Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie/Tome I/Chapitre II
CHAPITRE II
TYPES ET COSTUMES
En considérant les traits et les allures de la population éthiopienne, on est porté à admettre les traditions indigènes et celles qu’on trouve éparses encore parmi les Arabes de l’Yémen et de l’Hedjaz. Selon ceux-ci, l’Éthiopie aurait reçu des immigrations d’Arabes, de Grecs et de peuples venus du côté de l’Inde ; les Éthiopiens, eux, avouent s’être incorporé quelques colonies grecques ou tout au moins venues des bords européens de la Méditerranée, et ils datent leur origine nationale de Ménilek, fils de Salomon et de la reine de Saba. Ils disent que, lorsque Ménilek quitta la Judée pour aller régner en Éthiopie, le roi, son père, prit les fils des lévites, de ses officiers et de ses notables pour en composer la maison ecclésiastique, civile et militaire de son fils, et qu’il lui adjoignit également un grand nombre des fils de ses sujets de toutes les classes. Ménilek, ayant navigué heureusement sur la mer Rouge, aurait abordé en Éthiopie et réparti sa petite armée dans le pays, lui donnant en sujétion les populations autochthones. Aujourd’hui encore, les vieilles familles éthiopiennes font remonter leur généalogie à ces colons issus d’Israël ; elles se trouvent surtout dans les deugas ou hauts pays, en Tegraïe, en Samen, en Enderta, en Damote, en Begamdir, en Lasta et dans l’Amara.
Je n’aspire point à démontrer exactement les origines de ce peuple, non plus qu’à faire son anthropographie ; mon but est de relater ses faits et ses gestes contemporains, et comme, dans le drame de la vie, il existe des corrélations étroites entre le physique de l’acteur et son rôle, je crois nécessaire de décrire l’Éthiopien tel qu’il frappe les yeux, et même de parler avec quelques détails de ses vêtements et des accessoires qu’il joint à sa personne, accessoires auxquels il communique quelque chose de sa personnalité et qui, par une réaction naturelle, ne sont peut-être pas sans influer à leur tour sur son être physique et moral.
Les Éthiopiens ont en général les traits de ce qu’on appelle communément la race caucasienne ; souvent ils représentent le type des statues des Pharaons, ou bien la physionomie de l’Arabe et quelquefois du Cophte ; on trouve aussi parmi eux des hommes rappelant par leurs types et leurs allures l’Indien de Coromandel et de Malabar, des physionomies juives du plus beau modèle, des sujets accusant à divers degrés l’immixtion du sang nègre, et enfin, dans les deux provinces Agaw, un type étrange, aux yeux relevés vers les tempes.
Les Éthiopiens sont d’une stature moyenne ; leur ossature est plus légère que celle de l’Européen, leur carnation plutôt molle ; leur angle facial est ouvert comme celui des Caucasiens et leur front développé ; leurs attaches sont fines, leurs mains petites et bien faites, leurs membres inférieurs plutôt grêles. Ils ont en général le mollet placé trop haut, les genoux ou les pieds cagneux, le talon plutôt saillant, le pied charnu et plat et les jambes rarement velues ; leur denture est presque toujours irréprochable et leur musculature moins saillante que chez l’Européen ou le nègre. On trouve parmi eux très-peu d’hommes contrefaits et peu d’une grande force musculaire ; leurs formes se rapportent plutôt au type d’Apollon qu’à celui d’Hercule. Ils sont adroits, souples et gracieux dans leurs mouvements ; ils ont la démarche libre, assurée, le geste sobre, distingué, sont peu aptes aux gros travaux, mais résistent admirablement à la faim et aux fatigues de longue durée. Leur peau, d’une douceur remarquable, fournit des spécimens de toutes les nuances de coloration, depuis le teint pâle ou légèrement cuivré du Chilien de souche espagnole, jusqu’au teint noir du Berberin ou du nègre ; le teint bronze florentin est celui de la majorité. Il n’est pas rare de trouver des hommes d’une très-grande pureté de traits et des femmes d’une beauté accomplie. Ils ont plusieurs termes pour désigner les nuances de teint si diverses de leurs compatriotes et n’admirent que médiocrement le teint européen, qu’ils nomment teint rouge ; ils prisent bien davantage le teint pâle légèrement doré. Du reste, dans leur pays, sous leur ciel inondé de lumière et dans leur atmosphère sèche et diaphane, le teint de l’Européen est loin d’être préférable : il se hâle et brunit, il est vrai, mais s’injecte inégalement et devient rouge par places, tandis que celui de l’indigène reflète la lumière d’une façon douce et harmonieuse.
