Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Rites religieux

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RITES RELIGIEUX. On trouve des prêtres dès les temps les plus reculés. Orphée étoit le prêtre de l’expédition des Argonautes. Chrysès, prêtre d’Apollon, est le premier personnage qui paroisse dans l’Iliade. Dans quelques endroits, comme à Syracuse, le sacerdoce s’obtenoit par élection, & ne duroit qu’une année.

Chez les Athéniens, & sans doute ailleurs, il y avoit, sous les prêtres, des ministres subalternes qu’on appelloit parasites, parcequ’ils participaient aux viandes des sacrifices. Les Ceryces, ou Héraults étoient aussi des officiers inférieurs de la religion : ils ordonnaient aux assistans de ne prononcer aucune parole qui pût troubler les prieres ou le sacrifice. De jeunes gens, sous le nem de Nèocores, avaient soin de veiller au bon ordre, à la propreté, à la sureté des temples, & des ustensiles qui y étoient renfermés. On ne peut assurer que les prêtres, & les autres ministres des autels se distinguassent, dans la vie privée, par un habit particulier. Les monumens qui représentent des cérémonies religieuses, ne sont pas antérieurs aux temps où la Grèce fut soumise aux Romains, & l’on ne voit pas que ceux qui offraient le sacrifice eussent un habit qu’on puisse appeller sacerdotal. Un pelage du faux Orphée nous apprend que ce prêtre se revêtit d’une longue robe noire pour célebrer une cérémonie magique. On voit sur un monument romain, la figure affile d’un souverain prêtre, Archiereus, vêtu d’une ès-longue robe & coëffée d’une sorte de capuchon. Une figure de femme, qu’un soupçonne être celle d’une Pythie, parce qu’elle est debout I côté d’un trépied, est vêtue d’une longue robe, attachée d’une ceinture : elle a sur la tête un diadème, & son voile est rejetté en arrière.

Les Romains, suivant l’institution de Numa, avoient deux prêtres de chacune des trente curies. Ils étoient chotts par élection, & le sacerdoce appartint exclusivement aux patriciens, jusqu’à ce que le peuple eut obtenu le droit de participer à toutes les dignités. On élisoit aussi les augures, ce qui prouve que la faculté de prédire l’avenir par le vol des oiseaux a ou par d’autres lignes convenus, étoit une science qu’on pouvoir acquérir & non pas une inspiration. Quant aux Aruspices, qui consultoient sur l’avenir les entrailles des victimes, on les envoyoit étudier leur art en Etrurie.

Les sacrificateurs, au moment de la cérémonie, se voiloient la tête pour i’être point troublés par les distractions que peuvent causer les objets extérieurs. A Rome, ils se couvroient la tête d’un pan de leur toge, & en Grèce, d’un pan de leur manteau. Souvent ils avoient une couronne de fleurs ou de feuilles : ils avoient en main une patere, sorte de soucoupe dont ils se servoient pour faire des libations sur la victime. On voit sur plusieurs bas-reliefs, & entre autres sur la colonne Trajanne, des sacrificateurs qui ont la tête nue & sans couronne.

Les Temples étoient le plus souvent des édifices quarrés-longs ; il y en avoir cependant de ronds : on y déposoit quelquefois les armes prises sur les ennemis, on les ornait les jours de fêtes de festons & de guirlandes ; la statue de la divinité à laquelle le temple étoit consacré, étoit placée à l’Orient, du côté oppose à la porte.

Il n’est pas inutile aux articles de (avoir qu’ordinairement les temples de Jupiter, de Renon, de Minerve étoient bâties sur des lieux élevés : ceux de Mercure, dans le marché ; ceux d’Apollon, ou de Bacchus, près du théâtre ; ceux de Mars, hors de la ville ; ceux de Vénus, aussi hors de la ville, mais près de la porte. Cet usage n’étoit cependant pas généralement observé. On ne doit pas donner de bases aux colonnes des temples antiques.

Les autels des anciens éroient toujours isolés, & formoient plutôt un meuble qu’une partie du temple. Ils n’avoient pas, comme ceux de nos eglises, la forme d’une longue table ; mais ils étoient ronds, triangulaires, ou quarrés : des bas-reliefs les décoroient : ils étoient creusés dans leur partie supérieure, parcequ’ils devoient contenir du feu. En un mot, un autel étoit une pierre, d’une forme indéterminée, mais dont la hauteur surpassoit le diametre, & dont la partie supérieure était creusée dans la forme d’un bassin rond. Le reste dépend du goût de l’artiste, pourvu que ce goût ne soit pas trop contraire à celui de l’antiquité.

Le trépied étoit aussi un bassin, mais en métal, & comme son nom le témoigne, il était porté sur trois pieds. Ces pieds n’étoient quelquefois que des montans de fer, & quelquefois ils étoient très-riches & très-ornés. Le trépied était ordinairement destiné à contenir l’eau dont on lavoit les entrailles des victimes, ou les liqueurs des libations. Celui qui servoit de siège à la Pythie de Delphes avoit


comme on sait, un autre usage ; le fond de bassin devoir être percé pour recevoir la vapeur souterraine qui donnait à la prêtresse des convulsions prophétiques.

