniers coups de crayon pour les touches les plus fortes.

L’élève continuera à copier des dejfins de têtes vues de difFérens côtés, jufqu’à ce qu’il foit affez familiarifé avec ces premiers principes, pour s’y conformer paffablement.

  • Il deflinera enfuite des pies & des mains,

des bras & des jambes, pi. XII & XIII. Il s’appliquera fur-tout à mettre enfembîe bien j’.'fte, ’& il ombrera comme nous venons de le dire. Après cette étude réitérée , l’élève copiera dos académies ou figures entières, pi. XV, XVr, XVÏI, XVIII & XIX ; mais auparavant îl doit en connoîtrè les proportions générales ; cefl à cet ufage que nous avons deftiné la f. XIV.

Il y verra les proportions des différentes parties d’une figure qui a huit têtes de hauteur. Dans les divifions qui y font marquées, la lettre T fignifie une tête , la lettre F une face , & la lettre N un nez.

’ En commençant fon defTin , il s’attachera à îàiûr le tour ou le mouvement de la figure qui lui fert de modèle, en l’sfquifTant légèrement au crayon -, il obfervera fur ce modèle les parties qui le correiposdont perpendiculairement & horifontalement, afin de les mettre chacune à leur place Jçs unes à l’égard des autres. Aidé par les proportions qu’il connoît déjà , il fe D E’S

( ?î

conformera à celles du delîin .qu’il copie, c’ellà - dire aux proportions réciproques de toutes, les parties , à !a figure entière. Enfin lorfqu’il croira être fur de toutes ces chofes, il fortifiera les contours de fa figure en y donnant toutes les fineffes de détail , le caradère & la légèreté de l’original ; il indiquera les formes extérieures & apparentes, occafionnées par la pofidon intérieure des mufclee j il marquera les mafTes d’ombre & de lumière. C’elt ce que l’on nomme mettre enfembîe ou iiu traitune figure, comme on voit à la pi. XIV. Alors il finira fon deffin , c’efV-à-dire qu’il l’ombrera, comme nous avons dit ci-deflus, en obfervanr la comparaifon des ombres avec les demi -teintes & : les réfkts du deffin original. Il doit commencer par établir légèrement toutes les maffes d’omble , afin de pouvoir lea porter petit- à-petit au ton de celles de fon exemple, en fe réfervant poiiï la fin de donner les forces & les touches les plus vigoureufes ; ménager les reflets , fortifier les endroits qui n’en reçoivent point , & bien faire attention aux demi - teintes qui lient les lumières aux ombres d’une manière infenfible, & empêchent les ombres de trancher ; enfin fuivre de point en point ce qu’il a fous les yeux ; car copier un deffin , c’eft l’imiter de telle manière, que l’on puiiTe prendic la copie pour l’original. 11 faut s’exercer à plufieurs reprifes fur difFérens deffins de têtes ,. pies , mains , académies , figures de femmes, enfans , figures drapées ; voyei^ les planches depuis la onzième jufqu’à la vingthuitième : on deffineta indifféremment, foit au crayon de fanguine ou de pierre noire fur du papier blanc , foit aux crayons noir & blanc fur du papier de demi-teinte , e.otame gris , bleu^ ou couleur de chair tendre, que l’on fabrique exprès pour les dellinateurs.

Toutes ces manières de deffiner reviennent au même ; fi , par exemple , on deffine fur du papier de demi-teinte , le ton du papier formera naturellement les demi -teintes, & l’on rehauffera les lumières avec le crayon blanc. Par conféquent on chargera moins l’on defîtn de craj’on de fanguine , ou de pierre noire pour former les ombres. Au lieu que, lorfque l’on deffine fur le papier bî-anc, comme les plus fortes lumières font formées par le papier même , on eil obligé de faire les demi -teintes avec le crayon de couleur, & on charge les ombres à proportion, fuivant fon original.

Cependant les peintres fur- tout feront bien de deffiner à l’eflompe fur papier de demi-teinte, parce que cette manière approche davantage de la manœuvre de la peinture. D’ailleurs elle eft plus expéditive : & le principal objet de l’élève eft de fe mettre dans la tête un grand nombre d« formes ik de mouvemens , & non de couvrir '4^2

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le papier Oc ; ..achures bien proprement établies, ’^li d’un grené bien agréable à l’œil. Par l’étude que «ous venons de prefcrire , l’élève acquerra ce coup- d’œil jiifte, cette habitude & cette facilité à manier le crayon , que l’on 7omm ; pr.nique , qui doivent être le principal objec du temp qu’il y emploiera, s’il veut taire queic^je propres dans i’art : par-ià il fera en é :at de deiîincr d’après ia t)offe , pour fe préparer à deffiner d’ap.èi la nature.

Dejp.n d’après la boffï.

Dans cette étude l’attention devient encore plus néceffaire, & les difficultés qu’éprouve l’élève deviennent plus grandei. Il faut qu’il raifonne ce qu’il a fait, ce qu’il va faire & ; ee qu’il va /oir , d’après ce qu’il a vu dans les deffins des maîtres qu’il vient de copier ; il faiit qu’il cjnnoiffe les os par leurs noms , par leurs formes & : leurs articulations qu’il connoifTeles mulcies qui les eni’eïoppont , leur ori^ine^ leur inferiion ^ {eaxs fonciions ik. leurs formes, afin de pouvoir y donner le caractère & la vraifemblance qui conviennent au mouvement d’une figure ; c’eil : l’étude de ï’anatomi : qui doit le gu der ma ;ntenant. Nous renvoyons à nos planches anatomiques, pi. I , II, lil, IV, V, Vl , Vil ; nous les croyons plus que fuififantes pour ce qui regarde le deffin , & nous n’avons pas jugé à- propos de les répéter ici, afin d’éviter un double emploi.

Il faut que l’élève étudie le (quelette & le deiline de difFcrens côtes ; voyei pi. I , II, III. 31 étudi^ta pareillement l’écorché, & le def-Cnera de tous les côtés ; voye pi. IV, V, VI , VII &c VIII. Le fruit qui r^fultera de cette étude, le conduira à delîiner d’après la bojfe & d’après nature avec dilcernement, & donner à ce qu’il fera i :n cara61ère vraifemblable. Les figures antiques que nous poffédons , telles que l’Hercule Fanièfe, rAiitinoils, l’Apollon , la Venus <ii Médicis , le Laocoon, le Torje^ {voyei pi. XXXIV, XXXV, XXXVI , XXXVII &XXXVin,) & tant d’autres offrent aux artifles les moyens de connoître les belles formes & l’élégance des proportions. Ces chef-d’œuvres de l’art font ptécieux ; leurs célèbres auteurs ont , en les formant , corrigé les défauts de la nature commune , & par !e beau choix qu’elles offrent, on peut dire que chacune rafl’emble , relativement à ce qu’elle reprdente , tout 1 ? caraflère , toute l’élégance 8c totites les grâces qu’il eft prefque impoffible de trouver réunis dans un même fujet animé.

Avant que de les deffiner en entier, on en deffinera les parties Itparémeni : , comme têtes, pies ik mains ; on fera enfuite toute la figure ; pour mettre enfemble , on s’y prendra comme îioijs l’ayons dit des académies , gc on ombrera DES

en fuîvant exaftement l’effet du modèle, & en comparant les maffes d’ombre aux reflets & aux demi - teintes. Le but de cette étude efl : de préparer l’élève à deflîner d’après nature. Se de lui faire connoître le» belles proportions & les belles formes.

On deffine . d’après la boJfe au jour ou à la lampe, avec tel crayon, ou fur tel papier que l’un juge à-propos, ainfi que d’après nature. L’eleve, avant que ciefliner d’après nature, étudiera aufli la perl’peclive ; voye^ l’article Perspective.

Deffi’i d’après nature.

C’ell ici le lieu de faire la récapitulation des connoiffanccs que l’élève a acquifes, en étudiant la perfpeclive , V anatomie , [’antique , afin d’en faire une application railbnnable. .° Par r.apport à la pe fpeûive : pour s’afTurer des plans des figures en yenéral , bc fur -tout de L celles où il lé trouve des racourcis ; voyei p ! pi. XVII , XVIil & XIX. La moindre négiigen. e fur cette article peut détruire toute la proportion, o ; renJie les mjuvemens tout-àfait imp.)flibles. Pour failrr 6t taire paffer àpropos un contour fur un autre , afin dï chafler la partie qui fuit, intelligence ians laqtielle ï’enfemhle fera faux, & avec l’effet le mieux entendu, les lumières & les ombres les mieux obfervées, une figure paroîcra to. ;jours ridicule, & n’aura pas i’aciion que l’on lé piopofoit. Il en eft de même pour lei groupes de phifieurs figures, f^oye-^ pi. XIX, oil les plans font indiqués par Icj lignes A y £ , C ^D. A. l’igard du fini ou de ieffeCi c’ell la même fcience qui détermine en général le degré de force des ombres fur les premiers plans, & leur affbiblif-, femen : à mefure que les corps qui les produifant s’éloignent. Les o/7ii’ ;w^o, ;éc ;j- fui vent ce même prinvipe ; il faut cependant y joindre la connoilTance des effets de lumière que l’on nomme clair- obf car. Cette connoifïance, à la vérité , peut être regardée comme une des branches de la perfpeélive aérienne ; mais fous cette dénomination , on la diftingue de la perl’peclive linéale.

^.° Par rapport à l’anacomie : pour ne rien faire de faux &. de hafarde dans les articulations & dans les attachemens ; pour fentir le vrai mouvement des mufcles , les accufer où ils doivent être ; pour exprimer davantage ceux qui font en aéiion , Sç donner à ceux qui obeiflent 3u mouvement des autres, les inflexions qui font ce beau contraife que l’on remarque dans la nature.

.° Par raport à Vantique : pour rectifier les formes quelquefois défeclueufes de la nature, & fe déterminer fur le choix de celles qu’il ell plus important de faifir & de faire fentir ; s« DES

en étudiant la nature, il eft néccrtaîre , en ne 1,, «’écartant point de la vérité, de s’accoutumer à -y voir principalement ce qu’elle oft’re de grand & de noble , en y l’ubordonaant toutes les petites parties. On doit donc s’habituer à faire ce choix par la comparaifon de la nature aux belles produfljons des antiques, & aux ouvrages dos grands maîtres.

Pour delHner d’après nature, on pofe à la volonté un homme’ nud , foit alïïs , de bout, couché, ou dans quelqu’autre attitude d’d.Clion & de vigueur, mais cependant naturelle. Ce modèle peut êfre éclairé par la lumière du jour, ou par celle d’une lampe ; ce dernier cas eft repréfenté dans la. vignette. P’oye pi. I. Le modèle efl beau à delliner de roub les côtés, ma|s on peut choifir celui qui intéreffe davantage ; on deffine indifteremment lur le papier blanc ou de demi- teinte.

On doit, comme nous avons dit en parlant des académies, s’appliquer dès le premier inilant à failir le tour ou le mouvement de ia figure par nn trait léger , parce que le modèle peut le . fatiguer & varier, fur-tout lorfqa’on cherche à fe préparer à l’art de la compofuion , dont un des plus grands mérites eft de bien rendre l’aflion Se le mouvement. Mais lorfqu’on tend a fe perfedionner dans celui de bien exécuter les détails, il eft quelquefois avantageux d’attendre , pour arrêter fon trait, que le modèle fe foit préfenté en quelque manière , & ait pris -la polîtion qiii lui eft plu,î commode , & qu’on eft sûr qu’il reprendra toujours naturellement, malgré les avis de ceux qui ont pris le premier pioment de l’aflion. li en réfulte qu’on a beau coup de facilité à étudier les parties qui fe

repréfentent toujours fous le même afpefl. Le

fentiment qu’on oie avancer ici , pourra d’abord .paroître conraîre aux leçons que donnent ordinairement les bons maîtres , mais il eft fondé fur l’expérience. On prendra les mêiiies précautions que nous avons indiquées, pour , mettre toutes les parties bien à leurs places &z fur leurs plans, & on achèvera de mettre la [figure enjernble , en obfervant les proportions générales, voye^ pi XIV, & en indiquant les

mufcles apparens par des contours & des coups

’ de crayon plus affurés. On do :t apporter beau-

coup d’attention à ne point mettre d’égalité dans

les formes, parce que la nature n’en a pas, e’eti-à-dire qu’une forme eft toujours balancée

par une autre plus grande ou plus petite qui la

fait valoir , de manière que les contours exté-I Meurs ne (e rencontrent jamais vis-à-vis les uns des autres , comme ceux d’un baluftre ; mais ’. au contraire , ils femblent éviter cette rencontre, •* & s’enveloppent mutuellemenr. Il ne faut que

confiderer la nature pour s’en convaincre.

Voyti auffi pi. XV , XVI , XVH , XVHI , XIX & XX.

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Pour ombrer fa ligure, ii fa ;;t commencer paît é ;ab !ir Tes principales matî’es ci’oiribrcs en Itur donnant à -peu - près la moitié du ton qu’elles doivent avoir, afin de pouvoir réferver les reflets de lumière que le niodèle reçoit des corps étrangers qui l’environnent. Si l’on confidère en général tout le côté éclairé du modèle^ l’on n’appercevra qu’une feule maffe de lumière , dans laquelle font des détails occafionnés par le plus ou le moins de relief qu’ont les mufcles » mais qui ne l’interrompent pas ; ainfi il faut que tous ces détails, toutes ces parties lumineufes foient liées enfemble, de manière qu’elles ne faiTent qu’an tout , en réfervant leultîment ; à celles qui fonf les plus faillantes, ik. qui reçoivent la lumière la plus large , les plus grands clairs.

En examinant la nature, on s’appercevra que la lumière a cette propriété de rendre fenûbie tous le^ objets de deta.ls qui font dans fa nialVâ générale, (k qu’au contraire les maifes d’ombres éteignent & : confondent enfembie ces mêmes détails , à moins qu’ils ne foient reflètes pac d’autres objets éclairés ; d’où il s’eniiiit qne les ombres les plus lourdes &lcs plus vgoureules ne font pas toujours fur les premiers plans, mais fur ceux où il eft imp,.inble qu’il loin apporté aucun rellet ; ou bien qui fon : trop éloignés pour que cette lumière d ’ reflet f inflè parvenir affez à nos yeax , ^ les aiîe.tei- a-lez fortement pour y produire quelque itma i.n ; généralement les principaux groupe :, de iumietc Ibnt toujours foutenus par les o.nb.es pcrtrcî les plus vigoureufes. On pourra faire ce i>bil ;vations fur phifieurs figures group-es eni’er.ib.c, Foyei PI. XIX.

Enfin on achèvera fa figure en donrant aii.’c ombres toute la force que Ton verra dans la modèle , en obfervant de les adoucir du côté dci lumières par des demi- teintes, afin qu’elles ne tranchent pas. On fortifiera davantage les ombres dans les endroits qui ne reçt’iiveni poine de reflets ; il faut ménager les contours du côté de la lumière , & donner plus de fermeté à ceux qui en font privés ; il faut faire la comparaifon Je toutes les parties les ures aves les autres, afin de placer les lumières & les • touches les plus vigoureufes à propos, & de taire fsntir celles qui avancent oh qui fuient : par c8 moyen , on parviendra à donner à foa dsfiin toute l’harmonie & l’efFet de la nature. Il fatit s’appliquer particulièrement à fipirai’et ; foin la tête , les mains & les pies ; ces parties bien deflinées donnent beaucoup de grâce à une figure, & font juger ordinairem^ent de la capacité du deffinateur.

On doit prendre garde que ce que l’on faic de l’anatomie , n’entraîne à faire trop fenrir les muiiiies -, c’eft un défaut dans lequel tombent la plupart des jeunes gens, qui crgient par-là 4^4

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donner un caraflère plus mâle & plus vigoureux à leurs figures ; mais ilsfe trompent, ils prouvent tout au plus qu’ils favent l’anaromie ; quand on veut exprimer la force & la vigueur , il faut choifir un modèle plus robufte, plus nerveux, & le deffiner tel qu’il eft : alors on trouvera bien de la difFét-ence eiure un delTin t’ait d’après nature, & celui que l’on auroit, pour ainfi dire, écorché d’imagination. Ce vice eft d’autant plus dangereux pour ceux qui fe livrent à cette manière, qu’il leur eft prel’que impoffibe par la fuite de s’affujottir à rendre fidèlement les grâces & îa fimpliciîé de la nature ; ainfl on doit donc s’habituer de bonne heure à defliner les objets tels qu’on les voit, en ne fe fervant des lumières que l’on a acquifes que pour en juger fainement.

On fe fcrvira des mêmes principes pour deffiner d’après, nature les femmes , les enfans, en obfervant que les mufcles font moins apparens , ce qui rend les contours très - coulans ; & que les proportions en font différentes. Voyei PI. XIX, XX, XXI, XXII & XXXV, & leurs explications.

Lorfque l’on veut caraâérifer Vejifance , Vadole/cence , la vieillejjl , il faut aufli en faire des études d’après nature , & faire un bon choix des modèles dont on fe lervira. /^oye ? PI. XXI & XXII.

L’expreffion des paffions eft une étude qui demande beaucoup d’application, & que l’on ne doit point négliger , parce que les moindres compofitions ont un objet qui entraîne néceffairement le deflinateiir à donner aux têces de fes figures le caraflère qui leur convient relativement à fon fujet -, mais comment pouvoir deffiner d’après nature les mouvemens de l’ame ? comment pouvoir faifir d’après une l’cèns compofée depiufleurs perfonnes (en fuppofant quele deffinateur y fût appelle) toutes ces fenfations qui les affecîent chacune différemment, fuivant l’intérêt particulier qu’elles prennent au fpectacle qui- leur eft commun , ou âe haine, ou de colère., ou de défefpoir , ou â’étonnenunt, ou ^horreur} Quand on fe propoferolt de ne faifir qu’une de ces exprelïïons , la tentative deviendroit prefqu’impoffible , parce qu’elles ne font toutes produites que par les circonftances d’un moment , que l’inftant d’après dscompofe & détruit, c’eft-à-dire , que tel homme paffera d’un moment à l’autre de la haine à la pitié, de l’étonncment à l’admiration , de la joie à la douleur ; ou que la même paffion fubfiftant, elle fe fortifiera ou s’affoiblira, & que le même rerfonnage prendra, pour un œil attentif , une infinité àe phyùonomies fucceffives. Voilà des diiLcuité^ infurmonrables pour le deffinateur qui le propoferoit d’attraper à la pointe de fon crayon des phénomènes ai.ffi fugitifs ; il n’en eft pas laoips important pour lui d’êfre témoin des DES

différentes fcènes de la vie. Les images le frappât, elles le gravent dans fon efprit, & les fantômes de fon imagination fe réveillent au befoin, fe repréfentent devant lui, & deviennent des modèles d’après lefqueis il cornpofe.

Mais pour tirer un parti fur & facile des richefles de fon imagination , il faut auparavant avoir étudié dans les tableaux , les ftatues & les deffins des inaîtres, qui les ont le mieux rendus, les fignes qu’ils ont trouvés convenables pour exprimer, dans une tête , telle ou telle paffiun. Le deffinaieur confultera auffi fa raifon & fon cœur ^ & ne fera rien que ce qu’il Ilîntira bien. Le célèbre le Brun qui avoit étudié cette partie , nous a lailfé des modèles que l’on peut confulter. Voye les PI. XXIV, XXV & XXVI.

