Alphonse Lemerre, éditeur (p. 27-28).

OPÉRA-COMIQUE


À M. Porel.


Le rideau vient de se lever,
Laissant voir une perspective
Charmante et qui donne à rêver :
Un fleuve court, près de la rive
Un clocher se tenant tout droit
À côté de vingt maisonnettes ;
Et ce joli village étroit
S’agrandit au bout des lorgnettes.

Sur la scène, des paysans,
Des fillettes très bien troussées,
En jupons rouges, jaunes, blancs.
Vite des tables sont dressées,

Et tous en chœur : « Du vin ! du vin !
» Car c’est la fête du village ;
» Oui, vraiment, ce vin est divin,
» Goûtons, goûtons à ce breuvage. »

Des cabaretiers gais et gros,
Quand le bailli dit son histoire,
Font semblant de vider des brocs
Pour ceux qui font semblant de boire.
Le jeune seigneur du canton
Arrive encourager son monde,
Touche les filles au menton
Et prend plus d’une taille ronde.

Le jeune seigneur, l’œil brillant,
Chante d’une voix familière
Qu’on accompagne en souriant :
« Vite, vite, emplissez mon verre,
» À nous l’amour et la gaité ;
» Rendons la vie enchanteresse,
» Dans le vin est la vérité,
» Vivent la joie et ma maîtresse ! »