Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre T


◄  S
U  ►


T

T se prend dans les abréviations pour Titus, Tullius, Tullus, Tiberius; Th. pour Théodore, Théophile, Théodose, Thomas, Thérèse, etc.

TAASINGE OU THORSENGE, île du Danemark, entre Fyen et Langeland; 14 kil. sur 7; ch.-l. Troenses; 3800 h. Élève de bestiaux; assez de commerce.

TABAGO (île), une des Petites Antilles anglaises, à 25kil. N.E. de la Trinité; 50 kil. sur 19; 16 000 h. (dont plus de l3 000 noirs); ch.-l., Scarborough. Végétation superbe : l'île est surtout fertile en tabac (cette plante, qui y fut découverte en 1560, en a pris nom), canne à sucre, yams, ananas, sassafras, bananes, cocotiers. Commerce de sucre et de rhum. — Découverte par Christophe Colomb en 1498, cette île devint colonie hollandaise en 1632; appartint alternativement aux Anglais et aux Hollandais de 1666 à 1781 ; aux Français de 1781 à 1793, et enfin aux Anglais depuis 1793. — Sur sa côte E. est la Petite-Tabago.

TABARAUD (Math.), oratorien, né à Limoges en 1744, m. en 1832, enseigna la théologie dans divers séminaires, fut supérieur des collèges de Pézinas et de Limoges, émigra en Angleterre, revint en 1801, refusa un évêché, et fut nommé en 1811 censeur de la librairie. Il a laissé plusieurs écrits fort savants, mais presque tous empreints de jansénisme : Traité historique de l’élection des évêques, Paris 1792; Histoire critique du philosophisme anglais (1806) ; Principes sur la distinction du contrat et du sacrement de mariage (1816); Hist. de Pierre de Bérulle, fondateur de l’Oratoire (1817); De la réunion des communions chrétiennes, etc.

TABARCA, île de la Méditerranée, sur la côte N. E. de l'Algérie, près de la Calle, appartint aux Génois jusqu'en 1798, fut acquise alors par la Compagnie française de la Calle, qui la perdit en 1814, et fut rendue aux Français par le bey de Tunis en 1830. On y exploite le corail. — En face de l'île, on voit sur le continent les ruines d'une ville de Tabarca, autrefois évêché. On y exploite le corail. — En face de l'île, on voit sur le continent les ruines d'une ville de Tabarca, autrefois évêché.

TABARIEH, Tibériade, v. de Syrie (Acre), sur le bord occid. du lac de même nom, à 65 kil. S. E. d'Acre ; 4000 hab. Archevêché grec ; mur flanqué de tours ; quelques édifices (deux mosquées, palais du mosellim, etc.) ;eaux thermales. — Cette ville fut prise par les Français en 1798. Elle a été presque détruite en 1837 par un tremblement de terre. V. TIBÉRIADE.

TABARIN, charlatan et farceur dans le genre de nos paillasses, venu de Milan, courait la vile et la province avec Mondor et fut fort en vogue à Paris au commencement du XVIIe s. (de 1620 à 1630) : il débita longtemps ses quolibets sur le Pont-Neuf. On a l’Inventaire universel des œuvres de Tabarin, contenant ses fantaisies, dialogues, paradoxes, farces, Paris, 1622, et nombre d'autres écrits burlesques sous son nom, entre autres la Descente de Tabarin aux Enfers. Ses Œuvres ont été réimprimées par G. Aventin (1858, 2 vol. in-16).

TABARISTAN, prov. de la Perse, entre le Mazendéran au N., le Khoraçan à l'E., l'Irak-Adjémi au S., le Khousistan au S. E. : 400 kil. sur 100 ; env. 130 000 hab. ; ch.-l., Demavend. Sol assez fertile à l'E. Dans l'antiquité, une grande partie de ce pays était occupée par un peuple appelé Tapuriens ou Tapyres. Il ne fut conquis par les Arabes qu'en 773.

TABARY (Mohammed), écrivain arabe, né dans le Tabaristan en 839, m. à Bagdad en 923, rédigea une Chronique universelle (de la création à l'an 914), qui est le plus ancien monument historique des Musulmans. Elle a été trad. en français, d'après une version persane, par L. Dubeux, 1836.

TABASCO, dite aussi Villa Hermosa de Tabasco, v. du Mexique, ch.-l. de l’État de Tabasco, à l'embouch. du Tabasco dans le golfe du Mexique, à 400 k. E. S. E. de Vera-Cruz; 7000 h. Commerce assez actif. Cortez battit les Mexicains aux env., au lieu où fut bâtie depuis Notre-Dame-de-la-Victoire. — L'État de Tabasco, à l'extrémité S. E. du Mexique, a au N. la mer du Mexique, à l'E. l'Yucatan, à l'O. l'État de Vera-Cruz, au S. E. et au S. le Guatemala ; env. 32 500 k. carr. et 70 000 hab. Climat peu salubre, à cause des marais. Cacao et coton superbes ; du reste, sol peu fertile.

TABERNACLE, temple portatif érigé par les Israélites dans le désert, avait 30 coudées de long sur 10 de large et 10 de haut ; l'entrée regardait l'orient. Un voile précieux le divisait en deux parties, l'une longue de 20 coudées, dite le Saint, l'autre de 10, nommée le Saint des Saints ou le Sanctuaire. Dans celle-ci était l'arche d'alliance ; le grand prêtre seul pouvait y entrer : encore n'était-ce qu'une fois par an. Moïse avait reçu de Dieu même le modèle du tabernacle. — La fête des Tabernacles était une des fêtes principales des Juifs ; ils la célébraient sous des tentes, pour rappeler le séjour de leurs ancêtres dans le désert ; elle durait 7 jours.

TABERNÆ (c.-à-d. Cabanes), nom de plusieurs villes chez les anciens : 1° Tabernæ Rhenanæ, auj. Rhein-Zabern, dans la Germanie lre, chez les Némètes, — 2° Tabernas Riguæ ou Mosellanicæ, auj. Berncastel, dans la Belgique 1re; — 3° Tabernæ Triboccorum, auj. Saverne, chez les Tribocci (Germanie 1re).

TABLE (Mont de la), mont, de la colonie du Cap de Bonne-Espérance, près et au S. de la ville du Cap, a 1163m de haut. Vaste surface plane au sommet, d'où le nom donné à la montagne ; vue superbe. C'est sur un des versants de cette montagne qu'on récolte le célèbre vin de Constance.

TABLE (Baie de la), baie qui se trouve sur la côte O. de la colonie du Cap, au S. de la baie de Saldanha, au pied du mont de la Table, est très-dangereuse.

TABLE ISIAQUE. V. ISIAQUE (TABLE).

TABLE RONDE (Chevaliers de la), ordre de chevalerie fabuleux, fut, suivant les légendes de la Grande-Bretagne, institué à la fin du Ve s. à York, par le roi chrétien Uther ou par son fils Artus ou Arthur, sur les conseils de l'enchanteur Merlin. L'ordre se composa d'abord de 24 chevaliers, puis fut porté à 50, qui délibéraient assis autour d'une table ronde. Leurs noms sont gravés sur une table de marbre de forme ronde, qui est conservée à Winchester depuis 1480. Les plus connus, après Arthur, sont Amadis, Gauvain, Galaor, Tristan, Lancelot, Palamède. Le poëte anglo-normand Wace, qui vivait au XIe s., paraît avoir le premier inventé cette fable, qui a inspiré un grand nombre de romanciers au moyen âge : elle fait le sujet des romans de Tristan de Léonnais, Lancelot du Lac, Perceforest, Saint-Graal, Merlin, Flore et Blanchefleur, etc. On doit à M. de La Villemarqué d'intéressantes recherches sur ces Romans (1861). Creuzé de Lesser a fait un poëme des Chevaliers de la Table Ronde (1813).

TABLE THÉODOSIENNE. V. PEUTINGER.

TABLES (Loi des DOUZE), code publié à Rome par les Décemvirs en 451 et 450 av. J.-C., et ainsi nommé parce qu'il était gravé sur douze tables d'airain. On n'en publia d'abord que dix ; mais, comme elles étaient incomplètes, on en ajouta deux autres l'année suivante. Ce code régit les Romains jusqu'au temps d'Auguste. Les fragments de ces lois ont été recueillis dans les Tabulæ chronologicæ de Haubold, Paris, 1823, et savamment commentées par Bouchaud, 1787 et 1803. V. DÉCEMVIRS.

TABLES ALPHONSINES. V. ALPHONSE X, roi de Castille. — TABLES RUDOLPHINES. V. RODOLPHE.

TABOR, Hradistie en tchèque, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, a 77 kil. S. E. de Prague ; 4000 hab. Château fort, tribunaux. La ville doit son origine à un fort bâti en 1419 par J. Ziska, chef d'une secte de Hussites, qui a reçu de là le nom de Taborites. Elle fut prise en 1544 par les troupes de l'empereur. — Le cercle de Tabor, entre ceux de Czaslau, Kaurzim, Beraun, Prachin, Budweis et la Moravie, a 100 kil. sur 35, et 200 000 h. Son ch.-l. était, avant Tabor, Béchin, qui est à 17 kil. S. O. de Tabor.

TABOR, mont. des Alpes cottiennes, au N. du mont Genèvre, a 3300m de haut. La Durance prend sa source entre ces deux montagnes. — V. THABOR.

TABORITES, secte de Hussites qui reconnaissait J. Ziska pour chef, tirait son nom du château de Tabor. Ils rejetaient le purgatoire, la confession auriculaire, la confirmation, la présence réelle, etc.

TABOU, coutume superstitieuse répandue dans toutes les îles de la Polynésie, consiste en une espèce d'interdiction sacrée prononcée sur une personne ou sur un objet par les prêtres ou les chefs. Presque partout le souverain est tabou, c'est-à-dire qu'on ne peut ni le toucher ni même lever les yeux sur lui. La violation du tabou entraîne les peines les plus sévères et souvent la mort. Le tabou a été aboli en plusieurs lieux depuis la venue des Européens.

TABOUROT (Étienne), sieur des Accords, procureur du roi à Dijon, né en 1547, m. en 1590, a publié plusieurs ouvrages facétieux et bizarres, entre autres les Bigarrures et les Touches du seigneur des Accords, imprimé à Paris en 1582, 1585 et l662, Le 1er traite des rébus, des équivoques, des antistrophes, des acrostiches, des vers rétrogrades et léonins, etc. ; le 2e est un recueil de poésies gaies et spirituelles, mais souvent licencieuses.


TABRIS, ville de Perse. V. TAURIS.

TACAZZÉ, riv. d'Abyssinie. V. ATBARAH.

TACFARINAS, chef numide ou maure, servit dans l'armée romaine sous Tibère, puis se mit en Afrique à la tête de bandes indépendantes, l'an 17 de J.-C., et résista huit ans aux Romains ; enfin il fut tué dans un combat contre le proconsul Dolabella, l'an 25.

TACHAU, v. de Bohême (Pilsen), à 52 kil. N. O. de Pilsen ; 3000 h. André Procope, chef hussite, y battit les Impériaux en 1431. Aux environs, eaux minérales acidulées, et manufacture de glaces de Strœhl.

TACHFIN (ABOU'L MOEZZ ABOU-OMAR), dernier roi almoravide de Maroc (1143-46), avait lutté 12 années en Espagne contre les Chrétiens et remporté plusieurs victoires, quand son père le rappela en Afrique pour l'opposer aux Almohades. Il fut malheureux dans cette guerre, et vit mourir son père de chagrin. Il lui succéda en 1146. Après 3 ans de règne, il périt noyé dans la mer en courant au secours d'Oran.

TACHKEND, v. du Turkestan; dans le khanat de Khokand, près de Sihoun, à 200 k. N. O. de Khokand; env. 80 000 h. Nombreuses fontaines ; climat charmant, été perpétuel. Citadelle (avec garnison de 10 000 h.). — Jadis capitale de l’État de Tachkend, auj. absorbé dans le khanat de Khokand, et soumis aux Russes.

TACHOS, roi d’Égypte de 363 à 362 av. J.-C., fils de Nectanébus I, régna après son père, se soutint contre Artaxerce Ochus avec le secours des Grecs; mais fut forcé de prendre la fuite devant le rebelle Nectanébo, que soutenait le roi lacédémonien Agésilas. Il s'était attiré la haine de ce dernier par des railleries sur sa difformité.

TACITE, C. Cornelius Tacitus, célèbre historien latin, né à Intéramne en Ombrie, vers l'an 54 de J.-C., d'une famille équestre, fut d'abord avocat et se distingua au barreau par son éloquence, entra dans la carrière des honneurs sous Vespasien, épousa en 79 la fille d'Agricola, passa environ quatre ans dans un gouvernement de province (89-93), et fut consul subrogé en 97. On croit qu'il mourut octogénaire, vers l'an 130 ou 134. Il était intime ami de Pline le Jeune. Tacite ne commença à écrire l'histoire que dans un âge assez avancé. Nous avons perdu une grande partie de ses ouvrages (un Panégyrique de Virginius, un Discours contre le proconsul Marius Priscus et ses autres plaidoyers, ses poésies, etc.); mais nous possédons en partie ses Annales (liv. I-IV, 2e moitié du Ve, VIe, XI-XVe, et partie du XVIe), ses Histoires (liv. I-IV et commencement du Ve), et en totalité la Vie d'Agricola et les Mœurs des Germains. Nous avons en outre sous son nom un Dialogue sur les causes de la corruption de l'éloquence, dialogue qu'on attribue aussi, mais avec moins de vraisemblance, à Quintilien ou à Pline le Jeune. Les Histoires commencent à l'avénement de Galba et vont jusqu'à Nerva; les Annales allaient de la mort d'Auguste à celle de Néron. Tacite est universellement regardé comme le plus grand des historiens : il est grave, profond, énergique, concis, sans manquer d'abondance; il peint ses portraits des plus vives couleurs; ses jugements sévères flétrissent le crime et la tyrannie; il est d'ailleurs exact, ami de la vérité, bien informé, n'écrivant que sur ce qu'il a vu ou ce que des contemporains lui ont raconté. Malgré ces mérites, il a été violemment critiqué, surtout par Linguet : on lui a reproché quelque obscurité dans le style et une certaine misanthropie; on l'a accusé de calomnier Tibère. La 1re édition de Tacite est de Venise, 1469 ; les meilleures sont celles d'Ernesti, Leips., 1752; de Brottier, 1772, avec des Suppléments estimés; de Leips., 1801, due à Oberlin, et reproduite, avec Notes de M. Naudet, dans les Classiques latins de Lemaire; de Dœderlin, Halle, 1841-47; d'Orelli, Zurich, 1848. Cet auteur a été traduit dans toutes les langues; les principaux traducteurs français sont : Perrot d'Ablancourt, Amelot de la Houssaye, avec notes historiques et politiques, La Bletterie, Dotteville, Dureau de la Malle, 1790, Burnouf (1827 et ann. suiv., 6 vol. in-8, avec le texte et de savantes notes); Panckoucke (1830-38, 7 vol. in-8); Ch. Louandre (dans la collection Charpentier) : la trad. la plus estimée est celle de Burnouf.

TACITE, M. Claudius Tacitus, empereur romain, fut élu en 275 par le sénat à cause de ses vertus : il avait alors plus de 70 ans. Il abandonna à l’État ses revenus, repoussa les Goths et les Alains, combattit les Perses, et tenta de réorganiser l'armée; mais il mourut assassiné, dit-on, après 6 mois de règne. Il prétendait descendre de l'historien Tacite : il multiplia les copies des ouvrages de cet écrivain et fit placer sa statue dans les bibliothèques. Ce prince avait pour frère Florien, qui voulut lui succéder.

TACONNET, acteur comique (1730-1774), était le principal sujet du théâtre de Nicolet, et fit imprimer quelques farces. V. NICOLET.

TACNA, v. du Pérou, à 52 kil. S. S. E. d'Arica; 10 000 hab. Commerce important avec la Bolivie.

TACUBA, jadis Talcopan, v. du Mexique, à 11 kil. N. O. de Mexico; 2500 hab. Jadis capitale d'un petit royaume. Belle chaussée conduisant à Mexico et par laquelle F. Cortez se rendit dans cette ville.

TADER, fleuve d'Hispanie, auj. la Ségura.

TADJIKS, nation nombreuse et civilisée qui forme le fond de la population de la Perse. Il y a aussi beaucoup de Tadjiks dans le Kaboul et la Boukharie.

TADMOR, nom oriental de Palmyre. V. PALMYRE.

TAEPINGS ou TAÏPINGS, insurgés chinois qui, pendant les années 1850 et suiv., désolèrent la Chine ; sont ainsi appelés du nom de leur chef. Ils se sont rendus maîtres de plusieurs des villes les plus importantes, Nankin, Sou-tohéou, Hang-tchéou, etc., et y ont exercé d'horribles dévastations. L'empereur de la Chine s'est vu obligé, pour les combattre, d'invoquer le secours des Européens.

TAFILET, v. de Maroc, ch.-l. de la prov. de Tafilet, près du Ziz, à 500 kil. E. S. E. de Maroc: 3000 hab. Château fort. — La prov. (jadis royaume) de Tafilet, l'une des divisions de l'empire du Maroc, a pour bornes au N. le roy. de Fez, à l'O. le Maroc proprement dit, à l'E. l'Algérie : env. 500 kil. du N. au S. sur 425; près de 700 000 hab. Sol très-fertile et passablement arrosé; au nord s'élève l'Atlas. On y fabrique des cuirs, de beau maroquin, des couvertures de laine, des rondaches, etc., et il s'y fait quelque commerce avec la Nigritie, notamment avec Tombouctou. C'est du roy. de Tafilet qu'est originaire la dynastie de chérifs qui gouverne le Maroc, ce qui a valu à ce pays le nom de Pays des Chérifs.

TAFNA, Siga, petite riv. de l'Algérie (Oran), se jette dans la Méditerranée au golfe de Rachgoun, par 3° 40' long. O., après un cours d'env. 50 kil. Elle est renommée par le traité de la Tafna, conclu sur ses bords en 1837 entre le général Bugeaud et l'émir Abd-el-Kader, et dont l'objet était de fixer les limites de l'Afrique française et des États concédés à l'émir. Ce traité, qui fut vivement blâmé, fut rompu en 1839 par Abd-el-Kader lui-même.

TAGANROG, v. forte de la Russie d'Europe (Iékatérinoslav), sur la mer d'Azov, près de l'embouch. du Don, à 400 k. S. E. d'Iékatérinoslav; 20 000 hab. Port de commerce, le 2e de la Russie mérid., citadelle. École de commerce, biblioth., musée; bourse, banque; chantiers de construction, forges, poterie, corderies, etc. Pêche active. Grand commerce, favorisé par le canal du Don au Volga : c'est par Taganrog que la Russie se fournit de presque tous les objets nécessaires aux flottes (bois divers, fer, chanvre, goudron, cuivre, potasse, salpêtre, blés, viande). — La ville se forma autour d'une forteresse bâtie en 1706 par Pierre le Grand; démolie en vertu du traité du Pruth en 1711, elle fut rebâtie en 1769. Alexandre I y mourut en 1825 : un monument y a été érigé à sa mémoire. Elle fut bombardée en 1855 par la flotte anglo-française.

TAGASTE, auj. Tagilt ou Souk-arras, v. ruinée de Numidie, à l'E., entre Hippo (Bone) et Sicca-Venerea. Patrie de S. Augustin.

TAGE, Tagus, fleuve de la péninsule hispanique, naît au mont San-Felipe (Sierra-de-Albaracin) par 4° 18' long. O., 40° 38' lat. N., traverse les provinces espagnoles de Cuença, Guadalaxara, Tolède, Badajoz, entre en Portugal après avoir un instant formé la limite des deux royaumes, sépare le Beira de l'Alentéjo, puis traverse l'Estramadure portugaise, et se jette dans l'Atlantique au-dessous de Lisbonne, après un cours de 760 kil. dont 560 en Espagne. Il baigne Aranjuez, Tolède, Talaveyra-de-la-Reyna, Puente-del-Arzobispo, Alcantara, Abrantès, Punhete, Santarem, Lisbonne, et reçoit le Jarama, le Guadarrama, l'Alberche, le Tiétar, l'Alagon en Espagne ; l'Elja, le Ponsul, le Zezer, en Portugal. Bords arides, vantés à tort. Le fleuve roule un peu d'or. — L'entrée du Tage fut forcée en 1831 par l'am. Roussin.

TAGE, Tagos, nom que portaient les chefs de cités et de fédérations dans l'ancienne Thessalie.

TAGÈS, génie étrusque, le plus grand des devins, sortit un jour d'une motte de terre, sous la charrue d'un laboureur, aux environs de Tarquinies. Sa taille était celle d'un nain, mais dès sa naissance il fit entendre des paroles d'une profonde sagesse : c'est lui qui enseigna aux Étrusques la divination et la science des aruspices. On lui attribuait des livres prophétiques.

TAGINE, auj. Lentagio, petite ville du Picenum, sur la Métaure, où Narsès gagna sur Totila en 552 la bataille dite aussi bat. de Busta Gallorum.

TAGLIACOZZI (Gasp.), chirurgien de Bologne, 1546-99, enseigna l'anatomie à l'Université de sa ville natale. On lui doit l'ouvrage le plus complet sur l'art de remettre certaines parties du corps : De curtorurn chirurgia per insitionem, Venise, 1597, in-f., réimprimé sous le titre de Chirurgia nova de narium, aurium, labiorumque defectu, Francfort, 1598. Il pratiqua lui-même avec succès la rhinoplastie.

TAGLIACOZZO, v. de l'Italie mérid. (Abruzze Ult. 2e), à 17 kil. O. d'Alba; 3000 hab. Beau palais. — Fondée au Ve s. par les Ostrogoths. Charles I d'Anjou y remporta en 1268 sur Conradin, roi de Sicile, une victoire décisive.

TAGLIAMENTO, Tilavemptus, riv. de l'Italie septentr., sort du mont Mauro, dans les Alpes Juliennes, coule dans la prov. d'Udine au S., baigne Spilimbergo, Mendrisio, Latisana, et tombe dans le golfe de Venise, à 15 kil. S. de Marano, après un cours de 180 kil. Bonaparte le franchit en 1797; Masséna battit les Autrichiens sur ses bords en 1805. — Le Tagliamento a donné son nom à un dép. du roy. français d'Italie, situé entre ceux du Passeriano, de la Piave, du Bacchiglione, de l'Adriatique, et le Tyrol; il fut formé en 1806 du territoire de Trévise et d'une partie du Frioul vénitien; ch.-l. Trévise. Il revint à l'Autriche en 1814.

TAGUIN, cours d'eau de l'Algérie, sort du Djebel-Amour, traverse le petit désert, coulant du S. au N., et s'unit au Chélif. — AIN-TAGUIN, c.-à-d. Source de Taguin, lieu du petit désert, situé dans la prov. d'Alger, à la source du Taguin, à 800 kil. S. d'Alger. Le duc d'Aumale y surprit et dispersa, le 16 mai 1843, la Smalah d'Abd-el-Kader.

TAHER (Al-Khouzai-Ben-Hocein-Ben-Masar), général arabe, tige des Tahérides, avait servi le calife Haroun-al-Raschid. Il fit périr Amyn, successeur de ce calife, et assura le trône à Al-Mamoun, frère de ce prince (813) ; il reçut à titre de récompense le gouvernement du Khoraçan, mais il ne tarda pas à s'y rendre indépendant, il mourut empoisonné, en 822. Ses successeurs, connus sous le nom de Tahérides, possédèrent le Khoraçan jusqu'en 872.

TAHÉRIDES. V. TAHER et MOMAMMED-BEN-TAHER.

TAIKO-SAMA, 1er souverain séculier du Japon, avait été esclave; il devint ensuite favori et lieutenant d'un général qui s'était rendu maître de quelques provinces; il lui succéda en 1583. En 1585 il réduisit le Daïri à la souveraineté spirituelle et le tint enfermé dans un palais magnifique, sous prétexte de rendre sa personne plus sacrée. On a depuis nommé Taikoun le souverain temporel, qu'on appelle aussi Koubo. C'est Taiko-Sama qui le premier persécuta les Chrétiens au Japon.

TAIKOUN ou TAIGOUN. V. TAIKO-SAMA.

TAILHIÉ (l'abbé), né vers 1700 à Villeneuve-d'Agen, m. vers 1778, fut élève de Rollin, et rédigea, entre autres ouvrages, un Abrégé de l'Histoire ancienne de son maître, 1744, 5 vol., et un Abrégé de l'Histoire romaine du même, 1755, ouvrages qui eurent du succès. On lui doit en outre une Histoire delouis XII, 1755, et un Abrégé chronologique de l’histoire de la Société de Jésus, 1759.

TAILLE, anc. impôt payé par les seuls roturiers. V. TAILLE dans notre Dict. univ. des Sciences.

TAILLEBOURG, bg du dép. de la Charente-Inf., sur la r. dr. de la Charente, à 15 kil. S. O. de St-Jean-d'Angély, 1200 hab. S. Louis y battit les Anglais et Hugues de la Marche en 1242.

TAIN, ch.-l. de c. (Drôme), sur le Rhône, vis-a-vis de Tournon, au pied du coteau de l'Ermitage, à 18 k. N. de Valence ; 2782 hab. Beau pont en chaînes de fer entre Tain et Tournon, le 1er de ce genre qui ait été construit en France (1815). Aux env., vignobles de l'Ermitage et de Côte-Rôtie ; truffes; granit gris (le plus beau de France).

TAIN, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Ross, à l'embouch. du Tain, à 510 k. N. d’Édimbourg; 2800 h.

TAÏPINGS. V. TAEPINGS.

TAITI ou OTAÏTI, la Sagittaria de Quiros, la Nouv.-Cythère de Bougainville, la plus grande des îles de la Société, par 152° long. O. et 17° 29' lat. S., est formée de deux presqu'îles ayant l'une 136 k.de tour, l'autre 47 ; env. 10 000 h. ; ch.-l., Papéiti. Bonnes rades, notamment à Papéiti ; montagnes boisées au centre : l'Orohéna a 2237m de haut. Climat délicieux, sol très-fertile (coco, pisangs, poivre, canne à sucre, arbre à pain, bois de construction); volaille, gibier, poissons et espèces marines en abondance; belle nacre. Commerce en progrès. Cette île semble être une production volcanique : elle est entourée de récifs de corail. L'espèce humaine y est fort belle, mais de couleur olive. — Visitée dès 1606 par Quiros, revue ensuite par Wallis (1767), Bougainville (1768), et Cook (1768 et 1776), au temps où elle obéissait à la reine Obéréa, cette île a longtemps été le lieu de la Polynésie le plus fréquenté par les Européens : les habitudes voluptueuses des indigènes l'avaient rendue fameuse. Des missionnaires anglicans, en s'y établissant (1815), ont donné à l'île un autre aspect, et fait adopter à presque toute la population le vêtement, la religion, et les manières des Européens. Vers 1822, l'Angleterre voulut imposer à Taïti son pavillon et y placer une garnison anglaise, mais cette offre fut déclinée. En 1842, l'île accepta la protectorat de la France : l'amiral Dupetit-Thouars voulut y substituer, en 1843 l'occupation complète, mais il fut désavoué. Cependant notre autorité s'y est établie depuis : cette île est auj. le ch.-l. de nos établissements dans l’Océanie. V. POMARÉ.

TAI-TSOU, empereur chinois, chassa les Mongols de la Chine en 1368 et fonda la dynastie indigène des Mings, qui régna jusqu'en 1644.

TAKOU, fort chinois, situé à l'embouch. du Pey-Ho, sur la r. dr., fut emporté d'assaut le 21 août 1860 par l'armée anglo-française.

TAKROUR, nom du Soudan chez les indigènes.

TALANTI ou ATALANTI, Oponte, v. de l'État de Grèce (Hellade orient.), ch.-l, de l'éparchie de Locride, sur le canal de Talanti, qui la sépare de Négrepont, à 100 k. N. N. O. d'Athènes; 6000 h,. Évêché.

TALAPOINS, nom que portent le prêtres de Bouddha dans le pays de Siam, dans le Pégou et le Laos.

TALASUIS. V. THALASIUS.

TALAVERA DE LA REYNA, Elbora, Talabrica, v. d'Espagne (Tolède), sur la r. dr. du Tage, à 65 k. O. de Tolède; 6000 hab. Murs en ruine; fabriques de soieries. — Ville ancienne ; conquise sur les Maures en 1082. Elle fut longtemps l'apanage des reines d'Espagne (d'où son nom de la Reyna) ; elle fut cédée par Jeanne, épouse de Henri II, aux archevêques de Tolède. Les Français la prirent en 1808, y furent défaits par les Anglo-Espagnols en 1809, et l'occupèrent de nouveau en 1823. Patrie du Jésuite Mariana. — A 59 kil. S. E. se trouva Talavera-la-Vieja (jadis Evandria); 500 hab. Ruines romaines.

TALBERT (Fr. Xavier), grand vicaire de Lescar, né à Besançon en 1728, m. en 1803, eut de la réputation comme prédicateur, émigra et mourut à Lemberg. Il avait traité, concurremment avec J. J. Rousseau, la question proposée par l'Académie de Dijon sur l’Origine de l'inégalité parmi les hommes (1754), et avait remporté le prix. On a de lui, outre ses Sermons, des Éloges de Louis XV, Montaigne, Bossuet, Massillon, d'Amboise, L'Hôpital, couronnés par diverses académies.

TALBOT (Jean), 1er comte de Shrewsbury, général anglais, l’Achille de l'Angleterre, né vers 1373 à Blechmore (Shropshire), était issu d'une famille normande originaire de Caux. Envoyé dès 1417 en France, sous le règne de Charles VI, il se signala dans plusieurs combats par un courage indomptable, mais ne put contre-balancer la bonne fortune de Charles VII aidé de Jeanne d'Arc. Il assista au siège d'Orléans et devint commandant en chef des troupes anglaises après l'affaire de Jargeau, où Suffolk s'était laissé prendre (1429). Il perdit la bataille de Patay, et y fut pris par Xaintrailles, qui le renvoya sans rançon ; il eut bientôt occasion d'user de la même courtoisie à l'égard de son libérateur. Il reçut successivement les titres de comte de Shrewsbury, de Wexford, de Waterford en récompense de ses faits d'armes. Il reparut en Guyenne en 1452, et occupa rapidement toute la province, mais il perdit la victoire et la vie à la bataille de Castillon, près de Bordeaux (1453). Il avait reçu en 1441 du roi d'Angleterre Henri VI, alors maître de la France, le titre purement factice de maréchal de France. — Un de ses descendants, Ch. Talbot, comte, puis duc de Shrewsbury, 1660-1717, était chambellan de Jacques II. Désapprouvant la politique de ce prince, il quitta son service, et favorisa l'entreprise du prince d'Orange (Guillaume III), qui, appelé au trône, le nomma dès 1689 son principal ministre, puis le créa duc (1694). Il fut sous la reine Anne membre du conseil privé, ambassadeur en France, puis lord trésorier.

TALBOT (Richard), comte, puis duc de Tyrconnel, gentilhomme irlandais, zélé catholique, jouit de toute la confiance de Jacques II, qui le nomma vice-roi d'Irlande. Il défendit Jacques contre son gendre Guillaume, prince d'Orange, et reçut le roi à Dublin lorsqu'il eut été chassé d'Angleterre. Après la révolution de 1688, il tenta de rendre l'Irlande indépendante, mais sans pouvoir y réussir. Il mourut en 1691.

TALCA ou SAINT-AUGUSTIN, v. du Chili, ch.-l. d'une prov. de son nom, à 190 kil. S. de Santiago; 2000 hab. Aux env., mines d'or et améthystes.

TALENT, poids monétaire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TALENT, v. d'Afrique, capit. de l'État de Sidi-Hescham, à 110 kil. S. O. de Tarodant.

TALLAHASSEE, v. des États-Unis, capit. de la Floride, sur l'Appalachicola, par 86° 56' long. O., 30° 28 lat. N.; 4500 hab. Cour de justice, église de Presbytériens. Chemin de fer.

TALLARD, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur la r. dr. de la Durance, à 10 kil. S. de Gap; 1105 hab.

TALLART (Camille D'HOSTUN, duc de), général français, 1652-1728, servit sous Condé et Turenne, devint lieutenant général en 1693, maréchal en 1703, gagna la bataille de Spire sur les Impériaux, mais fut par sa faute défait, avec Marsin, à Hochstædt par Marlborough et le prince Eugène (1704), fait prisonnier et conduit à Londres, où il resta sept ans en captivité. Il eut part, dit-on, par ses intrigues près de la reine Anne, au rappel de Marlborough. Il fut, à son retour, nommé duc et pair, puis membre du conseil de régence, et fut ministre d’État sous Louis XV. Il était membre honoraire de l'Académie française.

TALLEMANT DES RÉAUX (François), littérateur, né à la Rochelle en 1620, m. en 1693, fut 24 ans aumônier de Louis XIV, entra à l'Académie française en 1651, donna une traduction de Plutarque (1663-65, 8 vol.), que Boileau accuse de sécheresse, et traduisit l’Histoire de la république de Venise de Nani, J679. — Son frère, Gédéon Tallemant des Réaux, né vers 1619, mort à la fin du XVIIe s., fut maître des requêtes, puis intendant de province. Né protestant, il adjura dans ses dernières années. Il a laissé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1834, par MM. Monmerqué et Taschereau, sous le titre d’Historiettes de Tallemant des Réaux (6 vol. in-8), et dont une éd. plus complète a été donnée en 9 vol. in-8 par M. Paulin Paris, 1854-61; on y trouve une foule d'anecdotes curieuses et d'histoires plaisantes, mais racontée le plus souvent avec trop de cynisme.

TALLEMANT (l'abbé Paul), cousin des préc. (1642-1712), membre de l'Académie des inscriptions, fut longtemps l'orateur de la 1re de ces compagnies et le secrétaire de la 2e. Il a publié en 1698 les Remarques et décisions grammaticales de l'Académie, et en 1702 une Histoire de Louis XIV par les médailles.

TALLEYRAND, branche cadette de la famille des comtes souverains de Périgord, tire son nom d'une terre du Périgord, que possédaient ces comtes, et remonte jusqu'à Boson I, comte de la Marche au Xe s. Le 1er qui ait porté ce nom est Hélie de Talleyrand, qui vivait vers 1100.

TALLEYRAND-PÉRIGORD (Hélie de), cardinal, né en 1301, mort en 1364, était fils d'Hélie VII, comte de Périgord. Il fut nommé évêque de Limoges dès 1324 et cardinal peu d'années après. Il eut grande part à l'élection de quatre papes : Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V, ce qui fit dire qu'il avait mieux aimé faire des papes que de l'être ; fut chargé de négociations importantes par le St-Siége, fit élire empereur Charles IV à la place de Louis V encore vivant (1346), alla à Londres solliciter la liberté du roi Jean et fit conclure entre la France et l'Angleterre une trêve de deux ans. Il protégea les lettres et fut l'ami de Pétrarque. — Henri de T., comte de Chalais, né en 1599, favori de Louis XIII, et amant de la duchesse de Chevreuse, montra de la bravoure aux siéges de Montpellier et de Montauban. Il eut le malheur de tremper avec la duchesse de Chevreuse dans une conspiration contre Richelieu : celui-ci l'accusa d'avoir conspiré contre le roi même, le fit arrêter à Nantes, juger et décapiter (1626); il n'avait que 26 ans. — Alexandre Angélique de T., cardinal, né à Paris en 1736, mort en 1821, fut à 30 ans coadjuteur de l'archevêque de Reims, obtint lui-même cet archevêché en 1777, fut député aux États généraux où il protesta contre les innovations, émigra de bonne heure et se lia dans l'exil avec le comte de Provence (Louis XVIII), qui à son retour l'inscrivit le 1er sur la liste des pairs de France. Il fut nommé en 1817 cardinal et archevêque de Paris. Il était oncle du fameux diplomate, qui suit.

TALLEYRAND-PÉRIGORD (Ch. Maurice de), prince de Bénévent, diplomate, né à Paris en 1754, m. en 1838, était boiteux, et fut pour ce motif destiné à l’Église quoique aîné de famille. Il fut fait évêque d'Autun dès l'âge de 25 ans, adopta les principes de la Révolution, se lia avec Mirabeau, fut élu membre de l'Assemblée constituante, où il provoqua l'abolition des dîmes ecclésiastiques, célébra la messe au Champ-de-Mars le jour de la fédération (14 juillet 1790) et bénit les drapeaux, admit la nouvelle constitution du clergé et sacra les évêques assermentés, ce qui le fit excommunier par le pape; fut envoyé à Londres par Louis XVI en 1792 pour assister l'ambassadeur Chauvelin, reçut en 1794 du cabinet de St-James l'ordre de s'éloigner, en même temps qu'il était décrété d'accusation en France par le parti de Robespierre, se rendit alors en Amérique, où il refit sa fortune par le négoce, ne revint en France qu'en 1796, obtint du Directoire, avec l'appui de Mme de Staël, le ministère des relations extérieures, mais fut bientôt écarté; s'entendit avec Bonaparte à son retour d’Égypte pour préparer le 18 brumaire; fut rappelé aux affaires par le nouveau gouvernement; négocia les traités de Lunéville, d'Amiens, de Presbourg, de Tilsitt, prit, assure-t-on, une grande part à l'enlèvement du duc d'Enghien, fut nommé grand chambellan à l'avénement de l'empereur, et reçut en 1806 la principauté de Bénévent. Ayant conseillé l' alliance anglaise et désapprouvé la guerre d’Espagne, il fut privé du portefeuille des relations extérieures (1807). Mécontent, bien qu’il eût reçu en compensation le titre de vice-grand électeur, avec 500 000 fr. de traitement, il prit dès cette époque une part active aux intrigues qui avaient pour but de renverser Napoléon et de ramener les Bourbons en France. Membre du gouvernement provisoire en 1814, il sut rendre l’empereur Alexandre favorable aux Bourbons, fut nommé par Louis XVIII ministre des affaires étrangères, et assista au congrès de Vienne ; mais, après les Cent-Jours, il devint suspect aux ultra-royalistes et se retira. Resté simple pair, il prit place dans l’opposition, et ne fut pas étranger à la révolution de 1830. Louis-Philippe le nomma dès son avénement plénipotentiaire en Angleterre : Talleyrand réussit alors à réaliser cette alliance de l’Angleterre et de la France qui avait été la pensée dominante de sa vie. Il signa en 1834 le traité de la Quadruple-Alliance, et assista aux conférences qui terminèrent les querelles de la Belgique et de la Hollande ; puis il se retira des affaires. Talleyrand est sans contredit le premier diplomate de son temps : à une grande habitude des affaires et à une extrême finesse, il joignait un très-grand empire sur lui-même ; il avait en outre beaucoup d’esprit et on lui prête une foule de mots heureux. On l’accuse de versatilité, parce qu’il servit plusieurs gouvernements : il prétendait en cela ne servir que son pays. Il a laissé des Mémoires, qui n’ont pas encore vu le jour. M. Mignet a lu son Éloge à l’Académie des sciences morales, dont il était membre.

TALLIEN (J. Lambert), homme politique, né à Paris en 1769, m. en 1820, était fils d’un maître d’hôtel du marquis de Bercy, et avait été clerc de procureur, commis, prote d’imprimerie, quand les États généraux s’ouvrirent. Il entra au club des Jacobins, eut part au 10 août (1792), devint secrétaire greffier de la Commune de Paris, fut député par le dép. de Seine-et-Oise à la Convention, se signala par sa violence contre Louis XVI et les Girondins, et soutint Marat et Rossignol. Envoyé à Bordeaux pour y établir le régime de la Terreur (1794), il connut dans cette ville la belle Mme de Fontenay, depuis Mme Tallien, qui exerça sur lui une heureuse influence et le rendit plus modéré ; mais il se vit alors rappelé à Paris par le parti terroriste, et n’eut bientôt d’autre moyen d’échapper au supplice que d’y pousser Robespierre. Il s’unit contre lui avec ceux qui couraient les mêmes dangers, l’accusa au 9 thermidor, le fit décréter d’accusation et condamner. Nommé membre du Comité du salut public, il appuya de toutes ses forces la réaction contre les Terroristes, et fit condamner Fouquier-Tinville, Carrier et Lebon. Commissaire de la Convention en Bretagne, il fit fusiller les prisonniers de Quiberon. Après la dissolution de la Convention, il fut du Conseil des Cinq-Cents, et prit part au 18 fructidor. Il suivit Bonaparte en Égypte comme administrateur des domaines, fut pris par les Anglais à son retour, fut ensuite nommé consul à Alicante, mais ne fit que toucher les appointements de cette place sans en remplir les fonctions. Dépouillé de cette ressource par les Bourbons, il mourut dans la gêne et dans l’oubli. — Mme Tallien, née Thérèse CABARRUS, femme célèbre par sa beauté, son esprit et sa générosité, était fille du banquier espagnol Cabarrus. Née vers 1775 à Saragosse, elle fut de bonne heure amenée à Bordeaux et mariée dès l’âge de 14 ans à M. Davis de Fontenay, conseiller au parlement de Bordeaux, mariage qui fut rompu par un divorce. Effrayée des excès de la Révolution, elle voulut passer en Espagne, mais elle fut arrêtée et conduite devant Tallien, alors commissaire de la Convention à Bordeaux, qui la fit mettre en liberté, et qui bientôt conçut pour elle une violente passion. Elle n’usa de l’ascendant qu’elle avait pris sur lui que pour arracher à la mort une foule de victimes. Quand Tallien eut été rappelé, elle fut jetée en prison ; le 9 thermidor la sauva : il est probable que le danger où elle se trouvait hâta cette journée : c’est après cet événement qu’elle épousa Tallien. Cette union ne fut pourtant pas heureuse, et peu d’années après un nouveau divorce vint la rompre. En 1805, Mme Tallien épousa le comte de Caraman, depuis prince de Chimay. Elle mourut en 1835, au château de Ménars, près de Blois. Pendant longtemps cette dame jouit d’une grande vogue à Paris ; elle donnait le ton et exerça sur le public une grande influence ; cependant Napoléon ne voulut jamais l’admettre à sa cour.

TALMA (Franç. Jos.), grand tragédien, né à Paris en 1763, m. en 1826, était fils d’un dentiste, et pratiqua lui-même pendant 18 mois la profession de son père ; mais bientôt il se voua au théâtre. Il débuta aux Français en 1787, par le rôle de Séïde, dans Mahomet, et fut reçu sociétaire deux ans après. Il commença dès lors la réforme du costume, qu’il rendit conforme aux temps et aux lieux ; en outre, il créa plusieurs rôles (Manlius, Othello, Hamlet, Sylla, Régulus, etc.). Talma est regardé comme le premier tragédien de son temps et comme le régénérateur de l’art théâtral. Parlant l’anglais avec perfection, il donna parfois à Londres des représentations en cette langue. Napoléon l’aimait beaucoup et l’admettait dans son intimité ; il paya au moins deux fois ses dettes. On a de cet artiste d’intéressantes Réflexions sur Lekain et sur l’art théâtral, 1825. Moreau a donné des Mémoires sur Talma, 1827.

TALMONT, ch.-l. de c. (Vendée), à 13 kil. E. des Sables d’Olonne, 980 hab. Anc. abbaye. Ce fut autrefois une principauté, qui appartint successivement aux maisons de Thouars, d’Amboise et de La Trémoille.

TALMUD, c.-à-d. discipline, code civil et religieux des Juifs, est pour eux la suite et le complément de la Bible. On distingue deux Talmud : 1° celui de Jérusalem, qui fut achevé dans le IVe s. : il est devenu inintelligible pour les Juifs eux-mêmes, et n’est plus en usage ; — 2° celui de Babylone, rédigé au Ve s. et qui est le plus important. Celui-ci se divise en deux parties : la Mischna (ou 2e loi), qui contient le texte, et qui fut écrite vers 190 par le rabbin Judas le Saint ; et la Gémara (ou le Complément), qui est une sorte de glose ou de commentaire. Cette 2e partie fut commencée au Ve s. par le rabbin Asser et achevée au VIe. La Mischna est écrite en hébreu rabbinique assez pur ; la Gémara en hébreu mêlé de chaldéen. Le style du Talmud est fort obscur ; on trouve dans ce livre une foule de fables invraisemblables. Il a été publié en entier pour la 1re fois par Bomberg, Venise, 1520, 12 fol., in-fol., et réimprimé à Amsterdam en 1744 et à Paris, 1859 et ann. suiv. ; il a été trad. en franç. par l’abbé Chiarini, 1831. — On donne le nom de Talmudistes aux Isralites qui reconnaissent les doctrines du Talmud. Ils sont opposés aux Caraïtes, qui s’en tiennent à la lettre de la Bible.

TALON (OMER), avocat général au parlement de Paris, d’une famille originaire d’Irlande, né vers 1595 à St-Quentin, m. en 1652, montra pendant la Fronde du dévouement au roi et aux lois, ainsi que de la prudence, et déploya le plus noble caractère. Il fut aussi un des premiers à faire entendre au barreau un langage sain et de bon goût. Il a laissé des Mémoires estimés. — Denis Talon, son fils, 1628-98, fut comme lui avocat général, et mourut président à mortier. Il eut grande part à la rédaction des Ordonnances de Louis XIV. On a publié les Plaidoyers et Discours d’Omer et Denis Talon, Paris, 1821.

TALTHYBIUS, héraut d’Agamemnon au siége de Troie. Ses descendants eurent longtemps le privilège de fournir des hérauts à Sparte.

TAMAN, île de la Russie d’Europe (Tauride), entre la mer Noire et la mer d’Azov, à l’entrée du détroit d’Iénikaleh (d’où le nom de détroit de Taman donné souvent à ce détroit) : 80 kil. sur 40. Sources de pétrole et plusieurs volcans de boue. Elle est habitée par des Cosaques. On y remarque Taman, ville forte qui a une grande importance militaire, Tmoutarakan et les ruines de l’anc. Phanagoria. TAMATAVE, v. et port de Madagascar, capit. des Bétanimènes, sur la côte E. de l'île; de 15 à 20000 h. Principal marché de la côte, fréquenté par les habitants des îles Maurice et de la Réunion. Les Français en ont renversé les forts en 1829 et en 1845.

TAMAULIPAS, un des États du Mexique, entre ceux de San-Luis de Potosi, de Nouv.-Léon, de Cohahuila, et la mer du Mexique : 740 kil. de long sur une largeur qui varie de 64 à 172; 81 000 kil. carrés ;env. 100 000 hab.; capit., Victoria. Autres villes : Tampico de Tamaulipas, Nouv.-Santander, El-Refugio, etc. Climat salubre et chaud, sol fertile, arrosé par le Rio del Norte, mais mal cultivé. Belles forêts, vastes savanes. Beaucoup de chevaux et de porcs sauvages. Mines d'or, d'argent, de fer, de sel. Nulle industrie.

TAMBOV, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Tambov, sur la Tzna, à 508 kil. S. E. de Moscou; 25 000 hab. Évêché, cour d'appel, école de cadets et de filles nobles ; manufacture impériale d'alun et de vitriol ; corderies. Commerce assez actif : cuirs, laines, suifs, viandes. Tambov fut fondé par le czar Michel Romanov en 1636. — Le gouvt de Tambov, entre ceux de Vladimir, de Nijnéi-Novogorod, de Penza, de Saratov et de Riazan, a 420 kil. sur 312 (de l'E. à l'O.): 70 000 kil. carrés; 1 670 000 hab. Beaucoup de grains, cochenille polonaise, cantharides; bons chevaux.

TAMERLAN, dont le vrai nom est Timour-Leng, célèbre conquérant tartare, né en 1336 à Kech, près de Samarcand, dans le Djaggathaï, descendait de Gengiskhan par les femmes. Il succéda en 1360 à son oncle Séif-Eddyn comme prince de Kech et chef de tribu, sous la suzeraineté de Toglouk-Timour, khan du Djaggathaï. Ce dernier étant mort (1363), Tamerlan s'unit à son beau-frère Hussein, vainquit et tua le fils de Toglouk (1363), donna le vain titre de khan à un homme sans puissance, Khaboul-Aglen, et partagea avec Hussein le pouvoir réel. Bientôt il se brouilla avec Hussein lui-même, l'assiégea dans Balkh, le força à se rendre, le fit périr (1365), et se fit proclamer seul khan (1370). Il soumit la Khowaresmie, le Kachgar, toute l'Asie à l'E. de la mer Caspienne, puis envahit la Perse, la conquit en quelques années ainsi que les provinces au N. de ce pays (1389), dévasta toute la contrée entre les fleuves Ili et Irtyche, s'avança jusqu'à la steppe des Kirghiz (1390), puis tourna ses armes vers le S. de la Russie, pilla et ruina Azov, courut de là vers l'Inde (1397), passa le Sind (1398), livra bataille à Mahomet IV sous les murs de Delhi, se rendit maître de cette ville, puis de tout l'Indoustan, qu'il remplit de sang et de ruines, revint ensuite vers l'O., enleva la Syrie au sultan d’Égypte (1400), se dirigea de là sur Bagdad qu'il détruisit (1401), puis entra en lutte avec les Ottomans, remporta sur Bajazet la sanglante victoire d'Ancyre (1402), le fit prisonnier et lui enleva toute l'Asie-mineure; de là, sans se donner le temps d'affermir sa nouvelle conquête (1403), il se tourna vers l'Orient et marcha contre la Chine (1404), à la tête de plus de 200 000 hommes ; mais il mourut en route à Otrar, sur le Sihoun, dans le khanat de Khokand (1405). Chab-Rokh, le plus jeune de ses fils, qui seul lui survivait, et ses 35 petits-fils ou arrière-petit-fils se partagèrent ses États. Tamerlan était fanatique et sanguinaire : plusieurs villes furent incendiées par ses ordres; devant Delhi, il fit égorger 100 000 captifs ; à Bagdad, il érigea un obélisque avec 90 000 têtes coupées. Il aimait pourtant les sciences; il fonda une école à Kech, et rédigea le Tufukat, règlement sur l'organisation de l'armée et sur l'administration, trad. par Langlès, avec sa Vie (1787, in-8). Ce grand conquérant était manchot et boiteux.

TAMIATHIS, nom latin de Damiette.

TAMISE, Tamesis en latin, Thames en anglais, riv. d'Angleterre, se forme à Lechlade, dans le comté de Berks, de la réunion de plusieurs ruisseaux, et porte d'abord le nom d’Isis; sépare les comtés d'Oxford, Buckingham, Middlesex, Essex, de ceux de Berks Surrey, Kent, reçoit à Oxford la Charwell, à Dorchester la Thames ou Tamise, dont elle conserve le nom, baigne Reading, Windsor, Kingston, Brendford, Richmond, sépare Londres en deux parties, arrose encore Greenwich, Deptford, Woolwich, Sheerness, Margate, et va tomber dans la mer du Nord par un large estuaire, après un cours d'env. 400 k., qui se dirige généralement de l'O. à l'E. Ses eaux sont d'excellente qualité et ses rives fort belles. Elle est navigable presque jusqu'à sa source. Les grands vaisseaux de guerre la remontent jusqu'à Deptford, un peu au-dessous de Londres; les vaisseaux marchands vont jusqu'à Londres même. La Tamise est unie par la Severn par le canal de Stroud.

TAMOULS, peuple de la famille malabare, habite le Karnate et parle une langue particulière, dont l'alphabet sert quelquefois à écrire le sanscrit.

TAMPICO, v. et port du Mexique (Tamaulipas), sur le golfe du Mexique, à l'embouchure du Tampico, à 400 kil. N. de la Vera-Cruz, n'existe que depuis 1824 et est déjà très-florissante; 10 000 hab. Le port est formé par un lac intérieur, qui communique avec la mer : c'est le principal port du Mexique sur la côte orientale. Consulats de diverses nations. Cette ville fut souvent prise et reprise dans la guerre de l'indépendance. Sta-Anna, à la tête des Mexicains, y remporta en 1820, sur les troupes royales espagnoles, une victoire décisive. Occupée par les Américains en 1846 et par les Français en 1862 et 1863.

TAMWORTH, v. d'Angleterre, à 13 kil. S. E. de Lichfield, au confluent de la Tame et de l'Anker, est divisée par la Tame en deux parties, dont l'une est dans le comté de Warwick, et l'autre dans celui de Stafford; 8000 hab. Lainages fins, impressions sur toile, etc. — Anc. résidence des rois de Mercie.

TANA, riv. de Norvège, sépare le Finmark de la Laponie russe, arrose une ville de Tana, et se jette dans l'Océan Glacial par un golfe qui prend aussi le nom de Tana ; cours, 350 kil. Beaucoup de saumons.

TANAGRE, Tanagra, anc. v. de Béotie, sur la r. g. de l'Asopus, à l'E. de Thèbes. Les Athéniens unis aux Argiens y furent battus en 457 av. J.-C. par les Lacédémoniens et les Béotiens. Deux ans après, ils prirent la ville et vengèrent l'affront de leur défaite en rasant ses murs. On voyait à Tanagre le tombeau de Corinne. On y dressait des coqs renommés pour le combat. Ruines à 3 k. au N. du village de Liatani.

TANAÏS, fleuve de la Sarmatie, est auj. le Don. — A l'embouch. du fleuve et à l'O. de la v. actuelle d'Azov, était une v. de Tanaïs, importante sous les rois du Bosphore et sous les Génois, auj. détruite.

TANANARIVE, v. de l'île de Madagascar, vers le centre, capit. du royaume des Ovas; 50 000 hab. La ville se compose de cases disséminées au milieu d'arbres et offre un aspect pittoresque. Résidence royale, temple de Jankar (le bon génie), mausolée de Radama. Imprimerie madécasse pour les missionnaires.

TANAQUIL, femme de Tarquin l'Ancien, de la ville de Tarquinies, était habile dans l'art des augures. Elle engagea son époux à quitter l'Étrurie pour s'établir à Rome, lui promettant qu'il régnerait dans cette ville, ce qui en effet eut lieu après la mort d'Ancus Martius; elle fit ensuite proclamer roi Servius Tullius, son gendre, et le fit reconnaître par le peuple.

TANARO (le), Tanarus, riv. de l'Italie septentr., sort des Apennins à l'extrémité S. O. de la prov. de Mondovi, traverse cette province, ainsi que celles d'Alba, d'Asti, d'Alexandrie, baigne les villes d'Ormea, de Cherasco, d'Asti et d'Alexandrie, et se jette dans le Pô, par la r. dr., à 15 kil. N. E. de cette dernière, après un cours de 230 kil. Il reçoit la Stura à gauche et la Bormida à droite. Don Philippe, à la tête des Français et des Espagnols réunis, battit les Austro-Piémontais sur les bords de cette rivière en 1745. — Sous l'Empire français, le Tanaro donna son nom à un dép. qui avait pour ch.-l. Asti.

TANASSERIM, v. de l'Inde. V. TÉNASSERIM.

TANCARVILLE, vge du dép. de la Seine-Inf., à 28 kil. E. du Havre, sur une hauteur qui domine la r. dr. de la Seine; 500 hab. Aspect pittoresque; 2 châteaux en ruines, l'un qui fut jadis la résidence des comtes de Tancarville, l'autre bâti au XVIIIe s. par le financier Law.

TANCARVILLE (Jean, vicomte de MELUN, comte de), prit part à la conquête de la Prusse par les Chevaliers Teutoniques, combattit les Maures en Espagne, les Anglais dans l'Angoumois et la Normandie, fut nommé par le roi Jean grand chambellan et grand maître de France, négocia le mariage de Philippe (plus tard duc de Bourgogne) avec l'héritière de Flandre, fut pris à la bataille de Poitiers (1356), recouvra la liberté en 1358, contint par sa présence à Paris le parti de Marcel et de Charles le Mauvais et eut grande part à la paix de Brétigny (1360). Il conserva son crédit sous Charles V, et mourut en 1382, gouverneur de Champagne, de Bourgogne et de Languedoc.

TANCRÈDE, prince sicilien, célèbre dans les croisades, petit-fils par sa mère de Tancrède de Hauteville, était neveu de Robert Guiscard et cousin de Boémond de Tarente. Il partit avec ce dernier pour la 1re croisade (1096) à la tête des Normands de la Sicile, battit les Grecs au passage au Vardari, eut grande part à la prise de Tarse, et disputa la possession de cette ville à Baudoin, avec lequel il en vint aux mains; se signala aux siéges d'Antioche et de Jérusalem, planta le premier son étendard sur les murs de la ville sainte, fonda la principauté de Galilée ou de Tibériade (1099), la résigna en 1100, lors de l'avénement de Baudouin I, son ennemi, au trône de Jérusalem, et ne la reprit qu'en 1109 ; administra la principauté d'Antioche pendant l'absence de Boémond (1104-1111), fut également chargé d'administrer le comté d'Édesse pendant la captivité de Baudouin du Bourg (1104-1110), mais ne le rendit que par force. Il mourut à Antioche en 1112. Tancrède est un des héros les plus brillants de la Jérusalem délivrée ; mais le poëte a beaucoup embelli son caractère. Sa Vie (Gesta Tancredi), écrite par Raoul de Caen, a été traduite dans la collection Guizot.

TANCRÈDE, comte de Lecce, fils naturel du duc de Pouille Roger, et petit-fils du roi Roger I, fut mis en prison par Guillaume I, son oncle, qui craignait qu'il ne lui disputât le trône, mais s'échappa et s'enfuit à Constantinople. A la mort de Guillaume II, qui l'avait traité en bon parent, il se fit proclamer roi par les Siciliens (1189), mais le trône lui fut disputé par sa tante Constance, fille de Roger II, et il se vit bientôt attaqué par Henri VI (époux de Constance). Après des succès variés, il mourut en 1194, laissant le trône à un fils en bas âge, Guillaume III, qui le perdit la même année.

TANDJAOUR ou TANJORE, v. forte de l'Inde anglaise (Madras), près de Kaveri, à 360 kil. S. O. de Madras; 30 000 h. Très-forte ville : deux citadelles ; collége jadis célèbre; beau temple hindou, beau palais d'un radjah, tributaire des Anglais. — Jadis ch.-l. d'un petit État soumis au nabab du Karnatic, que les Anglais dépouillèrent dès 1773 ; toutefois cet État ne fut définitivement réuni qu'en 1855, à la mort du dernier radjah.

TANGANIKA, lac récemment découvert en Afrique, à 600m au-dessus de la mer, par 27° long. E. et 3°-8° lat. S., a env. 400k. de long sur 50 de large.

TANGER, Tingis, v. et port de l'empire de Maroc (roy. de Fez), sur une hauteur près de la baie de Tanger (entrée occid. du détroit de Gibraltar), à 200 kil. N. de Fez; 10 000 hab. Fort, batterie; grand château délabré; bel extérieur, mais rues étroites et sales. Commerce assez important. Consulats européens. — Tingis, ville antérieure à la domination romaine, avait été, disait-on, fondée par Antée, ou plutôt par les Carthaginois. Devenue importante sous les Romains, elle fut nommée par Claude Traducta Julia et devint alors le ch.-l. de la Mauritanie Tingitane. Elle passa ensuite aux Visigoths d'Espagne, aux Arabes, à diverses dynasties maures et enfin aux Portugais (1472). Alphonse VI la céda comme dot de Catherine, sa sœur, au roi d'Angleterre Charles II (1662); mais les Anglais l'abandonnèrent en 1684, après avoir fait sauter le môle qui abritait le port. Les Marocains s'en emparèrent alors. Tanger a été bombardée par les Français le 6 août 1844.

TANINGES, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 13 k. N. E. de Bonneville; 2825 h. Anc. couvent de Melan.

TANIS ou AVARIS, auj. Samnah ou Sân, v. très-ancienne de l'Égypte-Inf., dans le petit Delta, au N. E., donna son nom au nome Tanite et à la branche Tanitique du Nil, qui était le 6e bras du Nil en partant de l'O. Cette ville était au temps de Moïse la résidence d'une dynastie de Pharaons. Plus tard, elle devint ch.-l. de nome, puis fit partie de l'Augustamnique et eut titre d'évêché.

TANLAY, bg du dép. de l'Yonne, à 8 kil. E. de Tonnerre; 650 hab. Anc. titre de marquisat. Château du XVIe s., construit par le surintendant d'Émery, et dans lequel les Coligny et le prince de Condé se liguèrent contre Catherine de Médicis. Station.

TANNAY, ch.-l. de cant. (Nièvre), sur la r. g. de l'Yonne, à 15 k. S. S. E. de Clamcey; 1394 h. Forges.

TANNEGUI DU CHÂTEL, vaillant capitaine du XVe s., d'une famille de Bretagne connue dès le XIIIe s., suivit Louis d'Anjou lorsqu'il tenta de reconquérir le roy. de Naples, prit parti, à son retour, pour les Armagnacs contre les Bourguignons, fut nommé par le Dauphin (Charles VII) maréchal de Guyenne et prévôt de Paris (1413), et sauva ce prince des mains des Bourguignons, lors de leur entrée à Paris (1416). On l'accuse d'avoir eu la plus grande part au meurtre de Jean sans Peur dans l'entrevue de Montereau (1419). Comblé de biens et de dignités par Charles VII devenu roi, il excita la jalousie et se retira en Provence, où il mourut en 1449, âgé d'env. 80 ans.

TANNENBERG, vge de Prusse (Brandebourg), dans le cercle de Potsdam, près de Teltow. Vladislas V, roi de Pologne, y défit les Chevaliers Teutoniques en 1410 : le grand maître périt dans ce combat.

TANSILLO (Louis), poëte italien, né vers 1510 à Venosa, m. en 1568, S'attacha au duc de Tolède, gouverneur de Naples, et à son fils, don Garcia, accompagna ce jeune prince dans l'expédition dirigée par Charles-Quint contre Tunis, et se signala par sa bravoure en même temps qu'il savait distraire ses compagnons d'armes par d'ingénieuses compositions. Ses œuvres se distinguent par la pureté et l'harmonie du style. On y remarque : Il Vendemmiatore, Naples, 1534, allégorie licencieuse (trad. par Mercier sous le titre Jardin d'Amour ou le Vendangeur, 1798); le Lagrime di san Pietro, œuvre d'édification entreprise pour effacer le tort de la pièce précédente, 1585; la Balia (la Nourrice); Il Podere (la Ferme), poëmes qui ne furent publiés que longtemps après sa mort, et un recueil de Sonnets et de Canzoni. Les admirateurs de Tansillo l'égalent à Pétrarque et à Bembo. Malherbe l'a quelquefois imité.

TANTAH, v. de la Basse-Égypte, à 90 k. N. N. O. du Caire et à 36 k. N. de Menouf ; 4000 h. Superbe mosquée de Seid-Ahmed-el-Bedaoui, but de pèlerinage.

TANTALE, roi de Sipyle en Méonie (Bydie). fils de Tmole, fut père de Brontée, de Pélops et de Niobé. Il se rendit odieux à Jupiter par le rapt de Ganymède, par l'audace qu'il eut de voler du nectar et de l'ambrosie pour en faire goûter aux mortels, enfin par l'horrible épreuve qu'il osa faire de la science des dieux, invités à sa table, en leur servant les membres de son propre fils Pélops, coupé en morceaux. Jupiter le précipita dans le Tartare et le condamna à être sans cesse en proie à une faim et à une soif dévorantes : on le représente au milieu d'un fleuve dont l'eau échappe à ses lèvres sitôt qu'il veut l'y porter et sous des arbres fruitiers dont les branches se soulèvent sitôt qu'il veut en toucher les fruits. Quelques-uns pensent que le crime de Tantale est d'avoir voulu faire aux dieux le sacrifice barbare de son fils.

TANUCCI (Bernard, marquis de), homme, d’État, né en 1698 à Stia en Toscane, m. en 1783, suivit l’infant don Carlos à la conquête de Naples, devint son 1er ministre quand l’infant fut roi (1735), et conserva son pouvoir sous Ferdinand IV jusqu’à l’entrée au conseil de la reine Caroline, qui le fit éloigner (1776). Il réforma quelques abus et promulgua un code nouveau, le Codice Carolino, mais gouverna despotiquement. Hostile au St-Siége et au clergé, il fit occuper Bénévent et Pontecorvo, limita la juridiction du nonce et des évêques, supprima un grand nombre de couvents et d’abbayes, et distribua leurs biens à des laïques. Il s’était d’abord signalé comme jurisconsulte : parmi ses ouvrages, on remarque : Epistola de Pandectis Pisanis in Amalphitana direptione inventis, Florence, 1731, 2 vol. in-4.

TANZIMAT, c.-à-d. Charte d’organisation, décret par lequel le sultan Abdul-Medjid, en 1839, rendit obligatoire dans tout l’empire ottoman le hatti-chérif de Gulhané. V. hatti-chérif.

TAO, un des noms de l’Être suprême chez les Chinois : c’est la Raison suprême, la Loi, considérée comme réglant la nature. On nomme Tao-Tsée une secte qui adore le Créateur sous le nom de Tao et qui fut fondée au ive s. av. J.-C. par Lao-Tseu. Stanislas Julien a traduit en français le Tao-te-King, livre qui renferme l’exposition de cette doctrine, 1842. G. Pauthier a donné un savant Mémoire sur l’origine de la doctrine du Tao, 1831.

TAO-KOUANG, c.-à-d. Splendeur de la raison, empereur de la Chine de 1820 à 1850, né en 1781, soutint, de 1839 à 1842, une guerre inégale contre les Anglais, qui voulaient, malgré sa défense, introduire l’opium dans ses États, se vit enlever Canton, Hong-Kong, Chusan, Ning-Po, Yang-tsé-Kiang, Chang-Haï, Nanking, et dut non-seulement céder aux exigences des Anglais, mais leur abandonner Hong-Kong, payer 21 millions de dollars, et ouvrir au commerce européen les ports de Canton, Amoy ou Emoui, Fou-Tchéou, Ning-Po et Chang-Haï.

TAORMINA, Tauromenium, v. forte de Sicile, sur la côte orient., adossée au mont Taurus, à 45 kil. S. O. de Messine ; 3000 h. ; 2 forts. Ruines (théâtre taillé presque en entier dans le roc, naumachie, citernes, aqueduc). Aux env., marbre rouge. L’ancienne Tauromenium fut détruite par les Sarrasins.

TAPHÉES, Taphiæ, petites îles de la mer Ionienne, entre l’Acarnanie et Leucade, étaient ainsi nommées de Taphius, fils de Neptune, qui y régna. On les nommait plus anciennement Téléboïdes. Les Taphiens étaient bons marins, mais pirates. Il furent exterminés par Amphitryon, pour avoir tué les fils d’Électryon, cousins de ce prince. — On donnait aussi le nom de Taphiens ou de Téléboëns à un peuple d’Étolie, et aux habitants de l’île de Caprée, colonisée, dit-on, par les Téléboëns d’Étolie.

