Du principe de l'art et de sa destination sociale/Chapitre XXI


CHAPITRE XXI


Affirmation de l’école critique. — Objections. — Incident personnel.


L’école critique dit : L’art ne s’est occupé jusqu’à présent que des dieux, des héros et des saints : il est temps qu’il s’occupe des simples mortels. A force d’idéaliser, de symboliser, de se chercher des modèles au-dessus de la condition et de la destinée, il a fini par s’entourer de fictions ; il s’est perdu dans le vide. Qu’avait donc l’art à faire de nous autres, misérable humains, tourbe servile, ignoble, disgracieuse et laide ? me direz-vous. — Une chose fort intéressante, la plus glorieuse de toutes : il avait à nous améliorer, à nous aider, à nous sauver. Pour nous améliorer, il faut d’abord nous connaître ; pour nous connaître, il faut nous voir tels que nous sommes, non dans une image fantastique, indirecte, qui n’est plus nous. Grâce à l’art critique, l’homme deviendra miroir de lui-même, et c’est dans sa propre figure qu’il apprendra à contempler son âme. Or, cette exhibition de l’âme humaine exige plus de pénétration, d’étude, de génie, plus de science d’exécution qu’il n’en a fallu à Phidias et à Raphaël pour produire leurs-chefs-d’oeuvre. Qu’on ne dise donc pas que l’avènement de la nouvelle école constitue une décadence. Malgré la multitude des rapins et des croûtes, nous marchons, nous nous dégageons, nous sommes à cent piques au-dessus des artistes de la première Révolution et du premier Empire : chose dont on ne se doute pas du tout à l’Académie des beaux-arts.

C’est étrangement méconnaître la pensée de l’école critique que de croire qu’elle donne les laideurs morales et physiques dont elle fait la peinture pour des beautés sans pareilles, et qu’elle aspire à changer en cela l’opinion des hommes. Elle soutient, chose incontestable, avouée par tous les temps, que le laid, l’horrible même a son rôle dans l’art ; qu’il n’y sert pas seulement à effrayer les imaginations en leur faisant voir les divers degrés de la dégradation morale et physique, et que de pareilles leçons, aujourd’hui nécessaires, exigent de l’artiste une profondeur d’observation, une puissance de synthèse et d’idéalité supérieures.

Songez que nous ne peignons plus des immortels, affranchis de la laideur, comme de la souffrance et de la maladie, supérieurs à toutes les influences du dehors, dont la nature incorruptible et la forme inaltérable ne peuvent jamais avoir qu’une expression, ni par conséquent différer d’elles-mêmes. Il s’agit de créatures passagères, souffrantes, malades, sujettes à l’erreur et au vice, esclaves du péché, et qu’il faut ramener à la santé et à la raison, pour de là les conduire à la vertu. L’artiste a donc pour mandat de les reproduire dans toutes leurs affections, passions et dégradations, comme dans tous leurs perfectionnements. Cette immense variété lui appartient ; elle est de son ressort, et voilà pourquoi, plus l’expression est changeante, plus l’art doit s’éloigner de tout arbitraire.

Si le hasard ou la maladresse seuls présidaient à de telles œuvres, si c’étaient des caricatures ou de simples portraits, assurément l’exécution en serait de peu de valeur, puisque le plus maladroit pourrait y réussir. Mais nous avons observé déjà que ces compositions, sérieuses dans leur idée, ne le sont pas moins dans la forme. Elles ne sont pas des charges, des hyperboles, qui ne demandent qu’un peu de malice dans l’esprit et très-peu d’art dans l’exécution ; ce sont des compositions typiques, prises sur nature, sur plusieurs natures, et reproduites dans une composition rationnelle où la forme laisse deviner l’idée, où la laideur, tout en montrant le vice, laisse deviner encore à la fois la beauté naturelle et la vertu innée ; ce qui rend ces œuvres les plus difficiles de toutes.

On insiste et l’on dit :

Mais quelle nécessité de recourir à ces moyens extrêmes, et quel plaisir, autre que celui d’une énorme difficulté vaincue, l’artiste peut-il se promettre de son œuvre ? Il existe de beaux garçons et de jolies filles dans la classe des paysans : pourquoi ne pas s’en tenir à ces modèles ? Dans la bourgeoisie, le clergé, la magistrature, l’armée, il y a pareillement de nobles visages, comme il y a de grandes vertus et de nobles cœurs. Pourquoi ne pas s’en tenir à ces natures distinguées ? L’humanité peut-elle être trop belle, trop honorée ? Et faut-il que l’homme occupe son talent, sa faculté poétique et imaginative à se rabaisser encore ? Ne vaut-il pas mieux l’encourager par de beaux exemples que l’humilier par l’image du vice ? L’empereur Constantin disait que, s’il voyait un prêtre tomber dans une faute, il le couvrirait de son manteau impérial. Constantin comprenait la vraie pédagogie ; il avait le vrai sentiment de l’art. Mieux vaut excitation que dépression. Beaux modèles que visages de canailles et de damnés ! A quoi bon cet étalage de la vilenie paysanesque, de la graisse bourgeoise et de l’épicurisme clérical ? L’art que vous préconisez est celui de l’enfer ; nous aimerions mieux celui du séjour céleste. Là-bas Tisiphone, dit-on, présente aux réprouvés un miroir où ils se reconnaissent : ce qui les rend à eux-mêmes insupportables ; envoyez-nous plutôt un ange gardien qui nous fasse voir tels que nous pouvons être, et que nous serons en suivant la sagesse.