Les Éthiopiens vont habituellement pieds et jambes nus ; ce n’est que par exception qu’ils usent de chaussures. Quoique exposés à marcher sur les terrains les plus raboteux, les paysans et les soldats surtout mettent de l’amour-propre à ne point garantir leurs pieds. Ils regardent comme une preuve de santé et de virilité de pouvoir fouler impunément depuis le tapis moelleux des prairies, fréquentes dans les deugas ou hauts pays, jusqu’au sol calciné et brûlant des kouallas ou basses-terres, ordinairement parsemés d’épines et de cailloux anguleux ; la plante de leurs pieds acquiert une épaisseur et une élasticité étonnantes pour ceux qui n’ont pas été à même de faire l’essai toujours pénible de marcher de la sorte. Les chefs et les hommes riches, allant habituellement à mule ou à cheval, ont les pieds moins endurcis que les hommes du commun, et, soit à la chasse, où il est presque toujours indispensable d’être pieds nus, soit au combat, lorsqu’ils sont forcés de mettre pied à terre en terrain difficile, ils éprouvent fatalement quelquefois l’effet de leurs habitudes sédentaires ou efféminées. De même que les Arabes, ils croient que la plante des pieds résiste en raison de l’état de santé des organes abdominaux et surtout de l’estomac ; que l’homme chez lequel ces organes s’altèrent éprouve à la plante des pieds une impressionnabilité qui disparaît au retour de la santé. Les habitants des kouallas, exposés, à cause de la grande sécheresse du sol, à voir se fendiller la plante du pied, y remédient par des onctions grasses et mettent alors, jusqu’à guérison, des sandales ou une sandale seulement. Cette sandale consiste en deux ou trois semelles de cuir, brédies ensemble, et en lanières étroites formant un œillet pour recevoir le second doigt du pied et s’entrelaçant jusqu’à la hauteur de la cheville. Les trafiquants, les moines gyrovagues, les ecclésiastiques et les citadins se munissent ordinairement de sandales, lorsqu’ils ont à cheminer hors des villes, et souvent ils n’en chaussent qu’une à la fois, comme il est dit dans l’Énéïde. Les lépreux en portent presque toujours. Les femmes des classes inférieures semblent éprouver, moins encore que les hommes, la nécessité de la chaussure ; les indigènes prétendent que cela provient de ce que la femme marche plus près de terre, d’une façon moins accentuée et que son pied s’échauffe moins. Quant aux femmes riches, leurs habitudes sédentaires et la réclusion dans laquelle elles vivent font que leurs pieds restent délicats ; et dans la maison, elles font usage d’un véritable soulier en cuir, dont la forme est celle du calceus qu’on voit sur les monuments égyptiens et étrusques. Comme dans l’antiquité, elles abandonnent cette chaussure lorsqu’elles assistent au pleur funéraire d’un parent et lorsqu’elles prennent leurs repas. Les princes de la famille impériale, les juges de la cour suprême et quelques dignitaires ecclésiastiques portent aussi cette chaussure, mais plutôt comme marque de dignité, que par besoin réel ; de même que les femmes riches, lorsqu’ils ont à faire une marche tant soit peu longue, ils montent toujours à mule : un domestique ou un esclave porte à la main, devant eux, leurs souliers, qu’ils ne pourraient, du reste, conserver à cheval, puisque leur étrier n’est fait que pour admettre l’orteil.
Les hommes ont une culotte en étoffe légère de coton blanc, soit demi-aisée comme nos culottes du dernier siècle et descendant comme elles jusqu’à la naissance du mollet, soit collante et s’arrêtant à quatre doigts au-dessus du genou. Dans la province du Chawa, quelques parties du Wallo et du Tegraïe et dans plusieurs kouallas, on donne de l’ampleur à ce vêtement jusqu’à en supprimer quelquefois la fourche ; il a alors l’aspect d’un jupon court qui couvre des genoux à la taille où il est fixé au moyen d’une coulisse, et présente une ressemblance frappante avec le campestre, le cinctus et le semicinctium, vêtements des athlètes et des soldats représentés sur les anciens bas-reliefs grecs et romains. Ces dénominations me paraissent appliquées à des vêtements de même espèce, différant entre eux par le volume seulement. Par une corrélation singulière, dans les langues amarigna, tigrigna et galligna ou ilmorma, on désigne le cinctus par des expressions dont les racines sont analogues à celle du mot latin, et, de même que dans l’antiquité, il est surtout porté par les esclaves, les laboureurs, les chasseurs et les artisans dont le travail demande de l’activité, et, pendant leurs occupations, forme, avec une petite ceinture, leur unique vêtement. Les habitants des kouallas lui substituent un pagne ou pièce d’étoffe rectangulaire dont ils s’entourent le milieu du corps, reproduisant ainsi le vêtement qu’on voit dans les peintures étrusques et égyptiennes. Ils se servent aussi d’une pièce d’étoffe, ordinairement une petite ceinture, roulée autour de la taille, passée ensuite dans l’entre-jambe et rattachée à la ceinture. Ce vêtement paraît être le même que le subligar en usage parmi les gymnastes et athlètes de l’antiquité.