TAPHROS, c.-à-d. en grec Fossé, v. de la Chersonèse Taurique, est auj. Pérékop.

TAPROBANE, ancien nom de l’île de Ceylan.

TAPTI, Goaris, riv. de l’Inde, naît dans les monts du Gandouana, sépare le Kandeich du Bérar, arrose le Guzzerat, passe à Bourhampour et à Surate, et se jette dans la mer des Indes, au golfe de Cambaye, à 16 k. E. de Surate, après un cours d’env. 800 kil. Affluents principaux, la Pournah et la Guirna. Les Banians avaient pour ce fleuve un respect religieux.

TARAFA, poëte arabe, l’un des auteurs des Moallakats (V. ce mot), vivait peu avant Mahomet. Ayant épuisé ses ressources dans la dissipation, il passa avec Motelammis, son oncle, poëte comme lui, au service d’Amrou, roi de Hira, en Arabie. Mais le roi, blessé de ses satires, résolut de le faire mourir : il feignit de lui donner une lettre de recommandation pour le gouverneur d’un pays où il se rendait, mais cette lettre renfermait l’ordre, de le mettre à mort : le malheureux poëte fut à son arrivée saisi et enterré vivant. Il n’avait que 26 ans.

TARAISE (S.), patriarche de Constantinople, né dans cette ville vers 740, m. en 806, fut élevé au patriarcat en 784, après avoir longtemps refusé cette dignité, et ne céda qu’aux instances de l’impératrice Irène. Il fit condamner les Iconoclastes au 2e concile de Nicée (787) et dissuada Constantin V de répudier son épouse. On a de lui les Discours à Irène et des Lettres au pape Adrien et autres (dans le recueil des Conciles du P. Labbe). On l’hon. le 25 février.

TARANIS, dieu gaulois qui présidait au tonnerre, paraît être le même que le Thor des Germains.

TARANTAISE, Darantasia et Tarantasia, anc. prov. des États sardes (Savoie), entre celles de Faucigny au N., d’Aoste à l’E., de Maurienne au S. et à l’O., et la Savoie supérieure au N. O., comptait 50 000 hab. et avait pour ch.-l. Moutiers. Pays montagneux : les Alpes Grecques le limitent à l’E., et on y remarque le mont Iseran (d’où sort l’Isère) et le petit St-Bernard. — C’est l’ancien pays des Centrons, qui, au moyen âge, eut pour capit. Tarantasia ou Darantasia (auj. Moutiers). La Tarantaise fut gouvernée par ses évêques jusqu’à la fin du xie siècle, époque où elle fut réunie à la Savoie. Depuis 1860, elle appartient à la France et fait partie du dép. de Savoie.

TARARE, ch.-l. de c. (Rhône), sur la Turdine, au pied de la mont. de Tarare, à 32 kil. N. O. de Villefranche ; 14 569 h. Vue magnifique. Mousselines diverses, unies ou brodées ; blanchisseries, peluches de soie, etc. Aux environs, nombreuses fabriques de mousseline qui occupent 60 000 ouvriers.

TARASCON, Tarasco, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 15 kil. N. d’Arles, sur le Rhône (r. g.) et le chemin de fer d’Avignon à Marseille, vis-à-vis de Beaucaire ; 13 489 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, bibliothèque. Beau pont suspendu, faisant communiquer la ville avec Beaucaire ; belle église Ste-Marthe, bel hôtel de ville ; bains à la romaine. Vieux château, habité jadis par les comtes de Provence, et servant auj. de prison. Draps, cadis, serges, tissus de soie et de filoselle, chapeaux, vinaigre, etc. ; saucissons renommés ; culture de la garance, du chardon, des amandiers. Commerce très-actif. — Cette ville est très-ancienne, et fut très-florissante au moyen âge. Selon la légende, elle fut désolée par un dragon monstrueux qu’on appelait la Tarasque, et dont Ste Marthe délivra miraculeusement la contrée : une procession annuelle, qui a lieu le jour de la Pentecôte, rappelle ce miracle de la sainte, qui est restée la patronne de la ville. Le roi René faisait sa résidence à Tarascon. Pendant quelques années, cette ville fut le ch.-l. de l’arrondissement.

TARASCON-SUR-ARIÉGE, ch.-l. de c. (Ariége), à 17 k. S. de Foix ; 1502 hab. Entrepôt de tout le fer que donnent les nombreuses mines des environs.

TARAZONA, Turiaso, v. murée d’Espagne (Saragosse), à 90 kil. N. O. de Saragosse; 10000 h. Évêché. Belle cathédrale gothique. Un peu de commerce. Ville fort ancienne, dont l’origine remonte aux Celtibériens. Prise par les Arabes en 713, elle fut reprise par les Chrétiens en 1118.

TARBÉ (L. Hardouin), né à Sens en 1753, m. en 1806, fut avocat et premier commis des finances sous Necker et de Calonne, directeur des contributions sous de Lessart, enfin ministre des finances en 1791. Il réorganisa aussitôt ce service et établit à peu près l’organisation qui existe encore aujourd’hui. Il donna sa démission en 1792, et refusa depuis de rentrer aux affaires, quoiqu’il eût été porté par le conseil des Cinq-Cents sur la liste des candidats au Directoire. — Son frère, Charles Tarbé, 1756-1804, député à l’Assemblée législative et au conseil des Cinq-Cents, combattit les mesures révolutionnaires. — Son petit fils, André T. des Sablons, chef de division au ministère du commerce, a donné dès 1799 un Manuel pratique des Poids et Mesures, qui a eu de nombreuses éditions et qui a beaucoup contribué à populariser le système métrique. — Mme Tarbé des Sablons, femme d’André, s’est fait connaître par d’estimables romans moraux.

TARBELLI, peuple de la Gaule, dans la Novempopulanie, au S. des Boii, habitait le long de l’Atlantique et avait pour ch.-l. Aquæ Tarbellicæ (Dax). TARBES, Tarba, Tarvia, ch.-l. d'arr. (Htes-Pyrénées), sur la r. g. de l'Adour, à 756 kil. S. O. de Paris ; 14 768 hab. Évêché, trib. de 1re inst. et de comm.; lycée, école normale primaire. Jolie ville : beau jardin public, don de M. Massey, musée, bibliothèque. Caserne de cavalerie, dépôt d'étalons, maison d'aliénés. Grands marchés : Tarbes est l'entrepôt de tout le commerce du département ; chemin de fer. Patrie du conventionnel Barère. — Cette ville, antérieure à César, fut d'abord, sous les Romains, un poste militaire. Elle eut un évêché dès 420 et fut au moyen âge la capitale du comté de Bigorre. Elle jouissait de privilèges ou Fors, qui furent écrits en 1097. Souvent prise et pillée au moyen âge, elle souffrit surtout des guerres de religion au XVIe s. : elle fut brûlée par les Protestants en 1569 et 1571.

TARDENOIS (Le), anc. petit pays de France, dans le Soissonnais, auj. compris dans le dép. de l'Aisne, avait pour ch.-l. La Fère-en-Tardenois.

TARDETS-SORHOLUS, ch.-l. de c. (Bses-Pyrénées), à 15 k. S. de Mauléon ; 1050 h. Les communes de Tardets et de Sorholus ont été réunies en 1859.

TARDIEU (M. et Mme), couple fameux au XVIIe s. par son avarice. Le mari était lieutenant-criminel de Paris. Les deux époux jouissaient d'une grande fortune, mais rivalisaient de lésinerie. Ils furent assassinés par des voleurs en 1665. Boileau, dans sa 10e satire, a pris la femme pour type de la femme sordide.

TARDIEU, famille célèbre dans la gravure. Le premier artiste connu de cette famille est H. Nicolas (1674-1749), élève d'Audran ; il fut reçu à l'Académie en 1710. On cite surtout ses Batailles d'Alexandre. — Son fils J. Nicolas, à qui l'on doit les Misères de la guerre, et son neveu P. François, auteur du Jugement de Pâris, d'après Rubens, se sont également distingués, et ont transmis leur talent à Ant. François (1757-1822), et à Alexandre (1758-1844). Le 1er, dit T. de l'Estrapade, s'adonna à la gravure des cartes de géographie : on lui doit une partie de l’Atlas de Mentelle et l’Atlas des guerres des Français en Italie d'après Lapie. — Le 2e s'appliqua à imiter la manière de Nanteuil et d'Édelinck ; il entra à l'Acad. des beaux arts en 1822. On cite, parmi ses ouvrages, deux portraits de Voltaire, d'après Largillière et Houdon ; celui de Marie-Antoinette, d'après Mme Vigée-Lebrun ; Montesquieu, d'après David ; la Psyché, d'après Gérard ; Napoléon, d'après Isabey ; Ruth et Booz, d'après Hersent.

TARD-VENUS (les), compagnies d'aventuriers qui se formèrent en France après la paix de Brétigny (1360). Elles se composaient de gens de guerre licenciés et de vagabonds de tous pays. Les Tard-Venus dévastèrent plusieurs provinces, qui, pour éviter une ruine totale, furent obligées de se racheter par des contributions de guerre. Ils défirent en 1361 à Brignais l'armée du roi Jean II, commandée par Jacques de la Marche, prirent Pont-St-Esprit, et firent trembler Urbain V dans Avignon. Enfin, le marquis de Montferrat, moyennant 60 000 florins d'or que lui donna le pape, consentit à en prendre une forte partie à sa solde et les disciplina.

TARENTE, Tarentum, v. forte et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre d'Otrante), au fond du golfe de Tarente, à 105 kil. N. O. de Lecce ; 18 000 h. La ville est bâtie sur une île, jointe au continent par 2 ponts de pierre, et domine une rade magnifique. Archevêché ; citadelle, vieux château fort, cathédrale remarquable, hôpital militaire, etc. Peu d'industrie, pêche active, coquillages précieux (le murex, la pinne-marine). Aux environs, soie végétale. La tarentule, espèce de grosse araignée vénéneuse qui se trouve dans le pays, doit son nom à cette ville. — Tarente est une ville très-ancienne ; elle fut fondée par des Crétois, sous la conduite d'un certain Taras, qui lui donna son nom, puis fut augmentée par Phalante, qui vint s'y établir à la tête des Parthéniens exilés de Sparte (vers 707 av. J.-C.). Industrieuse et commerçante, elle devint bientôt très-prospère, mais aussi très-corrompue. On y cultivait les sciences avec succès : cette ville donna le jour au philosophe Archytas. Après avoir pris une faible part à la guerre des Samnites, elle provoqua les Romains en insultant ses ambassadeurs (282), puis appela Pyrrhus pour la défendre, mais elle fut prise par Papirius Cursor en 272. Annibal l'arracha au joug romain (215), mais Fabius Maximus la reprit (209). Tarente a toujours suivi depuis le sort de l'Italie méridionale. Lors de l'établissement des Normands à Naples, il y eut une principauté de Tarente, laquelle n'eut que deux princes, tous deux du nom de Boémond. Sous les princes angevins, la principauté de Tarente ne fut plus qu'un fief puissant. Quelques membres de la maison de La Trémoille, qui se prétendait héritière des rois angevins de Naples, prirent le titre de princes de Tarente. Napoléon I donna le titre de duc de Tarente au maréchal Macdonald.

TARENTE (Golfe de), golfe de la mer Ionienne, à l'extrémité S. E, de l'Italie méridionale, doit son nom à la ville de Tarente, placée sur ses bords. Il a env. 140 kil. de l'E. à l'O. sur 109 de largeur.

TARGET (J. B.), avocat de Paris, 1733-1806, avait acquis une grande célébrité au barreau, lorsqu'en 1789 il parut aux États généraux comme député du Tiers-État, mais il eut peu de succès à la tribune. Choisi par Louis XVI pour être un de ses trois défenseurs, il déclina ce beau rôle. Pendant la Terreur, il fut secrétaire d'un comité révolutionnaire, dont au reste il s'efforça de modérer les rigueurs. En 1798, il fut nommé membre de la Cour de cassation, et il y déploya des connaissances. On a de lui des Observations sur le comm. des grains, 1776, et un Mémoire sur l'état des Protestants en France, 1787. Target avait été reçu à l'Académie franc. en 1785.

TARGON, ch.-l. de c. (Gironde), à 27 kil. N. O. de La Réole : 1076 h. Anc. titre de seigneurie. Montluc y battit les Protestants en 1563.

TARGOVICE, v. de la Russie d'Europe (Kiev), sur la Sunicha, à 56 k. S. E. d'Ouman. Elle a donné son nom à la célèbre confédération formée le 14 mai 1792 par des seigneurs polonais partisans dé la Russie, et qui avait pour objet le maintien de l'anc. constitution de la Pologne et l'abolition de la nouvelle constitution. Cette confédération ne fit qu'augmenter l'anarchie et amena le second partage du pays.

TARGUM, c.-à-d. exposition, explication, recueil de paraphrases chaldaïques de l'Ancien Testament. Les plus remarquables de ces paraphrases sont celles d'Onkélos, de Jonathan-ben-Uziel et de Joseph-l'Aveugle. Le Targum a été publié par Buxtorf le père, Bâle, 1620, et par Beck, Augsb., 1680-83,

TARIFA, Julia Traducta oa Joza, v. et port d'Espagne, dans l'anc. Andalousie (Cadix), sur le détroit de Gibraltar, à 65 kil. S. S. E. de Cadix ; 10 000 h. : c'est la ville la plus méridionale de l'Europe continentale. Château fort et fortifications diverses, petit port. Tarifa fut ainsi nommée du chef arabe Tarik ou Tarif, qui y débarqua (V. ci-dessous). Prise aux Maures par Sanche en 1290, elle fut assiégée par eux en 1340 : Alphonse IV (de Portugal) la délivra par une victoire qu'il remporta près de la ville, sur les bords de Rio-Salado. Les Français l'assiégèrent vainement en 1811 et 1812, mais l'occupèrent en 1823. — Son territoire produit d'excellentes oranges.

TARIK ou TARIF (Ben-Zeyad), général arabe, gouverneur de la partie la plus occidentale de l'Afrique sous les ordres de Mouça, envahit l'Espagne en 710, appelé par le comte Julien et l'archevêque de Tolède Oppas ; débarqua près du roc qui prit de lui le nom de Gibraltar (Djibel-al-Tarik), au lieu nommé depuis Tarifa, battit les Visigoths à Xérès en 711, s'empara de la personne du roi Rodrigue, dont il envoya la tête à Mouça, et prit Tolède. Il s'apprêtait à compléter la soumission de l'Espagne quand Mouça, jaloux de ses succès, lui enleva son commandement et même le jeta en prison. Le calife Walid le fit remettre en liberté et le replaça à la tête d'un corps d'armée avec lequel il fit de nouvelles conquêtes; mais, las enfin des querelles sans cesse renaissantes entre Mouça et Tarik, il leur retira le commandement à tous deux, et laissa Tarik mourir dans l'obscurité.

TARKHOU, jadis Semender, v. de la Russie mérid. (Daghestan), à 150 k. N. O. de Derbend; 12 000 h. (presque tous Tartares). Château; résidence d'un khan des Kalmouks. Commerce avec la Perse et la Russie.

TARN (le), Tarnis, riv. de France, sort du mont Lozère, court au S. O., entre dans le dép. de l'Aveyron, arrose Milhau, Alby, Gaillac, Villemur, Montauban, Moissac, et tombe dans la Garonne par la r. dr., près de Moissac, après un cours de 350 kil. Elle reçoit à droite l'Aveyron, à gauche la Dourbie, le Dourdou et la Rance.

TARN (dép. du), entre ceux de l'Hérault au S. E., de l'Aveyron au N. E., de Tarn-et-Garonne et de la Hte-Garonne à l'O. ; 5740 k. carr.; 353 633 h. ; ch.-l., Alby. Formé de l'Albigeois (dans le Ht-Languedoc). Montagnes, surtout au N. et à l'E. ; plusieurs rivières : Tarn, Agout, Viaur, Aveyron. Fer, plomb, manganèse, houille, marbre, pierre à plâtre, sable à faïence, à porcelaine, à verre, etc. Sol fertile dans les vallées et les plaines : céréales, légumes, fruits, lin, chanvre, pastel, anis, coriandre; très-bons vins; vastes forêts; pâturages; gros bétail, beaucoup de bêtes à laine. Draps fins et autres, étoffes de soie, toile, chapeaux, liqueurs, confitures; filatures, teintureries, usines à fer. — Ce dép. a 4 arr. (Alby, Gaillac, Castres, Lavaur), 35 cantons, et 316 communes; il appartient à la 12e division militaire, a une cour impér. à Toulouse et un archevêché à Alby.

TARN-ET-GARONNE (dép. de), entre ceux du Lot au N., de l'Aveyron au N. E., du Tarn à l'E., de la Hte-Garonne au S., du Gers au S. O., et du Lot-et-Garonne au N. O.; 3720 kil. carrés; 232 551 h. ; ch.-l., Montauban. Ce dép., formé en 1808 seulement, se compose de parties du Bas-Quercy, du Ht-Languedoc, de l'Agénois, de la Lomagne, de la Basse-Marche et du Rouergue, prises sur les dép. environnants. Coteaux entrecoupés de plaines. Fer, marbre, pierre de taille, pierre tégulaire, terre à potier. Toutes les céréales, melons, noix, truffes, châtaignes, lin, chanvre, navette, peu de bois; beaux pâturages. Mules et mulets, gros bétail, porcs; volaille, abeilles, vers à soie; gibier. Cadis et autres lainages, toiles, bas de soie, coutellerie, amidon, papeteries, teintureries, tanneries. Grand commerce (avec l'Espagne et l'Italie), en grains, farines, mulets, bestiaux, vins, eaux-de-vie, laine, huile, safran, draps, cuirs, prunes et pruneaux. — Ce dép. a 3 arr. (Montauban, Moissac, Castelsarrazin), 24 cantons et 193 communes. Il appartient à la 12e division militaire, a une cour impér. à Toulouse et un évêché à Montauban.

TARNOPOL, v. de Galicie, ch.-l. de cercle, sur le Séreth, à 140 kil. S. E. de Lemberg; 15 000 hab., dont env. 7000 Juifs. Grand commerce. — Le cerclé de T., borné au N. et à l'E. par la Russie, ailleurs par ceux de Sloczow, Brzezany, Czortkow, a 95 k. sur 60, et 210 000 h. Napoléon le fit céder à la Russie en 1809; il fut rendu à l'Autriche en 1814.

TARNOW, v. de Galicie, ch.-l. de cercle, à 240 kil. O. de Lemberg; 4800 hab. Évêché, tribunaux, gymnase. — Le cercle de T., entre ceux de Rzeszow à l'E., de Jaslo au S., de Bochnia à l'O., et la Pologne russe au N. O., compte env. 240 000 hab.

TARO (le), Tarus, riv. de l'Italie septentr., sort du mont Penna (Gênes), coule au S. E., puis au N. E., entre dans la prov. de Parme, et se jette dans le Pô, par la r. dr., à 19 kil. N. O. de Torricelle, après un cours de 125 kil. Cette rive a donné son nom à un dép. français dont Parme était le ch.-l., et qui fut formé en 1803 du duché de Parme et de Plaisance.

TARODANT, v. du Maroc, ch.-l. de la prov. de Sous, sur le Ras-el-Ouadi, dans une plaine fertile, à 220 kil. S. O. de Maroc; 10 000 hab. Tanneries, manteaux dits haïks, selles, salpêtre.

TARPA (Sp. Metius), judicieux critique du temps d'Auguste, exerçait les fonctions de censeur dramatique et était l'un des commissaires chargés de choisir les poèmes dignes d'être déposés dans le temple des Muses. Il est cité avec honneur par Horace.

TARPEIA, fille de Sp. Tarpeïus, gouverneur de Rome au temps de Romulus. Séduite par les Sabins, elle leur promit d'ouvrir les portes de la ville à leur armée, à condition qu'ils lui donneraient ce qu'ils portaient au bras gauche, voulant parler de leurs bracelets d'or. Tatius, roi des Sabins, y consentit; mais, en entrant dans la ville, il jeta à Tarpeïa, non-seulement son bracelet, mais encore le bouclier qu'il portait au même bras; il fut imité par ses soldats, de manière que la malheureuse Tarpeïa périt accablée sous le faix. Elle fut enterrée au mont Capitolin, dont la partie la plus méridionale prit d'elle la nom de Roche Tarpéïenne. — Depuis, ce fut du haut de cette roche, haute de 32m, que l'on précipita les citoyens coupables du crime de haute trahison.

TARPÉIEN (Mont). V. CAPITOLIN et TARPEÏA.

TARQUIN I, L'ANCIEN. L. Tarquinius Priscus, 5e roi de Rome, était un riche seigneur ou Lucumon de Tarquinies, et avait pour père l'exilé corinthien Démarate. Sur le conseil de sa femme Tanaquil, qui passait pour savoir prédire l'avenir, il vint s'établir à Rome en 627 av. J.-C. Il y gagna la faveur populaire par sa bravoure et sa munificence; il obtint également la confiance du roi Ancus, qui, en mourant, le nomma tuteur de ses deux fils en bas âge. Le trône n'étant pas héréditaire, il réussit à se faire proclamer roi lui-même par les curies (614). Il doubla le nombre des sénateurs, qui n'était alors que de 150, et celui des chevaliers, fortifia et embellit Rome, y fit construire les Célébrés égoûts (Cloaca maxima), et jeta les fondements du Capitole. Au dehors, il battit les Sabins et leur prit Collatie, défit les Latins coalisés, leur enleva Cornicule, Ficulnée, Camérie, Crustumérie, Apioles, Médullie, Nomente, et, s'il faut en croire Denys d'Halicarnasse, soumit toute l'Étrurie après neuf ans de guerre. Ces faits sont sans doute exagérés, mais on ne saurait douter que Rome ne fût riche et forte vers la fin du règne de Tarquin. Ce prince mourut en 578, assassiné par les fils d'Ancus. Servius Tullius, son gendre, lui succéda. — Niebuhr ne croit pas que Tarquin fût étrusque, et il voit dans Priscus le nom d'un peuple ancien, qui se serait fondu avec les Latins (Prisci Latini) : selon lui, Tarquin serait un habitant de Lucérie, un Latin régnant sur Rome.

TARQUIN II, LE SUPERBE, 7e et dernier roi de Rome, petit-fils du précédent. Marié à une fille de Servius, femme d'un caractère doux et timide, il la fit périr afin d'épouser une autre fille de Servius, Tullie, femme ambitieuse, qui de son côté s'était débarrassée de son époux Aruns par un crime. Il forma avec elle un complot, dont le dénoûment fut la mort violente de Servius, et sa propre élévation au trône (534 av. J.-C.). Son règne fut une réaction contre les institutions de Servius : il abolit les lois favorables au peuple, accabla d'impôts les Romains des dernières classes, exila ou même fit tuer nombre de sénateurs, décida seul de la paix et de la guerre, et gouverna en tyran. Du reste, il fut guerrier actif et politique habile. Rome vit sous son règne Apioles vaincue et Gabies soumise (V. SEXTUS TARQUIN); les villes latines furent réunies en une confédération dont Rome était le centre et avait la présidence; le Capitole fut terminé ; il acheta les livres sibyllins. Tarquin faisait en personne le siége d'Ardée, quand la brutalité de son fils Sextus à l'égard de Lucrèce et l'énergie de Brutus déterminèrent une terrible insurrection à Rome ; la royauté fut abolie et remplacée par la république (509). Tarquin, banni avec toute sa famille, ourdit trois conspirations au sein même de Rome, mais sans succès (V. BRUTUS) ; puis il arma successivement contre Rome Veïes et Tarquinies (509), Porsena (508 et 7), les Sabins (505-499), les Latins (498-496), les Volsques (495), mais fut toujours malheureux. Il m. âgé de 83 ans, chez Aristodème, tyran de Cumes.

TARQUIN (Sextus), fils aîné de Tarquin le Superbe, se signala d'abord par la prise de Gabies. Peignant du mécontentement contre son père, il se réfugia dans cette ville, s'y rendit agréable aux habitants par sa libéralité et se fit nommer aux premiers emplois ; puis il livra la ville à Tarquin. On raconte qu'une fois maître de la ville, il envoya demander conseil à son père, et que Tarquin se contenta d'abattre avec une baguette, en présence du messager, les têtes les plus élevées des pavots de son jardin : Sextus comprit cette réponse et fit périr les principaux habitants du pays. C'est ce prince qui fut cause de l'abolition de la royauté par l'outrage qu'il fit à la chaste Lucrèce. Il suivit son père en exil, combattit contre les Romains et périt à la bataille du lac Régille, 496 av. J.-C.

TARQUINIES, Tarquinii, auj. Turchina, près de Corneto ; v. d’Étrurie, au S., près de l'embouch. de la Marta, fut, dit-on, bâtie par Tarchon, un des auxiliaires d’Énée contre Turnus, et fut la patrie de Tarquin l'Ancien. Tarquinies fut plusieurs fois en guerre avec Rome, mais elle finit, en 351 av. J.-C., par être forcée à une trêve de 40 ans ; elle fut occupée depuis 311, et entièrement soumise en 283. V. CORNETO.

TARRACO, auj. Tarragone, v. et port d'Hispanie, capit. de la Tarraconaise, sur la Méditerranée, était d'origine phénicienne. Détruite par les Carthaginois, elle fut relevée par le grand Scipion. Jules César en fit une colonie romaine ; Antonin en agrandit le port. Les Visigoths la détruisirent presque entièrement ; cependant elle offre encore de beaux restes d'antiquités. Patrie de Paul Orose.

TARRACONAISE, Tarraconensis (s.-entendu provincia), une des trois grandes provinces de l'Espagne ancienne établies par Auguste, et la plus septentrionale, entre la Gaule et la mer des Cantabres au N., l'Atlantique à l'O., la Lusitanie et la Bétique au S., la Méditerranée à l'E., avait pour capit. Tarraco. Elle était habitée par les Callaïques, les Astures, les Cantabres, les Vaccéens, les Arévaques, les Carpétans, les Celtibériens, les Vascons, les Ilergètes, les Ilercaons et les Castellans, et équivalait aux prov. modernes de Catalogne, Aragon, Navarre, Biscaye, Asturies, Galice, Entre-Minho-et-Douro, Tras-os-Montes, Léon, Vieille-Castille et partie de la Nouvelle, Valence. Plus tard on en diminua l'étendue en formant à ses dépens la Galécie et partie de la Carthaginoise.

TARRAGONE, Tarraco, v. d'Espagne (Catalogne), ch.-l. de l'intend. de son nom. sur la Méditerranée, à l'emb. du Francoli, à 95 kil. S. O. de Barcelone ; 12 000 hab. Archevêché. Port, môle, deux ponts. Belle cathédrale gothique, aqueduc romain (dit Pont-de-Ferreras), antiquités. Pêche active ; distilleries, chapelleries, tissus de fil et de coton, mousselines. Assez de commerce. — Capitale de la Tarraconaise et de toute l'Espagne citérieure sous les Romains (V. TARRACO), cette ville appartint ensuite aux Visigoths, 467, aux Arabes (de 714 à 1120), puis aux Maures, auxquels enfin Alphonse le Batailleur la reprit. Elle soutint un siège en 1640 contre les troupes royales (pendant la révolte de la Catalogne), mais fut prise. Les Anglais, qui combattaient pour l'archiduc Charles (dans la guerre de la succession d'Espagne), l'occupèrent en 1705 ; ils y mirent le feu en l'évacuant. Les Français la prirent en 1811 après une vigoureuse résistance ; ils l'ont gardée jusqu'en 1813. — La prov. de Tarragone formée de la partie S. O. de l'anc. Catalogne, entre celles de Barcelone et de Lérida au N., l'Aragon à l'O., la prov. de Valence au S., et la Méditerranée à l'E., a 300 000 h. Grande exportation de vins, d'esprits et d'eaux-de-vie.

TARRAKAI ou TCHOKA, grande île de l'Océan Pacifique, vis-à-vis de l'embouch. de l'Amour, est séparée de l'île japonaise d'Yéso au S. par le détroit de La Pérouse et de la Mandchourie à l'O. par la Manche de Tartarie. La partie septentrionale de l'île dépend de la Chine ; la partie mérid. du Japon. Les naturels, de race kourile, s'adonnent à la chasse et à la pêche. — La Pérouse reconnut cette île en 1787.

TARSE, Tarsus, auj. Tarsous, v. de l'Asie-Mineure, capit. de la Cilicie, à l'O., près de l'embouch. du Cydnus dans la Méditerranée. Elle fut fondée par des Grecs, ou, suivant une autre tradition, par Sardanapale, et fut de bonne heure très-commerçante. Alexandre la visita, et pensa y périr en se baignant dans les eaux glacées du Cydnus. C'est dans cette ville qu'Antoine tint son tribunal pour juger le différend de la fameuse Cléopâtre avec son frère au sujet du trône d’Égypte. Sous l'empire romain, Tarse devint fameuse par ses écoles de philosophie et de rhétorique : le philosophe Athénodore, le rhéteur Hermogène, l'apôtre S. Paul naquirent dans cette ville. Lors de la 3e croisade, l'emp. Frédéric Barberousse y mourut. La ville moderne, dans le pachalik d'Adana, occupe à peine le quart de l'ancienne, et n'a guère que 8000 h. fixes. Pendant l'hiver, la population s'élève à 30 000 âmes.

TARSOUS. V. TARSE.

TARTAGLIA (Nic.), mathématicien, né vers 1500 à Brescia, m. en 1557 à Venise, était resté orphelin et sans fortune à 6 ans. Par une persévérance inconcevable, il triompha de la plus affreuse misère et apprit seul tout ce qu'il sut des sciences. Il enseigna les mathématiques à Vérone, à Vicence, à Brescia, résolut les équations du 3e degré par de nouvelles formules, que l'on désigne à tort sous le nom de Formules de Cardan (ce savant à qui il les avait communiquées se les était appropriées) ; il fut un des premiers qui appliquèrent les mathématiques à l'art de la guerre. On a de lui, entre autres écrits : Nuova scienza, Venise, 1537 ; Quesiti ed invenzioni diverse, 1550, et un traité de Balistique, 1537, trad. en français par Rieffel, Par., 1846.

TARTARE (le), la partie des Enfers qu'habitaient les coupables suivant les croyances des Grecs et des Romains, avait pour limite le Phlégéthon, dont les nombreux replis formaient autour de lui comme une ceinture infranchissable.

TARTARES ou mieux TATARS, peuple originaire du Turkestan indépendant qui paraît se confondre avec les Turcs, habitait entre l'Altaï et le lac Baïkal, et a donné son nom à toute la partie centrale de l'Asie. Ils furent au XIIe s. subjugués par Gengis-khan, roi des Mongols, qui les incorpora à ses armées, et qui, avec leur secours, fonda un vaste empire qu'on appelle quelquefois l’Empire tartare (V. GENGISKHAN et KAPTCHAK). Depuis, on appliqua le nom de Tartares aux Mongols eux-mêmes, et bientôt on l'étendit avec moins de raison encore à une foule d'autres peuples. V. l'art, suivant.

TARTARIE ou mieux TATARIE (ainsi nommée des Tatars ou Tartares, ses principaux habitants), nom vague, qui, chez les anciens géographes, s'appliquait à toute l'Asie centrale, comprenant, outre le Turkestan chinois et le Turkestan indépendant, vrai pays des Tartares, la Mongolie, la Mantchourie, la Dzouhgarie, la Daourie. On l'étendait même en Europe à la Crimée et à quelques contrées voisines (Caucasie, Daghestan. etc.), situées sur la mer Noire, pays conquis par les Tartares et qui forma la Petite-Tartarie. Pour la Tartarie Asiatique, on la divisait en Tartarie chinoise (Mongolie, Mandchourie, Dzoungarie, etc.), à l'E., et Tartarie indépendante (ou Turkestan), à l'O. On distinguait les Tartares d'Asie en Kalmouks, Mongols, Tcherkesses, Nogaïs, Uzbeks, Tongouses, etc. Plus anciennement il y avait eu un Royaume ou Khanat tartare d'Astrakan, un Roy. ou khanat tartare de Kazan. Tous ces États, ainsi que la Petite-Tartarie ou khanat de Crimée, étaient des débris de l'ancien Empire tartare du Kaptchak ou de la Horde d'Or. Quant aux mœurs, aux langues, à la religion, à l’histoire des Tartares, V. TURCS, TURKESTAN, MONGOLS, KAPTCHAK, CRIMÉE, etc.

TARTARIE INDÉPENDANTE. V. TURKESTAN.

TARTARIE (Petite). V. l'art. ci-dessus et CRIMÉE.

TARTARIE (MANCHE de), détroit qui sépare l'île de Tarrakaï de la côte orientale de la Mandchourie, a 400k. de long et 120 k. dans sa plus grande largeur.

TARTARO (le), Afrianus, riv. de la Hte-Italie, naît près du lac de Garda, communique avec le Pô et l'Adige par divers canaux, et tombe, sous le nom de Canale Bianco, dans l'Adriatique par plusieurs embouchures, après un cours de 100 kil.

TARTAS, ch.-l. de c. (Landes), sur la Midouze, à 22 kil. N. O. de St-Sever; 3084 hab. Safran, vins, eaux-de-vie, gibier, jambons. Ville jadis très-forte, vainement assiégée par les Anglais en 1440; elle fut au XVIe s. une des places fortes des Calvinistes. Tartas était autrefois une vicomte, qui fut longtemps possédée par la maison d'Albret.

TARTERON (le P. J.), jésuite, né en 1644 à Paris, m. en 1720, professa les humanités et donna des traductions d’Horace (1685), de Juvénal et Perse (1688), qui eurent du succès dans leur temps.

TARTESSE, Tartessus, île et v. de la Bétique, vers l'embouchure du Bétis, était une colonie phénicienne : c'est de là que l'or de la péninsule était recueilli par les Phéniciens pour être porté en Orient. La renommée des richesses de cette ville se conserva chez les Grecs et les Romains, mais on ne connaissait plus son emplacement avec certitude. Selon quelques savants, Tartesse n'est que le premier nom de Gades ou de Carteia. Quelques-uns voient dans cette ville la Tharsis de la Bible.

TARTINI (J.), violoniste et compositeur, né en 1692 à Pirano en Istrie, m. en 1770, quitta la théologie et le droit pour la musique, épousa clandestinement à Padoue une demoiselle d'illustre famille, s'enfuit pour esquiver la vengeance des parents, et trouva asile dans un couvent d'Assise. Il jeta les fondements de sa réputation à Venise, tant comme virtuose que comme théoricien, et devint, en 1721, chef d'orchestre de l'église St-Antoine à Padoue. Sa musique est délicieuse et d'une exquise sensibilité. On cite surtout de lui une célèbre sonate qu'il composa dans un songe, où il lui semblait qu'il écrivait sous la dictée de Satan, et qu'on appelle la Sonate du Diable. Il a laissé un Traité de musique, Padoue, 1754. C'est Tartini qui a établi les principes fondamentaux du maniement de l'archet, qui depuis ont servi de base à toutes les écoles d'Italie et de France.

TARUNTUS, nom anc. de la Dwina occidentale.

TARVIS, bg des États autrichiens, en Illyrie (Laybach), à 27 kil S. O. de Villach; 1300 h. Forges, martinets à cuivre, aciéries. C'est un des passages des Alpes entre l'Italie et l'Autriche : Masséna y battit les Autrichiens en 1797 et força le passage.

TARVISIUM, v. de l'anc. Vénétie, auj. Trévise.

TASMAN (Abel Janssen), navigateur hollandais, né à Hoorn vers 1600, fut chargé en 1642 par son oncle Van Diemen, gouverneur des Indes hoilandaises, de faire un voyage de découvertes pour reconnaître l'étendue du continent austral, découvrit la contrée qu'il nomma Terre de Van-Diémen et à laquelle on a depuis justement donné le nom de Tasmanie, ainsi que la Nouv.-Zélande qu'il appela Terre des États, les archipels des Amis et Fidji. Il fit en 1644 un 2e voyage dans lequel il paraît avoir parcouru la plus grande partie des côtes de la Nouv.-Hollande, mais les particularités de ce voyage sont peu connues, les Hollandais les ayant cachées avec soin.

TASMANIE, un des noms donnés à la Terre de Van-Diémen. V. DIÉMEN (Van).

TASSE (Bernard), en ital. Bernardo Tasso, poëte italien, père du célèbre Torquato Tasso, né en 1493 à Bergame, d'une antique et noble famille de cette ville, m. en 1569, s'attacha successivement au prince de Salerne (1531), au duc d'Urbin, et enfin au duc de Mantoue, dont il fut le secrétaire, et qui lui confia le gouvernement d'Ostiglia. On a de lui un poëme en 100 chants, l’Amadis de Gaule, imité du roman de chevalerie de ce nom, qu'il termina en 1549, et dont la meilleure édition est celle de Bergame, 1775; un poëme de Floridant, dans le même genre, qui ne parut qu'en 1587, et fut révisé par son fils, des églogues, des odes, des élégies, etc. Bernard ne manque pas d'imagination ni de talent poétique; mais il a été éclipsé par son fils.

TASSE (TORQUATO TASSO, dit le), célèbre poëte italien, fils du préc., naquit en 1544 à Sorrente. Il étudia d'abord le droit à Padoue, mais il négligea bientôt cette étude aride pour se livrer à la poésie, et composa dès l'âge de 18 ans un poëme chevaleresque, Renaud, inspiré par l'Arioste, et qui dès lors appela sur lui l'attention (1562). Il se vit bientôt après (1565) appelé à la cour de Ferrare par le duc régnant Alphonse II ; il suivit en France le cardinal d'Este (1571), et fut fort bien accueilli de Charles IX; de retour à Ferrare, il y fit jouer (1573) un drame pastoral, l’Aminta, qui est depuis resté sans égal; il termina en 1575 sa Jérusalem délivrée, vaste épopée tirée de l'histoire des croisades et qui est son œuvre capitale. Ce poëme ne reçut pas d'abord l'accueil qu'il méritait, et l'auteur se vit obligé de le défendre contre d'obscurs critiques ; en même temps, il éprouva de vives contrariétés à la cour de Ferrare, par suite d'une passion malheureuse qu'il avait conçue pour une des sœurs du duc, la belle Léonore; sans cesse assailli d'idées noires, sa raison s'égara, et il quitta brusquement Ferrare sans argent et sans but (1577). Il gagna Naples où il retrouva une sœur qui s'efforça de le calmer, puis, errant de ville en ville, il alla successivement à Mantoue, à Urbin, à Turin; ne trouvant nulle partie bonheur, il hasarda de revenir à Ferrare (1579) : la duc, irrité, le fit enfermer, dit-on, dans une maison de fous, l'y retint sept ans et ne lui rendit la liberté qu'en 1586, sur les vives sollicitations de plusieurs princes de l'Italie et du pape lui-même. Le Tasse séjourna depuis à Mantoue, à Naples, à Rome, recherché par les princes et les grands, mais sans en être plus heureux, luttant sans cesse contre la misère, et souvent privé de sa raison. Malgré les injustes critiques de ses envieux, son génie avait enfin été apprécié, et il venait d'être appelé à Rome par le pape Clément VIII pour y être solennellement couronné, lorsqu'il mourut dans cette ville avant la cérémonie, en 1595, emporté par une fièvre qui le minait depuis longtemps. Outre la Jérusalem délivrée, le Tasse a composé un poëme épique, la Jérusalem conquise (Rome, 1593), qu'il prétendait substituer à son premier poëme; mais cet ouvrage, fruit des années où il ne possédait plus le plein usage de ses facultés, est bien inférieur au premier. On a encore de lui une tragédie de Torrismondo (1587), une comédie, les Intrigues d'amour, des Poésies diverses (Rime), composées de sonnets, de canzoni, de madrigaux ; les Sept journées de la Création, des Discours sur la Jérusalem, des Dialogues, des Lettres, etc. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Rosini, 30 vol. in-8, Pise, 1821 et ann. suiv. La Jérusalem délivrée est le principal titre du Tasse : ce poëme, par le choix d'un sujet populaire dans toute la chrétienté, par la grandeur des conceptions, par l'habile emploi d'un merveilleux en harmonie avec les croyances du temps, par le développement des caractères, la richesse des images, la grâce des idées, l'harmonie du style, se place auprès des chefs-d'œuvre d'Homère, de Virgile et de Milton. Il a été traduit dans toutes les langues de l'Europe : les meilleures traductions françaises sont celles de Vigenère, 1610; de Mirabaud, 1724; de Panckoucke et Framery, 1783; de Lebrun, 1774; de Mazuy, 1838 (avec Commentaires) ; de V. Philippon de la Madeleine, 1841. Ce poëme a en outre été traduit en vers par Baour-Lormian, 1795, traduction fort améliorée dans l'édition de 1819; par H. Taunay, 1845; par F. Desserteaux, 1856-60. Le Renaud a été traduit par Cavellier, 1813; l’Aminta, par Bertre de Bourniseaux, 1802, et mise en vers par Baour-Lormian, 1813, et par V. Delattre, 1863. Serassi (Rome, 1785) et Milman (Londres, 1849) ont donné la Vie du Tasse. TASSILLON, duc de Bavière (748-788), le dernier des Agilolfinges, avait épousé Luitperge, une des filles de Didier, roi des Lombards. Quand ce prince eut été détrôné par Charlemagne, il voulut, pour le venger, former contre l'empereur franc une ligue avec les Saxons, les Avares, les Sarrasins d'Espagne, les ducs lombards du midi de l'Italie, et Adalgise, fils de Didier; mais il fut vaincu et pris en 788 : mis en jugement devant la diète d'Ingelheim comme ayant faussé son serment de fidélité, il se vit condamné à mort. Charlemagne commua la peine en une prison perpétuelle dans l'abbaye de Jumiéges : c'est là qu'il mourut.

TASSIN (le P.), bénédictin, né en 1697 à Lonlay (Sarthe), m. en 1777, rédigea avec D. Toustain un Nouveau traité de Diplomatique, 1750-65, qui complète celui de Mabillon, et publia seul l’Histoire littéraire de la congrégation de St-Maur, 1770.

TASSISUDON, capit. du Boutan, dans une haute vallée de l'Himalaya, à 330 k. S. O. de Lassa, par 87° 10' long. E., 27° 50' lat. N., à 600 kil. N. E. de Calcutta. Résidence du Debradjah, souverain temporel du Boutan, et du Dharmah-radjah, souverain spirituel. Beaucoup d'idoles en bronze, notamment celle de Mahamounie.

TASSONI (Alexandre), poëte italien, né en 1565 à Modène, m. en 1635, fut secrétaire du cardinal Ascagne Colonna (1599), puis du duc de Savoie (1618), et s'attacha enfin au duc de Modène François I, qui le créa conseiller. Il savait beaucoup de physique, de géographie, d'histoire et de littérature. Son ouvrage principal est le poëme héroï-comique du Seau enlevé (Secchia rapita), Modène, 1622 et 1744, poëme placé trop bas par Voltaire, mais trop exalté par Apostolo Zeno. Il y chante en vers burlesques une querelle survenue entre Modène et Bologne au sujet d'un seau de puits qui finit par rester au pouvoir de ceux de Modène. Il sait habilement mélanger le plaisant et le sérieux et appliquer le style héroïque aux sujets les plus légers et les plus badins. On a aussi de Tassoni des Poésies diverses (Rome, 1602), et de bonnes Observations sur Pétrarque, 1609.

TATARS. V. TARTARES.

TATIEN, philosophe platonicien, né vers 130 en Syrie, se convertit au Christianisme, se mit au nombre des disciples de S. Justin, et écrivit un Discours aux Grecs (publ. par C. Gessner, 1546, et par Otto, Iéna, 1851), pour leur prêcher la foi; mais il tomba, vers 172, dans les erreurs des Gnostiques et fut regardé comme hérésiarque. Il est le chef de la secte des Encratistes ou Continents, qui s'interdisaient le vin et le mariage. — Un autre T., de Mésopotamie, qui vivait au Ve s., est auteur d'une Harmonie des Évangiles, en grec, dont on n'a qu'une trad. latine, par Victor de Capoue (dans la Biblioth. des Pères).

TATITCHEV (Basile Nikitich), historien russe, 1686-1750, fut attaché au collège des mines, remplit pour ce service diverses missions en Sibérie et en Suède, devint grand maître des mines (1737), et rédigea le code minier de la Russie. Il a laisse une Histoire de Russie, qu'il n'a pu achever et qui a été publiée par Muller, à Moscou, 1769-84, 4 vol. in-4; cet ouvrage renferme de très-utiles documents. On lui doit aussi un bon Atlas de la Sibérie, 1745.

TATIUS (T.), roi de Cures (ou Quirium), chez les Sabins, était déjà vieux quand le rapt des filles sabines lui fit prendre les armes contre Romulus, 745 av. J.-C. Suivant le récit vulgaire, il entra dans la citadelle, grâce à la trahison de Tarpeïa, et livra trois combats aux Romains : il allait vaincre dans le dernier quand l'intervention des Sabines fit cesser le combat. Tatius consentit à régner conjointement avec Romulus sur le peuple uni des Romains et des Quirites (populus Romanus Quiritium). Au bout de 5 ans, Tatius fut tué à Lavinium, par des habitants de Laurente auxquels il refusait justice; Romulus fut soupçonné d'avoir eu part à ce meurtre.

TATTA ou TATTAH, Patala ? v. de l'Inde (Sindhy), près du Sind, à 80 kil. de la mer, et à même distance d'Haïderabad, au S.; 15 000 hab. Jadis commerçante, mais bien déchue. Fondée en 1485, prise et pillée par les Portugais en 1555.

TAUBER, riv. d'Allemagne, naît dans le Wurtemberg (cercle de l'Iaxt), coule à l'E., entra en Bavière, arrose les cercles de la Rézat et du Bas-Mein, se dirige au N., pénètre dans le grand-duché de Bade, traverse le cercle de Mein-et-Tauber, et se jette dans le Mein à Wertheim; cours, 125 k.

TAULÉ, ch.-l. de cant. (Finistère), à 7 k. N. O. de Morlaix; 2286 hab.

TAULER (Jean), Taulerus, mystique, né en Alsace vers 1294, prit l'habit de St-Dominique à Strasbourg, vint à Paris pour y perfectionner ses études théologiques, et mourut à Strasbourg en 1361. Il a laissé plusieurs outragea regardés comme classiques par les mystiques : Méditations sur la vie et la passion du Sauveur, Institutions divines, Moelle de l'âme, Lettres spirituelles, le tout en allemand. Ses Œuvres, plusieurs fois imprimées dans le texte allemand, ont été traduites en latin par Surius, Cologne, 1548; les Institutions divines ont été mises en français par Loménie de Brienne (1665), et insérées dans le Panthéon littéraire, Paris, 1835.

TAUNTON, v. d'Angleterre (Somerset), sur la Tone, à 59 kil. S. O. de Bristol; 12 200 hab. Ancien château, bâti par les Saxons, église gothique. Soieries et lainages communs.

TAUNUS, chaîne de mont. de l'Allemagne occid., dans le duché de Nassau, commence sur les frontières de la Hesse, court au S. O., et se termine sur la r. dr. du Rhin. Elle sépare les eaux de la Lahn d'avec celles du Mein et du Rhin. Sommets principaux : Grand-Feldberg (868m), Alte-Koenig (800m).

TAURASIA ou AUGUSTA TAURINORUM, auj. Turin.

TAURES, Tauri, peuple scythe qui habitait la Chersonèse Taurique (Crimée) et le pays environnant, qu'on nommait Tauride. Ils étaient renommés pour leur férocité : ils immolaient des victimes humaines à leur grande-déesse Opis (la Diane Orthia des Lacédémoniens) : Oreste faillit tomber sous leurs coups. V. ORESTE, IPHIGÉNIE, THOAS.

TAURESIUM, v. de Mésie, au pied de l'Hémus, et près de Scopi (Ouskoub). Patrie de Justinien, qui la rebâtit sous le nom de Justiniana prima.

TAURIDE, un des noms de la Chersonèse Taurique. V. TAURES et CHERSONÈSE TAURIQUE.

TAURIDE, gouvt de la Russie mérid., entre ceux de Kherson et d'Ikatérinoslav au N., la mer d'Azov et le détroit d'Iénikaleh à l'E., la mer Noire au S. et à l'O., se compose de la presqu'île de la Crimée et d'un vaste territoire au N. de cette presqu'île : 400 kil. sur 150; 620 000 hab.; ch.-l., Simféropol. Beaucoup de lacs salés et de marais; plusieurs riv. (Dnieper, Konskaïa, Berda); quelques montagnes, en Crimée. Air insalubre vers la mer Putride. Blé, vins, pâturages excellents; élève de chevaux et de bestiaux, notamment de mérinos. Plusieurs ports, mais le commerce maritime est déchu depuis la fondation d'Odessa. La population se compose de Tartares Nogaïs, Russes, Arméniens, Grecs, Juifs et Allemands.

TAURINI, auj. prov. de Turin; peuple de la Gaule Transpadane, vers les Alpes Cottiennes et les sources du Padus, avait pour capit. Augusta Taurinorum.

TAURINORUM (AUGUSTA), est auj. Turin.

TAURIS, dite aussi Tabriz ou Tébriz, v. murée de Perse, ch.-l. de l'Aderbaïdjan, par 44° 12' long. E., 38° 5' lat. N.; env. 140 000 hab. (elle en a eu, dit-on, 500 000). Mur percé de 7 portes; vieux château; palais du prince; ruines de la belle mosquée de Djihan-Chah; magnifique bazar de Kaisarieh. Ville très-commerçante, où stationnent les caravanes. — Fondée vers 792 par Zobéida, une des femmes d'Haroun-al-Raschid, sur l'emplacement d'une anc. ville dont on ignore le nom (Gabris, Gaza ou Gazaca), elle fut souvent ravagée par les Turcs : le sultan Sélim I battit dans le voisinage, à Tchaldir, en 1514, le sophi Ismaël. Un tremblement de terre la détruisit en partie en 1721, et fit périr 25 000 de ses habitants.

TAUROBOLE, sacrifice expiatoire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TAUROMENIUM, Taormina, v. de Sicile, sur la côte orientale, adossée au cap Taurus, était une colonie de Zancle (ou Messine), et reçut les restes de la population de Naxos, ville voisine, saccagée en 403 av. J.-C. par Denys le Tyran. Elle devint célèbre pendant la 1re guerre des esclaves de Sicile : Rupilius la prit en 132 et mit fin à la guerre. V. TAORMINA.

TAURUS, Djebel-Kurin en turc, chaîne de montagnes de l'Asie-Mineure, commence vers 38° lat. N., près de l'Euphrate, traverse de l'E. à l'O. le pachalik de Marach, puis court, toujours à l'O., parallèlement à la côte S. de l'Asie-Mineure qu'elle serre de très-près, et finit par se bifurquer en deux petits rameaux qui se terminent aux golfes de Satalieh et de Cos. On nomme Anti-Taurus une autre chaîne qui traverse aussi de l'E. à l'O. l'Asie-Mineure dans sa partie centrale. Les géographes anciens croyaient que le Taurus se prolongeait indéfiniment à l'E. dans la Hte-Asie sous les divers noms de monts Niphates, Gordiens, Paropamise, Émodes, Imaüs.

TAURUS, auj. Capo di Sta-Croce, cap de Sicile, sur la côte E., près de Tauromenium qui s'y adossait.

TAUVES, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 65 kil. S 0. d'Issoire; 2379 hab.

TAVANNES (SAULX-), illustre et anc. maison de Bourgogne, que l'on fait remonter au VIIe s. et qui a fourni de grands généraux à la France et de hauts dignitaires à l'Église, tire son double nom du château de Saulx en Bourgogne, qu'elle possédait dès le XIIe s., et de Marguerite de Tavannes, sœur et héritière de Jean de Tavannes (gentilhomme allemand, du comté de Ferrette, au service de France), que Jean de Saulx épousa en 1504. Cette maison a formé plusieurs branches, auj. éteintes; son dernier représentant, le duc de Saulx-Tavannes, pair de France, s'est tué en 1845.

TAVANNES (Gaspard DE SAULX, seigneur de), né à Dijon en 1509, fut pris à Pavie avec François I dont il était page, se distingua par sa bravoure au siège d'Yvoi, à La Rochelle (1543), à la bat. de Cérisoles (1544), commanda l'armée dirigée contre les Trois-Évêchés, prit Metz (1552), eut grande part à la victoire de Renti (1554), ramena, après le départ de Guise, l'armée envoyée en Italie au secours du pape (1556), et déploya en toute occasion un zèle excessif contre les Réformés dans son gouvernement de Bourgogne et dans le Lyonnais. Donné pour mentor au jeune duc d'Anjou (Henri III), il eut sous ses yeux la principale part aux victoires de Jarnac et de Moncontour (1569), remportées sur les Protestants, et fut en récompense nommé maréchal de France. Aveuglé par son fanatisme, il parcourut les rues de Paris pendant la St-Barthélemy pour exciter au massacre (1572). Il fut, peu après cet événement, nommé gouverneur de Provence. Il mourut en 1573, en allant avec le duc d'Anjou assiéger La Rochelle. On a de lui des Lettres à Charles IX, publ. en 1857 ; M. de Barthélémy a donné en 1858 ses Lettres diverses. Son 3e fils, Jean, a laissé sur sa vie des Mémoires fort curieux. On trouve sa Vie dans les Hommes illustres de Pérau. — Son fils aîné, Guill. de Saulx-Tav. (1553-1633), lieutenant du roi en Bourgogne (1574), maintint en partie cette province sous l'obéissance de Henri III pendant la Ligue ; se déclara pour Henri IV dès 1589, malgré son frère Jean, vicomte de Tavannes, forcené ligueur, et se distingua au combat de Fontaine-Française. On a de lui d'excellents Mémoires historiques, qui vont de 1560 à 1596, Paris, 1625 (réimprimés dans les collections de Mémoires sur l'Hist. de France et dans le Panthéon littéraire, 1836). — Jean de Saulx, vicomte de Tav., 3e fils du maréchal et frère du préc., né en 1555, m. vers 1630, suivit le duc d'Anjou (Henri III) au siège de La Rochelle, puis en Pologne, où il resta après son maître. De retour en France, il s'y montra déterminé ligueur et fut fait par Mayenne maréchal de France et gouverneur de la Bourgogne. Il ne posa les armes qu'en 1595 : il demanda en vain la conservation de son grade. On a de lui une Vie de son père, souvent intitulée Mémoires, et qu'il ne faut pas confondre avec les Mémoires de Guill. de Tavannes. Ceux de Jean ont été imprimés à Lyon, 1657, in-fol. — Jacques de Saulx, comte de T., petit-fils du préc., 1620-83, suivit le grand Condé dans ses campagnes, devint maréchal de camp et grand bailli de Dijon. Ayant pris part aux troubles de la Fronde, il fut disgracié. On a de lui de curieux Mémoires sur la Fronde, de 1650 à 1653, Paris; 1691, réimpr. en 1858.

TAVASTEHUS, v. de Russie (Finlande), ch.-l. de gouvt de son nom, sur un lac, à 135 kil. N. O. de Helsingfors; 2000 hab. Arsenal. Fondée en 1650; prise et reprise par les Russes et les Suédois. — Le gouvt de T., entre ceux de Vasa au N., de Biarneborg à l'O., de Nyland au S., et de Sankt-Miklos à l'E., a 8250 kil. carrés et 145 000 hab. Beaucoup de lacs. Lin, chanvre, céréales ; élève de bétail.

TAVEL, bg du dép. du Gard, à 30 k. E. d'Uzès et à 8 k. S. O. de Roquemaure; 1200 h. Vin renommé.

TAVERNA, Tabernæ, v. de l'Italie mérid. (Calabre Ultér. 2e), à 14 kil. N. de Catanzaro; 2000 hab. Aux environs, pierre spéculaire et pierre plombée (qui servent pour l'esquisse). — Fondée par Nicéphore Phocas, cette ville fut détruite par Guillaume I, puis relevée par Arrigo IV, fils posthume de Roger I. Patrie du peintre Preti, dit le Calabrais.

TAVERNES, ch.-l. de c. (Var), à27 kil. N. de Brignoles; 1191 hab. Huileries.

TAVERNIER (J. B.), voyageur, né à Paris en 1605, était fils d'un marchand de cartes géographiques d'Anvers, réfugié en France. La profession de son père lui inspira de bonne heure le goût des voyages; il visita plusieurs régions de l'Europe, puis partit en 1636 pour l'Asie, où il accomplit 6 voyages dans l'espace de 30 ans. Il fit une fortune immense dans le commerce des diamants et des pierreries, commerce qu'il n'avait entrepris qu'afin de se défrayer en route. Il parlait presque toutes les langues de l'Europe. Il fut anobli par Louis XIV pour les services qu'il avait rendus au commerce, et acquit la baronnie d'Aubonne. Il mourut en 1686 à Moscou, pendant qu'il se rendait de nouveau aux Indes. On a de lui : Voyages en Turquie, en Perse et aux Indes, rédigés par La Chapelle et Chappuzeau, qui ont paru en 1677-79 (3vol. in-8), et ont été souvent réimprimés. Ces Voyages, regardés comme parfaitement véridiques, sont remplis de détails curieux.

TAVIRA, Balsa, v. du Portugal, un des ch.-l. de l'Algarve, à l'embouchure de la Seca dans l'Atlantique, à 270 kil. S. E. de Lisbonne; 9000 h. Marais salants. Pêche active ; vins, figues, amandes.

TAVISTOK, v. d'Angleterre (Devon), sur la Tœff, à 55 kil. S. E. d'Exeter; 6500 hab. Ustensiles en fonte, en fer. Patrie de l'amiral Drake. Aux env., mines de cuivre, de fer, sources minérales.

TAXILA, v. de l'Inde ancienne, sur l'Indus, capit. des États de Taxile, est probablement Attok.

TAXILE, roi de l'Inde septentr., dont les États étaient entre l'Indus et l'Hydaspe, et avaient pour capit. Taxila. Il fut vaincu par Alexandre, qui le traita honorablement, tout en lui enlevant ses États.

TAY (le), Tavus, riv. d’Écosse (Perth), sort des monts Grampians, coule à l'E., puis au S. et à l'E., arrose Dunkeld et Perth, traverse le Loch-Tay (un des plus jolis lacs du pays), et se jette dans la mer du Nord par un large estuaire après un cours de 150 kil.

TAYEF, v. murée d'Arabie (Hedjaz), à 110 kil. S. E. de la Mecque. Grande mosquée, renfermant le tombeau d'Abdallah-ibn-Abar, secrétaire de Mahomet, qui est un but de pèlerinage. Environs charmants , qui font appeler ce pays le Paradis de l'Arabie.

TAYGÈTE (Mont), chaîne du Péloponèse, courait à peu près du N. au S. en Laconie, bornant à l'O. le bassin de l'Eurotas, et se liait par le N. aux monts de l’Arcadie. Son principal sommet, au S. de Sparte, a 2409m. Les Lacédémoniens célébraient sur le Taygète les mystères de Bacchus ; on précipitait dans les gouffres de cette montagne abrupte les enfants nouveau-nés que leur difformité condamnait à la mort.

TAYLOR (Jérémie), théologien et prédicateur anglican, né à Cambridge vers 1600, m. en 1667, fut nommé en 1642 chapelain du roi Charles I, vécut dans la retraite depuis la mort de ce prince jusqu’à la restauration des Stuarts, fut promu par Charles II à l’évêché de Down et appelé au conseil privé. On a de lui, outre un grand nombre de livres de controverse auj. oubliés : Discours sur la justice et la bonté de Dieu au sujet du péché originel ; le Grand modèle de Sainteté : c’est une histoire de la vie et de la mort de J.-C. ; Règles et exercices d’une vie sainte ; Doctor dubitantium, recueil de règles pour les cas de conscience. Ses Œuvres, qui forment 6 v. in-f., jouissent d’une grande autorité en Angleterre, tant pour le style que pour la rigueur de la logique.

TAYLOR (J. BROOK), mathématicien, membre de la Société royale de Londres, né en 1685 à Edmonton (Middlesex), m. en 1731, est l’inventeur du Théorème dit de Taylor, si fécond en applications. On a de lui, entre autres écrits : Methodus incrementorum directa et inversa, Londres, 1715-1717 (ouvrage dont son théorème est comme le résumé) : Nouveaux principes de perspective linéaire, 1715, et des Mémoires (dans les Trans. philos.). Il a aussi écrit sur la physique, notamment sur les attractions magnétiques.

TAYLOR (John), érudit, né à Shrewsbury en 1703, m. en 1766, fut nommé en 1732 bibliothécaire de l’Université de Cambridge, devint archidiacre de Buckingham et enfin chanoine de St-Paul à Londres. On lui doit de bonnes éditions des Orateurs attiques (Lysias, Démosthène, Eschine, etc. 1730-1757), et le Marmor Sandvicence, précieuse inscription rapportée d’Athènes par le comte de Sandwich, qu’il publia en 1743.

TAYLOR (Thomas), laborieux traducteur, né à Londres en 1758, m. en 1830, tour à tour maître d’école et commis dans une maison de banque, s’adonna aux lettres et à la philosophie tout en remplissant ses modestes fonctions, et traduisit en anglais les Œuvres complètes de Platon, 1804, 5 vol. in-4, ainsi que celles d’Aristote, 9 vol. in-4, et une partie des écrits de Plotin et de Proclus.

TAYLOR (le général Zacharie), président des États-Unis, né en 1786, m. en 1850, se fit connaître en combattant les indigènes de la Floride et des territoires de l’Ouest, eut un commandement dans la guerre contre le Mexique en 1846, remporta deux avantages à Palo-Alto et à Reseca-de-la-Palma, prit Matamoras et Monterey, et défit le dictateur Santa-Anna en personne à Buenavista (1847). Élevé à la présidence en 1849, il mourut 16 mois après. Il avait montré dans les relations internationales beaucoup de loyauté et avait improuvé hautement la tentative du général Lopez contre Cuba.

TCHAD (lac), dit aussi lac Ouangara, grand lac de la Nigritie centrale, entre le Bournou à l’O. et au S. O., le Kanem au N. et à l’E., à 275m au-dessus de la mer ; on lui donne env. 380 kil. sur 225. Il reçoit le Chari au S. et le Yéou à l’O. On y trouve quelques îles habitées. On a longtemps cru que ce lac était sans écoulement : des voyages récents ont fait découvrir une rivière de Tchadda, qui en sort et s’unit au Niger dans le Kouarra, 400 k. avant son embouchure. Ce lac a été découvert et exploré par Denham et Clapperton en 1823.

TCHADDA ou BÉNUÉ, riv. d’Afrique, affluent du Niger, découverte en 1853 par le Dr Barth. V. TCHAD.

TCHADIR-DAGH, c.-à-d. Mont. de la Tente, le Trapezos des Grecs, montagne de la Crimée, à 26 kil. S. E. de Simféropol ; 1580m.

TCHAGAING, v. de l’empire birman (Ava), sur l’Iraouaddi, vis-à-vis d’Amarapoura, fut la capitale de 1760 à 1764. Forteresse en ruine. Fabriques d’idoles pour tout l’empire ; grand entrepôt du coton.

TCHALDIR ou TCHALDERAN, plaine de l’Aderbaïdjan, au N. O. de Tauris. Sélim I y défit le Chah Ismaël en 1514.

TCHANDALAS, nom que les Hindous donnent à ceux qui sont nés d’un père soudra et d’une femme brahmane, ou d’un chattrya et d’une soudra. Ils sont regardés comme impurs : c’est parmi eux qu’on recrute les bourreaux. On croit que c’est de cette caste inférieure que sont sortis les Gypsies ou Bohémiens qui errent dans toutes les parties de l’Europe.

TCHANDRA, dieu hindou, est la Lune personnifiée : il préside aux eaux vitales, aux pluies, à la fertilité, aux herbes médicinales et donne aux mortels l’opulence et la santé.

TCHANDRA-GOUPTA, prince indien, fils d’un roi de Magada (ou Béhar) et d’une Soudra, extermina ses neuf frères, anéantit ainsi la race des Nandas, monta sur le trône, et fonda une nouvelle dynastie. — On reconnaît dans le nom de Sandracottus des traces du nom de Tchandra-Goupta.

TCHANG-TCHÉOU, v. de Chine, ch.-l. du dép., dans la prov. de Kiang-sou, sur plusieurs canaux, à 130 kil. S. E. de Nan-king ; env. 200 000 h. Ville sainte, remplie de temples. Centre du commerce de la soie. Prise et saccagée par les Taëpings en 1860.

TCHÉ-KIANG, prov. de Chine, sur la mer Jaune à l’E., entre celles de Kiang-nan et Kiang-sou au N., de Fou-kian au S. et d’An-hoéï à l’O., tire son nom du fleuve Tché-kiang, qui l’arrose ; 450 kil. sur 350 ; 26 000 000 hab. ; ch.-l., Hang-tchéou. Sol très-fertile (riz, blé, thé, coton, lotos, plantes médicinales, vin, mûrier nain, arbre à suif, camphrier) ; vers à soie innombrables ; étoffes de soie et d’or. C’est, dit-on, de cette province qu’ont été importés en Europe les poissons cyprins.

TCHELAM, ville de l’Inde. V. SALEM.

TCHENNAR, Acesines, riv. de l’Hindoustan, sort de l’Himalaya dans la prov. de Lahore, traverse le Lahore, le Moultan, reçoit le Djélem, le Ravei, le Beyah et se jette dans le Sind.

TCHÈQUES, nom que les habitants slaves de la Bohême portent dans leur langue. Les Tchèques abandonnèrent à la fin du Ve s. la vallée supérieure de la Vistule, et vinrent s’établir dans la Bohême. À partir du IXe s. leur nom fut étendu à toutes les autres tribus slaves du même pays. Ces Slaves sont plus nombreux en Bohême que les Allemands, et leur race, y est plus ancienne. Bien que distinct du polonais, du russe, du serbe, leur idiome appartient comme ceux-ci à la famille des langues slaves.

TCHEREMISSES, peuple de la famille finnoise, habite, dans la Russie d’Europe, les gouvts de Viatka, Perm, Kazan, Simbirsk, Orenbourg. Ils sont blonds ou roux, peu robustes, et en grande partie idolâtres. L’agriculture et l’éducation des abeilles forment leur principale occupation. On en compte env. 200 000.