C’eft un objet important dans une figure que les draperies en Ibient jettées naturellement, & que la cadence des plis fe reffente de la nature des étoffes ; on doit donc, autant qu il eft poffible, les deffiner d’après nature & fur un modèle vivant. Cependant comme le medele eft fujet à varier, & que les moindres mouvemens peuvent déranger , finon,la matïe générale delà draperie, du moins la quantité des plis, & leur donner à chaque inftant des formes différentes : il arrive de - là que le deffmate-.ir eft obligé de patTer légèrement fur quantité ^de petits détails importans, pour ne s’attacher qu’au J3U du tout enfemble & à l’effet général, & fuppléor au refte en travaillant d’imagination. Cet inconvénient eft très -grand, & apporte fouvent de grands défauts de vérité dans un deffin -, car il efl effentiel, comme nous venons de le dire , que la forme des plis , leurs ombres & leurs reflets caractérifent la nature & l’efpece del’étoffe, c’eft-à-dire, fi c’eft du linge, du drap , du fatin, &c. Or, comment rendre ce qui appartient à toutes ces efpèces , fi les formes des plis , les lumières, les ombres & les reflets s’évanouilTent à chaque inflant , & ne paroilTent jamais dans leur premier état, fur-tout lorfque les étoffes font légères & .caffantes .’ Voici un moyen dont on fe fert pour étudier plus commodément , & qui eft à’v.n grand fecours fur-tout pour les commençans. On jette une draperie quelconque fur une figure inanimée, maiî de proportion naturelle , que 1 on nomme mannequin. ?’oy£^ PI. VI & VII. On pofe cette figure dans l’attitude j^u’on a choifie : alo-s en en deffine la draperie telle qu’on la voit ; on peut l’imiter dans fes plis, fes ombres, fes lumières Se fes reflets, par la crmparaifon que l’on en fait. Il faat rétérer cette étude fur des étoffes différentes, afin de : ;’h3bitiier à les traiter d :fféremment. Les formes des draperie ^ fe fouyennent davantage dans certaines - étoffes ,

DES

ItofFes , & Ce rompent Se fe brifent plus Ou moins idans d’autres.

I On oblerv-era aaflî que les têtes des plis font {plus ou moins pincées, & les reflets plus ^ou ■moins clairs -, c’eft à toutes ces chofes que l’on jconnoît que les draperies ont été deflinées jd’après nacure,

i II ne faut pas ignorer la manière de draper ides anciens , & on la connoîtra en deflînant jeurs figures drapées ; c’elt un ftyle particulier joui a de très - grandes beautés , & où l’on [trouve les principes les plus certains de l’art ide draper. On en pourra faire l’application en IdifFérentes occalions, Voye^ PI. XXVIII & : iXXlX.

! Après une longue & pénible étude d’après des 

’deffins, la boffe & la nature, fi l’on a du génie, {on paffera à la compofition.

1 Lorfque l’on compofe un fujet , on jette fa Ipremière penfée fur le papier au crayon ou à jla plume , afin de diftribuer fes groupes de [figures fur des plans qui puiffent produire un

!eftèt avantageux , par de belles maffies de lujmières 

& d’ombres ; ce dellîn fe nomme croquis. IC’efl : en conlëquence de cette diftribution que jl’on connoît toute ;, les études de figures & de draperies à faire , pour que le deflin foit correâl & fini. Voyei PI. XXX & XXXI.

A l’égard du payfage, on pourra en deiïiner d’aprè(s nacure , en fuivant la règle générale que nous avons établie ci-deffus , pour la perfpeûive des plans , lexafiitude. dans les formes , & l’harmonie de l’efFst. C’eft une pratique que l’on acquiert plus facilement, quand on fait bien deffiner une figure. Voye^^ PI. XXXII i il en eft de même des ruines ., des marines , &c. On fe fert quelquefois pour delTiner des ipayfages , des ruines ou des vues perfpeftives ,

de la chambre obfcure ; cet inflrument a cet

iavantage , qu’il repréfente les objets tels qu’ils ifont dans la nature , de manière que ceux [même qui ne favent pas defliner, peuvent facileiment repréfenter tout ce qu’ils veulent très-icorreûement ; mais lorfque l’on pofféde le jdeffin, on ne doit point abufer de la facilité

!que cet inftrument procure, en ce qu’il refroiidiroit 

le goût, & que cette habitude arrêteroit infenfibiement les progrès de l’art. Voye^

!P1. IV & V. 

’ Pour deiïiner les animaux, il en faut connoître l’anatomie ; on conlultera les deffins des meilleurs maîtres , & enfuite on étudiera la nature. Si l’on fe propofe quelque fupériorité dans un genre, quel qu’il foit, on ne doit rien faire que d’après elle ; elle feule peut conduire à une imitation vraie qui efl : le but de l’art. îTout ce qui efl fait de pratique, n’en impofe qu’un moment, & quelque agrément fédufteur qu’il puiffe prefenter fans la. vérité , il ne peut j&isfaire le vrai connoiffeur.

Jiedux-Ans. Tome II.

Enfin l’art confifte à- vçir ,Ial rtature telle qu’elle eft , Se à fentir fcs be,autés ; lorfqu’on les fent , on peut les rendre , & l’on pofféde ce qu’on appelle la bonne manière , exprellion qui i’uppofe toujours la plus rigoureule imitation ; mais ce n’eft que par le zèle le plus ardent,, l’étude la plus laborieufe , & l’expérience la plus confommee que l’on parvient à ce but. La récorapenfe eft entre les mains de Tartifte ; il cultive l’on propre héritage , il arrofe fes propres lauriers ; & les fleurs & les fruits qui naîtront de fon travail , le conduiront au temple de l’immortalicé , que l’envie elle-même feia forcée de lui ouvrir.

Nous croyons devoir confelller aux commençans de ne point deffiner d’après Veftamps, à moins qu’ils ne puiffent faire autrement , ou qu’ils ne veuillent apprendre à deffiner à la plume , parce que la gravure n’eft point du tout propre à enfeigner la vraie manière de deiïiner au crayon : au contraire, elle donnera à ceux qui s’y appliqueront trop long-temps , un goût lèc, maniéré, & fervile dans l’arrangement des hachures. Si l’on s’en fert , il faut être affez avancé pour ne prendre que l’efprit du deffin & de l’effet, (ans fe propofer de rendre coup pour coup tous les traits. , . :. ^

PLANCHE I.

Vue d’une école de dejjin ,fon plan & fon profil. La vignette de M. Cochin repréfente à gauche de celui qui regarde & fur le premier plan, de jeunes élèves qui copient des deflîns. Ces deffins font attachés à une forte de croix qu’on appelle porte - original, La branche à.c. cette croix , au moyen de chevilles & de trous percés à des hauteurs différentes, peut s’élever & fe baiffer au gré de ceux qui en font ul’age. Sur le fécond plan eft un autre groupe d’élèves qui de.i.nent d’après la boffe ; le modèle qu’ils copient eft pofé fur une felle^ & eft éclairé par la lampe que l’on voit lufpendue au- deffus. A droite & fur le plan le plus éloigné, font des élèves qui deffinent d’après nature ; le modèle eft au milieu d’eux & élevé fur une table que l’on a repréfentée dans le bas de la Planche , fig i , Un de fes genoux eft appuyé fur une caiffe, afin de contrafter le mouvement di2 cette attitude. Les écoles académiques doivent être munies de caiffes de proportions différentes dont on fe fert au befoin pour fervir d’appui au modèle , fuivant les différentes pofes auxquelles on l’affujettir. Le plancher doit auffi avoir un fort anneau pour recevoir une corde dont le modèle eft obligé de fe faifir d^ns certaines pofes, & fans laquelle il ne pourroit les tenir. On voit un des élèves occupé à prendre les à -plombs de la figure ea prélentant vis-à-vis d’elle fon porte -crayoo N n n

i^66 DES perpendiculairement ; ce modèle eft cc’aîié par un lampadaire placé devant & au-delTus de lui,, dont le volume de lumière eft fuffil’ant à tous ceux qui deffinent. Tout le côte du modèle qui n’eft point éclairé fe nomme côié de reflet ; ceux qui commencent ne doivent point choilir cette place, parce qu’elle fuppo’e de l’art & de l’expérience -, mais Inrtque l’on eft un peu avancé, on en tire un très- grand profit. Ces Ibrtes de figt’res doivent ccrc dellinées de fort peu de crayon ’ ; c’eît-à dire , que les ombres doivent être tendres, les reflets bien ménagés & Ibutenus par des touches frappées à propos Sur le premier plan, à droite, eft un élève qui modèle d’après l’antique. On peut regarder cette étude comme une manière de delliner propre aux Sculpteurs ; elle s’exîcute à la main Se à l’ebauchoir fur de la terre molle. £as de la Planche. JFig. I. 1 , 2 , : ; , 4 , Plan de la falle ou e’cole pour defOner d’après nature. A , la table fur laquelle fe po !é !e modèle. è,bacquet plein d’eau pO’jr recevoir les égoutures delà lampe fufpendue ai ;-defl’ ;is. C,c , c, c, c, ticc. bancs ou gradins fur lefquels fe placent les d^lfinareurs. CGC, banc dit des fculpteurs , c’eft celui qu’ils occupent pour modeler d’après nature ; mais, à leur défaut, les deflinateurs s’en emparent. dddd, marche-pieds des bancs. e e , intervalle d’un banc à un autre. a, banc pour ceux qui deiFinent dans le reflet , gggg, paffages. h , poêle. ii , croifées que l’on bouche pendant le temps oii l’on delTine d’après nature au jour , afin de ne recevoir qu’une feule & même lumière de la croifee A, dont l’ouverture a huit pieds. m , portes. J7Z, veflibule. , cabinet. o o , falle propre à d’autres exercices, a. Profil des bancs, A , la table. a , fon pied ou focle fur lequel elle peut tourner en tous fens , afin de pouvoir, lorfque le modèle eft pofé, l’éclairer le plus ayantageufement. e e^ les bancs. C, banc- des fculpteurs. dddd, marchepieds des bancs. PLANCHE II. iv^. 1. Porte-crayon. a , le crayon. DES ,. Crayoft. . Eftompe , c’cft un morceau de chamois rou lé fort ferré, lié avec du fil , & taillé ei pointe émouffée vers les extrémités. Oni’e l’ert pour fondre & unir enfembîe tous ie coups de crayons dont on a préparé les mal ! fss d’ombres & les demi-teintes d’une S gure, en frottant légèrement , comme ave. un pinceau, une de^ extrémités fur toute les hachures , Se on rehauffe les plus fjrtc ombres par des coups de crayons hardi ; S des touches franches ; cette manière à’ deffiner efl expéditlve & imite très- bien 1, douceur de la chair. . Plume à deffiner. . Canif à tailler le crayon. . Compas. On doltobferver de iie point s’ei ferf irpour deffiner des têtes ou des figures mais feulement pour s’afTurer des ligne perpendiculaires ou parallèles qui fe ren contrent dans les fujets où il entre de l’ar chiteclure. Cette interd ;£lion de l’ufage di compas n’eft que pour les élèves qui doi vent tendre à acquérir la jufteffe du coup d’œil , indépendamment de tous les inftru mens : msis d’ailleurs l’ufage du compas des q’.iarrcau-N’ , des à-plombs. &c. efl per mis aux artiftes dans les occafions 011 ils m doivent négliger aucun moyen de parveni à la plus parfaite précifion. Les figures fuivantes font néceffaires pour del ftner au lavis. . Pinceau. . Pinceaux entés en a, fur un morceau de bois ou d’ivoire. ; . Pot à l’eau. . Pain d’encre de la Chine, . Coquille pour délayer l’encre, le biftre, : ou les couleurs qui s’employent au lavis. Il Règle pour tracer les objets dont les furfafces font des lignes droites, . Chevalet ou porte-original. ( F’oye :[ l’article Chevalet. ) a- le pied. ié , la tige percée de trous dans fa partie fu : ~ périeure. c c , les bras, d , vis qui fixe les bras à li hauteur -la plu ; commode dans les trous de la tige, e , ficelle pour fufpendre le deflin. //, fiches qui attachent le deffin àla ficelld . Selle à l’ufage de ceux qui deffinent d’après la bofie. . PlateaL ! mobile fur lui-même, fur lequel on place le modèle. . Chapiteau de la telle, per ;é, au milieu, d’un trou dans lequel paffe la tige du plateau. .

. Tige qui fait tourner le plateau fur luiI 

i

DES

nrême ; elle eft percée de trous dans fa partie irr£irieure,

. Chevilla qai fert à élever la tige & le plateau , en la fixant dans des trous différens.

. Tablette percée pour recevoir la tige, & qui fert de point d’appui à la cheville. rj. Porte-fscille fur lequel on deflinc , en le, pofant fur Tes genoux , comme on voit dans la vignette , Plancha I.

. ab c d , chaflls de réduciion j ce chaffis eft un parallelograms roâlangle divi’e à volonté en lin nombre de carreaux égaux, formés par des fils ou des foies très-fines , qui font attachés aux points de divifion marqur’s fur les quaire tringles ou côtés ab,bd,dc.,ca. On fe fert de cet inf trument pour réduire un dellln ou un tableau fur lequel en ne veut point tracer de lignes.

ilmn. Deflin réduit dans une grandeur donnée o^ q ?- ; pour le faire , on divife cette grandeur par des lignes au crayon , en autant de carreaux que le deflîn efgh en occupe , étant pofe fobs le chalfis , fig. 16. alors on trace exadement dans chacun de ces carreaux , correfpondans a ceux de l’original , les mêmes parties qui (ont comprifes Ibus ceux du chalfis. Cette manière de réduire fe nomme graticuler.

PLANCHE III.

Vefcription & ufage du Pantographe , nommé communément Singe , confidérahlement changé G" pcfeclionné par Canivet , Ingénieur du Roi & de MM. de V Académie royale des Sciences pour les injlrumens de Jl/athéniatiques.

I


Cet inftrument efl compofé de quatre regleî ’oe bois d’cbène ou de cormier : il y en a deux grandes & deux petites. Les deux grandes A B , A G font jointes enfemble à l’une de leurs extrémités par une tige qui les traverfe , portant un ectou par-defTus avec lequel on leur donne plus ■ou moins de liberté : le bas de cette tige eft coudé, & porte une roulette a, que l’on voit fig. I , qui pofe fur la table & fe prête à tous les mouvemens. Les deux autres règles L M , M N font attachées vers le milieu de chacune des grandes , & elles font jointes enfemble par l’autre bout ; cnfortc que ces quatre règles forment toujours un parallelograme , en quelque façon que l’on falTe mouvoir l’infirument. Les deux grandes règles , ik une des petites, portent chacune une bnîte qui fe place & s’arrête à tel endroir que l’on veut defditcs règles , Ipar le moyea d’une vis placée au-deffous. Ces DES

boîtes font chacune percées d’un trou cylindrique furie côté, dans lequel fe placent alternativement trois chofes ;favoir, une pointe à calquer, _^j. 7 , un canon, fig. 8 , dans lequel fe loge un porte-crayon qui fe haufle ou fe baille de lui-même, fuivant l’inégalité du plan fur lequel on travaille, & enfin , un fupporr, fig. 5 , quife vidé dans la table , & dont ’le haut eft en cylindre pour entrer dans une des boîtes ; c’eft ce fupport qui f ;rt de point fixe , & autour duquell’inftrument tourne quand on deffine. Il y a deux roulettes ambulantes qui fervent à foutenir les règles , & à en faciliter le-^nouvement. Sur les règles, font des divifions marquées par des chiffres , qui indiquent les endroits où il faut placer le bUeau des boîtes , fuivant la réduction que l’on fe propofe.

Cet inftrument eft très-utile pour copier promptement, avec facilité & exaftitude, toutes fortes de deflins , foit figures, ornemens, plans , carres géographiques , & autres chofes femblables, pour réduire du grand au petit, ou du petit au grand.

Pour s’en fervir , on attache le finge luiune table , par le moyen de fon fupport qui fe viffe dans la table. Si l’on fouhaite copier un. deflin , enforre que la copie foit de même grandeur que l’original, on fera entrer le fupporc dans la boîte D , donc on fera convenir le bifeaix fur la ligne marquéc|près de M. te crayon fera mis à la boîte E , dont le biléau fera placé fur la ligne marquée B de fa règle ; la boîte F avec la pointe à calquer fera mife fur la ligne marquée C de la régie. En mettant un papier blanc fous le crayon, & l’original fous la boîte F, fi on promena la pointe fur tous les principaux traits de cet original , fans qu’elle le touche, pour éviter de la gâter, le crayon formera la même chofe , & de même grandeur liir le papier qui fera pulé deffous. Si l’on vouloit que le dcfiin que l’on fe propofe de copier, fûc réduit à la moitié ; fans changer la pofirion des boîies , on placera le fupport à la boîce E, & le crayon à la boîte D ; & en faifant comme cîdeffus , la copie fera de moitié plus petite que roriginal.

Si on veut que la copie foit 7,4, 5 , ^,7 & 8 pointe fur la ligne marquée C de fa règle & l’on fera convenir la boîte E & fon fupport fur la ligne de la diminution que l’on fe propofe. Si l’on veut, par exemple, que la copie foit des deux tiers plus petite que l’original , ou, ce.qui eft la même chofe , fi l’original ayant iz pouces de haut , on veut que la copie en ait 4 , on fera convenir la boîte E avec fon fupport , fur la ligne marquée 3 du côté de B , & la boîte D avec l’on. crayon fur la ligne marquée 3 du côtédsMi N n n i j

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DES

alors la copie fera des deux tiers plus petite que l’original. On fera la même choie pour réduire julqu’au huitième, en oblervant d faire convenir le biieau des deux boîtes D,E,aux lignes marquées par leschiftrei qui defignent la réduction , la boue F avec fa pointe reliant toujours fur la ligne C.

Si on vouloit qus la copie fût plus grande que l’original , par exemple, d’un huitième ; c’eftà-dire , fi l’original ayant S pouces de haut , on Touloit que la copie en eût 9,1 ! faudroit placer le fupport à la boîte D , & mettre le crayon à la boî :e F , qui fera placée fur la ligne marquée C , & les boîtes E&U feront mifes chacune fur la fraâion que l’on fe propofe : par exemple , fi c’ell d’un huitième , la boîte E avec fa pointe , fera mife fur la ligne marquée j , & la boîte D fera mi fe auffi , avec le fupport, fur la ligne marquée -j , & alors la copie fera d’un huitième plus grande que l’original. On fera la même chofe pour les autres rédufticns , luivant les lignes marqite’es par leurs fiaflions, la boîte F refïant toujours l’urla ligne C.

On voit , par ce qui vient d’être dit dans l’exemple précédent , que fi. l’pn vouloit que la copie fût plus petite que l’original , on n’auroit , luivant l’obfervation faite en par.ant de la réduftion a moitié, qu’à tranfpofer le crayon & la pointe, mettant l’un à !a place de l’autre, fans toucher aux boîtes , & qu’alors la copie fera pluspetite , fuivant la fra£lion où les deux boîtes auront été pofées.

hz figure z repréfente le finge, vu géométralement avec toutes fes divilîons, La_/ ?o-// ;-e i repréfente le même finge , vu fur une table en perfpeftive , dans la pofuion oi il doit être pour s’en fsrvir. Les boîtes EF & D font placées pour réduire i’original environ au tiers de fa grandeur, ou comme un eft à trois ; ce qui eft la même choie , comme la figure le fait voir. Le fupport I , qui fe viffe dans la table , eft pcfe à la boîte E ; ce fupport eft fixe , mais on peut lui en fubitituer un mobile qu’on décrira dans la fui-te.

L3 fijiire 7 eft le calquoir qui fe loge dans la petite virole qui eft au-delTous. Cette virole porre une petite queue, qui fert à fixer le calquoir quand on le place à l’une des boîtes, en fiitant parter cette queue fous le refibrt qui eft au-dîffus de la boîte. La vis qui entre dans la virole fert pour arrêter le calquoir à la hauteur que l’on veut.

