Documents biographiques/Édition Garnier/34



XXXIV.

L’ABBÉ LEBLANC AU PRÉSIDENT BOUHIER[1].

Juin 1736.

Je n’ai que le temps de vous dire que je vous envoie par la poste le mémoire de Jore, libraire, et celui de Voltaire, qui ne parut que d’hier. Voltaire est bien misérable, bien bas ; il devrait sacrifier 1,000 écus plutôt que de laisser paraître un pareil factum contre lui ; il est, à ce qu’on dit, de l’avocat qui l’a signé, et j’en ai déjà vu un assez plaisant de cet homme-là ; celui-ci a indisposé tous les honnêtes gens contre notre poëte, et dût-il gagner son procès, il n’y a qu’un cri d’indignation publique contre lui. Pour comble de maladresse, son propre mémoire est encore plus contre lui que celui de son libraire : la vanité, les airs de bienfaiteur, un certain ton d’impudence qu’il y fait sentir partout, surtout les mensonges qu’il y avance avec tant d’effronterie sur sa pauvreté et sur sa générosité, tout cela fait crier contre lui. Pour le coup, le voilà, je pense, bien loin de l’Académie ; ses amis se cachent ; lui-même, agité comme un démon, tourmenté par son maudit esprit, ne peut plus tenir à Paris, et il part ces jours-ci.



  1. Archives de la Bastille, tome XII, page 187.


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