TCHERKASK, nom de 2 villes de la Russie d’Europe (Cosaques du Don) : le Vieux-Tcherkask, à 55 k. N. E. d’Azov, sur le Don ; 1500 hab. ; — le Nouv-Tcherkask, ch.-l. de la province, à 22 kil. N. de Vieux-Tcherkask ; 12 000 hab. Évêché, gymnase, arsenal ; foires importantes. Fondée en 1806 par l’hetman Platov, mais encore mal peuplée.

TCHERKESSES, vrai nom des Circassiens.

TCHERNAIA (la), riv. de Crimée, prend sa source au S., près de Baïdar, coule du S. au N. O., et se jette dans la baie de Sébastopol. Les Russes furent défaits sur ses bords, près du pont de Traktir, le 16 août 1855, par l’armée franco-sarde.

TCHERNIGOV, TCHERNOWITZ. V. CZERNIGOV, CZERNOVICZ.

TCHESMÉ, Cyssus, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), vis à vis de l’île de Chio, au fond d’une baie spacieuse, à 65 kil. N. O. de Smyrne ; 6000 h. Port vaste, citadelle. L’amiral russe Alexis Orlof et l’Anglais Elphinstone y brûlèrent la flotte turque en 1770.

TCHIKOTA (île), la plus grande des îles Kouriles, au S. d’Itiroup, a 140 k. sur 50, et est assez peuplée. Pêche active, chasse de la martre zibeline et du renard. Cette île appartient au Japon.

TCHI-LI ou PÉ-TCHI-LI, prov. de Chine, entre la Mongolie au N., le golfe de Tchi-li à l'E., les prov. de Chan-toung et de Ho-nan au S., et celle de Chan-si à l'O., a env. 700 kil. sur 490 et 35 000 000 d'hab.; ch.-l., Péking (capit. de tout l'empire). Nombreuses rivières. Climat froid (les fleuves restent gelés 4 mois de l'année), mais sain. Rats jaunes très-gros dont la peau sert de fourrure, — Le golfe de Tchi-li ou Pé-tchi-li, formé par la mer Jaune sur la côte N. E. de la Chine, reçoit le Pey-ho et le Liao-ho.

TCHIL-MINAR, c.-à-d. les 40 colonnes, nom persan des ruines de Persépolis.

TCHING-KIANG, riv. de Chine. V. PÉ-KIANG-HO.

TCHING-KIANG, v. forte de Chine (Kiang-sou), ch.-l. de dép., sur l'Yang-tsé-Kiang, à 70 kil. N. E. de Nankin. Prise par les Anglais en 1842.

TCHIPROVATZ, v. de Turquie (Bulgarie), sur le Zibriz, à 90 kil. S. de Viddin. Résidence d'un évêque qui prend le titre de primat de Bulgarie.

TCHIRMEN, v. de Turquie (Roumélie), ch.-l. de sandjak, à 34 kil. N. O. d'Andrinople. Château, mosquée. — Le sandjak, au S. de ceux de Routchouk et de Silistrie, a 140 k. du N. au S. sur 110 de l'O. à l'E. Il est formé de la partie centrale de l'anc. Thrace.

TCHITTAGONG, district de l'Inde anglaise (Bengale), au delà du Gange et du Brahmapoutre, a pour ch.-l. Islam-Abad. V. ce nom.

TCHOKA, île. V. TARRAKAÏ.

TCHOROK (le), Acampsis ou Bathys, riv. de la Turquie d'Asie (Erzeroum), limite l'Asie-Mineure au N. E. et tombe dans la mer Noire près de Gounieh.

TCHOUDES, grande famille ethnographique qui forme le fond de la population de la Russie septentrionale. Ils paraissent être de la même race que les Finnois; certains auteurs cependant les en distinguent et restreignent le nom de Tchoudes aux Livoniens, Esthoniens, Ingriens, Caréliens et aux habitants de la Finlande.

TCHOUKTCHIS, peuple d'Asie, occupe le N. E. de la Sibérie, au N. de l'Anadyr, au nombre d'env. 60 000, les uns chasseurs, les autres pêcheurs. On les croit de la même famille que les Esquimaux d'Amérique.

TCHOUROUM, Tavium, v. de la Turquie d'Asie (Sivas), ch.-l. de livah, à 160 kil. N. O. de Tokat. — Le livah, entre ceux de Djanik au N. E., d'Amasie à l'E., de Bourzouk au S., et l'Anatolie à l'O., répond à la partie orientale de l'anc. Galatie.

TCHOUVACHES, peuple de la Russie d'Europe, de race finnoise ou turque, habite entre le Volga et le Soura, dans les gouvernements de Nidjnéi-Novogorod, de Kazan et d'Orenbourg, au nombre d'env. 300 000 individus. Ils sont chrétiens depuis le XVIIIe s. Ils vivent de la culture de la terre et des produits de leur chasse.

TEANO, Teanum Sidicinum, v. d'Italie (Terre-de-Labour), à 20 kil. N. O. de Capoue; 3100 hab. Évêché; vieux château, eaux minérales.

TEANUM APULUM, Ponte-Rotto ou Rotello, v. d'Apulie, près des Frentani, sur le Frento, non loin de la mer. — TEANUM SIDICINUM, Téano, v. de Campanie, au N. O. de Capoue, était le ch.-l. du petit État des Ausones Sidicini. V. SIDICINUM.

TÉATE, Chieti, v. de l'Italie, chez les Marrucini, au N., sur une colline dont le pied est baigné par l'Aternus, se donna aux Romains en 317 av. J.-C. Patrie de Pollion. — V. THÉATINS.

TÉBA, Theba, v. d'Espagne (Séville), à 60 k. N. O. de Malaga; 4500 h. Vieux château. Titre de duché.

TÉBELEN, v. fort de Turquie (Albanie), à 150 kil. N. O. de Janina. Patrie d'Ali, pacha de Janina.

TÉBESSA, l'anc. Thevesta, v. d'Algérie, prov. et à 188 kil. E. S. E. de Constantine, près de la frontière de Tunis; 1500 hab. (on en compta jadis de 30 à 40 000). Dans l'antiquité, elle faisait partie de la Numidie, et était jointe par des routes à Cirta et à Carthage. On voit encore des restes d'une forteresse romaine, d'un arc-de-triomphe de Caracalla, d'un cirque, d'une basilique et de plusieurs aqueducs. Les Français l'ont occupée en 1842 et colonisée en 1846.

TEBRIZ. V. TAURIS.

TECKLEMBOURG, v. des États prussiens (Province Rhénane), ch.-l. de cercle, à 32 kil. N. E. de Münster; 1200 h. Il y a eu au moyen âge un comté de Tecklembourg, qui était assez étendu, mais qui fut réduit par des partages successifs. La race masculine des comtes s'étant éteinte vers 1562, le comté passa par mariage aux comtes de Bentheim; mais en 1577 la maison de Solms éleva des prétentions sur le Tecklembourg : il y eut un long procès qui fut suivi d'un 1er partage en 1686; divers autres partages eurent lieu depuis, et finalement le roi de Prusse acheta ou s'adjugea le tout en 1706. Les Français occupèrent le Tecklembourg en 1757.

TECTOSAGES, Volcæ Tectosages, peuple de la Gaule, dans la Narbonaise 1re, à l'E. des Ausci et des Lactorates, faisait partie des Volces et comprenait lui-même les Tolosates à l'O. et les Atacini à l'E.; ch.-l., Carcaso (Carcassonne). On dérive leur nom du latin tectus sago (couvert de la saie). — Une tribu de Tectosages passa dans l'Asie-Mineure et occupa la partie de la Galatie située au N. O., en deçà de l'Halys, et limitrophe de la Phrygie; ils avaient pour capit. Ancyre. Une autre tribu alla se fixer en Germanie sous la conduite de Sigovèse,

TEDELES, cap de l'Algérie, entre Bougie et Alger, par 36° 54' lat. N., 1° 54' long. E.

TEDJEND, nom moderne de l’Ochus, riv. d'Asie.

TÉGÉE, Tegea, v. de l'Arcadie orientale, près de l'Argolide, au S. de Mantinée, était une des plus anciennes de la Grèce. Apollon et Pan y étaient particulièrement honorés. Elle avait un temple de Minerve qui était un lieu d'asile, et où Pausanias fut muré et périt de faim. On la nomme auj. Paléoépiscopi, à cause des ruines d'une anc. église épiscopale.

TÉGLATH-PHALASAR, 2e roi du second empire d'Assyrie, régna à Ninive de 742 à 724 av. J.-C. Il fut heureux dans toutes ses guerres, notamment dans celles qu'il fit aux rois de Syrie et d'Israël, d'accord avec le roi de Juda Achaz. Il conquit la Syrie et la partie de la Palestine à l'E. du Jourdain. — D'après les inscriptions cunéiformes, il y aurait eu un 1er roi de ce nom, qui aurait régné de 1130 à 1120 av. J.-C. et aurait été vaincu par le roi de Babylone Mérodac-Adana-Khi.

TEGNER (Esaias), poëte suédois, 1782-1846, fit marcher de front les lettres et la théologie, fut nommé en 1812 prof. de littérature grecque à l'Université de Lund, et en 1824 évêque de Wexiœ. Parmi ses œuvres, on remarque le Sage, poëme didactique, le Chant de guerre de la landwehr de Scanie, Axel, la Saga de Frithiof (1825), et de charmantes idylles. Ses poésies se distinguent par la vivacité du sentiment et la profusion des images. Plusieurs ont été trad. par Mlle du Puget, par Desprez, 1844, et par Léouzon-Leduc, 1850. Une statue lui a été élevée à Copenhague.

TEGOULET, anc. capit. de l’État de Choa en Abyssynie, par 36° 15' long. E., 9° 40'lat. N. Auj. ruinée.

TÉGUISE, capit. de l'île Lancerote, une des Canaries, au S. E. de l'île; 2000 hab.

TÉHÉRAN, capit. du roy. de Perse et ch.-l. de la prov. d'Irak-Adjémi, au pied de l'Elbourz, dans une belle plaine bien arrosée, par 49° 2' long. E., et 35° 40' lat. N. ; env. 140 000 hab. Air insalubre, chaleur excessive, ce qui force la plupart des habitants à aller vivre en été sous des tentes dans les plaines de Sultanieh. La v. est entourée d'une forte muraille ; à l'intérieur est une autre ville encore plus fortement murée et dite Arag ; là est le palais du chah, très-vaste, et où sont de beaux jardins. Fabriques de tapis et d'ouvrages en fer. — Ville antique, bâtie près des ruines de l'anc. Ragès. Détruite par les Afghans, elle fut relevée par Kérim-khan, qui en fit sa résidence; auparavant, la capitale de la Perse était Ispahan. TÉHUANTÉPETL ou TÉHUANTÉPEC, v. du Mexique (Oaxaca), sur le golfe de Tehuantepetl, à l’embouch. de la riv. de même nom dans le grand Océan, à 260 kil. S. E. d’Oaxaca. Port obstrué par une barre dangereuse. Aux environs, excellent indigo. — On appelle Isthme de Téhuantépetl la langue de terre qui va du golfe de Tehuantepetl à celui de Campêche sur le golfe de Mexique ; elle n’a que 260 kil. de large ; c’est un des points par lesquels on avait projeté d’unir les 2 mers ; on y a construit un chemin de fer.

TEIA ou TEIAS, dernier roi des Ostrogoths en Italie, fut élu en 552, après la mort de Totila, fut battu par Narsès à Nocera, en 553, et périt dans la bataille.

TEILLEUL (le), ch.-l. de c. (Manche), à 15 k. S. E. de Mortain ; 2478 h. Patrie de Fréd. Morel.

TÉKÉDEMPT ou TAGDEMPT, v. de l’Algérie, non loin des sources du Chélif, à 260 kil. S. O. d’Alger et à 140 E. S. E. d’Oran. Cette ville, qui paraît être l’ancienne colonie romaine de Gadaum Castra, a été occupée 150 ans par les Édrisites. Détruite en 975 par les Fatimites de Kaïrouan, elle fut relevée plus tard, mais de nouveau détruite par les Turcs. Abd-el-Kader en fit en 1836 le siége de son gouvernement ; les Français l’ont occupée en 1841.

TÉKÉLI (Éméric), magnat hongrois, né en 1658, fut un des chefs des mécontents qui tentèrent de se soustraire à la domination de l’Autriche en 1676, résista pendant 3 ans aux armées impériales avec de simples troupes de volontaires, puis se vit dans la nécessité d’implorer l’appui du sultan Mahomet IV. Il obtint de ce prince, avec le titre de Maître de la Moyenne Hongrie, le secours d’une armée de 220 000 hommes, sous la conduite du grand vizir Kara-Mustapha (1682), et eut part au siège de Vienne (1683) ; mais, l’amnistie accordée par l’Autriche en 1684 ayant détaché de lui presque tous ses partisans, il perdit les villes d’Éperies, de Cassovie et de Munkatz (1685-88), ce qui le fit disgracier pendant deux ans par le sultan. Nommé par Soliman II en 1690 prince de Transylvanie, puis roi de Hongrie, il battit les troupes impériales et entra dans Hermanstadt, mais il fut chassé la même année par le prince de Bade, et ne fit plus la guerre qu’en partisan dans l’Esclavonie et la Servie. Il ne put se faire réintégrer dans ses biens à la paix de Carlowitz (1699), et finit par aller vivre à Constantinople, où il fut réduit, dit-on, à se faire quelque temps cabaretier. Mustapha II lui donna une belle retraite près de Nicomédie, où il mourut oublié, en 1705.

TÉKIN (ALP-), fondateur de la dynastie des Gaznévides, était un esclave turcoman. Il devint gouverneur du Khoraçan pour Al-Mansour, prince Samanide, se révolta vers 960, et s’empara de Gazna, dont il fit sa résidence, et dont sa dynastie prit le nom. Il mourut en 975. V. GAZNÉVIDES.

TEKKÉ-ILI, à peu près la Lycie et la Pamphylie ; sandjakat de la Turquie d’Asie (Anatolie), entre le sandjakat d’Hamid-ili au N., la Caramanie et l’Itchil à l’E., la Méditerranée au S., et les sandjakats de Mentech et de Méis à l’O. : 150 k. sur 130 ; ch.-l., Satalieh. Lors de la dissolution de l’empire de Roum (1294), ce pays forma un des petits États seldjoucides de l’Asie-Mineure, et eut pour émir un certain Tekké, qui lui laissa son nom.

TÉLAMON, fils d’Éaque, roi d’Égine, et frère de Phocus et de Pelée. Ayant tué d’un coup de disque l’aîné de ses frères, il fut banni par son père, après avoir essayé en vain de se justifier. Il se rendit à Salamine, où le roi Cychrée lui donna sa fille Glaucé en mariage, et il régna sur l'île après la mort du roi. Télamon prit part à la chasse de Calydon, à la navigation des Argonautes, aida Hercule à prendre Troie et envoya ses deux fils Ajax et Teucer au siége de Troie. Après le retour du siège, irrité de voir revenir Teucer sans son frère Ajax, il le maudit, et le prince alla chercher un asile dans l'île de Cypre (V. TEUCER). Pour se venger d’Ulysse, à qui il attribuait la mort d’Ajax, Télamon attira par des fanaux perfides la flotte de ce prince sur des recueils où elle se brisa. Outre Glaucé, Télamon avait épousé Péribée, dont il eut Ajax, et Hésione, princesse troyenne qu’Hercule lui donna en récompense du concours qu’il lui avait prêté, et qu’il rendit mère de Teucer.

TELCHINES, génies ou hommes surnaturels que les Grecs donnent comme métallurgistes, vétérinaires et sorciers, et qu’ils représentent comme des êtres malfaisants. Ils habitèrent d’abord le Péloponèse, principalement Sicyone, d’où ils chassèrent les Titans ; puis l'île de Rhodes, qui prit d’eux le nom de Telchinie, et où ils fondèrent, dit-on, Linde, Camire et Jalyse. Les Telchines participent en même temps du dieu Vulcain, dont ils sont comme les ministres inférieurs, et du caractère d’une population primitive, adonnée aux travaux des mines et de la métallurgie. Ils ont quelques rapports avec les Curètes, les Dactyles et les Cabires.

TELÉBOÏDES, TÉLÉBOËNS, nom primitifs des îles Taphies et de leurs habitants. V. TAPHIES.

TÉLÉGONE, fils d’Ulysse et de Circé, se mit, lorsqu’il fut devenu grand, à la recherche de son père, débarqua dans l'île d’Ithaque, où pour vivre il se vit dans la nécessité de piller, et, dans un combat qui s’ensuivit, tua son père sans le connaître, accomplissant ainsi un oracle qui avait prédit au roi d’Ithaque qu’il périrait de la main de son fils. Il épousa, dit-on, Pénélope, et devint père d’Italus, de qui les Italiens prirent leur nom. On lui attribuait la fondation de Préneste et de Tusculum.

TÉLÉMAQUE, fils d’Ulysse et de Pénélope, était au berceau quand commença la guerre de Troie. La 20e année de l’absence d’Ulysse, il se mit à sa recherche, guidé par Minerve, sous la figure de Mentor. Après avoir eu diverses aventures à Pylos, à Sparte, à Phères, il reprit la route d’Ithaque, tua les assassins apostés par les prétendants pour le faire périr à son retour, trouva son père chez Eumée, l’aida dans son combat contre les prétendants et partagea son triomphe. Un oracle ayant prédit à Ulysse qu’il mourrait de la main de son fils, Télémaque s’éloigna ; malgré cette précaution, la prophétie fut accomplie, mais par Télégone. Télémaque épousa Circé et en eut une fille, Roma, ou un fils, Romus. On lui attribuait la fondation de Clusium. — Fénelon a fait du jeune Télémaque le héros d’un poëme en prose, où il a imité avec un rare bonheur la manière antique.

TÉLÈPHE, fils furtif d’Hercule et d’Augé, avait été exposé à sa naissance. Il fut nourri par une biche et adopté par Teuthras, roi de Mysie, qui lui donna sa fille. Ne connaissant pas sa mère, il fut sur le point de la tuer. Lorsque les Grecs vinrent assiéger Troie, Télèphe conduisit les Mysiens au secours de la ville, et se battit contre Achille dans les plaines du Calque, mais il y fut blessé dangereusement. Cependant il fut guéri par le fer même de la lance qui l’avait blessé, Ulysse ayant composé un emplâtre avec la rouille de cette lance. En reconnaissance, il rendit plusieurs services aux Grecs. Euripide, et après lui plusieurs auteurs anciens et modernes, ont mis sur la scène les malheurs de Télèphe.

TÉLÉPHONTE. V. MÉROPE et POLYPHONTE.

TÉLÉSILLE, Argienne, célèbre comme héroïne et comme poëte, sauva sa ville natale, attaquée par Cléomène, roi de Sparte, en faisant une sortie à la tête des femmes armées, 514 av. J.-C. : Cléomène se retira sans combattre. Une fête fut instituée en mémoire de cet événement et une statue fut élevée en l’honneur de l’héroïne. Il ne reste de ses poésies que peu de fragments qui se trouvent dans les Poetriarum fragmenta de Wolf, Hambourg, 1734, et dans les recueils de Schneidevin et de Bergck.

TELESIO (Bernardin), philosophe, né en 1509 a Cosenza (Calabre), m. en 1588, tenta de secouer le joug d’Aristote, en appela à la raison et à l’expérience et fonda dans sa patrie une Académie pour régénérer la science ; mais il imagina lui-même un nouveau système qui n'a guère plus de fondement que ceux qui l'avaient précédé. On a de lui : De rerum natura juxta propria principia, Rome, 1555 (en 2 livres) : dans cet ouvrage, il prétend faire revivre, en la complétant, la doctrine de Parménide, qui expliquait tout par deux principes, la chaleur ou le Soleil, et le froid ou la Terre.

TÉLESPHORE (S.), pape de 127 à 139, Grec de naissance, souffrit le martyre pendant le règne d'Adrien. On l'honore le 5 janv.

TÉLIGNY (Louis de), gendre de Coligny, était le petit-fils d'un brave gentilhomme qui avait servi avec distinction sous les ordres de l'amiral, et devint lui-même un des principaux chefs du parti protestant : il se faisait remarquer par sa douceur et ses qualités autant que par son courage. Il fut enveloppé dans le massacre de la St-Barthélemy (1572). Voltaire raconte sa mort d'une manière touchante dans la Henriade.

TÉLINGA (Roy. de), anc. État de l'Inde, jadis puissant, contenait les provinces des Circars du Nord, de Haïderabad, de Balaghat, de Karnate, et étendit sa domination jusqu'à l'île de Java. Il avait pour capit. Golconde. La langue telinga se parle encore entre Gandjam et Palikate et sur la côte d'Orissa.

TELL (le), du latin tellus, terre labourable, nom donné en Algérie à la terre labourable du pays, à la partie qui borde la Méditerranée, y compris l'Atlas, par opposition au Sahara ou désert.

TELL (Guillaume), un des chefs de la révolution suisse de 1307, était du canton d'Uri, et gendre de Walter Furst. Ayant refusé de saluer le chapeau que Gessler, gouverneur du pays pour le duc d'Autriche, avait fait élever sur la place publique d'Altorf, il fut, dit-on, condamné à mourir, à moins qu'il ne réussit à abattre avec une flèche une pomme placée sur la tête de son fils; il réussit, mais n'en fut pas moins déclaré prisonnier d’État, et embarqué sur le lac de Lucerne pour le château fort de Kussnacht, où Gessler se rendait en même temps. Une violente tempête s'étant élevée pendant la traversée, Tell fut délié et mis au gouvernail; il parvint à sauver la barque, mais lorsqu'il fut près du bord, il sauta à terre, repoussa la barque avant que Gessler eût pu en descendre, et courut s'embusquer dans un chemin creux qui menait à Kussnacht, où il tua Gessler d'un coup de flèche. L'histoire de la pomme est fort contestée. Guillaume Tell assista à la bataille de Morgarten (1315), et mourut en 1354, à Burglen, receveur de l'église de ce bourg. Sa mémoire est vénérée en Suisse. Guillaume Tell est le héros d'un roman de Florian, d'une tragédie de Lemierre, d'un drame de Schiller, et du plus bel opéra de Rossini.

TELLER (Abraham), théologien protestant, né en 1734 à Leipsick, m. en 1804, professa la théologie à Helmstædt, fut destitué en 1769 comme hérétique, et alla s'établir à Berlin, où il devint membre du consistoire, 1er pasteur de St-Pierre et membre de l'Académie. On a de lui : Doctrine de la foi chrétienne, 1764; Dictionnaire du Nouv.-Testament, 1772; Morale pour tous les états, 1787; La plus ancienne Théodicée ou Explication des 3 premiers chapitres de la Genèse, 1802. Il expliquait tout par des allégories, tendait à supprimer le merveilleux et se rapprochait fort du Déisme.

TELLEZ (Éléonore). V. ÉLÉONORE.

TELLEZ (Frère Gabriel). V. TIRSO DE MOLINA.

TELLINE, un des noms de la Valteline. En 1798, une des 3 républiques qui furent établies un instant en Suisse prit le nom de République Telliane.

TELMESSE, auj. Méis, v. de Lycie, au S. O., avait un port sur la Méditerranée, à l'emb. du fleuve Glaucus. C'est auj. le port de Macri.

TELO MARTIUS, Toulon, v. et port de la Gaule (Narbonaise 2e), chez les Commoni, près du Citharistes portus (auj. rade de Toulon).

TÉMÉNUS, un des Héraclides qui s'emparèrent du Péloponèse vers 1190, eut pour lot le pays d'Argos.

TÉMÈS (la), riv. de Hongrie, sort des Karpathes, coule à l'E., arrose le Banat Valaque, les comitats de Krassova et de Temesvar, le Banat-Allemand et le comitat de Torontal, reçoit le Sébès, le Bisztra, la Béga, le Bogonicz, baigne Karansébès, Témesvar, Pancsova, et tombe dans le Danube au-dessous de cette ville, après un cours d'env. 450 kil.

TÉMESVAR, Tibiscus ? v. forte de Hongrie, ch.-l. du comitat de Temesvar, sur la Témès et la Béga, à 350 k. S. E. de Bude et à 110 kil. N. E. de Pétervaradin; 27 000 hab. Évêchés grec et catholique; résidence du général commandant la frontière du Banat, cour de justice, collége, séminaire. Belle cathédrale gothique, hôtel de ville, dit des Rasciens, écoles diverses. Soieries, drap, tabac, etc. Bâtie par les anciens rois de Bulgarie, cette ville fut prise en 1551 par les Turcs qui la gardèrent jusqu'en 1716. Un traité de paix y fut conclu en 1662 entre l'Empire et les Turcs. — Le comitat de T., dans le cercle au delà de la Theiss, entre ceux de Krassova, Arad, Torontal, a 140 kil. sur 65, et 266 000 hab. (Madgyars, Rasciens, Valaques, Allemands).

TÉMESVAR (Banat de). V. BANAT.

TEMPÉ, c.-à-d. en grec Vallée. On désigne spécialement par ce nom une belle vallée de la Thessalie, située au N. E., entre l'Olympe au N. et l'Ossa au S., et arrosée par le Périée. Sites pittoresques. Les anciens, surtout Virgile, ont vanté la beauté de la vallée de Tempé.

TEMPIO, v. de l'île de Sardaigne (Sassari), ch.-l. d'une prov. de son nom ; 8000 hab. Évêché. Bons vins.

TEMPLE (le). On connaît spécialement sous ce nom le Temple de Jérusalem, et un monastère des Templiers à Paris.

Le Temple de Jérusalem, bâti par Salomon avec une magnificence extrême, se divisait en 4 parties : le Parvis des Gentils, le Parvis des Juifs, le Parvis des Prêtres, où les Lévites étaient seuls admis, le Sanctuaire ou Saint des Saints, séparé du reste par un voile immense, et dans lequel le grand prêtre pouvait seul entrer une fois par an : c'est là qu'était renfermée l'Arche d'alliance. Détruit par Nabuchodonosor, le temple fut rebâti sous Cyrus, après le retour de la captivité, par Zorobabel. Hérode le Grand le reconstruisit tout à neuf 46 ans av. J.-C. Il fut détruit par Titus en 70.

Le Temple à Paris (rue et faubourg du Temple) était le chef d'ordre des Templiers en France : c'était un lieu d'asile. La partie la plus importante de ce monastère, la Tour du Temple, fut construite en 1212, et ne fut abattue qu'en 1811 : les Templiers y avaient leurs archives ; elle servait aussi de trésor aux rois de France. C'est là que Louis XVI fut détenu du 11 août 1792 au 21 janvier 1793. L'hôtel du grand prieur de France, construit au XVIIe s. par Jacques de Souvré, et habité depuis par le célèbre prieur de Vendôme (V. ce nom), qui en fit un lieu de plaisir, fut restauré sous le 1er Empire pour servir de ministère des cultes, mais fut affecté par les Bourbons à un couvent de Bénédictines, qui l'ont abandonné en 1848; il a été démoli en 1854. L'ancien emplacement du Temple est occupé auj. partie par un marché, partie par un magnifique square.

TEMPLE (W.), dit le Chevalier Temple, diplomate, né à Londres en 1628, m. en 1698 ou en 1700, entra à la Chambre des Communes en 1661, s'y montra indépendant, acquit l'estime du duc d'Ormond et par suite celle de Clarendon, qui le chargea de diverses missions, conclut l'alliance de 1665 entre Charles II et l'évêque de Munster contre la Hollande, ainsi que la Triple alliance formée en 1668 contre la France entre l'Angleterre, les États-Généraux et la Suède, eut grande part au traité d'Aix-la-Chapelle (1668) et aux négociations de Nimègue (1674-78), et fit ensuite partie du ministère, où il eut à tenir tête à Shaftesbury. Las des affaires, il se retira, en 1685, dans sa terre de Moor-Park. Temple unissait au talent la loyauté, le patriotisme, et la haine des abus. Il a laissé des Mémoires fort instructifs, une Introduction à l'Histoire de l'Angleterre et des Mélanges. Ses Œuvres ont été publiées en 1750 et 1814, 4 vol. in-8. Courtenay a publié ses Lettres, avec sa biographie, 1836.

TEMPLIERS ou CHEVALIERS DE LA MILICE DU TEMPLE, ordre religieux et militaire fondé en 1118 à Jérusalem par Hugues des Payens, Geoffroy de St-Adhémar, et sept autres Croisés français, dans le but de protéger les pèlerins et de défendre la Terre-Sainte. Baudouin II, roi de Jérusalem, leur donna d'abord dans cette ville une maison située près d'une église qui était jadis le Temple de Salomon; de là leur nom. Ils faisaient vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, et devaient vivre d'aumônes; mais bientôt des donations considérables et les profits que leur procura la guerre incessante qu'ils faisaient aux infidèles les rendirent fort riches. Après la chute du royaume de Jérusalem (1187), ils se retirèrent à St-Jean-d'Acre, et, après la prise de cette dernière place par les Sarrasins (1291), à Limisso en Chypre ; puis ils se répandirent par toute l'Europe, et y augmentèrent infiniment, avec leur réputation de bravoure, leur puissance et leurs richesses: il y eut un moment où ils comptèrent jusqu'à 9000 maisons de leur ordre. Les Templiers portaient l'habit blanc et une croix sur le manteau. Leur chef avait le nom de grand maître; l'ordre se divisait en plusieurs langues ou nations, les possessions territoriales en plusieurs provinces; celles-ci, à leur tour, se subdivisaient en grands prieurés, prieurés et commanderies. La prospérité des Templiers ne pouvait manquer de faire ombrage et d'exciter l'envie. Ils s'étaient d'ailleurs promptement corrompus; leur orgueil, leur impiété et les vices infâmes que quelques-uns avaient rapportés de l'Orient fournissaient des motifs suffisants pour les perdre. Philippe le Bel saisit avec empressement l'occasion de s'enrichir de leurs dépouilles. Le 13 oct. 1307, tous les Templiers qui se trouvaient en France furent arrêtés à la fois; ils étaient accusés de renier J.-C. à leur réception dans l'ordre, d'adorer une idole du nom de Baphomet et de s'adonner entre eux à d'abominables impuretés. On extorqua par les promesses ou les tortures quelques aveux, qui furent aussitôt révoqués, et un grand nombre d'entre eux périrent dans les flammes à la suite d'un simulacre de procédure (V. MOLAY); enfin, le pape Clément V, dominé par Philippe, supprima l'ordre en 1312, dans un consistoire secret tenu pendant le concile de Vienne (en Dauphiné). Leurs biens furent affectés aux Frères hospitaliers de St-Jean de Jérusalem. On prétend qu'il se conserva dans l'ombre un simulacre de l’Ordre du Temple, qui garda le même nom, mais qui, réduit à des séances secrètes, dégénéra en une secte mystique : les Francs-Maçons prétendent se rattacher à cette secte. Le crime des Templiers est encore un problème : « ils avouèrent dans les tortures, dit Bossuet, mais ils nièrent dans les supplices. » On doit au P. Lejeune une Hist. apologétique des Templiers, 1789, et à Raynouard les Monuments historiques relatifs à la condamnation des Chevaliers du Temple (1813), ainsi qu'une belle tragédie dont les Templiers sont les héros. Maillard de Chambure a publié leurs Statuts, 1841. M. Michelet a donné dans les Documents inédits de l'Hist. de France le Procès des Templiers (2 vol. in-4, 1851).

TEMPS (le), dieu allégorique. V. SATURNE.

TEMUDJIN V. GENGIS-KHAN.

TÉNARE (Cap), auj. Matapan, cap situé à l'extrémité S. O. de la Laconie, près d'une petite ville de même nom. Au pied de ce cap était une caverne profonde d'où sortaient des vapeurs méphitiques : les gens du pays la regardaient comme l'entrée des Enfers; de là, chez les poëtes, la synonymie de Ténare et d'Enfer.

TÉNASSERIM, v. de l'Inde Transgangétique, dans la prov. de même nom (jadis capit. de la province), sur le Ténasserim, à 70 kil. S. O. de Mergui; est auj. à peu près en ruines. La décadence de cette ville date de sa prise par l'empereur birman Alompra. Elle appartenait auparavant aux Siamois. — La prov. de T., entre le roy. de Siam à l'E. et le golfe de Bengale à l'O., a pour ch.-l. Mergui. Elle appar. tient aux Anglais depuis 1826. Beaucoup d'éléphants et de rhinocéros; sol fertile (canne à sucre riz, beaux fruits, bois de sandal); mines d'étain et de houille ; huîtres à perle.

TEN-BOUCTOC. V. TQMBOUCTOU.

TENCE, ch.-l. de cant. (Hte-Loire), sur le Lignon; 5537 h. Dentelles noires et blanches.

TENCIN (Pierre GUÉRIN de), cardinal, né à Grenoble en 1680, m. en 1758, fut d'abord grand vicaire de Sens et abbé de Vézelay, reçut en 1719 l'abjuration de Law, avec lequel il resta lié et qui l'enrichit, fut choisi pour conclaviste par le cardinal de Rohan qu'il suivit à Rome (1721), et demeura dans cette ville comme chargé d'affaires de France. Grâce au crédit de sa sœur (qui suit), il obtint successivement l'archevêché d'Embrun, le chapeau de cardinal (1739), et l'archevêché de Lyon (1740); puis il fit partie du ministère Fleury. Pendant qu'il était archevêque d'Embrun, il eut grande part à la condamnation de l'évêque de Senez, Soanen, partisan des Appelants, et eut à ce sujet à soutenir une lutte contre les avocats, le parlement et les Jansénistes, contre lesquels il lança plusieurs Mandements.

TENCIN (Claudine Alexandrine GUÉRIN de), femme remarquable par sa beauté, son esprit et son ambition, sœur du préc., née à Grenoble en 1681, m. en 1749, fut d'abord religieuse à Montfleury près de Grenoble, puis chanoinesse de Neuville, quitta la vie religieuse, après 5 ans de profession, pour venir à Paris, ou elle se vit bientôt recherchée, jouit d'un grand crédit auprès du duc d'Orléans et du cardinal Dubois, s'enrichit en jouant sur les actions de Law, et mena une vie de plus en plus irrégulière : elle eut clandestinement un fils du chevalier Destouches-Canon (c'est le célèbre d'Alembert, qu'elle abandonna, et qu'elle voulut, mais en vain, reconnaître quand il fut devenu illustre); La Fresnaye, un de ses amants, se tua chez elle. Après cette catastrophe, elle changea de vie. La maison de Mme de Tencin fut longtemps le rendez-vous des savants et des beaux esprits; elle nommait plaisamment cette réunion sa ménagerie. Cette dame a laissé plusieurs écrits. Parmi ses romans, on remarque le Comte de Comminges et le Siége de Calais; on y trouve un style élégant et beaucoup de finesse, mais aussi de la recherche et de la prétention.

TENCTÈRES, Tencteri, peuple de la Germanie, à l'O., vers le confluent du Rhin et de la Lippe. Ils avaient au N. les Mattiaci, au S. les Marses, mais ils changeaient souvent de demeure. Unis aux Usipiens, ils voulurent envahir la Gaule, mais ils furent défaits par César en 56 av. J.-C. Ils finirent par être compris dans la ligue des Francs.

TENDE, v. de l'Italie du Nord, à 47 kil. N. E. de Nice; 1500 hab. Château fort qui protège le passage du col de Tende. Titre d'un comté qui appartint aux Lascaris de Vintimille, et qui passa ensuite par mariage dans la maison de Savoie. — Le Col de Tende, un des passages de la chaîne des Alpes Maritimes, est situé à l'O. du point de jonction de cette chaîne avec les Apennins, à une hauteur de 1795m, entre Nice et Coni, à 9 kil. N. de Tende. Il est défendu par les forts de Tende et de Saorgio.

TENDE (René de SAVOIE, comte de), fils naturel de Philippe II, duc de Savoie, ne put réussir à se faire légitimer, vint se fixer en France auprès de la duchesse d'Angoulême, sa sœur, et y prit du service; François I, son neveu, l'éleva aux premières dignités. Il se distingua à Marignan (1515), et mourut des blessures qu'il avait reçues à Pavie (1525). — Claude de Savoie, comte de Tende, son fils (1507-66), fut pris à Pavie, suivit Lautrec à Naples, fut gouverneur et sénéchal de Provence et repoussa les attaques de Charles-Quint contre cette province. S'étant montré, dans son gouvernement, indulgent ou plutôt impartial dans ses rapports avec les Calvinistes, il donna lieu aux soupçons des Catholiques, dont les intrigues finirent par le faire révoquer 1566). — Honorat de Savoie, comte de Villars et de Tende, frère du préc. (1509-80), défendit Hesdin contre Emmanuel-Philibert de Savoie (1533) et fut pris dans cette ville, se signala à la bataille de St-Quentin (1557) où il reçut une blessure, et se jeta dans Corbie qu'il sauva. Nommé lieutenant général de Languedoc (1560), il exerça contre les Calvinistes de telles rigueurs qu'il fallut le révoquer. Il n'en prit pas moins part aux guerres religieuses qui suivirent, combattit à St-Denis et à Moncontour, et devint successivement lieutenant général de Guyenne (1570), maréchal (1571), amiral (1572).

TÉNÉDOS, appelée par les Turcs Bokhtcha-Adassi, île de l'Archipel, en face de l'anc. Troade, près et au S. O. de l'entrée des Dardanelles: 9 kil. sur 5; env. 7000 hab.; ch.-l., Ténédos (sur la côte N. E.). Virgile suppose que les Grecs, lorsqu'ils feignirent de quitter Troie en laissant sur le rivage le cheval de bois, allèrent se cacher dans cette île. Cédée en 1376 aux Génois par Andronic Paléologue, elle leur fut bientôt enlevée par les Vénitiens, ce qui donna lieu à la guerre de Chiozza. Elle fut depuis conquise par les Turcs, qui la possèdent encore.

TÉNÉRIFFE (île), Nivaria, île de l'Océan atlantique, la plus grande des Canaries, entre 28°-28° 36' lat. N. et 18°-19° long. E.; 80 kil. sur 40; 80 000 h.; ch.-l., Santa-Cruz. Hautes montagnes, parmi lesquelles le fameux pic de Ténériffe, pic volcanique, dont la cime s'élève à 3710m, et qui a eu de fréquentes éruptions (la dernière est de 1798). Climat charmant, sol d'une fertilité rare, végétation variée; vins fameux, rivaux de ceux de Madère et de Malvoisie. Commerce actif, aux mains des Anglais. — Les habitants primitifs sont les Guanches, dont on trouve encore de nombreuses momies : l'île leur fut enlevée au XVIe s. par l'Espagnol Fernandez de Lugo, qui les extermina. Elle appartient encore à l'Espagne.

TÉNEZ, Apollinis promontorium, cap de l'Algérie, à égale distance d'Aler et d'Oran, par 36° 34' lat. N. et 0° 54° long. O. — Ville d'Algérie, dans la prov. et à 150 kil. O. d'Alger, au pied du cap de même nom, avec un petit port sur la Méditerranée. On distingue le Vieux Ténez, habité par les Arabes, et comptant 886 hab., et le Nouv. Ténez, construit par Français sur l'emplacement de l'anc. Cartenna et déjà florissant : on y compte près de 6000 hab. Commerce de céréales, exploitation du cuivre. Beaucoup d'antiquités romaines. — Occupée par les Français en 1843, érigée en commune en 1854.

TÉNIAH DE MOUZAIA. V. MOUZAIA.

TÉNIERS (David), le Vieux, peintre flamand, né à Anvers en 1582, m. en 1649, fut d'abord élève de Rubens, puis alla à Rome, où il passa dix ans, s'y attacha à Elzheimer, qui ne peignait que des figures de petite proportion, et devint son imitateur. On a de cet artiste une foule de scènes villageoises, grotesques et naïves, des intérieurs, des kermesses, des réunions de buveurs, de fumeurs, de charlatans, etc., où il y a de la vérité et du charme. Il fut père du célèbre Téniers, qui l'éclipsa; cependant ses tableaux sont fort difficiles à distinguer de ceux de son fils.

TÉNIERS (David), le Jeune, fils et élève du préc., né a Anvers en 1610, m. en 1694. C'est un des artistes qui ont manié le pinceau avec la plus prodigieuse facilité : dans sa jeunesse, il imitait tous les maîtres de son temps avec tant d'habileté qu'on l'a nommé le Protée de la peinture; mais, quoique apte à tout rendre, et bien que vivant au milieu des grands et des princes (il fut gentilhomme de la chambre de Léopold et eut don Juan d'Autriche pour élève), il affectionna surtout le genre familier de son père, et le porta jusqu'à la perfection. Il a fait un nombre incroyable de tableaux de genre : il avait une telle facilité que souvent il commençait et finissait un tableau dans la même journée ; aussi gagna-t-il une grande fortune. Une partie seulement de son Œuvre a été recueillie dans le Theatrum pictorium, Anvers, 1658-84, 245 pl. (en franç., le Grand Cabinet de tableaux, 1755, in-fol.) ; il y a en outre d'innombrables estampes gravées d'après lui par Lebas et autres. Parmi ceux de ses ouvrages que possède le Louvre, on remarque l'Enfant prodigue, une Tentation de S. Antoine, la Chasse au héron, le Joueur de cornemuse, le Fumeur, la Noce de village, un Intérieur de cabaret.

TENISON (Thomas), prélat anglican, né en 1636, m. en 1715, était curé à Londres pendant la peste de 1665, et montra un grand dévouement; il ne se distingua pas moins par sa charité pendant l'hiver rigoureux de 1683. Il devint évêque de Lincoln en 1691, succéda en 1694 à Tillotson sur le siége de Cantorbéry, et couronna Georges I. Outre des Sermons, on a de lui un Examen de la foi de Hobbes (1670) et le Baconiana (1679), recueil précieux pour l'histoire de Fr. Bacon.

TENNANT (Smithson), chimiste, né en 1761, près d'York, m. en 1815, professa la chimie à Cambridge. On lui doit l'analyse de l'acide carbonique (1791), la découverte de l’osmium, de l’iridium (1804), et plusieurs autres recherches importantes, consignées dans les Transactions philosophiques.

TENNEMANN (W. Gottlieb), philosophe, né en 1761 à Brembach près d'Erfurth, m. en 1819, était destiné aux études théologiques, mais les quitta pour la philosophie. Il combattit d'abord Kant, mais ensuite il se convertit aux idées de ce philosophe. Il fut nommé en 1798, professeur extraordinaire de philosophie à l'Université d'Iéna, et devint en 1804, à la mort de Tiedemann, professeur ordinaire à sa place. Tennemann s'est principalement occupé de l'histoire de la science ; son ouvrage capital est sa grande Histoire de la philosophie, Leipsick, 1798-1819, 11 vol. in-8 (réimprimée par A. Wendt, 1828), dont il a donné lui-même un abrégé sous le titre de Manuel de l'histoire de la philosophie, 1812 (traduit par M. Cousin, 1829 et 1839). On lui doit en outre : Opinions des disciples de Socrate sûr l'immortalité de l'âme; Système de la philosophie platonicienne, 1792-94, ainsi que des traductions des œuvres philosophiques de Hume, de Locke, de Gérando. Tennemann est un historien exact; il est à regretter qu'il juge tous les systèmes avec la mesure trop étroite et trop exclusive du système de Kant.

TENNESSÉE (la), riv. des États-Unis, naît aux montagnes de fer dans la Caroline du S., reçoit près de Knoxville le Holston et plus loin le Clinch, sortis de la Virginie ; traverse l’État qui prend son nom, puis entre dans le Kentucky, où elle se jette dans l'Ohio par la r. g., après un cours d'env. 1050 kil.

TENNESSÉE (État de), un des États de l'Union américaine, vers le centre, entre le Kentucky au N., la Virginie au N. E., la Caroline du Nord à l'E., la Géorgie au S. E., l'Alabama au S., le Mississipi à l'O., a 750 k. de l'O. à l'E. et 195 de largeur moyenne du N. au S.; 1 110 000 hab., dont 276 000 esclaves; capit. Nashville. Il est sillonné par les monts Cumberland, et arrosé par la Tennessee et le Mississipi. Climat sain, tempéré, sol fertile en général (canne à sucre, coton, tabac, maïs, blé); beaucoup d'animaux, tant domestiques que sauvages : on y trouvait surtout autrefois de nombreux bisons ; riches mines de cuivre. Au S. E. vivent les Cherokees, peuplade indigène jadis très-nombreuse. Ruines de monuments antiques (entre autres une pyramide de 51m de haut, près de Forked-Dear). — Ce pays fut donné en 1664 au comte de Clarendon et à plusieurs autres propriétaires qui le colonisèrent, malgré la résistance des Cherokees; toutefois sa prospérité ne date guère que de 1773. Le Tennessée dépendit de la Caroline jusqu'en 1790; il en fut alors détaché, mais il ne fut admis dans l'Union à titre d'État qu'en 1796. Il entra en 1861 dans la confédération des États séparatistes. La législature de cet État se compose d'un Sénat de 25 membres, d'une chambre des représentants de 75 membres tous élus pour 2 ans. Le pouvoir exécutif est confié à un gouverneur, élu aussi pour 2 ans. Tout citoyen blanc et libre est électeur et éligible.

TENNIS ou TÉNEZ. V. TÉNEZ.

TENNSTADT, petite v. des États prussiens (Saxe), à 18 kil. N. E. de Langensalza ; 3000 hab. Eaux sulfurées, découvertes en 1812. Patrie de J. A. Ernesti.

TENOCHTITLAN, nom indigène de Mexico.

TÉNOS, auj. Tinos, île de la mer Égée, une des Cyclades, entre Mycone et Andros, produisait de bon vin. Son ch.-l. se nommait aussi Ténos (auj. San-Nicolo). L'île actuelle a 22 000 hab. Elle fait partie du nouveau roy. de Grèce (nome des Cyclades). Cette île pourvoit de cuisiniers la ville de Constantinople.

TEN-SIO-DAI-TSIN, divinité japonaise, créa le ciel, la terre et enfin le Japon, et régna sur ce pays 25 000 ans. C'est de lui que descendent les dynasties qui ont régné au Japon. Dans son célèbre temple d'Icié, il n'a d'autre emblème qu'un miroir.

TENTYRA, v. de l'anc. Égypte. V. DENDERAH.

TENTZEL (W. Ernest), littérateur allemand, né en 1659 à Arnstadt, en Thuringe, m. en 1707, étudia à Wittemberg, fut nommé en 1685 professeur au gymnase de Gotha, puis conservateur des médailles et du musée de cette ville, conseiller de l'électeur et historiographe de Saxe. Outre un savant ouvrage sur les médailles de la Saxe, Saxonia numismatica, 1705, Tentzel a le 1er publié une revue des ouvrages de littérature, sous le titre d’Entretiens entre de bons amis sur toutes sortes de livres, Leipsick, 1688-98. Il a aussi beaucoup écrit dans les Acta eruditorum.

TÉOCALLIS, pyramides analogues à celles de l’Égypte, qu'on trouve sur divers points de l'Amérique, surtout au Mexique. Les principales sont celles de Palenque, d'Otumba, de Mitla, de Cholula, de Téotihualcan. La base, élevée sur un plan carré, est en pierres et quelquefois en briques revêtues d'un enduit solide et poli. Le soubassement présente un ou plusieurs escaliers fort larges, par lesquels on arrive à une plate-forme étendue; le sommet est occupé par la demeure du Dieu, devant la porte de laquelle se faisaient les sacrifices humains à la vue de toute la population.

TÉOS, auj. Sedchidchik, v. et port de l'Asie-Mineure, sur la côte S. E. de la presqu'île de Clazomène, était une des 12 cités de la Confédération ionienne. Patrie d'Anacréon et d'Apellicon.

TEOTIHUALCAN, v. de Mexique (Mexico), à 36 kil. N. E. de Mexico ; 5000 hab. Elle est élevée de 2052m au-dessus de la mer. A 2 kil. de la ville s'élève une grande pyramide ou téocalli, qui occupe 3600 mètres carr., et qu'entourent 200 plus petites.

TÉOTL, le dieu principal des Mexicains, leur Grand Esprit, ne semble point avoir eu de temple.

TEPIC, v. du Mexique (Xalisco), à 200 kil. N. O. de Guadalaxara, est après Guadalaxara la plus importante de l'État de Xalisco ; 10 000 hab.

TÉPLITZ, vge de Hongrie. V. TŒPLITZ.

TER (le), riv. d'Espagne (Barcelone), sort des Pyrénées, coule au S., puis au N. E., et tombe dans la Méditerranée à 32 kil. E. de Girone, après un cours d'env. 180 kil. — Le maréchal de Noailles battit les Espagnols sur la Ter en 1694. Napoléon en 1812 décréta l'organisation d'un dép. du Ter ; mais ce projet ne put être réalisé.

TERAMO, Interamna Prætutiorum, v. de l'Italie mérid., ch.-l. de l'Abruzze Ultérieure 1re, à 340 k. N. de Naples ; 10 000 hab. Évêché, cour criminelle, trib. civil. Lainages, tanneries, fabriques de crème de tartre ; grains. Importante sous les Romains; détruite au XIIe s., puis rebâtie. Patrie de Jacques de Téramo, dit Palladino. V. ce nom.

TERBURG (Gérard), peintre de genre et de portraits, né en 1608 à Zwoll (Over-Yssel), m. en 1681, reçut les premières leçons de son père, peintre d'histoire distingué, qui avait visité Rome ; alla se perfectionner à Harlem, parcourut l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre et la France, exerçant partout son art avec succès, puis, s’ennuyant de cette vie errante, retourna dans sa patrie, où il épousa une de ses nièces, et devint bourgmestre de Deventer. Se trouvant à Munster en 1646 pendant les négociations pour la paix, il réunit en un grand tableau les portraits de tous les plénipotentiaires (cette curieuse toile appartient auj. au comte Demidoff). Terburg peignait le portrait avec une rare élégance ; dans ses scènes d'intérieur, il se plaît à représenter des demeures opulentes ; il excellait à peindre les étoffes, surtout le velours et le satin blanc ; sa couleur est pleine de vigueur et d'harmonie ; tous ses ouvrages se distinguent par le fini. Le Louvre possède 4 tableaux de cet artiste.

TERCEIRE, une des Açores, au N. O. de l'île de San-Miguel, par 38° 46' lat. N. et 29° 20' long. O., a env. 120 k. de tour et 590 kil. carrés ; 40 000 hab. ; ch.-l., Angra. Côtes d'accès difficile ; mer poissonneuse, tortues, huîtres ; mont Brazil, ancien Cratère ; sol fertile. Commerce avec le Brésil. — L’amiral Sta-Cruz battit Phil. Strozzi près de Terceire en 1582. Cette île fut pendant l'usurpation de don Miguel en Portugal la résidence du gouvernement de la reine Dona Maria (1829-1833). Don Pédro donna le titre de duc de Terceire au marquis de Villaflor (1790-1860), qui s'était mis à la tête de ses partisans à Terceire, et qui, après avoir chassé don Miguel du Portugal, avait rétabli dona Maria sur le trône.

TÉRÉDON ou DIRIDOTIS, anc. ville et port de la Chaldée, non loin de l'embouchure de l'Euphrate et près de la v. actuelle de Bassorah.

TÉRÉE, Tereus, roi de Thrace, époux de Progné, et beau-frère de Philomèle, qu'il outragea cruellement (V. PHILOMÈLE). Après son crime, il fut changé en Huppe, oiseau de proie qui poursuit sans cesse Progné (l'hirondelle) et Philomèle (le rossignol).

TÉREK, riv. de la Russie caucasienne, descend du mont Kasbek en Circassie, court au N. O., arrose la Grande-Kabardah, tourne à l'E., passe à Mozdok, limite les gouvts de Géorgie, du Caucase et le Daghestan, puis arrive à Kisliar, où il se divise, et tombe par plusieurs bouches dans la mer Caspienne, après un cours d'env. 500 kil.

TÉRENCE, P. Terentius Afer, poëte comique latin, né probablement à Carthage vers 200 av. J.-C., fut esclave du sénateur Terentius Lucanus, qui l'affranchit et lui fit donner une bonne éducation, et dont le poëte prit le nom par reconnaissance. Il fit représenter plusieurs comédies qui réussirent, et s'acquit par son talent l'amitié de Scipion Émilien et de Lélius, qui même, dit-on, eurent part à la composition de quelques-unes de ses pièces. Il voyagea en Grèce et en Asie pour étudier la littérature des Grecs, et revint de ce voyage avec des traductions ou imitations de 108 pièces de Ménandre, mais il les perdit toutes dans un naufrage : peu de temps après il en mourut de chagrin, n'ayant encore que 35 ans. On place sa mort à l'an 159 av. J.-C. On a de Térence six comédies : l'Andrienne, l'Hécyre ou la Belle-Mère, l'Héautontimorumenos ou le Bourreau de soi-même, le Phormion, l'Eunuque, les Adelphes : la plupart sont imitées de Ménandre. Le style en est élégant et pur, la composition régulière, le ton parfait, les sentiments élevés : on connaît ce beau vers qui souleva les applaudissements de tout l'amphithéâtre :

Homo sum : humani nil a me alienum puto ;

mais souvent l'intrigue en est presque nulle, et on y trouve rarement ce mouvement, cette gaieté, qui constituent le vis comica : aussi César ne voyait-il en lui qu'un Demi-Ménandre. Cependant Molière a tiré les Fourberies de Scapin du Phormion et l’École des maris des Adelphes ; Baron a imité l'Andrienne. Les principales éditions de Térence sont celles de Venise, 1471 ; des Juntes, Florence, 1505 ; des Aldes, Ven., 1507 ; de Rob. Étienne, Paris, 1541 ; l'édit. Ad usum Delphini, Paris, 1675, celles de Bentley, Cambridge, 1726; de Bothe, Berlin, 1816; de Westerhovius, Zeune et Bruns, Halle, 1801; de Perlet, Leipsick, 1821; de N. É. Lemaire (dans les Classiques latins, 1828, 3 vol. in-8). Térence a été commenté par Donat; il a été trad. en prose par Lancelot, Nicole et Lemaistre de Sacy, de Port-Royal, 1647; par Mme Dacier, 1688; par Lemonnier, 1771 (réimpr. dans le Théâtre des latins, 1820); par Amar, dans la collect. Panckoucke; par A. Magin, dans la collect. Nisard; par Collet, 1845; par Talbot, dans la collect. Charpentier, 1860; par Bétolaud, 1864. Il a été mis en vers par H. G. Duchesne, 1806, par P. Bergeron (de Bruxelles), 1834, par Taunay, 1858, et par le marquis de Belloy, Paris, 1862 : cette dernière traduction a été couronnée par l'Académie française.

TERENTIA, dame romaine, épousa successivement Cicéron, qui en eut Tullia, et qui la répudia pour cause de dissipation, puis l'historien Salluste, l'orateur Messala Corvinus, et enfin le sénateur Vibius Rufus, qui fut consul sous Tibère; elle mourut dans un grand, âge, à 103 ans, dit-on, ou même à 117 ans. C'était une femme impérieuse et résolue : elle eut beaucoup d'ascendant sur son premier mari, qu'elle détermina à sévir contre les complices de Catilina, mais elle ne le suivit pas dans l'exil ; ce furent les dilapidations et les désordres auxquels elle se livra pendant l'absence de Cicéron qui le déterminèrent à la répudier. — Une autre Terentia, femme de Mécène, plusieurs fois mentionnée par Sénèque (Lettre 114e, Provid., ch. III), était fameuse par sa beauté, mais aussi par sa coquetterie; Mécène la répudia et la reprit plusieurs fois.

TERENTIANUS MAURUS, versificateur latin, qui vivait probablement au commencement du IIe s., sous Néron et Trajan, n'est connu que par un poëme didactique intitulé De litteris, syllabis, pedibus et metris, publié pour la 1re fois par G. Merula à Milan, 1497 ; inséré dans les Grammatici latini de Putschius et dans le Corpus poetarum de Maittaire, et publié séparément par Van Lennep, Utrecht, 1825. Il y traite de chaque mètre dans ce mètre même, réunissant ainsi l'exemple et le précepte; il manie un sujet si aride avec un art qui ne manque pas d'élégance.

TERENTILLUS (C.) ARSA, tribun du peuple, proposa en 461 av. J.-C. une loi pour réclamer la rédaction d'un code écrit qui pût être connu des plébéiens comme des praticiens, et la nomination de magistrats pour le rédiger. Cette proposition fut adoptée après une vive et longue opposition du sénat, et trois commissaires furent envoyés en Grèce pour y recueillir les meilleures lois, que dix magistrats, sous le nom de Décemvirs, mirent ensuite en ordre et soumirent à l'approbation des comices, 450.

TERENTIUS. V. TERENCE , VARRO , etc.

TERGESTE, anc. ville d'Istrie, est auj. Trieste.

TERGLOU (le Mont), le point culminant des Alpes Juliennes, se trouve dans les États autrichiens (Laybach), à 20 kil. S. de Villach; 3398m.

TERGOVIST, v. de Valachie, ch.-l. de district, à 80 kil. N. O. de Boukharest ; 6000 hab. Résidence des voivodes de Valachie jusqu'en 1698.

TERME, Terminus, dieu latin, protecteur des limites, était représente par un bloc équarri surmonté d'un cou et d'une tête, quelquefois avec des bras. Le dieu Terme était surtout vénéré à la campagne, où ses images servaient de bornes; sa fête, dite les Terminales, se célébrait chaque année dans les champs, le 21 ou le 23 février. — Lors de la dédicace du Capitole sous Tarquin le Superbe, on voulut, pour inaugurer la statue de Jupiter, déplacer celles des autres dieux qui se trouvaient déjà dans le temple; toutes se laissèrent enlever, sauf celles du dieu Terme et de la Jeunesse : ce qui signifiait, suivant les augures, que jamais les frontières de Rome ne reculeraient et que sa jeunesse serait éternelle.

TERMINI, Thermæ Himerenses, v. et port de Sicile (Palerme), à 35 kil. S. E. de Palerme, près de l'emb. du Fiume di Termini; 18 000 hab. Château fort, cathédrale, collége, école de navigation. Pêche active de thon et sardines. Commerce de fruits, blé, sumac, amandes, cantharides, etc. Eaux thermales. Aux environs, sur le mont Calogero, ruines d’Himère.

TERMONDE, v. de Belgique. V. DENDERMONDE.

TERNATE, une des Moluques, à l'O. de Gilolo, par 125° long. E., 0° 18' lat. N., a 18 kil. sur 9 ; ch.-l., Maleya. Volcan en activité; sol fertile; or en poudre. Les habitants sont des Malais musulmans. L'île est soumise à un sultan, qui lui-même est vassal des Hollandais : ceux-ci ont fait de Ternate le ch.-l. d'une de leurs plus importantes résidences.

TERNAUX (Guill. Louis), célèbre industriel, né à Sedan en 1765, m. en 1833. Il perfectionna surtout le tissage des laines et la fabrication des draps, et fonda dans plusieurs villes, notamment à Sedan et à Louviers, des établissements qui jouirent longtemps d'une grande prospérité. Après avoir fait une fortune immense, il la vit tout à coup compromise en 1823 par une loi qui imposait les matières premières venant de l'étranger. On doit à Ternaux l'introduction en France des chèvres du Thibet, la fabrication, des beaux cachemires dits Ternaux, qui rivalisent avec ceux de l'Inde, et l'établissement de silos pour la conservation des grains. Député de Paris en 1818 et 1827, il professa des idées sagement libérales — Son neveu, M. Mortimer Ternaux, né en 1808, député des Ardennes sous Louis-Philippe, membre de l'Assemblée nationale en 1848, s'est fait connaître par de bons écrits, notamment par une Hist. de la Terreur (1862). — Un autre neveu, Ternaux-Compans, anc. secrétaire d'ambassade, a fait d'intéressantes recherches sur l'histoire et les progrès de la géographie.

TERNI, Interamna, v. de l'Italie centrale (Spolète), dans une île de la Néra, à 25 kil. S. O. de Spolète; 9000 hab. Environs fertiles. A 3 kil. E. de la ville se trouve la belle cataracte della Marmora, formée par le Vélino, qui se précipite d'une hauteur de 165m dans la Néra. En 1799, le général L. Lemoine défit les Napolitains à Terni.

TERNOVA, ville de Turquie. V. TIRNAVA.

TÉROUANNE, ville de France. V. THÉROUANNE.

TERPANDRE, musicien et poëte grec, de Lesbos, florissait vers 676 av. J.-C. Il ajouta trois cordes à la lyre, qui jusque là n'en avait eu que quatre, introduisit dans la poésie de nouveaux rhythmes, et inventa la scolie, espèce de chanson fort courte qu'on chantait à table. Il fut plusieurs fois vainqueur aux Jeux olympiques et réussit, dit-on, à apaiser par ses chants une sédition à Sparte.

TERPSICHORE, une des neuf Muses, présidait à la danse, ainsi que l'indique son nom (de terpo, charmer, et choros, danse; qui charme par la danse). On la représente couronnée de guirlandes de fleurs et tenant une lyre à la main.

TERRACINE, Anxur, Tarracina et Terracina chez les anciens, ville de l'Italie centrale (Frosinone), sur la mer Tyrrhénienne, à l'extrémité S .E. des marais Pontins, à 80 k. S. E. de Rome ; 5000 h. Évêché. Belle cathédrale, qui est un anc. temple d'Apollon, palais épiscopal, belle place. Pêche activé. Terracine donne son nom à un canal qui continue le canal Pie à travers les marais Pontins, le long de la voie Appienne, jusqu'au port de Terracine. — Cette ville fut bâtie par les Volsques, et prise par les Romains en 406 av. J.-C. Les flottes romaines y stationnaient quand le mauvais temps les chassait de Mosène. Prise par les Français en 1798; embellie par le pape Pie VI.

TERRANOVA, v. d'Italie (Calabre Ult. 1re, à 22 k. N. O. de Gérace (c'était avant le tremblement de terre de 1783 une des plus belles villes de la Calabre; elle n'a plus auj. que 500 hab.). — V. de Sicile (Calatanisetta), ch.-l. de district, sur une belle rade, à 55 k. S. O. de Catane; 10 000 hab. Château, grand commerce de froment, légumes, fruits, soufie, soude. Elle fut fondée à la fin du XIIIe s. par Frédéric d'Aragon. — V. de Sardaigne, appelée aussi Civita, jadis Olbia, à 36 kil. E. de Tempio; 2000 h. Réunie à Ampurias, elle forme l'évêché de Civita-et-Ampurias.

TERRASSON, ch.-l. de c. (Dordogne), sur la Vezère, à 32 k. N. de Sarlat; 3234 h. Truffes, houille.

TERRASSON (l'abbé Jean), écrivain, né à Lyon en 1670, m. en 1750, fut nommé en 1721 professeur de philosophie grecque et latine au Collége de France et devint membre de l'Académie Française en 1732. Il écrivit en faveur du système de Law, qui l'avait enrichi, mais qui le ruina bientôt. Il a laissé, entre autres ouvrages, Séthos, Histoire tirée des monuments anecdotes de l'anc. Égypte (1731), espèce de roman politique et moral, qui offre peu d'intérêt. Dans la dispute sur la prééminence des anciens et des modernes, il prit parti pour ces derniers. — Ses deux frères, André et Gaspard (1668-1723 et 1680-1752), eurent tous deux de la réputation comme prédicateurs, surtout le second. — Mathieu et Antoine, ses cousins, se distinguèrent au barreau. On doit à Antoine, professeur de droit canon au Collége de France, une Histoire de la jurisprudence romaine (1750).

TERRAY (l'abbé Jos. Marie), contrôleur général des finances, né en 1715, à Boen dans le Forez, m. en 1778, fut d'abord conseiller-clerc au parlement, et mérita quelque temps la considération publique par une vie calme et laborieuse ; mais, ayant hérité d'un oncle riche, il changea de mœurs et donna l'exemple de tous les scandales. Il plut à Mme de Pompadour en improuvant ses collègues du parlement, qui tous, excepté lui, avaient donné leur démission (1755), et en travaillant à la ruine des Jésuites; prit part à l'arrêt du Conseil de 1764 qui, en autorisant l'exportation des grains, favorisait une compagnie de financiers avides, et parvint en 1769 à se faire nommer contrôleur général des finances. Ennemi des dettes publiques, il débuta par des mesures qui n'étaient que des banqueroutes déguisées ; il porta le dernier coup à la Compagnie des Indes, fit paraître une foule d'édits fiscaux, créa des impôts de tout genre, organisa presque ouvertement pour le compte du roi et le sien le monopole des grains (1770), et affecta de braver la misère publique par son luxe et ses sarcasmes. Louis XV le fit intendant général des bâtiments et directeur des beaux arts, tout en lui conservant son portefeuille; il fallut l'avénement de Louis XVI pour renverser cet indigne ministre (1774). Sous le titre de Mémoires de Terray, Coquereau a rédigé un pamphlet fort hostile à ce ministre, Londres, 1776.

TERRE (la), Tellus, déesse païenne, la même selon quelques auteurs que Cybèle, était femme d'Uranus et mère de l'Océan, des Titans, des Géants, des Cyclopes, de Rhéa, Thémis, Téthys, Mnémosyne.

TERRE DE BARI, DE LABOUR, D'OTRANTE, provinces de l'Italie mérid. V. BARI, LABOUR, etc.

TERRE DE FEU, DES PAPOUS. V. FEU, PAPOUASIE.

TERRE-FERME. On a donné spécialement ce nom à la partie septentrionale de l'Amérique du Sud, ou seulement aux prov. de Panama, de Veragua et de Darien, les premières où Christophe Colomb ait abordé sur le continent du Nouveau-Monde (1498) : on les nommait ainsi par opposition aux îles, précédemment découvertes par Colomb.

TERRE-NEUVE, en anglais Newfoundland, grande île de l'Amérique anglaise, comprise dans la Nouv.-Bretagne, par 47°-52° lat. N., 55°-62° long. O., près du Labrador; 600 kil. du N. au S. E. sur 275; env. 200 000 h. (Anglais, Français, Anglo-Américains et indigènes): capitale, St-John. Côtes dangereuses, beaucoup de baies. Climat variable, très-froid pour sa latitude; brumes, végétation chétive, six mois de neige; aurores boréales. A l'E. et au S. E. de l'île s'étend la Banc de Terre-Neuve, qui a plus de 1000 k. de long sur 300 env. de large. Sur les côtes de l'île et sur le banc voisin se trouvent d'immenses quantités de morues. On y fait une pêche très-importante de ce poisson, qui emploie environ 2000 bâtiments par an. Terre-Neuve produit une belle et forte race de chiens à poils soyeux, remarquables par leur grande taille, leur force et leur habileté à nager. — Cette île donne son nom au gouvernement anglais de Terre-Neuve, lequel comprend encore le Labrador, le Maine-Oriental et l'île d'Anticosti. Découverte en 1491 par Jean Cabot, ou même, selon quelques-uns, dès 1464, par Cortereal, l'île de Terre-Neuve fut visitée en 1525 par J. Verazzani qui en prit possession au nom de la France; mais celle-ci toutefois n'y forma d'établissement qu'en 1604. Le traité d'Utrecht la donna aux Anglais; mais par les traités de Paris (1763) et de Versailles (1783), la France s'y est fait garantir le droit de pêche; les établissements français sont sur le grand banc, au N. et à l'O.