Les hommes portent une ceinture d’une étoffe semblable à celle des culottes, mais un peu plus forte ; elle est large de une à deux coudées, c’est-à-dire de 46 à 92 centimètres ; quant à sa longueur, elle varie, selon la mode, de 10 à 100 coudées, c’est-à-dire de 4 m. 60 à 46 mètres environ[1]. Les longues ceintures s’enroulant jusqu’à la hauteur du sein, forment un volume à la fois gênant et disgracieux, mais la mode éthiopienne est très-variable en ce point.
La très-grande majorité des Éthiopiens ne porte ni tunique, ni chemise : les bras et les jambes restent nus.
La langue éthiopienne a un terme générique correspondant aux termes amictus et ὲφεστρίς désignant, comme chez les anciens Romains et Grecs, tout vêtement de dessus, le substantif éthiopien étant au verbe qui a la même racine, absolument dans les mêmes rapports que les mots amictus et ὲφεστρίς, aux verbes amicire et εφεννυσθαι. Ils emploient ce substantif pour désigner la pièce la plus importante de leur costume, celle qui le caractérise et justifie l’expression de gens togata qu’ils s’appliquent avec complaisance. Leur toge, en tissu de coton blanc, comme la toge antique à trois plagula décrite par Varron, est formée de trois lés cousus ensemble composant un rectangle d’environ 4 m. 80 sur 2 m. 80 de large, et orné, aux deux bouts, d’un liteau bleu ou écarlate tissé dans l’étoffe sur une largeur de 10 à 20 centimètres, correspondant au limbe qu’on voit sur les toges des anciens Grecs des deux sexes. La qualité de leurs toges est peu variée ; la chaîne est toujours d’un fil plus fin et plus tors que celui de la trame qui ne l’est quelquefois que d’une manière inappréciable, et le tissu souple et élastique se prête admirablement aux draperies. La toge commune a un liteau très-étroit ; elle est faite d’un coton écru, mal épluché, et dans des dimensions moindres en général que celles données plus haut ; elle ne se vend qu’un talaro, et, dans quelques provinces, sert comme monnaie, et se détaille par huitièmes. Celles de qualité supérieure sont d’un coton blanc, choisi, à larges liteaux et se rapprochant ou dépassant un peu les proportions précitées ; leur prix varie entre 2 et 5 talari ; les plus belles rappellent au toucher le moelleux du châle de cachemire. Il y a aussi la toge de cérémonie ou toge d’honneur, ordinairement d’un tissu plus léger, plus fin ; le liteau est en soie, tissé en losange ou en damier. Il y a en outre plusieurs toges différentes entre elles par leurs dimensions, depuis la toge ample de la province du Chawa et de quelques provinces occupées par les Gallas ou Ilmormas, jusqu’à la toge à deux lés faite d’une espèce de madapolam de fabrique américaine ou indigène ; cette toge, toujours portée en simple, est en usage dans plusieurs districts kouallas voisins des frontières ; les soldats la portent aussi quelquefois aux jours de combat ou de parade.
La toge à trois lés, de fabrique indigène, se porte toujours en double, ce qui la réduit à 2 m. 40 de haut sur 2 m. 80 de large ; elle s’ajuste de beaucoup de façons, mais sans agrafe, broche ni attache, et couvre ordinairement depuis le cou jusqu’aux chevilles. Malgré l’adhérence et la souplesse de son tissu, elle exige un art ou une habitude telle, qu’il est très-rare qu’un étranger parvienne à s’en vêtir convenablement, nec fluat nec strangulet, selon l’expression de Quintilien, ce qui provoque chez les indigènes un sourire de dédain.
L’Européen, en arrivant dans le pays, est frappé de la variété des costumes ; il sent que les vêtements sont à peu près les mêmes, mais il éprouve de l’embarras à discerner ce qui les différencie. Cela provient de ce qu’il arrive de pays, où la forme des vêtements plus ou moins amples est arrêtée à demeure par l’aiguille et les ciseaux, tandis qu’en Éthiopie, à l’exception de la ceinture et de la culotte, les ajustements divers sont composés de pièces d’étoffes rectangulaires, différentes de dimension seulement et offrant tous les aspects variés que permet la draperie. La confusion qui, à première vue, résulte de ces ajustements, donnerait peut-être la raison de l’embarras des antiquaires et de leur désaccord fréquent, touchant les costumes de l’antiquité grecque et romaine. Je ne sais si je m’abuse, mais mon séjour prolongé au milieu de peuples dont la manière de se vêtir offre des ressemblances frappantes avec celles des Grecs et des Romains, et l’usage que j’ai fait moi-même de leurs vêtements, me donnent à croire que beaucoup de leurs noms signifiaient, non des vêtements différents, mais différentes façons de draper le même vêtement[2].