La. figure 8 montre en d le canon du portecrayon, qui eft aulTi garni de fa petite queue. La figure c eft le crayon qui doit entrer dans le canon tf : il eft garni d’un petit cordonnet de foie , qui fert à lever le crayon pour i’empêchcr de toucher le papier , lorlqu’ :l eft r.écefl’aire de paffer d’un endroit à l’autre , & afin que ce fil ibit toujours fous la main. Si, par exemple, DES

on pofe le crayon à la boî’e E , on fera paffer le cordonnet d :;ns le trou d’un petit piton tournant qui eft ai-deffus de la jondion A des deux grandes régies , comme on le voit ,fi-r, i -. de-là le cordonnet va paffer dans un trou qui eft au haut du calquoir, ik eniiiite dans une petite fente qui elt au bout de la régie. Maii li l’on plaçoic le porte-crayon à la boîte D , ainfi qu’il eft repréfente dans la figure, on feroitpuffer d’abord le cordonnet dans le petit trou quteft audeffus de l’écrou L, qui joint la régla LM à la régie AB, & de-là à la jonction A des deux grandes régies, d’où on le conduit, comme cideffus , dans la fente qui eft à l’extrémité de la régie qui porte le calquoir.

Le cordonnet eft repréfente dans la finire i qui montre que fa longueur demeure toujours la même dans les différentes difpofitions des boîtes parce qu’il fuit toujours la direftion des rézles. , Le godet a qui eft au-deffus du portc-crayoti 3, fe viffe dans fa partis fupérieure : il fert àl rendre le porte-crayon plus pelant , & à le faire appuyer davantage fur le papier lorfqu’il en eft befoin , & cela sn le remplifl’ant de quelque’ poids , comme feroient de petites balles de plomb.

La roulette ,fig. 3 , qui a double chape x Se y, fe place à la régie A ii par fa chape inférieure x quand on pofe le porte- crayon à la boîte E : fion le pofe à la boîte D , on place la roulette à lai régie M N par fa chape fupérieure y. i , fourchette I de la roulette. & , la roulette.

f 4 4- Une des deux boites EF , avec les développemens. a, la b :îts F vue par-defTus , du côté du raifort qui comprime ia queue du canda du porte-crayon ou celle de la virole de la pointe à calquer, b , grand reifort de laiton qui fe place dans la boîte au-dtiffjus de> régies, c , reifort latéral qui fe place dans 1 1 boîte du côté oppoféaux trous qui reçoivent le calquoir & ; le fupport. d la même boîte vue par-defTous.

L^fig. 5. eft le fupport fixe.

L^fig. 6. eft le iupport ambulant ; c’eft uneplaque de plomb affez peiànte , pour qu’elle nei puiffeêtre dérangée par le mouvem-snt de l’inf-’ ttument. Dans l’on milieu eft vifTje une tjtre fsmblableàla tige I du fupport fixe. Au-Jeffuseft une petite rondelle qui fert également pour les-deux fupports ; eue s’enfile à la tige , quand on ! place le fupport à la boîte D ; mais on ôte cette ; rondelie , quand on place le fupport à la boîte E, 1 parce que ceile-ci eft moins élo gnée du plan de la table.

Avec ce (iapport ambulant , on peut copier un tableau ou deflin , de quelque grandeur qu’il ibit ; car après avoir arrêté le tableau fur une table, ou fur un plan quelconque , on polera le fupport ambulant de façon que l’on puifTe copier une partie du tableau ; & quand on aura copié de ce tableau ce que l’inftrument en pourra eipbrafler.

DES

•on avancera le fupport vers le tableau : mais auparavant on y marquera trois points & autant fur la copie , qui fervironc de repaires pour retrouver la pofinion du lupport & de la copie, par rapport à ce qui a déjà été fait fur le tableau. Quand on aura trouvé la correfpondance de trois points, on anêtera la copie dans cette fituation avez un peu de cire molle , & on continuera de copier tout ce que le linge en pourra encore embralTer. On fera toujours la même opération ,jufqu’à ce que le tableau ibit entièrement copié.

. On voit par-là l’utilité de ce fupport , ou point d’appui mobile ; puifque fi l’original eft bien grand, quand ce viendra à la fin , la cooie & le point d’appui, ou fupport, fe trouveront furie tableau, ce qui n’eft point un inconvénient , puifiiu’ils ne l’endommageront pas. On évite encore , par le moyen de ce fupport ambulant, la longueur des branches du finge, qui n’ont que deux pieds & demi ou environ. Une plus grande longueur les rendroit moins juftes , parce qu’alors il feroit impofiible d’éviter la flexibilité des régies.

Nota. Comme il arrive fouvenc que la grandeur de la copie que l’on veut faire , n’elc pas une partie aliquote de l’original , & qu’en ce cas les divifions marquées fur les régies, deviennent inutiles ; il faut alors chercher un moyen de s’en paffer , & de placer le crayon , la pointe & le fupport dans une pofition qui donne le rapport que Ton demande entre l’original &. la copie.

■ Il faut obferver d’abord que le principe fondamental duquel dépend toute la juftelTe de l’opération du finge,. efl : que les trois trous des boîtes E, D, F qui reçoivent le fupport, le crayon & le calquoir ou la pointe, folent toujours en ligne droite : lorfqu’ils y feront, la copie repréfentera toujours fidèlement l’original. Voici par quelle pratique on s’affurera que ces trois points font dans une même ligne droite. On ploiera un fil en double , en entourant la tige du fupport. On conduira ces deux mêmes fils.au porte-crayon , & : de-Iàau calquoir , mais de façon que la tige du crayon & celle du calquoir paffent entre les deux fils. On arrêtera les deux fils , en les tenant fixes avec la main , à la tige du calquoir ; & alors fi les trois points ne , font pas en ligne droite , ce fera la pièce qui fera à la boîte D, qui fera faire coude à ce fij. Il faudra donc faire couler cette boîte de côté ou d’autre , jufqu’à ce que ces fils foient exactement droits Se parallèles.

En obfervant ce principe pour la pofition des trois boîtes qui portent le fupport, le portecrayon & le calquoir ; fi, par exemple, on donnoit un tableau ou deffin quelconque à réduire fiir une grandeur , & que cette grandeur ne fût DES

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ni le tiers , ni le quart, ni le cinquième , &c. de l’original , voici comme on opérera. On examinera d’abord li cette grandeur donnée eft plus pe[i ;e ou plus grande que la moitié de l’original.

Si elle eft plus petite ; dans ce cas on placera toujours le fupport à la boîte E , le crayon à la boîte I>, & le calquoir leftera toujours à la boîte F ; & : on fera convenir le iiipport , le portecrayon & le calquoir en ligne droite, fuivant la méthode expliquée ci-deffus . après quoi on fera promener la pointe à calquer fur toute la longueur ou largeur de l’original, Se cela en ligne droite ; & on examinera fi le chemin parcouru par le porte-crayon, s’accorde avec la grandeur. d(jnnee.

Si cela n’eft pas , & que cette grandeur parcourue par le crayon , foit plus petite que la grandeur donnée ; en ce cas , on approchera la boîte E vers ia ligne B de la régie , & la boîte D vers le point M de fa règle.

Si, au contraire, cette grandeur parcourue par le crayon, eft plus grande que la grandeur donnée , on approchera ies deux boîtes E & : D vers la joniiion L des régies A B , L M ; & , en tâtonnant , on parviendra à trouver la grandeur donnée.

On voit que par cette méthode , on peut copier un deffin, fur quelque graiideur que l’on voudra, fans avoir égard aux divifions qui font fur les règles.

Si la grandeur donnée eft plus grande que la moitié de l’original , pour lors on placera toujours le fupport à la boîte D , & le crayon à la boîte E. ^

Si le tableau que l’on veut réduire eft trop grand , Se que l’inftrument ne puiffe l’embraffer, on peut prendre le tier, ; , le quart , &c. de cet original , en prenant auffi le tiers , le quart , &c. de la grandeur donnée ; & faifant consme ci-deflus, on parviendra à une opération exacle pour la réduction.

PLANCHE IV".

Des chambres ohfcures.

Lavignetterepréfente une terralTe fur laquelle deux chambres obfcures font placées : on voit dans le lointain un payfage qui n’eft point celui qui fe peint dans les chambres obfcures -, mais au contraire c’eft le côté diamétralement oppofë , enforte que celui qui fait ufage de l’une ou de l’autre ds ces machines , a !e dos tourné du côté des objets qu’il veut repréfenter. Fig. I. Chambre obfcure, dite en chaife à porteur, ouverte du côté de la porte ; A , petite tourelle quarrée , dans laquelle eft le miroir : B , le miroir de glace ou de métal pour le mieux : G, le tuyau dans lequel eft 1^70 DES contenu l’objeaif : D , la table fur laquelle le deffinateur pcfe le papier qui reçoit l’image des objets : E, le fiége ; F , languettes dormantes des ventoufes : G , languette des mêmes ventoufes , on voit à côté des montans,les crampons dans lefquels paffent les brancards qui ferv^ent à tranfponer la machinea. Autre chambre obfcure , dite en pavillon , plus por :ativ8 que la précédante ; elle le place lur une table qui ne fait point partie ds la machine , celui qui en fait ufage a feulement la tête & la poitrine renfermées dans la machine. . Développement plus en grand de la première chambre obfcure , vue foQs un autre afpe£i ;les objets communs à la_/îo-. i. & à celle-ci font notés des mêmes lettres : il refte à ajouter KK, verge de fer affemblée en H , à charnière avec le miroir B , & taraudée en K ; c’eft par le moyen de cette verge que l’on donne au miroir l’incliraifon convenable : C , tuyau qui porte l’objeftif, il entre dans un autre tuyau dont la furface eft taraudée en vis : LM^ partie d’un des brancards qui fervent à tranfportei" la mach’ne. . Planche de bois couverte d’unpapier blanc. j. Cadre à feuillure qui recouvre la feuille de papier. PLANCHE V. pi<r. 6. Développement fur une échelle double de la petiie tourelle qui contient le miroir de la première machine : A, defliis de la tourelle, dont la face poftérieure & une des faces latérales ont été fupprimées : B , axe du miroir dont le milieu doit répondre au centre du tuyau de l’objeftif ; F G , tuyau lifTe qui contient l’objeftif : G G, tuyau en vis pour le mouvement lent , il eft monté fur la planche à coulifl’e EE, & reçoit intérieurement le tuyau lifîe F C , qui y coule à frottement & fert pour le mouvement prompt : H , charnière de la tige ou régulateur, parle moyen duquel on incline le miroir. D , la planchctre garnie de fon cadre , fur laquelle les objets fe viennent peindre. "7. Chaflis de la chambre obfcure porrative, fur lequel on tend une ferge épaiffe & très-opaque ; les traverfes inférieure ? font brifées dans le milieu Se afiemblées à charnières de même qu’à leurs extrémités , enfcne que lei quatre montans peuvent fe rapprocher de même que les baleines d’un parafbl. . La même machine garnie de fes étoffes & des deux rideaux qui renferinenL le Ipec-DES f tateur., & aufli du miroir quî eft couvert’ par fa boîte dans la figure précédente. 9. Développement plus en grand de la plateforme fupérieure des montans-qui fupportent le mroir, du miroir & du tuyau qui contient l’objeftif. PLANCHE VI. Le manequin. Lemanequin eft une figure conftruîte de minière qu’elle a leô principaux mou’.'emens extérieurs du corps humain ; il fert aux peintres pour fixer différentes attitudes ; il eft compofé de cuivre , fer & liège , que l’on recouvre d’une peau de chamois, ou de bas de foie découpés & coufus de la manière convenable. La planchera, i. repréfcHte la carcaffe du manequin , vue de lace ; les lignes ponftuées qui l’entourent , indiquent l’épaifTeur de la garniture de liège, crin, &c. qui renferment la carcaffe. PLANCHE VII. Développement de la carcajfe du mane^uîn^ Flg. r. La tête vue de profil ; le col qui eft creux, efl : fuppoCé coupé pour laiffer voir les deux boules qui forment le col, z. n z. Les deux boules du col vues féparément. . Les omoplates : les deux boules latérales font reçues dans les coquilles des clavicur les , fig. 5 , & les coquilles fupérieures & inférieures de cette pièce reçoivent l’une la boule inférieure du col , 6c l’autre la boule fupérieure de la pièce des vertèbres. . Autre moitié ou coquille de la cavité fiipc.. rieure de la pièce précédente , à laquelle elle fe fixe par trois vis. . & j. Les clavicules ; ces pièces font au nombre de quatre, & s’affemblent deux à deux par le moyen des anneaux 6 , 7.

8c 7 . Anneaux à vis fervant à ferrer enfemi

)le les deux moitiés de clavicules , après que les boules de l’humérus & de la pièce des omoplates y ont été placées. S. L’hurtierus vu de face. . L’humérus vu de côté ; au-deflbus on voit une partie du bras. . L’avant-bras. . n. %. La main, dont la boule eft reçue dans la cavité de i’avant-bras. ■n. L’avanr-bras vu de l’autre côté ; on y diftingue la coquille qui reçoit la boule de la main. . Autre moitié de la coquille.

. Pièce qui reprélente l’épine du dos ; la bou« DES 

le fupÉrieure eft reçue entre les coquilles de la pièce des omoplates, & : l’inférieure en :re les coquilles de la pièce des hanches. , La pièce des hanches ; cette pièce a quatre cavirès ou coquilles ; la fupèrieure reçoit l’épine du dos, les dsux latérales chacune une des têce^ des fémurs , & l’inférieure la boule qui tient au lupport.

. Autre moitié des coquilles fiipérieures Se inférieures de la pièce précédente. ii6.Lefémurvûdcfacc.

17. Le fcmur vu de cô :é.

Ji2. La jambe vue par fa partie antérieure, i ip. La jambe vue par fa partie pofténeure ; on y diftingiie la coquille qui reçoit la boule du pied ; à côre efl i’aurre moitié de cette coquille qui fe fixe ave ; une vis, Se eft ferrée avec un anneau à vis , de mÊme que les clavicules & : les hanches.

20*& 21. La rotule vue de face & de côté.

■ ai. Le pied vu de face.

23. Le pied vu de profil.

PLANCHE VIII.

Ovales di têtes.

t’Fig. I. Tête droite vîiede face. Les ovales & leurs divifions doivent être copiées à vue , fans fe fervir du compas. On divife toute la hauteur A B , en quatre parties égales, A c ^ c d, de , e B. Le point c donne la naiffancp des cheveux , le point I d donne la ligne des yeux , & le Foint e , celle du nez. On tirera des points d , e , des lignes parallelesyy. ^g-, perpendiculaires fur AB , l’intervalle /’o', donnera la gran deur de l’oreille ; endivireralaligney/", en cinq parries égale-. La féconde 6c la quatrième marquent la place & : la grandeur des yeux. On divil’era la diftance eB . en trois parties égales ; par la première divifion au-dc.’îbus du nez, on tirera la ligne A A, fur laquelle on placera la bouche. Le nez doit avoir la largeur d’un œil par le bas , & la bouche celle d’un œil & un tiers. La diftance AB,fenomme grandeur de tête ; la tête contient quatre grandeurs , de nez. La diftance cB , fe nonLiie face & contient trois grandeurs de nez. L’une & l’autre fervent comme d’échelle pour mefurer toutes les au’res partiesdu corps , comme on verra ci-après.

1. Tète de face vue en delTous. On parragera la hsuteur A B , comme on vient de fi’re dsns ia figure précédente , & on feralcs mêmes di- lions qui donneront les •çyirï’sff, g g, hk ; Ac ces points on tracera les lignes ZQuxhe< f if , gl g, hmh ^ parallèles eatr’elles ; on obferyera que les dif-DES


tances Btk , Ai, deviendront plus ou moins grandes , à proportion que la têie fera plus ou moins rcnverfée.

j. Têre de face vue par le fommet. Les divifions font les mê.mos que pour la précédente ; mais les lignes des yeux , du nez & de la bouche deviendront courbes en defibas en partant des points ff gg , hh ; on obfervera qu’ils fe fui vent parallèlement. . Tare droite, vile de profil. La diftnbation de cet ovale cfl : la même qu’à la figure première. Pour trouver la faillie du menton , il faut tirer une ligne droite horifontale de l’extrémité B de l’ovale julqu’en c ; & du point g, cù la ligne du nez coupe lovale, abaiffer la perpendiculaire Co- ; la diftance CB donnera la faillie du menton ; enfuite du point/" ou fedion de la ligne des yeux, on décrirayC, fur laquelle on placera le nez & la bouche. Le nez conler-.’e toujours fa même largeur, à caufe de fa faillie. L’ei’pace qui elt entre l’tsll & le contour du nez , eft de même grandeur que cetœl. L’oreilie fe place à l’autre extrémité de l’ovale : Hz le derrière de la tcîc excède l’ovale de la grandeur d’un œil vil de face.

. Tête de profil, vue en deffous. Les diftributions font les mêmes ; les lignes de l’œil , du nez & de la bouciie font courbées en-deffus.

. Tête de proSl , vA’i en-doilbs. Même diftribuîion , & les lignes fuivant le principe de la.fig- 3-

. Tête droite, vue de trois qt :arts. Les diftributions des yeux au nez, du nez à la bouche , fcnt les mêmes que dans la figure première ; mais ia ligne qui pafTe par le milieu du nez & de la bouche , doit être courbe.

. Tête de trois quarts , vue en-deffous. . Tête de trois quarts , vue en deffus. Les diftributions de ces trois dernières figures font un compofé des précédentes. Il eft à remarquer qu’en quelque fituation que foit la tête , toutes les lignes qui étoient droites dans la tête vue de face , deviennent circulaires , fans ceiTer cependant d’être parallèles ,• & la partie, depuis la naiffance des cheveux jufqu’au fommet, acquiert plus ou moins de grandeur, félon qu’elle eft plus ou moins inclinée ; la paiv tie depuis les yeux jufqu’au nez , devient aulîi plus petite à proportion, & celle du nez jufqu’aq bas du menton, encore plus petite. Au contraire, quand la tête eft vue en-deff3us, les parties inférieures deviennent plus grandes , & vont ro ;,jours en diminuant jufqu’au front. Les oreilles font toujours placées entre la ligne des yeux& celle du nez.