TERRE-SAINTE. V. PALESTINE et JUDÉE.

TERREUR (Régime de la), régime odieux, qui pesa sur la France depuis le 31 mai 1793, jour où la Montagne triompha des Girondins dans la Convention, jusqu'au 9 thermidor (27 juillet 1794), jour de la chute de Robespierre, qui fut provoquée par Tallien. Cette époque funeste, pendant laquelle dominaient, au nom de la Montagne, Robespierre et le Comité de Salut public, a été marquée par l'établissement du Gouvernement révolutionnaire (19 vendémiaire an II), la loi des Suspects (27 germinal), l'établissement du culte de l’Être-suprême et de la Raison (18 floréal). La France fut couverte d'échafauds; au nombre des principales victimes on compte la reine Marie-Antoinette et la sœur de Louis XVI, Mme Élisabeth, le duc d'Orléans (Phil.-Égalité), 21 girondins, entre autres Brissot, Vergniaud, Gensonné, et bientôt après, Danton, Camille Desmoulins, Chabot, Bailly, Lavoisier, André Chénier, Mme Roland. V. ROBESPIERRE, TALLIEN, etc. On doit à M. Mortimer Ternaux une Histoire de la Terreur, 1862.

On a quelquefois appelé Terreur blanche la sanglante réaction royaliste de 1815.

TERRITOIRE, nom donné dans divers États de l'Amérique aux nouvelles provinces acquises par cession, achat ou conquête, et qui ne sont pas encore organisées en États : telles sont, aux États-Unis, l'Utah, le Nébraska, l'Arizona, le Colorado, le Dakotah, la Sierra-Nevada. Les territoires sont administrés par le gouvernement central.

TERRITOIRE INDIEN, vaste région dépendant des États-Unis de l'Amérique du Nord, et destinée à servir de refuge aux tribus Indiennes expulsée des États. Il est situé à l'O. des États d'Iowa, de Missouri et d'Arkansas et au N. du Texas, et est arrosé par l'Arkansas et la Rivière Plate. Les tribus qui occupent ce pays se gouvernent librement. Quelques-unes, comme les Cherokees et les Chikkassaws, s'adonnent à l'agriculture et à l'industrie et ont même un gouvt représentatif avec des lois écrites.

TERRI, montagne du canton de Berne, au S. E. de Porentruy : c'est du nom altéré de cette montagne qu'on a formé celui de Mont-Terrible, donné sous la République française à un dép. nouveau.

TERRORISTES, partisans de la Terreur. V. ce mot.

TERTULE, 1er comte d'Anjou, V. ANJOU.

TERTULLIEN, T. Septimius Florens Tertullianus, docteur de l'Église, né vers 160 à Carthage, m. en 245, était d'abord païen; il se convertit à la vue de la patience héroïque des martyrs, défendit sa nouvelle foi avec une éloquence admirable dans son Apologétique, et donna l'exemple de toutes les vertus. Il fit vers 204 un voyage à Rome : la vue des jeux barbares qu'y faisait célébrer Septime-Sévère lui inspira son beau traité Contre les spectacles; mais il déplut au clergé de cette ville par son rigorisme excessif. De retour en Afrique, il embrassa le Montanisme, et n'y renonça que pour fonder lui-même une secte nouvelle : bravant les censures de l'Église, il portait le pallium ou manteau des philosophes. Le style de Tertullien est souvent dur, barbare, hérissé de locutions africaines, mais il est plein d'éclat, de feu et d'énergie; on l'a nommé le Bossuet de l'Afrique. Outre l’Apologétique et le Traité contre les spectacles, on a de lui un grand nombre d’écrits : Contre les Juifs, Proscriptions contre les hérétiques, De l’Âme, Cinq Livres contre Marcion : bien que composés depuis sa chute, ces livres sont précieux pour l’étude de la théologie ancienne. Les meilleures éditions de ses Œuvres complètes sont celles de Rigault, Paris, 1628 ; de Venise, 1746, in-fol. Elles ont été réimprimées dans la collect. Migne. L’Apologétique a été traduit plusieurs fois : par Giry, 1636 ; Vassoult, 1715 ; de Gourcy, 1780 ; Meunier, 1822 ; Péricaud, 1823 ; Allard, 1827 ; les Prescriptions contre les hérétiques, par le P. Bouhours, 1729, et par Collombet, 1845 ; les Traités sur l’Ornement des femmes, les Spectacles, le Baptême, par Chaubert, 1733. On trouve dans la collect. Nisard ses Œuvres choisies, avec une trad. franç., 1845.

TÉRUEL, Turbula, v. d’Espagne (Aragon), ch.-l. de la prov. de son nom, sur le Guadalaviar, à 160 k. de Saragosse et 220 de Madrid ; 8000 hab. Évêché. Restes d’un aqueduc romain. Reprise sur les Maures par Alphonse II (1171) ; prise et pillée par Pierre le Cruel (1365). — La prov. de Téruel, entre celles de Huesca au N., de Saragosse au N. O., de Valence à l’O., et la Catalogne à l’E., a 250 000 hab. Elle est traversée par la Sierra de Albaracin, et arrosée par le Guadalaviar et le Guadalupe.

TESCATLIBOCHTLI, dieu mexicain, le plus grand de tous après Téotl, présidait à la punition des crimes ; trois fois par an on lui immolait des victimes humaines. Sa statue, d’un granit luisant et poli, le représentait avec un gros lingot d’or sur la poitrine, des chaînes d’or aux bras, quatre flèches dans la main droite, un miroir d’or à la main gauche.

TESCHEN, v. des États autrichiens (Silésie autrich.), ch.-l. de cercle, à 29 kil. S. E. de Mœhrisch-Ostrau ; 7000 h. Établissements catholiques et luthériens, écoles. Cuirs, draps, toiles, armes. Teschen était jadis le ch.-l. d’un des duchés de la Silésie. Il fut signé dans cette ville en 1779, entre Marie-Thérèse et Frédéric II, un traité qui mit fin à la guerre de la succession de Bavière en reconnaissant les droits de la branche palatine. — Le cercle de Teschen, entre la Prusse au N., la Galicie à l’E., la Hongrie au S., et la Moravie à l’O., a 2414 hect. et 200 000 h. Il est arrosé par l’Oder et ses affluents.

TÉSIN ou TESSIN. V. TESSIN.

TESSÉ (René DE FROULAI, comte de), né en 1650, m. en 1725, était un protégé de Louvois, qui s’éleva rapidement aux plus hauts grades. Il servit en Italie sous Catinat, débloqua Pignerol, battit Trautmansdorf entre Castiglione et Mantoue, 1703, puis les Portugais à Badajoz, mais assiégea inutilement Barcelone, 1704 ; il fit lever en 1707 le siège de Toulon. Il avait reçu dès 1703 le bâton de maréchal. Il fut depuis ambassadeur à Rome, à Madrid, et se retira dans sa vieillesse chez les Camaldules. Il a laissé des Mémoires, publ. par Grimoard, 1806.

TESSÈRE, espèce de tablette dont les anciens se servaient pour divers usages. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TESSIER (H. Alex.), agronome, né en 1740, mort en 1837, professeur d’agriculture et de commerce aux Écoles centrales, puis inspecteur des bergeries, a publié un grand nombre d’écrits utiles (Des maladies des grains ; Des maladies des bestiaux, etc.), a fourni une foule d’articles à l’Encyclopédie méthodique, au Dictionnaire des Sciences naturelles, et a rédigé les Annales de l’Agriculture, de 1798 à 1817. Il était de l’Académie des sciences depuis 1782.

TESSIN, Ticinus en latin, Ticino en italien, riv. qui naît en Suisse, au mont St-Gothard, coule au S., traverse le lac Majeur, et s’unit au Pô à 5 k. au-dessous de Pavie (Ticinum), après un cours de 160 kil. (non compris le lac Majeur). Annibal battit sur ses bords le consul P. Scipion en 218 av. J.-C.

TESSIN (Canton du), le 18e cant. de la Confédération suisse, borné à l’O. et au S. O. par les prov. de Novare et de Come, au S. et au S. E. par la Lombardie, au N. par les cant. du Valais et d’Uri, et au N. E. par les Grisons, a 95 kil. sur 55 et 120 000 hab. (presque tous Italiens et catholiques) ; ch.-l., Lugano. Le gouvernement siége tour à tour à Lugano, à Locarno et à Bellinzona. Ce canton est sillonné au N. par les Alpes helvétiques et arrosé par le fleuve qui lui donne son nom ; il renferme le lac de Lugano et partie du lac Majeur. Marbre, cristal, grenats, pierre ollaire, bois de construction ; superbes pâturages, beaucoup de châtaignes ; au S., plantes du midi ; vallées très-fertiles. — Ce pays, situé au S. des Alpes, appartint longtemps à l’Italie ; il fut conquis par les cantons suisses en 1512. Sujet de la confédération jusqu’en 1798, il fut alors déclaré indépendant et forma les cantons de Bellinzona et de Lugano, qui, en 1803, furent réunis sous le nom de canton du Tessin : un Grand-Conseil élu par les districts exerce le pouvoir législatif et nomme 9 membres pour exercer le pouvoir exécutif. La forme du gouvernement est une république représentative : la démocratie et l’aristocratie s’y disputent la supériorité : aussi des troubles graves ont-ils éclaté dans ce canton en 1839 et 1841.

TESSIN (Ch. Gustave, comte de), né à Stockholm en 1695, était fils d’un grand maréchal de la cour, connu aussi comme habile architecte. Il se montra zélé champion du parti des Chapeaux, présida l’assemblée de la noblesse à la diète de 1738, conseilla l’alliance française, alla lui-même conclure un traité à Versailles (1742), et finit par être président de la chancellerie et gouverneur au prince royal (depuis Gustave III). Cependant, las d’avoir à lutter contre les partis, il quitta les affaires pour aller vivre dans sa terre d’Akeroe (1761). Il y mourut en 1770.

TESSY, ch.-l. de c. (Manche), sur la Vire, à 18 k. S. de Saint-Lô ; 1613 hab.

TEST (Serment du), c.-à-d. Pierre de touche, serment auquel un bill de 1673 assujétissait tous les fonctionnaires et officiers anglais : ils devaient déclarer par écrit qu’ils ne croyaient point à la transsubstantiation. L’acte du test avait pour but de combattre les dispositions de Charles II favorables aux Catholiques, de reconnaître les Catholiques cachés et de les éloigner des affaires ; il fut l’ouvrage des ennemis du duc d’York (depuis Jacques II), notamment de Shaftesbury. Un de ses premiers effets fut en effet de contraindre le duc d’York à se démettre de sa charge de grand amiral. En 1678, on ajouta à la formule du Test la réprobation du culte de la Vierge et des saints comme étant une idolâtrie. On introduisit en Écosse en 1682 un 3e Serment du Test qui exigeait une ferme adhésion au Protestantisme, et la renonciation au Covenant. Charles II et, après lui, son frère Jacques II accordèrent à leurs partisans de nombreuses dispenses du serment ; ces dispenses, combattues par le parlement, contribuèrent fortement à la révolution de 1688 qui renversa les Stuarts. Le serment du Test n’a été aboli qu’en 1828.

TESTAMENT (VIEUX et NOUVEAU). V. BIBLE.

TESTAMENTS POLITIQUES. V. ce mot dans notre Dictionnaire des Sciences.

TESTI (Fulvio), poëte, né à Ferrare en 1593, m. en 1646, fut bibliothécaire du duc Alphonse II, secrétaire d’État d’Alphonse III, et remplit diverses missions à Rome, Mantoue, Milan, Venise, Vienne. Convaincu de correspondre secrètement avec Mazarin, il fut jeté en 1646 dans une prison où il mourut peu après : il est à croire qu’il périt de mort tragique. On a de lui des poésies diverses (Rime), parmi lesquelles on remarque ses odes, écrites à l’imitation d’Horace ; la marche en est libre et hardie, le style plein de noblesse, de grâce et d’harmonie ; on admire surtout la Canzone adressée à Montecuculli. Ses Œuvres choisies ont été publ. à Modène en 1817.

TESTRY, anc. vge de Picardie, à 13 k. S. de Péronne. Pépin, duc d’Austrasie, y battit en 687 Thierry III, roi de Neustrie, et le força à lui donner le titre de maire du palais de Neustrie.

TET (Le), Telis, riv. de France (Pyrénées-Orient.), naît sut les confins du dép. de l’Ariége, coule au S. E., puis au N. E., baigne Montlouis, Olette, Villefranche, Prades, Vinçao, Ille, Millas, Perpignan, et se jette dans la Méditerranée à 12 kil. E. de cette dernière ville, après un cours de 110 kil.

TÉTÉ, v. de l’Afrique mérid., dans la capitainerie générale de Mozambique, ch.-l. du gouvt des Rivières-de-Séna, sur le Zambèze, par 29° 45' long. E., 15° 30' lat. S. Centre du commerce des Portugais avec l’intérieur de l’Afrique.

TÊTES-PLATES. V. CHACTAS.

TÊTES-RONDES, sobriquet par lequel les Cavaliers, partisans des Stuarts, désignèrent les Parlementaires. Ce nom avait d’abord été donné aux Écossais, quand ils vinrent en rebelles dicter l’armistice de Rippon, et avait pour cause l’aspect bizarre qu’offrait leur tête rasée de très-près.

TÉTHYS, la 1re des divinités de la mer, fille d’Uranus et de la Terre, épousa l’Océan, son frère, et en eut les 3000 Océanides et les 3000 fleuves.

TÉTOUAN, v. et port du Maroc (Fez), à 3 k. de la Méditerranée, à 45 k. S. E. de Tanger ; 15 000 h. Château fort, mosquées nombreuses, bazar. Prise par les Espagnols en 1860, mais rendue l’année suivante.

TÉTRAPOLE (c.-à-d. Quatre-Villes), nom donné par les anciens à plusieurs contrées où se trouvaient quatre villes remarquables, notamment à un canton de Syrie renfermant les 4 villes d’Antioche, Laodicée, Apamée et Séleucie ; — et à la partie de la Locride qui comprenait les 4 villes de Pinde, Érinée, Boïum, Cytinium. — Il y avait encore des tétrapoles en Lycie et dans la Cyrénaïque, en Afrique.

TÉTRARCHIE, nom donné chez les anciens : 1o  à de petits États qui étaient des fractions d’un empire plus grand divisé en quatre ; 2o  à une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est partagé entre 4 personnes. — Dans le 1er sens, les trois petits États Galates, Trocmes, Tolistoboies, Tectosages, se divisaient chacun en tétrarchies ; la Judée, à la mort d’Hérode, fut partagée eu quatre tétrarchies (Galilée, Samarie, Judée, Pérée) : les chefs de chacun de ces États étaient dits tétrarques. — L’empire romain, à partir de Dioclétien, fut une tétrarchie dans le 2e sens : deux augustes et deux césars se partagèrent le pouvoir, et l’empire fut ainsi divisé : Dioclétien, auguste, eut l’Asie, l’Égypte, etc. (résidence, Nicomédie) ; Maximien, auguste, l’Italie et l’Afrique (résidence, Milan) ; Constance, césar, eut les Gaules, l’Espagne avec la Grande-Bretagne (résidence, Trêves) ; Galère, césar, eut l’Illyrie et la Grèce (résidence, Sirmium). Cette division, perfectionnée après la mort de Théodose (396), donna naissance aux quatre préfectures des Gaules, d’Italie, d’Illyrie et d’Orient.

TÉTRARQUE, chef d’une Tétrarchie. V. ce mot.

TETRICUS, P. Pivesus ou Pesuvius Tetricus, usurpateur, avait été consul. Il prit la pourpre en 268 à Bordeaux, et domina env. 6 ans sur les Gaules, l’Espagne et la Bretagne, pendant que Claude II régnait sur le reste de l’empire. Battu par Aurélien en 274, Tétricus se livra volontairement et renonça à ses prétentions, mais il n’en fut pas moins réduit à orner le triomphe du vainqueur. Cependant il reçut dans la suite d’Aurélien des dignités et des richesses, et fut nommé gouverneur de la Lucanie.

TETZEL (Jean), moine dominicain, né vers 1470 à Pyrna en Misnie, fut chargé de publier en Allemagne les indulgences que Léon X venait d’accorder, et reçut en même temps le titre d’inquisiteur de la foi. En distribuant les indulgences, il exagéra leurs vertus et put donner lieu à des abus : ce qui souleva contre lui les moines augustins, à la tête desquels se plaça Luther. Celui-ci écrivit contre lui ; Tetzel réfuta son écrit et le fit brûler publiquement. De là des rixes violentes qui furent le prélude de la Réforme. Tetzel fut réprimandé de ses supérieurs ; il en mourut de chagrin, l’an 1519, à Leipsick.

TEUCER, prince d’origine crétoise suivant les uns, ou attique suivant les autres, régnait sur la Troade (qui de son nom s’appela Teucrie), lorsque Dardanus, souillé du sang de son frère Jasion, vint sur cette côte ; Teucer le purifia, lui donna en mariage sa fille Batée ou Arisbe, et lui légua ses États.

TEUCER, fils de Télamon et d’Hésione, et demi-frère d’Ajax, accompagna ce dernier au siège de Troie, et en revint seul, sans l’avoir vengé. Mal accueilli de son père il s’exila et alla fonder la ville de Salamine en Cypre. Quelques-uns lui attribuaient la fondation de Carthagène en Espagne.

TEUCRIE, Teucria, nom donné par les poëtes à la Troade, à cause de Teucer, un de ses anciens rois.

TEUTA, reine d’Illyrie, veuve d’Agron, régnait vers l’an 231 av. J.-C. Ayant mis à mort les députés romains C. Junius et L. Coruncanius (230), elle attira sur elle les armes romaines, fut vaincue par les consuls L. Postumius Albilius et Cn. Fulvius Centumalus, et réduite à payer tribut (228).

TEUTAME, ancien roi d’Assyrie ou de Susiane, envoya au secours de Troie 20 000 hommes, sous la conduite de Memnon.

TEUTATÈS, dieu des Celtes ou Gaulois, présidait, suivant les uns, aux batailles, selon les autres, au commerce, à l’argent, à l’intelligence, à la parole, et conduisait aux Enfers les âmes des morts. Il a de grands rapports avec le dieu égyptien Thoth ou Taut et avec le Mercure des Latins. On l’adorait tantôt sous la forme d’un chêne, tantôt sous celle d’un javelot : il était alors considéré comme dieu de la guerre. Ses fêtes se célébraient dans des forêts, au clair de la lune ou à la lueur des flambeaux. Une des cérémonies principales de sa fête, qui avait lieu dans la première nuit de la nouvelle année, consistait à couper un gui sur un chêne, avec une faucille d’or, en criant : « Au gui l’an neuf. » On lui sacrifiait des chiens, parfois des victimes humaines.

TEUTBERG ou TEUTOBURGERWALD, Teutoburgiensis saltus, chaîne de montagnes d’Allemagne, couvre le N. O. de la Hesse électorale, les gouvts prussiens de Minden, de Munster, la principauté de la Lippe, la province d’Osnabrück, sur une étendue de 200 kil. de long, avec très-peu de largeur ; les plus hauts sommets ont 600m. Au S., très-belles forêts, qui jadis étaient beaucoup plus étendues encore : c’est dans cette région, aux environs de Paderborn, entre l’Ems et la Lippe, dans le pays qu’occupaient les Chérusques, qu’eut lieu la célèbre victoire d’Arminius sur Varus. l’an. 9 de J.-C.

TEUTBERGE, femme de Lothaire II, roi de Lorraine, fut répudiée par ce prince (865), qui voulait épouser Valdrade, sa maîtresse. Elle en appela au pape Nicolas, qui força Lothaire a la reprendre, sous peine d’excommunication.

TEUTONIQUES (CHEVALIERS), ordre religieux et militaire fondé dès 1128 à Jérusalem afin de pourvoir au soulagement des Croisés malades ou blessés, eut pour point de départ un hôpital fondé dans la Terre-Sainte par les bourgeois de Lubeck et de Brême, et desservi par des Allemands (Deutschen ou Teutons). Les premiers membres portaient le titre de Frères de Ste-Marie. Réorganisé en 1190, au siège de St-Jean-d’Acre, par l’emp. Frédéric de Souabe, l’ordre eut dès lors son siége à St-Jean-d’Acre. Les nouveaux chevaliers étaient soumis, pour les devoirs de charité, à la règle des Hospitaliers, et, pour la discipline militaire, à celle des Templiers. L’ordre était divisé en trois classes: chevaliers, prêtres et frères servants ; la 1re classe n’était accessible qu’aux nobles. Le costume des chevaliers était un manteau blanc, avec une croix noire ; le grand maître joignait à la croix noire la croix d’or de Jérusalem. H. de Waldpott en fut le 1er grand maître. Chassé d’Asie à la fin des Croisades, l’ordre vint s’établir en Europe. Il acquit de vastes possessions en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Transylvanie, obtint bientôt une grande importance, et fut mis au rang des puissances européennes. L’emp. Frédéric II nomma le grand maître prince d’empire. En 1230, un duc piast de Cujavie, Conrad, appela en Prusse les Chevaliers teutoniques, qui avaient alors pour grand maître Hermann de Salza, et les chargea de subjuguer et de convertir les habitants du pays, qui étaient encore idolâtres : il leur donna pour résidence la ville de Culm. Les Chevaliers effectuèrent cette conquête en peu d’années, et restèrent maîtres de la Prusse. En 1237, l’ordre s’accrut par la fusion des Chevaliers Porte-Glaives (V. ce mot). Son siège fut transféré en 1309 à Marienbourg. Sa puissance finit par s’étendre non-seulement sur la Prusse, mais sur l’Esthonie, la Livonie, la Courlande, en un mot sur presque tout le littoral de la Baltique : c’est vers 1400 qu’il atteignit son apogée. Mais les Chevaliers ne tardèrent point à décliner : le luxe, la débauche, le désordre dans les finances leur firent perdre de leur considération et de leur force. En 1400, ils furent vaincus par les Polonais à Tannenberg et perdirent 40 000 des leurs. Privés de leur capitale Marienbourg, qui fut livrée par trahison aux Polonais, ils se retirèrent à Kœnigsberg, qui devint le ch.-l. de l’ordre. En 1466, Louis d’Erlichshausen fut obligé, à la suite d’une nouvelle défaite, d’abandonner à la Pologne la partie occidentale de la Prusse : il ne garda que la Prusse orientale, et cela en se reconnaissant vassal de la Pologne (paix de Thorn). En 1525, Albert de Brandebourg, qui était alors grand maître, se déclara pour la réforme de Luther, se maria, et sécularisa la Prusse orientale, qui depuis resta dans sa famille. Une partie des Chevaliers nommèrent alors à sa place Walter de Cromberg, et le siége de l’ordre fut transporté à Marienthal ou Mergentheim en Franconie ; en même temps, l’ordre des Porte-Glaives se sépara d’eux et se reconstitua sous Walter de Plettenberg. L’ordre teutonique ne conserva plus alors que quelques propriétés en Allemagne, en Hongrie, en Italie ; il finit par devenir un simple corps militaire, que chaque nation pouvait prendre à son service moyennant une faible somme. Il a cessé d’exister de fait avec l’empire d’Allemagne au commencement de ce siècle. Napoléon l’avait définitivement supprimé par un décret du 24 avril 1809 : le roi de Prusse a tenté de le relever en 1852 sous le titre d’Ordre évangélique de St-Jean. L’Autriche a également institué en 1840 un ordre teutonique, mais qui est purement honorifique. On doit à Waterich l’Hist. de l’Ordre teutonique, Leips., 1857.

TEUTONS, Teutones (le même nom que Deutschen, nom actuel des Allemands), peuple germain venu des bords de la Baltique, est célèbre pour la part qu’il prit à l’invasion qui eut lieu en Gaule et en Italie, de 114 à 101 av. J.-C. Entraînés par les Cimbres, les Teutons passèrent le Danube avec eux vers 112, entraînèrent à leur tour les Ambrons, puis les Tigurins (de l’Helvétie), et arrivèrent, en 111, aux frontières de la Province Romaine en Gaule ; de 111 à 106, ils battirent 6 armées romaines ; ils remportèrent leur dernière victoire près d’Arausio (Orange). En 103, ils se séparèrent en 2 armées : l’une, composée des Teutons et des Ambrons, devait franchir le Rhône et les Alpes maritimes ; l’autre, composée des Cimbres, devait descendre par les Alpes rhétiques. Les deux armées formaient ensemble env. 300 000 âmes. Marius, posté de l’autre côté du Rhône, attendait les Teutons : il les écrasa aux environs d’Aquæ Sextiæ (Aix), en 102 ; les Cimbres ne tardèrent pas à être exterminés à leur tour. V. CIMBBES.

TEVERONE, c-à-d. Petit Tibre, l’Anio des anciens, petite riv. d’Italie, naît à l’extrémité N. de la rov. de Frosinone, baigne Tivoli, où elle forme de belles cascades, et se joint au Tibre à 5 kil. N. E. de Rome, après un cours de 90 kil. V. ANIO.

TEVIOT, riv. d’Écosse, naît sur les confins du comté de Dumfries, coule au N. E., arrose le comté de Roxburg, et se jette dans la Tweed près de Kelso, après un cours de 60 kil.

TEVIOT-DALE, comté d’Écosse. V. ROXBURGH.

TEWKESBURY, v. d’Angleterre (Glocester), à 14 kil. N. E. de Glocester ; 7000 hab. Anc. abbaye. Fabriques d’étoffes ; moutarde vantée ; bas tricotés, drèche, clouterie. Édouard IV battit à Tewkesbury Marguerite d’Anjou et la fit prisonnière avec son fils (4 mai 1471) : cette victoire lui assura la couronne.

TEXAS, un des États-Unis de l’Amérique du N., situé le long du golfe du Mexique, a pour bornes au N. le Red-River, qui le sépare du Territoire indien et de l’Arkansas, à l’O. le Mexique, à l’E. la Louisiane, au S. le Mexique et le golfe de Mexique ; env. 40 000 000 d’hectares ; 602 400 hab., dont près de 200 000 esclaves ; capit., Austin. À l’exception de la Sierra de San-Saba, qui occupe la partie occid., cette contrée forme une vaste plaine extrêmement fertile et arrosée par un grand nombre de fleuves, dont les principaux sont, de l’O. à l’E., le Rio del Norte, le Rio-Nueces, le San-Antonio, le Colorado, le Brazos, le San-Jacinto, le Rio-Trinidad, le Naches et la Sabine ; presque tous ces fleuves ont des barres à leur embouchure ; la côte offre plusieurs baies, entre autres celle de Galveston. Climat tempéré et salubre. Immenses prairies, couvertes de grandes herbes, forêts de pins, de cyprès, de chênes, de magnolias. Grande culture de la canne à sucre, du coton, du tabac, du maïs. Plusieurs chemins de fer.

Dès le XVIIe s., des Français (notamment Lasalle, en 1684) essayèrent de former des établissements au Texas ; mais ces entreprises échouèrent. Cependant les Espagnols du Mexique, redoutant les empiétements des Français de la Louisiane, occupèrent ce pays, qui se trouvait entre les possessions des deux peuples, et qu’ils avaient négligé jusqu’alors ; ils y établirent (vers 1690) des presidios et des missions, et fondèrent San-Antonio de Béjar (1692) et Goliad (1716) : le Texas fut alors compris par eux dans l’intendance de San-Luis du Potosi. Après la cession faite par la France de la Louisiane aux États-Unis (1803), cette république manifesta d’abord l’intention de s’emparer du Texas ; mais, par le traité de Washington, elle renonça à ses prétentions (1819). Alors Moses Austin, citoyen du Missouri, obtint des Espagnols la permission d’établir au Texas une colonie anglo-américaine qui prit, en 1821, le nom de Fredonia ; cette colonie s’accrut rapidement par l’émigration d’un grand nombre de familles venues de l’O. des États-Unis ; San-Felipe de Austin en devint le centre. Après la déclaration d’indépendance du Mexique et lors de l’organisation définitive de la Confédération mexicaine (1824), le Texas, qui n’était pas encore assez peuplé pour former un État séparé, fut réuni à la province de Cohahuila, et forma l’État de Cohahuila-et-Texas ; mais bientôt (1829) les Texiens réclamèrent leur séparation d’avec le Cohahuila ; n’ayant pu l’obtenir, ils se soulevèrent et voulurent se rendre indépendants. Les Mexicains réussirent à étouffer les premières tentatives de rébellion, mais en peu d’années les troubles prirent un caractère de plus en plus grave ; enfin, le 3 novembre 1835, un gouvernement provisoire fut établi à San-Felipe, et les Texiens, après avoir proclamé leur indépendance, déclarèrent la guerre aux Mexicains : leur indépendance fut assurée par la victoire que le général Samuel Houston, 1er président du Texas, remporta en 1836, près des bords du San-Jacintho, sur l’armée mexicaine, commandée par Santa-Anna. La nouvelle république fut dès 1837 reconnue par les États-Unis, et bientôt après par la France (1839). Depuis, les Texiens, sans cesse inquiétés par les Mexicains, ont obtenu leur annexion aux États-Unis (1845). Cette annexion donna lieu en 1846 et 1847 à une guerre avec les États-Unis, qui fut désastreuse pour le Mexique (V. ce nom). En 1861, le Texas s’est rangé parmi les États séparatistes. — L’État est administré par un Sénat et une Chambre des représentants ; le pouvoir exécutif appartient à un président, élu pour 3 ans. — C’est au Texas qu’était le Champ d’asile, où le général Lallemant fonda, en 1817, une colonie de Français réfugiés. TEXEL (Le), île du roy. de Hollande (Hollande sept.), dans la mer du Nord, à la pointe N. O. du Zuyderzée, a 20 k. sur 12, et 6000 h. ; ch.-l., le Bourg de Texel. Divers combats se sont livrés dans ses eaux : en 1653, l’amiral Tromp y fut tué dans un combat contre les Anglais ; en 1794, la cavalerie française y prit la flotte hollandaise, bloquée par les glaces.

TEXTOR (RAVISIUS). V. RAVISIUS.

TEZCUCO, v. du Mexique (Mexico), près du lac de Tezcuco, à 26 k. E. N. E. de Mexico ; 5000 h. Tissus de coton ; grand commerce avec Mexico. Avant la conquête espagnole, Tezcuco était une ville riche et populeuse, capitale d’un petit État tributaire des rois de Mexico. — Le lac de Tezcuco, entre cette ville et Mexico, a 22 kil. sur 15 ; il communique avec celui de Xochimilco. Ses eaux sont très-salées. Il est célèbre par ses jardins flottants (chinampas), et par ses inondations, qui ont nécessité la création du desague de Huehuetoca, ouvrage hydraulique considérable.

THABOR (mont), l’Itabyrius mons des anciens, le Djebel-Tour des Arabes, mont. de Syrie (Acre), au S. O. du lac Tabarieh, à 11 kil. S. E. de Nazareth, a env. 1000m de haut. C’est là qu’eut lieu le miracle la Transfiguration de N. S. Jésus-Christ. Près de cette montagne, Bonaparte et Kléber, avec 4000 hommes, battirent 35 000 Turcs en 1799. — V. TABOR.

THACKERAY (W.), romancier anglais, né en 1811 à Calcutta, m. en 1863, était fils d’un employé de la Compagnie des Indes. À la fois habile écrivain et bon dessinateur, il appliqua ce double talent dans plusieurs publications périodiques, notamment dans le Frazer’s Magazine et le Punch, qu’il enrichit d’une série d’esquisses et de charges dont la réunion a formé depuis le Livre des Snobs ; il donna en 1847 la Foire aux vanités, qui consolida sa réputation, et que suivirent bientôt Pendennis, les Souvenirs de Barry Lindon, etc. Il fit avec non moins de succès en 1851 et en 1852, en Angleterre et aux États-Unis, un cours de lectures sur les Humoristes anglais (publié en 1853). À un style vif, leste et élégant, Thackeray joint un esprit original et cette verve satirique que les Anglais désignent sous le nom d’humour. La plupart de ses romans ont été traduits dans la Biblioth. des romans étrangers.

THADÉE ou THADDÉE. V. JUDE (S.).

THÆR (Albert), agronome allemand, né en 1752 à Zell (Hanovre), m. en 1828, créa l’établissement agricole de Zell, 1799, et l’Institut pratique de Mœglin (régence de Potsdam). Il a laissé : Introduction a la connaissance de l’économie rurale en Angleterre, Hanovre, 1798-1801 ; Principes raisonnés d’agriculture, Berlin, 1809-1810, trad. en franç. parle baron Crud, 1811-16 ; Description des nouveaux instruments d’agriculture, trad. par Mathieu de Dombasle, 1821.

THAGARA, v. forte de l’Hindoustan, dans les États du Nizam, près d’Aurengabad. Cette ville était regardée comme la clef du Décan ; cependant elle a été souvent prise par les Musulmans, notamment en 1294, 1306, 1595, 1634, 1758. Au XIVe s., l’empereur afghan Mohammed III voulut en faire sa capitale au lieu de Delhi ; mais à sa mort les deux villes reprirent chacune leur rang.

THAHMAS ou THAHMASP, 2e sofi de Perse, fils de Chah-Ismaïl, monta sur le trône à 10 ans (1524). Quand il put régner par lui-même, il battit les Uzbeks qui avaient envahi le Khoraçan (1528). L’année suivante, il prit Bagdad ; mais, cette conquête l’ayant engagé dans une guerre avec les Ottomans, il se vit enlever par eux, outre Bagdad, les villes de Van, Tauris, ainsi qu’une portion de la Géorgie (1533-36) ; cependant il conquit le Chirvan (1538). Dans une nouvelle guerre contre les Ottomans, il recouvra Bagdad et le pays à l’E. de Kars (1554). Dans ses dernières années, il eut à comprimer les révoltes de ses frères ; il mourut en 1577, à 63 ans, empoisonné, dit-on, par une de ses femmes, qui voulait assurer le trône à Ismaël II. — THAHMASP II, 12e sofi de Perse (1729-34), fut proclamé à Kazbin en 1722. Attaqué de tous côtés par les Afghans, les Russes, les Turcs, il fut obligé de se mettre sous la protection de Nadir-chah (1729), qui réussit à lui faire restituer la Perse méridionale ; mais, ayant voulu s’affranchir de cette tutelle, il n’éprouva plus que des revers et se vit contraint de signer une paix honteuse, après laquelle il fut déposé par Nadir (1732). On croit qu’il fut tué 7 ans plus tard, par ordre du fils de Nadir.

THAMHASP-KOULI-KHAN V. NADIR-CHAH.

THAÏS, courtisane d’Athènes, réussit, quand Alexandre le Grand entra dans cette ville, à captiver ce prince par sa beauté, et le suivit en Asie. Elle prit, dit-on, part à l’orgie à la suite de laquelle le conquérant aurait mis le feu à Persépolis. Elle devint ensuite la maîtresse de Ptolémée, qui même, lorsqu’il fut devenu roi d’Égypte, la mit au nombre de ses femmes.

THAI-YOUAN, v. de Chine, ch.-l. de la prov. de Chan-si, à 400 kil. S. O. de Péking. fut longtemps la résidence d’une des dynasties chinoises.

THALASIUS, dieu de l’Hyménée chez les Romains. Il y eut, dit-on, un jeune Romain de ce nom, recommandable par sa valeur, à qui ses compagnons, lors de l’enlèvement des Sabines, réservèrent une jeune fille d’une rare beauté ; ce mariage ayant été fort heureux, on souhaita par la suite aux nouveaux mariés le bonheur de Thalasius ; on finit même par diviniser ce personnage.

THALEHRENBREITSTEIN, forteresse de la Prusse Rhénane. V. EHRENBREITSTEIN.

THALÈS, célèbre philosophe grec, qu’on croit originaire de Phénicie, né vers l’an 640 av. J.-C., voyagea pour s’instruire, visita la Crète, une partie de l’Asie et l’Égypte, étudia surtout la géométrie et l’astronomie, vint vers 587 se fixer à Milet (qu’on lui donne quelquefois pour patrie), et y fonda une école connue sous le nom d’École ionienne. Il mourut vers l’an 548, à 90 ans selon les uns, à 100 ans selon d’autres. On le met au nombre des sept sages : sa devise était : Connais-toi toi-même. Thales avança la géométrie : il mesura la hauteur des pyramides par leur ombre, découvrit quelques-unes des propriétés du triangle sphérique, et démontra le premier l’égalité des deux angles adjacents à la base du triangle isocèle. Il est aussi un des premiers qui aient expliqué les éclipses, et il en prédit une qui est placée par les uns à l’an 601, par les autres à l’an 585 av. J.-C. Recherchant l’origine du monde, il admit comme principe matériel des choses l’eau ou plutôt l’état liquide ; il y ajoutait un principe moteur, l’esprit ; il reconnaissait ainsi la divinité, et disait que tout est plein de Dieu. Il eut pour disciples Anaximandre et Phérécyde. On doit à Canaye des Recherches sur la philosophie de Thalès (Mém. de l’Académie des inscriptions), et à Ploucquet un traité De Dogmatibus Thaletis, 1763.

THALIE, Thalia (du grec thaleia, réjouissance), une des 9 Muses, présidait à la comédie et à l’épigramme. On la représente sous les traits d’une jeune fille folâtre, couronnée de lierre, chaussée de brodequins, et tenant à la main soit le pedum ou bâton pastoral, soit un masque grotesque. — Thalie est aussi le nom d’une des trois Grâces.

THALOUEN, riv. de l’Indo-Chine. V. SALOUEN.

THAMAR, femme chananéenne, épousa successivement les deux fils aînés de Juda, Her et Onan, qui par des manœuvres coupables l’empêchèrent de devenir mère. Restée veuve, elle eut avec son beau-père un commerce furtif, d’où naquirent Pharès et Zara. — Une seconde Thamar était fille de David. Amnon, son frère, en étant devenu amoureux, lui fit violence : Absalon, autre frère de Thamar, vengea cet outrage en tuant Amnon.

THAMAS. V. THAHMASP.

THAME, riv. d’Angleterre, naît dans le comté de Buckingham, à l’E. de Winslow, coule au S. O., passe dans le comté d’Oxford, et se joint à l’Isis, à Dorchester, pour former la Tamise. Cours, 65 kil.

THAMMOUZ, dieu assyrien identifié avec ADONIS. THAMYRIS, ancien aède ou poëte grec, fils de Philammon et d'Arsinoé, né en Thrace chez les Édones, inventa, dit-on, le mode dorien, et remporta le prix de la lyre aux jeux pythiques. Ayant osé défier les Muses, il fut vaincu par elles et frappé de cécité. On lui attribuait plusieurs poëmes, auj. perdus.

THANE, nom donné par les Anglo-Saxons au chef d'une bande ou d'un canton. Après l'établissement des Anglo-Saxons dans la Grande-Bretagne, ce nom fut donné à tout vassal immédiat de la couronne : le thane était au-dessus de l’earl ou comte.

THANET (île), île d'Angleterre (Kent), formée par la Tamise à son embouch. et par les deux bras de la Stour, a 16 kil. sur 12 et 20 000 h. Cette île fut cédée en 449 par les Bretons aux Saxons lorsqu'ils appelèrent ceux ci contre les Pictes : bientôt après ils voulurent les en chasser, mais ils furent battus, 463.

THANN, v. d'Alsace-Lorraine, à 33 kil. N. E. de Béfort, sur la Thur, dans une vallée qui se lie à celle de St-Amarin: 8854 hab. Collége, station. Belle église de St-Théobald surmontée d'une jolie tour de 100m; ruines du château d'Engelbourg. Amidon, poudre, produits chimiques; filatures de coton, toiles peintes, machines à filer et à tisser; entrepôt des salines de l'Est. Aux environs, bon vin blanc dit de Ranzen. — La ville se forma au XIIe s. autour du château d'Engelbourg et d'une chapelle de S. Théobald; elle fut comprise dans le Sundgau. Pendant la guerre de Trente ans, elle fut prise par les Suédois en 1632, par Bernard de Saxe-Weimar en 1634 et 1639. — A l'E. de Thann est le village dit Vieux-Thann; 500 h.

THAPSAQUE, Thapsacus, auj. Deir, v. de la Palmyrène, sur la r. dr. de l'Euphrate, à l'O. de Circesium, était la dernière ville de l'empire de Salomon au N. E. Alexandre traversa l'Euphrate à Thapsaque.

THAPSE, Thapsus, auj. Demsas, anc. v. d'Afrique, dans la Byzacène, à l'E., est célèbre par la victoire décisive que César y remporta sur Métellus Scipion, Pétréius et Juba, victoire qui anéantit en Afrique le parti de Pompée, l'an 46 av. J.-C.

THARGÈLIES, fêtes athéniennes en l'honneur du Soleil et des Heures, considérées comme produisant les fruits de la terre, se célébraient le 6 et le 7 du mois qui prenait de là le nom de Thargélion (avril ou mai). Le nom de Thargélies venait lui-même de vases nommés thargélos, dans lesquels on offrait au dieu les prémices de la saison.

THARSIS, contrée lointaine où les vaisseaux de Salomon allaient chercher des métaux précieux. On est incertain sur la position de cette contrée : les uns ont pensé que c'était le Zanguebar, d'autres croient qu'il s'agit de Tartesse en Hispanie; quelques-uns identifient Tharsis avec Ophir. — Il existe auj. en Andalousie, près d'Huelva, un lieu nommé Tharsis ou se trouvent de riches mines de cuivre exploitées.

THASOS (île), dite aussi Æthria et Chrysa, île de la mer Égée, à 4 kil. E. de la Thrace, était célèbre par ses vins, ses mines d'or et ses marbres. Patrie du peintre Polygnote. Elle fait auj. partie de la Turquie d'Europe (eyalet des îles) ; 28 kil. sur 20; ch.-l., Volgaro (600 hab.) Sol montagneux, mais fertile.

THAU (Étang de), vaste étang salé du dép. de l'Hérault, s'étend le long des côtes de la Méditerranée depuis Agde jusqu'aux limites du dép. du Gard, sur une longueur de 65 kil. Il n'est séparé de la mer que par une langue de terre fort étroite, et sur laquelle est bâtie Cette. Il communique avec les étangs de Frontignan, Maguelonne, Mauguio, Balaruc, est traversé par le canal du Languedoc et communique avec la mer par le canal de Cette.

THAUMANTIAS, surnom d'Iris, tiré de son père Thaumas, fils de l'Océan et de la Terre.

THAUMAS. V. LA THAUMASSIÈRE.

THÉAKI. V. ITHAQUE.

THÉANO, fille de Pythagore, était habile dans la philosophie. Son père en mourant lui avait donné ses manuscrits : Théano, malgré sa pauvreté, ne consentit jamais à les vendre.

THÉATINS, congrégation de Clercs réguliers établie en 1524 à Rome par S. Gaétan de Tiene et J. P. Caraffa, évêque de Chieti (en lat. Teate ou Theate) et depuis pape sous le nom de Paul IV. Ce prélat en fut le ler supérieur : comme on l'appelait l'Évêque théatin, du nom de son diocèse, le nom de Théatins resta à tous ses religieux. Le but de l'institution était de réformer les mœurs du clergé en faisant revivre la vie apostolique. Les Clercs réguliers vécurent d'abord sans fonds, sans revenus, s'interdisant même la quête et comptant uniquement sur les aumônes volontaires. Ils prêchent, visitent les malades, assistent les condamnés. Ils se sont aussi signalés par leur zèle contre les hérétiques et dans les missions étrangères. Les Théatins portent une soutane noire, un manteau noir et des bas blancs. — Cet ordre, introduit en France en 1644, par Mazarin, y avait une seule maison (à Paris, quai Malaquais). Il fut supprimé en France, avec tous les autres, en 1790.

THÉÂTRE. V. ce mot dans notre Dictionnaire des Sciences, des Lettres et des Arts.

THÉAULON (G.), auteur dramatique, né en 1787 à Aigues-Mortes, m. en 1841, a composé seul ou en société plus de 250 pièces de divers genres, qui ont été jouées sur presque tous les théâtres de Paris, et qui brillent par l'esprit et la gaieté. Les principales sont : le Petit Chaperon rouge, la Clochette, opéras-comiques; l’Indiscret, comédie en 5 actes et en vers; le Bénéficiaire, le Chiffonnier ou le Philosophe nocturne, le Père de la Débutante, M. Jovial, la Mère au bal et la Fille à la maison, vaudevilles.

THÉBAÏDE, Thebaïca regio, auj. le Saïd et partie S. de l’Ouestanieh; région de l’Égypte mérid. dans laquelle on comprend, tantôt seulement les 7 nomes de l’Égypte supérieure (Tentyra, Coptos, Thèbes, Hermonthis, Latopolis, Apollinopolis la Grande, Ombos), tantôt en outre les 8 qui forment la partie S. de l’Égypte moyenne (Diospolis-la-Petite, Abydos, This, Chemmis, Aphroditopolis, Antæopolis, Hypselis, Lycopolis), ainsi que la Grande Oasis, qui sous les Romains formait aussi un nome. Elle avait pour capit. Thèbes, d'où son nom. Cette partie de l’Égypte fut la première habitée et civilisée : c'est là qu'ont résidé les plus anciennes dynasties des rois d’Égypte. La partie habitée de la Thébaïde était entourée à l'E. et à l'O. de déserts dans lesquels se retirèrent les premiers ermites et anachorètes chrétiens, S. Macaire, S. Pacôme, S. Antoine, etc.

THÉBÉENNE ou THÉBAINE (Légion), légion romaine toute composée de Chrétiens, et commandée par S. Maurice, se laissa massacrer tout entière plutôt que de sacrifier aux idoles. Cet événement se passa sous Dioclétien, à Octodurus (Martigny) en Helvétie. On ne sait si cette légion prend son nom de la Thèbes d’Égypte ou de celle de Grèce.

THÈBES, Tapé ou Tpé en vieil égyptien, la Theba hecatompylos (aux cent portes) et la Diospolis magna des Grecs et des Latins, v. de l’Égypte supérieure, qui prit d'elle le nom de Thébaïde, sur les deux rives du Nil, par 25° 42' lat. N., fut fondée à une époque très-reculée, mais inconnue, par une tribu sacerdotale venue de l’Éthiopie. Elle fut pendant un temps comprise dans le roy. de This, puis devint elle-même la capitale d'un État qui embrassa, tantôt une forte partie de l’Égypte, tantôt l’Égypte entière (sous la 18e dynastie). Sous la 21e dynastie, les monarques d’Égypte quittèrent Thèbes pour Memphis, mais, en perdant le rang de capitale, Thèbes n'en resta pas moins une ville importante : sa vaste enceinte, fermée par 100 portes, sa situation sur le Nil et non loin de l’Éthiopie dont elle conservait le commerce, ses superbes monuments, la sainteté qu'on lui attribuait comme centre du culte d'Ammon, la maintinrent pour longtemps encore au rang de 1e ville de l’Égypte supérieure. Elle fut prise et saccagée par Cambyse, livrée au pillage par Ptolémée Lathyre, contre qui elle s'était révoltée ; presque entièrement détruite par Cornélius Gallus, gouverneur de l’Égypte sous Auguste (28 ans av. J.-C.), et tomba enfin sous la domination des Arabes, sous laquelle elle dépérit de jour en jour. Il n'en reste auj. que des ruines qui couvrent une surface immense; de ses débris se sont formés plusieurs villages, dont les principaux sont Med-Amoud, Karnak, Louqsor, sur la rive droite du Nil, Médinet-Abou, Gournou, sur la rive gauche. Parmi ses ruines on distingue surtout : 1° à gauche du Nil, le gigantesque palais de Ramsès Méiamoun, le Memnonium (où se voient deux colosses, dont un fut la statue harmonieuse de Memnon), le tombeau d'Osymandias, le petit temple d'Athor, la grande Syringe avec de longues galeries souterraines; 2° à droite du Nil, le palais d'Aménophis-Memnon (Aménotph III), l'allée des 600 sphinx, longue de plus de 2000m, le palais de Karnak, le plus grandiose des monuments qu'offre Thèbes. Les obélisques, les colonnes, les inscriptions, les statues abondent dans ces ruines, qui ont enrichi les grands musées de l'Europe, notamment le Musée égyptien du Louvre. Un des obélisques tirés de ces ruines orne la place Louis XV à Paris; plusieurs autres avaient été transportés à Rome dès les temps anciens. A l'ouest de Medinet-Abou se voient les tombeaux des rois des 18e, 19e et 20e dynasties.

THÈBES, Thebæ, auj. Thivæ, v. de la Grèce ancienne, dans la Béotie, au centre, sur l'Ismène, fondée vers 1580 av. J.-C., par Cadmus, qui bâtit la citadelle appelée Cadmée, puis agrandie par Zéthus et Amphion (1457). Cette ville joue un grand rôle dans l'histoire fabuleuse des Grecs : c'est là que régnèrent Labdacus, Laïus, Œdipe, et les deux frères ennemis Étéocle et Polynice; c'est contre Thèbes qu'eut lieu la guerre des Sept-Chefs (1313 ou 1207 av. J.-C. ?) et celle des Épigones (1303 ou 1197). Elle forma un royaume jusqu'en 1126, adopta ensuite la forme républicaine, et fut longtemps la cité dominante de la fédération béotienne. Jalouse d'Athènes, elle s'allia avec les Perses lors de leur invasion en Grèce et prit parti pour Sparte dans la guerre du Péloponèse. Mais, après la prise d'Athènes, lasse du joug que Sparte faisait peser sur la Grèce, elle entra dans la ligue formée contre elle par Corinthe, Argos et Athènes : pour l'en punir, les Spartiates s'emparèrent par surprise de la Cadmée et soumirent de nouveau les Thébains à leur domination. Thèbes ne recouvra son indépendance qu'en 379, lorsque Pélopidas eut chassé la garnison lacédémonienne ; elle entra dès lors en lutte avec Sparte, et joua quelque temps le premier rôle en Grèce, grâce au génie d'Épaminondas et aux victoires de Leuctres et de Mantinée; mais sa puissance déclina aussitôt après la mort de ce grand homme (363). Thèbes engagea ensuite la Guerre Sacrée et appela en Grèce Philippe, qui peu après ne tarda point à dominer dans tout le pays : vainqueur des Thébains et des Athéniens à Chéronée, il tint garnison dans la Cadmée (338). S'étant, à la mort de Philippe, révoltée contre Alexandre, elle fut aussitôt (336) prise et détruite par ce conquérant, qui ne respecta que la maison de Pindare, natif de Thèbes. Elle se releva dans la suite, mais ne recouvra jamais sa grandeur. — Auj. Thèbes, sous le nom de Thivæ, appartient au roy. de Grèce : elle est le ch.-l. d'une éparchie de son nom, dans le nome d'Attique et Béotie ; elle compte env. 6000 hab. Elle a été presque détruite en 1853 par un tremblement de terre.

Outre les 2 villes qui précèdent, il y avait d'autres villes du même nom, mais peu importantes, en Thessalie (Phthiotide), en Palestine (Éphraïm), etc.

THÈCLE (Ste), vierge d'Isaurie, convertie par S. Paul, fut deux fois condamnée à mort, mais échappa miraculeusement au supplice. On la fête le 23 sept. La cathédrale de Milan lui est dédiée.

THEIL (le), ch.-l. de c. (Orne), sur l'Huisne, à 35 kil. S. E. de Mortagne; 867 hab. Station.

THÉIS (Alex, baron de), né à Nantes en 1765, m. en 1842), était frère de Constance de Théis qui devint princesse de Salm (V. SALM), et fut sous Louis-Philippe préfet de la Corrèze et de la Hte-Vienne. On a de lui le Voyage de Polyclète, 1821, destiné à faire connaître l'Italie antique, comme le Voyage d'Anacharsis fait connaître la Grèce, mais bien inférieur à son modèle; la Politique des nations, 1828.

THEISS (la), Tibiscus ou Pathyssus en latin, riv. de Hongrie, sort des monts Carpathes dans le comitat de Marmarosch, arrose les comitats de Ugocs, Szathmar, Beregh, Szabolcs, Unghvar, Zemplin, Borsod, Hevesch, Pesth, Csongrad, Csanad et Bacs, l'Esclavonie militaire et le Banat, baigne les villes de Szigeth, Szolnok, Csongrad, Szegedin, et se jette dans le Danube, par la r. g., à 40 kil. S. E. de Petervaradin, après un cours d'env. 1000 kil. Affluents : le Bodrog, le Sajœ, le Szamos, le Kœrœs, le Maros. — La Theiss donne son nom à 2 des 4 grandes divisions anciennes de la Hongrie, le Cercle au delà de la Theiss, au S. E., et le Cercle en deçà de la Theiss, au N. N. O., remplacés depuis par les cercles de Gros-Varadin et de Kaschau.

THÈME, division territoriale de l'empire d'Orient, qui au VIIe s. fut substituée aux divisions eu diocèses et provinces : on nommait ansi un gouvernement gardé par une légion. V. ORIENT (Empire d').

THÉMINE (PONS DE LAUZIÈRE, marquis de), sénéchal du Quercy, né vers 1552, m. en 1627, empêcha les Ligueurs de s'établir dans le Rouergue et la Ht-Languedoc, contraignit le duc de Joyeuse à lever le siège de Villemur en 1592, arrêta le prince de Condé, chef des Calvinistes, et reçut le même jour le bâton de maréchal de France (1616). Nommé gouverneur de la Bretagne en 1627, il mourut du chagrin que lui causèrent les plaintes qui furent portées contre lui par le parlement de Rennes à l'occasion de désordres commis par ses soldats.

THÉMIS, c.-à-d. la Justice, déesse de la justice chez les Grecs, fille d'Uranus ou de Titan, et nourrice d'Apollon, rendit avant ce dieu des oracles à Delphes. Certaines traditions la font régner en Thessalie : elle gouverna avec tant de sagesse et d'équité qu'on en fit depuis la déesse de la justice. On la représente assise, un glaive nu d'une main et une balance de l'autre. On la confond avec Astrée.

THÉMISCYRE, Themiscyra, auj. Thermeh, v. du Pont occid., sur les bords du Thermodon, près de son embouchure, était célèbre dans la Fable comme ayant été la résidence principale des Amazones.

THÉMISON, médecin grec, de Laodicée, disciple d'Asclépiade, restaura la secte des Méthodiques, opposée aux Empiriques. Il vivait du temps d'Auguste.

THÉMISTIUS, dit Euphradès, c.-à-d. le Beau parleur, rhéteur grec, ne en Paphlagonie vers l'an 317 de J.-C., embrassa la philosophie péripatéticienne, parcourut diverses villes d'Orient, où il fit briller son éloquence, se fixa à Constantinople pour y enseigner la rhétorique, devint sénateur (355),jouit d'un grand crédit à la cour sous sept princes différents, depuis Constance jusqu'à Théodose, surtout sous Julien, fut nommé préfet de Constantinople en 384, et, quoique païen, sut obtenir l'estime des Chrétiens par la pureté de sa morale et par sa tolérance. Il mourut au plus tard sous Arcadius. On a de Thémistius 34 Discours (panégyriques, remerciements officiels, harangues sur l'amitié, sur l'agriculture, etc.), et des paraphrases sur divers ouvrages d'Aristote (la Physique, le traité de l’Âme, les Dernières analytiques, les livres de la Mémoire, du Sommeil, de la Veille). Il avait laissa, dit-on, des Commentaires sur toutes les œuvres d'Aristote, et beaucoup de Lettres. Les éditions les plus complètes de ses Œuvres sont celles de Hardouin, Paris, 1684, in-fol., et de Dindorf, Leips., 1852, in-8. Un discours inédit de Thémistius a été retrouvé et publié pour la 1re fois par Ang. Mai, à Milan, en 1815. Plusieurs de ses ouvrages existent encore en manuscrits et sont inédits.

THÉMISTOCLE, Themistocles, illustre Athénien, né vers 533 av. J.-C., était d'obscure naissance. Il se signala de bonne heure par son courage et eut part à la bataille de Marathon où commandait Miltiade (490) : depuis, il répétait souvent que les trophées de Miltiade l’empêchaient de dormir. Prévoyant une 2e guerre médique, il détermina par ses conseils les Athéniens à se créer une formidable marine, et, quand Xerxès envahit la Grèce, il fut mis à la tête des forces athéniennes. Il fit comprendre à ses concitoyens la nécessité d’évacuer Athènes et de se réfugier sur leurs vaisseaux, montra un calme admirable dans ses discussions avec le général en chef des Grecs, Eurybiade de Sparte, en lui disant ce mot célèbre : « Frappe, mais écoute ! » et porta enfin un coup mortel à la flotte des Perses par la victoire navale de Salamine, 480 av. J.-C. Il releva ensuite les murs d’Athènes et fortifia le Pirée malgré l’opposition de Sparte, accrut la puissance maritime de sa patrie, fit tous ses efforts pour abaisser Sparte, et pour assurer aux Athéniens la prééminence sur tous les autres États de la Grèce. Sparte de son côté intrigua contre lui dans Athènes, et réussit à le faire bannir pour 5 ans par l’ostracisme, 475. Thémistocle alla chercher un asile d’abord chez le roi des Molosses, Admète, puis chez le roi des Perses, Artaxerce I, qui lui donna une magnifique hospitalité, mais qui voulut lui faire porter les armes contre la Grèce. Thémistocle s’empoisonna, dit-on, pour ne pas être forcé d’obéir, 470 av. J.-C. ; selon une autre version, il mourut naturellement. Thémistocle avait du génie et du patriotisme, mais il était peu scrupuleux sur les moyens de réussir. Jaloux du crédit d’Aristide, il le fit bannir par l’ostracisme. On connaître projet qu’il avait conçu, dit-on, d’incendier en pleine paix les vaisseaux de Sparte afin d’assurer la domination de sa patrie, projet qu’Aristide fit échouer en déclarant aux Athéniens que si rien n’était plus utile que la proposition de Thémistocle, rien aussi n’était plus injuste. Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa Vie.

THÉNARD (L. Jacq.), célèbre chimiste, né en 1777 à La Louptière, près de Nogent-sur-Seine (Aube), m. en 1857, était fils d’un simple cultivateur. D’abord préparateur de chimie de Fourcroy, il devint bientôt lui-même professeur et déploya un tel talent pour l’enseignement qu’il se vit appelé aux trois premières chaires de chimie de Paris, celles de la Faculté des Sciences, du Collége de France et de l’École polytechnique. Il fut admis en 1810 à l’Institut, et nommé en 1821 doyen de la Faculté des Sciences. Élu en 1827 député de l’Yonne, il vota avec les défenseurs des libertés constitutionnelles ; il entra après la révolution de 1830 au Conseil de l’instruction publique, dont il ne tarda pas à devenir vice-président, fut élevé à la pairie en 1832 et se retira des affaires après 1851. Il avait été fait baron en 1825. On lui doit un grand nombre de découvertes et d’applications de la science ; on remarque entre autres ses travaux sur l’acide acétique, le protoxyde de fer, le sulfure d’arsenic, les éthers ; ses recherches (avec Gay-Lussac) sur le potassium, le sodium, le bore, sa découverte de l’eau oxygénée, ses expériences sur le phosphore, l’invention du bleu dit de Thénard (à base de cobalt) et d’un mastic hydrofuge. Ayant entrepris de réunir en un seul corps toutes les connaissances éparses qu’on possédait sur la science à laquelle il s’etait voué, il fit paraître, de 1813 à 1816, un grand Traité de chimie, qui eut de nombreuses éditions. Thénard a rendu d’éminents services en prêtant à l’administration et à l’industrie les lumières de la science. Comme administrateur de l’Université, il a laissé les meilleurs souvenirs, tant par la réforme qu’il porta dans les finances que par sa fermeté, sa justice et sa bienveillance. Ami du travail, il l’encourageait par tous les moyens en son pouvoir : dans sa sollicitude pour les savants qui pouvaient devenir victimes de leur ardeur, il fonda, dans la dernière année de sa vie, une Société de Secours des Amis des sciences, et s’inscrivit le premier pour une somme de 20 000 francs. M. Flourens a lu une Notice historique sur Thénard à l’Académie des sciences en 1860.

THENEZAY, ch.-l. de cant. (Deux-Sèvres), à 22 k. N, E. de Parthenay: 2282 hab. Vin blanc.

THENON, ch.-l. de c. (Dordogne), à 33 kil. S. E. de Périgueux ; 1898 hab.

THÉOBALD. V. THIBAUT.

THÉOCRITE, poëte bucolique grec, né à Syracuse vers 290 av. J.-C., quitta de bonne heure la Sicile à cause des troubles politiques qui l’agitaient ; passa une partie de sa vie en Égypte, à la cour des deux premiers Ptolémées, revint ensuite dans sa patrie, jouit de la faveur de Hiéron II, et mourut très-âgé. On n’a de ce poëte que 30 idylles et 23 épigrammes ou inscriptions. Il avait laissé encore des hymnes, des élégies, des ïambes, qui sont perdus. Théocrite porta la poésie bucolique au plus haut point de perfection. Des grâces simples et naïves, un naturel exquis, un dialogue vif, serré, varié, piquant, des descriptions ravissantes, le placent parmi les modèles du genre ; on regrette cependant que ses peintures soient trop souvent nues et blessent la décence. On trouve dans ses idylles des morceaux d’un ordre plus relevé : la Magicienne, les Syracusaines, les Pécheurs, le Petit-Hercule, l’Épithalame d’Hélène, les Dioscures. Ses poésies pastorales ont été souvent imitées, notamment par Virgile. Les meilleures éditions de ce poëte sont celles de Reiske, Leips., 1765 ; de Valckenaer, Leyde, 1779 ; de Heindorf, Berlin, 1810 ; de Kiessling, 1819: de Jacobs, 1824 ; d’Ahrens, 1856, et celle de la collection Didot, par M. Ameis. Il a été traduit en prose par Gail, 1792 ; Geoffroy, 1800 ; Gin, 1801 ; L. Renier, 1842 ; Leconte de Lisle, 1861 ; et en vers par Longepierre, 1688 ; Servan de Sugny, 1822, et Firmin Didot, 1833.

THÉODAT, roi des Ostrogoths, neveu de Théodoric I, épousa en 534 sa cousine Amalasonte, après la mort d’Euthéric, premier époux, et d’Athalaric, fils de cette princesse, mais il la fit bientôt périr pour s’emparer de tout le pouvoir. Justinien, sous prétexte de venger Amalasonte, fit envahir l’Italie par Bélisaire (535 et 36), et enleva à Théodat la Sicile, la Basse-Italie et Naples. Les Goths, mécontents de leur roi, qui avait offert les conditions de paix les plus humiliantes, le déposèrent et le remplacèrent par Vitigès. Théodat voulut fuir, mais il fut tué sur la route de Ravenne. Ce personnage a été mis sur la scène par Corneille (1672), mais sans succès.

THÉODEBALD, roi d’Austrasie de 548 à 553, fils de Théodebert I, avait 14 ans à peine quand son père mourut. Une fit rien d’important par lui-même ; mais deux de ses généraux, Leutharis et Bucelin, allèrent, avec une partie des Austrasiens, guerroyer en Italie contre les Grecs.

THÉODEBERT I, 2e roi de Metz ou d’Austrasie (534-48), était fils de Thierri I. Il se fit céder la Bavière par l’Ostrogoth Vitigès (538) pour prix des secours qu’il lui promit contre Justinien ; mais, ayant reçu en même temps de l’argent de Justinien pour trahir Vitigès, il franchit les Alpes, pillant à la fois amis et ennemis. Il se préparait à marcher sur Constantinople, lorsqu’il mourut d’une chute de cheval, au milieu de ses projets ambitieux. Ce fut le plus brillant et le plus brave des descendants de Clovis. — II, 6e roi d’Austrasie (596-612), fils de Childebert II, lui succéda à 11 ans. Il se gouverna d’abord par les conseils de Brunehaut, son aïeule, puis il l’expulsa à la sollicitation de sa femme et des leudes, que Brunehaut avait voulu éloigner du conseil du roi (599). Après diverses querelles avec Clotaire II et avec Thierri II, son frère, roi de Bourgogne, il fut battu par ce dernier à Toul et à Tolbiac, en 612, fut pris et livré à Brunehaut, qui le fit mettre à mort.

THÉODELINDE, femme d’Autharis, roi des Lombards, qu’elle avait épousé en 589, se maria plus tard avec Agilulphe, duc de Turin, le fit parvenir au trône de Lombardie (591), et le détermina à embrasser la religion catholique. Elle eut, de 614 à 625, la tutelle de son fils Adaloald, et laissa une grande réputation de piété. C’est elle qui plaça un des clous de la vraie croix dans la couronne des Lombards.

THÉODEMIR, prince visigoth d’Espagne, battit sur mer les Maures an 695, les Arabes en 711, fut, avec Roderic, défait à Xérès (711), sauva les restes de l’armée, se maintint dans la Sierra-Morena, puis dans Orihuela, et forma un petit État qui embrassait Murcie, Valence et la Nouv.-Castille, où il se soutint jusqu’à sa mort moyennant un faible tribut.

THÉODORA, impératrice d’Orient, femme de Justinien, avait été danseuse et courtisane, quand Justinien, qui n’était pas encore empereur, s’éprit de sa beauté. Il la fit monter sur le trône avec lui en 527. Elle eut sur ce prince le plus grand ascendant, soutint son courage pendant la fameuse sédition de 532 et l’empêcha d’abdiquer, mais fut souvent funeste à l’empire par ses intrigues et ses caprices : elle protégea les désordres d’Antonine, femme de Bélisaire, puis, s’étant brouillée avec cette favorite, elle se vengea d’elle en faisant rappeler Bélisaire au milieu de ses victoires ; elle obéra le trésor par ses prodigalités, anima la folle passion de Justinien pour les discussions théologiques, et tomba elle-même dans des hérésies qui la firent condamner par les papes Agapet et Vigile. Sa mort eut lieu en 548. Procope lui impute dans ses Anecdotes secrètes toutes sortes de débordements ; néanmoins le même auteur la loue dans son Histoire. — Femme de l’empereur Théophile, devint veuve en 842, exerça la régence sous son fils Michel III, rétablit le culte des images et poursuivit les Pauliciens, fut dépouillée du pouvoir en 857, et enfermée dans un couvent où elle mourut vers 867. — Fille cadette de Constantin IX, régna quelques semaines avec Zoé, sa sœur, en 1042, puis seule après la mort de Constantin X (1054-1056), mérita l’estime publique par la sagesse de son administration, et désigna pour lui succéder Michel Stratiotique ; en elle finit la dynastie macédonienne.