Au besoin, les Éthiopiens font de leur toge un tapis, une courte-pointe, une tenture ou une portière, comme le rapporte, pour les Grecs, Athénée ; de même qu’Agamemnon, ils s’en servent comme de signal ; elle leur sert à recueillir l’enfant à sa naissance ; ils n’ont d’autre couverture durant leur sommeil et un pan de toge leur sert de linceul, comme il est dit dans Homère et Xénophon. Pour exprimer l’accueil le plus sincère et le plus dévoué, ils ont des expressions qui signifient étendre la toge le long du chemin sous les pas de celui qu’ils veulent honorer, rappelant ainsi les récits évangéliques de l’entrée du Sauveur dans Jérusalem. Veulent-ils courir, ils abandonnent leur toge ou l’enroulent autour du corps, comme il est rapporté dans l’Illiade. De même que chez les Romains et les Grecs, leur toge sert aux deux sexes ; la femme de Phocion portait celle de ce grand homme. Les ménages éthiopiens, même aisés, en usent de même lorsque les époux sont unis, et le refus de Xanthippe de se vêtir de la toge de son immortel époux, suffirait seul aux yeux de tout Éthiopien pour donner la mesure de son caractère acariâtre et de la désunion qui affligeait le ménage de Socrate. Comme les Romains, ils ont soin, aux jours de fête, de revêtir une toge fraîchement lavée : et lorsqu’ils ont à répondre à une accusation grave, ils comparaissent avec une toge sale et les cheveux en désordre. Enfin, la célèbre statue d’Aristide de la collection Farnèse, les personnages qu’on voit sur les vases étrusques, les bas-reliefs représentant des femmes grecques ou romaines reproduisent exactement diverses façons de se draper des Éthiopiens modernes. La statue de l’Apollon jouant de la lyre, du Musée du Louvre, rappelle en tout, depuis la pose jusqu’aux plis de la toge, quelque trouvère éthiopien jouant devant ses maîtres. La statue de Polymnie reproduit également, avec une exactitude saisissante, quelque jeune Éthiopienne de bonne maison ; de même les statues de Thalie, de la Vénus d’Arles et de Plotine. La statue d’Adorante, la toge ouverte sur la poitrine, ressemble en tout à une Éthiopienne qui aborde un ami. La toge éthiopienne à liteaux, celle qui est le plus universellement portée, ne serait peut-être que la toge-prétexte des anciens. D’après la tradition des Éthiopiens, cette toge n’était permise jadis qu’aux principaux magistrats, aux ecclésiastiques, aux hommes de marque et aux enfants de maison riche ; on sait qu’à Rome, l’usage de la toge-prétexte était à peu près le même.
Les Éthiopiens, comme nous l’avons dit plus haut, quittent leur toge pour les travaux qui exigent un grand déploiement d’activité ; ils la déposent pour combattre ou l’enroulent autour du corps, s’ils prévoient qu’ils ne reviendront pas à l’endroit où s’apprête la lutte, et ils s’encapuchonnent et s’enveloppent dans ses plis pour la nuit, après avoir ôté leurs vêtements de dessous.
Ils ont différentes façons de draper leur toge, selon qu’ils se présentent à l’église, devant un tribunal, devant un supérieur ou devant un égal, lorsqu’ils demandent justice ou parlent devant telle ou telle assemblée, lorsqu’ils se joignent à une réunion de deuil. Ils se découvrent la poitrine en partie pour répondre à un salut et manifestent, en se drapant de telle ou telle façon, le dédain, l’éveil, l’abandon de soi-même et les principaux sentiments qui agitent le cœur de l’homme. Souvent des accessoires identiques inspireront l’homme de la même façon, et sans avoir jamais entendu parler de la fin de César, plus d’un Éthiopien s’est couvert le visage d’un pan de sa toge, en mourant sous le fer d’assassins.
Je ne m’étendrai pas sur les avantages et les inconvénients d’un régime d’habillement si différent de celui qui est adopté en Europe ; ils se déduisent naturellement de cette considération que l’habillement des peuples européens est composé de pièces façonnées par les ciseaux et l’aiguille pour des portions déterminées du corps, au lieu que le vêtement des Éthiopiens consiste principalement en pièces d’étoffe rectangulaires, susceptibles de s’adapter successivement à toutes les parties du corps. Ce dernier régime vestimental favorise bien plus que l’autre le langage du geste, si naturel à l’homme, langage que les anciens avaient soumis à des règles et porté à la hauteur d’un art, accroissant ainsi la puissance d’expression de la pensée, que les langues humaines sont si souvent insuffisantes à rendre. Je m’arrête au seuil d’un sujet si important et si vaste, laissant aux philosophes à y porter la lumière ; et avant de reprendre mon récit, je prie de considérer que, si j’établis des rapprochements entre le vêtement éthiopien et celui des Étrusques, des Romains et des Grecs, ce n’est point pour faire montre de science et donner lieu à des scolies nouvelles, mais seulement pour contribuer à éclairer l’origine du peuple qui m’occupe, et en même temps mettre en éveil ceux qui s’adonnent à l’étude des usages antiques et qui, faute de les avoir expérimentés, comme moi, par eux-mêmes, en sont réduits à commenter les textes souvent obscurs et les représentations mortes souvent insuffisantes.