Quelquefois on offroit des trépieds à Apollon. Les Grecs, vainqueurs des Perses, reservèrent la dixme du butin pour un trépied d’or qu’ils consacrèrent à ce Dieu dans le temple de Delphes.

Dans les temps de la très-haute antiquité, les sacrifices n’etoient point sanglans ; on faisoit bruiler des parrums sur les autels. Dans les temps postérieurs, il y eut des sacrifices sanglans dans lesquels on égorgeoit les victimes, & des sacrifices ron-sanglans dans lesquels on se contentoit de faire aux Dieux des offrandes. Chez les Grecs, de jeunes filles de différens âges assistaient à ces cérémonies, & y remplissoient différentes fonctions ; telle étoit celle de Canefore, ou porteuse de corbeilles, & elle était remplie par une fille déja nubile. Chez les Romains, ces ministères inférieurs étoient exercés par de jeunes garçons qu’on nommoit Camilles, Le Roi présidoit sur les prêtres, dans les temples des Dieux, & son épouse, avec le titre de reine des sacrifices, dans ceux des Déesses. Dans le tableau de la noce Aldobrandine, on la voit ceinte d’une couronne radiale.

Les cérémonies sacrées étoient accompagnées de chants soutenus du son des instrumens. C’étoit ordinairement des femmes qui jouaient de la double flotte chez les Grecs, & des hommes chez les Romains. Ces femmes Grecques, employées dans des actes religieux, étoient cependant des courtisannes. Ces hommes & ces femmes étoient sujets à acquérir un excessif embonpoint, parce qu’appellés journellement à des sacrifices, ils s’y gorgeoient des chairs des victimes. Cet embonpoint se remarque darfs quelques monumens antiques.

Il ne faut pas composer indifféremment de toutes sores de plantes les couronnes des sacrificateurs. Le hètre, & le chêne étaient consacrés à Jupiter & à Diane, le laurier à Apollon, le peuplier à Hercule, les pampres à Bacchus, le cyprès à Pluton, le pin à Cibèle, l’olivier à. Minerve, les roseaux à Pan, le myrrhe à Vénus, le narcisse à Proserpine, le frêne a Mars, le pourpier à Mercure ; te pavot à Cérès, l’ail aux Dieux Pénates, l’aune & le cèdre aux Euménides, le palmier & le laurier aux Muses.

Les Néocores préparoient les autels, apportoient les vases, tenoient l’encens, portoient des torches de bois résineux, rangeoient la bois des bûchers, étoient chargés enfin de toutes les fonctions du ministère inférieur. Les victimaires ou Popes, etoient des valets de sacrifices : seulement vêtus d’une espèce de courte jupe, ils amenoient, ils tenoient la victime, ils portoient la hache dont elle devoit être frappée, &c.

Indépendamment des sacrifices solemnls, les anciens offroient des sacrifices privés. Le chef de la famille faisoit alors les fonctions de pontife ; ses enfans, ses esclaves étaient les Néocores, les victimaires. Quelquefois on immoloit un animal : ce sacrifice étoit suivi d’un repas auquel on servoit la victime, & on en envoyait des morceaux à ses amis. On peut dire en général que tout grand repas étoit précédé d’un sacrifice dans lequel on immoloit les animaux destinés au festin, & de méme que tout sacrifice étoit suivi d’un repas dans lequel on consommoit les chairs des victimes. Quelquefois dans un acte de dévotion privée, on se contentoit de faire aux Dieux des offrandes de fruits, de fleurs, de gâteaux. Comme en général les bas-reliefs antiques représentent des sacrifices privés, offerts par les Empereurs Romains ; on ne doit pas être surpris de ce que les monumens nous donnent peu d’instructions sur les habits particuliers aux Prêtres. C’étoit alors les Empereurs qui faisoient les fonctions sacerdotales.

Cependant des bas-reliefs de la Villa Nédicis, nous ont conservé le costume des Flamines. Leurs têtes couronnées de feuilles de chêne, sont voilées. Ils sont vêtus d’un habit long que recouvre un très-long manteau. L’un d’eux tient en main une branche de chêne. Les prêtres de Mars étoient coëffé d’une sorte de casque qu’on nommoit galerus, & qui étoit surmonté d’un cimier long qu’on nommoit apex. Les prêtres Saliens, consacrés à Jupiter, avaient une coëffure à-peu-près semblable ; un plastion d’airain leur couvroit l’estomac ; ils tenoient de la main gauche un de ces petits boucliers qu’on nommait ancilia & de la droite une courte pique ou une épée. Leur casque était revêtu de la peau d’une victime blanche, & portoit l’image de la foudre ; celui des prêtres de Mars était orné de têtes de taureaux ou de béliers.