Ainsi, répliquerai-je à ces critiques, vous n’acceptez l’art que comme une flatterie, un enjolivement perpétuel, un mensonge, et, le mot vient tout seul, une SÉDUCTION ? Ce qu’il vous faut, ce sont des Vincent de Paul se faisant galériens par charité ; des Fénelon bandant les plaies des blessés ; la sœur ou dame de charité apparaissant, comme l’ange de consolation, dans un galetas ; c’est Hippocrate, majestueux, refusant les présents d’Artaxerce ; Lucrèce, plus belle que Vénus même, se poignardant après l’attentat de Sextus ; Sabine entre un robuste Tatius et un jeune et superbe Romulus, faisant tomber les armes parricides ; ce sont des saintes Marguerite ravissantes ; des saintes Cécile charmantes ; des mères de douleur comme Niobé ; des saints Sébastien plus beaux que Mercure, Bacchus et les faunes ; et jusqu’aux volontaires de 92 arrivés en sabots, peignés et musqués comme des ci-devant ! — Que la Fileuse regorge de santé, bien ; mais qu’elle soit élégante, svelte, aérienne comme il convient à la femme, et que l’indique le fil ténu qu’elle tire de ses doigts. — Que la bourgeoise, à quarante ans, soit potelée, si cela vous plaît ; mais que cette beauté charnue rachète ce que l’âge lui a donné de trop par le charme particulier à la rose qui va se défleurir, au fruit qui va bientôt tomber,et qui donnent toute leur saveur et leur parfum. Voilà ce que vous demandez : du fard, des dents fausses, du vermillon, du carmin, des confitures, du raffinage, des compensations, et toujours du mensonge, de la corruption.

Est-ce là l’ouvrier au dix-neuvième siècle ? dites-vous en voyant les Casseurs de pierres. Non, pas tout à fait, assurément ; c’est une des scènes de sa vie, une des fatalités de son existence ; la conclusion d’une vie de travail mal salarié, mal servi par l’intelligence, sans dignité, sans élévation. A cela vous répondez : Très bien. Mais que M. Courbet nous fasse à cette heure, dans sa beauté virile et sa dignité intelligente, l’OUVRIER !

Où voulez-vous qu’il le prenne ? Un ignorant vous peindra un bel homme, à nez aquilin, barbe noire et pleine, au torse de Milon, aux bras d’athlète, un front de génie par-dessus le marché, avec l’éclair de la liberté dans les veux. Il lui mettra un marteau à la main, et vous direz : Voilà l’ouvrier.

Mensonge : c’est une figure de fantaisie, de la pose. J’en ai vu de ces ouvriers, bons diables au fond, mais qui déjà posaient comme types, comme si leur image, fixée par le pinceau, eût dû passer à la postérité. Et je pensais en les regardant : Pose, mensonge.

Quant à moi, je l’avoue, j’ai horreur du mensonge, de la fiction, de la convention, de l’allégorie, de l’hypocrisie, de la flagornerie, aussi bien dans la peinture que dans la politique et dans le style ; je ne veux pas plus être le flatteur des masses que celui des princes ; et s’il est vrai, comme tout le monde le reconnaît, que nous vivions à une époque de décadence, où le courage civique est anéanti, la vertu privée en souffrance, la race déprimée, tous les sentiments faussés et dépravés, je dis que, loin d’en faire un sujet de dissimulation, il faut commencer par dire et montrer la chose telle qu’elle est. Autrement c’est se moquer de nous. Il faut nous administrer le foie de morue, et l’on nous propose de l’eau sucrée !... — Notre époque, riche en police. mais vide de principes et de mœurs, calme à la surface, est au fond révolutionnaire. Il faut que l’art le soit aussi. Toute régénération suppose préalablement une mort ; toute restauration une démolition. Voyez le christianisme : lui aussi a conçu l’homme immortel, idéal, vivant au commencement dans un paradis terrestre, et destiné à une félicité surnaturelle. Cependant il prêche confession, absolution, pénitence. La confession, c’est la peinture telle qu’il nous la faut aujourd’hui. Point de quartier !. Courbet a dans la tête des militaires, des magistrats, des académiciens, des électeurs, des candidats, des banquiers, des agioteurs, des professeurs, des ouvriers, des étudiants, des religieuses, des femmes de la halle, du quartier Saint-Germain et du quartier Breda, de la haute industrie et de la racaille, comme il a des curés, des paysans, des prostituées et des bourgeoises. Qu’il nous montre tout ce monde ; qu’il fasse défiler devant nous toutes ces tristes réalités, et nous lui en serons reconnaissants. Qu’il nous scalpe, nous anatomise. nous déshabille : c’est son droit et son devoir. En nous exécutant de la sorte, il sert l’histoire et la postérité.

