Dors, mon Ami (O. C. Élisa Mercœur)

Œuvres complètes d’Élisa Mercœur, Texte établi par Adélaïde AumandMadame Veuve Mercœur (p. 15-16).


DORS, MON AMI.

 

Je me suis éveillée et des chagrins sans nombre
En pesant sur mon cœur sont venus le flétrir.

Élisa Mercœur.
 

Dors, mon ami, que les plus heureux songes
        Te bercent pendant ton sommeil ;
        Peut-être que ces doux mensonges
        N’en seront plus à ton réveil.
Si les fils de la Nuit, empruntant mon image,
        Te font l’aveu de mon amour,
Ce n’est point une erreur, sous ce même feuillage,

        De moi tu l’entendras un jour.
Caresse du bonheur l’illusion chérie,
        De ton esprit chasse l’effroi ;
Ah ! dors tranquillement ; dors, ta fidèle amie
        Veille attentive auprès de toi.
        L’oiseau sur la branche flexible
        Soupire ses chants amoureux ;
Sa compagne l’écoute, elle est jeune et sensible
    Oh ! mon ami, quand serons-nous heureux !
        Mais de nous s’approche un nuage :
Il va pleuvoir, je tremble malgré moi ;
        Tout nous menace de l’orage :
        Mon jeune ami, réveille-toi.


(Octobre 825.)