La plupart des Éthiopiens n’ont qu’une toge ; à mesure que l’aisance leur arrive, ils en ajoutent d’abord une spécialement consacrée à leurs visites à l’église, puis une plus grossière pour la nuit et une plus épaisse pour l’hiver. À la dimension et aux draperies de la toge, bien plus qu’à sa qualité, on distingue de loin l’homme d’armes du paysan, l’artisan de l’homme d’étude, l’ecclésiastique du trafiquant, le musulman du chrétien, et souvent même l’on reconnaît l’habitant de telle ou telle province.
La toge donne une physionomie magistrale aux réunions, à l’orateur, à l’homme en prière ; elle fait souvent ressembler les hommes endormis à des statues renversées, et rehausse singulièrement l’aspect qu’offre le cavalier chevauchant sur une belle monture. Elle semble moins inviter à l’égoïsme que nos vêtements ajustés formant une part strictement définie pour un seul individu. Il arrive journellement que l’Éthiopien étende un pan de sa toge sur un homme que son vêtement usé expose à la froidure, et il n’est pas rare qu’il en détache un lé pour couvrir la nudité de son semblable.
On fait usage en Éthiopie d’une pèlerine en peau préparée avec son poil. Ce vêtement de dimension très-variable est quelquefois fait de la peau d’un poulain mort-né, d’un chevreau, d’une once, d’un chat civet, d’une panthère, d’un lionceau, d’un veau, enfin de tous les animaux domestiques ou sauvages, dont le pelage est agréable à l’œil, à l’exception toutefois du chien et de l’hyène. La peau est taillée de façon à former cinq ou six bandelettes, qui tombent sur les reins et les côtés, et à ce que la peau des deux pattes de devant vienne se croiser sur la poitrine, comme dans la statuette de Cupidon-Hercule qu’on voit au Louvre. Les plus riches pèlerines sont faites en peau de mouton, doublées en soie écarlate et quelquefois rehaussées de bosselures en vermeil ; elles viennent de la frontière N. O. du Wallo et de la petite province adjacente d’Amara, où sont soigneusement élevés des moutons à longue laine. Ces moutons fournissent une toison dont les mèches atteignent jusqu’à deux coudées et plus de longueur. La toison blanche dont les mèches dépassent une coudée est regardée comme la pèlerine la plus aristocratique ; les toisons noires d’une à deux coudées de long sont plus communes et ordinairement soumises à une teinture qui embellit et égalise leur couleur. Les hommes de guerre, les cavaliers surtout, portent ce vêtement par dessus la toge pour l’assujétir ou pour se préserver du froid ; les jeunes paysans et les chevriers n’ont souvent que ce seul vêtement et le portent en exomis, de façon à figurer exactement la mastruca en usage à Carthage. Comme il a été dit plus haut, les soldats déposent leur toge pour le combat, et, quand ils ont une pèlerine, ils la gardent, mais l’adaptent en exomis, c’est-à-dire qu’ils passent en dehors leur épaule droite pour assurer la liberté de leur bras droit. En entrant dans l’église ou dans la maison d’un supérieur, quand on comparaît devant un tribunal, il est d’usage d’ôter la pèlerine et de draper sa toge à la façon respectueuse. Il en est de même pour tout vêtement surajouté à la toge, que ce vêtement soit en peau ou en tissu de laine, comme ceux que les Éthiopiens mettent par-dessus la toge en hiver, et qui correspondent au lacerna ou au laena des cavaliers romains. Suétone rapporte que les chevaliers avaient l’habitude de se lever et d’enlever leur lacerne lorsque l’empereur Claudius entrait au théâtre ; les Éthiopiens manifestent de la même façon leur respect à l’arrivée d’un haut personnage.
Lorsqu’ils veulent caractériser un peuple étranger, ils usent de locutions analogues aux locutions latines, gens togata ou gens non togata, et mentionnent en outre, ce qui, à leurs yeux, est une caractéristique très-importante, si le peuple en question porte ou ne porte pas la chevelure tressée.
