Discours sur les sciences et les arts/Édition Dupont 1823/Avis de l’éditeur sur la réponse à M. Bordes

Œuvres complètes de J. J. Rousseau : mises dans un nouvel ordreP. Dupont1 (p. 122-123).


AVIS DE L’ÉDITEUR
SUR LA RÉPONSE À M. BORDES.



Dans les éditions faites depuis trente ans on lit ainsi le titre : Dernière réponse a M. Bordes ; mais le mot dernière est omis dans l’édition de Neufchâtel, faite en 1775 (conséquemment du vivant de l’auteur), et dans celles de Genève et de Paris, 1790, in-4o. Grimm, dans sa Correspondance littéraire (1754), s’exprime ainsi : « Rousseau fit une réponse au roi Stanislas, et une autre, qu’il appela sa dernière, à M. Bordes. Ces deux morceaux contiennent des choses admirables et même sublimes ; et ce dernier est, à mon gré, égal et même supérieur à son Discours. » Ainsi, d’après ce témoignage, Jean-Jacques aurait annoncé que cette réponse devait être la dernière qu’il ferait à ses critiques. C’était la seule adressée à M. Bordes, qui fit en réplique un second discours sur lequel Rousseau garda le silence ; mais il se vit obligé de reprendre encore une fois la plume, par égard pour l’académie de Dijon, que M. Lecat mit en jeu en prenant le titre de membre de cette académie.

Le mot dernière doit donc être omis, puisqu’il n’est plus motivé du moment où Jean-Jacques répondit encore. Ce mot ne s’adresse point à M. Bordes, à qui Rousseau ne fit qu’une seule réplique. Ce fut pour lui la première et la dernière.

Dans l’édition imprimée en 1820, et publiée par M. Lequien, on lit sur le titre qui nous occupe la note suivante : « Il ne faut pas entendre par ce titre Dernière réponse a M. Bordes, mais dernière réponse sur le sujet dont il est question, laquelle est adressée à M. Bordes. » Comme Rousseau n’avait point encore écrit à M. Bordes, l’avertissement était inutile ; mais il nous semble que le soigneux éditeur aurait dû nous instruire du motif pour lequel il laissait ce mot dernière, du moment où cette prétendue dernière est suivie d’une autre réponse. Nous croyons donc que cette épithète doit être supprimée du titre, autant parce qu’elle le fut dans une édition faite pendant la vie de Rousseau, que par les raisons que nous avons exposées.