THÉODORA, dame romaine, célèbre par sa beauté, ses dérèglements et ses crimes, était parente d’Adalbert II, margrave de Tuscie, et fut vers l’an 908 toute-puissante à Rome : elle ne craignit pas de placer sur le trône pontifical Jean, archevêque de Ravenne, son amant. Elle avait 2 filles qui acquirent le même genre de célébrité qu’elle : Marozie (V. ce nom) et Théodora la Jeune, femme du consul Gratien. Ces 3 femmes étaient à Rome l’âme d’un parti sans cesse en lutte avec les Allemands, et qui ne nomma pas moins de huit papes : Sergius III, Jean X, Jean XI, Léon VII, Étienne VIII, Martin III, Agapet II, Jean XII, peu dignes pour la plupart d’occuper le St-siége.

THÉODORE DE CYRÈNE, philosophe grec qui vivait vers 325 av. J.-C., embrassa les doctrines d’Aristippe, professa sur les dieux des opinions hardies qui lui valurent le surnom d’Athée et qui le firent exiler de Cyrène, vint se fixer à Athènes, mais y déplut également par son impiété et fut, dit-on, condamné par l’aréopage à boire la ciguë. Il avait composé un Traité des Dieux, où il prétendait prouver qu’il n’y a pas de divinité.

THÉODORE (S.), soldat romain, né en Syrie, était à Amasée lorsqu’il confessa courageusement Jésus-Christ, en 307, et, dans son zèle, mit le feu à un temple de Cybèle. Il fut appliqué à la torture et brûlé. S. Grégoire de Nice a écrit son panégyrique. On le fête le 9 nov. — L’Église honore aussi une Ste Théodore, vierge et martyre, que Dioclélien avait condamnée à la prostitution, mais qui préféra la mort.

THÉODORE DE MOPSUESTE, né en 350 à Antioche, mort en 428, condisciple de S. Jean Chrysostôme, combattit l’Apollinarisme avec talent et obtint en récompense de son zèle l’évêché de Mopsueste, en 393 ; mais ne tarda pas à tomber lui-même dans l’erreur en favorisant le Pélagianisme. Ses écrits, qui faisaient partie des Trois-Chapitres (V. ce mot), furent après sa mort anathématisés au concile de Constantinople de 553 comme infectée de Nestorianisme : il avait eu en effet Nestorius pour disciple. On a porté le nombre des écrits de Théodore à plus de mille : il n’en reste d’entier qu’un Commentaire sur les Psaumes (dans la Chaîne du P. Corder), et un sur l’Évangile, publ. par Fritzsche, Zurich, 1847. On. trouve des fragments des autres dans le De Tribus Capilulis de Facundus, dans le Scriptorum veterum nova collectio e vaticanis codicibus de Mai (Rome, 1825).

THÉODORE DE CÉSARÉE, dit Ascidas, d’abord moine à Jérusalem, vint vers 535 à Constantinople, où il s’acquit les bonnes grâces de Justinien et de l’impératrice Théodora, qui le fit archevêque de Césarée, eut une part essentielle à la condamnation des Trois-Chapitres, présenta le résumé de la doctrine de Théodore de Mopsueste, d’Ibas d’Édesse, de Théodoret de Cyr, et fut l’âme des intrigues et des mesures violentes relatives à ce débat théologique, mais vit son crédit baisser après la mort de l’impératrice, et finit par être privé de son siége et excommunié par le concile tenu à Constantinople en 563.

THÉODORE DE PHARAN, ainsi nommé de la ville de Pharan en Arabie dont il était évêque, vécut sous Héraclius. Il passe pour l’auteur du Monothélisme.

THÉODORE, lecteur de l’église de Constantinople au VIe s., composa une Histoire en 2 livres, qui s’étend de la 20e année de Constantin au règne de Julien. Elle a été imprimée en grec par Robert Estienne, Paris, 1544 ; en grec et latin, Genève, 1612 ; avec les notes de Valois, Paris, 1673 ; et en partie traduite en français par le président Cousin.

THÉODORE STUDITE (S.), né à Constantinople en 753, fut moine, puis abbé (795) du monastère de Saccudion, près de Constantinople, fut persécuté par Constantin V pour avoir refusé de communiquer avec lui depuis son divorce, se réfugia, lors de l’invasion des Barbares, au couvent de Stude (dans Constantinople même), qui ne comptait alors que douze religieux et qui, sous sa conduite, en réunit au delà de mille ; fut banni par Nicéphore pour s’être opposé aux Iconoclastes, mais réintégré sous Michel I ; trouva un nouveau persécuteur dans l’iconoclaste Léon V, qui le fit emprisonner et flageller, et fut une dernière fois rendu à la liberté par Michel II (820). Il mourut six ans après, laissant plusieurs ouvrages, dont quelques-uns ont été publiés par le P. Sirmond, Paris, 1696, in-fol. On le fête le 12 nov.

THÉODORE PRODROME, moine grec du XIIe s., est auteur du roman de Rhodanthe et Dosiclès, d’un dialogue de l’Amitié exilée, de la Galéomachie, tragédie burlesque, et de plusieurs autres ouvrages presque tous inédits. On a souvent publié l’Amitié exilée ; Rhodanthe a été éditée par Gaulmin, avec une trad. latine, Paris, 1625, et trad. en français par Godard de Beauchamp. On trouve dans les Notices des Mss. un autre de ses écrits : Amarantus ou les Amours d’un vieillard, dialogue satirique.

THÉODORE, pape de 642 à 649, était Grec de naissance : il montra de la vigueur contre le Monothélisme. — Autre pape, Romain de naissance, fut élu en 898, mais mourut après un pontificat de 20 jours.

THÉODORE GAZA, METOCHITA. V. GAZA, etc.

THÉODORE I et II, empereurs de Nicée. V. LASCARIS.

THÉODORE, roi de Corse. V. NEUHOPF.

THÉODORET, écrivain ecclésiastique, né à Antioche en 387, d’une famille illustre, m. vers 458, donna sa fortune aux pauvres pour aller vivre dans un couvent près d’Apamée, devint en 423 évêque de Cyr en Syrie, fut quelque temps en querelle avec S. Cyrille au sujet de Nestorius, qu’il regrettait de voir en butte aux inimitiés des orthodoxes bien qu’il n’approuvât pas ses opinions, se réconcilia ensuite avec Cyrille, mais déplut bientôt après à la cour de Constantinople par son ardeur contre l’Eutychianisme, fut condamné par le prétendu concile dit Brigandage d’Éphèse (449), et ne put revenir dans son diocèse que sous l’emp. Marcien (après 450). On doit à Théodoret une Histoire ecclésiastique en 5 liv., qui va depuis 325 jusqu'en 429, ouvrage écrit avec netteté et même avec élégance, et suffisamment exact quoique contenant quelques erreurs de chronologie; une Hist. pieuse, qui contient la vie de 50 solitaires, un Traité de la Providence, fort estimé, et plusieurs ouvrages de théologie. Les meill. édit. de Théodoret sont celles du P. Sirmond, Paris, 1684, in-f., complétée par l’Auctarium du P. Garnier, 1864; celle de J. L. Schulze et Nœsselt, Halle, 1769-74, 10 v. in-8 (gr.-latin, reprod. dans la collection Migne, 1859-60). Son Traité de la Providence a été trad. en franc, par l'abbé Lemère, 1740, et sa Démonstration de la vérité évangélique par les philosophes païens, par A. Faivre, 1842.

THÉODORIC, roi des Ostrogoths, de la race royale des Amales, né vers 455 en Pannonie, où son père Théodemir s'était établi de l'aveu des empereurs d'Orient, fut envoyé dès l'âge de huit ans comme otage à Constantinople, où il prit des idées de civilisation, et devint en 472, par la mort de son père, chef des Ostrogoths. Il eut part en 477 au rétablissement de l'empereur Zénon, qui avait été détrôné par Basilisque, et fut en récompense nommé patrice, consul (484), et capitaine des gardes. En 487, d'accord avec l'empereur d'Orient, il envahit l'Italie, qui était alors au pouvoir d'Odoacre, roi des Hérules, parcourut tout le pays en vainqueur, se fit céder la Sicile par le roi des Vandales Thrasimond, puis alla assiéger Odoacre dans Ravenne : il le força à capituler, mais en promettant de partager le trône avec lui (493) ; quelques jours après, il le fit poignarder dans un festin, et resta ainsi seul maître de l'Italie, à laquelle il joignit la Rhétie, la Norique, la Pannonie, l'Illyrie. En même temps, il rattachait à lui la plupart des chefs barbares, épousait la sœur de Clovis, et faisait épouser des princesses de son sang au roi des Visigoths et à plusieurs autres princes. Nommé en 507 tuteur de son petit-fils Amalaric, roi des Visigoths, il régna de fait sous son nom, chassa l'usurpateur Gésalic, défit un fils de Clovis devant Arles, et conserva la Septimanie aux Visigoths, malgré les attaques des Francs. En même temps, il rétablissait l'ordre en Italie, favorisait le commerce, l'agriculture, les lettres, appelait auprès de lui les hommes les plus habiles, les Cassiodore, les Boèce, les Symmaque, et faisait revivre plusieurs des anciennes formes de l'administration romaine. Vers la fin de sa vie, à la suite de la découverte d'une conspiration, il devint défiant, cruel, et fit périr sur de faux soupçons Boèce (524) et Symmaque (525). Il reconnut bientôt leur innocence et mourut peu après (526), en proie à une profonde mélancolie. Théodoric est sans contredit le plus grand des rois barbares qui envahirent l'empire romain : il possédait le génie de la civilisation et avait des vues libérales. On lui doit un code connu sous le nom de Loi gothique, qu'il fit rédiger vers 500, et dans lequel il prit pour base la loi romaine. Quoique arien, il toléra les Catholiques ; cependant à la fin de sa vie, il les persécuta en représailles des persécutions exercées en Orient contre les Ariens, ses coreligionnaires. Du Roure a écrit l’Hist. de Théodoric, Paris, 1846.

THÉODORIC I, roi des Visigoths d'Espagne, successeur de Wallia, régna de 420 à 451, fit trois fois la guerre aux Romains, de 426 à 436, et tenta de s'emparer de Narbonne sans pouvoir réussir; néanmoins il augmenta son territoire tant en Gaule qu'en Espagne. Il fut longtemps l'allié de Genséric, dont il fit son gendre, mais ensuite il se brouilla avec lui. Il prit part à la ligue contre Attila, ainsi qu'à la bataille décisive de Châlons, dans laquelle il périt (451). — II, son fils, acquit le trône en 453 par le meurtre de Thorismond, son frère, mais fut tué en 466 par un autre de ses frères, Euric. Il avait accru l'empire des Visigoths de plusieurs districts des deux Aquitaines et poussé presque jusqu'à la Loire; il avait vaincu en 456 le roi suève Réchiaire; enfin il avait élevé sur le trône d'Occident Avitus, et, après avoir combattu Majorien, il avait obtenu de Ricimer la Narbonnaise Ire. — III, le même que Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths. V. ci-dessus.

THÉODOSE I, dit le Grand, Flavius Theodosius, empereur romain, né en 346 à Cauca, en Espagne, était fils du comte Théodose, que Valens, empereur d'Occident, fit mettre à mort en 376 sur de faux soupçons, quoiqu'il lui eût rendu les plus grands services. Avant de monter sur le trône, le jeune Théodose avait déjà repoussé une invasion des Quades et des Marcomans (372) ; il combattait les Visigoths et venait de remporter sur eux un avantage, lorsque Gratien, sentant le besoin de s'adjoindre un homme capable de défendre le trône, le proclama à Sirmium empereur d'Orient, à la place de Valens qui venait de mourir, 379. Théodose acheva la soumission des Visigoths par sa conduite généreuse envers leur roi Athanaric, et s'en fit d'utiles auxiliaires. Gratien, son collègue, ayant été en 383 renversé par l'usurpateur Maxime, qui menaçait du même sort le jeune Valentinien II, frère de Gratien, Théodose interposa sa médiation, et, en reconnaissant Maxime comme auguste, obtint la paix pour Valentinien. Maxime reprit néanmoins les armes en 387; alors Théodose marcha contre lui, le battit en Pannonie, le prit et le mit à mort dans Aquilée (388). Deux ans après, Valentinien périssait victime du Franc Arbogast, son favori, et le rhéteur Eugène le remplaçait sur le trône : Théodose marcha contre eux et les vainquit près d'Aquilée (394). Il se trouva, par la mort de Valentinien II, seul maître de tout l'empire. Mais lui-même mourut l'année suivante (15 janvier), laissant deux fils entre lesquels il partagea son empire : Honorius, qui eut l'empire d'Occident, et Arcadius, l'Orient. Théodose fut aussi grand dans la paix que dans la guerre; il fit tous ses efforts pour réparer les maux de l'empire par une sage administration. Toutefois, ce grand prince ne put que retarder l'instant de la ruine de l'empire : elle commença sous ses deux fils. Ce prince protégea la religion, défendit sous des peines sévères le culte des faux dieux (qui dès lors se réfugia dans les bourgs, les campagnes : d'où le nom de pagani) ; il éleva S. Grégoire de Nazianze au siége de Constantinople (380) et fit condamner l'hérésie d'Arius. Théodose avait été obligé de comprimer avec rigueur les fréquentes séditions des grandes villes : il fut sur le point de faire massacrer les habitants d'Antioche; il fit égorger 7000 habitants de la ville de Thessalonique qui s'était révoltée : pour le punir de ce cruel emportement, S. Ambroise lui interdit pour 8 mois l'entrée de l'église de Milan; Théodose se soumit à la pénitence, et obtint son pardon par un repentir sincère. Fléchier a écrit la Vie de Théodose.

THÉODOSE II, fils d'Arcadius et petit fils du précédent naquit en 399, monta sur le trône en 408, et régna jusqu'en 450 (c.-à-d. 42 ans). Ce prince faible fut gouverné toute sa vie : d'abord par le sage Anthémius, son ministre, puis par Pulchérie, sa sœur aînée, qui s'efforça de corriger ses défauts et de le rendre digne de son aïeul, par sa femme Athénaïs ou Eudoxie, et enfin par l'eunuque Chrysaphe; son chambellan. Les principaux événements de son règne sont : 1° une guerre avec la Perse (elle fut terminée par la paix de 423, qui dura 79 ans, et par un partage de l'Arménie); 2° les querelles religieuses du Nestorianisme et de l'Eutychianisme, qui donnèrent lieu au concile œcuménique d'Éphèse en 431, puis au prétendu concile appelé le Brigandage d'Éphèse, en 449; 3° la rédaction du Code théodosien (438), le premier code officiel connu. Tremblant devant Attila, il lui paya tribut; il tenta plus tard, mais sans succès, de le faire assassiner.

THÉODOSE III, d'abord receveur d'impôts à Adramyte, en Bithynie, fut nommé empereur d'Orient par l'armée, qui venait de se révolter à Rhodes. Il refusa en vain la couronne, se rendit à Constantinople, et força Anastase II à abdiquer, mais il abdiqua lui-même dès que Léon III se présenta comme son compétiteur, et se fit moine.

THÉODOSE (S.), pieux cénobite, né en Cappadoce en 423, m. en 529, à 106 ans, fonda un monastère à Bethléem, et devint supérieur de tous les cénobites da la Palestine. Il fut persécuté pour son orthodoxie par l'emp. eutychéen Anastase. On l'hon. le 11 janv.

THÉODOSIE, v. de la Chersonèse Taurique, au S. E., est auj. Caffa. V. CAFFA.

THÉODOSIEN (Code), recueil de lois romaines rendues depuis Constantin, fut rédigé par l'ordre de Théodose II, promulgué en Orient l'an 438, et introduit en Occident par Valentinien III.

THÉODOSIENNE (Table). V. PEUTINGER.

THÉODOTIEN, auteur d'une des traductions de l'Ancien Testament recueillies dans les Hexaples d'Origène, était de Sinope et vivait sous Commode. Il était de la secte des Ébionites.

THÉODULFE, un des restaurateurs des lettres en France, né vers 750 dans la Hte-Italie, m. en 821, fut appelé vers 781 à la cour de Charlemagne, devint abbé de Fleury-sur-Loire, puis évêque d'Orléans, rétablit la discipline ecclésiastique, fit fleurir les bonnes études et enjoignit aux pasteurs de donner gratuitement l'instruction au peuple. Accusé sous Louis le Débonnaire de complicité dans la révolte de Bernard, roi d'Italie, il fut dépouillé de ses bénéfices, et relégué à Angers, où il mourut. On a de lui quelques écrits, insérés dans les Œuvres du P. Sirmond, entre autres, des Capitulaires ou instructions à son clergé, très-importants pour la connaissance des usages du temps.

THÉOGNIS, poëte gnomique, né à Mégare vers 580 av. J.-C., d'une famille noble et riche, fut banni de sa patrie et choisit Thèbes pour retraite. On a de lui des vers élégiaques qui contiennent des sentences morales (en grec gnomè), pleines de sagesse, mais souvent empreintes d'une certaine misanthropie. Ces sentences, qui paraissent avoir été grossies par des interpolations, ont été imprimées une foule de fois, soit seules, soit dans des collections diverses. Les meilleures éditions qu'on en ait sont celles de Brunck (dans ses Poetæ gnomici), Strasbourg, 1784; de Bekker, Leips., 1815; d'Orelli, 1840. Théognis a été trad. en français par Lévesque dans ses Moralistes anciens, 1783, et par Coupé, 1796 (avec Phocylide).

THÉOLOGAL, prêtre institué près certaines églises pour enseigner la théologie aux clercs.

THÉON, de Smyrne, mathématicien qui vivait sous Trajan et Adrien, a laissé un abrégé des quatre sciences mathématiques (arithmétique, musique, géométrie, astronomie), dont les deux premières parties ont été publiées par Boulliau, avec trad. latine et notes, sous ce titre : Eorum quæ in mathematicis ad Platonis lectionem utilia sunt expositio, Paris, 1644, grec-lat., avec notes, et la 4e (l’Astronomie) par Th. H. Martin, 1849, avec trad. latine et commentaire : ces ouvrages sont précieux par la multitude des documents et des citations qu'ils renferment.

THÉON, mathématicien d'Alexandrie, et l'un des professeurs les plus illustres de cette ville, florissait de 365 à 390 de J.-C., et fut père de la célèbre Hypatie. On a de lui un Commentaire sur les Éléments d'Euclide et un Commentaire sur l'Almageste de Ptolémée. Le 1er de ces ouvrages est excellent; le 2e est, après celui de Ptolémée, l'ouvrage d'astronomie le plus précieux que nous aient laissé les Grecs. On lui attribue encore un Commentaire sur Aratus, qui est probablement d'un autre auteur. Le Commentaire sur Euclide a été publié à la suite de l’Euclide de Grynée, Bâle, 1538, in-fol., et souvent réimprimé; le Commentaire sur l'Almageste, qui était en 13 livres, mais dont on a perdu le IIIe et le XIe livre, ainsi que partie des Ve, Xe et XIIe, parut à la suite de l'édition princeps de Ptolémée, Bâle, 1538, in-fol. Halma a donné la traduction française des 2 premiers livres, Paris, 1821, avec le texte et des notes.

THÉON (Aétius), sophiste d'Alexandrie, qui vivait sous les Antonins, est connu par des Progymnamata ou Exercices préparatoires, espèce de cahiers de rhétorique, dont les meilleures éditions sont celles de D. Heinsius, Leyde, 1626, et de Finck, Stuttgard, 1834.

THÉOPHANE, historien grec de Mitylène, s'attacha à la fortune de Pompée, et écrivit une Histoire des guerres de ce général, qui est perdue, sauf quelques fragments, conservés dans Strabon et Plutarque. — (George), écrivain byzantin, abbé d'un monastère de Mysie, né vers 751, m. en 818, fut persécuté pour avoir résisté aux Iconoclastes. On a de lui une Chronographie, qui va de 284 à 813, et qui a été publiée par le P. Combefis, avec une version latine du P. Goar, Paris, 1655, et réimprimée dans la collection Migne, 1863. L'Église l'hon. le 12 mars.

THÉOPHANO, impératrice d'Orient, était fille d'un cabaretier. Devenue femme de l'emp. Romain II (959), elle ne se signala que par ses désordres, empoisonna son mari (963), donna le trône à son amant Nicéphore II (Phocas), qu'elle épousa, puis le fit assassiner par un autre amant Jean I (Zimiscès); mais celui-ci, à peine devenu empereur (976), l'exila. L'avénement de ses deux fils, Basile II et Constantin IX (983), la fit revenir à la cour.

THÉOPHILANTHROPES, c.-à-d. Amis de Dieu et des hommes, secte née à la fin du dernier siècle, professait le pur déisme. Elle eut pour auteurs d'Aubermesnil, Chemin, Mandar, Valentin Haüy, et trouva un protecteur dans La Réveillère-Lepaux. Ce culte, qu'on tourna en ridicule dès son apparition, fut établi en 1796 à Paris, et publiquement pratiqué dans plusieurs églises; mais un arrêté du 17 vendémiaire an X (21 octobre 1800) y mit fin en interdisant aux Théophilanthropes l'usage des édifices nationaux.

THÉOPHILE (S.), évêque d'Antioche, né vers l'an 120, de parents idolâtres, se convertit en lisant les livres saints, fut fait évêque l'an 168, et mourut vers 190. On a de lui une Apologie de la religion chrétienne, en 3 livres, plusieurs fois imprimée, notamment à Hambourg, 1724, grec-latin, et à Oxford, 1851. On l'hon. le 6 déc.

THÉOPHILE, évêque d'Alexandrie en 388, excita le peuple à détruire le temple de Sérapis, qui contenait une précieuse bibliothèque, laquelle fut détruite.

THÉOPHILE, empereur d'Orient de 829 à 842, fils et successeur de Michel II, punit sévèrement les meurtriers de Léon V, montra beaucoup d'animosité contre le culte des images, et fut presque continuellement en guerre avec le calife Motassem. Il avait insulté ce prince en détruisant sa ville natale, Zapetra, en Syrie : celui-ci se vengea en saccageant Amorium, patrie de Théophile, qui en mourut de chagrin.

THÉOPHILE, jurisconsulte, enseigna le droit à Constantinople, et fut, avec Dorothée et Tribonien, un de ceux qui rédigèrent les Institutes de Justinien. Il a laissé sur cet ouvrage une paraphrase grecque excellente, qui ne fut découverte qu'au XVIe s., par Politien, et dont les meilleures éditions sont celles de Fabrot, Paris, 1638, de Reitz, La Haye, 1751, grec-latin, et de Schrader, Amst., 1860.

THÉOPHILE, le Moine ou le Prêtre, écrivain du XIIe s., a laissé un ouvrage curieux intit. Diversarum artium schedula (imprimé à Brunswick, 1781, trad. en franc, par L'Escalopier, avec le texte, et une introd. de Guichard, 1843). Il y traite de la peinture, des couleurs à employer sur murs, toile, bois, vélin; de l'art de peindre sur verre, des mosaïques à cristaux colorés, de l'orfèvrerie, de l'art de nieller, et donne une recette pour mêler les couleurs avec l'huile de lin et les sécher sans les exposer au soleil.

THÉOPHILE DE VIAU, plus connu par son seul prénom de THÉOPHILE, poëte, né en 1590 à Boussères, près d'Agen, m. en 1626, vint à Paris en 1610, s'y lia avec Balzac, avec lequel il rompit à la suite d'un voyage en Hollande, se fit connaître par ses saillies et par ses vers qui le mirent en faveur près de quelques jeunes seigneurs, mais s'attira des ennemis par sa causticité, et leur donna des armes contre lui par ses vers impies et obscènes. Il était calviniste : on l’accusa d’athéisme et d’immoralité, et il fut exilé (1619). De retour en France, il abjura et reçut de Louis XIII une pension, mais, accusé d’être l’auteur d’un recueil rempli d’obscénités sacrilèges qui avait paru en 1622, il fut condamné à mort. Cette peine rigoureuse fut commuée en un simple bannissement de la capitale ; Théophile put même rentrer bientôt dans Paris, mais il mourut peu après, à peine âgé de 36 ans. Ses Œuvres furent publiées à Paris en 1621, en 2 parties ; une 3e partie parut à Rouen en 1626 ; il faut y joindre sa Correspondance, imprimée en 1644. M. Alleaume a donné en 1856 une édition annotée de ses Œuvres complètes, avec notice biographique (2 vol. in-16). On trouve dans les poésies de Théophile de l’imagination, de l’esprit et de la facilité ; mais elles sont pleines de négligences ; trop souvent aussi l’auteur offense la pudeur, autant que le goût.

THÉOPHRASTE, philosophe grec, né en 371 av. J.-C., à Éresos, dans l’île de Lesbos, était fils d’un foulon. Il vint jeune à Athènes, y suivit les leçons de Platon, puis d’Aristote, et fut choisi par ce dernier pour le remplacer lorsqu’il cessa d’enseigner au Lycée, 322 av. J.-C. Il attira un grand nombre de disciples par la clarté de son exposition, et il enchanta tellement les Grecs par le charme de sa parole qu’ils lui donnèrent le nom de Théophraste (divin parleur), le seul sous lequel il soit connu (il se nommait d’abord Tyrtame). Il mourut à 85 ans, ou même, selon quelques-uns, à 107 ans, entouré de la vénération publique. Embrassant toutes les sciences, comme son maître Aristote, il avait composé plus de 200 traités ; nous n’en avons conservé qu’un très-petit nombre : une Histoire des plantes (dans laquelle on trouve le germe du système sexuel), des traités des Causes de la Végétation, des Pierres, des Vents, des Signes du beau temps, du Feu, des Poissons, du Vertige, de la Lassitude, de la Sueur, des Odeurs, des Causes, de la Métaphysique, du Sentiment et de l’Imagination, enfin les Caractères, recueil de portraits moraux : c’est le plus célèbre de tous ses ouvrages ; il a servi de modèle aux Caractères de La Bruyère. Ce qui nous reste de Théophraste a été publié par Camerarius (1541) ; Daniel Heinsius (1613) ; Schneider (5 vol. 1818-21) ; Fr. Wimmer (gr. lat. coll. Didot, 1866). Wimmer a édité à part l’Histoire des plantes (Breslau, 1842). Longtemps on ne posséda que 28 chapitres des Caractères ; les chap. XXIXX et XXX ont été découverts en 1786 par Amaduzzi. Les Caractères ont été trad. en français par la Bruyère (1688), mais sur un texte fautif et incomplet, et depuis, d’une manière plus complète, par Lévesque (1782), Belin de Balu (1790), Coray (1799), Stiévenart (1842).

THÉOPHYLACTE, dit Simocatta, historien grec du VIIe s., né en Égypte, remplit diverses charges importantes à la cour de l’empereur Maurice, et mourut vers 640, âgé d’env. 70 ans. Outre 85 Lettres (publiées par T. Gruter, Leyde, 1599, grec-latin, et par Boissonade, Paris, 1835), et des Problèmes physiques (Leips., 1653), on lui doit une bonne Histoire du règne de Maurice (de 582 à 602), imprimée par Pontanus, Ingolstadt, 1604, puis insérée dans la Byzantine, et trad. en français par le président Cousin.

THÉOPOMPE, roi de Sparte de 770 à 724 av. J.-C., augmenta le pouvoir des éphores, disputa Thyrée aux Argiens, et commença la 1re guerre de Messénie. Après quelques succès, il fut battu et pris par Aristodème prés du mont Ithome, et égorgé.

THÉOPOMPE, de Chio, historien et orateur, né vers 358 av. J.-C., fut, ainsi que son père, exilé de sa patrie comme trop favorable à Sparte, vint à Athènes, où il eut pour maître Isocrate et pour émule Éphore (V. ce nom), prononça des harangues dans presque toutes les villes grecques, se livra aussi avec succès à la philosophie, mais eut surtout une grande renommée comme historien : à l’art de narrer, il joignait la sagacité, la critique, l’amour du vrai ; on lui reprochait quelque malignité. Théopompe avait composé: 1o  les Helléniques, en 2 livres (continuation de l’ouvrage de Thucydide) ; 2o  les Philippiques (Hist. de Philippe II. en 58 liv.) ; 3o  un Abrégé d’Hérodote. On n’a plus que quelques fragments de cet historien, l’un des plus respectables de l’antiquité ; ils ont été réunis par Wichers, Leyde, 1829, et reproduits dans les Fragments des histor. grecs de la collection Didot, 1841.

THÉOT (Catherine), femme visionnaire, née près d’Avranches en 1725, se persuada qu’elle était tantôt la mère de Dieu, tantôt une nouvelle Ève. Enfermée comme folle, puis remise en liberté, elle recommença ses prédications à Paris en 1794, au moment où fut institué le culte de la déesse Raison, et fit quelques prosélytes, notamment l’ancien chartreux dom Gerle (V. ce nom) ; elle voyait dans Robespierre le précurseur du Verbe divin. Le comité de sûreté générale la fit arrêter, et le 17 juin Vadier, dans un rapport plein d’une ridicule exagération, l’accusa d’intelligences avec des émigrés et des prêtres, et la fit enfermer à la Conciergerie : elle y mourut, au bout de 6 semaines, à 70 ans.

THÉRA, auj. Santorin, une des Cyclades, la plus mérid. de toutes, fut produite par un volcan sous-marin à l’époque héroïque de l’histoire grecque. Colonisée par les Lacédémoniens, elle leur resta fidèle dans la guerre du Péloponèse. Elle fonda plusieurs colonies : la plus célèbre est Cyrène. V. BATTUS.

THÉRAIN (le), riv. de France, naît dans le dép. de la Seine-Inf., à l’E. de Forges, entre dans celui de l’Oise, arrose Songeons, Beauvais, et tombe dans l’Oise, à 4 kil. S. de Creil, après un cours de 90 kil.

THÉRAMÈNE, orateur athénien, natif de Céos, étudia l’éloquence sous Prodicus, aida Pisandre et Antiphon à remplacer la démocratie pure par le gouvernement des Quatre-Cents, eut part à la révolution qui ramena Alcibiade (411 av. J.-C.), commanda en 409 et 408 une division de la flotte et contribua au succès de ces deux campagnes, prit part à la bataille des Arginuses, en 406, mais échappa à la condamnation qui frappa ses collègues ; fut envoyé près de Lysandre, puis à Sparte après la bataille d’Ægos-Potamos, pour négocier, et fut un des Trente auxquels Lysandre remit le pouvoir. La modération qu’il montra dans ce poste déplut : Critias l’accusa en plein conseil, et le fit condamner à boire la ciguë (403).

THÉRAPEUTES, c.-à-dire Serviteurs de Dieu (du grec thérapeuein, servir, adorer), secte analogue à celle des Esséniens, dont elle paraît être une branche, était établie principalement à Alexandrie. Voués à la contemplation, au célibat et à une vie solitaire, les Thérapeutes formaient un véritable ordre religieux. Ils vivaient avec une extrême frugalité, et donnaient l’exemple de toutes les vertus. Philon, le premier qui ait parlé des Thérapeutes, en fait une secte du Judaïsme ; Eusèbe, S. Jérôme et d’autres Pères pensent qu’ils étaient Chrétiens.

THÉRAPIA, bourg de Turquie (Roumélie), à 16 k. N. de Constantinople, sur la rive occid. du Bosphore. Bon port ; résidence d’un métropolitain grec ; résidence d’été de l’ambassadeur de France.

THÉRAPNÉ, Therapne ou Theramnæ, anc. bourg de Laconie, sur la r. g. de l’Eurotas et tout près de Sparte. Patrie d’Hélène, de Castor et Pollux.

THÉRÈSE, princesse espagnole, fille naturelle d’Alphonse VI, roi de Castille, épousa vers 1090 le 1er comte de Portugal, Henri de Bourgogne, qui mourut en 1112 ; elle gouverna au nom de son fils Alphonse, soutint en 1121, contre la fameuse Urraque, sa sœur, une guerre qui lui valut Zamora, Toro, Avila, etc. ; mais fut moins heureuse dans une 2e guerre qu’elle eut à soutenir en Galice, contre Alphonse VIII, son neveu (1127). Elle épousa en 1124 Ferdinand Paez, comte de Transtamare ; elle refusa, en 1128, de remettre à son fils Alphonse les rênes du gouvernement, et prit les armes contre lui ; mais fut vaincue à San-Mamède, prise et jetée dans une prison, où elle mourut en 1130. Cette princesse avait les mœurs les plus dissolues. THÉRÈSE (Ste), réformatrice des Carmélites, née en 1515 à Avila d’une famille noble et riche, m. en 1582, montra dès son enfance une grande exaltation, et quitta la maison paternelle avec son frère afin d’aller chercher le martyre chez les Maures ; heureusement, un parent les rencontra, et les ramena. Arrivée à l’âge de douze ans, elle prit du goût pour les vanités du monde ; mais, ayant été placée par son père dans un couvent, elle sentit renaître toute sa ferveur, et bientôt elle prononça ses vœux comme carmélite (1534). Son esprit s’étant affaibli à la suite d’une longue maladie, sa ferveur diminua de nouveau, et elle retourna à la vie mondaine (1539) ; mais, 20 ans après, elle revint enfin toute à Dieu. Elle concentra son ardeur sur la réformation de son ordre, établit en 1562 à Avila une maison-modèle pour les Carmélites, et réforma 16 autres couvents de femmes (1566-82), tandis qu’inspiré par elle, S. Jean de la Croix réformait les Carmes. Elle mourut au couvent d’Albe après un long ravissement, et fut canonisée en 1621 par Grégoire XV, qui l’appelait un Docteur de l’Église. On l’hon. le 15 oct. Ses Œuvres, écrites en espagnol et publiées à Bruxelles en 1675, en 2 vol. in-fol., consistent en lettres, statuts, histoires, traités ascétiques et poésies : ces dernières lui ont valu un rang parmi les poëtes classiques du XVIe s. L’Histoire de sa vie et l’Histoire des maisons de sa réforme, écrites par elle-même, sont l’une et l’autre, la première surtout, des morceaux très-intéressants ; son Chemin de la perfection, son Château de l’âme, ses Pensées sur l’amour de Dieu sont remarquables par l’ardeur du sentiment autant que par l’élévation du style. Les écrits de Ste-Thérèse sont lus et relus par les personnes qui dans la piété tendent à la perfection. Les principaux ont été traduits en français par Arnauld d’Andilly (1670), par l’abbé Chanut (1681) et par le P. M. Bouix (1856-61). Ses Lettres ont également été traduites en français, de 1661 à 1698. L’abbé Émery a donné l’Esprit de Ste Thérèse, 1820, et Villefore sa Vie, 1824.

THERESIANOPOL, v. de Hongrie (comitat de Bacs) ch.-l. de cercle, à 42 kil. S. O. de Debreczin, près du lac Paltisch ; 40 000 hab. Gymnase. Fabr. de draps, de chaussures ; teintureries, tanneries.

THERESIENSTADT, v. forte de Bohême, à 4 kil. S. S. E. de Leitmeritz, à 2 kil. du confluent de l’Elbe et de l’Eger ; 2000 hab. Fondée en 1780.

THERMA, premier nom de THESSALONIQUE.

THERMAIQUE (Golfe), Thermaïcus sinus, sur les côtes de la Macédoine, est auj. le golfe de Saloniki.

THERMÆ HIMERENSES, auj. Termini, v. de Sicile, sur la côte N., près et à l’E. d’Himère. V. HIMÈRE et TERMINI. — THERMÆ SELINUNTINÆ, Sciacca, v. de Sicile, sur la côte mérid., au S. O. de Sélinonte.

THERMES, c.-à-d. Bains chauds, bains publics chez les Romains. C’étaient le plus souvent de vrais monuments où l’on trouvait, outre les bains, des galeries pour les exercices de la paume, de la lutte, des jeux gymniques, des salles de conversation, et de grandes cours entourées de portiques pour la promenade. La plupart portent le nom des empereurs romains qui les avaient fait construire : les Thermes de Néron, de Titus, de Domitien, de Caracalla, d’Antonin, de Dioclétien, de Constantin, qui tous étaient à Rome, sont les plus célèbres. On voit encore à Paris, boulevard Sébastopol (r. g.), les restes des Thermes dits de Julien. Ils faisaient partie d’un palais que l’on croit construit par Constance Chlore au commencement du IVe s. et où Julien résida pendant son séjour en Gaule, avant d’être empereur. Il ne reste de ce palais que 2 salles voûtées, qui paraissent avoir servi de bains publics (Thermes), d’où le nom qu’elles ont conservé. Ces ruines ont été réunies en 1843 à l’hôtel de Cluny pour former un musée destiné à recevoir des antiquités de l’époque gallo-romaine et du moyen âge.

THERMES (Paul DE LABARTHE, seigneur de), maréchal de France, né en 1482, m. en 1562, servit avec distinction sous François I et ses successeurs, se signala surtout en Piémont et contribua à la victoire de Cérisoles, s’empara du marquisat de Saluces (1547), fit déposer les armes au pape Jules III, soumit presque toute la Corse (1554), prit Calais, Dunkerque, et reçut en récompense le bâton de maréchal (1558) ; mais il fut la même année battu et pris à Gravelines par le comte d’Egmont. Rendu à la liberté lors du traité de Cateau-Cambrésis, il fut nommé gouverneur de Paris ; mais il déplut par sa modération au début des guerres de religion et mourut en disgrâce.

THERMIA (île), Cythnos, île du roy. de Grèce, une des Cyclades septentr., au S. E. de l’île Zéa : 20 k. sur 8 ; 6000 hab. ; ch.-l., Thermia (4000 h.). Évêché. Abeilles, vers à soie ; eaux thermales (qui ont fait donner à l’île son nom actuel).

THERMIDOR (Journée du 9) AN II, 27 juillet 1794. Dans cette journée, Robespierre est décrété d’accusation par la Convention sur la proposition de Tallien, et arrêté à l’hôtel de ville. Il fut exécuté le lendemain avec 22 de ses partisans, entre autres : Couthon, St-Just, Lebas, Henriot, Robespierre jeune, etc. Cette journée mit fin au règne de la Terreur.

THERMIDORIENS, partisans du 9 thermidor.

THERMODON, auj. Thermeh, petite riv. de Pont, coulait du S. au N., baignant les plaines où campaient les Amazones, traversait Thémiscyre, leur capitale, puis se perdait dans le Pont-Euxin.

THERMOPYLES, Thermopylæ, défilé de la Grèce, formé par l’extrémité orient. du mont Œta et la côte du golfe Maliaque, conduisait de la Thessalie dans la Locride et fermait l’entrée de la Grèce proprement dite du côté de la Thessalie. Ce passage, qui est inexpugnable quand on possède les hauteurs environnantes, est célèbre par l’héroïque défense de Léonidas en 480 av. J.-C., et par la défaite d’Antiochus le Grand, qui y fut battu par les Romains l’an 491 av. J.-C. Sa longueur est d’env. 7 kil., sa largeur n’était du temps des Grecs que de 50m, et se réduisait à 10m sur certains points : elle a presque doublé depuis par la retraite des eaux de la mer et par des dépôts d’alluvion. Il y avait près de ce passage des sources chaudes (thermæ), qui lui ont valu son nom.

THERMUS, v. de la Grèce ancienne, capit. de l’Étolie, près du mont Panætolios ; c’est là qu’avaient lieu les assemblées générales de la Ligue étolienne.

THERMUTIAQUE (Branche), bras du Nil ainsi nommée d’une ville de Thermutis, placée sur ses bords, sortait de la branche Athribitique un peu au-dessus d’Athribis, et rejoignait la branche Agathodæmon entre Naucratis au N. et Andropolis au S. E.

THÉROIGNE DE MÉRICOURT, dite Lambertine, fille d’un cultivateur du pays de Liége, née en 1759 à Méricourt, vint à Paris où elle mena une vie fort déréglée, se jeta, au début la Révolution, dans la parti exalté, pérora dans les clubs, acquit de l’influence sur le peuple, et ne s’en servit que pour pousser à des excès dont elle finit elle-même par être victime : ayant voulu, au 31 mai 1793, prendre la défense de Brissot dans le jardin des Tuileries, elle fut saisie par ces mêmes femmes qui l’avaient applaudie jusque-là et fustigée publiquement. À la suite de cet outrage, elle devint folle et fut enfermée à la Salpêtrière, où elle mourut en 1817.

THÉRON, tyran d’Agrigente au Ve s. av. J.-C., m. vers 470 av. J.-C., avait épousé une fille de Gélon, tyran de Syracuse. Il remporta plusieurs victoires aux jeux olympiques et fut chanté par Pindare.

THÉROUANNE, Taruenna, bg du Pas-de-Calais, sur la Lys, à 15 kil. S. de St-Omer ; 960 h. Ancien comté et évêché. Jadis ville importante et fortifiée : prise par les Anglais en 1380 et 1513, rendue à la France en 1527, reprise et démolie par Charles-Quint en 1553, mais rendue de nouveau en 1559.

THÉROULDE, auteur présumé de la Chanson de Roland, poëme qui a pour sujet la défaite qu’éprouvèrent à Roncevaux les Français commandés par le paladin Roland et la vengeance qu'en tira Charlemagne, vivait au XIe s. La Chanson de Roland a été publiée par Génin (1850), par Francisque Michel (1863), et traduite par St-Albin (1866).

THERSANDRE, fils de Polynice et l'un des Épigones, vint quelques années après la mort de son père mettre le siége devant Thèbes, prit la ville et se plaça sur le trône. Il fut tué en Mysie par Télèphe pendant qu'il se rendait au siége de Troie.

THERSA, v. de Palestine. V. THIRSA.

THERSITE, est représenté par Homère, dans l’Iliade, comme le plus laid, le plus lâche et le plus satirique des Grecs qui vinrent au siège de Troie : dans ses sarcasmes, souvent aussi justes que piquants, il ne ménageait ni Agamemnon, ni Ulysse, ni les autres chefs. Achille l'assomma d'un coup de poing, parce qu'il s'était moqué des larmes que versait le héros à la vue de Penthésilée morte. Son nom est devenu l'épithète des lâches insolents.

THÉSÉE, Theseus, héros athénien, dut le jour, dit-on, au commerce furtif d'Égée, roi d'Athènes, avec Éthra, fille de Pitthée, roi de Trézène, et fut élevé secrètement par son aïeul maternel Pitthée. Devenu grand, il se rendit à Athènes pour se faire reconnaître de son père : en traversant l'Argolide, l'isthme de Corinthe et l'Attique, il rencontra plusieurs monstres dont il délivra la contrée : Sinnis, Scyron, Cercyon, Procruste ; il se présenta enfin à Égée, qui d'abord, à l'instigation de sa femme Médée, voulut l'empoisonner, mais qui, l'ayant bientôt reconnu à l'épée qu'il portait, renversa la coupe fatale et le garda près de lui. Thésée mit fin à la guerre civile qui désolait Athènes, en mettant à mort les Pallantides qui disputaient le trône à Égée, prit vivant un taureau qui désolait les plaines de Marathon, puis alla en Crète, pénétra dans le labyrinthe à l'aide d'un fil que lui avait donné Ariane pour retrouver son chemin, extermina le Minotaure, et délivra ainsi Athènes du tribut honteux qu'elle payait à ce monstre. Mais, ayant oublié en revenant de Crète de mettre à son vaisseau des voiles blanches en signe de victoire, il causa la mort de son père qui, persuadé qu'il avait succombé, se jeta de désespoir dans la mer. Devenu roi, Thésée fondit en une seule nation les diverses tribus ou classes de l'Attique, agrandit Athènes, qui prit dès lors le rang de capitale, fonda ou restaura la fête des Panathénées et établit dans l'Attique un gouvernement presque républicain. Ce héros prit part à tous les grands exploits de l'époque héroïque, à la chasse du sanglier de Calydon, à l'expédition des Argonautes, et fit la guerre aux Amazones, qui avaient envahi l'Attique. Uni d'une étroite amitié avec Pirithoüs, il voulut l'aider à enlever Proserpine, femme de Pluton ; mais cette coupable entreprise échoua : les deux héros restèrent captifs aux Enfers, et Thésée ne fut délivré que par Hercule. A son retour, il trouva Athènes en proie aux factions, et fut mal reçu de ses compatriotes ; il les maudit et mit aussitôt à la voile pour l'île de Crète ; mais il mourut en route, à Scyros. Plus tard Cimon prétendit avoir retrouvé ses cendres dans cette île et les fit rapporter à Athènes en grande pompe : la ville alors éleva un temple à ce héros, qu'elle mit au rang des demi-dieux. Thésée eut deux femmes : Antiope, reine des Amazones, qu'il avait faite prisonnière, et dont il eut Hippolyte ; Phèdre, fille de Minos, qui, éprise d'Hippolyte, son beau-fils, et ne pouvant le séduire, accusa ce jeune prince auprès de son époux, et fut ainsi cause de sa mort. On lui donne pour maîtresses, entre autres, Ariane, sœur aînée de Phèdre, qu'il enleva de Crète, mais qu'il abandonna pendant son sommeil dans l'île de Naxos ; Hélène, qu'il enleva du temple de Diane Orthia. Thésée est un personnage vraiment historique, mais il est probable que l'on aura réuni sur lui nombre de traits qui appartiennent à plusieurs individus différents. On place son règne de 1323 à 1292 av. J.-C. Plutarque a écrit la Vie de Thésée.

THESMOPHORIES, fête athénienne en l’honneur de Cérès Thesmophore, c.-à-d. législatrice, se célébrait dans le mois de Pyanepsion (novembre). On en attribuait l'institution à Orphée, à Triptolème ou aux Danaïdes. Les femmes seules pouvaient y assister ; cependant un grand prêtre de la famille des Eumolpides y présidait. La fête durait trois jours : on s'y préparait par des jeûnes et par une vie chaste. Le 1er jour était rempli par une procession solennelle d'Athènes à Éleusis; dans le 2e, des femmes, avec des torches allumées, semblaient chercher Proserpine ; le 3e, on recevait des initiés.

THESPIES, Thespiæ, v. de Béotie, à l'E., était consacrée aux Muses et pleine d'édifices et de statues relatives à leur culte. Les Thespiens défendirent, avec les Spartiates de Léonidas, le défilé des Thermopyles. On voit les ruines de Thespies près d’Erimocastron.

THESPIS, créateur de la tragédie, né au bourg d'Icarie près d'Athènes, florissait en 540 av. J.-C. Le premier il intercala entre les chœurs qu'on chantait aux fêtes de Bacchus des récits qui, d'abord débités par un seul acteur, se changèrent bientôt en dialogues et formèrent de véritables pièces de théâtre ; il inventa en outre le masque tragique. Banni d'Amènes parce que ses fictions donnaient l'exemple du mensonge, il se mit, dit-on, à parcourir l'Attique avec quelques acteurs, barbouillés de lie, montés sur un chariot qui leur servait de théâtre. On cite les titres de quelques-unes de ses tragédies : le Combat de Pélias, les Prêtres, les Jeunes Grecs, Penthée, Alceste. Il fut le maître de Phrynichus.

THESPIUS roi de Thespies, fils d'Érechthée ou de Teuthras, eut 50 filles qu'il livra à Hercule. Les enfants nés de ces unions, les Thespiades, allèrent s'établir en Sardaigne sous la conduite d'Iolas.

THESPROTIE, contrée de l’Épire occidentale, le long de la mer ionienne, s'étendait au N. O. du golfe d'Ambracie, en face de l'île de Corcyre, et était arrosée par l'Achéron et le Cocyte, dont on a fait les fleuves des Enfers. Buthrotum et Onchesme en étaient les villes principales. On y joint quelquefois Dodone, qui était plutôt en Chaonie.

THESSALIE, contrée de la Grèce septentr., était située sur la côte orientale, entre la Macédoine au N. et la Grèce propre au S., ayant au N. l'Olympe et les monts Cambuniens, qui la séparaient de la Macédoine, à l'O. la chaîne du Pinde, qui la séparait de l’Épire, à l'E. la mer Egée, et au S. la chaîne de l'Œta. L'Olympe, l'Ossa, le Pélion y formaient une chaîne à peu près parallèle à la côte ; le pays était arrosé par deux fleuves principaux : le Sperchius au S., le Pénée au N. — De bonne heure habitée par des Pélasges et nommée d'abord Hémonie, cette contrée reçut ensuite nombre de peuplades de même race, mais plus barbares : les Thessali (sortis de Thesprotie), qui donnèrent leur nom à tout le pays ; les Phthiotes, les Doriens-Achéens, qui quittèrent la Thessalie pour la Grèce propre et le Péloponèse, les Ænianes, qui finirent par se fixer au S. O. de la contrée. On y trouvait aussi dans les temps les plus anciens les Lapithes, les Myrmidons, les Dolopes et les Dryopes, qui disparurent de bonne heure. Quand les Doriens eurent quitté le pays, 80 ans après la prise de Troie, il y eut cinq régions principales en Thessalie : 1° la Magnésie ; 2° la Phthiotide ; 3° la Thessaliotide ; 4° la Pélasgiotide ; 5° l'Histiéotide. Iolcos Magnésie, Phères, Pharsale, Larisse, Tricca en étaient les villes principales. — Deucalion et Hellen régnèrent sur la Thessalie dans les temps les plus reculés (vers 1500 av. J.-C.). Elle eut dans la suite des rois issus d'Hercule : l'un de ces rois, Aleuas, donna son nom aux Aleuades, qui dominèrent longtemps sur le pays. Lors de l'invasion de Xercès, les Thessaliens se reconnurent ses sujets et même lui servirent de guides dans l'invasion de la Phocide. Dana le siècle suivant, on voit dominer en Thessalie les tyrans Jason et Alexandre, tyrans de Phères, et Pélopidas intervenir au nom de Thèbes, pour mettre un terme aux dissensions qui déchiraient ce pays. A la faveur de ces dissensions, Philippe soumit la Thessalie à son protectorat (352). Elle resta dans cet état jusqu'à ce qu'elle tomba au pouvoir des Romains avec le roy. de Macédoine (148). Les Thessaliens étaient spirituels, laborieux et guerriers; leur pays produisait des chevaux renommés, leur cavalerie était la première de la Grèce. — Auj. la plus grande partie de la Thessalie ancienne appartient à l'empire ottoman. La partie au N. de l'anc. Othrys forme le livah de Larisse, dans l'eyalet de Janina : on y compte env. 330 000 hab., dont 6000 juifs et 50 000 musulmans; la partie mérid., entre l'Othrys et l'Œta, appartient au royaume de Grèce : elle y forme l'éparchie de Phthiotide et a pour ch.-l. Zeitoun ou Lamia.

THESSALONIQUE, d'abord Therma, Saloniki, v. de Macédoine, en Mygdonie, sur le golfe Thermaïque, fut appelée Thessalonique en l'honneur de Thessalonice, sœur d'Alexandre et femme de Cassandre. Sous les Romains, elle devint la capit. de la Macédoine, et eut une nombreuse population. Ses habitants s'étant révoltés contre Théodose (390), cet empereur en fit massacrer 7000 (V. THÉODOSE). AU XIIe s., Thessalonique, avec son territoire, forma un royaume qui, en 1179, fut donné en dot par Manuel Comnène à son gendre Renier de Montferrat, et qui échut en 1183 au frère de celui-ci, Boniface de Montferrat; mais il fut dès 1232 réuni à l'empire de Nicée. Après diverses vicissitudes (V. SALONIQUE), ce roy. fut conquis par Amurat II. — Thessalonique avait embrassé de bonne heure le Christianisme : on a deux Épîtres de S. Paul à ses habitants.

THESTIUS, roi d'Élolie, fils d'Agénor ou de Mars, fut père d'Althée et de Léda. — V. THESPIUS.

THETFORD, Hierapolis en latin moderne, v. d'Angleterre (Norfolk), sur la petite Ouse, à 46 k. S. O. de Norwich ; 4000 h. Ville jadis pleine de couvents (d'où son nom latin, qui veut dire ville sainte); anc. capitale de l'Estanglie. Patrie de Th. Payne.

THÉTIS, la plus belle des Néréides, fille de Nérée et de Doris, était recherchée par Apollon, Neptune et Jupiter, lorsque l'oracle déclara que le fils, qui naîtrait d'elle serait plus grand que son père. Tous les dieux alors se retirèrent, et Thétis, réduite aux simples mortels, accepta pour époux Pelée, roi de la Phthiotide. De ce prince obscur elle eut Achille, le plus grand des héros grecs, et la prophétie fut ainsi accomplie. Thétis plongea son fils dans le Styx pour le rendre invulnérable. Voulant l’empêcher d'aller au siége de Troie, elle le cacha à Scyros parmi les filles de Lycomède; quand Ulysse l'y eut découvert et l'eut décidé à le suivre à Troie, Thétis fit forger pour Achille par Vulcain un bouclier et une cuirasse impénétrables. C'est aux noces de Thétis et de Pelée que la Discorde lança la pomme d'or que Pâris adjugea à Vénus comme prix de la beauté. — V. TÉTHYS.

THEUDIS, roi des Visigoths de 531 à 548, soutint deux guerres contre les Francs, l'une au N. des Pyrénées, l'autre au S., et les repoussa de Saragosse (542), mais tenta en vain de reprendre Ceuta sur les Grecs. Il périt assassiné à Barcelone. Quoique Arien, il s'était montré tolérant pour les orthodoxes. C'est le premier roi des Visigoths qui ait résidé en Espagne.

THEUX, v. de Belgique (Liège), à 24 kil. S. E. de Liège; 6000 hab. Drap, tanneries; marbreries, fonderies de fer. Ruines du château de Franchimont.

THÉVENOT (Jean), voyageur, né à Paris en 1633, m. en 1667, visita, dans divers voyages, l'Angleterre, la Hollande, l'Allemagne, l'Italie, puis Malte, Constantinople, l'Asie-Mineure, l’Égypte, Suez, la mer Rouge, l'état de Tunis, la Syrie, la Perse, et une grande partie de l'Inde. Il mourut pendant son retour, dans la ville de Miana, à 120 kil. de Tauris. Ses Voyages, publiés d'abord séparément en 1664 et 1684, ont été réunis en 1689, en 5 vol. in-12. C'est J. Thévenot qui, en 1655, introduisit le café en France. — Son oncle, Melchisédech Thévenot (1620-92), avait aussi parcouru plusieurs pays de l'Europe, et rempli diverses missions à Gênes (1645), à Rome (1625-1654). On a de lui un Recueil de divers voyages curieux, Paris. 1663-72.

THÈZE, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), à22 k. N. de Pau; 469 hab.

THIAN-CHAN, c.-à-d. monts célestes, chaîne de montagnes de l'empire chinois, entre la Dzoungarie au N., la prov. de Kansou à l'E., le Turkestan chinois au S., court d'abord de l'O. à l'E., puis du S. au N., et s'unit aux monts Belour à l'O. et aux monts Sayaniens au N. E. Nombreux volcans. — Les Chinois donnent le nom de Tchian-chan-nan-lou (pays au S. des Tchian-chan) au Turkestan chinois ou Petite-Boukharie, et celui de Tchian-chan-pe-lou (pays au N. des Tchian-chan) à la Dzoungarie et au paya des Kirghiz et des Torgout.

THIANGES, vge du dép. de la Nièvre, a 26 kil. S. E. de Nevers; 400 h. Jadis titre de marquisat. — On connaît sous le nom de Marquise de Thianges une fille du duc de Mortemart, sœur de Mme de Montespan, célèbre comme elle par sa beauté et son esprit, et qui attira avant elle l'attention de Louis XIV.

THIARD (PONTUS de), un des poëtes de la Pléiade de Ronsard, surnommé de son temps l’Anacréon français, né vers 1521 au château de Bissy, dans le Maçonnais, mort en 1605, était évêque de Chalon-sur-Saône. Député aux états de Blois (1588), il défendit l'autorité royale centre les Ligueurs. On a de lui des Œuvres poétiques (1573) et deux Discours de la nature du monde (1578). Ses Œuvres ont été réimpr. en 1861 par A. Jeandet.

THIAUCOURT, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 35 k. N. de Toul; 1610 hab. Grains, huiles, bois, bon vin. Anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux.

THIBAUDEAU (Ant.), conventionnel, né en 1765 à Poitiers, m. en 1854, était fils d'un avocat distingué qui fut membre de l'Assemblée constituante, et suivit d'abord lui-même le barreau. Élu en 1792 membre de la Convention, il fit partie, après le 13 vendémiaire, des comités de sûreté générale et de salut public et eut une grande part à la Constitution de l'an III, fut porté par 32 départements au conseil des Cinq-Cents, qu'il présida quelque temps, et provoqua dans cette Assemblée des mesures réparatrices. Conseiller d’État après le 18 brumaire, il fut sous l'Empire préfet de la Gironde, puis des Bouches-du-Rhône, et fut fait comte. Commissaire extraordinaire dans la Côte-d'Or pendant les Cent-Jours, il fut proscrit par Louis XVIII à son retour, se retira à Prague, et ne put rentrer en France qu'après la révolution de 1830. Il fut fait sénateur en 1852. On a de lui des Mémoires sur la Convention et le Directoire, 1824; des Mém. sur le Consulat, 1826; et une Histoire du Consulat et de l'Empire, 1835-37, 10 vol. in-8.

THIBAUT, nom commun à plusieurs comtés de la 2e maison de Champagne, issus de Thibaut, dit le Tricheur, comte de Blois et de Chartres. — Ce Thibaut obtint par son mariage avec Leutgarde, fille d'Herbert II de Vermandois, le comté de Troyes, et y joignit ceux de Beauvais et de Meaux. Il seconda le duc de France, Hugues le Grand, et les seigneurs de la maison de Vermandois, dans tout ce qu'ils firent contre Louis d'Outremer, fut lui-même pendant un an le geôlier du roi, et mérita par une foule de perfidies le surnom de Tricheur que lui donnèrent ses contemporains. Il mourut vers 978. Quoique maître du comté de Troyes, il ne porta pas le titre de comte de Champagne : ce titre ne fut pris que par son petit-fils Eudes II, à la mort d’Étienne de Vermandois, dernier héritier de la 1re maison de Champagne. — Thibaut III, arrière-petit-fils du précéd. et fils d'Eudes II, fonda une 2e ligne qui possédait les comtés de Blois, Chartres et Brie, tandis que l'aînée avait le comté de Champagne, mais qui hérita de la branche aînée en 1125, réunissant ainsi Champagne et Brie; ces deux branches se séparèrent de nouveau en 1152. — Thibaut VI, comte de Champagne, né en 1201, m. en 1253, accompagna à la croisade contre les Albigeois le roi Louis VII, dont quelques-uns lui ont imputé la mort, prit part en 1226 à la ligue des feudataires contre la reine Blanche, et, après avoir trois fois changé de parti en moins de deux ans, finit par se rallier à la cause royale. Il eut à défendre son comté contre les prétentions d'Alix, sa cousine, reine de Chypre, et ne la put désintéresser que par de fortes sommes, qu'il obtint de la couronne en aliénant sa suzeraineté sur les quatre comtés de Blois, Chartres, Châteaudun et Sancerre. En 1234, il devint roi de Navarre, du chef de sa mère Blanche, sœur et héritière de Sanche VII, et prit alors le nom de Thibaut I. En 1235, il entreprit, avec quelques seigneurs, une croisade qui avorta ; il revint au bout de deux ans. Thibaut est surtout célèbre par son talent comme troubadour, ce qui le fit surnommer le Faiseur de chansons, et par la passion qu'on lui attribue pour Blanche de Castille (passion qui, vu l'âge de la reine, ne peut être qu'une fable). On a de lui 66 Chansons (publiées à Paris, 1742, 2 vol. in-12), qui ne manquent pas de charme. Il est le premier qui ait entremêlé les rimes masculines et féminines. — Ce Thibaut laissa deux fils qui régnèrent aussi sur la Navarre, tout en restant comtes de Champagne : Thibaut II ou VII (1253-70), et Henri le Gros (1270-74).

THIBERVILLE, ch.-l. de c. (Eure), à 12 k. N. E. de Bernay; 1362 hab. Percales, rubans de coton.

THIBET, grande région de l'Asie centrale, qui fait partie des pays tributaires de l'empire chinois, a pour bornes à l'E. la Chine, au S. le Boutan et l'Inde, tant au delà qu'en deçà du Gange, au N. le pays de Khoukhounoor, et s'étend de 69° à 100° long. E, et de 27° à 35° 30' lat. N.; 2800 kil. de l'E. à l'O. sur 940; 6 000 000 d'hab.; capitale, Lahsa. On le divise en 4 provinces, le Ngari ou Ladak (Petit-Thibet), à l'O.; le Tsang et l'Ouéi (au centre); le Kham à l'E. Le Thibet est un des pays les plus élevés du monde : il s'y trouve des sommets qui dépassent l'Himalaya ; c'est là que s'élèvent le Tchamoulari et le Daoulaghiri. L'air est très-sec, le climat tempéré au S., froid partout ailleurs; les saisons très-uniformes, le printemps très-court (2 mois); le sol est assez fertile dans les vallées du Sud. Immenses déserts, lacs nombreux; riches mines de fer, mercure, arsenic, cinabre, plomb, cuivre, argent et or (une seule est exploitée) ; salpêtre, soufre, turquoises, pierreries, lapis lazuli, borax, marbre, eaux minérales et thermales. On y trouve le cheval, le chameau, le buffle, l'yak, le daim musqué, la chèvre dont le duvet sert à fabriquer les châles de Cachemire (que Ternaux et Am. Jaubert ont acclimatées en France) : on prétend que la licorne existe au Thibet. Peu d'agriculture, point d'industrie, un peu de commerce avec la Chine, les Boukhares et le Cachemire, mais par l'intermédiaire des étrangers. Les habitants sont, les uns Thibétains, les autres Mongols; la polyandrie est en usage dans les classes inférieures. La langue, dure et chargée de consonnes, a beaucoup de racines communes avec le chinois. Il existe au Thibet deux écritures, l'une sacrée, l'autre civile; l'imprimerie y est connue depuis longtemps, l'instruction élémentaire très-répandue. La religion indigène est le lamaïsme ou chamanisme, dont le chef visible, incarnation de Fo (Bouddha), se nomme le Grand-Lama, et réside à Lahsa; les simples prêtres se nomment lamas ou chamanes (on en compte jusqu'à 84 000). — Le Thibet reçut de la Chine, vers le Ve s. av. J. C, les premiers éléments de la civilisation; le Bouddhisme s'y introduisit vers 640 et contribua à polir les mœurs des habitants. Depuis 1642, ce pays est tributaire de la Chine : il y a toujours à Lahsa un résident chinois, par les ordres duquel tout s'opère. Les habitants du Népal, en 1792, occupèrent une partie du Thibet, et faillirent s'emparer du Grand-Lama.

THIÉBAULT (Dieudonné), littérateur, né en 1733 à Laroche en Lorraine, m. en 1807, fut d'abord professeur chez les Jésuites, alla en Prusse comme professeur de grammaire générale à l'école militaire de Berlin (1765), y resta vingt ans, honoré de la confiance de Frédéric II, fut à son retour en France attaché à la direction de la librairie, puis devint secrétaire du Directoire (1795), et mourut proviseur du collège de Versailles. On a de lui, entre autres ouvrages, un Essai sur le style (1774); une Grammaire philosophique (1797), et des Souvenirs de Vingt ans de séjour à Berlin ou Frédéric le Grand, sa famille, sa cour, etc. (1805).

THIEBLEMONT, ch.-l. de c. (Marne), à 12 kil. S. E. de Vitry-Ie-Français ; 307 hab.

THIEL, v. de Hollande (Gueldre), sur le Wahal, à 35 k. O. S. O. d'Arnheim: 5000 hab. Toiles, lainages. Assiégée en vain par les Impériaux en 1528 ; prise et démantelée par les Français en 1672.

THIELT, v. de Belgique (Flandre occid.), à 20 k. S. E. de Bruges; 12 000 hab. Toiles, dentelles, chapeaux, savon. Patrie d'Olivier Ledain.

THIÉRACHE, Theorascia, anc. petit pays de France, dans la Picardie, est auj. compris dans la partie N. du dép. de l'Aisne. Guise en était ch.-l.; Nouvion, Marle, La Fère les autres lieux principaux.

THIERRI (S.), Theodoricus, disciple de S. Rémi et abbé du mont d'Hor, près de Reims, m. vers 533, est fêté le 1er juillet. — Un autre S. Thierri, évêque d'Orléans au XIe s., est hon. le 27 janv.

THIERRI I, 1er roi de Metz ou d'Austrasie de 511 à 531, était l'aîné des fils de Clovis. Il ajouta la Thuringe à ses États en 530, après avoir précipité traîtreusement du haut des murs de Tolbiac le roi du pays, Hermanfroy; combattit heureusement Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, et ne lui laissa en Gaule que la Septimanie. C'est sous son règne que fut rédigée la loi des Francs Ripuaires.

THIERRI II, 4e roi d'Orléans, 3e roi de Bourgogne et 7e roi de Metz ou d'Austrasie, né en 587, était fils puîné de Childebert II, et frère de Théodebert II. Il avait eu pour lot, à la mort de son père (596), les royaumes d'Orléans et Bourgogne. Il accueillit à sa cour (599) son aïeule Brunehaut, chassée de l'Austrasie par Théodebert; fit la guerre d'abord à Clotaire II, roi de Soissons (600-602), qu'il vainquit à Dormeuil et à Étampes, puis à Théodebert, roi d'Austrasie, le battit à Toul, à Tolbiac (612), le fit prisonnier dans Cologne, et le livra avec ses deux fils à la vengeance de Brunehaut, qui les fit périr; il réunit ainsi l'Austrasie à ses États. Il mourut en 613 à Metz.

THIERRI III, 3e fils de Clovis II, fut à la mort de Clotaire III (670) mis sur le trône de Neustrie par Ébroin, maire du palais, fut renversé presque aussitôt, ainsi qu'Ébroin, par son frère Childéric II, déjà roi d'Austrasie, et enfermé à l'abbaye de St-Denis ; il en sortit en 673, à la mort de l'usurpateur, et recouvra la couronne, mais il fut contraint d'accepter de nouveau pour maire du palais Ébroin, qui avait pris les armes contre lui et qui gouverna sous son nom jusqu'en 683; il vit l'Austrasie, représentée par Pépin d'Héristal, écraser la Neustrie à la bataille décisive de Testry (687), après laquelle les Héristal, à la fois ducs en Austrasie, maires en Neustrie, furent les véritables rois de France. Il mourut en 691.