472 DES PLANCHE IX. jRir. I. (Eil vu de face. La longueur A B de l’œil fe divife en trois parties , & une de ces parties donne la hauteur de l’œil, a. (E :l de profil. La hauteur occupe une partie , S : la longueur une & demie , fuivant la confiruaicn de la figure précédente, a. (Eil de face , regardant de côté. 4 (Eil de profil , vu un peu en deffiis. . (Eil de crois quarts. Cet œil doit avoir moins de longueur que l’œil de face , Se excéder celle d’un œil -■. de profil , la hauteur eft la même. . Nez vu de face. . Nez vu en-deflbus. . Nez de profil. D, Nez de trois quarts , vu en-deflbus. Les deux premières figures ne font qu’au trait , afin de donner un exemple de ce que nous avons nommé efqidjfes ; les autres figures font ombrées. PLANCHE X. T’ig, I- Bouche de face. . Bouche de profil. ^tj. Bouche de profil , vue un peu en-delTus. 4. Bouche de face , vue en-dsfTous. j. Bouche de trois quarts, vue en-deffous. Dans ceite fuuation , la lèvre fupérieure acquiert plus de largeur que l’inférieure. 6. Bouche de face j vue en-defTus. Dans cette fitua :ion , la lèvre fupérieure paroît plus mince que l’inférieure. 7 & S. Oreilles vues en face. PLANCHEXI. Fig’ I. Tête de profil, d’après Raphaël. 2. Tête de profil , vue en-deflbus , d’après le même. PLANCHE XII. Fifl’. !• Main ouverte, vue par la paume. La main a la longueur d’une face de a en ^ ; on la divife en deux parties égales au po’nt c , dont une pour la paume de la main &r l’autre pour les doigts. Les doigts font divil’és en trois parties inégales , pour indiquer les jointures des phalanges ; la première phalange du côté de la paume de la main eft pius grande que celle du milieu, & celle-ci plus grande que celle de l’extrémité du doigt. DES S5. Maîn ouverte, vue par la pautne, lej doigts un peu racourcis, . Ma n vue par le dos. . Main fermée. Ces trois figures font faites d’après des deffins de Carie Vanloo. j. Mains de femme , vues par le dos , d’après Natoire, PLANCHE XIII. ’ Fig. r. Pié vu en face. J>a hauteur C D fe divife en trois parties égales , une pour les doigts , & les deux autres pour le coudepied. On divife aufli la largeur en trois parties ; la première, pour le pouce j la féconde , pour les deux doigts qui fuivent ; & la troifième, pour les deux autres doigts , en y comprenant l’épaifleur de l’orteil du petit doigt. • z. Pié vu de côté ou de profil. Il a de longueur une tête. On divife la dit tance A B en quatre parties égales ; la première donne le talon ; la féconde , de- i puis le talon jufgu’à la plante du pié ; la I troifième , jufqu’a- l’orteil ; & la quatrième, la longueur des doigts. , Jambe vue de côté par le jumeau ou mollet interne. . Deux jambes , dont une vue en racourci par la plante du pié. PLANCHE XIV. Proportions générales du corps de l’homme. L’homme doit avoir dans l’âge viril huit thés de hauteur, depuis le fommet jùfqu’audeflbus de la plante des pies : une du fommet au-defTous du menton ; une du menton au creux de l’ellomac ; une de-là aa nombril ; une du nombril aux parties génitales, & une des parties génitales jufqiies un peu au-deflus duj genouilj une du deflïis du genouil au-deflbus de la rotule ; une de-là au bas des jemeaux , & une du deflbus des jemeaux fous la plante des pies. Les bras ont trois têtes de longueur depuis l’attachement de l’épaule à la mamelle au point A, jufqu’au bout des doigts. Toutes ces hauteurs font marquées fur lai Planche, ainfi que Is largeurs : deux T fî-| gnifient deux têtes , deux F deux faces , & N & j f ;gnihe un 72d^ & demi, PLANCHE XV. Figure académique vue par- devant , ^ après un. deffin de M. Cochin, On fera attention pour mettre cette figure enfeinble,

DES

enfemblc , aux parties qui tombent à-plomb l’une fur l’autre, comme, par exemple, que l’épaule droite tombe perpendiculairement lur le coudepied droit, & ainfi des autres parties. On obfer.vera que lor’.qu’une épaule eft pUis baffe que l’autre, la mamelle du même côté doit baifler de la même quantité, enforte qu’une ligne tirée d’un bouton à l’autre des mamelles, eft toujours parallèle aux clavicules, dans quelque niouyement que ce foit. iLa partie du corps qui plie, rentre fur elleitnême au défaut des côtes avec les hanches ; & la peau de l’autre côté s’étend, & laiffo an- intervalle plus grand depuis la dernière "Miffe-côte jufqu’à la crête de l’os ’des îles : ’ ;e qui rend , dans cette figure , le contour îictérreur du côté droit plus coulant & plus rrand que fon oppofé , qui fe trouve par cette ’ailbn enveloppé, & ne peut fe rencontrer visi-yis du premier.

[, On remarquera dans toutes les fuuations de k’ jambe i que le jumeau externe éft pliis haut Ime l’interne , & que la cheville ou malléole ïnterpe eft plus haute que celle de l’autre tôté,& que, par cette rai fon , tout le contour ; extérieur eft plus grand que le contour Intirieur qui l’enveloppe.

P L A N C H E XVr.

i^irt académique ., v,ûe par le dos, d’après un dejjîii de M- Cochin.

•On fera H même atrention que dans la préîderite aux à-plombs , ôc on obfervera que jis contours ne font point vis-à-vis les uns les autres, & que les formes font contreba-Incées par des oppofuions plus ou moins couintes, fuivant que les mufcles travaillent us ou moins,

PLANCHE XVII.

’■Mire académique , vue par le dos avec ra- [courcls, d’après un dejjin de M. Fragontird.

Les proportions de cette figure ne pouvant s être exprimées dans les longueurs, à caufe •s racourcis ; on doit apporter la plus grande ention à tout ce qui peut donner de la aifemblance aux parties fuyantes , par lei ets des lumières & des demi-teintes, & r les contours paffant les uns fur les autres, ’ vant en cela les principes de la perfpedive. PLANCHEXVIII.

, ;iire académique , vue par le dos , daprès un dejjlii de M. Fragonard.

L’aâion de cette figure étsnt plus forcée ^f^ux-Arts. Terne IL

ï) E S


que la précétïèntè , les mufcles font plus annoncés & les contours plus tourmentés. On remarquera que les contours du bras droit qui fuit totalement, étant paffës les uns fur les autres comme ils le font, contribuent beaucoup à l’illufion. Ce bras acquiert moins de longueur, parce qu’il fuit ; & la main qui le trouve fur le plan le plus éloigné, paroît. beaucoup plus foible que celle du bras gauche, qui eft fur le premier plan Les ombres & les touches de la main droite font bien moini vigoureufes que celles delà gauche ; fuivant le même principe de perfpeûive, la cuiffe Se la jambe gauches font dans le même cas. PLANCHE XIX.

Figures grouppées de J. Jouvenet. On pourra faire fur ce grouppe l’appl’catloa de ce qui a été dit relativement aux plans , à Venfemble , & : à l’effet des figures ; ces trois «hoiés font tellement liées da^is un fujety qu il eft împoflible d’en interrompre l’ace ;rd’ fans choquer l’œil du fpeâateur par un contrefens ridicule, qui lui feroit paroître renvurfé un objet qui feroit droit, ou qui lui feroit prendre la partie qui fuit, eu égard au plaa qu’elle occupe, pour celle qui avance par rapport à la lumière qu’elle reçoit. Il fuffit dé faire une fuppofirion pour le démontrer. Les lignes pondluées A, B, C, D, marquent les principaux plans ou points d’appui de ces deux figures. On voit que l’intervalle qui eft obfervé ici entre les plans ou points d’appui ce, DD, des deux figures, permet à celle qui eft fur le devant de fe renv’esfer, pour atteindre à l’épaule ds l'autre figure >& fe fcnitenir fur elle , & que ce renverfement donne lieu à la lumière de fe fixer par îculierement fur cette figure qui fe préfen.e à elle en plan incliné ; mais au contraire , fi pcrere r, on defcendoit la pierre qui foutient la figure de derrière, c’eft-à-dire la ligne DD feulement fur un autre plan comme e , il en réfulteroit un con’re-fens qui dcmentiroit & la propor.ion & l’effet : car, i. le point e étant trop près du plan C C , il feroit impofiible que la figure de devant fût aulfi renverfée q l’elle le paroît fans être offenfée par le corps D O , qui Ibutient l’autre ; dans ce cas, la lumière qui agit fur la première , comme étant renverfée , paroîtroit fauffe , n’étant point d’accord avrc les plans ; & le corps de cette figure devant être droit par la fitppcfition , paroîtroit trop cours & hors de proportion, z". Le plan D D (uppofé defcendu en ç , rapprochant le corps DO du plan ce, le raçourci de là jamte gaucha de la figure qui eft derrière , deviendra équivoque , c’eft-à-dire que le peu d’intervalle ^ o

474

DES

C C fera fuppofer que cette jambe ne peat pas être viie comme fuyante, mais prefque droite, ,& il en réfultera la même équivoque par rapport à la lumière , qui agit autrement fur un corps droit que fur un corps incliné. , Suppofons maintenant que le plan DD foit porté fur un autre plan quelconque plus élevé f.. alors l’efpace entre le plan/’C C , deviendroit fi conlidérable, que la "figure qui eft fur le devant , ne pouiroit tout au plus atteindre à l’autre que dans le cas où elle feroit totalement renverfce ; ainfi cette figure telle qu’elle eft deffinée ici, ne paroîtroit pas affez vue en racourci par rapport au point où elle doit atteindre. D’ailleurs il feroit impoflible que la figure de derrière qui poferoit fur le point y, pût atteindre de fon pié gauche, comme elle le fait. ici , au plan C C auquel il corrèfpond. Mais quand on aura étudié la perfpeûive, comme nous l’avons recommandé , on évitera facilement tous ces contre-fens , & il feraaifé ^c voir que ce n’eft qu’une affaire de raifonnement & de combinaifon , dont on a les principes les plus conyainquans & les mieux déinontré. S.. . • ;

i’LANCHE XX.

Wigure de. femme , vue par-devant , âejjlii de C. N. Cochin.

PLANCHE XXI.

Figure de femme vue par lé dos , du mé :ne artijie.

On deffine les femmes fuivant les mêmes principes d’enfemble & d’effet prefcrits pour les gommes ; mais les proportions font différenres en ce que la femme a la tête plus petite et : le coup plus long , les épaules & la poitrir.e plus étroites, mais les hanches plus large : le haut du bras plus gros & la main plus étroite : les parties des mamelles & du bas-ventre plus baffes , ce qui fait que la diflance des mamelles au non.bril eli plus petite de la moitié «l’un nez ; la cuiffe plus large, mais moins longue d’environ le tiers d’un nez ; les jumbes plus gro !T’es,& les pies plus étroits. Enfin les contours font plu.s coulans , & les formes plus grande ? , parce qu’étant plus graffes & plus charnues que les hommes , les mufcles ne font prefque pas fenfibles fous la peau. Les amateurs des arts & ceux qui les cultivent ne doivent pas fe borner à confidérer les figures qu’onleira préfentées ici, & dont, il fautbion l’avouct, on aurpit. pu faire un, choix plus févere. Ils ne doivent perdre aucune occafion de voir les plus belles figures peintes, fçulptées,.ou gravées, des plus grands maicres , Se fui-tou : de les DES

Comparer avec les chefs-d’œuvre qui nofr». refient de l’antiquité. Si nous avons adopté les figures de l’ancienne Encyclopédie, ce n’eft pas par préférence ; mais parce qu’elles ; etoient déjà gravées quand on nous a confié lai rédaûion du didionnaire des arts. j PLANCHE XXII.

Fig. I. Crouppe d’enfans de côté & de face f vus par U dos , d après Boucher. 2,. Autre enfant grouppé avec divers objets. On ne fauroit fixer de proportions juftes pour les enfans ; le rapport de la tête à tome la hauteur du corps, varie fuivant leur âge ,1 jiUfqu’à ce qu’ils ayent atteint l’âge viril. Un enfant nouvellement né n’a tout au plus que quatre têtes de hauteur, depuis le fommei jufqu’à la plante des pies ; un de quatre ou cinq ans , a cinq têtes de hauteur ; & cette progreffion augmente toujours jufqu’à fa formation la plus parfaite , qui eft huit têtes dt hauteur, comme nous avons dit à la Planche XIV :

Les contours : des enfans sont très-coulans & les formes très-indécises. Voyez la Planche XXXV. fig. 3.

PLANCHE XXIII.

Têtes caractérisant les âges. Fig. I. Tête de jeune homme, représentant l’adolescence, du dessin de Boucher. . Tête de jeune fille, représentant l’adolescence, par le même.

. Tête de vieillard, du dessin de Jouvenel . Tête de vieille, du dessin de Bloemaert. On ne doit pas prendre indifféremment tous les sujets qui se présentent pour servir de modèles ; les traits de la jeunesse sont quelquefois séduifans, sans être réguliers ; mais plus on sera touché des beautés de l’antique, plus on sera habile à juger solidement des formes ; des proportions les plus convenables. La vieillesse a aussi ses difficultés & son caractère. Les traits abattus, les rides, les yeux plus enfoncés font les lignes qui peuvent caractériser l’âge ; mais il faut aussi que la noblesse des traits Se les grandes formes s trouvent réunies.

D’ailleurs cette étude tient beaucoup à cel de l’expreffion, c’eft-à-dire que toutes 1 têies de vieillards ne font pas propres à renipl l’objet du deiTinateur : un artifte doitici co fulter autant ià raifon , que les règles de l’ar, afin cjue les traits de Thomme qu’il prent". pour modèle , répondent à ceux de l’eljief d’homme qu’il veut repréfenter. Il en eft ■

même de la jeuneffe. 

DES PLANCHE XXIV. Des pajfions. A l’article Passions du diaionnaire tliéç-Sfîque, on a cru ’devoir iranfcrire en entier les taracléres des Paffions de le Brun. On donne jnainrenant des figures des principaux de ces caractères ; & pour la commodité du le£leur, on fe permet d’en placer encore une fois ici l’explication. On fe contentera de l’abréger. fig. I. Adm’uacion fimple. Elle n’altère que I très-peu les parcies du vif’age ; cependant le fourcil s’^=leve , l’œil s’ouvre un peu plus qu’à l’ordinaire. La prunelle placée également entre les paupières , paroît fixée vers l’objet, & la bouche s’entre-ouvre fans former de changement marqué dans les joues. - %, Admiration avec étonnement. Ses mouveniens font plus vifs & plus marqués, les fourcils plus élevés , les yeux plus ouverts, la prunelle plus éloignée de la paupière inférieure & plus fixe , la bouche plus ouverte , & toutes les patties dans une tenfion plus fenfible, en proportion du degré delà furpriié. |. Lavénération. Elle fait incliner le vilage, & abbaiffer les (burcils ■■, les yeux font prefque fermés Sr fixes, la bouche fermée : ces mouvemens produifent peu de changement dans les autres parties. . Le ravijl-ment. La tête fe panche du côté gauche , les fourcils & la prunelle s’élèvent diredement , . la bouche s’entre-ouvre, & les deux côtés font auïïi un peu élevés. PLANCHE XXV.

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’ Fïg’. T. he ris. Il fait élever les fourcils vers le milieu de l’œil & bailTer du côté du nez ; les yeux prefque fermés paroiflent quelquefois mouillés , ou jetter des larmes qui ne changent rien au vifagé ; la bouche, entre-ouverte, laiffe voir les dents ; les extrémités de la bouche retirées en arrière, font faire un pli aux joues qui parolffent enflées, & furmonter les yeux ; les narines font ouvertes , & tout le vifage de couleur rouge, a. Le pleurer. Le fourcil s’abbaiffe fur le milieu du front ; les yeux font prefque’ fermés , mouillés & abbaiffés du côté des jpues ; les narines s’enflent ; les mufcles & veines du front font apparens , la bouche fermée , les côtés abbaiffés caufent des plis au ;x joues j la. lèvre inférieure DES

r 

renverl^e preffe celle de devant, tout le vifage fe ride & il rougit, fur-rout à l’endioit des fourcils , des yeux , du nez & des joues. •’ . La Cûmpafflon fait abbaiffer les fourcils vers le milieu du front ; la prunelle eft fixe du côté de l’objet , les narines^ un peu élevées du côté du nez, font pliffer les joues ; la bouche s’entrouvre, la lèvre fupérieure s’élève, tous les mufcles & toutes les parties du vil’age fe tournent & s’inclinent du côté de l’objet qui canfe cette paffion. . Trijleffe. Elle fait ékver les fourcils vers le milieu du front plus que du côté des joues ; les paupières font abbattues & un peu enflées , le tour des yeux livide, les narines tirant en. bas, la bouche entre-ouverte & les coins abbaiffés ; la tête fe panche non-chalamment fur une des. épaules. PLANCHE XXVI. Fig.^ I. La haine ou jaloujîe rend le front ridé, les fourcils abbattus & froncés , 8c l’œil étincelant ; la prunelle à demi cachée fous les fourcils & tournée du côté de l’objet, doit paroître pleine de feu. Les narines fe retirent en arrière , ce qui fait paroître des plis aux. joues, la bouche fe ferme , les dents fe ferrsnt , les coins de la bouche fe retirent & s’abbaiffent ; & les mufcles des mâchoires paroiffent s’enfoncer. 2. La colère. Les yeux deviennent rouges’ & enflammés, la prunelle égarée & étincelante ; les fourcils font tantôt abattus, tantôt élevés également ; le front fe ride , il fe forme des plis entre les yeux, lesnarinej s’ouvrent &s’élargiffent, les lèvres fe prefV fent l’une contre l’autre , & l’inférieure’ furniontant la fupérieure , laiffe les coins de la bouche un peu ouverts , formant un ris, cruel & dédaigneux. .’ £eJ«yZ/-. Rend les fourcils preffés Scavancés fur les yeux qui font plus ouverts qu’à l’ordinaire, la prunelle enflammée fe place au milieu de l’œil ; les narines s’élèvent : 8c fe ferrent du côté des yeux, & Ij, bouche s’entre-ouvre. . Douleur aiguë. Elle fait approcher les fourcils l’un de l’autre, & les élevé vers le milieu ; la prunelle le cache fqus le fourcil, les narines s’élèvent & marquent un pli aux joues, la bouche s’entre-ouvre & (e retire ; toutes les parties du vifage font agitées en proportion de la violence 4p ’ la douleur. . ’ • O o o îj

47^ DES PLANCHE XXVII. Draperie, Draperie jettée fur le manneqnin. PLANCHE XXVIII. Uraperie. Fig. I- Figure antique repréfentant un Romain avec Ja toge. . Figure antique repréfen"ant une Romaine habillée ; c’eft Faujîina Junior. . Figure drapée de la Hire. PLAl^CHE XXIX. Fîg. I. Figure antique repréfentsnt la Santé. . Figure antique repréfentan ; Cerès. . & 4. Têtes drapées du PoulFin. PLANCHE XXX. Venfée ou croquis diaprés un dejjfln à la plume du. ^artnefan. Cette forte de deffin efl , comme on le voit, fort incorred & (ufceptible de faux traits ; mais on n’en doit juger que par rapport à l’ordonnance du tout enfemble, & le bel effet qui en peut réfulter : d’à. Heurs l’artifte ne fait un croquis que pour lui , & comme un plan auquel il apportera autant de changemens qu’il croira néceffaire pour remplir ion idée dans tous fes détails lors de l’exécution. On reconnoît toujours dans un croquis la main d’un grand maître , par l’intention fine & l’efprit «ju’il fçait donner à fes figures , aux tours de têtes & à tous les mouvemens. On pourroit s’étendre davantage iur cette pa tie par rapport à la corapofition ; mais ce feroit ibrtir de notre objet, & nous nous contentons de donner un exemple, PLANCHE XXXI. Étude du haut dune figure d’après nature , par le Carrache. Nous ne donnons cet exemple qi)e relativement à la définition du mot : un maître en faifant une étude d’après nature, n’a quelquefois en vue que de prendre le mouvement ou le tour d’une figure, fe propofant de faire fur un autre modèle les études finies des f.utres panies, comme têtes, mains, &c. Dans cet «xemple-ci on yoit que l’auteur n’a voulu faiûr DES que le mouvement^ par le peu de foin qu’il a apporté aux détails. PLANCHE XXXIL Payfage d’après un dejjfln à la plume., du Tltkni Le cas que l’on fait des deffins en ce genre, de ce maître, nous a déterminé à donner cet exemple ; mais il eft bon de copier les deflins des autres maîtres qui ont excellé dans cette partie. PLANCHE XXXIII. Proportions mefurèes fur tHercule Farnefe. Cette figure a de hauteur fept têtes, troîi nez, fept parties, en fuppofant que la figure fût droite , & également pcfée fur fes deux pies. La tête contient quatre nez , le nez fe divife en douze paties, ik la partie fe divife en -i, I, & |. Ainfi 3T,2n, 10 p, fignifie trois rêtes, deux nez , dix parties & demi ; ce qui efl à obferverpour les PJ. XXXIII, XXXIV, XXXVII & XXXVIJI. Flg. I. L’Hercule, vu par-devant. 2. Le même , vu par le dos» Le même , vu de côté. Le braf. La face. ik. 7. Les rotules. - - - 6. PLANCHE XXXIV. Proportions de la ftatue d’ Antinous. Cette figure a de hauteur fept têtes , deux nez, en Tuppcfànt qu’elle fût droite. Flg. I. L’Antinoiis, vu par-devant. . Le même vu , par derrière. ^. Le pié droit, vu de face. . L’autre pié, vu de facer j. & 6. La même figure vue des deux côtés. . La tête. . Le nez , la bouche. . 10. & II. Les pies, vus de difFérens côtés. PLANCHE XXXV. Proportion de l’Apollon Pythien, Cette figure a de hauteur fept têtei , troâ nez , fix parties , en fuppofant qu’elle fût droite* Flg. ,1. -L’Apollon , va par-devant, . Le même , va de côté, . Un enfant d’après l’antique.