On représente ordinairement les Luperques nuds, & n’ayant qu’une peau de chèvre autour des reins. Suivant Denys d’Halycarnasse, ils étaient couverts depuis les reins jusqu’en bas, de peaux de victimes récemment immolées. Il se découpoient les chairs avec des couteaux, ils faisoient des incisions au front des jeunes gens, qui vouloient s’associer à leurs superstitions, & essuyoient le sang avec des étoupes trempées dans du lait. Ils couroient les rues & les chemins comme des forcenés, armés de fouëts de peau de chèvre dont ils frappoient tous ceux qu’ils pouvaient atteindre. Les femmes venaient d’elles-mêmes s’offrir à leurs coups, & leur croyoient la vertu de les


rendre fécondes. Leurs fonctions ne duroient qu’autant que les fêtes nommées Lupercales.

Le temps a respecté quelques monumens antiques représentant des vestales. Elles sont vêtues de longues robes dont les manches, qui ne descendent que jusqu’au coude, sont ouvertes en dessus, & attachées avec des boutons. Sur cette longue robe, contenue ; par une ceinture, elles ont une tunique fort courte, leur voile ne leur couvre point le front ; il est attaché sur le sommet de la tête, & flotte sur le dos. Elles n’étoient point assujetties à le porter toujours, puisqu’on connoît une figure antique de vestale qui n’en a point, & dont les cheveux sont liés par une bandelette. Comme on leur voit aussi constamment les cheveux également séparés des deux côtés, on peut croire que ce costume étoit une obligation de leur ordre. Si une figure des jardins Médicis représente en effet une vestale, elle nous apprend que ces prêtresses portoient quelquefois par dessus leur longue robe, un très ample manteau. Elles jouissoient d’une fort grande liberté, & l’on peut croire qu’il ne leur était pas interdit de varier leur parure.

Nous avons parlé des autels & des trépiés : nous devons faire connaître les autres instrumens des sacrifices.

Une sorte de coffret nommé acerra servoit à dépoter l’encens & les autres parfums. La forme n’en était point déterminée, mais il paroît qu’ils étaient toujours portés sur des pieds. On en connaît de bronze, ce qui n’excluait pas des métaux plus précieux. Il paroît d’ailleurs que souvent le travail l’emportait sur la matière. Ces coffrets étoient portés par les Officiers subalternes, les Néocores, les Camilles, & peut-être, dans la Grece, par les Vierges.

C’étaient elles qui, dans les fêtes de Cérès, portoient toujours la corbeille dans laquelle étoient renfermés les mystères. Cette corbeille étoit couverte, puisque ce qu’elle contenoit devoit être caché aux yeux des assistans. La Canéfore la portait sur la tête.

Le Thymiaterion des Grecs, le Thuribulum des Latins faisoit à peu-près l’office de nos encensoirs, & servoit de même à btûler de l’encens. Celui que la Chausse a publié, mais qu’il ne garantit pas qui ait servi dans les cerémonies religieuses des anciens, est une sorte de boëte ronde, à peu-près semblable, pour la forme, aux bassins de nos bassinoires, mais portant sur quatre pieds ; le couvercle est percé de plusieurs trous, pour conserver au feu son activité & pour donner issue à la vapeur de l’encens. Une chaîne attachée aux deux côtés de cette boëte par des anneaux ne pouvoit servir à balancer l’encensoir comme on le fait aujoud’hui : & l’on peut croire que le Thuribulum n’étoit qu’une cassolette.

On prenait l’encens avec des petites cuillers à peu-près semblables à nos cueillers à café : mais le cuilleron en étoit plus, large, & le manche se terminoit en pointe, ou par une boule, ou quelquefois par une tête. Quelques, unes de ces cuillers étoient en forme de pêle comme nos cuillers à sel.

Le Præfericulum, que des ministres inférieurs portoient dans les cérémonies, étoit une sorte d’aiguière, avec une anse opposée au côté du goulet. D’ailleurs cette aiguiere, plus ou moins riche, avoit différentes formes & était différemment ornée. Un bas-relief prouve qu’on s’en servoit, au moins quelquefois, pour verser le vin dans la patère.

On appelloit disque, (discus) un plat dans lequel on mettoit les chairs de la victime dépecée.

Les aspersions d’eau lustrale étoient en usage chez les anciens comme celles d’eau benite parmi nous. Pour donner à l’eau lustrale une sorte de consecration, on y trempoit un tison du foyer qui avoit servi à brûler la victime. On se servoit pour asperger les assistans, d’une sorte de goupillon fait de crins de chevaux, lié a un manche. On n’est pas sûr de connoître la forme du vase qui contenoit l’eau lustrale. On a cru que certains vases antiques en forme de têtes d’hommes ou de femmes étoient destinés à cet usage : mais leur ouverture étroite ne paraît pas s’accorder avec cette opinion. D’ailleurs ces vases sont surmontés d’une anse mobile, comme les bénitiers portatifs dont on se sers dans nos processions & aux enterremens. Il y avoit aussi, à l’entrée des temples, des vases pleins d’eau lustrale, dont le peuple s’aspergeoit lui-même, comme les fidèles prennent de l’eau bénite en entrant dans nos églises. Ils s’élevoient à hauteur d’appui, & se terminoient par un bassin dans equel l’eau étoit contenue.