Les cheveux des Éthiopiens sont noirs, frisent naturellement, et quand ils ne sont pas tressés, forment un crêpé qui dessine les contours du visage d’une façon fort gracieuse. Ils ont trois noms pour indiquer trois qualités principales de cheveux. Ils déprisent le cheveu fort, très crépu et se cassant avant d’atteindre une certaine longueur, et, quoique celui qui a de tels cheveux n’ait dans sa personne aucun signe qui ramène au type nègre, ils le regardent comme entaché de ce sang. Ils déprisent aussi le cheveu plat, et n’admirent que celui qui frise et atteint une longueur d’une quarantaine de centimètres. Presque tous les hommes de guerre portent les cheveux longs et tressés ; leur coiffure exige un travail de plusieurs heures, aussi ne la renouvellent-ils guère plus de deux fois par mois. Elle consiste tantôt en nattes ou tresses coniques, larges comme des côtes de melon, partant du front et des tempes pour aboutir à la nuque où elles se terminent en tirebouchons tombant sur les épaules ; tantôt en tresses fines et plates, suivant la même direction, ou bien en une seule tresse décrivant une spirale jusqu’au sommet de la tête ; quelquefois aussi, elle consiste en boucles étagées pareilles au tortillement d’une grosse frange, ou à la vrille de la vigne. Ce dernier genre de coiffure, qui est représenté sur la colonne trajane, n’est guère adopté que par les paysans, francs-tenanciers de quelques frontières ; quant aux autres modes de coiffures, elles sont représentées sur les bas-reliefs assyriens trouvés à Ninive.
Les tresses partent le plus près possible du cuir chevelu, et pour atténuer leur soulèvement résultant de la croissance, les coiffeuses tendent les cheveux au point de rendre les racines douloureuses et d’occasionner des maux de tête qui durent quelquefois un ou deux jours. Les nattes d’une coiffure fripée prennent trois ou quatre heures à défaire ; afin de faire reposer les cheveux, on les attache pour un ou deux jours en touffe, soit à la corymbe, soit en tutule, ce qui rappelle, et d’une façon des plus gracieuses, certaines coiffures grecques et romaines. Pour préserver pendant leur sommeil l’intégrité de leur coiffure, ils font encore usage de l’antique oreiller de bois qui a la forme d’un croissant monté sur une tige à pied rond ; cet oreiller figure souvent parmi les emblèmes et hiéroglyphes des monuments égyptiens.
Afin d’assurer à leurs enfants une belle chevelure, les mères ont grand soin de les raser fréquemment jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de sept à huit ans. Alors les enfants des notables et des hommes d’armes surtout portent une tresse, puis deux, puis trois, laissant une espèce de tonsure qui va se rétrécissant à mesure qu’ils avancent en âge. Cette coiffure, qui est peut-être celle de la jeune actrice ou mesocure antique, est portée par les adolescents des deux sexes jusqu’à l’âge de dix-huit ou vingt ans. Ils cessent alors de raser leur tonsure qu’ils ont rétrécie successivement jusqu’au diamètre d’une pièce de deux francs, et ils ne passeront plus le rasoir sur leur tête, si ce n’est à la mort d’un proche parent, d’un ami intime ou de leur maître.
Anciennement, l’homme libre et tenu au service de guerre avait seul le privilége de porter la chevelure tressée ; chaque ennemi qu’il tuait ou faisait prisonnier lui donnait le droit d’ajouter une tresse, et dix faits d’armes de ce genre l’autorisaient à faire tresser sa chevelure entière. Depuis la chute de l’Empire, cet usage s’est relâché au point que quelques hommes des villes et quelques paysans, surtout ceux des districts frontières, portent les cheveux tressés. Les esclaves mâles observent seuls l’antique interdiction. Les paysans, les ecclésiastiques, les artisans, les trafiquants et les citadins portent les cheveux ras ou fort peu longs ; quelques-uns d’entre eux, d’une nature belliqueuse, font tresser leurs cheveux et s’exposent ainsi à des querelles avec des hommes d’armes, comme on l’a vu en France lorsqu’à certaines époques les militaires voulaient s’arroger le droit exclusif de porter la moustache.
La sécheresse du climat rend presque nécessaire pour tous des onctions grasses ; sans elles, le cuir chevelu devient douloureux, et les cheveux se cassent ; aussi, les indigènes de toutes les classes, ceux mêmes qui se rasent les cheveux, s’oignent-ils la tête de beurre frais mêlé quelquefois à des parfums. Ces onctions leur sont indispensables pour prévenir ou atténuer les maux de tête, lorsqu’ils sortent des mains des coiffeuses. Ils prétendent prévenir également par ce moyen divers autres inconvénients, parmi lesquels ils comptent l’affaiblissement de l’ouïe et de la vue. Les soldats se beurrent souvent avec une abondance telle que le beurre leur coule sur les épaules, et que leurs vêtements en sont tout imprégnés.
La barbe des Éthiopiens est noire, naturellement bouclée, et n’atteint que très-rarement la longueur de celle de l’Européen. Contrairement à leur peu de goût pour la chevelure plate et longue de l’Européen, ils apprécient beaucoup la barbe noire, longue et droite, et, chose digne de remarque, aux yeux des indigènes observateurs, cette barbe est souvent l’indice d’un esprit plus apte aux spéculations de l’intelligence qu’aux préoccupations de la vie purement matérielle, et qui suit de préférence les voies synthétiques. Ce genre de barbe se rencontre plus souvent chez les ecclésiastiques que chez les hommes de guerre, ou chez les laboureurs. Les chrétiens laissent pousser leur barbe et leur moustache, et la raccourcissent fréquemment au moyen de ciseaux ; les musulmans sont les seuls qui fassent usage du rasoir.