DES

. L’uft des en Fan s de Laocoon. La tête fe divife en quatre parties eu nez , chaque partie fe divife en douze minutes, & chaque minute en -j- , | ou ~ ; nota pour cette PI. & laCuiv. 7 p. 9’ m. iflgnifient iepc parties neuf minutes & demi ; tk par conféquenc valent une tête trois parties neuf minutes & demi. Il en eft de même pour la fuivante. PLANCHE XXXVI.

Froporùotis du l.aocoon.

Cette figure a de hauteur, 7 têtes, i nez, 

3 parties ; elle eO : de marbre, & faite de conjcert par trois des plus célèbres fculpteurs de l’antiquité.

Fig. I. Laocoon vu de face.

a. Un de Tes enfans vu de face.’ . Le même vu de côté.

PLANCHE XXXVII.

Proportions du Gladiateur.

Mf. I. Le Gladiateur vi’. de face. I a. Le même vu de côté.

. Les jambes vues de face.

. La jambe gauche vue de côté. I j. La jambe droite vue de côté.

!i 6. La tête. 
! PLANCHE XXXVIII. 

Proportions de la Vénus de Kédicls. Cette figure a de hauteur 7 têtes 3 nez. jpfg. 1. La Venus vue de tace. ’ 2. La mâme vue par le dos.

■]. La tête.

. L’épaule & le bras vus de côté, j. Le bras gauche.

j 6, 7. La même figure vue des deux côtés, i 8, 9, 10 & II. Les pies vus de difPércns cô :és.

Les figures de ces fix dernières Planches int été mefurées fur les originaux en marbre, 1

DÉTREMPE. Marière de peindre avec des [iouleurs détrempées dans de l’eau préparée à la toile pour les grands ouvrages , & à la grtmrae ijourles petits. Le nom de cette peinture vient le ce qu’on y employé des couleurs détrempées lans Teau.

On peut conjeélurer que la plus ancienne malière de peindre étoic à détrempe. Elle admet iirefque toutes les efpéces de couleurs, lurtout es couleurs terreftres ; car celles qui font tirées jles végétaux ont trop peu de folidité. Elle i’ap-DES

,

plîque fur toutes les efpéces de fonds , pourvu qu’ils ne foient pas gras. Elle fe refufe aulli aux fonds couverts d’un enduit de chaux , parce que la chaux eft ennemie de prefque toutes les couleurs qu’elle employé.

Cette forte de peinture a l’avantage dé la grande vivacité des clairs , ce qui ajoute à la torce des maffes ombrées & à la vigueur du clair I obicur. Son échelle , depuis le plus grand clair qu’elle puifle employer, jufqu’à l’ombre la plus forte , eft plus étendue que dans la peinture à l’huile. La facilité qu’offre la détrempe de peindre & de retoucher à fec , permet de lui donnée un grand fini , & donne la liberté de la reprendre & de la quitter quand on veut. On ne fait guère ufage aujourd’hui de la peinture à détrempe en grand, que pour les décorations des théâtres & : des fêtes publiques , foie qu’on penfe mal-à-prppos qu’elle ne peut fubfit ter long-temps, Ibit qu’on n’y trouve pas ce coup d’œii flatteur qu’ont les autres manières de peindre , foit enfin qu’on trouve trop de difficultés à la bien exécuter. Quoiqu’il en foit, elle eft aujourd’hui bannie des égliles & des palais ; & ; fi on l’employé dans lesappartemens, c’efltoutau plus pour tirer quelques moulure.’ ; de panneaux : on femblc l’avoir reléguée , comme un genre inférieur , dans les fabriques des peintres de tapifferies : & c’eft-là préoifément qu’elle peuc le moins fe fouteniravec honneur, parce qu’en effet elle ne vaut rien pour cet ufage. Elle pâlit, s’afFoiblit promptement , & : finit , au bout d’un temps aflez court , pour ne plus laiffer appercevoir de ce qu’elle repréfentoit qu’une toile , non. plus ornée , mais falie de couleurs indccifes ; ce défaut vient de ce que, dans ces fortes d’ouvrages, au lieu d’emploj’er les couleurs terreftres , qui feules font vraiment propres à ce genre, on fait furtout ufage de teintures végétales qui ne réfiftent point aux impreffions de l’air. C’eil une grande injuflice de partir de ces ouvrages , pour porter un jt ;genient fur là durée de la peinture en détrempe. La bonne détrempe fe foutient parfaitement. On a vu dans les appartemens de M. Jofeph-Ignace Parrocel , des dé~ trempes exécutées de fa main fur les murailles , qui fe Ibutenoient depuis un grand nombre d’années dans toute leur beatué, & qui exifienc peut-être encore àpréfent dans toute leur fraîcheur. Cet artifle avoit acquis dans ce genre de peinture, par le grand exercice qu’il en avoit fait, & par fes obfervatiiMis judicieufes, des connoiffances qu’il consmuniquoit avec autant de facilité que de politefîe. C’efi : à lui que Ibnt dûs la plupart des détails qui compoferonc cet article.

Si l’on excepte l’encauftique des anciens , & la mofaïque qui di>it a oirécé dans tous les temps une manière-de copier des ouvrages déjà peints,

on peut dire qu’ayant l’invention de la peinture 478 

D É T

à l’huile, on ne peignoir qu’à frefque & en détrempe : encore peut-on regarder la frefque comme une forte de détrempe appliquée fur un ’enduit frais. On voit encore en Italie & en Trance des peintures à détrempe fur le plâtre <jui, malgré le laps de plufieurs liécles , confervent encore plus de fraîcheur que l’huile même. Cette forte de peinture a encore l’avantage qu’étant expofée a tel jour ou à telle lumière que ce foit, elle fait toujours fon eftet , & : plus le jour eft grand, plus elle paroît vive & ; belle. Il n’en efl : pas de même de la peinture à l’huile , cjui ne peut êcre regardée que de côté , & laiffe an fpeâateur une jouiffance incommode & impartaite, quand les ouvrages font immédiatement frappés de la lumière : inconvénient con- ■fidérable ; car la peinture péchant naturellement pour n’avoir pas de couleur capable d’exprimer la lumière , perd encore une partie des moyens <]ui luireftent , quand elle ne peut être éclairée que par un jour de reflet.

Les couleurs de la peinture à l’huile changent avec le temps : les blancs pouffent au jaune, les bruns pouffent au noir , &c. au lieu que ies couleurs de la détrempe , une fois féches , ne craignent plus aucun changement , tant que iubfifte le fond fur lequel elles font appliquées. La railbn en eft qu’elles font employées telles qu’elles forcent du fein de la terre. La colle ou la gomme qu’on y mêle , pour les rendre plus inhérentes à la furface qu’elles couvrent, les changent fi peu , que la couleur n’a pas plutôt acquis le degré de ficcité convenable , qu’elle reprend fa première fraîcheur & fon premier éclat.

Il eiî d’expérience qu’une bonne détrempe, exécutée fur un enduit de plâtre bien fec , efi : , au, bout de fix mois , capable de foufFrir fans altération des pluies alTez longues. Que ne feroit-elle donc pas , placée à l’abri de l’humidité ? On a lieu de s’étonner & de fe plaindre de ce que les peintres la négligent. Elle leur feroit avantageufe ; elle le feroit au public. Comme elle s’exécute plus promptement que la peinture à l’huile , l’aitifle feroit plus d’ouvrage, & les amateurs auroient une jouiffance plus prompte. Les ouvrages fe faifant plus vite , pourroient fe donner à meilleur prix ; un plus grand nombre de perfonnes pounoient s’en procurer, & les peintres gagneroient avec avantage fur îe nombre des ouvrages qu’ils feroient capables de fournir, ce qu’ils perdroiént fur la rétribution qui leur feroit accordée.

Quand il s’agit de grands morceaux, la détrempe doit être touchée à grands coups & vigourcufenient. Elle demande alors d’être vfie de loin. Elle pourroit produire un très-bon effet dans les plafonds , & : auroit l’avantage de pouvoir être tenue fort lumineufe , & de le conferver dans cet état. On fait que les plafonds ont D É T ’ ,

été relégués des appartemens , parce qu’on let ’ peignoir à l’huile , & que devenant oblcurs , ils répandoient la trifteffe dans les pièces qui en étoient décorées. Il faut avouer que sa détrempt ne feroit pas propre aux voûtes & aux dômes des églifes. On ne peut y faire des enduits de plâtre I fur la pierre , parce que le falpêtre de la pierre , feroit dtiacher l’enduit. Latoile, trop fufcepti- i ble d’humidité, n’efl : pas, dans ces occafions, ! un corps propre à recevoir la détrempe, -Il n’y a point de manière de peindre qui admette plus de différentes fortes de couleurs. Toutes les terres y font bonnes : la terre d’ombre même, qui dans fon état naturel & brûlée, efl a i^ec raifon bannie de la palette des peintresài l’huile, loin de poufferau noir àladétrempe, y devient une couleur admirable. Elle eil préfé-i rable aux ochres brûlées , parce qu’elle n’efl pas ’■ fujette , comme elles, à tirer fur la couleur de brique, défaut trop ordinaire aux Frefcantï d’Italie. Les belles laques, mariées & rompues à propos avec la terre d’ombre, de même que les, ochres , font une couleur des plus flatteufes. La ’ cendre bleue, qui efl une couleur perfide à( l’huile, efl charmante dans la détrempe : elle ! y tient un des premiers rangs, puifqu’on peuti l’y fubflituerà l’outremer. Le noir d’os & d’i-f voire doivent être exclus de la détrenipe : il ne faut y employer que le noir de charbon. La terre de Cologne efl très-bonne , mais ! feulement pour les glacis des ombres fortes. On ’ la mêle , pour cela , avec les laques brunes & la graine d’Avignon. Ces glacis font admirables pour donner de la force dans les bruns.. La teinture de graine d’Avignon tient lieu de flil-de-grain dans la détrempe ; ma.s c’efl une couleur pernicieufe lorfqu’on ne l’employé pas avecdifcréîion ; il faut fe donner de garde de la mêler dans aucune teinte ; elle pouffe & domine toutes les autres couleurs. Si l’on s’avilbit de retoucher les endroits où il y auroit de la teinture de cette graine , ou d’y faire quelques changemens , toutes les parties retouchée ■ foroient tache. II faut donc la réferver pour les glacis , lorfqu’on veut réveiller & rafraîchir certaines parties. Il faut aufli avoir l’attention de ne pas l’approcher trop près des lumières , & de ne l’employer que dans les demi -teintes. En négligeant ce foin, on rendroit l’ouvrage extrêmement lourd. Un peintre bien au fait de la détrempe , peut donner de la force à fon ouvrage , lànsle fecours de la graine d’Avignon. Dans la détrempe , comme dans la peinture à l’huile , il faut craindre l’ufage desorpimens, à moins qu’on ne les employé purs : encore vaut-il mieux les rejetter , car-on a toujours lieu d’appréhender qu’ils ne pouffent au noir 8c ne gâtent l’ouvrage.

La laque devient brune par le mélange avec l’eau de cendres gravelées. Cette eau lui donnçj D É T

àitis la détrempe , le même corps & la même beauté qu’a cette couleur dans la peinture à l’huilp. On fait boLullir pour cet effet la cendre gravelee , pour en diflbudre le fel ; on laiffe refroidir la liqueur ; on la filtre, on la fait téchauffer, &on la mêle toute bouillante avec la laque. L’efpécE de laque qu’on nomme colombine , qui eft compolce avec le bois de Bréfil ou de Fernambouc, ne vaut rien.

. En général toutes les autres couleurs qui font jugées bonnes pour la peinture à i’huile , le ibnt auffi pour la déirempe. Il faut éviter de faire ufage des fHls-de-grains :ils ne tiennent pas, & ne Ibnt bons ni à l’iîuile , ni à la détrempe. La colle dont on fe l’ert pour préparer l’eau à détremper les couleurs , fe fait avec des rognures de peaux blanches ; c’eft ce qu’on appelle balle de gants : ou avec des morceaux de parchemin coupés ; on l’appelle colle de parchemin.

! On peut voira l’article Dorure, la manière de 
faire la colle de parchemin
voici celle de faire

la colle de gants.

Prenez une livre de rognures degants blancs . ou en général de peau blanche d’agneau ou de ï mouton. Laiffez-Les macérer quelque temps dans . l’eau , 8c lavez-les bien pour en ôter toutes les ’ ; faleté :. Jettez cette première eau , Se remettez vos rognures dans un chaudron avec de l’eau bien nette ; il en faut dix pintes pour une livre ’, de rognures. On laide bouillir l’eau jufqu’à ce ■ qu’elle Ibit. réduite à moitié. Alors la peau eft ’ prelqu’cnriérement fondue. On pafle la colle en-

core chaude à travers un tamis ou un gros linge ,

j on la lailTe repofer dans un vaf’e, & elle dépofe 1 au fond ce qui peut lui refter de faleté. On la I garde dans un endroit frais & dans un vafe de ■■ terre verniffée. Elle fe dlffoud & fe putréfie i irès-vî :e en été ; on peut la conferveraffez iong-I temps en hiver. Il faut que cette colle ait la i confiftance d’une forte gelée ; ik comme elle j la prend difficilement dans les temps chauds , il 1 faut augmenter confidérablement la dole des rognures.

La colle de parchemin eft beaucoup plus belle que celle de gants.

La colle Ce conferve d’autant mieux qu’elle eft plus forte ; maïs il ne faut pas l’employer danstou’e fa force ; elle noirciroit les couleurs

• & les fêroii écailler. On la coupe avec de l’eau

chaude , on les mêle bien , & on l’employé tou-

jouri chaude. Le degré de chaleur doit être pius

■ fort qaand on peint fur le plâtre. On ne doit cependant jamais l’t mployer bouillante ; elle ter-

! niroit l’éclat i : la vivacité des couleurs, & fe-I 

roit écailler la peinture.

L’eau gommée avec la gomme arabique fait le même effet que la colle, ou plutôu-elle fait un meilleur effet, puifqu’elle donne aux cou-Iturs plu ; de tralcheur & d’éclat. Cette différence n’eu cependant pas affez grande pour la faire D Ë T

.

préforer dans les grands ouvrages, dont elle augmenteroit le prix. On la réferve pour les ouvrages en petit fur le papier , le vélin , & même le bois. Si on l’employoit trop forte, elle auroit le même inconvénient que la colle , & feroit de même écailler la peinture.

Nous avons dit qu’on peint à la détrempe fur plufieurs fortes de fonds -, on ne peint guère en grand dans cette manière , fur de gros papiers, que pour faire des cartons de tapiflérie. Si l’on peint fur les murs , il faut d’abord y faire un enduit de bon plâtre , le plus uni qu’il eft poffible. On laiffs bien lécher ce : enduit, Oft y donné enfuite une ou même deux couches de colle bien chaude. Se plus forte que pour dé^ tremper les couleurs. Si les murs font un peu raboteux , on mêle dans la colle du blanc d’ffpagne ou de craie , pour les rendre plus unis par cette impreflîon : on fait même ufage , pour cet effet , de plâtre fufé à l’air & bien broyé. Quand cette couche eft bien féche , on la racle le plus promptement qu’il eft poffible , & l’on peint par deffus. Quand on veut peindre fur bois, il faut y donner de même deux couches de colle, & racler cet encollage pour le rendre bien uni. Dans la peinture en détrempe fur toile, Félibien. vouloir qu’on choisît de vieille toile, demi-ufée & bien unie. Il donnoit pour raifon qu’elle étoic plus douce. Se qu’on n’étoit pas obligé d’y mettre plufieurs couches de colle, qui, danslafuite, pouvoiont faire fendre & écailler lapeinture. Cependant M. Parrocel croyoit la toile neuve préférable. J’ignore s’il avoir autant d’expérience pour la peinture à la détrempe fur toile que fur plâtre. Quoi qu’il en foit, quand la toile eft bien tendue fur des chaffis , il faut , furtout fi elle eft neuve , la frotter avec la pierre-ponce , pour en ôter les nœuds & les inégalités , tk lui-donner ce que les peintres appellent de l’amour, c’eft-àdire, de la dil’pofition à recevoir la peinture. On l’imbibe enfuite avec de la colle chaude, que l’on paffe partout avec une grofle broffe ; le quand la colle eft féche, on y repaffe la pierreponce. Il faut enfuite imprimer la toile d’une couche de blanc de craie avec de la colle : quand l’impreflion eft féche , on y paffe encore la pierre-ponce. Si la toile étoit fort claire , il faudroit y coller du papier par derrière. Pour peindre furie papier, ou fur It vélin, il eft inutile d’employer aucune préparation. Il faudroit cependant coller le papier, s’il ne l’étoit pas. On peindroit mal fur un papier fpongieux.

Le fond fur lequel on doit peindre étant préparé , on y deffine ce qu’on veut repréfenter, avec du charbon tendre & léger, fans appuyer beaucoup-, car il fautfe ménager la liberté d’effacer aifement , & de faire à fon premier trait les changemens que l’on juge convenables. On efface en frottant les traits ayec de la mie de pain raf^So

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F.

fis , ou avec un Ikige blanc. Quand le traïf eft arrêté , on le met au net avec une petite brofle & une couleur mêlée de beaticoup d’eau , afin qu’elle n’ait pas de corps, qu’elle foie très-foible , & qu’elle n’altère pas la couleur qu’on couchera delTiis. Quand ce dcffin eft bien Tsc , on enlève avec la mie de pain ou le linge , ce qu : peut refter des traits de crayon.

On fait les teintes fur la palette. Elle n’eft pas de bois , comme pour la peinture à l’huile , mais de fer blanc, de figure qijarrée,& : feulement un jeu arrondie vers l’endroit où eft le trou dans _equel on paffe le pouce. On borde ce trou d’un morceau de peau ou de cuirmince, pour que le fer blanc ne bleffe pas la main. La partie fuptrieure de cette palette , c’eft-à-dire, l’extrêmicé ]a plus éloignée du pouce , doit avoir des rebords un peu relevés , pour retenir les couleurs qu’on y arrange, en cas que l’on vienne à la pencher un peu trop fans y penfer. On pratique auffi , vers le haut de la palette, quelques enfoncemens pour contenir chaque couleur dans fon ordre : cet ordre eft le même que pour la peinture à l’huile. Voyez l’article Palette. Ces couleurs font feulement dr’trempées avec de l’eau nette, & tenues d’une confiftance un peu cpaifl’e : à melÀire que l’on veut s’en" fervir , on prend avec la broffe ou le pinceau un peu de colle. On tient toujours cette colle un peu liquide , en laiffant le vaiffeau de terre qui la contient, fur un petit feu de cendres chaudes.

Lorfqu3 la colle vient à fe figer fur la palette pendant le travail , il fufîit de la préfenter au feu , & eile fe fond auflitôt. Si, en fe fondant , elle devenoit trop forte , il faudroit y mêler un peu d’eau. On doit prendre garde aufTi que les couleurs entières, qui font arrangées au haut de la palette , ne fe fechent pas trop par la cha-Jeur du feu.

Onnefefert point du couteau, comme dans la peinture à l’huile, pour Eiire les teintes fur cette palette : on les fait avec la broffe ou le pinceau, à mefure qu’on en a befoin. On nettoyé ’a palette chaque fo’s que l’on quitte l’ouvrage , on la lave, & on la fait fccher aulTitôi ; au feu , de peur qu’elle ne fe rouille. Lorfqu’on peint en grand, & qu’on a a faire de large> maiTes, on ne fe fort pas de la pale :te , mais on dc’trenioe la teinte dans des godets ou écueiles de terre vernlfice, avec l’eau de colle néceffaire. On fait l’épreuve de la teinte fur des. carreaux de plâtre , ou lur des planches prépar réss comme le fjr.d , ou far de gros papier blanc, afin d’être flir de l’effet qu’elle doit produire étant ftche. On applique toujours les couleurs un peu plus que tiedes ; ainfi il faut les mettre de temps en temps fur un petit feu , ou fur des cendres chaudes, pour les entretenir dans un état d : liquidité. On y ajoute un peu d’eau pure, l^uand la colle devient trop épaiffe. Il faut aulîi D É T

avoir l’attention de remuer chaque fo !s la couleur dans les godets, avant de la prendre à la brofle, parce qu’elle Ce précipite aifément. Une cblervation très-effentielk , c’eft que les teintes doivent toujours être tenues extrénfement hautes &tres-vigoureufes, parce qu’en féchant, elles !, aftoibliffenc au moins de moitié. Il ne faut donc pas , dans ce genre , craindre de pouffer trop au noir en travaillant : fi l’on n’a pas la hardieffed outrer de vigueur , on peindra foible & gris. Il fautfavoir que les terres brûlées changent moins que les autres , & que la laque , non plus que les noirs, ne change point du tout. Mais 1 expérience en apprendra plus à cet égard que tous les préceptes.

