Alphonse Lemerre, éditeur (p. 29-30).

RÉPÉTITION I


À Michel Peter.


Un opéra-comique étrange, asiatique,
Que l’on répète. Dans un ravissant décor
Représentant très bien quelque flore exotique,
Des arbres merveilleux et des pagodes d’or,
S’agitent des acteurs vêtus comme à la ville.
Les costumes n’étant pas prêts, ils ont gardé,
Et le chapeau de paille et le complet d’été ;
Ils paraissent jouer plutôt un vaudeville.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Quand je vis alors la représentation,
— Quoique ce fût une œuvre originale, ardente, —
Je ne pus posséder la moindre illusion,
Tant s’agitait en moi la pensée obsédante
D’avoir connu ces gens si parisiens, avant
Que d’être de brillants Chinois. C’était grotesque,
Lourd, anti-naturel, banal, carnavalesque ;
Fausses barbes et faux Chinois de paravent !

C’est ainsi le théâtre. On sait ce qui se trame
Dans la coulisse et dans le foyer. On a vu
L’acteur ânonner son rôle, gamme par gamme,
Alors plus d’au-delà, plus un sou d’imprévu.