Tout Éthiopien chrétien porte au cou, comme signe de sa religion, un cordon en soie bleue. Cet usage vient de ce que le prêtre, en baptisant un enfant, lui passe au cou un cordon tricolore, comme emblème de la Trinité. Presque tous enfilent à ce cordon quelque amulette, quelque pierre d’abraxas, des margaritini ou quelque autre verroterie ; d’autres y ajoutent un ou deux colliers formés de périaptes ou petites amulettes renfermées dans du maroquin rouge ou vert et consistant soit en volumens ou longues bandes de parchemin enroulées sur lesquelles sont écrites des formules de dévotion, rappelant les phylactères des anciens Grecs et Hébreux, soit en écorces, feuilles, herbes, racines ou autres substances magiques. Beaucoup d’Éthiopiens sont très-superstitieux ; cependant, c’est surtout le désir d’embellir leur personne qui les engage à porter ces périaptes, qui sont relevés de distance en distance par des rassades de couleur éclatante, des grains de corail rouge, de pierre sanguine, d’ambre jaune, par des anneaux d’argent ou d’autres colifichets.
Presque tous portent un anneau au doigt : les pauvres en laiton, les riches en argent ; ces derniers en mettent ordinairement de quatre à huit à la première phalange du petit doigt de la main gauche. Les princes seuls sont reçus à avoir ces anneaux en or.
L’habillement des femmes consiste en une stole ou tunique en étoffe de coton blanc, fort ample, traînante, à manches larges du haut et ajustées aux poignets, et en une toge semblable à celle des hommes, qu’elles revêtent par dessus et drapent de façon à lui donner tous les aspects de la toge ou péplum antique portée en Grèce par les deux sexes et souvent sans boucle par les femmes. Comme le dit Homère pour les femmes du haut rang dans l’antiquité, les Éthiopiennes riches portent leur toge traînante à terre. Les jeunes filles appartenant aux familles aisées ne portent en général que la tunique seule ou la toge seule, rappelant et justifiant ainsi les épithètes grecques μονόπεπλος et μονοχίτωνες appliquées aux jeunes filles spartiates. Comme à Rome, les femmes mariées qui se respectent ne paraissent point en public sans une stole sous leur toge, rappelant ainsi l’épithète de stolata indiquant les matrones romaines par opposition aux mérétrices. Les Éthiopiennes qui accomplissent habituellement les travaux du ménage, mettent une petite ceinture au-dessous des seins, à la taille ou sur les hanches, correspondant à la position que les antiquaires donnent au cingulum, au zona et au cestus : ceintures des femmes antiques ; quelquefois même, elles mettent deux ceintures, une sous les seins et l’autre sur les hanches[3]. Celles des classes riches portent des tuniques brodées en soie de diverses couleurs, rappelant aussi la tunica picta et la tunica palmata des anciens.
Les femmes montent à mule, à chevauchons, et mettent alors sous la stole des pantalons étroits du bas et descendant jusqu’aux talons ; le bas de ces pantalons est souvent brodé en soie de diverses couleurs.
Lorsque les femmes de condition se présentent en public, elles s’encapuchonnent et se voilent d’un pan de la toge, de façon à ne laisser paraître que les yeux. Quelquefois, au lieu d’un pan de la toge, elles enroulent sur la tête une écharpe, de façon à couvrir le front et à laisser pendre les bouts par derrière ; elles se tiennent alors le bas du visage caché dans un pli de la toge.
Les femmes de chefs mettent ordinairement par dessus la toge un petit burnous en soie richement brodé et souvent orné de bossettes en vermeil.
Les femmes disposent leurs cheveux de la même façon que les hommes et, à cet égard, ne sont point soumises comme eux aux restrictions qu’entraînent les diverses positions sociales. Les paysannes, les femmes d’artisans ou d’ecclésiastiques, les esclaves mêmes font tresser leurs cheveux aussi bien que les grandes dames. De même que les hommes, elles aiment à mettre dans leurs cheveux une longue épingle en corne de buffle ou en bois, à tête sculptée ; les riches ont cette épingle en argent ou en vermeil, surmontée quelquefois d’une grosse tête en filigrane d’or. Elles portent aux mains une quantité de minces anneaux en argent, qu’elles disposent, comme les femmes de l’antiquité, à chaque phalange et phalangette ; pour les faire ressortir davantage, elles les entremêlent d’anneaux en corne de buffle. Elles portent des anneaux, des boutons ou des pendants d’oreille à l’italienne. Elles mettent aux chevilles des périscélides formés d’une quantité de pendeloques en argent, de petits grains lenticulaires en argent également ou de menus grains de verroterie, et font usage de bracelets aux poignets et à la partie charnue du bras. Au beurre frais qu’elles prodiguent sur leur chevelure, elles mêlent de grossières essences venues d’Arabie, et elles mettent aussi des essences dans leurs amulettes. Les plus expertes en thymiatechnie se parfument le corps au moyen de fumigations savantes ; d’autres remplacent quelquefois un bouton d’oreille par un clou de girofles. Beaucoup d’entre elles se peignent le bord des paupières avec de l’antimoine.