Une régie générale, & dont il ne faut point s écarter, c eli : que la détrempe ne veut pas ê’re fatiguée , & ne fouffre pas que l’on repeiene par-deffus avec d’autres couleurs que celles qu’on a employées dans le même endroit, parce r^e celle de deffous venant à fe détremper , fe mêleroit avec celle qu’on appliqueroit de nouveau , & on detruiroit la teinte ; d’où il réfulteroit des tons bizarres , fales & défagrcables. La belle détrempe demande à être peinte au premier coup : comnie elle féche très-vite , fi l’on ne travaillé pas d’une manière prompte &expéditive, &fi l’on ne connoît pas parfaitement l’effet qui doit réfulter des teintes que l’on employé, on rlfque défaire un ouvrage très-mal peint. La peinture à la détrempe eft , à cet égard , plus difficile que la peinture à l’huile.

Quand l’ouvrage eft fini , on peut le retoucher tant qu’on veut , pourvu du moins que ce foit avec les mêmes teintes. C’eft ainfi qu’on ajoute de la force aux endroits foibles. Il faut feulement attendre que la peinture folt bien fsche. Après la retouche, on unit proprement les teintes avec une btoffe que l’on trempe dans de l’eau pure. Quelquefois , comme il fe pratique dans la peinture à frefqae, on adouci : deux teintes voifinesen hachant aves une couleur qui parti’ cipe de toutes deux.

_ Si l’ouvrage doit être touché fans être adou, ci , tel que le payfage , on couche d’abord dei teintes affez brunes pour fervir d’ébauches. Quand elles font fiches , on frappe par-deffus des touches claires, & encore par-deffus , lorfqu’elles font féches elles mêmes, d’autres touches encore plus claires.

Quelquefois au lieu de retoucher par des ha^ chures , on retouche en glaçant. Cela fe fait avec des teintures qu’on couche le plus également qu’il eft poiTible avec une broffe ou un pinceau de poil doux : il faut être expéditif dans cette opération pour ne pas détremper le fond fur lequel on glace. II faut aulFi prendre garde que ce fond ne boive pas la couleur avec laquelle on fait le glacis , car il s’y feroit des taches comme fi l’on deffinoit au lavi« fur du papier fpongieux.

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î^ongTeux. Pour éviter cet inconvénient , on encolle l’ouvrage avant de le glacer. Cet encollage fe fait en paflant légèrement iiirle tableau une couche de colle claire , bien nette , & : médiocrement forte : quand cette colle efl : féchc , jon glace par-deflus.

Il arrive fouvent que la couleur qu’on employé pour retoucher,, refufe de prendre fur celle qui efl : déjà féche. Lacaufe de cette rcfi’.tance eii la trop grande quanuré de colle employée dans la peinture que l’on veut retoucher. On parvient à vaincre cet obflacle, en mettant un peu de fiel de bœuf dans la couleur que l’on veut appliquer de nouveau. Pour la manière de rehauflerla détrempe tv se de l’or , voyez l’article Rehausser. Quelquefois, pour prélerver de l’eau la peinture à détrempe, on y pafle d’abord un blanc d’œuf bien battu , & quand il eft i’ec , on le recouvre d’une couche de vernis : mais c’eft détruire un avantage de cette peinture, qui eft de n’avoir pas de luifant, & de pouvoir ê :re regardée commodément même lorfqu’eile eft frappée ,de la lumière direde.

Il ne refte plus à parler que des couleurs dont on fait ulage dans la détrempe. On y employé le blanc de craye , & le blanc d’Efpagne , de Rouen , ou de Bougi^’al , qu’on trouve en gros pains dans les boutiques. On le purifie, on lui ôte (on gravier en le faifanc diffoudre dans de l’eau nette en grande quantité. Quand il eft bien difTout , on agite l’eau avec un •bâton propre , & l’ayant laifié repolerun peu de temps, pour que le gravier puiflé fe dépofer , on iverfe toute l’eau blanche dans un val’e bien net , & on la laiffe encore repolcr JHfqu’à ce que tout le blanc foit précipité au fond du vaiffeau. On ôte enfuite , par inclinailbn , ou avec un fyphon, toute l’eau , & quand le blanc eft pref..^ue iec , on en forme des pe’its pains qu’on fait fécher fur des carreaux de plâtre, ou fur des briques , au grand air, en les tenant à l’abri de la pouf-Cère. Cette manière de purifier le blanc , eft propre à purifier de même toates les terres coi orées , ochre, brun rouge, >ko. Quand on veut fe fervir du blanc à la détrempe , il faut avoir foin de le faire d’abord infufer dans un peu d’eau, pour le réduire en pâte un peu liquide, & l’on y mêle enfuite la colle chaude pour travailler. Si l’on ne commençoit pas par le faire infufer, il prendroit très-difficiilement la colle.

[ Le blanc de plomb & celui decérufe fe mêlent avec le blanc àp. Rouen , poi.r varier les teintes & donner plus de corps à la couleur. On le fert du mallicot blanc & du mafîîcot doré ; le jaune de Naples, plus doux & plus gras que les maflicots , eft excellent dans les petits ouvrages j fon prix le fait épargner dans lies grands.

JSeaux-Arcs. Tome //,

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Entre les ochres, la grafle eft la meilleure on rejette la fableulé. L’ochre de rue eft excellente & s’infule aifjment. Si on la fait rougir au feu , elle devient d’un jaune rouge-brun. Le ftil-de-grain , fait avec le blanc de Rouen & la teinture de graines d’Avignon , n’eft bon que poui- les glacis.

La terre d’ombre naturelle & brûlée, fait très-bien dans la détrempe.

La gomme-gutte eft bonne dans les ouvrages en petit , de même que la pierre de fiel. Le biftre ne s’employe point , ou du moins s’emploje tiès-rarement dans les ouvrages en grand.

Le cinnabre ou vermillon chzngeàlâdétrempe & devient d’un rouge violet un peu laie. Dans la gouache en petit, on l’empêche de noircir, en y milant un peu de gomme - gutte , après l’avoir purifié.

Le brun-rouge d’Angleterre &r le brun-rouge commun font bons : il faut les broyer comme les autres couleurs.

Le minium , ou mine de plomb , eft très-beau dans la détrempe : il eft d’un rouge orangé fore vif.

La laque fine eft la feule qu’on doive employer : elle a beaucoup d’éclat. On a déjà dit dans cet article , comment on la rend plus foncée.

Le carmin eft bon ; mais comme il eft extrêmement cher , on ne l’empioye que dans les petits ouvrages qui tiennent de la miniature. L azur â poudrer, & l’émail qui ne difFérenc que parce que l’émail eft broyé plus menu, & d’une^ couleur plus pâle que i’azur , font très-bons à la détrempe. Ils paroiffenc gris dans les décorations vues aux lumières.

Les cendres bleues font d’un très-grand ufage dans la détrempe , particulièrement dans les morceaux qu’on ne voit qu’auxlumières, comme les décorations de théâtre.

L’outre-mer eft le plus beau bleu. Il eft trop cher pour qu’on l’employé dans les grands ouvrages : fon grand prix fait qu’on le falfifie quelquefois. Quand il efl mêlé de cendre bleue, il noircit au feu.

Il y a encore une forte de bleu , l’Inde & l’Indigo. L’inde eft plus claire & plus vive que l’indigo, qui eft brun. Ces deux couleurs font bonnes à la détrempe, particulièrement pour faire les verds.

On fe fert du verd de montagne & des cendres vertes.

Le verd de vefTie & le verd d’iris ne doivent être employés que dans les ouvrages en petits • qu’on veut emborder & mettre fous verre. Toutes les terres & pierres noires peuvent fervir pour la détrempe. Quelques uns font ufage du noir de fumée calciné , mais toujours pur & fans le rompre ayec aucune autre couleur : ii Ppp

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n’cfl cependant pas fi pernicieux à la détrempe qu’à l’huile.

On fe tert encore à la détrempe 3’une couleur trune appellée fulverin. On l’employé fur toute forte de couieursbrunes : elle fe trouve chez les teinturiers en écarlate , & ce n’eft autre chofe que l’urine dans laquelle ils lavent leurs draps aulîltôt qu’ils forcen : de la teinture. Il y a , tant poiirl’huileque pour la détrempe, des couleurs qu’on eft obligé de broyer fur le champ, au moment même où l’on veut s’en fervJr. Celles pour la dUrempe qui font broyées à l’eau , doivent être c.infervées avec un peu d’eau par defTus, pour empêcher qu’elles ne fe fëchent. DIAMANT. ( fubfl. mafc. ) La poudre de diamant eft néceflaire au travail des graveurs en pierres fine’ ;. Les outils de fer tendre & de cuivre dont ils font ul’age , ne fervent que de f .pporc à cette poudre qui s’y attache par le moyen de l’huile d’olive dans laquelle il faut la détremper : c’eft elle feule qui mord fur les pierres ; l’acier le plus dur ne pourroit les attaquer. On peut cependant la remplacer au befoin par la pondre de rubis , ou d’autres pierres orientales : mais elle a moins d’aflivité. On peut coire que, par la rareté du diamant , les anciens étoient obligés de s’en contenter. Ils fe font aufli fervis de l’émeril : mais cette fiibdance a trop d’inconvéniens pour qu’ils l’ayent employée a terminer leurs ouvrages précieux.

DORURE, (fubfl :. fe’m.) L’art de dorer les métaux, le bois, & :c. n’efl point étranger aux arts qui dépendent du delïin , puifque l’on dore, en tout ou en partie, des ouvrages de fculpture.

La dorure efl l’art d’employer l’or en feuilles & l’or moulu , & : de l’appliquer fur les métaux, le marbre, les pierres, le bsis & diverfes autres matières.

Cet art n’étoit point ,’nconnii des anciens. Mais ils n’ont pas pouffé celui de dorer la pierre , &c. auffi loin que les modernes. L’avantage que nous avons fur eux, à cet égard , efl dû au fecret de la peinture à l’huile, découvert dans le temps de la renalflance des arts. Il nous fournit les moyens de rendre notre dorure à l’épreuve des injures du temps , ce que l’on préfume que les anciens ne pouvoient faire. Ils paroifVnt n’avoir eu d’autre fecret pour dorer les fubflances qui ne pouvoient fupporter le feu , que le blanc d’œufs & la colle, qui ne fauroient réfifter à l’eau ; de forte qu’ils bornoient l’ufage de la dorure aux endroits qui étoient à couvert de l’humidité de l’air (*). f * ) On fait que t% anciens employoient la dorure ixe. des ftatn«s de marbre , 5c que les cheveus de ia D O R

Les Grecs appelloient la compofitïon fur la, quelle ils appliquoient leur or dans la dorure furbois, leucophœum , ou leucophonim. On nous la reprélbnte comme une efpèce de terre gluante qui fervoit probablement à attacher l’or & à le rendre fufceptible du poli : -mais les antiquaires & les naturaliftes ne s’accordent pas fur la nature de cette terre, ni fur fa couleur, ni fur les ingrédiens dont elle éioit conipofee. Les anciens connoiffoient comme nous, félon toute apparence , la manière de batn-e l’or & de le réduire en feuilles : mais ils ne portèrent jamais cet art , au moins quant à l’économie, à la perfcftion qu’il a atleitH parmi nous, s’il eft vrai, comme le dit Pline, qu’ils ne tiroient d’une once d’orque fept cents cinquante feuilles, de quatre travers de doigt en quarré. Il ajoute, il elfvrai, que l’on pouvoir en tirer un plus grand nombre ; que les plus épaiffes étoient appellées bracieœ prœnejlin^ , parce que laftatue de la Fortune, à Prénefle, étoit dorée de ces feuilles, & les plus minces qudsjlonœ. Les doreurs modem es emploient de même des feuilles de différentes épaiffeurs ; mais il y en a de fi fines, qu’un millier ne pèfe pas quatre à cinq’ dragmes. On fe fert des plus épaifies pour dorer 1 l’ur le fer , & fur divers autres métaux ; les autres fervent à dorer fur le bois. Pline alTure que l’on ne vit de dorure a Rome qu’après la defh’uâion de Canhage , fous la cenfure de Lucius Mumniius, & que l’on commença pour lors à dorer les plafond ; des temples & des palais ; mais que le capîtoie fut le premier endroit que l’on enrichit de la forte. Il ajoute ! que le luxe monta à un fl haut point, qu’il n’yl eut pas de citoyen dans la fuite, fans en excepter j les moins opuiens, qui ne fit dorer les murailles’ & les plafonds de là maifon.

Dorure au feu, pour les métaux. La donne d’or moulu fe fait avec de l’or amalgamé avec du mercure qui eft ordinairement danslapro» ! portion d’une once de mercure pour un gros’ d’or.

Pour cette opération, on fait d’abord rougir le creufet : puis l’or & le vif - argent y ayant été mis, on les remue doucement avec, le crochet ; jufqu’à ce qu’on s’apperçoive que| l’orfoit fondu & incorporé au vif argent. Après ! Vénirs de Me’dicis ont été dorés. On ne peut nier qu’ils aroient des manières folides d’appliquer la dorure, & qu’elle c-.oit capable de léfifter aux injures des iiècles,. Un a deterié des vmites antiques dout la dorure avoiti confervé fon éclat, 8c fa durée prouve bien qu’elle ! avoit été appliqui-e d’une manière (olide. Croit-on que nos dorures puîffent réiifter à l’épreuve de feize Cèdes l Loin de ravaler l’art des anciens à cet égard , legtet-. tons plutôt que leurs écrivains nc nous en aient pasj I «anfrois le fecict,

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tfnoi, on les jette ainfi unis enfemble dans de l’eau, powles appurer & les laver. De là ils paffent fucceflivement dans plufieurs eaux, où cet amalgame , cjui efl prclqu’aulli liquide que s’il nyavoit que d ;i vif-argent , le peut conferver très- long ^renips en état d’ê :re employé à la dorure. On fepare de cette mafle le mercure qui n’eft pas uni ave ; elle, en le preffant-avec les doigts à travers un morceau de chamois ou de linge.

Poiir préparer le métal à recevoir cet or ainfi amalgamé, i] faut dérocher, c’eft-a-dire décraffer le métal qu’on veut dorer : ce qui Je fait avec de l’eaa- forte ou de l’eau -féconde dont on frotte l’ouvrage avec la graie -ho’ejje : iapr ;s quoi , le métal ayant été lave dans de l’eau îommune , on l’ecure enfin légèrement avec du fablon.

, Le métal bien déroché, on le couvre de cet •or mêlé avec du vif-argent que l’on prend avec la grare - boèffe fine, ou bien avec l’avivoir, (l’étendant le plus également qu’il efl poflîble, en trempant de temps en temps la grate - boëlTe dans de l’eau claire ; ce qui fe fait à trois ou guarre reprifes : & c’eft ce qu’on appelle parnchevet,

_ En cet é’.at le métal fe mec au feu , c’efl - à lire fur la grille à. dorer ou dans le panier, au-deffijiis defquels eflr une poëic pleine de feu gu’on laifle ardent jufqu’à un certain degré, que l’expérience feule peut apprendre. A mcfurp ,que^ le vif arg-.n ? i’evapire , & que l’on peut iiftinguer les cidroits uù il manque de l’or, an rjpa e l’ouvrage, en y ajoutant de nouvel îmalgime où il en faut. Fnfin il le grate-bûëïïe ivec la grofle brofle de lai-on, & alors il eff en état d’être mis en couleur. C’eft la dernière façon qu’on lui donne , & donc les ouvriers qui s en mÊleiit coftfervent le fecrei avec un grand myftère. Ce ftcret ne doit pas erre fort différent de la pratique dont on fait ufage dan- ; les hôtels de^ monnoies pour donner de la

oulear aux efpèces d’or

Voici une autre méthode connue ; c’eft de taire tremper l’ouvrage dans une décoction de tartre, de louftre , de fel , avec autant d’eau rju’il en faut pour le couvrir entièrement. On l’y lai (î« jufqu’à ce qu’il ait acquis la couleur que Ton defire ; après quoi, on le iave dans l’eau froide.

Pour rendre cette dorure plus durable , les Joreurs frottent l’ouvrage avec du mercure & îe l’eau -forte, & le dorent une féconde fois ie la même manière Ils réitèrent cette opération (urqu’à trois ou quatre fois, pour que l’or qui

oUvre le métal Ibit de l’épaiffeur de l’ongle. 1

La dorure au feu avec de l’or en feuilles exige Jn procédé différent. Pour préparer le fer ou ie 1

uivte à recevoir cenedorure, il faut les bien i

^rat-er avec le grateau, d : les polir avec le I D O R ^^-^

poliffoîr de fer ; puis les mettre au feu pour les bleuir, c’efl -à -dire pour les échaufFer jufqu’à ce qu’ils prennent une elpece de couleur bleue. LOrfque le métal eft bleu , on y applique la première couche d’or que l’on ravale légèrement avec un poliffbir, & que l’on metenfuite lur un feu doux.

On ne donne ordinairement que trois couches ou quatre au plus, chaque couche étant d’unei feule feuille dans les ouvrages communs, Se de deux dans les beaux ouvrages, & à chaque cjuche que l’on donne, on les remet au feu. A près ia dernière couche, l’or eft en état d’être brani clair. ( Extrait d’un article de M. Pafil-LOH 1 dans L’anciaine Encyclopédie.) Ce qu’on vient de lire concernant la dorure fu r meta jx, peut la tisiairs jufqu’à un certain point la cur.ofite, mais leroit infurfiiànt pour guider quelqu’un qui le propoferoit d’opérer fans avoir des connoiflances préliminaires Je l’art du doreur. Cependant nous n’avons pas cru devoir prendre la peine de faire des recherches particulières fur cet objet, parce qu’il ne peut manquer d’être approiondi dans une autre partie de i’ Encyclopédie méthodique . ik parce qu’un fculpiour ne dorera p3s jui même au feu les ouvrages qu’il pourra faire en métaux. 11 n’en eft pas ainfi d ; U dorure à^ i’hulls ou en détrempe. Elie appartient a la peinture cor.iiaerée comtne métier. D’ailleurs un fculpceur peut être chargé de quelques ouvrages en bois ou en carton, dans quelqu’endroit éloigné des villes où fe trouvent des pein :res-do eurs. iii ces eu /rages doivent être dores, ilfeia obligé alors de former lui-mêm ; le ? ou’riers qu’il pourra le procurer, & qui n’auront aucune paiique de la dorure. 11 faudra donc uu’ 1 ait allez de théorie de cet art mïchan que, pour pouvoir guider fûrement ces miins novice. : tk cetie théorie , qu’il fera facile à un arti ;te intelligent de faire réduire en pratique fous les yeux , doi. être confignée dans no.re Diâioiinaire. Nous la puiferons, pour la leur tranimettre, dans i’ouvrage d’un homme exercé à la pratique de cet art , M. Watin ; l’accueil qu’ont fait à ion livre ceux qui pourvoient le jug_r, elt un fur témoignage de la bonté dej princ^pe^ qu’il renferniei Nous allons comm ;-ncer par donner , d’après cet auieur, un vocalsulaire desfubftances qu’em-f ploient lesdureurs, & des inftrumens dont ils font ufage. Nous fuivrons l’ordre alphabétique, qui eft le plus commode pour les ledeurs. Subjlances & Injlrumens employés par les Doreurs,

Assiette. C’eft une compofition fur laquelle on alîied l’or : elle eft compofée de bol d’Arménie, d’un peu de fanguine , démine de plomb en très-petite quantité, & de quelques gouust P p p ij

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d’huile d’olîve, plus ou moins, félon que k maffe entière eft plus ou rao^ns forte : une demi- ^ cuillerée d’huile luffi : pour une lifre de la j compoficion. Les difterenies i’ub.ftances qui la i compofent doivent ê :re broyées féparément avec de l’eau de rivière très- limpide. Qi.and elles font sèches, on. les mêie toutes avec de l’huiie d’olive, & on les broyé de nouveau toutes, enl’smbie. On la détrempe enfuite dans de la colle pour la coucher. L’ajfiene bien gouvernée & bien faite décide la beauté de la dorure. BitEOQUET. C’efl un petit morceau de bois qui préfente une furface unie, fur laquelle on a adapté de l’écsrlate. On s’en fett pour enle^ elles bandes d^or que l’on a coupées. Avant de l’employer à cet ufage , il faut haleter dcfî’iis, pour lui procurer par le :buffle une légt’re humidité qui le rend capable de happer l’or. On s’en fert auiii pour dorer les parties droites. Cet inflrrument dore plus promptement & plus juile que la palette.