Les pateres étoient de différentes formes, de differentes capacités, & servoient à différens usages. C’étoit avec une patère qu’on faisoit des libations sur la tête des victimes qu’on se préparoit à immoler, c’étoit dans des patères qu’on en recevoit le sang. Toutes étoient rondes, on du moins arrondies, & plus ou moins creuses. Quelques unes avoient un manche. On en connoît qui ont la forme de coquilles. Si l’on n’en trouve que de bronze ou de terre cuite, on peut croire que celles qui étoient d’une matière plus précieuse ont changé de forme dans les mains de gens qui aimoient mieux l’or ou l’argent que l’antiquité.

Les cages où les Romains renfermoient les poulets sacrés étoient quarrées & portoient sur


quatre pieds : la partie antérieure s’ouvroir par deux portes garnies d’un treillage.

Le linius ou bâton des augures se recourboit comme les crosses de nos évêques. Cétoit originairement le bâton des pâtres : il est probable qu’on lui a donné cette forme parce que Faustulus, qui prédit les destins de la ville de Rome, étoit en même temps augure & berger.

Le maillet dont on ah assommoit les victimes étoit un lourd morceau de métal de forme ovale ; il s’adaptoit par son plus petit diametre au manche qui servoit à le manier. On égorgeoit aussi les animaux avec des couteaux, renfermés dans un étui fait dans la forme d’un U. Il paroît que plus souvent, on frappoit les victimes avec une hache. Mais on se servoit du côté opposé au tranchant, & il étoit assez massif pour tenir lieu de maillet. Quelquefois on les perçoit avec des poignards. Toutes ces armes doivent étre d’airain quand il s’agit des siècles fort reculés, & surtout des temps héroïques, parce qu’on n’avoit pas encore l’usage du fer.

Les candélabres ou chandeliers ne pouvoient différer essentiellement de la forme des nôtres ; on en voit qui sont très-ornés : au lieu de se terminer comme chez nous par une bobeche qui reçoit une bougie, ou par une pointe qui entre dans la bale d’un cierge, ils se termi noient par un vase en forme d’urne que l’on remplissoit d’huile, ou de suif, & au haut duquel on adaptoit des mêches : c’étoient plutôt des lampes, ou lampions, que de véritables chandéliers.

Il faut connoître quelles victimes étoient offertes le plus ordinairement aux différentes divinités, quoique les anciens nous offrent bien des variétés dans ces usages.

On offroit à Cybele, mère des Dieux, une truie pleine ; on lui faisoit aussi des offrandes de pommes de pin qu’on portoit en procession. On immola aussi sur ses autels des taureaux & des beliers. Cette Déesse étoit la même que Tellus, la Terre.

Il étoit contraire aux loix sacrées, dans les temps anciens, d’immoler des taureaux à Jupiter : cependant on lui en sacrifia dans la suite ; ou lui offroit aussi des béliers.

Junon étoit honorée par des sacrifices de vaches, de génisses, d’agneaux femelles.

Le taureau étoit consacré à Neptune ; c’etoit la victime qui lui étoit la plus agréable. On lui sacrifia aussi des agneaux.

On offroit à Pluton des taureaux noirs, parés de bandelettes noires. En général, on choisissoit des victimes noires pour les Dieux infernaux. C’étoit des vaches noires qu’on immoloit à Proserpine. Dans les sacrifices magiques, on immoloit des chiens à Hécate.

Le porc étoit sacrifie en l’honneur de Cérès.

Le principale victime offerte à Apollon étoit un jeune taureau, dont les cornes étoient dorées. On lui sacrifioit cependant aussi des chêvres, des boucs & des brebis.

Les taureaux, les chevaux étoient des victimes agréables au Dieu Mars.

Minerve recevoit des sacrifices de taureaux & d’agneaux : mais on ne lui offroit pas de chêvres.

La chasseresse Diane étoit honorée par des sacrifices de cerfs & de vaches.

A Bacchus, on sacrifioit des boucs, des brebis, & même des porcs, parce que ces derniers animaux gâtent les vignes.

Le porc étoit aussi offert à Hercule : & le bouc, au Dieu Pan.

Vénus recevoit des sacrifices de toutes sortes d’animaux, excepté des porcs.

Les riches sacrifioient aux Dieux Lares un jeune taureau, & les gens peu aisés un agneau femelle.

Le coq étoit consacré aux sacrifices d’Eseulape.

On voit par un bas-relief publié dans l’Admiranda, que le taureau conduit au sacrifice a sur la tête une sorte de diadême. Dans la colonne trajane, les taureaux ont sur le dos une pièces d’étoffe longue & étroite, à peu-près comme nos étoles. En général les victimes étoient parées de fleurs, de feston, de bandelettes.

Quoique nous n’ayons parlé que de quadrupedes entre les victimes, on offroit aussi en sacrifice toutes sortes d’oiseaux. On voit dans l’Admiranda un sacrifice de fruits qu’une prêtresse ou un galle offre à Cybele. Une femme joue de la flute double, une autre frappe le tympanon, instrument consacré à cette Déesse.