Honneur donc à Courbet qui, le premier parmi les peintres, imitant Molière et transportant la haute comédie du théâtre dans la peinture, a entrepris sérieusement de nous avertir, de nous châtier, de nous améliorer, en nous peignant d’abord tels que nous sommes ; qui, au lieu de nous amuser avec des fables, de nous flatter avec des enluminures, a eu le courage de faire voir notre image, non telle que l’a voulue la nature, mais telle que la font nos passions et nos vices.

En vain vous lui dites : Éveillez cette jolie commère ; faites passer dans ce corps, un peu plus aminci, une étincelle électrique ; sur ce front, sur ces lèvres, mettez une lueur, un sourire d’intelligence ; au lieu de quinze cents francs, votre fileuse en vaudra quinze mille, et vous entrerez parmi les Immortels. De même, n’auriez-vous pu mettre, dans l’Enterrement, la figure de vos prêtres plus en harmonie avec la grandeur du saint ministère ? avoir plus d’égard à notre délicatesse, dans ces têtes de bedeaux, dans ces paysans, dans ces bourgeois ? Que vous en eût-il coûté ? En seriez-vous moins un grand artiste ?

Courbet répond : Ce que vous me demandez est un mensonge, une chimère, une création allégorique, un accouplement de choses qui se repoussent, une combinaison impossible. C’est la mort de l’art, la négation de moi-même. Vous me reconnaissez quelque talent, et vous ne voyez pas que la vérité seule me soutient ; que je serais bientôt au niveau de tant d’autres ; que mon esprit serait dépravé, ma main sans vigueur, mon pinceau avachi, si je vous écoutais. Eh quoi ! vous voulez que, pour représenter une fileuse, je prenne mon modèle sur le boulevard des Italiens ou au quartier Breda ? Indignité ! Montrez-moi des Lucrèce, des femmes de sang royal tenant la quenouille, et je vous ferai des Lucrèce ; mais je ne saurais les inventer. Ce que je vous donnerais comme tel serait de la fantaisie ? de l’idéalisme, c’est-à-dire, eu égard à nos mœurs, toujours de la prostitution. Considérez donc, je vous prie, que de nos jours la beauté humaine et digne, la vraie beauté, ne se rencontre parmi nous que dans la souffrance et la douleur ; que nous ne la trouvons presque plus dans nos mesquines passions. Voilà pourquoi mes femmes qui pleurent à l’Enterrement sont belles ; et il m’en a peu coûté, je vous jure, pour les faire ainsi ; voilà pourquoi mon Duelliste mourant est beau ; pourquoi mes jeunes gens qui échangent un franc regard d’amour en revenant de la foire sont intéressants ; pourquoi cette Demoiselle de l’Empire, respirant Vénus tout entière, brûlée de désirs, et qui semble vouloir dévorer le gazon, garde un reflet de beauté, la force de la passion lui rendant un reste de dignité que le vice a ravagée. Vous me citez les Hollandais et les Flamands qui, dans leurs kermesses, leurs noces, leurs assemblées, dans leurs intérieurs de ménage, et jusque dans leurs cabarets, sont réjouissants ; ils plaisent, ils amusent. Sans doute ! Mais ceci prouve une fois de plus ce que je viens de dire : c’est qu’il n’y a de ressource pour l’artiste que dans la vérité de l’observation. Les auteurs de ces peintures avaient sous les yeux une société gaie, riche et riante ; ils furent plus heureux que nous. Aujourd’hui, savez-vous qui pose devant le peintre ? L’avarice, le jeu, l’orgueil, la luxure, la mollesse avide et désœuvrée, le parasitisme féroce, la prostitution. Je ne puis rendre au public que ce qu’il me prête : ce n’est pas ma faute s’il recule devant son image.

L’art humain, critique, tel qu’il s’est révélé sous nos yeux, est rebuté, d’abord par l’imbécillité publique, le préjugé, la corruption ; puis par l’hostilité des Académies, de l’Église, des coteries et du pouvoir. Les mêmes causes qui, depuis soixante-dix ans, ont arrêté le développement de la liberté, arrêtent l’essor de l’art : préjugés populaires, Ignorance nationale, goût faux, défaillance de caractère, corruption sourde, égoïsme. Nous chérissons notre indignité, nous adorons notre servitude, nous bénissons nos privilèges et notre agiotage, pères du paupérisme.

