Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Ébourgeonner

Définition

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Ébourgeonner ; c'est supprimer les bourgeons inutiles.

Ébourgeonnement ; action de supprimer les bourgeons.

Article

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EBOURGEONNER. Dans le jardinage, c'est l’art de supprimer avec discernement les bourgeons surnuméraires, pour ne lajsser en place que les nécessaires & les plus convenables. C'est de la manière d' ébourgeonner à propos que dépend la belle figure de l'arbre, sa fécondité & sa santé.

L'ébourgeonnement demande encore plus de précaution & d'intelligence que la taille, en ce que l'on peut réparer une taille défectueuse, & que rien ne peut suppléer à un ébourgeonnement vicieux.

A la taille, on rapproche, on resserre, on concentre l'arbre ; à l'ébourgeonnement, au contraire, on ne sauroit lui donner trop d'extension, pour que la sève puisse jouer & travailler à son aise.

Le pêcher a sur-tout besoin d'être ébourgeonné.

En l'ébourgeonnant, il faut tirer du plein au vuide, sans forcer, croiser, ni faire aucune confusion.


Le vrai tems de l’ébourgeonnement est lorsque la pousse du pêcher est à un pied ou quinze pouces, ce qui arrive à la fin de mai, ou au commencement de juin ; il y a danger & inconvénient à le faire plus tôt ou plus tard.

Si on a taillé tard, l’ébourgeonnement se diffère à proportion.

Les poiriers & les pommiers doivent être ébourgeonnés aussi à la fin de mai, ou dans les premiers jours de juin, parce qu'il faut donner le tems aux bourgeons de se former & de se façonner : plus tôt, il est à craindre que la force de la sève ne se jetant ailleurs, ne fasse éclore d'autres bourgeons nouveaux, qu'il faudrait ensuite ébourgeonner ; & cette nouvelle production, occupant la sève, ne travailleroit pas à donner du fruit.

Plus, tard, le même inconvénient se rencontre : la sève, occupée à la nourriture de trop de bourgeons, néglige & laisse avorter le fruit.

Dans le cas où l'arbre n'est point à fruit, il est alors permis de casser.

On peut connoître qu'un arbre sera à fruit l’année prochaine, la suivante, & même la troisième, par le nombre des feuilles & des boutons éclos sur le poirier.

Lorsque vous voyez six, sept, huit ou neuf feuilles sur un bouton, vous pouvez le regarder comme bouton à fruit pour l’année prochaine ; s'il ne s'en trouve que quatre, cinq ou six, cela regarde la seconde année ; enfin, s'il n'y en a que trois ou quatre, c'est du fruit pour la troisième année.

On doit palisser en même tems qu'on ébourgeonne, pour mieux juger du plein & du vuide qu'on doit laisser ; il faut présenter la branche sur le treillage, avant d'ébourgeonner, pour décider de ce qui gêne, de ce qu'il faut supprimer, laisser ou arranger, si elles sont fructueuses, sans jamais rien forcer.

Si une branche fructueuse saillit trop en avant, on la coude un peu, & on l’attache avec le jonc, en demi-cercle.

Il faut, de préférence, commencer à ébourgeonner les arbres qui sont au midi, & les plus vigoureux, laisser pour les derniers ceux des autres expositions, en finissant par le Nord ; il faut même différer de quelques jours l’ébourgeonnement des arbres les plus foibles, les plus vieux, & les infirmes, sur lesquels on ne doit travailler que légèrement.

On doit conserver, tant que l’on peut, les gourmandes, proportionnément à la force de l’arbre, sur-tout aux extrémités, où il ne faut couper aucune gourmande que dans le cas de nécessité absolue.

Lorsqu’il y ën a trop, on en coupe une entre deux ; on abat toutes celles de devant & de derrière, & on palisse les autres.

Il ne faut pas jeter bas, sur les gourmandes qu’on laisse, les petites branches qui poussent à leurs extrémités, mais il faut les palisser, à moins que celles du dessous, quand il y en a plusieurs, ne soient meilleures, ce qui se fait sans retrancher le maître-brin, & qui a lieu, sur-tout à l’égard du pêcher.

On ébourgeonne ensuite toutes les branches irrégulières, infécondes, sans yeux, tortues, chancreuses, gommeuses, mortes ou mourantes, pour ce qui est des petites branches ; car, pour les grosses branches qui seroient mortes, il faut attendre à l’année prochaine ; l’on palisse par-dessus, pour éviter de faire de larges plaies dans le cours de la sève.

On jette bas pareillement toutes les branches T qui ont poussé devant & derrière.

Ensuite on jette bas, sur le pêcher, les bourgeons surnuméraires, quoique branches fructueuses pour les années suivantes, parce qu’il ne faut jamais laisser trop de bourgeons sur un pêcher ; mais on en use autrement, sur les arbres à pépin.

Les bourgeons gommeux, qu’on ne peut ôter, quand ils sont nécessaires, doivent être coupés à un œil au-dessus de la gomme, & nettoyer cette gomme avec de l’eau : on taille de même, à l’ébourgeonnement, toutes les branches, viciées ou malades, qu’on ne veut pas supprimer.

Dans le pêcher, on n’ébourgeonne point les branches qui sont à côté des fructueuses, parce que cela fait avorter le fruit.

En ébourgeonnant, il faut prendre garde de rien abattre avec ses habits.

Pour palisser, il faut bien placer les branches, éviter la confusion & le croisement ; les bien étendre, les bien espacer sur le treillage, en les assujettissant avec l’osier ; ne leur faire aucune contusion en les serrant trop : il ne faut jamais placer le lien sur un œil, ou sur la feuille ; & enfin, ne passer aucune branche ni


bourgeon derrière le treillage, nì autres branches.

S’il naît sur une branche dégarnie un bourgeon, on le palisse doucement le long de cette branche avec du chiffon, coton, ou morceau ie drap., pour qu’il s’étende, & l’année suivante on coupe la branche, si le bourgeon est devenu une gourmande suffisante pour former une branche.

Après l’ébourgeonnement, il faut donner un ratissage,ou léger labour au pied des arbres.