Les plus somptueux sacrifices que l’on offrît au Dieu Mars se nommoient Suovetaurilia : parce qu’on immolait à la fois un porc, un bélier & un taureau. C’est probablement à tort qu’on les a confondus avec les Solitaurilia, dont parlent Caton & Festus, & qui, suivant le dernier, consistorent dans le sacrifice d’un seul taureau. Les Suovetaurilia étoient destinés à la lustration ou purification des champs, des villes, des armées, des camps militaires. On faisoit faire processionnellement aux victimes le tour de ce qu’on vouloit purifier. Le porc marchait la premier, le bélier suivoit, & lui-même précédoit le taureau. Chaque victime étoit conduite par un victimaire.

On voit sur la colonne trajane deux représentations de Suovetaurilia. Dans l’une le verrat


& le taureau ont sur le dos une espèce d’étole terminée par des franges. Dans l’autre le taureau seul a cette étole, & le verrat a sur le dos une guirlande de feuilles, mais dans toutes doux le bélier n’a ni étole ni guirlande. Le sacrificateur, qui est l’empereur Trajan lui-même, est vêtu de la toge & a la tête voilée, tandis que, dans d’autres sacrifices, il a la tête découverte, & n’est vêtu que d’une tunique, recouverte d’une chlamyde.

On voit sur l’un des bas-reliefs de Constantin, le même empereur offrir à Mars un sacrifice non-sanglant. Il a la tête voilée, mais au lieu de toge, il n’a par dessus sa tunique qu’une chlamyde : d’un main il tient une pique, & de l’autre une patere de laquelle il verse du vin sur un autel enflammé.’Trois guerriers l’accompagnent, tous en tunique & en chlamyde, & tous armés d’une pique. L’un d’eux touche l’autel. (Extrait de l’antiquité expliquée de Bernard de Montfaucon.)


Fêtes des Grecs.


Il peut être utile aux artistes de connoître les principales fêtes des Grecs, celles qui peuvent fournir des sujets à leur art. Nous les disposerons par ordre alphabetidue.


ADONIA, ou fêtes d’Adonis. Elles étoient lugubres & rappelloient la douleur que Vénus avoir éprouvée lorsque ce pasteur qu’elle aimoit fut tué par un sanglier. Les femmes, à l’imitation de la Déesse, pleuraient & poussoient des gémissemens. Elles portoient des figures avec les mêmes cérémonies qui étoient employées dans les funérailles des morts, & chantoient des airs qui répondoient à la tristesse dont elles feignoient d’être affectées Ces chants étoient accompagnés de petites fluttes qui rendoient un son plaintif. Les femmes de Biblos se frappoient le visage & la poitrine & se faisoient râser les cheveux. On honoroit Adonis par des offrandes de tous les fruits de la terre. Après l’avoir pleuré pendant un jour, on se réjouissoit le lendemain de sa résurrection. Cette fête se eélébroit dans le temps des semailles.


Amphidromia. Ce n’étoient point des fêtes publiques, mais des réjouissances privées que les citoyens célèbroient dans leurs maisons, ou plutôt c’étoient des cérémonies d’usage qui se faisoient dix jours après la naissance d’un enfant. On le portoit en courant autour du foyer, on lui donnoit le nom qu’il devoir conserver toute sa vie, on recevoit de ses amis des félicitations & des présens, & la fête se terminoit par un sacrifice aux Dieux & par un repas. On le célèbroit pendant la nuit.

Apaturia les Apaturies se célèbroient à Athènes pendant trois jours. On a prétendu que leur nom venait d'un mot qui signifioit tromperie, & rappelloit la maniere dont Melanthus, roi d'Athènes, trompa Xanthus roi de Béotie : niais doit-on croire qu'un peuple ait institué une fête pour perpétuer le souvenir honteux de la fourberie d'un ses rois : surtout lorsque les détails de cette fête n'y ont aucun rapport. Il est bien plus probable que le mot apaturie signifioit l'assemblée des pères. Cette fête duroit pendant trois jours. Le premier jour, les membres d'une même tribu se rassembloient sur le soir, & célèbroient leur réunion par un festin : ce jour se nommott Dorpia da mot grec qui signifie souper. Le second se nommoit anarrhysis, & ce nom marquoit assez qu'il étoit consacré à des sacrifices ; ces sacrifices s'adressoient à Jupiter Fratrius, c'est-à-dire protecteur de l'union des tribus, & à Minerve. Le troisième nommé coureôtis étoit celui où les pères saisoient inscrire dans les tribus ceux de leurs enfans qui entroient en âge de puberté. La consécration de ces enfans dans l'ordre des citoyens se saisoit en leur coupant les cheveux qu'ils avoient laissé croître jusqu'à cet instant. On consacroit ces dépouilles à quelque divinité, le plus souvent à Apollon. Les pères, en cette solemnité, se plaisoient à faire briller l'éducation de leurs enfans ; & leur faisoient chanter & expliquer les plus beaux vers de différents poëtes.


Ascolia, fête Athènienne en l'honneur de Bacchus. Cette fête, ou plutôt ce jeu se célèbroit à la ville, sur le théâtre, & à la campagne dans la prairie. On enfloit une outre faite de peau de bouc, animal qu'on sacrifioit à Bacchus ; on frottoit cette outre d'huile ou de graisse pour la rendre plus glissante ; les jeunes gens sautoient dessus d'un seul pied, & leur chûtes fréquentes saisoient rire les spectateurs.