Ces causes se manifestent encore sous une autre forme : la décadence littéraire. Toute inspiration meurt, parce que la justice est morte.

L’art renaîtra un jour, et la littérature avec lui, et la liberté pareillement. Je ne crois pas que ce soit de sitôt, ni surtout en France.

La France, bien étudiée, n’a cessé de proclamer, depuis soixante-dix ans, par toutes les bouches de la renommée, son incurable impuissance. Elle veut bien qu’on l’amuse ; elle exige même, l’hypocrite, qu’on garde en l’amusant certaines convenances : rien ne la délecte comme une polissonnerie fine, une impudicité voilée. Au fond elle ne se soucie ni de littérature ni d’art, pas plus que de droit ou de morale. Tout ce qui se débite à cet égard dans les académies, les collèges, les journaux, les théâtres, les cours, est fiction pure, à laquelle personne ne croit.

Il faudrait, par un effort de raison, sortir l’art de la vieille ornière : on ne le fera pas ; l’artiste est traité comme l’écrivain.

Qui fait vivre une littérature ? Les idées nouvelles, produites avec vigueur et jeunesse ; non les discours académiques.

Je puis me citer sans orgueil, parce que je souffre depuis vingt-cinq ans persécution. J’ai contribué pour ma part, part petite, si l’on veut, au progrès de la langue et de la littérature. Trois hommes, dans l’ économie politique, Say, Blanqui, Bastiat, bien que leurs écrits fourmillent d’erreurs, que leurs théories soient essentiellement contradictoires, et qu’aucun d’eux n’ait su comprendre la loi fondamentale de la science, ont enrichi par leur style la langue dans laquelle ils écrivaient. J’ose me nommer à côté de ces trois économistes. Or, qu’ai-je recueilli ?

Je ne me plains pas qu’on m’ait combattu : il ne s’agit point en ce moment des doctrines, mais du style ; du fond, mais de la forme. S’est-il trouvé un seul professeur d’humanités pour dire à ses élèves, au public, qu’au dix-neuvième siècle, depuis la Restauration, il se manifestait dans la littérature française un genre nouveau, genre fort difficile, puisque chez les écrivains ordinaires il tombe fatalement dans la banalité et l’ennui, mais qui, par s.es analogies avec le style juridique, n’en constitue pas moins un des domaines de la langue ? Est-ce que l’on se doute dans les collèges, à l’Institut, qu’une littérature comprenne d’autres genres, — en vers, que le poème épique, dramatique, didactique, la chanson, l’ode, la fable, le conte ; - en prose, que le roman, l’histoire, l’éloquence religieuse, politique, académique ou judiciaire ? Est-ce que l’on s’imagine qu’une langue aussi bien constituée que la nôtre puisse servir à autre chose qu’à des livres connus d’avance ?

Qu’ai-je recueilli pour ma part ? Des procès, des condamnations, la prison, l’exil. Pourquoi ne puis-je obtenir l’autorisation de publier un journal ? Le public, sauf de rares exceptions, n’a pas le temps de lire des livres et des brochures : il veut qu’on lui donne l’instruction en détail ; il consent volontiers à consacrer une demi-heure par jour à la lecture, pendant son déjeuner ou son dîner ; il ne va pas au delà. Force est donc à toutes les idées, à toutes les questions, à toutes les opinions, à toutes les causes, de passer par la presse périodique, dont. les feuilles se distribuent depuis cinq jusqu’à vingt centimes.

Le gouvernement, qui le sait, ne le veut justement pas ; il fait de la presse un privilège accordé à des hommes sûrs, sans préjudice des poursuites rigoureuses exercées contre les livres et les brochures. Et pour sauver une dynastie, une personnalité, une politique, on exécute l'esprit d’un peuple ; on tue l’idée avec la forme.

Et il y a des écrivains, soi-disant libéraux, qui applaudissent, en disant que la presse est impuissante !...

L’art est traité comme l’idée, comme la littérature, comme la presse. On dit aux artistes : De quoi vous plaignez-vous ? Que vous Planque-t-il ? La religion, l’histoire, la fantaisie, la nature entière ne vous offrent-elles pas un champ assez vaste ? Faites-nous des tableaux de piété, des scènes de la vie des grands hommes, de beaux paysages ; faites-nous des drôleries, vous savez ?... et soyez sur que l'amour-propre national est trop ami de la gloire pour ne pas vous récompenser.

On nous rase, on nous châtre, on nous met les menottes et la muselière ; on nous coupe la langue, et nous trouvons cela gentil ; et quand M. de Girardin en plaisante, nous disons : L’est tout de même un homme qui a des idées, que ce M. de Girardin !...