Alphonse Lemerre, éditeur (p. 111-114).

À LA FOIRE


J’ai mangé du tambouret bu de la cymbale.
J. Richepin.



MUSÉE DE CIRE


À Jacques Redelsperger.


Sur le devant de la boutique
On voit un gendarme à ressorts
Qui tourne un vieil orgue asthmatique
Et fait gesticuler son corps.

À l’intérieur c’est la reine
D’Angleterre auprès d’un forçat ;
Tous deux ont la bouche sereine
Et des regards fixes de chat.


La mort du grand poète ensuite :
Victor Hugo dans son cercueil,
L’empereur de Chine et sa Suite
Le contemplent d’un mauvais œil.

Les sinistres tableaux d’un crime :
Premièrement, c’est l’assassin,
Puis le guet-apens, la victime
Avec un couteau sous le sein

Ce qui nous surprend, c’est la pose,
L’éternelle immobilité
Du geste et de la bouche rose
Toute pleine d’aménité.

Ô les vilaines gens en cire !
On dirait des morts maquillés
Que le Barnum pris de délire
A comiquement habillés !