Discussion:Louÿs – Poésies/Stances 7
La présente version du Pervigilium Mortis est incomplète.
La 4ème partie de la présente est version est composée de deux quatrains
Laissez-vous assombrir, fleur noire, courbes d’urne,
Long corps fluide et sauf des brumes du Léthé.
Disparaissez du soir dans l’univers nocturne.
La couleur qui s’éteint remonte à la clarté.
Libre des dieux, une onde éternelle peut naître
Où moururent les jours qui murmurent : « J’aimais »,
Si le Verbe au sang pur trouve aux sources de l’être
Le battement du vers dans la vie à jamais.
Alors que la 4ème partie de la version de référence comporte six quatrains, qui d'ailleurs ne comptent pas les deux cités ci-dessus.
Psyché, ma sœur, écoute immobile, et frissonne…
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encor… Personne
N’est plus heureux, ce soir, n’est plus divin que nous.
Une immense tendresse attire à travers l’ombre
Nos yeux presque fermés. Que reste-t-il encor
Du baiser qui s’apaise et du soupir qui sombre ?
La vie a retourné notre sablier d’or.
C’est notre heure éternelle, éternellement grande,
L’heure qui va survivre à l’éphémère amour,
Comme un voile embaumé de rose et de lavande
Conserve après cent ans la jeunesse d’un jour.
Plus tard, ô ma beauté, quand des nuits étrangères
Auront passé sur vous qui ne m’attendrez plus,
Quand d’autres, s’il se peut, amie aux mains légères,
Jaloux de mon prénom, toucheront vos pieds nus,
Rappelez-vous qu’un soir nous vécûmes ensemble
L’heure unique où les dieux accordent, un instant,
À la tête qui penche, à l’épaule qui tremble,
L’esprit pur de la vie en fuite avec le temps.
Rappelez-vous qu’un soir, couchés sur notre couche
En caressant nos doigts frémissants de s’unir,
Nous avons échangé de la bouche à la bouche
La perle impérissable où dort le Souvenir.