Brauronia ; fête ainsi nommée d'un bourg de l'Attique nommé Brauron, dans lequel Iphigénie, ayant pris la fuite de la Tauride, déposa la statue en bois de Diane à laquelle elle avoit été si longtemps contrainte d'immoler les etrangers. Les Rhapsodes, vêtus d'une longue robe, ayant en tête une couronne d'or & une verge à la main, chantoient à cette fête l'Iliade d'Homère. On y sacrifioit une chêvre à Diane. Mais ce qui rendoit cette solemnité plus piquante, c'étoit que les jeunes filles, âgées de cinq ans au moins & de dix au plus, y étoient initiées au culte de Diane. Il falloit avoir été admise à cette initiation avant de contracter les nœuds du mariage. On ra-


contoit qu'une ourse apprivoîsée avoit vécu longtemps paisible dans cette tribu, mais qu'elle déchira enfin une jeune fille qui l'avoit irritée, & fut tuée par les frères de celle à qui elle avoit donne la mort. Les Athéniens furent alors attaqués de la peste, & appritent de l'oracle qu'ils ne verroient la fin de leurs maux qu'après avoir consacré quelques unes de leurs filles à Diane. On appelloit ces jeunes filles des ourses ; elles étoient vêtues d'un manteau flottant de couleur jaune.


Caneforia, fête en l'honneur de Diane, pendant laquelle les filles qui se préparoient à se marier offroient à Diane, dans des corbeilles, les plus beaux ouvrages de leurs mains. Cette offrande avait deux motifs ; l'un d'appaiser Diane, déesse protectrice de la virginité : l'autre de se la rendre favorable, parce qu'elle procuroit aux femmes de doux accouchemens, & que c'était elle qui les frappoit de morts subites. Je n'oserai décider si c'étoit à cette fête que l'on portoit une quenouille sur un char en l'honneur de Diane.


Daphneforia, fête célèbrée tous les neuf ans en Béotie, en l'honneur d'Apollon & dont voici la principale cérémonie. Un jeune homme, ayant encore père & mère, remplissoit les fonctions de prêtre. Un autre jeune homme le suivoit & portoit une branche d'olivier. Au haut de cette branche étoit une boule d'airain d'où pendoient d'autres boules plus petites, & au milieu de la branche étoit une autre boule d'une moindre circonférence que celle d'en haut, à laquelle étoient attachées des bandelettes couleur de pourpre. La branche étoit ornée de toutes sortes de fleurs, & entourée par le bas d'un morceau d'étosse jaune. La sphère supérieure désignoit le soleil, celle de dessous la lune, les petites sphères représentoient les planetes & les étoiles fixes, les bandelettes au nombre de trois cent soixante & cinq, les jours de l'année ; la pièce d'étoffe jaune désignoit la lumière dorée du soleil. Le jeune homme qui portoit la branche avoit les cheveux épars, la tête ceinte d'une couronne d'or, & étoit vêtu d'une robe brillante qui lui flottoit sur les talons. Une sorte de procession suivoit ; elle étoit formée par de jeunes vierges qui portoient des branches d'olivier.


Délia, fêtes de Délos instituées par Thésée en l'honneur d'Apollon : elles attiroient de toute la Grece un concours extraordinaire. Thésée revenant de Crete, où il avoit délivré les jeunes gens donnés en tribut pour être dévorés par le Minotaure, s'arrêta à Délos, & y consacra une statue de Vénus, que l' oracle de Delphes lui avoir ordonné ter avec lui comme protectrice de son entreprise. Lui-même, à la tête de la jeunesse qui l’accompagnoit, conduisit la danse religieuse qui faísoit partie de cette. institution sacrée. Les Grecs continuerent de célébrer l’anniversaire de cette fête, & ils, s’y croyóient obligés par un vœu de Thésée. Les députés qu’ils envoyoient à Délos pour remplir ce vœu, se nommaient Déliastes. Ils montaient le même navire qui avoit porté Thésée, & qui sut conservé pendant quatre siècles, jusqu’au temps de Démétrius de Phalère. L’autel d’Apollon Délien étoit compté entre les sept merveilles du monde ; il étoit construit de cornes de chêvres si bien entrélassées ensemble, que sans aucun lien, sans aucun ciment, il étoit de la plus grande solidité. On prétendoit que c’étoit Apollon lui même qui l’avoit construit, à l’âge de quatre ans, des cornes des chêvres que sa sœur Diane avoit tuées à la chasse. Le poëte Callimaque ajoute que le Dieu avoit aussi employé des cornes pour les fondemens & les murailles du temple.

Pendant la fête, les assistans en formant des danses autour de l’autel, se frappoient avec des fouets, & mordaient une branche d’olivier en se tenant les mains derrière le dos. Ils se partageoient en trois chœurs, l’un d’hommes faits, l’autre de femmes & le dernier de jeunes gens ; tous, dans leur danse, imitoient les détours sinueux du labyrinthe. Les musiciens se rendoient à cette solemnité pour y faire assaut de leur art, & les Athéniens ajourèrent dans la suite aux autres jeux des courses de chars.