Boi d’Arménie, eft une terre onS-ueufe , douce au toucher , de couleur rouge ou jaune. Le véritable bol venu de l’Arménie , ou de quelques autres contrées de l’Ahe , entre dans les ingrédiens de la thériaque : mais celui don : il eft ici queftion eft tiré de plufieiirs endroits de la France. Le plus ell :;mé vient du Bléfois, de la Bourgogne & du Saumurois. On en trouve même auprès de Paris, comme à Meudon , à Bâville , qui eft d’un bon ufage quand il efi : tien rouge. On le cho’du net, non graveleux ^ doux au toucher , luifant & s’attachant aux lèvres. Il entre, comme en l’a dit, dans la eompofition de l’alfiette.

Coussin. l.ecouJpne ?s :xn morceau de bois qui idoit avoir la forme d’un quarré-long. On met deffus deux ou trois cardes de bon coton , de l’épaiffeur de trois doigts, & on les recouvre d’une peau de veau dégrailfée & paflee au lait. Lorrque cette peau eft tendue , on attache aux quatre extrémités du quarré une feuille de parchemin qui forme un bordage pour contenir l’or.

Couteau, dont la lame eft large & mince. 11 fert à couper l’or.

Mine de îlomb. Tout le monde connoît ce minéral dont on fait des crayons. Il entre dans la compofifion de Vaffleae. On le choiiit en morceaux d’une groffeur moyenne , d’un grain fin & -ferré.

MoRDAUT. C’eft une compoficion dont on Je ferc quelquefois pour dorer à i’or mat , fur-D O R

tout lorfqu’on eft prefîé ; on emplo’e aufTi le moidanc pour bronzer. Cn le t.iit avtc^du bitume de Judée, & de l’huiie graffe ; on y incorpote de lamine de pioinb , ik on l’eclaircit avec de l’effence. Quelquetois on y met fimplement du vernis gras ; mais il tait moins d’effet.

Or-couleur. C’eft le refte des couleurs broyées S ; détrempées à i’huile , qui tombe dans les pinceliers & dans les godets dans lefqaeis les peintres nétoyent leurs pinceaux. Cette matière, entrêmement graftè 6i glua.iLe, ayant été rebroyée & paffje par un linge, fert de tond pour y appliquer i’or en feuilles.^ On couche i’or -couleur fur la -.eiiice dure avec un pinceau , ccmme li i’on peignoir. Plus il elV vieux, plus il elt ondueux. Un le laiffe expofé au Ibleil, pendant l’efpace d’une année , dans un vai’e verniffé, ou dans une boëte d-e plomb. On fait aufli une Ibrte S or- couleur très -beau avec du blanc de cérufe , de la litharge , un peu de terre d’ombre broyée à l’huile d’œiliet , qu’on détrempe enlèmble avec la même huile, en une coniiftance fort liquide, ’6c qu’on expofe de même au foleil pendant l’el’pace d’une année.

« Quelque. bonnes qje puiffsnt être ces méthbdss , les doreurs anglois , dit l’ancienne >) Encyclopédie, aiment mieux fe fervir d’ochre » jjune broyé avec de l’eau, qu’ils font fecher » fur une pierre à craie , après quoi ils le » broyent avec une quantité convenable d’huile » graffe & delilcative , pour lui donner la » coniiftance nécelfaire : ils donnent quelques » couches de cette eompofition à l’ouvrage qu’ils » veulent dorer ; & lorl’qu’eiles font prellqua » sèches , mais encore allez on6lueules pour )3 retenir l’or , ils mettent les feuilles paideffus. » M. Watin affure que c^f or-couleur ne vaut pas celui dont fe fervent les doreurs françois. Nous n’entreprendrons pas de juger ce procès entre les deux nations rivales. Palette a dorer. Le /tom do palette a ctéj donné affez improprement à cet ufteniile qui n’ai aucune reflemblance avec la palette des pein :res.’ Ce n’eft autre cliofe qu’un bout de queue dei petit -gris, qu’on dii’po’e dans une carte dei manière à lui faire faire i’éventail. Cettepalette fert à prendre la feuille d’or ; mais auparavant on la fait pafiér fur la joue qu’on a enduite de gra-fle de mouion, qui s’y mainrientj dans une chaleur douce ài dans un état lutfiiantj de liquidité. Le léger, frottement de la. palette] fur la joue graiifee la rend propre à happer la feuille d’or qu’on eniève ; on pofe doucement cette feuille fur l’ouvrage, & enfuite on y expire l’haleine pour l’étendre. Au bout oppofé , de la palette eft attaché un autre pinceau donij 1 D O R

t fufage e{i il’appuyer la feuille d’or auffi - tôt qu’elle eft pofée.

Pierre a brunir, caillou dur & tranfparent qu’on affûte & que l’on polit fur une meule , en lui donnant la forme d’une dent de loup. On l’adapte à un manche de bois par le moyen d’une virole de cuivre. Il faut bien fe garder de mouilkr cette pierre. i Pinceaux a mouiller. Ils font de poil de ’ petit-gris, & fervent à mouiller l’ouvrage afin qu’il puiffe retenir l’or. On a foin , quand ■ on ceffe d’en faire ufage, d’en exprimer l’eau ■ & de les prefTer, pour leur faire faire la ’ pointe.

j Pinceaux a hamender. Ils fervent à réf p&ter les caffures de l’or. Il y en a de difFérentes efpèces. Au lieu de faire la pointe , ils ■ doivent être ronds, & d’un poil très doux, afin qu’ils ne puiflent endommager l’or en le prenant.

Rocou, pire fe’che , ou extrait tiré pa*- in-

fufion ou macération des grains contenus dans

la gouffe d’un arbre nommé Urum. ou Roucou. ’ Cet arbre a la forme d^un noifctier & fe trouve f dans les îles de l’Amérique. La pâ :o de rou- 1 cou doit ê-re féclie , rouge .haute en couleur, d’une odeur forte & affez défagréable. Safran, plante commune dan’^ plufieurs endroits de l’Europe Se même dans le Nord. C’eft

!: pour le piftil de fa fleur qu’elle efc cultivée, 

, & c’eit cette partie qui eft colorante. Il faut f choifir le fafran nouveau, bien feché , d’une [belle couletir rouge, aufR peu. chargé qu’il ■ I eii poffible de parties jaunes, odorant, d’une 1 faveur balfamique & agréable. On le conferve ’ dans des boëtes bien fermées. Il s’empl&ye , ainfi que le rocou , pour faire des rermeih. Sanguine , terre ’rouge & fernigineufe , dont on lai’ ; de ; crayons, & qui efl : allez généralemenr connue par cet ufage. Le doreur la choifit d’tin ro. ;ge brun , pefante , compa6le , unie , douce au toucher : elle er.t^e dans i ; la ccmpofition de l’affiette ; elle fert auffi , |i Biais calcinée, aux apprêts d’un genre de do-’ : Ture qu’on appelle fort improprement â La grr.que.

Vermeil. C’eft un liquide qui dorne du refis : & du feu à l’or , & qui fait paroître l’ouvrage vtrmeilloné C( mme s’il étôir doré d’or moulu. £n voici ’a conipofttion. Rocnu , deux onces ; gommi gutte , une oiice ; fang - dagon , une demi once ; cendres graveiees , deux D O R

onces ; hean fafran, dix-huit grains. On fait bouillir ce mélange dans une pinte d’eau , à petit feu, jufqu’a ce qu’il foit réduit à trois demi-fepticrs , & on le paîTe par un ;am !s de foie ou de mouffeline. Chaque fois qu’on en fait ufage , on y ajoute un quart d’eau de : gomme arabique, qui fe compofe avec un quarteron de gomme fondu à froid dans une pinte d’eau.

Vernis a la laque, forte de liquide que l’on prépare pour dorer ou pour bronzer , quand on eft très preffé. Il fe comoofe en faifant fondre au bain-marie trois onces dégomme laque plate dans une pinte d’efprit de vin. Ce liquide, qui n’a ni confifbance, ni brillant, eft mai-à- propos nommé vernis. Il fert dans les apprêts de dorure pour dégraifler les couleurs à l’huile & les difpofer à recevoir l’or avant que de coucher de mixtion. Division de la dorure, » Peut-être, dît » M. Watin , trouvera-t-on que je m’arrête » trop fur les détails : mais la maladreffe eft » prompte, l’habileté lente, & la perfeflion » minutieufe ».

On diftingue deux fortes de dorure : celle à l’huile Se celle à détrempe. C’eit à l’huile qu’on a coutume de dorer les dômes , les combles des églifes, des bafiliques , des palais , & les figures de plâtre ou de plomb qu’on veut cxpofer aux intempéries de l’air Sr aux outrages des temps. Elle s’applique fur les métaux, ne craint point l’humidiré , & peut être lavée auUl fouvent qu’on le dsfire. La dorure en détrempe, moins folide , plus féduifante, exige plus d’apprêts & même plus d’art : mais elle a le défavantage d’être d’un ufage moins étendu. On ne peut l’employer que fur quelques ouvrages de iculpture en ftuc ou en bois, fur desboëtés,& i’ur quelques ornemens intérieurs des appartemenî. Elle ne refifte ni aux imprelFions de l’humidité ni à celle de l’air : mais les charmes égalent fa délicatefle : brillante, nuancée, brunie , matte, reflétée , elle fe varie au gré de l’artifte intelligent pour imiter les variétés de la nature, au lieu que la dorure à l’huile n’a qu’une feule couleur , & , pour ainfi dire , qu’une feule phy- (îonomie.

La dorure s’applique fur toutes fortes de fujets , bois , plâtre, pierre, &c ; mais il faut difpofer le fujet à la recevoir, en rendre la furface unie , & y coucher enfuite des matières capables de happer l’or.

La dorure en détrempe veut être faite dans des atteliers oiî l’on puiffe fe garantir de l’ardei-r du foleil : la grande chaleur de l’été y eft contraire. Il faut écarter les mauvailes ha48(^

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eines, les odeurs fortes, & craindre même, drt-on , la préfence des femmes, lorfqu’elles éprouvent des infirmités ordinaires à leur fexe. Paflbns maintenant auxnombreufes opérations de la dorure , plufieurs de ces opérations demandent même à être réitérées.

I. encoller. Faites bouillir dans une pin.’e d’eau une bonne poignée de feui’les d’abfynrhe, & de’jx ou trois têtes a’ail. L’eau réduite à moitié , paffez ce jus dans un linge , ajoutez-y une demi-po’ignée de lel , & un demi-feptier de vinaigre : mêlez quantité égaie de cette compofition faite pour préferver le bois de la piquure des vers & tuer ceux qui pourroient y être, avec autant de bonne colle bouillante, pour l’employer dans cet état : encullez vos bois chaudement avec une broffe courte de fanglier.

La colle dont on fe fert pour les ouvrages que l’on veut dorer , efb celle de parchemin. Elle eft faite de rognures de parche.-nin neuf & non écrit , qu’on fait macérer & diffoudre dans l’eau bouillante pendant quatre à cinq heures. On la coule enlaite , à travers un ramis ou linge clair, dans un vafe très propre. Pour la compofer, jertez une live de parchemin dans fix pintes d’eau bouillante, laiffez la fe macérer & bouillir pendant le temps preicrit , nifqu’à ce qu’elle foit réduite à moitié. Il fatir que l’eau bouille d’une manière toujours égale. Cette colle , paffee au linge ou au tamis, & refroidie, doit avoir la conflftance d’une forte gelée. Pour que , dans les temps de grande chaieur, elle parvienne à cette confiTlance , il faut aagm :’nter la dofe du parchemin. La compofi-ion que l’on vient de lire convient aux failbns tempérées. La colle doit ê-.re confervée dans des vafes de terre verniffee & dans un endroit frais , éloignée du Ibleil , de toute chaleur , & do toute mauvailb eyhalaifon ; elle lourne aifément, lur-tout dans les temps d’orage, & fe corrompt promptement ea éié ; alors elleferéfoud en une eau gluante qui entre b’entôt en «ne entière putréfadion. Elle !é conferve bien l’hiver.

En langage de peintre & de doreur , cette même colle , difFéremmsnt abreuvée , fe Bomme colU fjrte , colle moyennement forte , & colle foV le. Ainfi quand il .^ft queftion de colle forte dans ce qui concerne des apprêrs de peinture ou de dorure, il ne faut pas prendre W colle-fane pour celle qui ef !: généralement connue fous ce nom , & qui efl à l’ufage des menuifiers & autre» ouvriers en bois, La collt forte du peintre , efl celle dont on vient de lire la compofirion. En y ajoutant une pinte d’eau , on en fait de la colle moyen-Rement forte , & avec quatre pintes d’eau , on la réduit à z qualité de colk foible. Quel-D O K

quefoîs en la rend encore plus légère, en y ajoutant une plus grande quantité d’eau. Pour dorer fur la pierre ou le plâtre, il faut donner deux encollages : le premier de colle foible Ik. bouillante , pour qu’e.le pénètre bien dans la pierre ; la féconde de colle forte ou moyennement forte. On ne met point alors de fel dans les encollages : il poufferoitcuie pouffière faline fur la dorure , lorlquc la pierre s impregneroit de la plus foible humidité. Le mélange, du fel n’a lieu que fur le bois , & il y eff indifpenfable.

. Arrête^ de blanc. Faites bien chauffer une pinte de très foi te colle de parchemin, î la-» quelle vous aurez joint un demi-feptier d’eau. Saupoudrez la de deux bonnes poignées de blanc de Boiigival , vulgairemment appelle blanc d’Efpagne , pulverifé & palTii au tamis de foie. Laiffez le une dem’-heure s’infuler ; après quoi, voits le remuerez bien. Donnez-en une couche très chaude fur l’ouvrage , bien finement, Se prenant garde qu’il ne refte trop d’épaiffeur dans quelques endroits : Il fautfo liller les fmds des fculptures avec une broffe fine. Quoique cette couche de blanc doive ê ;re Irgère , il faut cependant que le bois ou la pierre foit fi bien atteint qu’on ne l’apperçolve plus.

Prenez enfuite de la colle- forte de parchemin ; faupoudrcz-la , à difcrétion , de blanc pulverifé & tamilï , jufqu’à ce que la colle ne par.îiffe plus, & qu’elle en (bit couverte à-peujrr ^’s de l’épaifTeur d’un do’gc. Coavrez votre po : , ne l’approchez du feu qu’autant qu’il le 1 faut pour le maintenir dans un état de tiédeur. Demi heure après , infufcz votre b anc , qui doit être remué avec la broffe , jufqu’à ce qu’on ne voyo plus de grumeaux & que le tout foie bien mêlé. Quand le blanc eff un p(-u chaud , couchez le avec une broffe, très finement & très également ; car (i le blanc é’oit trop épais, l’ouvrage feroit fujet à bouillonner. Donneï ainfi fept, huit ou dix couches, félon que la défeduofîté du bois ou du pJâ re peut l’exiger, ayant foin dans les ouvrages où les parties faillantes doivent être brunies, de bien garnir ces parties de blanc ; car le bruni de l’or en eft plus beau.

On n’applique pas une nouvelle couche, quç la précédente ne foit bien feche , ce qu’on reconnoît en pofart le dos de la main. Il faut aiifli avoir grand foin que toutes les couches foient bien égales entre elles ; c’eft-à-dire quç la colle foit dans toutes de la même force , & que la quantité de blanc qu’on y infufe foit la même. Si l’on mettoit une couche forte fur une foible, la première ne feroit pas en état de foutenir la féconde, qui la rireroit à elle, & l’ouvrage tomberoit par écailles. La dernière couche de blanc doit être d’un« D O K

tonne clialeur , & donnée un peu claîre , en adouciiTant légèrement avec la broffe.

?. Reboucher Se peau-di-chUmier. Entre les

différentes couehes de blanc , il faut abattre ! les petites boffes , boucher les défauts qtii peuvent fe trouver dans le bois, ou dans le piàtre ou la pierre, ce qu’on fait avec un maftic compofé de blanc & de colle , qu’on appslle gros-blanc ; enluite on ôte les barbes du bois en frottant avec une peau de chien de mer, ce que les doreurs appellent peaude-chienner.

. Poncer & adoucir. Quand les couches de blanc font féchss , on taille uniment des pierres-ponces en les ufant fur le quarreau ; on en forme de plates pour adoucir les grandes parties, & de rondes, pour atteindre les moulures on ce qui en a àpeii-près la forme, & l’on a do petits bâtons de bois blanc très

minces, jour fouiller dans les parties enfonî

cces qui peuvent être engorgées de blanc. 1 1 On mouille l’ouvrage par petites parties pour ’ y paffer la pierre-ponce ; on frotte légèrement .pour liffer l’impreffion , & : à mefure qu’on

adoucit, on lave la furfice avec une brofl’e

douce qui ait fervi au blanc, pour ôter la •bourbe qui fe fo’.'me fur l’ouvrage. On pompe enfuite l’eau avec i.ne petite éponge , on a grand foin d’éviter qu’il en reile, &c on enlevé itrès légèrement avec le doigt tous les petits

grains qui peuvent fe trouver fur le blanc,

■Enfi-n, on paffe fur toute la furface une toile un peu rude , pour achever de la nettoyer. . Réparer. Quand l’ouvrage efV adouci , iponcé & fec , il faut rendre à la fculpture les premières fineffes , que les difrérentes couches de blanc dont on l’a couverte n’ont pu maniquer d’altérer. On fe ferc pour cette opération d’ébauchoirs ou fers tournés en crochets de ■ diftérentes efpèces ; & ce travail répond à celui par lequel on termine un morceau de fculpture. On ient bien que fi l’ouvrage qu’on doit réparer eft de quelque prix du côté de ’art , il faut que le répareur foit un artifte habile. . Dégraijfer, Cette opération confifte à [tendre au blanc fa première propreté. Plus ll’ouvrageefl : précieux, plus la réparation a e^tigé de temps, & plus la furface a éprouvé de frotte- [Bient de main & d’outils, ce qui a terni, &, xomme on dit, graijfé e ha.nc. On le nettoyé

a^ec un linge mo’MÎilé qu’on paffe légèrement

■furies parties qui doivent être mattcséc brunies, i& l’on fe fert d’une broffe douce & mouillée [pour le refte. On lave enfuite le toutavec une jsponge douce, en prenant garde qu’il ne refte ’îucun grain , ni aucun poil de broffe. . Prêter. L’ouvrage fec, on le prèle Jégère- .Tient , c’eft- à-dire qu’on en liffe bien toutes les larties avec de la prêle , ayant foin de ne pas ifer le blanc. On appelle préU les tuyaux D O R

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canrtelés," rudes & ftriés d’une planté qui porte le même nom.

