Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Copier

Panckoucke (1p. 153).
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COPIER, faire des copies. Des hommes qui n’ont pas assez de talent tour produire de bons ouvrages, se consacrent a copier les ouvrages des autres : ce sont des copistes. De jeunes artistes copient les bons tableaux pour apprendre à les imiter ; ce sont des étudians, des élèves. Des hommes qui ont un talent déjà formé, copient des ouvrages des grands maîtres polir acquérir, des parties qui leur manquent. Le Poussin a copié le Titien ; Rubens a copié Raphaël : ces exemples semblent prouver que cet exercice rapporte peu de fruit quand on a déjà une manière faite.

Cette pratique de copier, nécessaire aux commençans, ne doit pas être trop long-temps continuée. On risque de se fatiguer à copier servilement les ouvrages des autres. L’ennui seul que cause cet exercice continuel peut dégoûter de l’art. On peut aussi contracter l’habitude de ne voir la nature qu’avec les yeux des autres, & de ne l’imiter en quelque sorte qu’avec le pinceau des autres. Il est à craindre enfin qu’on ne parvienne pas s’approprier les beautés des modèles qu’on copie, mais qu’on prenne leurs défauts, & qu’on les exagère encore. D’ailleurs, il n’est aucun chef-d’œuvre qui dans certaines parties, n’offre ce qu’on peut appeller des lieux communs de l’art, & l’étudiant en tireroit peu d’instruction. Il est d’autres parties qui sont foibles & défectueuses, qui tiennent à la manière propre de l’artiste & non pas à la nature. Il ne suffit pas de prendre pour exemple un bel ouvrage ; il faut en choisir les belles parties.

Si la principale beauté d’un tableau consiste dans l’effet général, on pourra prendre, en quelque sorte, note de cet effet par une esquisse, copier la pensée plutôt que la touche, l’ensemble plutôt que les `détails, & marcher dans la carrière des grands maîtres, sans repasser servilement sur leurs traces. Les facultés de s’engourdissent, quand elles ne sont pas exercées, quand on ne fait d’autre effort que celui de doubler les productions des autres. Nous n’avons fait que retracer dans cet article les conseils que M. Reynolds a donnés aux élèves de l’académie royale de Londres. (Article de M. Levesque.)