THIERRI IV, dit de Chelles, du nom du couvent où il avait été élevé, fils de Dagobert II, fut placé sur le trône de Neustrie à 7 ans, en 720, et régna de nom jusqu'en 737. Charles-Martel, son maire du palais, ne lui donna pas de successeur.

THIERRY (Augustin), historien, né en 1795 à Blois, m. en 1856, sentit naître en lui, au collége même, le goût de l'histoire pittoresque en lisant les Martyrs de Chateaubriand, entra en 1811 à l'École normale, professa quelques mois à Compiègne, puis s'attacha au réformateur Saint-Simon et publia avec lui quelques écrits où il prenait le titre de son fils adoptif, mais rompit dès 1817 une association qui ne pouvait convenir à son esprit juste et indépendant. Après avoir pendant quelques années milité dans la presse libérale, il fit paraître en 1820, dans le Courrier français, ses Lettres sur l'Histoire de France, où il développait des idées neuves qui devaient régénérer l'histoire nationale; il donna en 1821 son Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, ouvrage fait sur les sources originales et qui marqua une nouvelle ère pour l'histoire : on y trouvait en effet, avec des révélations inattendues sur la lutte des deux races anglo-saxonne et normande, une couleur locale d'une vérité saisissante et des formes dramatiques qui donnaient au récit un vif intérêt. Frappé de cécité par suite de travaux trop assidus, il n'en continua pas moins à se livrer à l'étude avec l'aide de personnes intelligentes et dévouées, et put même composer plusieurs ouvrages nouveaux : Récits mérovingiens (1840) ; Monuments de l'histoire du Tiers état (1849-56); Hist. de la formation et des progrès du Tiers état (1853). A. Thierry avait été nommé en 1830 membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Depuis 1840 jusqu'à sa mort, l'Académie française lui décerna le prix Gobert. A la patience et à l'érudition d'un bénédictin, cet historien unissait l'art d'un grand écrivain et l'imagination d'un poète : Chateaubriand voyait en lui l’Homère de l'histoire. Furne et Didier ont publié ses Œuvres complètes (1846-47, 8 v. in-18). M. Guigniaut a lu en 1862 à l'Académie des inscriptions une Notice historique sur A. Thierry, où il a parfaitement apprécié ses écrits et son caractère. — M. Amédée Thierry, son frère cadet (1797-1873), membre de l'Acad. des sciences morales et politiques, s'est aussi fait un nom par de grands travaux historiques: Histoire de la Gaule sous l'administration romaine; Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés; Hist. d'Attila, etc.

THIERS, ch.-l. d'arr. (Puy-de-Dôme), à 44 kil. N. E. de Clermont-Ferrand, sur le penchant d'une montagne; 15 901 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Quincaillerie, coutellerie, papeteries (qui fournissent une grande partie du papier timbré). Ville jadis forte, et ch.-l. d'un comté qui était l'un des plus grands fiefs de l'Auvergne. Elle donna son nom à une branche de la maison d'Auvergne.

THIERS (J. B.), savant théologien, né à Chartres en 1636, m. en 1703, fut curé de Champrond (diocèse de Chartres), puis de Vibraye (diocèse du Mans). On a de lui des traités de l'Exposition du St-Sacrement, 1673 ; des Superstitions selon l'Écriture sainte, 1679; des Jeux et Divertissements permis, 1686; l’Avocat des Pauvres, 1676, et une curieuse Hist. des perruques, 1690. Son Traité des Superstitions fut mis à l'index à Rome.

THIERSCH (Fréd. Guill.), érudit, né en 1784 près de Fribourg sur l'Unstrutt (Saxe prussienne), m. en 1860, fut nommé en 1809 professeur de littérature classique à Munich, fonda dans cette ville en 1812 un Institut philologique; visita la Grèce après son affranchissement et y prépara l'élection d'un roi bavarois; publia à son retour l’État actuel de la Grèce et les moyens d'arriver à sa restauration (1833); écrivit aussi sur les Écoles savantes (1826-37), et fit triompher un plan qui unissait les études professionnelles aux études classiques. On lui doit plusieurs ouvrages estimés : Grammaire grecque pour les classes, Grammaire pour le dialecte d'Homère, une édition de Pindare, avec traduction allemande (1820), et les Époques de la sculpture chez les Grecs. Fréd. Thiersch était conseiller intime de Bavière, membre de l'Acad. de Munich et correspondant de l'Institut.

THIMERAIS, Theodomirensis pagus, partie de l'anc. Perche , avait pour ch.-l. Châteauneuf-en-Thimerais. Il fait auj. partie du dép. d'Eure-et-Loir.

THIONVILLE, Theodonis villa, v. d'Alsace-Lorraine (du dép. de la Moselle jusqu'en 1871), sur la r. g. de la Moselle, à 25 kil. N. de Metz; 7818 hab. Place de guerre de 3e classe, collége, jardin botanique, soc. d'agricult.; chemin de fer. Bonneterie, colle forte, tanneries, brasseries. — Thionville date des rois de la 1re race, qui y eurent un palais. Charlemagne y convoqua en 806 une assemblée où il régla le partage de ses États entre ses fils. Cette ville passa successivement aux comtes de Luxembourg, aux ducs de Bourgogne, à la maison d'Autriche, aux rois d'Espagne. Prise d'assaut en 1558 par Guise, elle fut rendue l'année suivante ; vainement assiégée par Feuquières en 1639, elle fut prise de nouveau en 1643 par Condé, et resta depuis à la France; elle devint la capit. du Luxembourg français. Belle défense contre les Autrichiens (1792); contre les Prussiens (1814), Contre les Allemands (1870).

THIRIOT, ami de Voltaire, 1699-1772, avait été avec lui clerc de procureur, et fut pendant toute sa vie son agent d'affaires. Voltaire le fit nommer le correspondant littéraire du grand Frédéric.

THIRON-GARDAIS, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), sur la Théronne, à 15 k. E. de Nogent-le-Rotrou; 610 h.

THIROUX-D'ARCONVILLE (Marie DARLUS, dame), femme d'esprit, 1720-1805, fille d'un fermier général, épousa un président à la chambre des enquêtes, quitta le monde de bonne heure pour s'occuper de littérature, et composa plusieurs ouvrages estimés: Traité de l'Amitié, 1763; — des Passions, 1764; Vie du cardinal d'Ossat, 1771; Vie de Marie de Médicis, 1774; Hist. de François II, 1783. — Son fils, L. Thiroux de Crosne, né en 1736, m. en 1794, victime de la Terreur, fut, en qualité de maître des requêtes, chargé de reviser l'arrêt rendu à Toulouse contre Calas et le fit casser, devint en 1767 intendant de Rouen, embellit cette ville et la dota d'établissements utiles, fut appelé à l'intendance de Lorraine en 1775, et nommé lieutenant général de police en 1785. C'est lui qui supprima le cimetière des Innocents.

THIRSA, v. de Palestine, dans la demi-tribu occid. de Manassé, entre Samarie et le Jourdain, fut avant Samarie la capit. du roy. d'Israël.

THIS, v. de l’Égypte Supérieure, au N. O. d'Abydos, sur un bras dérivé du Nil, fut jadis la capitale d'un état particulier dont Thèbes faisait partie, et où régnèrent, à partir de l'an 2500 avant J.-C., les deux dynasties dites Thinites-Thébaines, les plus anciennes de l’Égypte. Thèbes prévalut ensuite, mais This resta ch.-l. d'un nome. On fait naître Ménès dans cette ville. Détruite depuis longtemps, elle n'offre pas même de ruines.

THISBÉ, amante de Pyrame. V. PYRAME.

THIVA, nom moderne de Thèbes en Béotie.

THIVIERS, ch.-l. de c. (Dordogne), à 32 kil. S. E. de Nontron; 2709 hab. Truffes renommées; vins, fromages. Pris par les calvinistes en 1575.

THIZY, ch.-l. de c. (Rhône), à 35 kil. O. de Villefranche; 2766 hab. Fabriques de toiles et de calicots. Aux env., carrières de marbre noir.

THOAS, roi de la Chersonèse Taurique, avait ordonné que tous les étrangers qui aborderaient dans ses États fussent immolés sur l'autel de Diane, dont Iphigénie était alors la prêtresse. Oreste et Pylade, jetés par la tempête sur les côtes de la Tauride, allaient périr ainsi des mains d'Iphigénie, sœur d'Oreste, lorsque celle-ci, les ayant reconnus, les délivra, et s'échappa avec eux.

THOIRAS. V. TOIRAS et RAPIN-THOYRAS.

THOISSEY, ch.-l. de c. (Ain), à 30 kil. N. de Trévoux, sur la Chalaronne, près de son confluent avec la Saône; 1663 hab. Ville jadis fortifiée; c'était la 2e ville de la principauté de Dombes. Un collége y avait été fondé en 1680 pour la principauté.

THOLUS. V. TOLHUYS.

THOMAR, v. de Portugal (Estramadure), à 144 k. N. E. de Lisbonne; 4000 hab. Résidence au prieur de l'ordre du Christ.

THOMAS (S.), dit en grec Didyme, c.-à-d. jumeau (Thomas en hébreu a le même sens), un des 12 apôtres, est célèbre par l'incrédulité qu'il montra lors de la résurrection de Jésus : il ne se rendit qu'après avoir vu et touché les plaies du Sauveur. Selon la tradition, il alla prêcher l'Évangile chez les Parthes et jusque dans l'Inde, et subit le martyre à Calamine, ville inconnue, qu'on place en Arabie, d'où son corps aurait été transporté à Édesse. Quelques Portugais ont prétendu avoir retrouvé les restes de ce saint à Méliapour dans le Carnate, ville qu'ils ont pour ce motif appelée San-Thomé, mais rien ne justifie cette prétention. On fête S. Thomas le 21 déc.

THOMAS (S.) d'Aquin, célèbre théologien, né en 1227 au château de Rocca-Secca, dans le roy. de Naples, près de l'abbaye de Mont-Cassin, de la famille illustre des comtes d'Aquino, entra dans l'ordre des Dominicains, malgré l'opposition de sa famille, afin de satisfaire son goût pour l'étude et la piété; alla étudier sous Albert le Grand à Cologne, suivit ce maître à Paris, prit dans l'université de cette ville le bonnet de docteur (1255), s'y livra avec grand succès à la prédication et à l'enseignement, et s'attira l'estime de S. Louis, qui l'admit souvent à sa table; fut envoyé par son Ordre à Naples (1272) pour y enseigner la théologie, et mourut deux ans après, à l'abbaye de Fosse-Neuve, près de Frosinone, pendant qu'il se rendait au concile général de Lyon. Les papes Innocent IV, Clément IV, Grégoire X lui avaient offert les dignités de l'Église; il refusa tout et se contenta toujours dans son ordre du titre de definitor, équivalant à peu près à celui de professeur. S. Thomas fut l'homme le plus savant et le plus profond théologien de son temps, ce qui lui valut les surnoms de Docteur universel, Docteur angélique, Ange de l'école, et ce qui le fit mettre par le pape Pie V au rang des Docteurs de l'Église. Non moins remarquable par sa piété, il mérita d'être canonisé. On l'h. les 7 mars et 18 juill. Ses Œuvres ont été publiées à Rome en 18 vol. in-fol., 1570-71, à Paris, en 23 vol. in-fol., 1636-41, à Venise, 20 vol. in-4, 1745, à Parme, 24 vol. in-4, 1857 et ann. suiv., et réimpr. par l'abbé Migne en 4 vol. in-8 à 2 col. On y trouve, avec des traités dogmatiques de théologie, des Comment. sur Aristote, — sur l'Écriture, — sur le Maître des sentences (P. Lombard), des sermons, des écrits de controverse et même des poésies (surtout des Hymnes : Lauda, Sion; Adorate; Pange, lingua; Verbum supernum, etc.). Ses ouvrages principaux sont une Somme de la foi catholique contre les Gentils, et une Somme de théologie, longtemps classique : il y discute et résoud, sous la forme syllogistique, les principales questions de la théologie, de la philosophie et de la morale. Ce grand ouvrage a été trad.en franç. au dernier siècle par Marandé et Hauteville, et de nos jours, avec une louable émulation, par l'abbé Drioux (1852 et ann. suiv.), par l'abbé Écalle (1854), et par F. Lâchât (1856-61). Sans pouvoir exposer ici la doctrine théologique de S. Thomas, dont plusieurs points, surtout en ce qui concerne la grâce, ont donné lieu à des interprétations diverses, il suffira de dire qu'en Métaphysique, il était idéaliste; qu'en Morale, il admettait une distinction absolue entre le bien et le mal, et fondait le bien sur la nature de Dieu et non sur sa volonté arbitraire; enfin qu'il conciliait la liberté de l'homme avec la toute-puissance de Dieu, l'existence du mal avec sa bonté. Il eut pour adversaire Duns Scot, et l’École se partagea dès lors en deux sectes, les Thomistes et les Scotistes. Parmi les ouvrages écrits sur S. Thomas, on remarque la Summa philosophica, d'après S. Thomas, par Allemani, Paris, 1640; les Dissertationes de gestis et scriptis S. Thomæ, de Bern. de Rubeis, Venise, 1730; un Mém. sur S. Thomas, de L. Montat, 1847, et surtout la Philosophie de S. Thomas, de M. Ch. Jourdain, 1856, ouvrage couronné par l'Acad. des sciences morales. M. Bareille a écrit sa Vie, 1846.

THOMAS DE CATIMPRÉ, Thomas Catimpratensis, légendaire belge (1201-1270), d'abord moine augustin à l'abbaye de Catimpré (près de Cambray), puis dominicain, enseigna la théologie à Louvain, prêcha en Belgique, en France, en Allemagne. On a de lui plusieurs Vies de Saints et de Saintes (dans les Acta Sanctorum des Bollandistes), des poésies (en latin), et un livre de morale ascétique, Bonum universale de Apibus (publié par Colvener, Douai, 1597), où l'auteur, à l'exemple de l'abeille, extrait de la vie et des écrits de plusieurs saints personnages de sages préceptes qu'il adresse aux supérieurs et aux inférieurs.

THOMAS MAGISTER, moine grec du XIVe s., connu aussi sous le nom de Théodule, est auteur d'un recueil par ordre alphabétique des Élégances attiques, écrit en 1310, publié pour la 1re fois à Rome en 1517, et édité de nouveau en 1832, à Halle, par Fr. Ritschl, et à Leipsick par C. Jacobitz, 1833. On le trouve d'ordinaire avec Phrynichus Arrhabius.

THOMAS DE VILLENEUVE (S.), né vers 1487 à Fuenlana (diocèse de Léon), m. en 1555, professa d'abord aux universités d'Alcala et de Salamanque, entra en 1520 dans la congrégation des Augustins, se voua dès lors à la prédication et à la direction des âmes, fut promu malgré lui à l'archevêché de Valence, opéra dans son diocèse d'importantes réformes, et distribua aux pauvres la presque totalité des revenus de son siége. On le fête le 18 septembre.

THOMAS (Ant. Léonard), littérateur, né à Clermont-Ferrand en 1732, m. en 1785, travailla d'abord chez un procureur, puis fut professeur au collège de Beauvais (à Paris), commença en 1759 à se faire connaître par son poëme de Jumonville (1759), remporta cinq fois le prix d'éloquence à l'Académie française, en composant les Éloges du maréchal de Saxe (1759), de d'Aguesseau (1760), de Duguay Trouin (1761), de Sully (1763), de Descartes (1765), obtint aussi un prix de poésie (par son Ode sur le Temps, 1762), et fut admis à l'Académie française en 1767. Depuis cette époque, il publia encore l’Éloge de Marc-Aurèle (1770), qui fut fort peu goûté; un Essai sur les femmes (1772); enfin un Essai sur les éloges (1773), qu'on regarde comme son chef-d’œuvre. Ayant quitté de bonne heure la carrière de l'enseignement, il devint secrétaire du duc de Praslin, ministre des affaires étrangères, puis fut nommé secrétaire-interprète des cantons suisses, sinécure qui lui permit de se livrer à son goût pour les lettres. Il laissa en mourant plusieurs écrits, parmi lesquels on distingue, outre ses Lettres, la Pétréïde, poëme en l'honneur du czar Pierre le Grand, qui devait avoir 12 chants, mais dont 6 seulement étaient achevés. On ne peut refuser à cet écrivain de l'éloquence et un grand talent de style, mais on lui reproche de l'emphase et de la monotonie. Thomas était un modèle de vertus : il donna dans les circonstances difficiles les preuves d'une belle âme ; au risque de perdre la protection du duc de Praslin, il refusa d'entrer à l'Académie au détriment de Marmontel ; quoique fort gêné lui-même, il ouvrit souvent sa bourse aux écrivains malheureux. Il eut pour amis Marmontel, Delille, Chamfort, Ducis. Ses Œuvres ont été publiées par lui-même en 1773, 4 vol. in-8; et rééditées par Desessarts, 1802, 7 vol. in-8; par Belin, 1819, 2 vol. in-8 (édition compacte), et par St-Surin, 1825, 6 vol. in-8, avec une Notice.

THOMAS A KEMPIS, BECKET, MORUS. V. I. KEMPIS, etc.

THOMAS DE SAVOIE. V. SAVOIE et CARIGNAN (le pr. de).

THOMAS (CHRÉTIENS DE ST-). V. CHRÉTIENS.

THOMASIUS (Jacq.), philosophe, né à Leipsick en 1622, m. en 1684, enseigna pendant 40 ans la philosophie et l'éloquence à Leipsick, et compta Leibnitz au nombre de ses élèves. On a de lui : Origines historiæ philosophicæ et ecclesiasticæ (1665), De plagio litterario (1678), Philosophia practica tabulis comprehensa (1702), Hist. Atheismi (1713), et une foule de dissertations savantes. — Son fils Chrétien Th., savant jurisconsulte, né à Leipsick en 1655, m. en 1728, fut avocat, puis professeur de droit à Leipsick, choqua le clergé de cette ville par sa hardiesse et fut banni, se rendit à Halle, où il obtint la chaire de jurisprudence (1694), puis fut placé à la tête de l'université de cette ville. Il introduisit la langue vulgaire dans l'enseignement du droit (1687). On a de lui une foule d'ouvrages de jurisprudence, de droit naturel et de morale, parmi lesquels on remarque : Historia sapientiæ et stultitiæ, Halle, 1693 ; Institution divine, avec les Principes du droit naturel et du droit des gens, 1709 ; Maximes de prudence, 1744.

THOMASSIN, famille de graveurs distingués des XVIIe et XVIIIe s., a produit : Philippe, né à Troyes vers la fin du XVIe s., qui fut le maître de Cochin et de Callot ; on cite de lui une Adoration des rois, une Ste Famille d'après Zuccharo, et un recueil de portraits de souverains et de capitaines illustres ; — Simon Philippe, son neveu, qui a gravé la Transfiguration d'après Raphaël, S. Benoît en contemplation d'après Phil. de Champagne, ainsi que toutes les statues et bas-reliefs du parc et du château de Versailles ; — H. Simon, fils et élève du préc., 1688-1741, membre de l'Académie de peinture, graveur très-distingué, dont on remarque le Magnificat, d'après Jouvenet ; une Femme au bain, d'après Rubens ; Coriolan, d'après Lafosse ; les Disciples d'Emmaüs, d'après Paul Véronèse.

THOMASSIN (L.), oratorien, né à Aix en 1619, m. en 1695, professa les belles-lettres, la philosophie, la théologie à Pézénas, à Saumur, à Paris (à St-Magloire), puis se retira dans la maison de l'institut pour se livrer tout entier à la rédaction de ses ouvrages. Il avait d'abord donné dans le Jansénisme, mais il ne tarda pas à y renoncer. Il composa dans sa retraite divers ouvrages qui lui firent une grande réputation. Outre 17 Dissertations sur les conciles et des Mémoires sur la grâce qu'il avait composés pour concilier les Molinistes et les Jansénistes, mais qui avaient soulevé contre lui une partie du clergé, on a de ce savant Oratorien : Ancienne et nouvelle discipline de l'Église, 1678 et 79, 3 vol. in-fol. (trad. en latin par lui-même, 1688), ouvrage d'une science profonde, qui lui valut la bienveillance du pape Innocent XI ; Dogmata theologica, 1680-84 et 89, 3 v. in-fol., œuvre qui atteste l'étude approfondie des systèmes de philosophie de l'antiquité ; Traité des Fêtes de l'Église, 1681 ; Traité dogmatique et historique des édits et autres moyens dont on s'est servi pour établir et maintenir l'unité dans l'Église, 1703, espèce d'apologie de la révocation de l'édit de Nantes. On doit à M. l'abbé Lescœur une excellente thèse sur la Théodicée de Thomassin, 1852.

THOMERY, vge du dép. de Seine-et-Marne, sur la r. g. de la Seine, à 7 kil. E. de Fontainebleau ; 1200 hab.; station. Excellents raisins exportés en grande partie pour Paris : c'est de Thomery qu'est originaire le plant de vigne connu sous le nom de chasselas de Fontainebleau.

THOMIRE (Phil.), artiste en bronzes, né à Paris en 1751, m. en 1843, avait étudié la sculpture sous Pajou et Houdon. Il se livra presque exclusivement à la fabrication des bronzes, et éleva cette industrie jusqu'à l'art en y introduisant la pureté du dessin et les harmonieuses proportions de l'antique. Il reproduisit en bronze les plus beaux ouvrages de Roland, de Chaudé, de Pigalle, etc., et vit ses produits recherchés par tous les souverains de l'Europe.

THOMISTES. V. S. THOMAS D'AQUIN.

THOMPSON. V. THOMSON et RUMFORD.

THOMSON (James), poëte écossais, né en 1700à Ednam, près de Kelso (Roxburgh), m. en 1748, était fils d'un ministre presbytérien, et fut destiné à l'état ecclésiastique ; il y renonça sans adopter d'autre profession, vécut longtemps très-pauvre, commença sa réputation en 1726 en publiant son poëme des Saisons, vit dès lors sa position s'améliorer, voyagea sur le continent, de 1731 à 1734, avec le fils aîné du chancelier Talbot, obtint en 1738 une pension de 100 liv. sterl., et fut à la même époque nommé intendant des Iles sous le vent, sinécure qui ne l'obligea pas même à quitter l'Angleterre. On a de lui 3 poëmes didactiques : les Saisons, 1726-30; la Liberté, 1733 ; le Château de l'indolence, poëme allégorique, 1745 ; 3 tragédies : Sophoniste, 1729 ; Agamemnon, 1738 ; Tancrède et Sigismond, 1745, et des poésies diverses, parmi lesquelles, on remarque la Mort de Newton, et le fameux chant national Rule, Britannia. Son titre capital est son poëme des Saisons (publié d'abord par chants séparés : l'Hiver, 1726 ; l'Été, 1727 ; le Printemps, 1728 ; puis en entier en 1730, et qu'il retoucha constamment) : c'est sans contredit un des modèles du genre ; il brille à la fois par la fidélité des descriptions, la richesse des images, la variété, le sentiment. Ce poëme, imité par St-Lambert et Roucher, a été traduit en prose par Mme Bontemps (1759), par Deleuze (1801 et 1806), et mis en vers par J. Poullin (1802).

THOMSON (Thomas), chimiste écossais, membre de la Société royale de Londres et de celle d’Édimbourg, né en 1773, m. en 1852, professa la chimie à Édimbourg et à Glascow. Grand partisan de la théorie atomistique, il employa le premier les symboles pour exprimer la composition des produits chimiques. Il eut avec Berzélius une vive dispute sur la question des équivalents. On lui doit : Système de chimie et Principes de la chimie établis par les expériences, ouvrages traduits en français ; Chimie des corps organiques ; Histoire de la Chimie et une foule d'articles et de mémoires dans les Annales de Chimie et les Transactions philosophiques.

THOMYRIS, reine des Massagètes, marcha contre Cyrus qui avait envahi ses États, tailla son armée en pièces, le fit prisonnier lui-même et le mit à mort pour venger son fils que ce prince avait fait périr (529 av. J. C.). Hérodote raconte qu'elle lui fit couper la tête, et la plongea dans un vase, rempli de sang en s'écriant : « Rassasie-toi de ce sang dont tu fus si altéré. » Mais Xénophon fait mourir Cyrus paisiblement dans sa capitale et dans son lit.

THÔNES, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 13 k. E. S. E. d'Annecy ; 2605 h. Tanneries, moulins à soie. Près de là, belle chute d'eau de 30m de hauteur.

THONON, ch.-l. d'arr. (Hte-Savoie), sur la rive mérid. du lac de Genève, à 31 k. E. N. E. de Genève ; 5080 hab. Port sur le lac ; vue magnifique. Patrie d'Amédée IV. — Ville ancienne, détruite par les Bourguignons au Ve s., rebâtie par Rodolphe III; de nouveau détruite au XIVe s., par les Bernois. Sous l'empire français, elle fut un des ch.-lx d'arr. du dép. du Léman. Rendue au Piémont en 1815, elle fut la capit. du Chablais. Elle est revenue à la France en 1860.

THOPHAIL (Abou-Djafer-Ibn), philosophe et médecin arabe du XIIe s., né à Cordoue, m. à Séville en 1190, fut le maître d'Averroës. On a de lui un ouvrage intitulé : Hai-ebn-yakdan ou l'Homme de la Nature, publié par Pococke à Oxford, 1650, en arabe et en latin, sous le titre de Philosophus autodidactus : il y suppose un homme qui découvre par lui seul la vérité, et il y expose la doctrine de l'intuition des néoplatoniciens.

THOR, un des principaux dieux Scandinaves, le plus puissant des Ases, fils aîné d'Odin et de Frigga, était le dieu de la force, de l'air et du tonnerre. Thor habite Troudouangour (c,-à-d. Asile contre la peur), et dans ce pays imaginaire il a un palais composé de 450 salles. A la fin du monde, Thor tuera le grand serpent Jormeungandour, emblème du mal, mais il périra lui-même, asphyxié par la vapeur du venin de ce monstre. On le représentait avec les traits sévères de l'âge mur et une longue barbe, une massue ou un sceptre à la main, la couronne sur la tête, monté sur un char traîné par deux boucs. Le jeudi lui était consacré : le nom que porte encore actuellement ce jour dans quelques langues du Nord (en anglais, thursday) rappelle le sien.

THORDA, Thorenburg en allem., Salinæ des anciens, v. de Transylvanie (Pays des Hongrois), ch.-l. du comitat de Thorda, sur l'Aranyos, à 28 kil. S. E. de Klausenbourg ; 8000 hab. Aux env., mine de sel exploitée dès le temps des Romains et qui donne annuellement 240 000 quintaux. — Le comitat, entre ceux de Maros, Weissembourg, Klausenbourg, Doboka et la Galicie, a 180 kil. sur 50 et 160 000 hab. THORENS, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 12 k. N. E. d'Annecy; 2507 hab. Aux env., ruines du château de Sales, où naquit S. François de Sales.

THORIGNY, Augustodura, ch.-l. de c. (Manche), sur la Vire, à 13 kil. S. E. de St-Lô, 2082 hab. Jadis titre de vicomté. Restes du château des comtes de Matignon, qui passa depuis aux princes de Monaco. Grand commerce de volaille. Patrie de Brébeuf.

THORINS, vignoble renommé. V. ROMANÈCHE.

THORN, v. forte des États prussiens (Prusse propre), ch.-l. de cercle, sur la r. dr. de la Vistule, à 84 kil. S. de Marienwerder; 12 000 h. Trib., gymnase, bibliothèque. Savon renommé, draps et lainages, pain d'épice. Patrie de Copernic, auquel un monument a été élevé dans l'église St-Jean. — Anc. ville libre et impériale ; elle tomba dans la suite au pouvoir de l'Ordre teutonique. En 1466, il y fut conclu un traité de paix, par lequel cet ordre se reconnaissait vassal de la Pologne. Prise par Charles-Gustave en 1655 et par Charles XII en 1703; attribuée à la Prusse en 1793, lors du 2e démembrement de la Pologne.

THORNHILL (James), peintre anglais, peintre d'histoire de la reine Anne, né à Weymouth en 1676, m. en 1734, a peint l'Histoire de S. Paul dans le dôme de la cathédrale de Londres, et exécuté les peintures du réfectoire et du salon de Greenwich. Il réussit aussi dans le paysage et le portrait. Cet artiste a de l'imagination, un bon goût de dessin, un pinceau ferme et hardi ; mais il manque de correction. Hogarth avait épousé sa fille.

THORSHAVN, ch.-l. de l'île de Stromœ et de tout l'archipel des îles Færoë; env. 500 hab. Bon port.

THORWALDSEN (Barthélemy), sculpteur danois, né en 1769, m. en 1844, était fils d'un pauvre marin de Copenhague qui sculptait des figures en bois pour la proue des navires. Doué d'un talent précoce, il fut envoyé à Rome, fit dans cette ville de longs et fréquents séjours, et revint passer ses dernières années dans sa patrie, où il fut comblé d'honneurs. Son coup d'essai fut une statue colossale de Jason, qui fit sensation; suivirent Mars, les Trois Grâces, les Muses, Apollon, Mercure, Adonis, les Douze Apôtres (à Notre-Dame de Copenhague), qui lui firent une réputation universelle. On recourait à son ciseau de toutes les parties de l'Europe : ainsi il exécuta pour Rome le Tombeau de Pie VII, pour Varsovie la statue équestre de Poniatowski, pour Mayence le monument de Gutenberg, etc. On a de lui une foule de bas-reliefs, entre autres Achille à qui l'on enlève Briséis, Bacchus donnant à boire à l'Amour, l'Amour éveillant Psyché, enfin l'Entrée d'Alexandre à Babylone, vaste série entreprise par ordre de Napoléon I. Il était associé de l'institut. Thorwaldsen se distingue surtout par la pureté du style et la fidèle représentation des caractères, des temps et des lieux. Il a fondé un musée à Copenhague et a légué à cet établissement son immense fortune.

THOTH, dieu égyptien, présidait à la parole, à l'écriture, aux sciences, aux arts. Les Égyptiens lui attribuaient toutes les inventions. Il existait sous son nom 42 livres sacrés, confiés aux prêtres seuls, qui contenaient toute l'encyclopédie religieuse et scientifique des premiers temps de l’Égypte. Ce dieu était représenté tantôt avec la tête de l'ibis, tantôt avec celle du cynoscéphale. Il règne, du reste, une profonde obscurité sur Thoth. Il est pour quelques-uns l'Hermès ou Mercure des Grecs, ou l'Hermès Trismégiste des alchimistes. V. ce nom.

THOU (Jacq. Aug. de), historien, né à Paris en 1553, d'une famille de robe originaire d'Orléans, m. en 1617, était le 3e fils de Christophe de Thou, 1er président au parlement de Paris. Destiné d'abord à l'Église, il se livra ensuite à l'étude du droit, et eut pour maîtres Cujas et Hotman. Il accompagna en 1573 Paul de Foix, ambassadeur en Italie, et conçut dès lors le projet de son histoire. Nommé à 24 ans conseiller-clerc au parlement de Paris, il fit partie en 1581 d'une commission parlementaire formée à Bordeaux : dans cette ville, il connut le prince de Condé, le roi de Navarre et Montaigne. Henri III le chargea de quelques missions en Picardie et en Normandie, le fit ensuite conseiller d'État, l'appela au parlement, transféré à Tours, où il exerça la présidence, puis l'envoya en Allemagne et en Italie avec Schomberg, pour y solliciter des secours d'hommes et d'argent (1589). De retour en France, il suivit la fortune d'Henri IV, dont il possédait la confiance, fut chargé de préparer l'édit de Nantes, et s'opposa avec d'autres magistrats à l'admission en France de certaines dispositions du concile de Trente contraires aux libertés de l’Église gallicane. Lors de la retraite de son beau-frère, Achille de Harlay (1611), il ne put obtenir du nouveau roi (Louis XIII) la place de 1er président du parlement de Paris, qui lui avait été promise sous le règne précédent : on essaya de le dédommager en le nommant un des trois directeurs des finances qui remplacèrent Sully; mais il ne put se consoler de cette injustice. On doit à de Thou un grand ouvrage historique en 138 livres, rédigé en latin : Historia mei temporis (allant de 1543 à 1607). Il en avait donné une 1re partie en 1604, mais la publication n'était pas achevée à sa mort. Ce grand ouvrage, qui embrasse l'histoire de l'Europe presque entière, fait autorité, surtout pour ce qui regarde la France. En effet de Thou possède au plus haut degré les qualités de l'historien : souvent témoin oculaire et quelquefois acteur, il avait appris infiniment, soit par les hommes illustres avec lesquels il était en relation, soit par les pièces officielles; le récit des faits est accompagné de réflexions aussi nobles que judicieuses ; on admire également la beauté du style. Cependant, la liberté avec laquelle l'auteur parle du clergé et son indulgence pour les Protestants firent soupçonner son orthodoxie, et son Histoire fut condamnée à Rome. De Thou a laissé des Poésies latines, qui sont estimées, entre autres un poëme De re accipitraria. La seule édition complète de ses Œuvres est celle que Thomas Carte donna à Londres en 1733, en 7 v. in-f., qui contient, outre l’Histoire proprement dite, les Mémoires de sa vie de 1553 à 1601 (rédigés par lui-même ou par N. Rigault, son ami), des Lettres et morceaux divers, et enfin un Supplément de Rigault, qui va de 1607 à la mort d'Henri IV. L’Histoire a été traduite du latin en français par Lemascrier, Adam, Lebeau, Desfontaines et Leduc : cette trad., publiée en 1734, ne forme pas moins de 16 v. in-4. On doit à MM. Patin et Phil. Chasles des Éloges de De Thou, qui ont partagé le prix à l'Académie française en 1824.

THOU (Fr. Aug. de), fils du préc., né à Paris vers 1607, fut conseiller au parlement, maître des requêtes, puis conseiller d’État. Protégé d'abord par Richelieu, il paraissait destiné au plus brillant avenir; mais il eut le malheur de s'attirer l'animosité du cardinal en entretenant une correspondance imprudente avec la duchesse de Chevreuse, alors exilée, correspondance qui fut surprise, et par ses liaisons avec les ennemis de son ancien protecteur, notamment avec Cinq-Mars, dont il favorisa le complot, sans toutefois approuver le traité signé par Fontrailles avec l'Espagne. Cinq-Mars eut la faiblesse de le charger dans ses révélations, croyant ainsi mériter sa propre grâce. De Thou, rapidement jugé et condamné, fut exécuté aussitôt à Lyon, avec Cinq-Mars. Son seul crime était de n'avoir pas révélé le complot (1642).

THOUARCÉ, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 28 k. S. d'Angers; 1706 hab. Vins, grains, houille.

THOUARS, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), sur le Thouet, à 29 kil. N. E. de Bressuire; 2573 hab. Collége. Beau château sur un rocher et qui sert auj. de caserne; église St-Médard, tour de St-Laon. — Prise en 758 par Pépin le Bref, qui en fit sa place d'armes, Thouars devint au IXe s. la capitale d'une vicomté, créée par les comtes de Poitou, dont les possesseurs se rendirent bientôt indépendants et s'allièrent tantôt aux rois de France, tantôt aux rois d'Angleterre. Ce fut une des plus fortes places du Poitou sous les Anglais. Prise par Duguesclin en 1372, elle fut au XVIe s. érigée en duché-pairie en faveur des la Trémoille. Elle fut occupée par les Vendéens en 1793, et par H. de Larochejaquelein en 1815.

THOUET (le), Thoacis, riv. de France, naît dans le dép. des Deux-Sèvres, à 2 kil. N. E. de Beugnon, baigne Secondigny, Parthenay, Thouars, entre dans le dép. de Maine-et-Loire, arrose Montreuil-Bellay, reçoit la Dive, l'Argenton, et tombe dans la Loire au-dessous de St-Florent, après un cours de 120 kil.

THOUIN (André), professeur de culture au Jardin des plantes, né en 1747, m. en 1823, était fils d'un jardinier de cet établissement. Il devint lui-même jardinier en chef (1764), agrandit l'école botanique du Jardin, s'occupa d'acclimater en France les plantes exotiques, et fit dans ce but divers voyages. Il fut professeur d'économie rurale aux Écoles normales et membre de l'Institut dès sa fondation. On a de lui un Essai sur l'économie rurale (1805), une Monographie des greffes (1821), un Cours d'agriculture et de naturalisation des végétaux (1827).

THOULOUNIDES, dynastie turcomane qui a régné en Égypte de 869 à 905, tirait son nom de Thouloun, de la tribu des Oïgours, esclave du calife Al-Mamoun, et père d'Achmet, qui, nommé gouverneur de l’Égypte, s'y rendit indépendant.

THOUN, v. et lac de Suisse. V. THUN.

THOURET (Jacq. Guill.), membre de l'Assemblée constituante, né à Pont-l'Évèque en 1746, était avocat au parlement de Rouen; fut député en 1789 aux états généraux par le tiers état de Rouen; fut élu président de l'Assemblée et rapporteur du comité de Constitution; devint plus tard président du tribunal de cassation, et périt sur l’échafaud le 22 avril 1794. On a publié de lui un Abrégé des révolutions de l'ancien gouvernement français (extrait de Dubos et de Mably), 1800, et des Tableaux chronologiques de l'histoire ancienne et moderne (1821). — Son frère, Aug. Thouret (1748-1810), médecin distingué, remplit plusieurs missions importantes, et devint professeur et directeur de l'École de médecine lors de sa réorganisation. Il se signala comme partisan de la vaccine et comme adversaire de Mesmer, notamment dans ses Recherches et doutes sur le magnétisme animal (1784).

THOUROUT, v. de Belgique (Flandre occid.), à 18 kil. S. O. de Bruges; 8500 h. Anc. abbaye, fondée par Dagobert. Industrie, linières, tanneries, distilleries.

THOUS, anc. capit. du Khoraçan, sur le Thous, affluent de la mer Caspienne, fut détruite par les Tartares ; on en voit les restes près de Mesched. Cette ville, très-florissante sous les califes, est la patrie d'Al-Cazel. C'est là que mourut Haroun-al-Raschid.

THOUTMOSIS, nom de trois rois égyptiens de la 18e dynastie, qui régnèrent du XXe au XVIIe s. av. J.-C. Thoutmosis I, fils de Misphragmoutosis, acheva l'expulsion des Hycsos, commencée par son père, et régna env. 12 ans. Thoutmosis III fut un roi conquérant : il porta ses armes jusqu'à Babylone et Ninive.

THOUVENEL (Pierre), médecin, né en Lorraine en 1747, m. en 1815, mit en réputation les eaux de Contrexeville, y fonda à ses frais un établissement, et fut nommé inspecteur des eaux minérales de France. Grand partisan de l'hydrocospie, il publia sur ce sujet plusieurs ouvrages, entre autres : Mémoire physique et médicinal sur les rapports qui existent entre la baguette divinatoire, le magnétisme et l'électricité (Paris, 1791), et Mémoire sur l'électricité organique et minéralogique (1790).

THOUVENEL (Édouard-Antoine), homme politique français, né à Verdun en 1818; se fit remarquer en 1840 par une relation de voyage (la Hongrie et la Valachie, in-8); occupa différents postes diplomatiques, particulièrement à Constantinople (1855) ; devint ministre des affaires étrangères (1860-62), et se fit remarquer par son habileté, son énergie et le talent qu'il montra dans ses circulaires diplomatiques. Il était grand référendaire du Sénat quand il mourut, en 1866.

THRACE, Thracia, auj. partie N. E. de la Roumélie; grande région de l'Europe ancienne, dont l'étendue a souvent varié. On lui donne généralement pour bornes au N. le Danube, à l'E. le Pont-Euxin et le Bosphore de Thrace, au S. la mer Égée et la Propontide, au S. O. la Macédoine. On y trouvait le mont Hémus au N. O., le Rhodope au S. O., et plusieurs fleuves, l'Hèbre, le Nestus, le Strymon. Habitée par une foule de peuplades diverses, la Thrace n'offrait que des divisions vagues : on y distinguait la Chalcidique, (attribuée quelquefois à la Macédoine), l'Édonide, la Bisaltie, la Sintique, la Bessique, l'Odomantique, la Bistonide, la Ciconide, l'Odrysiade, l'Astique, le pays des Triballos. Il y avait sur le littoral beaucoup de villes grecques, soit libres, soit soumises à quelque métropole (Amphipolis, Cardie, Périnthe, Sélymbrie, Byzance, Abdère, etc.) La Thrace était un pays montagneux et froid ; elle fournissait d'excellents chevaux. Ses habitants passaient pour braves, mais farouches et ivrognes. Ils avaient très-peu de villes à l'intérieur. L'agriculture était à peu près nulle chez eux; ils vivaient de la chair de leurs troupeaux et de rapines. Les villes grecques commerçantes de la côte tiraient de l'intérieur du bétail, des bois, des pelleteries, des esclaves. Le culte des Thraces était varié : Bendis (déesse analogue à Diane) et Cotytto étaient leurs grandes divinités; ils adoraient aussi un dieu de la guerre nommé Sabaz, qu'on croit le même que Bacchus ; ils reconnaissaient pour législateur Zamolxis. C'est chez eux que les mystères des Grecs semblent être nés. — La Thrace fut de bonne heure peuplée par des émigrations de peuples analogues aux Pélasges, qui, venus du N. E., franchirent le Danube. Il y a lieu de croire qu'elle avait été quelque temps civilisée (c'est là que la Fable place Linus, Orphée, Thamyris, etc.), mais elle retomba ensuite dans la barbarie. Au Ve s. av. J.-C. elle subit en partie la domination persane : plusieurs princes, tributaires du grand roi, y régnaient simultanément. A l'avénement de Philippe II, roi de Macédoine, en 360, le roi des Odryses était le plus puissant de ces princes (V. ODRYSES), mais son royaume tomba en dissolution après la mort de Cotys I (356), et surtout de Chersoblepte (345). La Thrace devint en quelque sorte une province macédonienne sous Philippe et sous Alexandre; à la mort du dernier, elle échut à Lysimaque (323), qui y prit le titre de roi vers 307. Après lui, ce pays passa aux mains de Séleucus, vainqueur de Lysimaque (282), puis de Ptolémée Céraune (281). La Thrace eut ensuite des rois indigènes fort obscurs (depuis 277 av. J.-C.); elle fut enfin réduite en province romaine en 46, sous Claude.

THRACE (BOSPHORE DE), auj. Canal de Constantinople, détroit situé entre le Pont-Euxin et la Propontide, sépare la Thrace de l'Asie-Mineure. V. BOSPHORE.

THRACE (CHERSONÈSE DE). V. CHERSONÈSE,

THRACE (Diocèse de), une des grandes divisions de l'empire d'Orient. V. l'art. Romain (Empire).

THRASÉAS (L. PÆTUS), sénateur romain, né à Padoue au commencement du 1er siècle, était stoïcien. Il parcourut d'abord la carrière des honneurs militaires, et mérita par ses vertus l'estime publique. Gendre de Pætus et d'Arria, il s'efforça en vain de détourner celle-ci de mourir avec son époux, compromis dans la conspiration de Scribonius contre Claude. Il protesta contre la tyrannie de Néron en s'abstenant presque complètement de prendre part aux délibérations du sénat; il refusa d'entendre jusqu'au bout la lettre apologétique adressée par l'empereur au sénat après le meurtre d'Agrippine. Dénoncé comme ayant refusé d'assister à l'apothéose de Poppée, il fut condamné à mort par le sénat; il se fit ouvrir les veines, et subit le trépas avec courage, en 66. Sa femme, imitant l'exemple de sa mère Arria, ne voulut pas lui survivre. Domitien fit mettre à mort Arulénus pour avoir écrit l'éloge de Thraséas.

THRASYBULE, général athénien, eut une part essentielle à la révolution qui renversa les Quatre-Cents et qui rappela de l'exil Alcibiade, aida au gain de la bataille de Cyzique, 410 av. J.-C., fut battu devant Éphèse (408), mais réussit à soumettre la côte de la Thrace, fut chargé, lors de la bataille des Arginuses, de rendre les derniers devoirs aux Athéniens morts, se réfugia à Thèbes après l'établissement des 30 tyrans à Athènes, y devint le chef des bannis, rentra avec eux à main armée dans sa patrie (403), reconstitua la démocratie, fit décréter une loi d'amnistie, rendit quelque indépendance à Athènes et l'entraîna dans l'alliance de Thèbes contre Sparte (395), commanda dans cette guerre la flotte destinée a soumettre les îles de la mer Égée ainsi que les villes grecques de la Thrace et de l'Asie-Mineure, mit Méthymne en état de blocus, imposa une contribution de guerre à la ville d'Aspende en Cilicie, mais fut tué dans une sortie nocturne que firent les habitants de cette place (390). Cornélius Népos a écrit sa Vie.

THRASYLLE, de Phlionte, musicien et philosophe platonicien du 1er s. de notre ère, était partisan exclusif de la musique ancienne et ennemi des raffinements modernes. Il s'adonna aussi à l'astrologie et fut en faveur, à titre d'astrologue, près d'Auguste et de Tibère. — Son fils, aussi astrologue, prédit à Néron qu'il serait empereur.

THRONIUM, v. de l'anc. Grèce, capitale de la Locride épicnémidienne, vers le centre du pays.

THSIN-CHI-HOANG-TI, empereur chinois, le 1er de la dynastie des Thsin, hérita en 247 av. J.-C. du seul roy. de Thsin, réussit à réunir en une seule monarchie tous les royaumes qui existaient en Chine, fit construire des canaux, des routes, de beaux édifices, extermina en partie les Hiong-nou (Huns) et autres barbares, et mourut en 210. Ce prince fit, dit-on, brûler tous les livres historiques pour imposer silence aux grands qui, s'appuyant sur ces livres, réclamaient sans cesse des droits anciens.

THUCYDIDE, Thucydides, célèbre historien grec, d'Athènes, né vers 471 av. J.-C. d'une famille riche et considérable, m. vers 395 ou plutôt vers 402, entendit à 15 ans la lecture de l'ouvrage d'Hérodote aux jeux olympiques, et désira dès lors marcher sur les traces de cet historien. Il servit pendant la guerre du Péloponèse, fut chargé de secourir Amphipolis et Eïon (424), mais ne put sauver la première de ces places et fut puni par le bannissement (423). Son exil dura 20 ans : il en passa la plus grande partie en Thrace, à Scapté-Hylé, où il possédait des mines d'or, et s'occupa de rassembler à loisir les matériaux de son histoire. Thucydide a laissé une Histoire de la guerre du Péloponèse, en 8 livres; malheureusement, cet ouvrage n'est pas complet: l'auteur s'arrête à l'an 411, et le dernier livre paraît n'être qu'une esquisse. Telle qu'elle est cependant, l’Histoire de Thucydide est un des chefs-d'œuvre de l'antiquité : l'auteur s'y montre militaire et politique consommé. Instruit, impartial, judicieux, méthodique, il démêle habilement les causes, les ressorts, les conséquences des événements; son style est serré, vigoureux; ses discours sont admirables de logique. Démosthènes prit Thucydide pour modèle, et copia 8 fois de suite ses ouvrages. Les seuls reproches qu'on puisse faire à ce grand historien, c'est un peu de roideur, de sécheresse et d'obscurité; en outre, l'intérêt du récit est refroidi par la division monotone des événements en périodes régulières d’été et d’hiver. Thucydide a été édité et traduit dans tous les pays de l'Europe; les meilleures éditions sont celles d'Hudson, Oxford, 1696; de Duker avec les notes d'Hudson, Amst., 1731 ; de Gail, avec un volumineux commentaire, Paris, 1807; de Bekker , Oxford, 1824; de Poppo, Leips., 1821-40; de Bothe, Leips., 1848; de M. Haase, dans la collection Didot. On estime les trad. de Ch. Lévesque, 1795, reproduite par Gail dans son édition; d'Amb. Firmin Didot, 1833: de Zévort, 1854, de Bétant, 1863. On doit à ce dernier un Lexicon thucydideum, 1855, et à M. J. Girard un Essai sur Thucydide, couronné par l'Académie française (1860).

THUEYTS, ch.-l. de c. (Ardèche), à 26 kil. N. O. de l'Argentière ; 2910 hab. Lainages. Eaux minérales.

THUGS ou ÉTRANGLEURS, associations d'assassins de l'Hindoustan, adorent Kâli, déesse du mal et de la mort, et immolent à leurs dieux, en les étranglant, tous les étrangers qu'ils rencontrent. Les Anglais en ont détruit un grand nombre.

THUGUT (Franç.), ministre autrichien, né à Lintz en 1739, m. en 1818, était fils d'un batelier. Il remplit diverses missions, notamment à Constantinople, en France et à Naples, fut ambassadeur d'Autriche en Pologne (1780), administrateur général de la Valachie et de la Moldavie en 1788, revint à Vienne après la mort de Léopold II, détermina le nouvel empereur, François II, à entrer dans la coalition contre la France, dirigea depuis ce temps toute la politique autrichienne, et devint en 1794 premier ministre. Il se montra toujours fort opposé à la France : une des conditions secrètes du traité de Campo-Formio fut son éloignement.

THUILLIER (dom Vincent), bénédictin de la Congrégation de St-Maur, né à Coucy près de Laon en 1685, m. en 1735, fut sous-prieur de son ordre. Adversaire de la constitution Unigenitus, il se signala d'abord comme appelant, mais il revint ensuite à des idées plus modérées et retira son appel. Il avait rédigé une Histoire de la bulle Unigenitus, qui est restée manuscrite. On lui doit une trad. latine du Traité d'Origène contre Celse et une traduction française de Polybe (avec des commentaires par Folard).

THUILLIER (J. L.), botaniste, 1757-1822, fut d'abord jardinier au Jardin des Plantes de Paris, se fit une réputation par son habileté à préparer les herbiers, et fut, lors de la création des Écoles centrales, nommé professeur de botanique rurale à Paris. Il a publié une Flore des environs de Paris, 1790.

THUIN, v. de Belgique (Hainaut), sur la Sambre, à 15 kil. S. O. de Charleroi; 8000 hab. Draps communs, lainages. Fondée au Xe s., cette ville fut prise par Charles le Téméraire en 1466; assiégée inutilement par le maréchal de Lorges en 1654, et prise par Marceau sur les Autrichiens en 1793.

THUIR, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orient.), sur le Tet, à 15 kil. S. O. de Perpignan; 2384 hab. Huile, eau-de-vie; élève d'abeilles.

THUISTON, dieu des Celtes et des Germains analogue à Pluton, fils de la Terre, poliça les Germains, établit parmi eux des cérémonies religieuses, et fut après sa mort mis au rang des dieux.

THULÉ, île ou terre qui était le point le plus septentrional que connussent les anciens. On balance entre les îles Shetland, les Fœroé, les côtes ou îles du Danemark, et le S. O. de la Norvège. La 1re opinion est la plus probable. — On a nommé Thulé australe l'île la plus mérid. de l'archipel Sandwich, par 59° 34' lat. S., 27° 45' long. O.

THUN, v. de Suisse (Berne), sur l'Aar, près de sa sortie du lac de Thun, à 24 kil. S. E. de Berne; 6000 hab. École militaire fédérale, bibliothèque, archives; château. — Le lac de Thun est traversé par l'Aar, qui le met en communication avec celui de Brienz; 18 kil. sur 4. Bords pittoresques.

THUNBERG (Ch. Pierre), botaniste et voyageur suédois, élève de Linné, fut envoyé en 1772 au Japon par la Compagnie hollandaise pour étudier les productions du pays, visita aussi Ceylan, revint en Europe en 1778 avec de précieux trésors scientifiques et fut nommé professeur de botanique à Upsal. Il mourut en 1798. On a de lui : Flora japonica (1784); Voyage au Japon par le cap de Bonne-Espérance, trad. par Langlès (1796).

THUR (la), riv. de Suisse , naît dans le canton de St-Gall, arrose ensuite celui de Thurgovie (auquel elle donne son nom), puis celui de Zurich, reçoit la Sitter, puis la Murg, et se jette dans le Rhin, par la r. g., après un cours de 100 kil.

THURGOVIE (Canton de), Thurgau en allem., le 17e canton de la Confédération helvétique, a pour bornes au N. le duché de Bade, au S. le cant. de St-Gall, et est arrosé par la Thur, d'où, son nom; 700 k. carrés; 90 000 h. (dont un quart Catholiques, le reste Réformés) ; capit., Frauenfeld. Montagnes peu élevées; plusieurs lacs (celui de Constance y forme limite à l'E.); climat doux, sain; sol fertile, grains, vin; beaux vergers, forêts, bétail. Toiles, mousselines, soieries. Le gouvernement, mélange d'aristocratie et de démocratie, est composé d'un Grand-Conseil (de 100 membres), élu pour 2 ans par le peuple, et d'un Petit-Conseil (de 9), choisi par le Grand-Conseil et chargé du pouvoir exécutif. — Jadis habitée par les Tigurini, cette contrée, après diverses vicissitudes, forma un landgraviat qui fut possédé par la maison de Zæhringen, puis par les comtes de Kybourg;. En 1400, la Thurgovie devint sujette des cantons suisses; elle fut érigée en canton indépendant après la révolution de 1798.

THURINGE, anc. contrée de l'Allemagne centrale qui a souvent changé de limites, occupait la Haute-Saxe (Saxe-Cobourg, S.-Gotha, S.-Meiningen, S.- Weimar, etc.), et tirait son nom des Thurs ou Thuringii, qui, chassés des sources du Mein par les Suèves, vinrent habiter entre l'Elbe et le Weser, dans les montagnes qui ont conservé le nom de Thuringerwald. Le nom de Thuringe a successivement désigné un royaume, deux duchés, un comté, un margraviat, un landgraviat.

Royaume de Thuringe. Il comprenait, outre la Thuringe moderne (ou cercle de Thuringe), la Hesse, le Harz, le pays de Brunswick et l'Osterland; il s'étendit même jusqu'au Rhin, au Danube et près de l'Elbe : la Saale y coulait ; Scheidingen (qui n'est plus qu'un village), sur l'Unstrutt, et Erfurt en étaient les villes principales. Limites : la Saxe (barbare) au N., diverses peuplades slaves à l'E., l'Austrasie à l'O. (la Fulde formait la séparation). Ce royaume n'exista que de 456 à 527 ou 531. Parmi ses rois on nomme Meerwig (le fondateur), Basin (qui reçut Childéric à sa cour), et les 3 fils de Basin, qui, par leurs divisions, amenèrent la ruine du royaume. Hermanfroi, le dernier, fut tué à Tolbiac par Thierri I, roi d'Austrasie (530), qu'il avait appelé à son secours, mais à qui il refusait la récompense convenue. Thierri I ne put garder tout le pays conquis : le Harz, le Brunswick et l'Osterland (qui n'avaient pas encore ces noms) formèrent une Thuringe septentrionale ou Thuringe saxonne, qu'on appela Ostphalie; le reste fut la Thuringe méridionale, dite aussi Thuringe austrasienne, ou franque ou Franconie, enfin Thuringe propre.

Duchés de Thuringe. Il y eut un 1er duché de Thuringe de 630 à 717, et un 2e de 849 à 919. La 1re fois il faisait partie du roy. ou de la république d'Austrasie; la 2e il appartenait au roy. de Germanie. Parmi les ducs du 2e duché (dit aussi Franconie), on remarque Conrad de Hesse (père de Conrad I, roi d'Allemagne), Othon l'Illustre (père de Henri l'Oiseleur), et Henri l'Oiseleur lui-même, qui réunit le duché à la couronne. Ce duché, qui répond à la Thuringe austrasienne (Thuringe moderne et Hesse), comprenait les comtés de Weimar, Mansfeld, Schwarzbourg, Gleichen. — Le margraviat, le landgraviat et le comté ne prirent naissance que plus tard; le 1er, formé en 960, s'éteignit en 1090, le 2e et le 3e se réunirent en 1130 et eurent une existence commune jusqu'en 1247. Le margraviat n'était autre chose que l'Osterland ; après avoir eu divers maîtres, il appartint aux margraves de Misnie (de la 1re maison de Brunswick), puis aux Nordheim (d'où il passa aux Supplenbourg, puis aux Welfs), et entra enfin dans la maison de Wettin : dans ces changements, son nom disparut. — Le landgraviat de Thuringe (qui contenait presque toute la Thuringe moderne et la Hesse) appartenait à la maison de Winzenbourg. Hermann de Winzenbourg ayant été proscrit en 1130 pour un crime qu'il avait commis, son fief passa à Louis III, déjà comte de Thuringe, qui fut ainsi à la fois landgrave fit comte. — Le comté, qui avait pour ch.-l. Sangerhausen, date de l'an 1039; il appartenait à une maison carlovingienne, issue de Charles de Lorraine (qu'avait dépossédé Hugues Capet) et qui se divisa en deux lignes, celle des landgraves, laquelle s'éteignit en 1247 dans la personne de l'anti-empereur Henri le Raspon, et celle de Hohnstein, qui n'a fini qu'au XVIe s. A la mort de Henri le Raspon, le landgraviat-comté fut partagé ainsi qu'il suit : les alleux (formant la Hesse) passèrent à Henri de Brabant, dit l'Enfant, qui prit le titre de landgrave de Hesse; le reste fut donné aux margraves de Misnie de la maison de Wettin (plus tard électeurs de Saxe), et forma la Thuringe moderne.

La Thuringe moderne, formée du landgraviat-comté de Thuringe, appartint jusqu'en 1814 au roy. (jadis électorat) de Saxe; elle comprenait les 13 bailliages de Tennstadt, Pforta, Tautenbourg, Treffurt, Weissenfels, Freyburg, Eckartsberga, Sangerhausen, Saxenbourg, Weissensee, Langensalza, Wendelstein, Sittichenbach. Réunis à la principauté de Mersebourg et à la partie saxonne, du comté de Mansfeld, tous ces pays formaient le Cercle de Thuringe dans l'électorat de Saxe. Ils furent enlevés au roi de Saxe en 1814 et 1815 et donnés à la Prusse : ils forment la plus grande partie de la régence d'Erfurdt et la partie S. O. de la régence de Mersebourg.

THURINGERWALD, c.-à-d. Forêt de Thuringe, chaîne de montagnes, boisées de l'anc. Thuringe, auj. dans les duchés de Saxe, de Hesse-Cassel et la principauté de Schwartzbourg-Rudolstadt, commence à la source de la Werra et se termine près d'Eisenach; elle a 80 k. de long. Ses plus hauts sommets , le Schneekopf et le Behrberg, ne dépassent pas 1000m.

THURIUM, Torre Brodognato, v. grecque de Lucanie, sur la frontière du Brutium, bâtie l'an 444 av. J.-C., à l'aide d'une colonie d'Athéniens, près des ruines de Sybaris. Attaquée par les Lucaniens en 286 avant J.-C., elle se soumit aux Romains, qui la délivrèrent (282). Elle reçut en 194 av. J.-C. une colonie romaine et prit le nom de Copiæ. V. SYBARIS.

THURLOE (John), homme d’État anglais, né en 1616 dans le comté d'Essex, m. en 1668, fut secrétaire des commissaires du parlement au traité d'Uxbridge, conclu avec Charles I, puis ambassadeur près des Provinces-Unies, 1651, fit partie du cabinet de 1652 à 1657, et enfin du conseil de Cromwell. C'est lui qui découvrit le complot royaliste de Harrison. Après le retour de Charles II, il fut mis quelque temps en prison pour crime de haute trahison; depuis il vécut dans la retraite; Clarendon le consultait souvent sur les affaires. On a de Thurloe une collection d'une haute importance, intitulée Papiers d'État (Londres, 1742, 7 vol. in-fol.), qui renferme de précieux documents sur les affaires de l'Europe sous Cromwell.

THURNMAIER (J.), historien. V. AVENTIN.

THUROCS (Comitat de), un des comitats de la Hongrie, dans le cercle en deçà du Danube, entre ceux de Trentsin au N. O., d'Arva au N. E., de Liptau à l'E., de Sohl au S. E., de Bars au S. et de Neutra au S. O. ; 53 kil. sur 22; 65 000 hab.; ch.-l., St-Marton. Il prend son nom de la riv. de Thurocs qui le traverse. Il a été réuni au comitat d'Arva en 1853.

THUROT (Franç.), fameux corsaire, né en 1727 à Nuits, m. en 1760, prit d'abord du service comme chirurgien à bord d'un corsaire à Dunkerque, s'engagea ensuite comme matelot, devint pilote, puis capitaine, fit de riches prises, reçut le commandement d'une frégate du gouvernement, prit en une seule campagne 60 navires de commerce, se couvrit de gloire à la tête de 4 frégates et corvettes, en 1757 et 58, opéra en 1759 un débarquement en Irlande et prit la place de Carrik-Fergus; il ramenait la garnison captive en France, quand il fut attaqué par trois frégates anglaises (20 janv. 1760); il périt glorieusement dans le combat.

THUROT (J. Franç.), helléniste, né en 1768 à Issoudun, m. en 1832, fut depuis 1811 professeur-adjoint de philosophie à la Faculté de Paris, où il suppléa Laromiguière, puis professeur de grec au collége de France (1824). On a de lui des traductions estimées de l’Hermès ou Grammaire universelle de Harris (1798); de la Morale et de la Politique d'Aristote (1823), ainsi que de divers Dialogues de Platon, et un traité de l'Entendement et de la Raison (1830).

THURY. V. HÉRICART et HARCOURT.

THYADES, de thyein, immoler, nom qu'on donnait quelquefois aux Bacchantes, parce que dans leurs transports elles massacraient souvent ceux qui s’offraient à leurs regards. (V. AGAVÉ, PENTHÉE.)

THYATIRE, auj. Ak-Hissar, v. de Lydie, au N., près de la Mysie, sur le Lycus, fut une des premières villes qui comptèrent des chrétiens. S. Paul a écrit une épître aux fidèles de Thyatire.

THYESTE, fils de Pélops et d'Hippodamie, et frère puîné d'Atrée, roi d'Argos, séduisit sa belle-sœur Europe et en eut plusieurs enfants. Atrée ayant découvert leur commerce adultère, Thyeste s'enfuit en Épire. Cependant il revint bientôt en Argolide à la prière d'Atrée, qui feignit de se réconcilier avec lui; mais, dans le festin qui signalait leur réconciliation, Atrée fit manger à Thyeste les chairs des fils dont Europe l'avait rendu père, puis il lui révéla tout. Thyeste éleva pour la vengeance Égisthe, fils né d'un commerce incestueux qu'il avait eu avec Pélopée, et, quand ce fils fut devenu grand, il l'envoya sous un faux nom auprès d'Atrée, qu'il ne tarda point à mettre à mort. Thyeste alors occupa le trône d'Argos; mais Agamemnon et Ménélas l'en chassèrent, et il alla mourir dans l'île de Cythère.

THYMBRÉE, Thymbrium, lieu de la Phrygie, au S. E. d'Ipsus, où Crésus fut battu par Cyrus (548 av. J.-C). — V. de Troade, où Apollon avait un temple célèbre, ce qui le fait appeler Thymbræus : c'est dans ce temple qu'Achille fut tué par Pâris.

THYNES, peuple thrace, qui s'établit en Asie-Mineure et donna son nom à la Bithynie. V. BITHYNIE.

THYRÉE, v. du Péloponèse, sur les confins de l'Argolide et de la Laconie, près de la côte, appartint d'abord aux Argiens, et leur fut enlevée par les Lacédémoniens en 544 av. J.-C. Ruines importantes.

THYRSE, javelot entouré de feuilles de vigne et de lierre, que portaient Bacchus, et les Bacchantes.

TIARE, espèce de mitre. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TIBALDO, peintre. V. PELLEGRINI.

TIBBOUS, peuple barbare répandu dans le Sahara oriental et le Fezzan. Ils sont très-sauvages, vivent sous des huttes de terre et pillent les caravanes.

TIBÈRE, Tiberius Claudius Nero, 2e empereur romain, né en 42 av. J.-C., eut pour père Tiberius Nero et pour mère Livie, qui divorça pour épouser Octave. Encore jeune, il se distingua dans les guerres contre les Cantabres et contre les Germains, battit les Pannoniens révoltés (12), et, après la mort de son frère Drusus (9), acheva la défaite des Germains (8); il reçut à son retour le consulat et la puissance tribunitienne pour cinq ans (6). Son ambition et l'antipathie qu'il montrait pour les deux fils aînés d'Agrippa et de Julie (Caïus et Lucius), dans lesquels il voyait des rivaux dangereux, le firent exiler à Rhodes, où il passa six ans. Rappelé à Rome en l'an 2 de J.-C., il y tint le rang de simple particulier; mais, après la mort de Lucius et de Caïus (2 et 3), Auguste, qui déjà lui avait fait épouser Julie, sa fille, l'adopta en lui faisant adopter à lui-même Germanicus, fils de Drusus, et le décora de nouveau de la puissance tribunitienne; enfin il le désigna pour son héritier l'an 13. A la mort d'Auguste (14), Tibère feignit de résister aux instances du sénat, qui lui déférait le Titre d'empereur, et voulut paraître ne prendre ce titre que malgré lui et pour un temps. Il ne tarda pas néanmoins à mettre à mort Posthume, le seul des fils d'Agrippa qui vécût encore ; bientôt après, Germanicus, qui avait excité sa jalousie parce qu'il était aimé de l'armée, expira en Syrie, empoisonné par Pison, qui n'était que son instrument (19). S'abandonnant de plus en plus librement à son caractère défiant et sanguinaire, Tibère, secondé par son favori Séjan, préfet des cohortes prétoriennes, encouragea les délations, multiplia les crimes de lèse-majesté, et fit tomber les têtes les plus illustres : un fils aîné de Germanicus périt; Agrippine, femme de ce héros, fut exilée ; Livie elle-même, à qui l'empereur devait tout, lui devint insupportable. Devenu vieux, Tibère, soit pour échapper à la haine des Romains, soit pour se livrer plus facilement à ses vices, quitta Rome pour fixer son séjour dans l'île de Caprée (26) : c'est de là qu'il gouvernait l'empire et qu'il envoyait à Rome ses ordres homicides. Pendant qu'il s'endormait dans le repos et la débauche, peu s'en fallut que Séjan, à qui il laissait presque toute l'autorité, ne le supplantât : averti à temps du complot, Tibère déjoua les projets du perfide ministre, le fit arrêter en plein sénat et mettre à mort, en 31. Lui-même, il mourut en 37 : le préfet Macron, qui s'était empressé de proclamer Caligula, l'étouffa au moment où il semblait revenir à la vie. Tibère, justement flétri par Tacite dans ses Annales, est resté le type d'un tyran cruel et soupçonneux ; toutefois ce prince ne manquait pas de talent pour le gouvernement : il fit fleurir la paix, l'ordre, la justice dans les provinces, maintint la discipline dans l'armée, et administra bien les finances; on trouva dans son trésor 2700 millions de sesterces (env. 550 millions de francs). Ce prince avait cultivé la littérature : il laissa quelques poëmes tant grecs que latins, et des Mémoires fort courts, qui étaient la lecture favorite de Domitien ; ces ouvrages sont perdus.


