Traduction par Louis Fabulet.
Mercure de France (p. 5-at).


PRÉFACE


À tous aux mains de qui viendra ce tome —
Santé pour vous et ceux qui vous sont chers !
Joie au dehors, et bonheur dans le « home »,
Puis — un secret à l’oreille, ô très chers : —
Des Nations ont passé, qui ne laissèrent trace ;
Dans l’Histoire j’en vois le motif transparent
Nu, simple, unique est-il, quelle que soit la race ;
Le motif de leur chute est le manque de Cran.
 
Le Corps fût-il aveugle ou rabougri,
Boiteux, fiévreux, sans vigueur, malhabile.
Que toujours l’homme peut former l’Esprit
À former comme il veut le Corps le plus débile —

Nombreux ceux qui l’ont fait, dont la gloire encor brille :
Large flamme allumée en un falot d’enfant :
Donc avis à l’infirme avec ou sans béquille —
Du Cran — du Cran ! Et dans l’Esprit, du Cran !

Et si l’Esprit paraît gauche ou balourd,
Obstiné comme glaise ou mobile à la brise,
Fortifiez le Corps, et le Corps à son tour
Fortifiera l’Esprit jusqu’à pleine maîtrise ;
Tel le bon cavalier, en face de l’obstacle,
Du mors, de l’éperon, stimule le pur sang,
Et saute ; et tout le champ applaudit au spectacle !
Du Cran — du Cran ! Et dans le Corps, du Cran !

Rien — ni les Arts, ni les Dons, ni les Grâces —
Ni la Gloire, ni l’Or, — ne le remplace, absent.
Il est la Loi, qui toute loi embrasse —
Du Cran — du Cran ! Esprit et Corps, du Cran !

Cœur égal qui jamais ne triche un battement —
Tête froide pesant ce que le cœur convoite —
L’œil mesurant le pas, rendant la main adroite —
L’Âme indomptable quand le Corps enfin se rend —
Voilà ce qu’affaibli notre monde requiert,
Bien plus que les superfluités du talent ;

Donc, nous vous en prions, fils de généreux pères,
Du Cran — du Cran ! Pour l’Honneur seul, du Cran !

La leçon est Une en tous Temps et Places —
Une la Vérité, si change le firman,
Pour filles et garçons, et Tous, nations et races —
Du Cran — du Cran ! Oui, croyez-moi, du Cran !