Dionysia, fêtes de Bacchus, qu’on appelloit aussi bacchanales. Elles se célébroient dans un bourg nommé Limnœ. Le pontife de ce culte portoit le titre de roi ; c’étoit lui qui faisoit les sacrifices : sa femme, avec le titre de reine, avoit soin des mystères, qu’il étoit interdit aux hommes de voir, dont ils ne pouvoient même entendre parler. Quatorze femmes, choisies par le roi, faisoient les fonctions de prétresses. Malgré la mauvaise réputation de ce culte, le roi ne pouvoit épouser qu’une vierge, & il auroit été dépouillé de sa dignité, si la chasteté de sa femme fût devenue suspecte. Lui-même étoit élu par le peuple entre les citoyens de la meilleure réputation. On célébroit les grandes bacchanales au commencement du printemps.

Les petites bacchanales le célébroient à la campagne, dans l’hiver, pendant le mois de Janvier. Les Lénéiennes, ou fêtes du pressoir se célébroient en autonne.

On sait que dans les grandes bacchanales on porcit des thyrses, c’est-à-dire des lances


enveloppées de lierre, dont l’armée du dieu avoit fait usage dans l’Inde pour tromper les habitans. Les cymbales, les fluttes, les clochettes, les tympanons semblables à nos tambours de basque, étoient des in strumens d’usage dans ces solemnités. Elles se célèbroient pendant Ila nuit ; les bacchants & les bacchantes, tenant des flambeaux allumés, couroient dans la ville comme des gens furieux d’ivresse. Les mystères étojent renfermés dans des corbeilles. Plusieurs bacchants, pour imiter Bacchus lui-même dans son expédition de l’Inde, se couvraient de peaux de tygres & se ceignoient la tête de bandelettes. Ces fêtes se nommoient Orgies par excellence, quoique ce nom appartînt en général toutes les solemnités religenses. Les initiés, le corps entouré de serpens, mordoient les entrailles des victimes pour imiter l’action de gens furieux. Ces fêtes se célébroient dans les temps anciens avec simplicité : la gaieté, quelques amphores de vin, des branches de lierre, un bouc qu’on promenoir en cérémonie, quelques figures que l’on portoit dans des corbeilles, en faisoient les frais. Mais dans la sitire on y porta des vases d’or & d’argent, on s’y montta vêtu des plus riches habits, masqué & trainé sur des chars magnifiques : ce qui n’empêchoit pas qu’on ne vit toujours des hommes déguisés en satyres ou en silences, & montés sur des ânes, traînant des boucs qu’ils destinoient au sacrifice. Tous se permetoient les mouvemens les plus lascifs, jettoient la tête en arrière, & remplissoient l’air de leurs cris : à la suite de cette procession tumultueuse venoient les provisions. On voyoit d’abord des vases remplis d’eau. De jeunes filles, des familles les plus distinguées, portoient, dans des corbeilles, les prémices des fruits. Mais d’autres corbeilles renfermoient les choses sacrées & secrettes, dont la vue n’étoit permise qu’aux initiés. Après les jeunes vierges porteuses de corbeilles, venoit un spectacle affensant pour la pudeur : c’étoient les phallus, imitations des parties viriles, que des hommes portoient avec solemnité suspendus à de longues perches ; un chœur de chantres les suivoit. On voyoit ensuite les Ityphalles, ayant des masques qui représentoient l’ivresse, des couronnes sur la tête, des robes de femmes.


Eleusinia, fêtes ou mistères d’Eleusis, bourg de l’Attique, dans lequel on prétendoit que Cèrès avoit enfin trouvé sa sille, & avoit institué elle-même les mystères & les initiations. Les Athéniens y firent construire un temple magnifique. Les secrets de ces fêtes, cachés avec soin par les initiés, sont devenus impénétrables. On en connoît seulement quelques cérémonies extérieures. L’hierophante, pontife de cette solemnité, & celui qui communiquoit aux initiés les mystères, représentoit le créatéur de tout ce qui existe ; le porteflambeau, le soleil ; le ministre de l’autel, la lune, & le héraut, Mercure. Chacun d’eux portoit l’image de ces divinités dans la marche qui se faisoit d’Athênes à Eleusis. Cette marche etoit interrompue par des repos, pendant lesquels on chantoit des hymmes, on faisoit des sacrifices. Le principal repos étoit sur le pont du Céphise. Les femmes, montées sur des chars, disoient des injures aux passans, comme on se plaît encore à en dire & à en recevoir dans les voitures d’eau.


Ephesta, fête célébrée à Ephese en l’honneur de Diane : elle étoit annuelle. Les jeunes garçons & les jeunes filles, dans leur plus grande parure, alloient en procession de la ville au temple de la Déesse. C’étoit un jeune homme qui remplissoit les premières fonctions du sacerdoce. On portoit des flambeaux, des parfums dans des cassolettes, les mystères renfermés dans des corbeilles ; d’autres corbeilles qui contenaient les offrandes ; on voyoit des chevaux, des chiens, des équipages de chasse. Une foule d’Ephésiens & d’étrangers accouroient à cette solemnité. C’étoit sur-tout à cette fête que l’on choisissoit des époux aux jeunes filles, des épouses aux jeunes hommes. La statue de la déesse étoit vêtue d’une robe retroussée à la manière des chasseresses, & avoit un grand nombre de mamelies.