Comme on le pense bien, le costume des enfants est fort élémentaire. Un pan de la toge de la mère leur sert de langes, et lorsqu’ils peuvent se tenir debout, on leur met une tunique atteignant aux genoux. Dès quatre ou cinq ans, les enfants pauvres remplacent ce vêtement par une petite pièce d’étoffe rectangulaire, suffisant à peine quelquefois à leur couvrir le tronc, et pour la liberté de leurs jeux ils se drapent de préférence en suffibulum ou en chlamide ; souvent même, comme dans les bas-reliefs antiques, ils vont tout nus, portant leur vêtement sur une épaule ou sur le bras comme un manipule. Les enfants des riches gardent la tunique plus longtemps et mettent par dessus une toge à liteaux, qui serait la toge prétexte s’ils la quittaient lorsqu’ils atteignent l’âge d’homme, d’autant plus qu’ils portent au cou la bulla en argent, comme les enfants des patriciens romains, et comme ceux-ci cessent de la porter lorsqu’ils deviennent pubères, justifiant jusqu’à ce jour l’appellation de hæres bullatus que Juvénal donnait aux enfants riches. Quelques-uns portent avec la bulle, une clochette et un collier formé de pendeloques en argent, au milieu desquelles se trouve toujours la bulla. Les enfants des classes inférieures portent un ornement du même genre fait en cuir, comme la bulla scortea de leurs pareils à Rome.
Le costume des ecclésiastiques consiste en un caleçon flottant, arrivant jusqu’à mi-jambe, fixé aux hanches par une ceinture étroite et longue seulement de quatre à cinq coudées ; en une sorte de tunique étroite descendant jusqu’aux chevilles, à manches larges, sans poignets, dont le collet très-étroit tombe en deux pointes jusqu’à la ceinture, et en une toge dont la qualité varie selon leur état de fortune. Leur cordon de chrétienté est sans périaptes et sans amulettes. Ils se rasent fréquemment la chevelure et portent un turban volumineux et de forme particulière, par dessus une calotte de cotonnade. Les hauts dignitaires ecclésiastiques et les titulaires d’abbayes importantes portent par dessus la toge une espèce de burnous en drap bleu ou en soie brodée, semblable à celui des femmes de haut rang.
Tel est, d’une façon générale, le costume du peuple éthiopien ; la toge en est la pièce principale et fondamentale ; quant aux pièces accessoires, elles varient selon les provinces et les exigences locales.
Il ne faut pas croire que ces vêtements, qui semblent calqués sur ceux de la plus haute antiquité, soient immutables et refusent satisfaction au goût de changement, grain de folie inné dans l’homme, qui fait en partie sa noblesse, son charme et peut-être aussi son danger. La mode règne en Éthiopie ; ses décrets y sont souverains, ses caprices, ses extravagances même y sont accueillies. Les Éthiopiens qui ont si longtemps joui de grandes libertés politiques et civiles, ne s’astreindraient que difficilement à s’emprisonner dans des formes de costume invariables, et, dans cet ordre d’idées, de même qu’en Grèce et à Rome, leur costume, sans s’écarter complètement des grandes règles de l’esthétique, a l’avantage de se prêter aussi à cette inquiétude, à ces tâtonnements incessants de l’esprit humain, toujours à la recherche de la perfection.
Plus qu’ailleurs peut-être, en Éthiopie, les habitudes physiques et les tendances morales de l’homme se jugent d’après sa manière de porter ses vêtements : l’initiative en ce genre laissée à chacun concourt puissamment à développer le sentiment des formes et influe sur les manières et jusque sur le langage. On est frappé surtout de la dignité des assemblées ; et, quand on est assez familiarisé avec la langue des Éthiopiens pour en apprécier les beautés, on est émerveillé quelquefois de l’élévation de leurs vues, de la convenance, de la mesure et des habiletés de langage qu’ils déploient naturellement.
- ↑ Les mesures éthiopiennes sont la coudée, l’empan, le doigt, la semelle, la sommière et la corde. ― Ces deux dernières mesures sont uniquement agraires et d’un usage peu fréquent ; le nombre de coudées qui les composent varie de 8 à 24, selon les provinces. Malgré la différence de la taille des hommes, la longueur de la coudée ne varie guère qu’entre 45 et 47 centimètres.
- ↑ Voir la note 1 à la fin du volume.
- ↑ Voir la note 2, à la fin du volume.