TIBÈRE II ou TIBÈRE CONSTANTIN, empereur d'Orient (578-582), avait été capitaine des gardes de Justin II; ce prince le désigna pour son successeur sur le conseil de sa femme Sophie, qui espérait devenir plus tard femme de Tibère. Déçue dans cet espoir, elle conspira; Tibère fut clément à son égard et se contenta de l'empêcher de lui nuire. Il continua la guerre contre les Perses avec des succès variés, et tenta, mais vainement, de conclure la paix avec eux; il repoussa les Avares. On pouvait espérer de lui un règne glorieux et utile à l'empire, lorsqu'il mourut, après avoir occupé le trône 4 ans seulement.

TIBÈRE III, ABSIMARE, emp. d'Orient (698-705), détrôna Léonce à l'aide du patrice Jean, et voulut mettre à mort Justinien II, sur qui Léonce avait usurpé ; mais ce prince s'échappa de sa prison, et, avec l'appui des Bulgares, rentra dans Constantinople, où il fit trancher la tête à Tibère.

TIBÉRIADE, Tiberias, auj. Tabarieh, v. de Galilée (jadis dans la tribu de Zabulon), au S. E., sur la côte O. du lac de Tibériade, fut fondée l'an 17 de J.-C. par Hérode Antipas en l'honneur de Tibère. Après la ruine de Jérusalem (70), les docteurs juifs y établirent une académie célèbre, qui rédigea la Mischna. Sous Constantin, cette v. fut érigée en évêché. En 1187, Saladin y remporta sur Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, une victoire qui fit tomber Jérusalem en son pouvoir. — Le lac de Tibériade, dit aussi de Génésareth, s'étendait entre la tribu de Nephtali à l'O. et la demi-tribu orient. de Manassé à l'E., et était traversé du N. au S. par le Jourdain. Il avait env. 23 kil. de long sur 5 de large. C'est autour de ce lac que J.-C. fit la plupart de ses miracles.

TIBET. V. THIBET.

TIBISCUS. V. THEISS et TÉMESWAR.

TIBRE (le), Tiberis, en italien Tevere, fleuve célèbre d'Italie, naît dans les Apennins, en Toscane, à 9 k. N. de Pieve-san-Stefano. coulé généralement au S., arrose la Toscane, le territoire romain, baigne Rome et Ostie, reçoit la Chiana (Clanis) à droite, la Nera (Nar), le Teverone (Anio), l'Aja (Allia) à gauche, et se jette dans la mer Tyrrhénienne sous Ostie par deux bras, après un cours d'env. 370 k. Il roule des eaux jaunâtres et rapides et est sujet à de fréquents débordements. Cette rivière se nommait d'abord Albula; elle prit le nom de Tibre d'un roi Tiberinus, qui s'y était noyé. Sur ses bords et sous les murs de Rome eut lieu en 312, entre Constantin et Maxence, une bataille célèbre : le dernier y perdit à la fois la victoire et la vie. — Sous Napoléon I, il y eut, de 1809 à 1814, un dép. du Tibre, entre ceux de l'Ombre et du Trasimène au N., les États de Naples à l'E. et au S., et la mer à l'O.; ch.-l., Rome.

TIBULLE, Albius Tibullus, poëte latin du siècle d'Auguste, né à Rome vers l'an 44 av. J.-C., d'une famille équestre distinguée, m. en 18 ou 15 av. J.-C., suivit Val. Messala dans une guerre contre les Aquitaines (27 av. J.-C.), mais quitta les camps de bonne heure pour mener à la campagne une vie paisible. On croit qu'il avait perdu une partie de ses biens lors des proscriptions. Ami d'Horace et de Virgile, il mourut peu après ce dernier. Il a laissé quatre livres d’Élégies, qui respirent une sensibilité profonde, une mélancolie douce que ne connurent ni Properce, ni Ovide, et qui se distinguent en outre par la douceur et l'harmonie du style. Les meilleures éditions de Tibulle sont celles de Muret, Paris, 1554; de Heyne, Leipsick, 1777; de Voss, Heidelb., 1811 ; de Dissen, d'après Lachman, Gœttingue, 1835, et celle de la collection Lemaire (1826), due à Golbéry. Il a eu pour traducteurs, en prose, Marolles, 1618, Pézay, 1770, De Longchamps, 1776, Pastoret, 1784, Mirabeau et La Chabeaussière, 1796, Valatour (dans la collect. Panckoucke), 1836; Th. Baudement (coll. Nisard) 1839; en vers, Mollevaut, 1803; Carondel et Potelles, 1807; St-Geniez, 1814; Gaulmier, 1830.

TIBUR, auj. Tivoli, v. très-anc du Latium, sur l'Anio, à 28 kil. N. E. de Rome. Soumise à Rome dès le temps de Tarquin le Superbe, elle se révolta souvent, notamment de 361 à 359, pendant la 3e invasion gauloise, et dans la grande insurrection latine de 342 à 338. Ses environs étaient couverts de maisons de campagne : Horace, qui avait sa villa' près de là, au mont Lucrétile, a chanté les sites délicieux de Tibur. V. TIVOLI.

TIBURCE (S.), martyr avec Valérien et Maxime au IIe ou IIIe s. ; on le fête le 14 avril.

TICINUM, v. de la Gaule Cisalpine, est auj. Pavie.

TICINUS, riv. de la Gaule Cisalpine, est auj. le Tessin.

TIDOR (île), une des petites Moluques, au S. de Ternate, à 12 kil. de Gilolo, a 5 kil sur 4 et env. 12 000 hab. (musulmans); capit., Tidor. Elle est gouvernée par un sultan vassal des Hollandais. Découverte par les Espagnols en 1521, elle fut occupée par les Portugais en 1527 et par les Hollandais en 1607.

TIECK (Louis), littérateur,né à Berlin en 1773, m. en 1853, fut un des coryphées du romantisme en Allemagne. Il débuta dans ce genre de littérature par les Voyages de Sternbold (1798), où il exalte l'art du moyen âge; fit représenter à Berlin dans les années suivantes Barbe-Bleue, les Quatre fils Aymon, drames où il traduisait sur la scène de vieux contes populaires; puis le Chat botté, le Prince Zerbino, ou Voyage à la recherche du bon goût, comédies satiriques; Geneviève de Brabant, son chef-d'œuvre dramatique; puis visita Munich, Rome, Londres, où il s'enthousiasma pour Shakspeare, et se fixa en 1819 à Dresde, où il fit paraître un recueil de Poésies lyriques (1821). Adoptant alors une manière nouvelle, dans laquelle le fantastique fit place au réel, il publia un rand nombre de nouvelles historiques et de romans de mœurs : la Récolte des Cévennes, la Mort de Camoën, le Sabbat des sorcières, le Jeune menuisier, Vittoria Accorombona, dont l'héroïne est une espèce de Corinne. Rappelé en Prusse en 1842 par le roi, qui le fit conseiller de cour, il passa ses dernières années à Berlin. Outre ses œuvres originales, on doit à Tieck une traduction de Don Quichotte, ainsi que la publication des Minnelieder (chants d'amour) du temps des empereurs de la maison de Souabe, du Vieux théâtre allemand, du Vieux théâtre anglais et des Œuvres de Novalis. Plusieurs de ses écrits ont été traduits en français. Koeppe a donné sa Vie, Leipsick, 1855. — Son frère, Frédéric Christian Tieck, 1776-1851, professeur à l'Acad. des beaux-arts de Berlin, s'est fait un nom comme sculpteur. Ses principales œuvres sont le Monument de la reine Louise de Prusse, les sculptures du Théâtre et de la cathédrale de Berlin, les bustes de Lessing, Bürger, Herder, Goethe, Voss, etc.

TIEDEMANN (Dietrich), historien de la philosophie, né en 1745 près de Brême, m. en 1803, professa les langues anciennes au collége Carolin de Cassel, puis la philosophie et le grec à Marbourg. On lui doit, entre autres travaux pleins d'une érudition solide : Système de la philosophie stoïcienne, Leips., 1776; Esprit de la philosophie spéculative depuis Thalès jusqu'à Berkeley, 1787-97 (ces deux ouvrages sont en allemand), et d'intéressantes recherches sur la magie. Tiedemann penchait pour la philosophie de Locke : c'est de ce point de vue qu'il a jugé les divers systèmes. — Son fils, Frédéric T., 1781-1861, professa l'anatomie et la zoologie à l’Université de Landshut et à celle de Heidelberg. On lui doit plusieurs ouvrages importants: Zoologie (1808-10) ; Anatomie et histoire de la formation du cerveau dans le fœtus humain (1816); Recherches sur la Digestion (1826); Physiologie de l'homme (1830-38); Anatomie de la Holothurie et de l'Étoile de mer, ouvrage auquel l'Institut décerna un prix de 3000 francs. Tous ses grands ouvrages ont été traduits en français par Jourdan.

TIEN, dieu suprême des Chinois selon les disciples de Confucius et la religion du Sinto, est pris tantôt pour le ciel, tantôt pour le soleil.

TIEN-TSIN, v. de Chine, située sur le Pey-Ho, entre l'emb. du fleuve et Pékin; env. 400 000 h. Il y fut signé en 1858 entre la Chine d'une part, la France et l'Angleterre de l'autre, un traité qui ouvrait aux Européens plusieurs nouveaux ports de la Chine et autorisait le libre exercice des cultes chrétiens.

TIEPOLO, famille vénitienne, a fourni plusieurs doges à la république. Jacques T., doge de 1229 à 1249, prit part à la guerre des Guelfes contre Ferrare, développa l'autorité du conseil des Pregadi, et fit créer deux nouvelles magistratures (les 5 correcteurs du serment et les 3 inquisiteurs du doge défunt). — Boémond T. ourdit une trame à l'effet d'enlever le pouvoir à l'aristocratie : il devait tuer le doge (Pierre Gradenigo), dissoudre le grand conseil et le remplacer par une élection annuelle (1310). Le complot fut découvert la veille du jour où il devait éclater : on se battit sur la place publique et la victoire resta au doge. Tiepolo, dont la tête fut mise à prix, parvint à s'échapper et mourut en exil.

TIERS CONSOLIDÉ, nom donné en France en 1797 à la dette publique dont le tiers seul était garanti. V. RENTE dans notre Dict. univ. des Sciences.

TIERS ÉTAT (le), ou simplement LE TIERS, c.-à-d. le 3e ordre, nom donné en France et en diverses autres contrées à la classe bourgeoise, par opposition à la noblesse et au clergé, qui formaient les deux premières classes : les 3 ordres réunis formaient les États généraux. Des représentants des Communes furent sous Louis le Gros admis à assister aux assemblées de la nation, qui prirent alors le nom d’Assemblée des trois états. Ils n'eurent cependant voix délibérative qu'aux États généraux de 1302, sous Philippe le Bel. D'abord peu nombreux, les députés du tiers s'accrurent peu à peu ; à la dernière assemblée des États, Louis XVI, par une décision du 27 décembre 1788, avait consenti à ce que les députés du tiers formassent un nombre égal à celui des députés de la noblesse et du clergé réunis : c'est ce qu'on appela le doublement du tiers. Le nom de tiers état disparut dès 1789, lors de la transformation des États généraux en Assemblée nationale. Sieyès avait publié au début de la Révolution une brochure célèbre sous ce titre : Qu'est-ce que le tiers état (V. SIEYES). On doit à Aug. Thierry l’Histoire du tiers état, 1853.

TIERS ORDRE, dits aussi Tiertiaires ou Tiercelins, nom que l'on donne aux séculiers qui s'attachent à un ordre religieux et en suivent la règle sans renoncer pour cela à la vie civile. Il y a un Tiers ordre de St-François, fondé en 1221; — de St-Augustin, en 1401; — de St-Dominique, en 1422, etc.

TIFERNAS (Grégoire), helléniste, né vers 1415 à Citta-di-Castello (l'anc. Tifernum), m. vers 1466, enseigna le grec à Naples, à Milan, à Rome, enfin à Paris, et mourut à Venise. Il acheva la traduction latine de Strabon (commencée par Guarino), et traduisit le traité De regno de Dion Chrysostome.

TIFERNUM, nom de plusieurs villes de l'Italie ancienne : 1° Tifernum Metaurense, auj. San-Angelo-in-Vado, chez les Senones, sur le Métaure ; — 2° Tifernum Samniticum, célèbre par trois victoires des Romains sur les Samnites en 305, 297, 295; — 3° Tifernum Tiberinum, auj. Citta-di-Castello.

TIFFAUGES, vge de la Vendée, sur la Sèvre-Nantaise, à 52 kil. N. E. de Napoléon-Vendée ; 960 hab. Belles ruines d'un château fort, d'origine romaine, rebâti par les vicomtes de Thouars au XIIe s., et qui appartint au célèbre Gilles de Retz; il fut démantelé sous Louis XIII. Brûlé en 1793 pendant la guerre de la Vendée, ce village n'a été reconstruit qu'en partie.

TIFLIS, v. de la Russie asiatique, ch.-l. de la Géorgie et résidence du gouverneur général de la région du Caucase, sur les deux rives du Kour, à 2350 k. S. S. E. de St-Pétersbourg, par 42° 30' long. E., 41° 41' lat. N.; env. 30 000 hab. avant 1830 (à cette époque, le choléra enleva les deux tiers de la population). Archevêchés grec et arménien, tribunaux, gymnase, école arménienne. Quelques monuments (belle cathédrale; casernes, grand bazar, etc., dans la ville nouvelle). Industrie et commerce assez actifs; bains thermaux sulfureux, d'où le nom de la ville, qui signifie ville chaude. Tiflis est auj. un passage très-fréquenté pour aller de l'Inde en Europe par terre. — Cette ville, fondée, dit-on, vers l'an 469 de notre ère par le roi Vakhtang, devint importante au IXe s., et fut dès lors la capit. du royaume de Géorgie et la résidence des rois du Karthli. Gengiskhan au XIIe s., Mustapha-Pacha en 1576, la prirent et la ravagèrent; Aga-Mohammed-khan, chah de Perse, la détruisit en 1795; les Russes se la firent céder en 1801 par le dernier roi de Géorgie : sous leur administration elle s'est rapidement relevée. Un traité fut conclu à Tiflis en 1814 entre la Russie et la Perse sous la médiation de l'Angleterre.

TIGELLIN, favori et ministre de Néron, était de basse naissance, et ne gagna la faveur de l'empereur qu'en achevant de le corrompre. Nommé préfet du prétoire, il devint tout-puissant : il fit périr Sylla et Plautius, fut l'agent des amours de l'empereur et de Poppée, travailla à faire passer Octavie pour adultère, et déploya la plus grande sévérité contre les complices de Pison : l'empereur, pour le récompenser, lui décerna le triomphe. Après la mort de Néron, il reçut de Galba l'ordre de mourir : il se coupa la gorge avec un rasoir, 69.

TIGRANE, c.-à-d. souverain, nom commun à plusieurs princes qui régnèrent sur l'Arménie. — Le plus ancien, Tigrane I, de l'antique dynastie des Haïganiens, régna de 565 à 520 av. J.-C., et fut le contemporain de Cyrus, auquel il s'allia contre Astyage, roi des Mèdes. On lui a attribué, mais à tort, la fondation de Tigranocerte. — II, Valarsace, 1er roi d'Arménie de la dynastie des Arsacides, 118-95, fut mis sur le trône par son frère Mithridate II, roi des Parthes, soumit le Pont, la Cappadoce, le pays des Lazes, fit la guerre aux Parthes après la mort de son frère, s'allia ensuite avec eux et les seconda dans leurs guerres contre les Séleucides ; encouragea l'agriculture, donna des lois sages, développa la civilisation en Arménie, et provoqua la recherche des monuments historiques qu'il fit réunir en un corps. Il fut assassiné par un de ses généraux. — III, le Grand, fils du préc., régna de 95 à 60 av. J.-C., et prit le titre de Roi des rois. Ayant épousé Cléopâtre, fille de Mithridate, roi de Pont, il fit cause commune avec ce prince, déclara la guerre aux Romains, envahit la Cappadoce (83) et conquit la Syrie (70); mais bientôt Lucullus tailla ses troupes en pièces et lui enleva ses villes principales (69). Pompée le vainquit de nouveau, lui fit payer 6000 talents (env. 33 000 000 de fr.), et le força à signer un traité (64) par lequel il cédait aux Romains la Syrie, la Cappadoce et la Petite-Arménie. Peu après, son 2e fils, nommé comme lui Tigrane, voulut lui enlever l'Arménie avec l'aide des Parthes, mais il échoua dans ce projet et s'empara seulement de la Sophène, que les Romains lui firent confirmer par son père. Quelques auteurs font régner Tigrane le Grand de 89 à 37 ou même jusqu'à 35 av. J.-C.

TIGRANOCERTE, v. d'Arménie (Gordyène), sur une montagne au pied de laquelle passe le Nicéphorius, affluent du Tigre, fut, dit-on, fondée en 78 av. J.-C. par Tigrane, dit le Grand, qui la peupla de 300 000 prisonniers faits en Cappadoce et ailleurs, et qui en fit la capitale de ses États en remplacement d'Artaxate; Lucullus la prit en 69, et elle se dépeupla bientôt. Les uns retrouvent cette ville dans Sert, les autres dans Kara-Amid ou Diarbek.

TIGRE (le), Tigris, grand fleuve de la Turquie d'Asie, naît sur le versant méridional du Taurus, au N. O. de Diarbek, traverse une partie du pachalik de ce nom, puis tout le pachalik de Bagdad (Arménie, Babylonie, Chaldée des anciens), passe à Diarbek, Mossoul, Bagdad et Korna, reçoit le Khabour, la Diala, le Grand et le Petit-Zab, le Touz, et, après un cours d'env. 1240 kil., s'unit à l'Euphrate (par la r. dr.), et forme avec lui le Chat-el-Arab, qui va se perdre dans le golfe Persique. L'ancien Tigre arrosait Amida, Ninive, Ctésiphon, Séleucie, Apamée, toutes villes qui ont disparu. Les Orientaux croient que c'est le Tigre et non l'Euphrate qui est la branche principale du Chat-el-Arab. Dans sa partie inférieure, le Tigre communique avec l'Euphrate par plusieurs canaux. Sa partie supérieure, jusqu'à son confluent avec l'Euphrate, reçoit quelquefois le nom de Didjel. On appelle Petit-Tigre un bras qui sort de la rive droite du Tigre. Les eaux du Tigre renferment beaucoup de bitume; ses rives sont en plusieurs endroits bordées de sources de naphte.

TIGRE (le) CHINOIS. V. SI-KIANG.

TIGRÉ (Roy. de), contrée d'Abyssinie, dont elle forme l'État principal, s'étend de 34° à 39° long.'E., et de 11° à 16° lat. N., entre la Nubie, l'Amhara, le pays des Gallas et celui des Changallas; env. 440 k. en tous sens. Il y a deux capitales, Axoum et Adova. Sol très-fertile, arrosé par le Tacazzé. Nombreux léopards, reptiles énormes. — Le Tigré ne forme un seul État que nominalement : il est de fait partagé entre une foule de chefs sans cesse en guerre entre eux ; les Gallas y font de terribles incursions. Le chef de l'État porte le titre de ras (vice-roi du Négus).

TIGURINI, un des 4 grands peuples de l'Helvétie au temps de César, habitait à l'E. des Urbigènes, dans la Thurgovie et le canton de Zurich; leur nom se retrouve dans Zurich (Tigurinum).

TILAVEMPTUS, nom latin du Tagliamento.

TILLEMONT (Sébastien LE NAIN de), historien, né à Paris en 1637, m. en l698; étudia à Port-Royal, compta Nicole parmi ses maîtres, se fit prêtre en 1676, eut d'étroites liaisons avec les Jansénistes et alla, après la dispersion des solitaires de Rort-Royal, vivre dans son domaine de Tillemont (entre Montreuil et Vincennes), partageant son temps entre les exercices de la piété et les travaux littéraires. Il fut pour différentes publications le collaborateur d'Arnauld, d’Hermant et de plusieurs autres Jansénistes célèbres ; il est le seul auteur de l’Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné pendant les six premiers siècles de l’Église, 6 vol. in-4, 1692-1738, guide sûr pour cette partie de l’histoire ; des Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, 16 vol. in-4, 1693-1712, et d’une Vie de S. Louis, publiée seulement en 1847. Ces ouvrages sont pleins d’érudition et d’exactitude ; mais ils laissent à désirer sous le rapport du style.

TILLOTSON (John), célèbre prédicateur anglais, né en 1630, dans l’Yorkshire, m. en 1694, avait été professeur au collége de Clare-Hall, à Cambridge. D’abord calviniste, il se laissa convertir à l’Anglicanisme par Cudworth. Il parvint sous Guillaume III aux plus hautes dignités, fut fait archevêque de Cantorbéry (1691), et eut une place dans le conseil. Il a laissé la Règle de la foi, des Sermons et des ouvrages de controverse. Les Anglais prisent beaucoup son éloquence : Tillotson a effectivement de la logique et de l’élégance ; mais ce n’est pas un véritable orateur. On l’accuse de Socinianisme. Ses Œuvres ont été publiées en 12 vol. in-8, par Warburton. Barbeyrac a traduit une partie de ses Sermons.

TILLY, ch.-l. de c. (Calvados), sur la Seule, à 20 kil. O. de Caen ; 1190 hab. Ancien château.

TILLY (Jean TZERCLAES, comte de), fameux général au service de l’Autriche, né en 1559 au château de Tilly, en Brabant, m. en 1632, avait été un instant Jésuite. Il abandonna de bonne heure cet ordre pour prendre les armes, et se distingua en Hongrie contre les Turcs. Quand la guerre de Trente ans éclata, il devint, en 1620, le lieutenant de Maximilien de Bavière (alors chef de l’armée de la ligue catholique). Il eut une part essentielle à la victoire de la Montagne-Blanche, enleva au comte Ernest de Mansfeld les places de Pilsen et de Tabor ; se laissa battre à Wislock par les Protestants, mais prit sa revanche aux batailles de Wimpfen, de Hochst, de Lœn, de Lutter, dont la dernière, livrée en 1626, anéantit les forces danoises. Après la disgrâce de Wallenstein, Tilly fut choisi par l’empereur Ferdinand II pour le remplacer comme général en chef des troupes impériales (1630). Quand Gustave-Adolphe vint fondre sur l’Allemagne, Tilly, maître de la Basse-Saxe, des forteresses du Slesvig et du Holstein, réussit encore à prendre, après un siége opiniâtre, la ville de Magdebourg, qu’il fit cruellement saccager ; mais la même année il perdit contre le roi de Suède la bataille décisive de Leipsick (1631). Réduit à fuir en Souabe, puis en Bavière, il tenta vainement de barrer à Gustave le passage du Lech : il y fut encore battu complètement, et mourut quelques jours après, de ses blessures, à Ingolstadt (1632). Jusqu’à la journée de Leipsick, Tilly avait été regardé comme le premier général de l’Europe. C’était un homme simple, désintéressé, ami de l’ordre et de la justice, mais sévère à l’excès ; on dit cependant qu’en mourant il déplora le sac de Magdebourg, rejetant sur Pappenheim le tort de cet acte.

TILLY (le comte Alexandre de), d’une ancienne famille de Normandie, né en 1754, au château de Tilly, près de Caen, servit d’abord dans les pages de la reine, puis dans les dragons de Noailles, montra beaucoup de zèle pour la cause royale au début de la Révolution, émigra après le 10 août (1792), et, après avoir mené une vie orageuse et dissipée, se donna la mort à Bruxelles en 1816. Outre quelques écrits de circonstance, on a de lui des Mémoires qui, bien qu’écrits dès 1807, ne parurent qu’en 1828. Ils renferment de curieuses révélations, mais aussi bien des anecdotes scandaleuses.

TILSITT, v. des États prussiens (Prusse), ch.-l. de cercle, sur le Niémen et la Tilse, à 55 kil. N. N. O. de Gumbinnen ; 14 000 hab. Gymnase, bibliothèque. Commerce actif avec Kœnigsberg et l’intérieur de la Pologne. — Fondée en 1512. Il y fut conclu en 1807 an célèbre traité entre la Russie et la Prusse d’une part, et la France de l’autre : c’était au fond un vrai plan de partage de l’Europe continentale entre Napoléon et Alexandre : Napoléon devait avoir tout l’O. jusqu’au Niémen, et il cédait le reste à Alexandre ; la Prusse perdait ainsi ses provinces à l’O. de l’Elbe et ses provinces polonaises.

TIMAGÈNE, historien grec, né à Alexandrie, fut fait prisonnier lors de la prise de cette ville par le Romain Gabinius, 55 av. J.-C., devint esclave de Faustus (fils de Sylla), qui l’affranchit ; sans moyens d’existence, il fut d’abord réduit à se faire cuisinier, puis porteur de litière ; ayant pu enfin ouvrir une école de rhéteur, il s’acquit un nom et se fit des protecteurs, parmi lesquels Asinius Pollion et Auguste lui-même ; mais il tomba en disgrâce pour s’être permis quelques sarcasmes contre le prince. Après avoir été recueilli pendant un temps par Pollion, il alla mourir à Dabanum, dans l’Osroène. Il avait composé une Histoire des Gaules et une Hist. des Rois (c.-à-d. d’Alexandre et de ses successeurs), qui sont perdues. Il avait aussi écrit une Histoire d’Auguste ; mais, irrité de sa disgrâce, il la brûla. Il ne reste rien de lui. Quintilien le proclamait le Restaurateur de l’histoire.

TIMANTHE, peintre grec, natif de Cythnos ou de Sicyone, florissait au IVe s. av. J.-C., et fut le rival de Parrhasius. On a surtout vanté de lui le Cyclope endormi et le Sacrifice d’Iphigénie : dans le 1er  de ces tableaux, voulant donner une idée de l’immense stature du Cyclope, il représentait des Satyres mesurant avec un thyrse la longueur du pouce du colosse assoupi ; dans le 2e, désespérant d’exprimer la douleur d’Agamemnon, le peintre le représenta la tête couverte d’un voile.

TIMARIOTS, soldats turcs qui jouissent d’un bénéfice militaire (timar), et s’entretiennent à leurs frais.

TIMAVE, Timavus, auj. Timao, petite riv. des États autrichiens (Trieste), naît à 12 k. S. de Goritz, et tombe dans l’Adriatique après un cours de 5 k. seulement, mais entièrement navigable.

TIMÉE, philosophe pythagoricien, de Locres, florissait au commencement du Ve s. av. J.-C., et remplit dans sa patrie les premières magistratures. On a sous son nom un Traité sur l’Âme du Monde et sur la Nature, que les uns regardent comme un abrégé du Timée de Platon, et les autres comme un ouvrage original, qui aurait fourni à Platon la base de son système des Idées : en effet, l’auteur y ramène tout à 3 principes, Dieu, les idées et la matière. Ce traité a été publié avec trad. latine par L. Nogarola, Venise, 1555, et traduit en franç. par le marquis d’Argens, Berlin, 1763, et par Le Batteux, Paris, 1768.

TIMÉE, de Tauromenium, historien grec, 359-262 av. J.-C., avait écrit une Hist. de la Sicile et une Hist. des guerres de Pyrrhus, dont il ne reste que peu de fragments (publiés par Gœller, dans le De situ et origine Syracusarum, Leips., 1818, et par Muller, dans la Bibliothèque grecque de Didot, Paris, 1841). Les anciens, Cicéron à leur tête, louent son style, mais l’accusent de partialité contre Agathocle. Timée est le 1er  qui ait employé l’ère des olympiades.

TIMÉE, grammairien grec du IIe ou du IIIe s. de J.-C., est auteur d’un Dictionnaire des locutions platoniques (publié par Ruhnkenius, Leyde, 1764, et par Koch, Leips., 1828), ouvrage utile pour l’intelligence des écrits de Platon.

TIMOK, Timacus, riv. de Turquie, sépare la Servie de la Bulgarie et se jette dans le Danube à 25 kil. N. O. de Widdin, après un cours de 200 kil.

TIMOLÉON, général corinthien, né vers 410 av. J.-C., se signala par son patriotisme. Il s’opposa de toutes ses forces aux entreprises de son frère Timophane, qui voulait usurper le pouvoir à Corinthe : après avoir vainement tenté de le détourner de ses projets criminels, il le fit lui-même mettre à mort en sa présence, mais en se voilant la face, 365 av. J.-C. Après ce cruel sacrifice, il s’exila, et resta 20 ans éloigné des affaires. Chargé en 343 par les Corinthiens d’aller délivrer les Syracusains de la tyrannie de Denys le Jeune, il s'empara de Syracuse, chassa Denys et rétablit la république, où il fit refleurir l'ordre et la prospérité. Il délivra de même de leurs tyrans plusieurs autres villes de Sicile, et repoussa les Carthaginois. Il mourut en 337, à Syracuse, après avoir abdiqué le souverain pouvoir. Timoléon est regardé comme un modèle de grandeur d'âme, de sagesse et de modération. Cornélius Népos a écrit sa Vie. Alfieri, La Harpe et Chénier ont mis sur la scène le meurtre de Timophane par Timoléon.

TIMON, le Misanthrope, né vers 440 av. J.-C., à Colytte, bourg de l'Attique. Ayant perdu sa fortune, il éprouva, dans le malheur, l'ingratitude de quelques-uns de ses anciens amis : il tomba dès lors dans un chagrin profond, qui lui fit prendre tous les hommes en aversion, et se retira dans la solitude. Un jour, il tomba d'un arbre et se cassa la jambe, et, comme il vivait toujours seul, il périt faute de secours. On raconte de lui une foule de traits piquants, qui sans doute sont dépure invention. Lucien l'a mis en scène dans un de ses dialogues ; Shakespeare en a fait le héros d'une de ses pièces.

TIMON, le Sillographe, né à Phlionte vers 350, fut le disciple et l'ami de Pyrrhon le Sceptique, enseigna la philosophie et l'art oratoire à Chalcédoine, ce qui l'enrichit promptement ; alla en Égypte, à la cour de Ptolémée-Philadelphe, puis en Macédoine, auprès d'Antigone Gonatas, et se fixa enfin à Athènes, où il mourut âgé de près de 90 ans. Il avait composé des Silles, espèce de satires, où il maltraitait fort les philosophes. Il en reste quelques fragments insérés dans les Analecta de Brunck.

TIMOPHANE, frère de Timoléon. V. ce nom.

TIMOR, une des îles de la Sonde, la principale et la plus orientale du groupe Sumbava-Timor, au S. des Moluques, par 8° 30'-10°30' lat. S. et 121°-125° long. E., a 450 k. sur 110, et compte env. 2 millions d'habitants, Malais, Papous, Portugais, Hollandais et Chinois. Elle est traversée par une longue chaîne de montagnes boisées et arrosée par beaucoup de rivières. Climat malsain, sujet à de brusques variations ; sol fertile : épices, bois de sandal, bambous. Singes en immense quantité, buffles, chevaux, etc., nombreux reptiles, abeilles sauvages en grand nombre. — La plus grande partie de l'île est soumise à des princes indigènes. Les Hollandais et les Portugais se partagent les côtes : le port de Coupang, sur la côte S. O., est le principal établissement des premiers ; Dielly, au N. E., est ch.-l. des Portugais.

TIMOTHÉE, général athénien, fils de Conon et disciple d'Isocrate, servit d'abord avec distinction sous les ordres de son père. Mis, en 375 av. J.-C., à la tête d'une flotte athénienne, il ravagea les côtes de la Laconie, obtint plusieurs avantages, et amena ainsi, de concert avec Chabrias et Iphicrate, le traité qu'Athènes et Sparte conclurent sous la médiation d'Artaxerce-Mnémon et par lequel Sparte renonçait à la suprématie sur Athènes ; en récompense, une statue lui fut érigée sur la place publique. Il eut encore part à la 1re guerre des Athéniens contre leurs alliés (363), soumit les Olynthiens, les Byzantins, prit Torone, Potidée, secourut Cyzique, s'empara de Samos, et rapporta de l'Asie-Mineure 1200 talents. Dans la 2e guerre sociale (359-56), s'étant opposé au plan de Charès, qui voulait imprudemment livrer bataille, il fut condamné à une amende de 100 talents, puis exilé. Il se retira d'abord à Chalcis, ensuite à Lesbos, où il mourut. Son fils paya l'amende, qui fut réduite à 10 talents. Sa Vie a été écrite par Plutarque et par Cornélius Népos.

TIMOTHÉE, poëte et musicien de Milet, né vers 446 av. J.-C., ajouta à la cithare 2 cordes (ou 4, selon d'autres), innovation que les Spartiates condamnèrent par un décret. Il n'en acquit pas moins une célébrité prodigieuse. Il finit par se fixer en Macédoine, où le roi Archélaüs l'avait appelé, et y mourut en 358. On a quelques fragments de ses poésies dans les Excerpta de Grotius, Paris, 1626. — Un autre Thimothée, de Thèbes, joueur de flûte célèbre, qui florissait sous Alexandre, savait, dit-on, par ses accords mélodieux, exciter ou apaiser à son gré les passions du conquérant.

TIMOTHÉE (S.), disciple de S. Paul, né à Lystra en Lycaonie, d'un père païen et d'une mère juive, se convertit au Christianisme vers 51, s'attacha à S. Paul, l'accompagna en Asie, en Macédoine, en Achaïe, partagea sa première captivité à Rome, et fut fait évêque d’Éphèse. On croit qu'il subit le martyre dans cette ville en 97 : il fut tué en voulant s'opposer à la célébration d'une fête païenne. On l'hon. le 24 janv. Deux des Épîtres de S. Paul lui sont adressées.

TIMOUR ou TIMOUR-LENGH. V. TAMERLAN.

TIMSAH, lac de la Basse-Égypte, à distance égale de Suez et de Péluse, doit servir, à l'intérieur, de port naturel au canal maritime de l'isthme de Suez. Les eaux de la Méditerranée y furent introduites en 1863. — Sur ses bords est une ville du même nom.

TINCHEBRAY, ch.-l. de c. (Orne), sur le Noireau, à 22 k. N. O. de Domfront ; 4365 h. Trib. de commerce. Linge, serge. Robert Courte-Heuse y fut battu en 1106 par son frère, le roi d'Angleterre Henri I, et perdit par suite le duché de Normandie.

TINDAL (Matthieu), fameux déiste anglais, né en 1656 dans le Devonshire, m. en 1733, avait d'abord pris le parti des armes et quitta le service pour se faire écrivain. Après avoir servi dans les troupes de Jacques II, il combattit ce prince dans ses écrits, et obtint du gouvernement de Guillaume une pension de 200 liv. sterl. Tindal est auteur de livres impies, où toutes les religions positives sont attaquées : tels sont les Droits de l'église chrétienne contre les prêtres romains (1706), ouvrage qui fut condamné au feu par les tribunaux anglais, et le Christianisme aussi ancien que le monde (1730), où Voltaire puisa une partie de ses objections. Son caractère et ses mœurs étaient en accord avec son impiété. — Son neveu, Nicolas T., 1687-1774, a traduit en anglais les Antiquités sacrées et profanes de Calmet, 1724, et l’Hist. d'Angleterre de Rapin-Thoyras, 1726.

TINEH, v., port et château de la B.-Égypte (Charqyeh), près des ruines de Péluse, à l'extrémité E. du lac Menzaleh et à 80 kil. S. E. de Damiette.

TINGIS, auj. Tanger, v. de Mauritanie, devint sous l'empire ch.-l. de la partie occidentale de cette contrée, qui fut alors appelée Mauritanie Tingitane. Sous Claude, elle reçut le nom de Traducta Julia.

TINGMOUTH ou TEIGNMOUTH, c.-à-d. Bouche de la Teign, v. et port d'Angleterre (Devon), à l'emb. de la Teign, à 60 kil. S. d'Exeter ; 5000 h. Jolie ville ; bains de mer. Tourville y fit une descente en 1690 et y brûla plusieurs vaisseaux.

TINOS, île de Grèce. V. TÉNOS.

TINTENIAC, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), sur le canal d'Ille-et-Rance, à 40 kil. S. E. de St-Malo; 2149 hab. Bestiaux, laine, beurre.

TINTIGNAC, Tintiniacum', hameau du dép. de la Corrèze, à 12 kil. N. O. de Tulle, sur la route d'Uzerche, est peut-être l'antique Rastiatum. Nombreuses antiquités, découvertes en 1846 et 47.

TINTINGUE, v. de l'île Madagascar, sur la côte E., à 160 kil. N. E. de Tamatave. Les Français l'ont prise en 1829, et y ont élevé un fort.

TINTORET (Jacques ROBUSTI, dit le), célèbre peintre, né à Venise en 1512, mort en 1594, était fils d'un teinturier (d'où son nom). Il fut disciple du Titien, mais se proposa, jeune encore, de fonder une école nouvelle et joignit dans ce but aux leçons de son maître, l'étude approfondie du dessin de Michel-Ange. Des études opiniâtres le rendirent presque le rival de son maître ; il a la même puissance de coloris et la même fécondité ; il a plus de fougue et de vie ; ce qui lui manque souvent, c'est la dignité. Le Tintoret a immensément composé ; mais son œuvre n'est point partout égale à elle-même. Son Crucifiement de Jésus, les Signes précurseurs du Jugement dernier, le Miracle de S. Marc sont des chefsd'œuvre. Le Louvre a cinq toiles de cet artiste, parmi lesquelles son portrait peint par lui-même, une Suzanne au bainet le Christ mort. — Dominique Robusti, son fils, et Marie (Marietta Tintorella), sa fille, se distinguèrent aussi dans la peinture : Marie se borna à peindre le portrait.

TIPARENUS, île de la mer Égée. auj. Spetzia.

TIPASA, petit port d'Algérie, à 92 kil. O. d'Alger, à l'extrémité O. de la plaine de la Mitidja. Anc. évêché. Détruite au Ve s. par les Vandales, relevée par les Français en 1854. Ruines romaines.

TIPPÉRAH, district de l'Inde anglaise (Calcutta), dans l'ancien Bengale, s'étend à l'O. jusqu'au Brahmapoutre, et est séparé, à l'E., du Cassay, par une chaîne de montagne; 750 000 hab.; ch.-l. Kamilla.

TIPPERARY (Comté de), un des comtés de l'Irlande (Munster), a pour bornes ceux du Roi au N. E., de la Reine à l'E., de Waterford au S., de Clare à l'O.; 96 kil. (du N. au S.) sur 60; 425 000 hab. ; ch.-l., Clonmell. Montagnes; climat sain fit tempéré; sol fertile : les riches territoires de Tipperary et de Cashel se nomment la vallée d'Or. — La ville de Tipperary, qui a donné son nom au comté, est à 16 kil. O. de Cashel; elle compte env. 7000 h.; elle était jadis plus importante.

TIPPO-SAËB ou TIPPOU-SAEB (le Tippoo-Saheb des Anglais), dit Behadour, le brave, dernier nabab du Maïssour (Mysore), fils d'Haïder-Ali, né en 1749, se distingua de bonne heure par sa bravoure et par sa haine pour les Anglais qui avaient envahi l'Inde. Il monta en 1782 sur le trône de son père, fit aussitôt la guerre aux Anglais; les força à évacuer Bednor, et obtint une paix avantageuse (1784). Il prit alors le titre de sultan et même d'empereur (padischah), quoiqu'il ne fût réellement qu'un nabab ou lieutenant du souverain titulaire de l'Inde, Chah-Alem, et déploya un faste ruineux. Tippou ayant quelques années après attaqué le radjah de Travancor, les Anglais prirent parti pour celui-ci, assiégèrent Tippou dans Seringapatam, sa capitale, et le forcèrent à signer une capitulation humiliante; il céda la moitié de ses États, et paya 75 millions (1792). Ne respirant alors que vengeance, il chercha par tous les moyens à susciter des ennemis aux Anglais, soit dans l'Inde et le Kaboul, soit même au dehors, et envoya des ambassadeurs au général Bonaparte, alors en Égypte ; mais la France alors était hors d'état de lui envoyer des secours. Instruits de ses efforts, les Anglais recommencèrent la guerre (1799); Tippou, déjà battu deux fois, s’enferma de nouveau dans Seringapatam; après un siège d'un mois, la ville fut prise d'assaut ; il y périt les armes à la main (4 mai 1799). Ce prince était brave, mais imprudent, présomptueux, cruel et incapable de lutter contre la politique et les forces de l'Angleterre. Il aimait les Français et rechercha toujours leur alliance. Il est le héros d'une tragédie de Jouy.

TIRABOSCHI (Jérôme), né à Bergame en 1731, mort en 1794, était jésuite et conseiller du duc de Modène. On a de lui, entre autres grands ouvrages, une excellente Histoire de la littérature italienne, Modène, 1772-82, 13 vol. in-4 (en ital.), abrégée en français par Laudi, 1784, et la Bibliothèque modenaise, 5 vol. in-4, plus un 6° vol. (sur les peintres, sculpteurs, etc.).

TIRAQUEAU (André), jurisconsulte, surnommé le Varron de son siècle, né à Fontenay-le-Comte vers 1480, m. en 1558, fut sénéchal dans sa ville natale, conseiller au parlement de Bordeaux, puis à celui de Paris, et fut chargé de missions importantes par François l et Henri II. Ses Œuvres écrites en latin et publiées à Paris, 1574, 5 vol. in-f., contiennent des traités sur le droit civil, parmi lesquels on remarque le De Legibus connubialibus.

TIREH, Metropolis ad Caystrum, v. de Turquie (Anatolie), à 55 kil. S. E. de Smyrne; env. 25 000 h. 14 mosquées, plusieurs églises grecques. Tapis, toiles de coton. Prise par Tamerlan en 1402.

TIRÉSIAS, devin de Thèbes, fils de Phorbas ou d'Évérès et de la nymphe Chariclo, fut frappé de cécité, soit par Minerve parce qu'il avait vu cette princesse au bain, soit par Junon contre laquelle il s'était prononcé dans une discussion entre la déesse et son époux; il reçut en dédommagement l'esprit prophétique et une vie fort longue. Il vivait du temps d'Œdipe et des deux guerres des Sept-Chefs et des Épigones; il prédit la victoire des derniers, et mourut peu après. On l'honorait à Thèbes comme un dieu; il avait un oracle à Orchomène. On lui attribuait des livres sur la divination et surtout sur les augures. Il eut pour fille la prophétesse Manto.

TIRIDATE I, roi d'Arménie, frère de Vologèse, roi des Parthes, renversa du trône Rhadamiste (52 de J.-C,), fut à son tour chassé par ce même prince, reconquit la couronne, mais eut longtemps à combattre et Rhadamiste et le général romain Corbulon, qui était chargé de mettre sur le trône Tigrane VI; il finit par se maintenir, et vint à Rome recevoir la couronne des mains de Néron. Il mourut en 73. — II, le Grand, roi d'Arménie de 259 à 314, avait été conduit à Rome (dans son enfance, après l'assassinat de son père Chosroës I (232), et fut placé sur le trône d'Arménie presque sans coup férir, par une armée romaine. Les Parthes ayant envahi son royaume pendant qu'il faisait un voyage à Rome, il revint précipitamment et les battit. Longtemps opposé au Christianisme, il finit par se faire baptiser.

TIRIDATE, roi parthe. V. ARSACE II.

TIRLEMONT, v. murée de Belgique (Brabant mérid.), à 18 kil. S.E. de Louvain; 10 600 hab. Grande place, église Notre-Dame, hôtel de ville, lainages, savon, sucre de betteraves, bière renommée; foira aux chevaux. Patrie de J. Bollandus. Place souvent prise et reprise, notamment en 1635 par les Français et les Hollandais, en 1793 par Dumouriez, en 1794 par Jourdan; démantelée en 1804.

TIRNAVA ou TERNOVA, v. de la Turquie (Bulgarie), près de la Jantra, à 92 kil. S. E. de Nikopoli; 12 000 h. Évêché grec;, mosquées.

TIRON, Tullius Tiro, affranchi et secrétaire de Cicéron, était fort aimé de son maître. Il perfectionna la tachygraphie, dont les signes prirent depuis la nom de Notes tironiennes. Il avait composé une Vie de Cicéron, des recueils de ses bons mots (en 3 livres), et quelques autres ouvrages, qui sont perdus. C'est lui qui nous a conservé les Lettres de son maître. — L'alphabet le plus complet des notes tironiennes se trouve dans le Traité de Diplomatique de Mabillon.

TIRSO DE MOLINA (Frère Gabriel TELLEZ, dit), auteur dramatique espagnol, 1570-1650, était carme et prieur du couvent de Soria, et devint chronologiste de sa communauté. On a de lui 60 drames, remplis le plus souvent d'extravagance, mais où l'on trouve aussi de l'invention. Parmi ces pièces, où il se moque des moines et des gens de cour, on remarque le Convivado de Piedra, imité par Molière dans son Festin de Pierre, et Gilles de la culotte verte, qui se joue encore à Madrid. On a aussi de lui les Vergers de Tolède, recueil de romans, où il établit sa théorie dramatique, théorie opposée à toute règle. Ses Œuvres dramatiques ont été recueillies pour la 1re fois à Madrid, de 1844 à 1846, en 10 vol., et trad. en franc, par Alph. Royer, 1863.

TIRYNTHE, Tiryns, v. d'Argolide, à peu de distance du golfe Argolique, au N. de Nauplie, avait été fondée par Tiryns, fils d'Argus. Amphitryon y régnait; Hercule, son fils, y fit sa résidence.

TISAMÈNE, fils de Thersandre et petit-fils de Polynice, fut le dernier roi de Thèbes du sang d'Œdipe. — Fils d'Oreste, régna sur Argos et sur Sparte après la mort de son père et fut détrôné par les Héraclides, 1190 av. J.-C. Il se retira en Achaïe et périt bientôt après en combattant les Ioniens.

TISCHBEIN (Jean Henri), peintre allemand, né en 1722 à Haina dans la Hesse, mort en 1789, étudia 5 ans en France sous Vanloo, visita Florence, Bologne, Rome, Venise, devint, après son retour en Allemagne, peintre de Guillaume VIII, landgrave de Hesse-Cassel, directeur de l'Académie de peinture et d'architecture de Hesse, professeur de peinture au collége Carolin, et fonda une école qui, abandonnant la manière sombre de Rembrandt, adopta l'heureux mélange de couleurs qui caractérise l'école vénitienne. Il a presque exclusivement peint la mythologie. — Un de ses neveux, J. H. Guillaume T., peintre d'histoire et directeur de l'académie de peinture de Naples, a bien mérité des artistes et des antiquaires par son magnifique Recueil de gravures de vases antiques (Naples, 1791, et Paris, 1803-1806, 4 vol. de 240 gravures).

TISI (Benevenuto), peintre. V. GAROFALO.

TISIPHONE, une des Furies. V. FURIES.

TISSAPHERNE, satrape de Perse, commandait une partie de l'armée d'Artaxerce Mnémon à la bataille de Cunaxa où Cyrus le Jeune fut vaincu, 401 av. J.-C. Chargé après la victoire de conduire vers le Pont-Euxin les Dix Mille qui avaient combattu pour Cyrus, il fit égorger Cléarque et leurs autres chefs dans un festin. Il obtint en récompense de ses services la main d'une fille du roi et le gouvernement des provinces de l'Asie-Mineure qui avaient été confiées à Cyrus avant sa révolte. Attaqué en 396 par Agésilas, roi de Sparte, il fut vaincu sur les bords du Pactole, et fut à cette occasion accusé de trahison par Parysatis, mère d'Artaxerce et de Cyrus, qui le fit tuer à Colosses en Phrygie.

TISSOT (André), médecin, né en 1728 à Grancy (dans le pays de Vaud), m. en 1797, étudia à Montpellier, vint s'établira Lausanne où il se fit un nom par une nouvelle méthode de traiter la petite vérole, occupa la chaire de médecine à l'Académie de Lausanne (1766), et, après avoir rejeté les offres des rois de Pologne et d'Angleterre, accepta une chaire à l'université de Pavie (1781) ; mais il revint trois ans après à Lausanne. Il publia en 1769 à Paris un recueil de ses ouvrages, tant latins que français, en 10 vol. in-12. Ses Œuvres choisies ont paru en 1809, avec notes de Halle. On y distingue le traité De morbis ex manustupratione ortis (1760), traduit sous le titre de l'Onanisme; l’Avis au peuple sur sa santé (1761), ouvrage où pour la 1re fois la médecine était traitée en langue vulgaire; De valetudine litteratorum (1766), qu'il traduisit lui-même sous ce titre : De la santé des gens de lettres, 1769; et un Essai estimé sur les maladies des gens du monde (1770).

TISSOT (Pierre), homme de lettres, né en 1768 à Versailles, m. en 1854. Privé d'un emploi qu'il avait rempli dans l'administration révolutionnaire, il employa ses loisirs à traduire en vers les Bucoliques de Virgile (1800), attira par ce travail l'attention de Delille qui, en 1806, le choisit pour le suppléer dans sa chaire de poésie latine au Collége de France, et devint titulaire de cette chaire à la mort de Delille (1813). Destitué de nouveau, sous la Restauration, à cause de ses opinions libérales, il se jeta dans la presse opposante et devint un des rédacteurs du Pilote, du Constitutionnel, de la Minerve. Il se fit réintégrer dans sa chaire après la révolution de 1830. Outre la traduction des Bucoliques, on lui doit des Études sur Virgile (1825-30, 4 vol. in-8), vaste et utile travail dans lequel le poëte latin est comparé avec tous les poëtes épiques et dramatiques anciens et modernes. Tissot a aussi publié une Histoire de la Révolution française (1833-36, 6 v. in-8).

TITAN, fils du Ciel ou Uranus, et frère aîné de Saturne, fut père des Titans (V. l'art, suiv.) — Les poëtes donnent quelquefois le nom de Titan au Soleil.

TITANS (les), fils de Titan et de la Terre. Titan, l'aîné des fils d'Uranus, avait cédé à Saturne l'empire du monde, mais en réservant à ses enfants leurs droits au trône, et en stipulant que Saturne ne pourrait élever aucun enfant mâle. Ce dieu n'ayant point accompli sa promesse (V. SATURNE), les Titans se révoltèrent, et mirent Saturne à deux doigts de sa perte : ils se croyaient déjà vainqueurs, lorsque Jupiter, âgé d'un an, parut armé de la foudre et les précipita dans le Tartare.

TITE (S.), disciple de S. Paul, évêque de Crète au 1er s., m. vers l'an 105, est fêté le 3 janv.

TITE-LIVE, T. Livius, célèbre historien latin, né à Padoue en 59 av. J.-C., m. l'an 19 de J.-C., vécut longtemps à Rome et à Naples, fut honoré de l'amitié d'Auguste, qui lui confia l'éducation de Claude (depuis empereur), et passa ses dernières années à Padoue. Tite-Live a laissé une Histoire romaine qui embrasse les années écoulées depuis la fondation de Rome jusqu'à la mort de Drusus, beau-fils d'Auguste. Cet ouvrage se composait de 140 livres, que l'on a distribués de 10 en 10, sous le nom de Décades : nous n'en possédons guère qu'un quart ou 35 livres (I-X, XXI-XLV), et quelques fragments, dont un assez considérable du XCIe livre. Nous avons de plus les sommaires de l'ouvrage (dits Epitome), qui, sans être de Tite-Live lui-même, doivent contenir beaucoup de ses expressions et qui ont leur utilité. Freinshemius a essayé de remplir par des Suppléments plusieurs lacunes de l'auteur latin (1649). Le principal mérite de Tite-Live est dans le style et la narration : rien de plus élégant et même de plus pur que son style, bien que ses contemporains lui reprochassent un peu de patavinité ; rien de plus clair, de plus noble, de mieux ordonné que son récit : de plus, il a le mérite de ne point se passionner, bien qu'il soit favorable aux Romains plus qu'à leurs adversaires, aux patriciens plus qu'à la démocratie; il ne craint pas de louer Brutus, Cassius et surtout Pompée, ce qui le faisait appeler par Auguste le Pompéien. Les discours, en si grand nombre dans son histoire, sont des chefs-d'œuvre : ils sont plus précieux peut-être que le récit lui-même pour mettre sur la voie des vrais motifs des événements. L'auteur rapporte fidèlement des traditions absurdes, des prodiges incroyables, mais sans y croire lui-même. Ce grand ouvrage excita du vivant même de Tite-Live l'admiration générale et lui fit une immense réputation : un habitant de Cadix vint exprès à Rome pour en voir l'auteur. Tite-Live, dont les divers livres n'ont été retrouvés que successivement, a été édité nombre de fois, et traduit dans toutes les langues. La meilleure édition critique est encore celle de Drakenborch, Amst., 1738-46, 7 vol. in-4, reproduite à peu près dans la Bibliothèque classique de Lemaire, 13 vol. in-8. Parmi les éditions courantes, les meilleures sont l'édition Ad usum Delphini, 1679, 6 v. in-4; celle de Crevier, avec d'excellentes notes, Paris, 1748, 6 vol. in-4; d'A. W. Ernesti et Schæfer, Leips., 1801-4, 5 vol. in-8; de Stroth et Dœring, 1796-1813, 7 vol. in-8; de Ruperti, Gœtting, 1807, 4 vol. in-8 ; de Boehmert, Leips., 1825, 4 vol. in-8; de Weissenborn, Leips., 1850. Tite-Live a été traduit en français par Dureau De la Malle et Noël, 1810-12, 15 vol. in-8, et dans les collections Panckoucke et Nisard, par divers auteurs. On doit à Lachmann une dissertation De fontibus historiarum Livii, Gœtt., 1822, à M. Taine un Essai sur Tite-Live, 1856, couronné par l'Acad. française.

TITHON, prince troyen , fils de Laomédon, et frère de Priam, était si beau que l'Aurore l'enleva pour en faire son époux. Il la rendit mère de Memnon et d'Émathion. L'Aurore obtint pour lui de Jupiter l'immortalité; mais, ayant oublié de demander en même temps qu'il eût une jeunesse éternelle, Tithon devint si vieux et si faible qu'il fallut l'emmaillotter comme un enfant. L'Aurore le métamorphosa en cigale. Il est à croire que Tithon avait quitté la Troade, son pays natal, pour s'établir dans une contrée plus orientale (la Susiane ou la Perse), ce qui fit dire aux poëtes qu'il avait été enlevé par l'Aurore.

TITICACA ou CHUCUITO, lac du Pérou, sur la limite de la Bolivie, par 13° 30'-17° lat. S. et 71° 15'-73° 12' long. O., sur un plateau élevé de 3915m au-dessus de la mer, a 280 kil. de long, sur 100 de large. Il reçoit plusieurs rivières et n’a aucun écoulement apparent. Au centre du lac est une île de même nom où les traditions péruviennes placent la résidence de Manco-Capac, et où l’on voit les ruines d’un temple du Soleil. Les indigènes disent que les Incas jetèrent leurs trésors dans ce lac à l’arrivée des Espagnols.

TITIEN (Tiziano VECELLI, dit LE), célèbre peintre vénitien, né vers 1477 à Pieve di Cadore, mort en 1576, fut élève de Séb. Zuccato, de Gentil Bellini, de Giorgione, mais s’éleva bientôt au-dessus de ses maîtres, et reçut du sénat de Venise le titre de premier peintre de la République. Alphonse d’Este l’employa à décorer son palais de Castello. Le Titien visita ensuite diverses villes d’Italie, et fut partout admiré ; il résista aux efforts que fit Léon X pour le fixer à Rome ; François I ne réussit pas mieux à l’attirer en France. Ce grand peintre voua ses talents à Charles-Quint, qui déjà l’avait comblé de dons et d’honneurs : de 1545 à 1556, il exécuta pour ce prince une foule de tableaux magnifiques. Il en fit beaucoup encore pour Philippe II, bien qu’il fût âgé de près de 80 ans lors de l’avénement de ce prince. Il mourut de la peste à Venise à 99 ans. Le Titien est sans contredit le premier des coloristes ; les tableaux qu’il composa à 70 et même à 80 ans attestent une fraîcheur d’imagination vraiment inconcevable ; mais, comme dessinateur, il est loin de la perfection. Le Titien est le vrai chef de l’école vénitienne. Parmi ses élèves, Horace Vecelli, son fils, le Véronèse, le Tintoret, sont les plus célèbres. La fécondité de ce peintre ne fut pas moins prodigieuse que son génie : le cabinet des estampes du Louvre possède 850 gravures faites d’après le Titien ; mais il en existe encore d’autres, et il est certain que beaucoup de ses ouvrages ont péri en Espagne. Ses chefs-d’œuvre sont : les Bacchanales (à Ferrare), le Triomphe de l’Amour (Ferrare), le Triomphe de Judith (Venise),’l’Assomption (Venise), les tableaux allégoriques de la Religion et de la Ste Trinité recevant la famille impériale au ciel (pour Charles-Quint), Diane et Actéon, la Flagellation, la Ste Cène, etc. Le Louvre possède 18 tableaux de cet artiste, entre autres les Pèlerins d’Emmaüs, le Christ au roseau, S. Jérôme dans le désert, la Vierge, dite à l’enfant, et la Vierge au lapin, le célèbre tableau appelé à tort le Titien et sa maîtresse, qui représente Alphonse, duc de Ferrare, et Laura de Dianti, enfin plusieurs portraits, entre autres celui de François I.

TITIUS (Gottlieb Gérard), jurisconsulte, né à Nordhausen en 1664, m. en 1714, fut nommé en 1709 professeur de droit à l’Université de Leipsick, en 1710 conseiller au tribural de Dresde, et en 1713 assesseur au tribunal de Leipsick. Il introduisit dans l’enseignement du droit une méthode plus philosophique, et rédigea de savants ouvrages, entre autres : Specimen juris publici Romano-Germanici, Leips., 1698 ; Droit féodal germanique (en allemand), 1699 ; Observations sur Puffendorf (en lat., 1703).

TITIUS (J. Daniel), professeur de mathématiques et de physique à Wittemberg, 1729-97, avait composé plusieurs savants ouvrages qui périrent en 1766, lors du siége de Wittemberg. C’est lui qui trouva la loi approximative des distances des planètes au soleil et qui en tira le premier cette conséquence qu’il devait y avoir une planète entre Mars et Jupiter.

TITLIS (Le Mont), mont de Suisse, sur les confins des cantons d’Uri, Berne et Unterwald : 3606m. Il est couvert d’une couche de glace de 60m d’épaisseur.

TITON DU TILLET (Évrard), conseiller au parlement de Paris, né en 1677, m. en 1762, se fit un nom par son zèle pour les lettres, fit frapper à ses frais une suite de médailles représentant les poëtes et les artistes du règne de Louis XIV, et fit exécuter en leur honneur le petit monument en bronze connu sous le nom de Parnasse français, qu’on voit encore à la Biblioth. impériale (décrit en 3 vol. in-f., 1732-60).

TITTERIE, anc. beylick de la régence d’Alger, entre ceux d’Alger au N., de Mascara à l’O., de Constantine à l’E., et le Zab au S. E. Médéah, Milianah, Sidi-Hamza en étaient les lieux principaux. Au S. se trouve le mont de Titterie et un lac du même nom. Soumis par les Français en 1842, ce pays fait auj. partie de la prov. d’Alger.

TITUS, T. Flavius Sabinus Vespasianus, fils aîné et successeur de Vespasien, né en 40, avait été tribun légionnaire en Germanie et dans la Grande-Bretagne, puis questeur, lorsqu’en 66 il suivit son père en Judée ; il prit Jotapat (où commandait l’historien Josèphe), Joppé, Tarichée, Giscale, et fut laissé en Orient par Vespasien, lorsque ce dernier, proclamé empereur par ses troupes, se rendit en Italie (69). Titus poussa la guerre plus activement et l’acheva par la prise de Jérusalem et du temple (8 sept. 70). De retour à Rome, il fut associé à l’administration de l’empire, cumula la censure, le tribunal, et fut 7 fois consul. Parvenu à l’empire en 79, il bannit et flétrit les délateurs, donna d’immenses secours aux victimes de l’éruption du Vésuve (79), de la peste et de l’incendie de Rome, fléaux qui se succédèrent coup sur coup, et montra l’intention d’être le bienfaiteur de l’univers ; mais il n’eut pas le temps d’exécuter tout le bien qu’il projetait. Il mourut en 81, après 27 mois de règne, empoisonné peut-être par Domitien, son frère, qui lui succéda. Pendant sa campagne de Judée, Titus s’était épris de Bérénice, princesse juive d’une beauté remarquable ; mais, quand il fut sur le trône, il s’en sépara (V. BÉRÉNICE). Titus est surtout célèbre par sa bienfaisance ; il mérita d’être appelé les Délices du genre humain. Ayant passé une journée sans répandre de bienfaits, il dit avec douleur : « Mes amis, j’ai perdu ma journée. »

TITYE, géant célèbre, voulut attenter à la pudeur de Latone, et fut tué à coups de flèches par les enfants de la déesse, Apollon et Diane, puis condamné à servir de pâture dans le Tartare à un vautour qui lui ronge éternellement les entrailles. Le corps de ce géant couvrait, disait-on, sept arpents.

TIVOLI, Tibur, v. des États de l’Église (comarque de Rome), ch.-l. de district, à 26 k. E. de Rome, sur une colline et sur la r. g. du Teverone (Anio), qui y forme plusieurs cascades ; env. 7000 hab. Évêché. Aspect délicieux et pittoresque. Belle cathédrale, couvent de St-Antoine (sur l’emplacement de la villa d’Horace) ; nombre d’antiquités : grotte de Neptune, temple de Vesta et de la Sibylle, restes de la villa de Mécène, etc. À 4 kil. de là sont les bains de Tivoli.

TLALPAN, ou San-Agostina de las Cuevas, v. nouvelle du Mexique, dans l’État de Mexico, dont elle a été quelque temps la capitale ; env. 6000 hab.

TLASCALA (Puebla), c.-à-d. Terre du grain, v. du Mexique, à 35 kil. S. de Puebla, sur la Naspa, était très-florissante et très-peuplée avant l’arrivée des Espagnols et compta jusqu’à 300 000 hab. ; auj. elle est réduite à 4000. C’était la capitale d’un État gouverné par un cacique ennemi de celui de Mexico.

TLEMCEN ou TREMECEN, v. d’Algérie (prov. d’Oran), ch.-l. de subdiv. militaire, à 116 k. S. O. d’Oran et à 48 kil. de la mer ; env. 13 000 hab. Puissante forteresse (Méchouar). Fabriques d’armes, d’ouvrages en fer, de maroquins ; moulins à huile et à farine ; pépinières. Aux env., beaux jardins plantés d’arbres fruitiers. Tlemcen était jadis beaucoup plus importante ; elle a été longtemps, sous le nom de Djidda, la capitale d’un État arabe, fondé par les Zénètes, qui comprenait, outre Tlemcen, les villes de Ned-Roma, Djigelli, Marsalquivir, Oran, Mazagran, Arzew, Mostaganem. Au VIIIe s., Edris, calife du Maghreb et fondateur de l’empire de Maroc, régnait à Tlemcen ; cette ville passa ensuite, sous la domination des Zérites (vers 980), puis sous celle des Almoravides et des Almohades. En 1248, Yagmourezen-ben-Zian s’empara de Tlemcen, s’y rendit indépendant, et y fonda la dynastie des Zianides, qui prirent le titre de califes. Soumise un instant au Maroc (1312 et 1336), Tlemcen reconquit promptement sa liberté, et la conserva jusqu’au XVIe s. En 1515, elle fut prise par Aroudj Barberousse, qui en fut chassé par les Espagnols dès 1518; elle fut soumise par les Turcs en 1543, et réunie par eux en 1560 à la régence d'Alger, dont elle n'a point été depuis séparée. Prise par les Français en 1835, elle fut cédée, par le traité de la Tafna, à l'émir Abd-el-Kader, qui en fit sa capitale. Elle a été occupée définitivement en 1842. l’Hist. des rois de Tlemcen a été trad. de l'arabe par l'abbé Bargès, 1852.

TLÉPOLÈME, fils d'Hercule et d'Astyoché, s'enfuit d'Argos, après avoir tué par mégarde son oncle Licymnius, et se rendit à Rhodes, où il fonda les villes de Linde, Jalyse et Camire. Il amena les Rhodiens au siège de Troie, et y fut tué par Sarpédon.

TMOLE (le), Tmolus, auj. Bouzdag ou Tomolitzi, mont. de Lydie, au S. de Sardes, célèbre par ses vins, son safran et la salubrité de l'air. Au pied de la montagne était une ville de Tmole, auj. Berki.

TMOUTARAKAN, anc. ville de l'île de Taman, sur l'emplacement qu'occupe la ville actuelle d'Iékatérinodar, fut du Xe au XIIe s. le ch.-l. d'une principauté qui fut souvent donnée en apanage à des princes de la maison de Rurik. L'invasion mongole mit fin à cette principauté.

TOALDO (Joseph), professeur de géographie physique et astronomique à Padoue, né en 1719 à Pianezza, près de Vicence, m. en 1798, fonda un observatoire à Padoue, crut remarquer qu'au bout de 18 ans les phénomènes météorologiques reviennent dans le même ordre, et établit un cycle qu'on a nommé Cycle toaldin. On a de lui un Essai de Météorologie (ital.), trad. par Daguin (1784), et la Météorologie appliquée à l'agriculture, également traduite.

TOBI ou SCOMBI, Genusus, riv. de la Turquie d'Europe, sort du mont Djourad, dans le plateau d'Ochrida, à 11 kil. O. de Monastir, entre en Albanie, arrose les sandjakats d'Ochrida, d'Avlone, de Scutari, et se jette dans l'Adriatique à 4 k. O. de Pekini, après un cours de 180 kil.