. Jaunir. On met dans un demi-feptier de bonne colle de parchemin , bien nette & tranfparcnte, deux onces d’ochre jaune broyée très-fine à l’eau. On la laiffe détremper & dépofer dans la colle chaude. Cette" colle doit être de moitié moins forte que celle qu’on emploie pouir le blanc.

Quand l’ochre eft précipitée au fond, on palIê le deffus à travers un tamis de foie, ou une mouffehns fine, ce qui donne une teinture jaune. On la fait chauffer , & on l’emploie très-chaude avec une broffe fort douce Se bien nette. On jaunit ainfi tout l’ouvrage , avec l’attentioa de ne le pas frotter trop long- temps ; car on détremperoit le blanc, on lui feroit perdre les fineffes de la réparation, & tout l’ouvrage feroic gâté.

Cette teinture jaune remplit les parties enfoncées oià l’or ne pourra pénétrer : elle fert aufli démordant pour tenir l’alïïette & happer l’or. . Engralner. II faut attendre que le jaune foit bien fec. Alors on prêle encore une fois toutl’ouvrage, dont la furface ne doit conferver auciinfi inég.nlité.

. Coucher d’ajjlettt. Nous avons donné la préparation de l’alliette dans le vocabulaire des fubftances & inftrumens néceffaires au doreur. On détrempe cette aifiette dans de la colle légère de parchemin, un peu chaude, paffée tamifée , & très -nette. On en donne trois couches avec une petite broffe de foies de porc longue, mince, & douce.

. Frotter. Quand les trois couches d’afliette font sèches, on frotte avec un linge neuf & : fec les parties qui doivent reiîer mattes. Par ce moyen , l’or qu’on ne doit pas brunir s’étend & devient brillant ; & quand on applique l’or l’eau coule deffous , fans tacher. Mais on ne touche point avec le linge les parties qui feront brunies ; on donne l’ur ces parties deux couches de la même affiette détrempée dans de la colle à laquelle on ajoutera un peu d’eau pour la rendre plus douce. . Dorer. Prenez de l’of très - beau, d’égale couleur, & non piqué ; il fe vend en livrets depuis ie prix de foixnnte-dix livres le millier en feuilles, jufqu’àcent cinquante. Les ors les plus généralement employés dans la dorure coûtent depuis quatre- vingv jtifqu’à cent vingt livres le millier de feuilles.

Vuidez un lîi’ret d’or fur votre couffin. Enfuite, avec des pinceaux de différentes groffeurs proportionnés aux formes de ce que vous voulez dorer , mouillez votre ouvrage avec de l’eau c aire, pure, nette , & très-fraîche ; dans l’été on y ajoute même de la glace. Il faut changer d’eau de demi-heure en demi-heure, ne mouillant chaque place qu’à mefure qu’on y yeut 488

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pofer l’or. Les enfoncemens doivent être dorés avant les parties éminentes.

La feuille pofee , faites paffer , avec un pinceau, de l’eau derrière cette feiiille , en appuyant fur le petit bord, & évitant qu’il n’en pafTe par-delTus , fur-tout aux parties qu’on veut brunir, car elle tacheioit l’or. Cette eau étend la feuille. Enfuite on haleté deffus légèrement ; &, avec le bout d’un pinceau, on retire l’eau qui auroit pu s’aniafier , car elle détremperoit l’afliettc Se les apprêts de deffous. . Brunir On lailTe fécher , mais non pas trop , les parties qui ont été préparées pour être brunies. Si l’ouvrage étoit trop fec , le bruni feroit moins beau. Avant de brunir, on patfe la pierre dans les endroits où l’or pourroit s’élever en cloche.

On paffe enfuite bien légèrement fur l’ouvrage un pinceau de poils longs & très-doux, pour ôter la pouffière qui peut y être tombée ; enfuite on paffe la pierre à brunir fur l’ouvrage , en allant & revenant fur chacune des parties à brunir, & appuyant le pouce gauche fur la pierre même pour la maintenir, de peur qu’elle ne s’échapoe, & n’aille toucher les parties qui ne doivent point être brunies. On mouille l’endroit bien légèrement avec un petit pinceau , & on y applique un petit morceau d’or , que l’on brunit quand il efl : fec.

. Matter, Qaand on a bruni les parties qui doivent l’être , il faut matter les autres ; ce qui fe fait en donnant avec un pinceau une couche léaère & douce de colle de parchemin qui foit bien nette , fans aucune partie terreufe & bien tamifce. Elle doit avoir la moitié de la confiftan "ce de celle que l’on a employée pour jaunir , & être d’un degré moyen de chaleur, car trop chaude, elle enleveroit l’or. On ne paffe qu’une feule fois le pinceau fur l’or, & l’on a foin de fouiller dans les parties enfoncées de la fculpture.

. Ramender. Si le doreur aoublié de mettre de l’or dans quelques petits enfoncemens , ou fi quelques parties d’or ont été enlevées, quand on a paffé la colle pour matter, il faut couper une feuille d’or par petits morceaux fur le coulïïn , & pofer de ces petits morceaux dans les endroits oil il en manque. On fe fert pour cette opération des pinceaux à ramender. Il faut avant d’appliquer l’or , mouiller la place oii il manque , avec un pinceau un peu trempé. Lorfque le ramendage efl fec, on paffe un peu de colle fur chaque endroit.

. Vermeillonner. On trempe dans levermeil un pinceau très- fin, Sr l’on vermeillonne avec prand foin toutes les parties que l’on juge à propos , fans mettre trop de vermeil , car il formeroit des noirs. Il faut le paffer légèrement & ne faire cjuc gliffer fur i’or. Cette opération D O K ,

donne à l’ouvrage du reflet & une couleur d’oif ’ moulu.

ly. Repajfer. Cette opération confifle à re- 1 paffer fur tous les mats une féconde couche de colle à matter.

Quand on ne tend pas à la perfeâion , on peut omettre quelques - unes des opérations qui viennent d’ê :re détaillées.

Dorure tîe différcns ors. Comme on a fu donner à l’or différentes couleurs, on peut varier les teintes de la dorure. Les apprêts font les mêmes jufqu’à l’opération as jaunir exclufivement. Alors, en appliquant le jaune, il faut referver en blanc les parties qui doivent être dorées d’un or vert ou citron.

Si l’on veut dorer en or vert, on donne fur le blanc qu’on a réfervé une couche d’un peu de blanc de cérufe broyé très-fin à l’eau , d’un peu à’i bleu de Pruffe tendre, & d’un peu de ftil-degrain , chacune de cgs fubftances broyées à l’eaa iëparément. Enfuite combinées enlèmble , elles donnent un vert -d’eau. On détrempe le tout dans la même colle dont on s’efl : fervi pour le jaune j & on ne fe i’ert que du deffus, qui donne une teinte claire.

Si l’on veut dorer d’un or citron , on charge la cérufe d’un peu de flil- de -grain que l’on broyé & que l’on détrempe de même à la colle, & dont on met une couche fur l’endroit réfervé en blanc.

L’ouvrage fini & doré, il faut auffi faire des vermeils verts ou citron. On compofe le vert avec de la gomme - gutte & très - peu de bleu de de Pruffe. Pour le citron, on éclaircit le vermeil ordinaire en y istroduifant du jus de gomme gutte.

. Dorure d’or mai repajfé. Dans les ouvrages preffés , ou lorfqu’on ne veut pas engager du blanc dans de très -belle fculpture, on ne fait que donner un encollage blanc, clair, à deux couches feulement. Enfuite on nettoie proprement les grains de l’ouvrage en adouciffant légèrement : on couche du jaune, & l’on pofe l’or comme ci -deffus. On donne deux couches de colle à matter par-deffus. Cette dorure n’a pas tout l’éclat de ccUe qu’on vienc’de décrire, puifqu’elle ne reçoit aucun apprêt, & qu’elle ne préfente par-toat que des parties mattes. Dorure à la grecque. Le nom de cette dorure ne doit pas en impofer ; elle n’eft point d’une origine grecque , & doit fa dénomination à une mode qui a du ré quel que temps à Paris. Elle n’eft d’ufage que pour des meubles, m.ais les meubles appartiennent à l’art quand ils font ornés de fculpture.

Comme elle exige moins d’apprêts que l’or bruni , les fculptures & moulures ne font pas de même

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jnêmefiijettes à être ongorgéss de blanc. Si le bruni don : elle ell : (arccpuibieefl : moins brillant, f’^s mats l’ont plus bear^x. Cette beauté vient de I ce que oer. mats le font à l’huile, acres le bnmi , & qu’en r.,i :e on les vernir. Cette dorure a encore l’avantage de ne point s écailler , & de pouvoir être la-.’ce. En voici les nrocédés. l." L’encollage le fait comme on l’a déjà vu. 1.° Calcinez exiraordinairement de la fangiiine , jufqa’à ce qu’elle ait perdu fa dureté, Calci ;icz aulli du blanc de cérufe & du talc ; broyez chacune de ces fubftances féparément, très -fin , à l’eau pure & nette ; mêlez -les enfemble & rebroyez- les de même à l’eau. .° Détrempez ces couleurs ainfi broyées avec de la Colle très’chauJe & très-forte , plus, forte que la colle du blanc de dorure : mMez - y un tiers de blanc de Bougival auffi infulë à la craie.

î 4.° Donnez deux ou trois couclies de cette I teinte dore en tapant , Si. une troifième en i adouciflanc.

•" Dégorgez l’ouvrage avec des fers , réparez- 
le &’ adouciffez toute ; les parties de la même

1 manî re dont on a déjà donné le procédé. 6." Couchez l’afliette fur les endroits que vous voulez brunir, de même qu’à l’or bruni. 1° L’alîiette couchée, appliquez l’or aux en-

droits que vous deftinez à être bruni» :. Laiffez-’

le l’echer ; pafîez enluite légèrement i :n pinceau dc-lTiis pour ôcer la pouiïïère , & bruniffez. y.° L’ouvrage bruni, il faut, fur toutes les I parties qu’on veut matter, donner trois ou ’.quatre couches de vernis à la gomme-laque : ■■ quand elles font sèches, poliffez-les avec un i peu de prêle, prenant garde, de gâter les parties j) fcrunies.

[ ■ 9." Couchez bien exaâenient l’or- couleur , I le mordant , ou la mixtion -. pénétrez dms les fonds, en bordantbien jufte les endroits brunis. _ 10." Q"-’3"’J !’or-coule !’.refl bienfec, il faut, ainfi qu’à Por mat appliquer l’or. II." Quand l’or efl : à ion toLT bien fec, palTez j un vernis à l’or à l’elprit-de-vin. On le chauffe

a mefure qu’on l’applique, avec un réchaud de 

doreur. Enfuite on donne deux ou trois couches de vernis grss.

Il faut obfe’rver, avant que de vernir , que s’il y avoir quelques parties qui n’euffent pas voulu prendre Tor, i ! faudroit , le fond étant brun , pofer de l’or coquille avec un pinceau affez fin pour paffer dans les petits fonds. On vient de voir que la dernière opération Cor.iifte à paffer deux fortes de vernis fur l’ouvrage. Nous allons placer ici la recette de ces vernis.

Vernis à l’or à t ejprlt - de - vin. Pilez féparément quatre onces d^ gomme- laque en branches , & même quantité de gomme-gutte , Beauès-Arts. Tome II.

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de fang- dragon, de rocou , 8i une on ;2 de fafran. Jettez chacune, de cea drogues féparément dans une pinte d’elprit-de-vin, que vous tiendrez dans un bocal ou vailTeau, expofé pendant quinze jours au foleil ou à la chaleur d’une étuve , pour les exciter à la diffolution. Les teintures fon : plus belles, quand elles font faites fans feu. Au défaut de foleii, tenez -les un peu éloignées du feu pour leur donner une chaleur égale. Quand elles feront : fondues, mêiez-les toutes enfemble. Plus ou moins de chacune de ces diffolutions donne à l’or differens* tons , fuivant les difterentes combinaifons que l’on enfait. On charge davantage la teinture, quand on veut vernir des ouvrages argentés pour leur faire imiter les ouvrages dcrés. Vernis gras d l’or. Faites fondre féparément huit onces d’ambre , & deux onces de gomme- laque. Lorfqu’elles feront mêlées, incorporez-y une demi-livre d’huile de lin , cuite & préparé.’, & enfuite une livre environ d’effence , que vous aurez eu foin de colorer auparavant , en y faifanc fondre , comme pour l’autre vernis, de la gomme- g itte, du lafran, du fang -dragon, & un peu Je rocou. G’efl parla quantité & la coTtibiraiîbn diftUrente de ces quatre fubrrances , qu’on fui. prendre à i’or le ton que l’on cherche.

Dorure a l’huile. Si cette dnrurt a fur celle en détrempe l’avantage d’être plus folide, elle a auffi en fa faveur la fimplicité des procédés. Elle s’applique fur la pierre, le plaire, & les métaux.

i.o II faut commencer par l’impreflion du fujet qui doit recevoir la dorure. "Elle le fait en y étendant une couche de blanc de cérufe détrempé à l’huile de lin, à laquelle on joint un peu d’huile graffe &~très-peu d’effence de thérébentine. On broie ce blanc à l’huile de lin mêlée de litharge.

.^ On calcine de la cérufe, on la broyé très-fin , à l’huile gralTe , & on la décrempe avec de l’efience, ce qi’on ne fait qu’à mefure qu’on veut l’employer, parce qu’elle eft fujette à s’épaiffir. C’ell ce qu’on nomme la teinte - dure. On on donne trois ou quatre couches. Il faut bien atteindre les fonds . étendre la couleur 4te plus également qu’il eft poffible , & donner aux couches le moins que l’on peu- : d’épaiîTeur. °. Prenez de l’or-couleur paffé par un linge bien -fin ; & avec une broffe très - douce qui ait fervi à travailler aux couches à l’huile, couchez cetor bien uniment & àfec. Atteignez les fonds avec de petites broffes. °. L’or-couleur étant affez fec pour happer l’or, étendez l’or fur le couffin. Dorez avec la palette, en appuyant légèrement avec du coton , èi ratncndant les pecitçs parties dans les fon.ds Qqq

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avec de l’or qtie vous coupercï par morceaux, & que vous appaieiczavec un pinceau de putois. 5° Si l’ouvrage doit être expofé à l’air extérieur , il ne faut pas le vernir ; car la dorure vernie , fe corrode comme fi l’on y avoir jette des gouttes d’eau -forte, lorfque le fblcil la frappe à la fuite d’une grande pluie. Mais quand les fujecs font à l’abri des injures de l’air, il faut les couvrir d’une couche de vernis à l’or à l’efprit - de - vin , en y promenant un réchaud’ de doiear, & enluite y pol’er un vernis gras. Pendant qu’on applique le vernis, il faut que l’attelier folt très-chaud. On pofe la couche de vernis doucement , 8c avec égalité. Celui qui ps’.e le vernis efl fuivi d’un ouvrier qui réchauffe l’ouvrage avec un réchaud de doreur , en le promenant plufieurs fois devant la couche , fans s’arrêter au même endroit , de peur de faire bouillonner le vernis. Cette chaleur fait revenir l’or , & rend au vernis toute fa tranfparenco avant qu’il foit iec. Sans cette précaution il deviendroit blanc & louche.

Dorure a l’hvize vernie -polie, i "Broyez très-fin & feparément du blanc de c»rufe, moitié d’ochre Se un peu de lirharge. DéTcmps-z le tout avec de l’huile graTe ccupee d’eiTence de ihérebentine , ik étendez uniment cette couche d’ raprefllon.

i.° La couche sèche, p’-enez de ïi teinte-dure. Eiîe Ce compote , comme nous venons de ie dire , avec du blanc de c rul’e modcrcment calciné, broyé à l’huile graffiî & détrempé à l’effence. Donnez - en plufieurs couches, chacune à un jour de difl-ance , les laifTant fécher dans un endroit chaud , ou au foleil. On mulriplie ces couches pifqu’à dix ou douze , fuivant que l’ouvrage l’exige ; les fonds unis font ceux qui en exigent davantage.

.° Les couches données Si l’ouvrage bien fec , adoucirez d’abord avec une p :erre-ponce & de l’eau ; enfuite a ec une ferge & de la ponce paffie au tarais de fiie • quand la teinte dure efl bien adoucie , elle doit être unie comme une glace.

. Avec une broffe de poil de blaireau , donnezbien Jég’-reraen : Sr toujous à une chaleur douce , quatre à cinq couches d’un b^au vt riiiî à la laque. Il (e compoie en taiiant fondre au ba»4k- "snarie tro’s onces de gomme -lique plare dans une pinte d’efp’it de- vin. Si l’on avoir de grands fond . de panneaux unis à dorer , on donnerok jufcTu’à dix couchei de ce vernis. ." On laiffis" nicher ces couches. Enfuitenn |>o !it avec de la prêle, puis avec de la porr’e & âa ’ripoli qu’on dé’remoe dans i’eau & dont e|v imbibe un morceau de ferge.

.*’ On d.inne à IV-^vaçe, dans un end-n’t j^udj une couclve de laixiion avec une brofle D O R

très-propre Se très-douce. Cette couche doit être très -unie, & aufîi peu épaiffe qu’il eft polfible. On la donne en adouciffant, .° On connoît le jufl :e degré de ficcité de la mixtion quand elle eft capable de happer : il faut la tâter avec le defTus de la main dans un petit coin de l’ouvrage. Pour dorer k-s grandes parties, appuyez le bord de la feuille, & ouvrez- la à mefure qu’elle s’étend, en prenant fo n qu’elle ne falTe aucun pli : cela s’appelle po/hr au livret. Pofez les feuilles les unes à côté des autres. Les peires parties de l’ouvrage, ou les ouvrages tout compofés de petites parties , fe dorent en appuyant l’or avec du coron. - .® Après avoir laiffé fécher l’ouvrage pendant plufieurs joujrs, & l’avoir épouffeté avec une brofle de blaireau bipn douce , on le couvre d’un vernis à l’or à l’efprit-de-vin. On le pofe au réchaud , comme dans la précédente manière de dorer.

.° Quand il eft fec , on donne plufieurs couches de vernis gras à l’or, laitFant entre chaque couche une diftance de deux jours. Le mieux , quand le temps ik la nature dç l’ouvrage le permetrent , eft de le laiffer expofé au foleil. Les grands fonds de panneaux exigent plus de vernis que les fculptures. Au lieu de vernis gras à l’or, on emploie auffi le vernis blanc de copal. En voici la compofition. Sur une livre choifie de copal fondu, lettez cfjatre. (îx ou huit onces d’huile de lin cuite 5 : dégraiflce. Quand l’incorporation eft faite , retirez votre pot du feu, en reaiDant toujours ; &^ après que la chaleur eftappaifée, jettez-y une livre d’effence de théreben ine de Venife- Pour qu’il fe perfeâtonne, il faiit le pafler par un linge f^ le garder. Plus il eft confervé, plus, il prend de qualité en fe clarifiant.

." Les grandes p3r :ies , telles que les panneaux , fe poiifîent avec une ferge ou un morceau de drap imbibé d’eau mêlée de tripolf. On les luftre avec la paume de !a main , qui doit êire ointe d’un peu d’huile d’olive. Cette forte de dorure /etnplo’e fur leî ou"rages en bois, (^xîrdit d Hart du peintre, do’iur ^ verniTeur , par M. Watik.)

DRESSOIR, C fubft. mafe. ) Inftroraenr de’, graver rs en pierre fines. C’eft tine tili^ue de fer ex’-r’.'mrment polie. & d’-effée a"ec un a irre moi-ceou du même méa ! , fur laquelle "Hadivicît les c ?iloax en Ips Fro : ant avec de l’émeril. {Ancieme Ercyclopédie.) DRILLE, ( fubl. f-ra. ) In Priment qu’t to’irne m^yenrant un ariêï oa un a’che*’, & auquel le fculp :eur adapte un trépan pu^r peroiï le iîurb ;;e.