Gamélia, cérémonie dont s’acquittoient les futures épouses avant la célébration du mariage. Elles faisoient un sacrifice auquel assistoient les personnes qui étoient de la même tribu. Ce sacrifice s’adressoit à Junon, à Vénus & aux Graces.

Hecatesia, fête en l’honneur d’Hécate. Les Athéniens avoient coutume d’ériger devant leurs portes, à cette déesse, des statues à trois têtes, & tous les mois, le jour de la nouvelle lune, l’es riches lui faisoient servir dans les carrefours un repas que les pauvres man geoient, & l’on disoit qu’il avoit été mangé par la déesse. On lui sacrifioit des chiens.


Lampadophories, cérémonie en l’honneur de Minerve, de Prométhée & de Vulcain qui avoient en commun un temple hors d’Athênes, dans l’endroit nommé académie. A l’entrée de ce temple, on voyoit sur une même base les figures de Prométhée & de Vulcain : le premier plus âgé portant un sceptre ou bâton. Cette fête étoit fort gaie ; un prix étoit proposé à ceux qui arriveroient à certain but en courant, sans éteindre leurs lampes. Plusieurs


rallentissoient leur course pour les conserver allumées : mais les assistans, pour les hâter, les frappoient en riant sur le ventre, sur les flancs, sur les fesses. Ceux dont la lampe s’éteignoit, étoient obligés de se retirer du concours.


Oschophoria, fête instituée par Thésée en l’honneur de Bacchus, & en mémoire de ce qu’après avoir délivré ses citoyens du tribut de jeunes garçons & de jeunes filles qu’ils s’étoient obliges de livrer aux Crétois, il rentra dans sa patrie au temps de la vendange. On choisissoit deux jeunes gens des familles les plus distinguées par ! a naissance & par la fortune : vêtus de robes de femmes, ils portoient des branches chargées de grappes de raisins, & ouvroient la fête. C’étoit une commémoration de la ruse employée par Thésée qui, pour tromper les Crétois, habilla en filles de jeunes hommes courageux. Ils étoient suivis d’un chœur de jeunes gens qui chantoient des vers relatifs à la solemnité ; tous devoient être de bonnes familles & avoir encore père & mere. La procession partoit du temple de Bacchus pour se rendre à celui de Minerve surnommée Sciras. On choisissoit ensuite dans chaque tribu des jeunes gens qui se disputoient le prix de la course. Le vainqueur recevoit un vase dans lequel il y avoit du vin, du miel, du fromage, de la farine & un peu d’huile. La fête se terminoit par un repas. Les mêts étoient apportés par des femmes pour rappeller le souvenir des mères qui, obligées d’envoyer il Créte leurs enfans en tribut, leur donnoient, en les quittant, quelques provisions pour le voyage.


Panatilénées, fêtes en l’honneur de Pallas. Les grandes Panathénées se célébroient tous les cinq ans, & les petites tous les trois ans. Chaque ville, chaque bourgade de l’Attique étoit obligée, de fournir des bœufs pour cette fête qui se terminoit par un abondant repas. Les jeunes filles brodoient une pièce d’étoffe qui étoit offerte à la déesse & qui représentoit la victoire qu’elle remporta sur les géans, lorsqu’ils se soulevèrent contre Jupiter. Les noms des citoyens qui s’étoient distingués par des services rendus à la patrie étoient brodés sur cette étoffe, & ils regardoient cet honneur comme une récompense de leurs vertus. C’étoient des vieillards choisis & remarquables par leur beauté qui jouoient le grand rolle à cette solemnité ; ils portoient des branches d’olivier. Tous les habitans de l’Attique qui cultivoient des oliviers, étoient obligés, en ce jour de fête, d’en présenter des fruits à la déesse. Cette solemnité avoit un double objet ; de célébrer Pallas comme in inventrice de l’ olivier, & de rappeller le souvenir de l’union de différentes bourgades de l’Attique en une seule cité.

Thalysia, fêtes en l’honneur de Cérès, dans lesquelles on lui offroit les prémices dus moissons.

Thesmophories, Ces fêtes se célébroient pendant trois jours en l’honneur de Cérès, qui, en appellant les hommes à la culture de la terre & à l’état social, leur avoit donné des loix Les Thesmophories étoient célébrées, par les femmes, & le plus profond mystère étoit observe sur ce qui s’y passoit. L’homme téméraire qui se seroit introduit parmi elles, auroit été puni de mort. On ne peut donc rien dire sur ces fêtes. On sait seulement que des femmes choisies entre les plus respectables par leur réputation de vertu, se rendoient à Eléusis portant sur leurs têtes les livres des loix & les choses sacré|)}}es qu’un voile cachoit aux yeux des profanes. (L)