TOBIE, Tobias, Juif célèbre par sa piété. Emmené captif à Ninive après la destruction du royaume d'Israël par Salmanasar (718), il resta fidèle à la loi, et n'en acquit pas moins la confiance du roi, qui le fit son pourvoyeur; mais il déplut au successeur de ce prince, Sennachérib, par les bons offices qu'il rendait à ses concitoyens malheureux, et fut obligé de fuir pour sauver sa vie. Rétabli dans ses biens à la mort de Sennachérib (712), il continua ses bonnes œuvres; mais il eut le malheur de devenir aveugle, malheur qu'il supporta avec résignation. Quatre ans après, son fils, chargé par lui d'aller à Ragès redemander à Gabelus une somme de 10 talents qu'il lui avait prêtés, fit rencontre de l'archange Raphaël, qui s'offrit à lui sous un déguisement pour compagnon de voyage. Par ses conseils, le jeune Tobie tira de l'eau un énorme poisson dont il mit à part le fiel, et, de retour à la maison, il frotta les yeux de son père avec le fiel de cet animal, et lui rendit ainsi la vue. Tobie le père, qui était alors âgé de 60 ans, en vécut encore 42. Tobie le jeune avait, pendant son voyage, épousé à Ecbatane Sara, sa parente, fille de Raguel; après la mort de son père, il se fixa près de son beau-père à Ecbatane : c'est là qu'il mourut, à 99 ans. — L'hist. des deux Tobie est racontée dans un des livres de l'Anc. Testament, qui, sans être au nombre des livres sacrés, a toujours été l'objet d'une grande vénération. On n'a plus l'original; mais S. Jérôme l'a traduit sur un texte chaldéen.

TOBOL (le), riv. de la Russie d'Asie, naît vers les frontières de la Sibérie et du Turkestan, dans les monts Kitchik-Karatcha, coule au N. E., traverse les gouvts d'Orenbourg, de Tobolsk, reçoit la Tavda, la Toura, l'Iset, l'Abouga, et tombe dans l'Irtyche, près de Tobolsk, après un cours de 900 kil.

TOBOLSK, v. de la Russie d'Asie, ch.-l. du gouvt de Tobolsk et ville principale de toute la Sibérie, près du confluent de la Tobol et de l'Irtyche, par 65° 46' long. E., 58° 11' lat. N.; 25 000 hab. Archevêché russe. Citadelle en ruines, palais archiépiscopal, bourse, monument d'Iermak, séminaire, gymnase. Grand commerce avec la Sibérie orientale et la Chine, entrepôt des pelleteries de la couronne. Les Boukhares et les Turcs y sont très-nombreux. Climat sain, mais très-froid : le thermomètre y descend à 45° au-dessous de 0. Tobolsk a été bâtie en 1643; elle existait comme bourg depuis 1587. — Le gouvt de Tobolsk, le plus occidental de la Sibérie, a env. 2200 k. du S. au N. sur 750 de largeur moyenne, et près de 880 000 h. Le sol et le climat varient avec la latitude, qui va de 55° à près de 72°. Presque partout cependant les rivières sont gelées 9 mois de l'année. Grains au S. ; immenses forêts, animaux à fourrures, gros bétail, pêche lucrative. Le gouverneur de Tobolsk est gouverneur général de toute la Sibérie occid.

TOBOSO (el-), brg d'Espagne (Manche), à 100 kil. S. E. de Tolède, 2800 h. Poterie, moulins. Ce lieu, misérable en lui-même, doit quelque célébrité à Cervantes, qui en a fait le séjour de la belle Dulcinée.

TOCANTINS (le), fleuve du Brésil, se forme dans la prov. de Goyaz de la réunion du Paranaô et du Paranatinga, entre dans la prov. de Para, passe à Villaviciosa, reçoit le Rio-das-Bocas, arrose Para, et va se jeter dans l'Atlantique un peu à l'E. de l'emb. de l'Amazone, après un cours de 1400 kil., dirigé généralement au N. Cataractes. — Le Tocantins donne son nom à un district de la prov. de Goyaz.

TOCKEMBOURG ou TOGGENBOURG, le pays des Tugeni des anciens; comté de Suisse, dans le canton de St-Gall, ainsi nommé d'un château de même nom situé près de la ville de Lichtensteig, était compris entre les possessions de l'abbaye de St-Gall, le Thurgau, le canton de Zurich, celui d'Appenzell, et avait 47 kil. sur 20. Lichtensteig en était le chef-lieu. C'est une vallée étroite, arrosée par la Thur. — La 1re race des comtes de T. s'éteignit en 1436; les prétentions rivales des comtes de Zurich et de Schwitz à la succession de ce comté donnèrent lieu à la 1re guerre de Tockembourg, qui compromit un instant l'indépendance de la Confédération helvétique. Le comté fut vendu en 1469 à Ulric VII, abbé de St-Gall, et depuis il n'a cessé, jusqu'au XVIIIe s., d'appartenir à l'abbaye; mais, en 1712, les Tockembourgeois, opprimés par leur abbé, se soulevèrent : la Suisse entière prit parti pour ou contre, et il en résulta une 2e guerre de Tockembourg, qui se termina à l'avantage des Tockembourgeois par la paix d'Aarau (1712). Leur affranchissement définitif fut prononcé en 1718, à la paix de Bade.

TOCQUEVILLE (Alexis CLÉREL de), publiciste, né en 1805 à Verneuil (Seine-et-Oise), m. en 1859, était fils du comte de Tocqueville, pair de France et préfet sous la Restauration. Chargé en 1831, avec M. Gustave de Beaumont, d'aller étudier le système pénitentiaire aux États-Unis, il publia à son retour un remarquable compte rendu de sa mission. Il fit paraître en 1835 la Démocratie en Amérique, ouvrage profond et hardi, qui lui valut un prix Montyon, un siége a l'Académie des sciences morales (1839) et bientôt après à l'Académie française (1841). Député dès 1839, il prit place dans les rangs de l'opposition dynastique; représentant du peuple en 1848, il combattit le socialisme. Il fut appelé en 1849 au ministère des affaires étrangères et approuva l'expédition de Rome. Il se retira des affaires après le 2 déc. 1851. Il a laissé, outre la Démocratie en Amérique, divers opuscules politiques, réunis dans ses Œuvres complètes, publiées après sa mort (8 vol. in-8).

TODI, Tuder, v. d'Italie (Spolète), à 25 kil. O. de Spolète; 4500 hab. Évêché (érigé en 138). Patrie du pape Martin I. Anciens murs étrusques. — Il se tint à Todi un concile en 1001.

TOEPLITZ, v. de Bohême (comitat de Leitmeritz), à 21 k. N. O. de Leitmeritz et à 80 k. N. O. de Prague; 4000 h. Château avec beaux jardins; célèbres bains thermaux (17 sources thermales, ferrugineuses ou salines, découvertes en 762). Château de Clary, où fut signé en 1813, entre la Prusse, l’Autriche et la Russie, le 1er traité d’alliance contre Napoléon.

TOEPPFER (Rodolphe), écrivain génevois, né en 1799, m. en 1846, fils d’un habile peintre, étudia d’abord la peinture, puis se consacra aux lettres et à l’éducation, dirigea avec succès pendant plusieurs années un pensionnat, et fut nommé en 1832 professeur de Belles-lettres à l’Académie de Genève. On lui doit plusieurs productions charmantes : Nouvelles génevoises, Rosa et Gertrude, le Presbytère, romans où la morale est présentée de la manière la plus agréable ; les Voyages en zigzag, où combinant habilement le dessin avec la narration, il raconte les excursions qu’il faisait dans les Alpes avec ses écoliers ; les Réflexions et menus propos d’un peintre génevois, où il donne une remarquable théorie du beau. Il est l’auteur de spirituels albums, qui ont eu une grande vogue : M. Vieux-Bois, M. Jabot, M. Crépin, le Dr  Festus, M. Cryptogame. Ste-Beuve a donné une Notice sur sa vie et ses ouvrages en tête d’une édition de ses Œuvres publiée de 1841 à 1847.

TOGE, toga, vêtement caractéristique des citoyens romains : c’était un ample manteau de laine blanche qui se mettait par-dessus la tunique ; on le portait sur l’épaule gauche, un pan descendait par derrière ; avec le reste, on s’enveloppait tout le corps, mais de manière à laisser libre le bras droit. La toge, sans ornements, sans garnitures, était dite toga pura ; garnie d’une bande de pourpre, c’était la toga prætexta. V. PRÉTEXTE.

TOGGENBOURG, en Suisse. V. TOCKEMBOURG.

TOGRUL I ou THOGROUL-BEG, fondateur de la dynastie turque des Seldjoucides, petit-fils de Seldjouk, ne fut d’abord qu’un chef de tribu établi dans le N. du Khoraçan, et relevant du gaznévide Mahmoud, puis de son fils Mas’oud. Il se révolta contre ce dernier, conquit partie du Kharizm et du Khoraçan, s’empara d’Hérat, de Nichapour, vainquit Mas’oud en 1039, et prit le titre de sultan. Se tournant ensuite vers l’Occident, il entra dans Ispahan, substitua dans tout l’Iran sa domination à celle des Bouides (1051), soumit de même, après une guerre sanglante (1055-1059), Bagdad et ses dépendances (Mésopotamie et partie de la Syrie), mit à mort l’émir Al-omra Bessasiri, qui exerçait une odieuse tyrannie sur le calife Kaïem, et épousa Séida, fille de ce dernier. Son frère Ibrahim-Inal et son cousin Koutoulmich avaient été au nombre de ses antagonistes les plus acharnés : il les vainquit à Hamadan (1058), fit étrangler le premier et chassa le second de ses États. Il m. en 1063, à 70 ans. II, sultan de 1132 à 1134. V. MAS’OUD (Gaiath-eddyn). III, dernier prince seldjoucide de Perse (1175-94), fils et successeur d’Arslan-Chah, fut d’abord gouverné par les atabeks Pehlevan-Mohammed et Kizil-Arslan, mais sut se soustraire à leur joug. Il soumit l’Irak-Adjémi, mais vit s’armer contre lui de nombreux mécontents : il fut battu et tué par l’un d’eux, Takach, prince de Kharism, en 1194. Ce prince passe en Orient pour un grand poëte.

TOIRAS (Jean DU CAYLARD DE ST-BONNET, maréchal de), né en 1585, m. en 1636, se distingua, sous Louis XIII, aux sièges de St-Jean-d’Angély, Montauban, Montpellier, chassa Soubise de l’île de Ré (1627), défendit cette île contre Buckingham, soutint dans Casal (1630) un siége mémorable contre les Austro-Espagnols que commandait Spinola, et reçut alors le bâton de maréchal. Il signa avec Servien, comme ambassadeur extraordinaire, le traité de Chérasque ; mais, ayant excité la jalousie de Richelieu, il fut privé de tout emploi. Il accepta du service en Savoie, et périt à la bataille de Fontanelle (Milanais), en combattant pour le duc de Savoie, allié de la France (1636).

TOISON D’OR (la), toison du bélier sur lequel s’enfuirent Phryxus et Hellé (V. ces noms), était suspendue à un arbre de la Colchide, dans un bois sacré, et gardée par un dragon qui ne sommeillait jamais. Les Argonautes s’en emparèrent néanmoins, grâce à Médée, qui endormit le dragon par ses enchantements. On a supposé que la Toison d’or de la Fable était un emblème des richesses de la Colchide ou des mines d’or qu’elle recelait.

TOISON D’OR. (Ordre de la), ordre de chevalerie institué à Bruges en 1429 par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, en l’honneur d’une de ses maîtresses, Marie de Crumbrugge, dont les cheveux roux avaient été l’objet de quelques plaisanteries. Cet ordre ne devait d’abord se composer que de 24 chevaliers, mais il fut graduellement porté à 50 ; le duc en était grand maître. Lors de l’extinction de la maison de Bourgogne, la grande maîtrisa passa à la maison d’Autriche. Charles-Quint la transmit aux rois d’Espagne, ses descendants. Après l’extinction de la maison d’Autriche en Espagne, la paix d’Utrecht laissa la grande maîtrise au roi Philippe V, de Bourbon, tige de la nouvelle maison régnante, qui avant son avènement portait le titre de duc de Bourgogne, néanmoins l’Empereur ne voulut pas renoncer à son droit, et, depuis, l’ordre fut conféré concurremment par les rois d’Espagne et par les Empereurs d’Allemagne. Les insignes sont une toison d’or suspendue à un collier ou à une chaîne d’or, dont les ornements figurent des briquets en forme de B (pour Bourgogne), et des cailloux d’où jaillissent des étincelles, Reiffenberg a écrit l’Hist. de la Toison d’or, Bruxelles, 1S30.

TOKAT, Berisa, Comana pontica ? v. d’Anatolie (Sivas), à 85 kil. N. O. de Sivas ; env. 40 000 hab. Archevêché arménien ; mosquées et églises diverses ; bains. Fabrication d’objets en cuivre, de maroquins, d’étoffes de soie, de tapis ; grand commerce. Le tremblement de terre de 1825 a nui beaucoup à cette ville.

TOKAY, bourg de Hongrie (Zemplin), au pied de la mont. de son nom et au confluent de la Bodrog et de la Theiss, à 36 kil. S. d’Ujhéli ; 4500 hab. On récolte sur les coteaux qui environnent ce bourg un vin excellent que l’on regarde comme le premier vin de liqueur de l’Europe ; les meilleurs crus sont ceux de Ste-Thérèse, de Szarwach et de Mézes-Male. On a acclimaté le plant de Tokay en France, aux environs de Nîmes et de Béziers.

TOKTAMOUICH, khan du Kaptchak, descendait au 6o  degré de Gengiskhan. Il se signala d’abord au service d’Ourouch, un des khans du Kaptchak, qui, jaloux de lui, voulut le poignarder ; il prit alors les armes contre lui : vaincu une 1re  fois en l375, il revint à la charge avec l’aide de Tamerlan, fut vainqueur à son tour à la Khalka (1380), et réunit sous sa loi presque tout le Kaptchak. Il somma le prince russe Dmitri III (Donski) de lui rendre hommage : sur son refus il entra en Russie, brûla Moscou, Vladimir, Mojaïsk, et n’accorda la paix qu’après la soumission de Dmitri (1385). Deux ans après, il entra en querelle avec Tamerlan et envahit la Transoxiane (1389 et 90), mais fut battu sur le bord de l’Oural et refoulé dans ses États. Il reprit encore l’offensive en 1394, mais cette fois il fut chassé du Kaptchak par Tamerlan. Après avoir fait de nouveaux et de vains efforts pour remonter sur le trône, il fut tué en Sibérie (1406).

TOLAND (John), célèbre incrédule, né en Irlande près de Londonderry en 1670, m. en 1722. D’abord catholique, il se fit ensuite presbytérien et finit par tomber dans l’incrédulité. Il est auteur de livres fameux par leur impiété, dont plusieurs furent réfutés par Clarke, Leibnitz et Gordon, et condamnés par les tribunaux : il y attaquait non-seulement les dogmes de la foi, mais même les vérités de la religion naturelle, niant l’immortalité de l’âme et enseignant ouvertement le panthéisme, mot qui est de lui. Ses principaux écrits sont le Christianisme sans mystères, Londres, 1696, ouvrage qui causa un tel scandale que l’auteur dut fuir de Londres ; la Vie de Milton, 1698 (pamphlet dirigé surtout contre l’authenticité du Nouveau Testament) ; le Nazaréen ou le Christianisme judaïque, païen et mahométan (1718) ; le Panthéisticon (1720). TOLBIAC, Tolbiacum, auj. Zulpich, v. de Gaule (Germanique 2e), au S. de Juliacum, est fameuse par la victoire que Clovis y remporta sur les Allemands en 496, et par celle de Thierry II, roi de Bourgogne, sur Théodebert II, roi d’Austrasie, en 612.

TOLÈDE, Toletum, v. d’Espagne (Nouv.-Castille), ch.-l. de l’intend. de Tolède, sur la r. g. du Tage, à 61 kil. S. O. de Madrid ; 15 000 hab. Archevêché, pont le titulaire est primat d’Espagne ; anc. université, supprimée en 1845. Ville fort déchue, mais qui offre encore de beaux monuments : vaste cathédrale, Alcazar (anc. palais des rois maures), embelli par Charles-Quint, hôtel de ville (ou Ayuntamiento), etc. L’intérieur de la ville est laid, les rues étroites et tortueuses, l’eau rare. Quelques ruines, restes d’un cirque romain. Fabriques d’armes blanches renommées, d’ornements d’église, etc. — On croit cette ville d’origine phénicienne. Les Romains lui donnèrent le titre de colonie : c’est là qu’ils réunissaient l’or des mines de l’Espagne. Les rois goths en firent leur capitale à partir de 554 ; les Arabes la prirent en 714 et la gardèrent malgré de fréquentes révoltes. Après le démembrement du califat de Cordoue, il y eut, de 1031 à 1085, un Roy. de Tolède indépendant. Alphonse VI conquit et le roy. et la ville en 1085 : Tolède devint dès lors la capitale de la Castille ; sous Charles-Quint et jusqu’en 1560 elle le fut de toute l’Espagne : elle eut alors, dit-on, jusqu’à 200 000 h. Il s’est tenu à Tolède, au temps de la domination des Goths, 17 conciles, la plupart remarquables sous le rapport politique. À Tolède sont nés S. Ildefonse, Aben-Ezra, Aboul-Cacem, Louis de La Cerda, Aloïse Sigée, Garcilaso de la Vega. — L'intend. de Tolède, bornée par celles de Madrid et de Guadalaxara au N., de Cacérès à l’O. et par la Manche au S. et à l’E., a 207 kil. de l’E. à l’O. sur 96 de largeur moyenne, et env. 340 000 h. Sol très-montueux, mais fertile. Bétail, abeilles, vers à soie ; industrie assez active.

TOLÈDE (Pierre de), général espagnol, né en 1484 à Alba de Tormès, m. en 1533, se distingua dans la guerre de Navarre (1512) et dans celle des Flamands contre Charles-Quint, fut nommé vice-roi de Naples en 1532, se signala dans ce poste par la vigueur de son caractère ; mais se montra intolérant envers les Juifs, qu’il chassa des États qu’il gouvernait, et établit l’inquisition (1547). Une insurrection terrible ayant éclaté à cette occasion, Charles-Quint se vit obligé d’abolir l’inquisition la même année ; néanmoins, Pierre de Tolède resta en place jusqu’à sa mort (1553). — Un autre Pierre de Tolède, de la même famille, fut connétable de Castille, général des galères de Naples, battit les Turcs sur mer et fit une descente heureuse en Morée (1595). Confident de Philippe III, il fut envoyé comme ambassadeur en France auprès de Henri IV en 1608 dans le but de détacher ce prince de l’alliance des Provinces-Unies.

TOLÈDE (ALVAREZ de), duc d’Albe. V. ALBE.

TOLENTINO, v. d’Italie (Macerata), dans les anc. États de l’Église ; 4000. hab. Anc. évêché (réuni à celui de Macerata en 1586). Patrie de S. Nicolas de Tolentino et du savant Philelphe. Il y fut signé en 1797, entre Bonaparte et Pie VI, un traité par lequel ce dernier cédait le Comtat à la France ; le Bolonais, le Ferrarais, la Romagne à la république Cisalpine. Murat perdit à Tolentino une bataille décisive contre les Autrichiens le 2 mai 1815.

TOLET (Franç.), jésuite, né à Cordoue en 1532, m. à Rome en 1596, professa d’abord la philosophie et la théologie, fut prédicateur des papes Pie V, Grégoire III, Sixte V, Urbain VII, théologien ordinaire de Grégoire XIV, d’Innocent IX, de Clément VIII, remplit avec honneur diverses missions importantes, notamment en Allemagne, concurremment avec Commendon, et fut nommé cardinal en 1593. Il contribua beaucoup à lever les difficultés qui s’opposaient à l’absolution de Henri IV à Rome. Outre des Commentaires sur S. Luc, on a de lui une Summa casuum conscientiæ, Rome (1589 et 1618), ouvrage fort estimé, qui a été. trad. en français sous le titre d’Instruction des prêtres.

TOLHUYS, lieu de l’anc. duché de Clèves, auj. dans le roy. de Hollande (Gueldre), sur le Rhin, au-dessous d’Emmerich et un peu au-dessus du fort de Schenk. C’est là que Louis XIV effectua, en 1671, le passage du Rhin chanté par Boileau : le poëte appelle ce lieu Tholus.

TOLISTOBOII, un des trois peuples gaulois de la Galatie, au S. O., en deçà de l’Halys, avait pour ch.-l. Amorium. V. GALATIE.

TOLLIUS (Jacq.), philologue, né vers 1630 à Utrecht, m. en 1696, se fit recevoir médecin, fut quelque temps secrétaire du grand pensionnaire Heinsius, qui le renvoya parce qu’il copiait les documents qui lui étaient confiés, devint néanmoins recteur du gymnase de Gouda, professeur d’humanités à Duisbourg ; fut chargé par l’électeur de Brandebourg de visiter pour lui les mines d’Allemagne et d’Italie, s’aliéna encore ce protecteur, revint en Hollande, où il se fit maître d’école, et mourut dans la misère. Outre des éditions de Longin, Utrecht, 1694, d’Ausone, Amst., 1671, dans la collect. Variorum, on a de lui des traductions latines de divers ouvrages grecs et un recueil d’Epistolæ itinerariæ, 1700. — Il eut deux frères, Corneille et Alexandre, dont le 1er a donné des éditions de Paléphate, Amst., 1649, et de Cinnamus, 1652, et l’autre l’édit. d’Appien dite Variorum, avec trad. lat., Amst., 1670.

TOLLIUS (Hermann), né en 1742 à Bréda, m. en 1822, fut successivement professeur d’histoire d’éloquence, de grec à l’académie d’Harderwyck, précepteur des enfants du stathouder Guillaume V, professeur de littérature grecque et latine à Leyde. Il a édité le Lexicon Homericum d’Apollonius (avec notes) Leyde, 1788, et a publié des Mémoires concernant la république des Provinces-Unies (en hollandais), Leyde, 1814-16.

TOLNA (Altinum), bg de Hongrie, dans le comitat auquel il a donné son nom sans cependant en être le ch.-l., près de la r. dr. du Danube, à 10. k. N. E. de Szexard ; 1800 hab. — Le comitat de T., dans le cercle au delà du Danube, entre les comitats de Veszprim et de Stuhlweissembourg au N., de Pesth l’E., de Baranya au S., et de Schimegh. à l’O., a 65 kil. sur 45 et env. 200 000 hab. ; ch.-l., Szexard.

TOLOMETA, Ptolémaïs, v. de la régence de Tripoli, dans le Barca, à 110 kil. N. E. du Benghazy. Rade et petit port. Ruines grecques et romaines.

TOLOSA, v. de Gaule-Narbonaise 1re, auj. Toulouse.

TOLOSA, Iturissa, v. d’Espagne (Guipuzcoa), au confluent de l’Oria et de l’Arajez, à 20 kil. S. de St-Sébastien ; 5000 hab. C’était un des siéges des assemblées du Guipuzcoa. Manufacture royale de baïonnettes et sabres, forges, martinet à cuivre.

TOLOSA (LAS NAVAS DE) ou MURADAL. V. MURADAL.

TOLOSATES, peuple tectosage, dans la Narbonaise 1re au S. O., avait pour ch.-l. Tolosa.

TOLSTOÏ (Pierre, comte de), diplomate russe, né au milieu du XVIIe s., jouit de la faveur de Pierre le Grand, fut envoyé à Constantinople en 1702 et en 1710, et enfermé dans le château des Sept-Tours par le sultan pour s’être trop vivement opposé à l’admission de Charles XII en Turquie ; suivit en 1718 Pierre dans son voyage en Hollande, fut chargé de missions en Angleterre, puis à Vienne, ramena de Naples le jeune Alexis, que Pierre ne tarda pas à faire périr, et accompagna le czar dans la campagne de Perse (1722). Il conserva son influence sous Catherine I, mais, sous Pierre II, s’étant joint aux ennemis de Menzikof, il fut dépouillé de ses biens et enfermé dans le couvent de Soloretskoï, où il mourut presque aussitôt (1728).

TOLTÈQUES, ancien peuple de l’Amérique septentr., que l’on croit originaire de l’Asie orientale, se fixa vers 648 de J.-C. dans le Mexique et y domina plusieurs siècles. Leur domination fut remplacée au XIVe s. par celle des Aztèques, qui avaient d’abord été leurs alliés. Ils avaient pour capitale Tula. TOLU, v. et port de la Nouv.-Grenade, sur la baie de Marosquillo, dans la mer des Antilles, à 100 k. S. de Carthagène. Aux environs se recueille le Baume de Tolu, qu'on emploie avec succès contre les affections pulmonaires et catarrhales.

TOLUCA, v. du Mexique (Mexico), capit. de l’État de Mexico, à 45 kil. S. O. de Mexico, au pied du Nevado-de-Toluca, mont, haute de 4700 m.; 12 000 hab. Superbe route qui conduit à Mexico. Jambons renommés.

TOM, riv. de Sibérie (Tomsk), coule au N. O., passe à Tomsk, et tombe dans l'Obi (r. dr.), à 40 k. N. O. de cette ville, après un cours d'env. 600 kil.

TOMBECKBEE, riv. des États-Unis, naît à l'extrémité N. E. de l'état de Mississipi, coule au S. E. puis au S., entre dans l'état d'Alabama, reçoit le Black-Warrior et tombe dans l'Alabama après un cours de 700 k.

TOMBORO (Mont), volcan de l'île Sumbava, au N., est le plus terrible des volcans connus : en 1816 il lança des cendres dans un rayon de plus de 1200 k. et détruisit la ville de Tomboro, située à sa base.

TOMBOUCTOU ou TEN-BOKTOUE, v. de l'Afrique intérieure (Nigritie centrale), capit. du roy. de même nom, dans une vaste plaine de sable blanc, non loin du Niger, par 6° 2' long. E., 18° 10' lat. N., à peu près à égale distance d'Alger et de St-Louis du Sénégal ; env. 20 000 hab. (on lui en attribua longtemps 80 000 ou même 200 000). La ville, de forme triangulaire, a près de 4 k. de tour; rues étroites, maisons basses, beaucoup de cases en paille. Environs stériles. Tombouctou est le grand entrepôt commercial de l'intérieur de l'Afrique : il y vient des caravanes de tous les points de l'Afrique septentr. Cabra (à 19 k. S. E.), sur le Niger, lui sert de port. Conçue des Maures depuis longtemps (Ibn-Batouta la visita en 1353, et Léon l'Africain vers 1500), cette ville n'a été visitée par un Européen que dans ces derniers temps. La Société de géographie de Paris avait proposé un prix de 10 000 fr. pour le premier voyageur d'Europe qui reviendrait de Tombouctou : Caillié pénétra dans cette ville en 1828 et obtint le prix. — Le roy. de Tombouctou s'étend autour de la ville sur les deux rives du Niger. On en ignore les limites. On suppose qu'il fut fondé en 1116 : fort puissant au XIVe s., il avait alors pour tributaires les roy. de Kachena, Kano, Aghadès, Melli, etc. En 1672 il devint tributaire de l'empire de Maroc ; il ne recouvra son indépendance qu'en 1795. Quoique indépendant, il paye tribut aux Touaregs pour être à l'abri de leurs incursions. Le gouvt est monarchique et héréditaire. Tous les habitants sont Musulmans. La nation dominante est celle des Nègres Kissous; il y a aussi beaucoup de Maures.

TOMES, Tomi, v. de la Mésie inférieure, plus tard ch.-l. de la Petite-Scythie, l'une des villes frontières de l'empire romain vers le N., sur la côte occid. du Pont-Euxin, au S. du Danube, non loin de Mesembria, est célèbre comme le lieu d'exil d'Ovide : c'est de là que ce poëte écrivit ses Tristes et ses élégies Pontiques. On est incertain sur son emplacement actuel : on la place à Tomisvar, à Mangaléi et avec plus de vraisemblance à Analdolkios, en Bulgarie ; mais on ne saurait aucunement la placer à Ovidiopol, comme le nom le ferait croire.

TOMISVAR, v. et port de Turquie (Roumélie), sur un bras de la mer Noire, à 125 kil. S. E. de Silistri. On croit que c'est l'anc. Tomes, où Ovide fut exilé.

TOMMASI (Jean de), dernier grand maître de l'ordre de St-Jean de Jérusalem, né à Crotone en 1731, m. en 1805, s'était fait avantageusement connaître du grand-duc de Toscane Léopold, qui le recommanda au roi de Naples et à Paul I, emp. de Russie. Ces deux princes et le pape, voulant rétablir l'Ordre, l'en nommèrent grand maître en 1803. Il s'établit provisoirement à Catane et tenta, mais en vain, de faire renaître l'Ordre, les Anglais, possesseurs de Malte, ayant refusé de rendre cette île.

TOMSK, v. de la Russie d'Asie, ch.-l. du gouvt de Tomsk, sur le Tom, à 5000 kil. E. S. E. de St-Pétersbourg, par 82° 49' long. E., 56° 29' lat. N.; 12 000 h. Évêché grec, trib. d'appel, gymnase, école militaire. Ville belle et commerçante; quelques bâtiments remarquables, entre autres la cathédrale. Grand commerce de cuirs de Russie et de pelleteries. Tomsk a été fondée en 1604, mais n'est ch.-l. que depuis 1800. — Le gouvt de Tomsk, dans la Sibérie occid., entre ceux de Tobolsk à l'O., d'Iénisséisk à l'E., l'empire chinois au S., l'Océan Glacial au N., a env. 1200 k. sur 900 et 75 000 hab. Au N. la terre ne dégèle jamais; au centre, immenses forêts; au S, climat tempéré et fertile sur quelques points. Monts Altaï et autres, riches mines (or, argent, cuivre, zinc, sel).

TOMYRIS, reine des Scythes. V. THOMYRIS,

TONDA, vge de l'Inde anglaise, dans le Bengale, à 70 k. N. de Mourchdabad, était jadis une grande ville et fut de 1564 à 1592 la capit. du Bengale et du Behar.

TONE (Théobaid WOLFE), né en 1763 à Dublin, m. en 1798. Bien que né anglican, il embrassa la cause des catholiques d'Irlande, se fit nommer par les whigs membre du parlement, fonda la société des Irlandais-unis, redoutable par le nombre de ses membres, se vit forcé de se soustraire par la fuite aux poursuites du gouvt anglais, se réfugia en France, donna au Directoire l'idée d'une expédition en Irlande pour appuyer l'insurrection de ses compatriotes, et accompagna comme adjudant général l'expédition du général Hardy en 1798; mais il fut pris par les Anglais. Il se pendit dans sa prison.

TONGA (Archipel), ou Iles des Amis, groupe d'îles de l'Océanie, par 176°-178° long. O., et 17°-22 lat. S., au S. E. des îles Fidji, a env. 2500 kil. carrés, et 50 000 hab. Il se compose d'une centaine d'îles ou d'îlots ; les îles principales sont Tongatabou, Eoua, Vavaou. Climat chaud, sol très-fertile (coco, bananes, arbre à pain, sucre, sandal); perroquets, pigeons en nombre énorme; mer très-poissonneuse, Les habitants sont de race malaisienne, de couleur cuivrée, grands, robustes, bien faits, industrieux. Chaque île a un chef indépendant. Visité par Tasman en 1643, cet archipel fut revu en 1773 par Cook, qui, à cause du bon accueil qu'il reçut des habitants, lui donna le nom d’Archipel des Amis. Les missionnaires wesleyens en ont converti les habitants.

TONGA-TABOU, nommée Amsterdam par Tasman, la plus grande et la plus peuplée des îles Tonga, a env. 100 kil. de tour et 18 000 h. La fertilité y est extrême, mais les reptiles y abondent. Les missionnaires anglais y ont des établissements.

TONGOUSES, peuple de la Russie d'Asie, de race mandchoue, habite dans les gouvts d'Iénisséisk et d'Irkoursk et dans la prov. d'Iakoutsk, depuis l'Iénisséi àl'O. jusqu'à la mer d'Okhotsk à l'E., et depuis les monts Iablonoï au S. jusqu'à la mer Glaciale au N. ; on n'en compte guère que 18 ou 20 mille individus mâles. Ils sont pasteurs et nomades, et exercent quelques métiers; ils adorent le Dalaï-Lama. Ils obéissent aux Russes depuis le XVIIe s.

TONGRES, Tungri, peuple de la Gaule, dans la Germanique 2e, entre les Atuatuci au S. O. et les Ubii au N. E., était originaire de la Germanie au delà du Rhin, et vint en Gaule occuper le pays des Eburones, lorsque César eut exterminé ces derniers (51 ans av. J.-C.); il s'étendit ensuite dans la forêt des Ardennes, entre l'Escaut et le Rhin, habitant les prov. actuelles de Brabant et de Liége; il avait pour capitale Tungri ou Atuatuca (auj. Tongres).

TONGRES, Tondern, en allemand, Tungri ou Atuatuca Tungrorum chez les anciens, v. de Belgique (Limbourg), sur le Geer, à 18 k. N. de Liège et à 20 de Hasselt; 6760 h. Chemin de fer. Tanneries, blanchisseries de toiles; commerce de porcs et de grains; eaux ferrugineuses. — Ville importante au temps des Romains : elle était leur principale place dans la Gaule Belgique et fut dès le IVe s. le siége d'un évêché, transféré depuis à Maestricht et à Liége. Prise en 385 par les Francs, elle fut le berceau de la monarchie française. Dévastée par les Vandales et les Goths en 375, par Attila en 450, par les Normands en 881, par Charles le Téméraire en 1468, démantelée en 1673 par les Français, qui la prirent en 1672 et 1677, elle ne s’est jamais relevée de tous ces désastres.

TONKAT, v. du Turkestan indépendant, dans le khanat de Khokand, sur le Sir-Daria, à 100 kil. S. de Taraz. Il s’y tint en 1221 une célèbre assemblée convoquée par Gengiskhan, où vinrent tous les khans de son empire et 500 ambassadeurs de pays tributaires.

TONNAY-BOUTONNE, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), sur la Boutonne, à 17 kil. N. O. de St-Jean-d’Angély ; 1318 hab. Vins. — TONNAY-CHARENTE, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), sur la r. dr. de la Charente, à 8 kil. E. de Rochefort et à 20 k. de la mer ; 3703 h. Port pour vaisseaux de 100 tonneaux ; magnifique pont suspendu. Commerce de vins, eaux-de-vie, esprits, acier, etc. ; consulats étrangers. Anc. seigneurie, ayant titre de principauté, qui appartint aux ducs de Mortemart.

TONNEINS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la r. dr. de la Garonne, à 18 kil. S. E. de Marmande ; 7947 h. Station, pont suspendu. Manufacture impériale de tabac ; vins, eaux-de-vie, prunes sèches. Patrie de Mme Cottin. — Cette ville avait embrassé la Réforme ; un synode protestant s’y tint en 1614. Louis XIII la prit en 1622 et la détruisit. En 1758, elle fut érigée en duché-pairie en faveur d’Ant. Paul Jacques de Quélen, comte de La Vauguyon.

TONNERRE, Tornodurum, ch.-l. d’arr. (Yonne), sur l’Armançon, près du canal de Bourgogne, à 36 k. N. E. d’Auxerre ; 4789 hab. Trib., collége ; station de chemin de fer. Belle église paroissiale de N.-D., contenant les tombeaux de Marguerite de Bourgogne et de Louvois ; fontaine très-abondante, hôpital remarquable par son gnomon ; jolie promenade. Papiers peints, tanneries, scierie hydraulique ; bons vins rouges et blancs, andouillettes, escargots. Patrie d’Éon de Beaumont. — Cette ville existait du temps de Clovis : plus tard elle eut le titre de comté et fut possédée par les comtes d’Auxerre et de Nevers, les maisons de Bourgogne et de Châlon, et enfin par celle de Clermont, qui vendit le comté au marquis de Louvois en 1684. Elle avait reçu dès 1174 une charte d’affranchissement. Prise par les Anglais en 1359, par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, en 1414.

TONNERRE (Mont), en Bavière. V. MONT-TONNERRE.

TONQUIN, TONKIN ou TONG-KING, dit aussi Annam septentrional et Drang-ngaï, c.-à-d. Roy. du dehors (par opposition au Drang-trong ou Roy. du dedans, qui est la Cochinchine) ; contrée de l’Inde au delà du Gange, jadis royaume indépendant, auj. prov. de l’empire d’Annam, par 101°-106° long. E., 18°-24° lat. N., a pour bornes au N. la Chine, à l’E. le golfe de Tonquin, à l’O. le Laos, au S. la Cochinchine ; 700 kil. de long sur autant de large : env. 8 000 000 d’hab. ; capitale, Kécho. Montagnes vers le N. et l’O. Beaucoup de rivières, notamment le Sang-koï, dont les inondations fertilisent le pays ; lacs, canaux ; eaux stagnantes et malsaines. Climat très-varié (pluies terribles, grands ouragans en août et septembre). Sol fertile, fruits énormes, arbres précieux, arec, bétel, sucre, coton, etc. Éléphants, rhinocéros, tigres, cerfs, singes, paons, perroquets, etc. Riches mines d’or, d’argent, de cuivre. Industrie assez active : tissus de coton et d’écorces d’arbres, tapis, papier, vernis et ouvrages en laque. La langue est dérivée du chinois ; deux religions se partagent les habitants, celle des lettrés et celle du peuple. On y compte aussi un grand nombre de Catholiques, de 130 à 180 000. La polygamie est permise. — L’origine du royaume de Tonquin se perd dans la nuit des temps. De 112 à 968 il fut sous le joug chinois. Indépendant de 968 à 1414, il fut gouverné par quatre dynasties nationales ; après être retombé un instant aux mains des Chinois (1414-28), il resta de 3 à 4 siècles sous la dynastie indigène des (1428-1788). En 1788, il fut conquis par les Cochinchinois, et depuis 1802 il est incorporé à leur empire. — On appelle Golfe du Tonquin un golfe formé par la mer de Chine, entre l’Annam à l’O., la Chine au N. et l'île d’Haï-nan à l’E.

TONTI, banquier italien, vint s’établir en France vers 1650, et imagina ces emprunts en rentes viagères où la part des décédés profite à ceux qui survivent, et qui furent, d’après son nom, appelées tontines. Mazarin établit la 1re tontine en 1653 ; Louis XIV eut aussi recours à cet expédient en 1689, 1699, 1709, mais le tout sans grand succès pour le gouvernement et avec perte pour les rentiers. V. TONTINE, dans notre Dictionnaire univ. des Sciences.

TOOKE (W.), né à Islington en 1744, m. en 1820, fut ministre de l’église anglicane à Cronstadt en Russie, puis chapelain de la factorerie anglaise à St-Pétersbourg (1774-92). On a de lui : La Russie, Tableau historique des nations qui composent cet empire, 1780 ; Hist. de la Russie jusqu’à Catherine II, 1800 ; Vie de Catherine II, 1799 ; L’Empire russe sous Catherine II, 17 99. — TOOKE (HORNE). V. HORNE-TOOKE.

TOPAL-OSMAN, c.-à-d. Osman le Boiteux, grand vizir, avait été dans sa jeunesse pris par un corsaire, conduit à Malte et sauvé généreusement par un Français qui le reconduisit au Caire. Il se signala dans la guerre de Morée en 1715, parvint au poste de grand vizir en 1731, y porta des vues utiles et du talent, s’appliqua à faire renaître l’abondance, le commerce, la justice, tenta, à l’aide du Français Bonneval, d’introduire la discipline européenne dans l’armée turque, et témoigna la plus grande bienveillance aux Chrétiens. Au dehors, la victoire de Koridjan, remportée sur Nadir, la reprise d’Hamadan et de Tauris, la paix de Kazbin (qui valut à la Turquie la Géorgie persane), signalèrent son vizirat. Il n’en devint pas moins la victime des intrigues de la sultane Validé (1732), et fut éloigné. Rappelé en 1733, il fut chargé du commandement de l’armée turque en Perse et opposé à Thamas-Kouli-Kan : il débuta par une victoire ; mais, laissé sans renforts par le divan, il fut battu la même année à Leilan, près de Kerkouk, puisa Adkerbend, et périt dans cette dernière affaire.

TOPAYOS, riv. du Brésil, formée par la réunion de l’Arinos et du Juruena, court au N. à travers les prov. de Mato-Grosso et de Para, reçoit l’Azevedo, le Tres-Barras, le Chacuruina, le Camarare, et tombe dans l’Amazone après un cours d’env. 1000 kil.

TOPHAIL. V. THOPHAÏL.

TOP-HANA, célèbre place de Constantinople où se trouve l’arsenal.

TOPINAMBARANAS, cours d’eau du Brésil (Para), se détache de la Madeira, joint le Mauhe (bras de l’Amazone), après 200 kil. de cours, et forme avec l’Amazone une île de 190 kil. sur 40. Elle est habitée par les Topinambous.

TOPINAMBOUS ou TUPINAMBAS, peuplade indigène du Brésil, habite dans l'île formée par le fleuve Amazone et le Topinambaras (V. l’art, préc.). Il n’en reste qu’un petit nombre d’individus. C’est de leur pays que nous vient la plante connue sous le nom de Topinambour. V. ce mot dans notre Dict. des Sciences.

TOPINO-LEBRUN (J.B.), peintre d’histoire, élève de David, né à Marseille en 1769, adopta avec chaleur les idées républicaines, fut en 1793 juré au tribunal révolutionnaire, se signala d’abord par sa violence, eut part à la condamnation des Girondins, de Danton, de Camille Desmoulins, mais finit par se montrer plus modéré, déplut alors à Robespierre et fut incarcéré ; il ne fut sauvé que par le 9 thermidor. Accusé en 1800 d’avoir pris part à la conspiration d’Aréna contre le 1er consul, il fut condamné à mort et exécuté. Parmi ses tableaux on remarque la Mort de Caïus Gracchus.

TOPOLIAS, nom moderne du lac Copaïs. V. COPAÏS.

TOR (EL), v. d’Arabie (Hedjaz), sur le golfe de Suez, près du Djebel-Tor, l’anc. Sinaï. Grand commerce de transit avec la Syrie, l’Égypte, l’Inde.

TORANIUS, citoyen romain, fut proscrit par les Triumvirs Octave, Antoine et Lépide pour avoir soutenu le parti de Pompée, et se vit livrer par son propre fils, qui suivait le parti, opposé.

TORBAY, baie et port d’Angleterre (Devonshire), dans la Manche. Rendez-vous des forces militaires de l’Angleterre. C’est là que Guillaume débarqua en 1688.

TORCY (J. B. COLBERT, marquis de), neveu du grand Colbert, fils de Colbert de Croissy, et gendre du marquis de Pomponne, 1665-1746, fut chargé par Louis XIV de missions en Portugal, en Danemark, en Angleterre, fut après son père secrétaire d’État pour les affaires étrangères, contribua à l’heureuse conclusion du traité d’Utrecht (1713), et fit partie du conseil de régence pendant la minorité de Louis XV. Voltaire en fait un grand éloge comme diplomate. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1756, qui sont précieux pour l’histoire depuis le traité de Ryswick jusqu’à la paix d’Utrecht.

TORDENSKIOLD (Jean WESSEL, dit), amiral danois, né en 1691 à Drontheim, m. en 1720, avait d’abord été apprenti barbier. Entré en 1704 à l’école de navigation de Copenhague, il se distingua si bien comme cadet qu’on lui confia un bâtiment corsaire et ensuite une frégate avec le titre de lieutenant. Des actes d’une intrépidité héroïque le firent nommer successivement capitaine, adjudant général, commandant en chef des armements, enfin vice-amiral (1718) ; il n’avait alors que 27 ans. Entre autres faits remarquables, Tordenskiold avait pris en 1716 dans le port de Dinelika toute l’escadre suédoise (12 bâtiments de guerre et 21 de transport) ; en 1719, il prit Marstrand et la citadelle de Carlsten. Il fut tué en duel à Hanovre. Son surnom de Tordenskiold, qui signifie Foudre-Bouclier, lui avait été donné par le roi qui, en le lui conférant, lui adressa ces mots : « Vous êtes la foudre qui écrase les Suédois et le bouclier qui couvre la marine de mon royaume. »

TORDESILLAS, Turris Sillæ, v. d’Espagne (Valladolid), à 35 kil. S. O. de Valladolid, sur une élévation et près du Duero ; 4000 h. Patrie d’Avillaneda, continuateur du Don Quichotte. Jeanne la Folle et Éléonore Tellez moururent dans cette ville. Il y fut conclu en 1495 un traité qui, modifiant la ligne de partage tracée en 1493 par le pape Alexandre VI, la porta 270 lieues plus à l’O. : le Portugal et l’Espagne convenaient que tout pays découvert plus à l’occident que 370 lieues à l’O. des Açores serait à l’Espagne, et que tout pays plus à l’E. serait au Portugal.

TORDESILLAS (Ant. de), historien. V. HERRERA.

TORELLI (GUIDO), d’une famille qui, de 1118 à 1310, eut la souveraineté de Ferrare, mais qui finit par la céder à la maison d’Este, servit le duc de Milan J. Marie Visconti, puis la reine de Naples Jeanne II, entra dans Naples et dans Gaëte, et délivra la reine ; revint ensuite commander les troupes milanaises, battit Carmagnole en 1431, réconcilia François Sforce avec Philippe Marie Visconti, fut fait gouverneur de la Valteline, du Brescian et du Bergamasque, et mourut en 1449 comblé d’honneurs et de richesses.

TORELLI (Lélio), en latin Taurellus, jurisconsulte, né en 1489 à Fano, m. en 1576, fut podestat de Fossombrone et 1er  magistrat de Fano, chassa de cette ville Scanderbeg Comnène, qui en avait reçu la souveraineté du Saint-Siége, reçut néanmoins de Clément VII le gouvernement de Bénévent et finit par s’établir à Florence, où Cosme I le nomma successivement auditeur de la Rote, podestat, chancelier, 1er  secrétaire du grand-duc. Il fut aussi l’un des chefs de l’Académie florentine. On lui doit la magnifique édition des Pandectes florentines, Flor., 1553, 3 vol. in-fol., publiées sur le manuscrit trouvé en 1137 à la prise d’Amalfi et conservé à Florence.

TORENO (le comte JOSÉ de), homme d’État, né en 1786 à Oviédo (Asturies), d’une des plus nobles familles du pays, mort en 1843, prit part à l’insurrection de 1808 ; fut élu en 1811 député aux Cortès, quoiqu’il n’eût pas l’âge requis ; donna dans cette assemblée l’exemple de renoncer aux droits féodaux, provoqua l’abolition de l’inquisition et la suppression des ordres religieux ; se vit après le retour de Ferdinand VII obligé de quitter l’Espagne, y rentra à la faveur de la révolution, de 1820, siégea de nouveau dans les Cortès, fut proscrit une 2e fois en 1823, après le rétablissement du pouvoir absolu de Ferdinand, vint résider à Paris, et consacra ses loisirs à écrire l’Histoire du soulèvement, de la guerre et de la révolution d’Espagne, ouvrage capital. Rentré dans son pays à la faveur de l’amnistie de 1833, il se prononça, après la mort du roi, en faveur de la reine Isabelle ; fut nommé en 1834 ministre des finances, et bientôt après président du conseil avec le portefeuille des affaires extérieures : il reconnut la dette étrangère, supprima les Jésuites et limita le pouvoir des municipalités. Se voyant débordé par le parti exalté, il se retira (1835). Son Hist. du soulèvement de l’Espagne a été traduite par L. Viardot, 1834.

TORFÆUS (Thormodur TORFESEN, en latin), savant danois, né en 1640 dans un îlot voisin de l’Islande, m. en 1719, fut nommé en 1660 par le roi de Danemark Frédéric III interprète pour les antiquités islandaises, eut mission d’aller recueillir des manuscrits en Islande, et reçut à son retour le titre d’historiographe des deux roy. de Danemark et d’Islande. On lui doit plusieurs ouvrages qui sont des sources précieuses pour l’histoire : Series dynastarum et regum Daniæ a Skioldio ad Gormum, Copenhague, 1702 ; Hist. Vinlandiæ, 1705 ; Trifolium historicum, seu de Tribus potentissimis Daniæ regibus, 1707 ; Hist. rerum norvegicarum, 1711 ; Orcades, seu rerum orcadicarum historia, 1715.

TORFOU, brg de Maine-et-Loire, à 25 k. S. O. de Beaupréau ; 2027 h. Il s’y livra le 19 septembre 1793 un combat sanglant entre les Républicains, commandés par Kléber, et les Vendéens, commandés par Charette et Bonchamps.

TORGAU, v. forte des États prussiens (Saxe), sur l’Elbe, à 79 kil. N. E. de Mersebourg ; 9000 hab. Château fort. Grandes fabriques de drap et casimir, bas, toile, chapeaux. Tombeau de Catherine Bore (femme de Luther). - Les Réformés conclurent une ligue à Torgau ; ils y rédigèrent en 1574 une célèbre confession de foi dans le but d’établir entre eux la concorde. Frédéric II gagna près de cette ville une victoire sur les Autrichiens en 1760.

TORGOUTS, peuple mongol soumis à la Chine dep. 1770, habite la Zoungarie et le Khoukhounoor.

TORIBIO (S.), archevêque de Lima, fut à la fois ordonné prêtre et sacré évêque, en 1581, à la demande du roi d’Espagne Philippe II, quoiqu’il fût laïque et n’eût rempli jusque-là que des fonctions administratives. Comme Las Casas, il se dévoua au soulagement des Indiens, en convertit un grand nombre par la persuasion, et créa partout chez eux des églises, des séminaires, des hospices. Il mourut en 1606. Il fut canonisé en 1726 : on le fête le 23 mars.

TORIES (au singulier Tory), nom donné en Angleterre au parti le plus éloigné des principes démocratiques, et opposé aux Whigs. Ce parti est en général très-attaché à la royauté, a l’épiscopat anglican, aux intérêts de la grande propriété, et s’intitule par excellence le parti conservateur. Le mot tory parait être dérivé de l’irlandais toree (donne-moi), terme qu’emploient les voleurs en Irlande en abordant les passants. On l’appliqua d’abord par mépris à quelques royalistes irlandais qui, vers 1648, avaient voulu se révolter contre le Parlement ; puis on s’habitua à l’étendre à tous les royalistes ; avec le temps ce mot perdit ce que son acception primitive avait d’offensant, et a fut accepté même par les membres du parti conservateur.

TORIGNY (Manche). V. THORIGNY.

TORMÈS, riv. d’Espagne, sort de la Sierra de Gredos, dans la prov. d’Avila, court au N., puis à l’O., passe à Alba de Tormès, et tombe dans le Duero à 22 kil. S. O. de Miranda, après un cours de 200 kil.

TORNA, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, à 300 k. N. E. de Bude ; 2000 h. - Le comitat, dans le cercle en deçà de la Theiss, entre ceux de Zips, Abaüjvar, Borsod, Gœmœr, n'a guère que 35 kil. sur 20 et 40 000 h. Il a été réuni en 1853 à celui d'Abaüjvar.

TORNÉA, riv. de Suède (Botnie septent.), sort du lac Tornéa, court au S. E., puis à l'E., reçoit le Muonio, le Lainio, sépare la Russie de la Suède, et tombe dans le golfe de Botnie après un cours de 450 kil. — A son embouchure, et sur la r. dr., est Tornéa, village de 800 hab., qui appartient à la Russie et fait partie de la Finlande. C'est l'entrepôt de tout le commerce du pays environnant. On y voit une pyramide élevée en souvenir des observations géodésiques qu'y fit Maupertuis en 1736-37.

TORNIELLI (Augustin), savant italien, né en 1543 à Barengo près de Novare, m. en 1622, fut général des Barnabites, et refusa plusieurs évêchés. Il a laissé des Annales sacri et profani ab orbe condito ad cumdem Christi passione redemptum, Milan, 1610, 1620, 2 vol. in-f. : c'est une espèce de commentaire des livres historiques de l'Ancien Testament.

TORO, Octodurum, v. d'Espagne (Vieille Castille-et-Léon), dans la prov. de Zamora, près de la r. dr. du Douro, à 48 kil. N. E. de Salamanque; 8000 h. Évêché. Pont de 22 arches sur le Duero, collégiale, hôtel de ville, palais des ducs de Berwick. Détruite par les Maures, cette ville fut rétablie en 904 par un fils d'Alphonse III. Alphonse V de Portugal y fut battu par Ferdinand le Catholique en 1476. En 1505 y furent rendues les célèbres lois de Toro, base de la législation municipale en Espagne. — Il y eut quelque temps une prov. de Toro, une des cinq formées de l'ancien roy. de Léon, qui se composait de trois parties : Reynosa, Carrion et Toro. Dans la nouvelle division de l'Espagne établie en 1833, elle a été supprimée et répartie entre diverses intendances.

TORONTHAL (Comitat de), un des comitats de la Hongrie, dans le cercle au delà de la Theiss, entre ceux de Csanad au N., de Temesvar à l'E., de Bacs à l'O., de Csongrad au N. O., le Banat allemand et l'Esclavonie au S., a 145 kil. sur 75 et 250 000 h. ; ch.-l., Gross-Becskerek. Ce comitat a été supprimé en 1849 et réuni à la voivodie de Servie.

TORONTO, autrefois York, capitale du Haut-Canada, sur la côte N. O. du lac Ontario, à 450 kil. O. S. O. de Montréal; 50000 hab. (on n'en comptait que 1200 en 1817). Évêché anglican. Bon port. Grand commerce, surtout en pelleteries. — Fondée en 1794.

TOROPETZ, v. de Russie (Pskov), sur la Toropa (affluent de la Dwina), à 240 kil. S. E. de Pskov; 12 000 hab. Grand commerce en chanvre, lin, grains, marchandises coloniales. Cette ville formait au XIIe s. une petite république indépendante.

TORQUATUS (MANLIUS). V. MANLIUS.

TORQUEMADA (Thomas de), premier inquisiteur général en Espagne, né à Valladolid vers 1420, m. en 1498, était dominicain. Établi en 1483 inquisiteur général de Castille, puis d'Aragon, par le pape Sixte IV, il eut une part essentielle à l'organisation des tribunaux de la nouvelle Inquisition, ainsi qu'à la rédaction d'un code uniforme pour les inquisiteurs, qui fut promulgué à Séville en 1484. Déployant dans l'exercice de ses fonctions un zèle excessif, il multiplia les condamnations, les supplices, les auto-da-fé, les confiscations, et poussa si loin ses rigueurs que les papes Sixte IV et Alexandre VI furent obligés d'intervenir pour modérer son zèle. Il eut une grande part an bannissement prononcé par Ferdinand et Isabelle en 1492 contre les Juifs non baptisés et contre les Maures relaps. — Jean de T., dominicain, de la même famille que le préc., né à Valladolid en 1388, m. en 1468, brilla au concile de Bâle (1437) comme théologien du pape qui en récompense lui donna le titre de Défenseur de la foi. Il fit condamner les erreurs de Wiclef et de Jean Huss, et contribua à maintenir la France dans l'obédience d'Eugène IV. Il fut fait évêque de Palestrine, puis de la Sabine, et enfin cardinal. Il a laissé des ouvrages de théologie et des Commentaires sur le Décret de Gratien, Lyon, 1519.

TORRE-DEL-GRECO, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, à 12 kil. S. E. de Naples; 16 000 h. Souvent ravagée par les laves; maisons en ruine ou à moitié ensevelies. Fabriques de macaroni, d'objets en corail ; pêche d'huîtres, de thon, de sardines. Aux env., vins renommés, semblables à ceux des îles de la Grèce ; fruits délicieux. — Cette ville tire son nom d'une tour construite par Jeanne I, et de son vin grec. Elle a beaucoup souffert de l'éruption de 1794.

TORRE-DELL' ANNUNZIATA, v. d'Italie (Naples), au pied du Vésuve, au S., sur la mer, à 19 k. S. E. de Naples, 11 000 h. Fabrique royale de poudre et d'armes. La ville doit son nom à une tour qui y fut construite pour la défense de la côte.

TORRE-DI-CAMARINA, l'anc. Camarine, v. de Sicile, sur la côte S., au N. du cap Scalambri. Fondée en 552 av. J.-C.; détruite par les Syracusains, puis rebâtie.

TORRE-DI-MARE, l'anc. Métaponte, v. de l'Italie mérid. (Basilicate), à 45 kil. S. E. de Matera.

TORRE-DI-POLLUCE, bourg de Sicile, sur la côte S. O., au S. de Pilieri, est l'anc. Sélinonte.

TORRE (les DELLA), ou TORRIANI, famille milanaise, originaire du bourg de Valsassina, au pied des Alpes, joua un grand rôle parmi les Guelfes et eut à Milan une autorité presque souveraine de 1242 à 1312. Ses principaux membres sont : Pagano, qui s'acquit une grande popularité en prenant soin des blessés de Milan après la défaite de Cortenova (1237) : il fut chef de la république de 1242 à 1256; — Martin, podestat de Milan dès 1256, qui devint en outre seigneur de Lodi (1259) et de Novare (1263) ; — Philippe, podestat de Milan de 1263 à 1265 : il affermit l'autorité de sa maison, et étendit son pouvoir sur Côme, Verceil, Bergame; — Napoléon, neveu de Philippe et son successeur à Milan (1265-78) : il favorisa les entreprises de la 2e maison d'Anjou sur Naples, eut de graves différends avec l'archevêque de Milan, anéantit par les armes et les supplices la famille Vestarini, à Lodi, régna par la terreur, causa ainsi une révolte à Côme (1271), fut pris à Désio par Othon Visconti (1277), et enfermé dans une cage de fer où il mourut. L'emp. Rodolphe de Habsbourg l'avait reconnu vicaire impérial à Milan. — Gui, neveu du préc., pris avec son oncle à Désio, s'évada en 1278, fit une guerre de partisans en Lombardie, rentra en possession de Milan vers 1303, y joignit un instant la seigneurie de Plaisance, et fut reconnu vicaire impérial par l'empereur Henri VII. Attaqué par les Gibelins, qu'Henri VII avait fait rentrer à Milan (1311), il fut forcé de s'enfuir à Crémone, où il mourut en 1312.

TORRE (J. Marie della), savant italien, né à Rome en 1713, m. en 1782, professa les sciences au séminaire de Naples et devint directeur de la bibliothèque du roi Charles III, ainsi que de l'imprimerie royale et du musée d'antiquités. Il est un des premiers qui ait osé descendre dans le cratère du Vésuve. On a de lui, outre des Elementa physices, Naples, 1767, Storia e fenomeni del Vesuvio, 1755, trad. par l'abbé Péton, 1760.

TORREMUZZA (Gabriel, prince de), numismate et antiquaire, né à Palerme en 1727, m. en 1792, consacra sa vie à l'étude de la numismatique et des antiquités de la Sicile. On a de lui, entre autres ouvrages : Siciliæ populorum, urbium, regum et tyrannorum numismata, 1767; Siciliæ et objacentium insularum veterum inscriptionum nova collectio, 1769; Siciliæ veteres nummi, 1781.

TORRENTINUS (Hermann VAN BEEK, dit), grammairien, né vers 1450 à Zwoll (Over-Yssel), m. vers 1520, entra dans la congrégation des Clercs de la vie commune, consacrée à l'enseignement, et enseigna la rhétorique à Groningue. Il laissa : De generibus nominum, de heteroclitis, patronymicis, etc.; Alexandri doctrinale, cum commentariis, 1503; Elucidarius carminum et historiarum, Haguenau, 1510 : c'est le premier essai connu d'un dictionnaire historique, mythologique et géographique. TORRENTIUS (Lievin VAN DER BEKEN, dit), prélat belge, né à Gand en 1525, m, en 1595, fut évêque d'Anvers, archevêque de Malines et fonda par son testament le collége des Jésuites de Louvain. On lui doit des éditions avec commentaires de Suétone, Anvers, 1578, d’Horace, 1602, et quelques poésies latines, entre autres un poëme De partu Virginis.

TORRÈS (Détroit de), dans l'Océan équinoxial, entre la Papouasie et l'Australie, a 150 kil. de long. Il est parsemé d'îlots et de récifs, qui en rendent la navigation dangereuse; corail. Découvert en 1606 par le Portugais Luis de Torrès, dont il a reçu le nom.

TORRÈS-VÉDRAS, Arandis, v. murée du Portugal (Estramadure), à 45 k. N. de Lisbonne; 1200 h. Aqueduc. Wellington, forcé de battre en retraite devant les Français, y prit une position redoutable et y exécuta les fameuses Lignes de Torrès-Védras (1810).

TORRICELLI (Evangelista), physicien célèbre, né en 1608 à Faenza, m. en 1647, se fit de bonne heure remarquer par son goût pour les sciences, se lia avec Castelli, élève de Galilée, découvrit quelques propriétés de la cycloïde (découverte dont Roberval lui disputa la priorité), et inventa le baromètre en 1643. Il ferma les yeux à Galilée, et fut, après sa mort, nommé à sa place professeur de mathématiques à Florence. On a de lui divers ouvrages, réunis sous le titre d’Opera geometrica, Florence 1644, et une Lettre à Roberval sur la parabole, la cycloïde, etc. (dans les Mémoires de l'Académie des sciences).

TORRIGIANO (Pierre), sculpteur florentin, 1472-1522, exécuta des chefs-d'œuvre à Rome, en Angleterre, en Espagne; on admire surtout la Charité et l’Ecce homo de la cathédrale de Grenade. Ayant brisé de colère une statue de la Ste Vierge qu'on ne voulait lui payer que 30 ducats, il fut poursuivi par l'Inquisition d'Espagne comme sacrilège, et se laissa mourir de faim dans sa prison par crainte du bûcher.

TORSELLINO. V. TURSELIN.

TORSTENSON (Léonard, comte de), général suédois, 1595-1664, suivit Gustave-Adolphe en Livonie, puis en Allemagne (1630), donna partout des preuves de talent et d'intrépidité, fut pris au combat de Nuremberg, échangé après la bataille de Lutzen (1632), prit, à la mort de Banier, le commandement de l'armée suédoise (1642), remporta la victoire de Breitenfeld, envahit la Bohême et la Moravie (1643), fit une admirable retraite au fond du Holstein, déjoua le plan de Gallas, qui voulait l'y enfermer, enleva aux Danois, alliés de l'Autriche, le Slesvig et le Jutland, et anéantit l'armée impériale à Jankowitz (1645). Christine le fit comte et gouverneur de la Westrogothie. Son Éloge a été écrit par le roi Gustave III.

TORTOLA, une des îles Vierges, a 28 kil. sur 10, et 7000 hab.; ch.-l., Road-Town. Aux Anglais.

TORTONE, Dertona, v. forte de la Hte-Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'intendance, à 20 k. E. d'Alexandrie, sur la Scrivia; 11 000 hab. Évêché, trib., collége. (Cette ville eut jadis une université). Commerce de grains. On suppose cette ville fondée par Brennus. Ce fut sous les Romains une colonie florissante. Brûlée par Frédéric Barberousse, elle se releva, et s'érigea en république, mais elle finit par tomber sous la dépendance des ducs de Savoie. Elle fut prise par le marquis de Maillebois en 1734, par le duc de Modène en 1745, reprise par les Français en 1796 et 99, et devint, sous l'empire, un des ch.-l. d'arr. du dép. de Marengo. — L'intend. de Tortone, entre celles de Novare, de Voghera, de Gênes et d'Alexandrie, a 48 kil. sur 18, et 60 000 hab.

TORTOSE, Dertosa chez les Romains, Tortosa en espagnol, v. d'Espagne (Catalogne), dans la prov. de Tarragone, à 70 kil. S. E. de cette ville et 410 kil. N. E. de Madrid, sur la r. g. de l'Èbre; 16 000 hab. Évêché, anc. université. Port sur l'Èbre, 6 châteaux forts, cathédrale gothique, palais épiscopal. Grand commerce de poisson (une digue construite dans l'Èbre empêche le poisson de remonter et monopolise ainsi la pêche au profit de Tortose). Aux env. jaspe, salines, fer, plomb, mercure, calamine, nouille, alun, soude; 600 sources. — C'était une ville municipale sous les Romains. Prise par les Goths, puis par les Maures, elle fut enlevée à ceux-ci par le comte de Barcelone en 1141. Elle a été prise par les Français en 1649 et 1811.

TORTOSE, Orthosia, Antaradus, v. de Syrie, sur la mer, à 62 kil. N. de Tripoli. Murs taillés dans le roc.

TORTUE, machine de guerre des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TORTUE (la), île de l'archipel des Antilles, sur la côte N. O. d'Haïti, dont elle n'est séparée que par un étroit canal, a 32 kil. sur 9, et 5000 hab.; ch.-l., Tayona. Longtemps possédée par les Flibustiers, elle fut le 1er établissement français à St-Domingue.

TORY, TORYS. V. TORIES.

TOSCANE, Tuscia et Etruria chez les anciens, région de l'Italie centrale, par 7° 56'-9° 58' long. E., 42° 20'-44° 14' lat. N., a pour bornes au N. le Modenais, au S. le territoire romain, à l'O. la Méditerranée; env. 200 kil. sur 160; 1 900 000 hab.; capit., Florence; autres villes importantes : Pise, Arezzo, Sienne. Montagnes au centre et à l'E. (Apennins) ; nombreuses rivières (Ombrone, Arno, Tibre, etc.); canaux, plusieurs lacs; le long de la côte, de Piombino à Orbitello, se trouvent les marais insalubres appelés les Maremmes. Climat varié, mais généralement très-doux. Sol très-fertile et bien cultivé : grains, légumes, fruits du midi et belles fleurs, qui ont valu à ce pays le surnom de Jardin de l'Italie; bons vins, huile, pâte d'Italie; bétail, moutons et mulets superbes, etc. Mercure, cinabre, alun, vitriol, soufre, houille, sel, marbres estimés, surtout ceux de Carrare. Industrie assez active; pêche de thons et de sardines; grand commerce. L'instruction est très-répandue : trois universités (Florence, Pise, Sienne) : beaucoup d'académies et de sociétés savantes. Le dialecte toscan est l'italien le plus pur. — La nom de Toscane vient de Tusci, ancien nom des Étrusques (pour l'histoire primitive de ce pays, V. ÉTRURIE). Au IVe s. de J.-C., l'anc. Étrurie devint, sous le nom de Tuscie, une province du diocèse d'Italie, et plus tard du diocèse de Rome. Sous la domination lombarde, elle forma plusieurs duchés, dont le plus important fut celui de Spolète. Après Charlemagne, la Tuscie devint un margraviat ou marquisat indépendant (qui subsista de 828 à 1115). Au Xe s., les marquis de Tuscie jouissaient de beaucoup d'influence à Rome, et avaient une part essentielle à la nomination des papes. La grande-comtesse Mathilde, en qui finit la maison des marquis de Tuscie, ayant légué une grande partie de ses domaines au St-Siége, les papes finirent par posséder la Tuscie méridionale; le reste prit peu à peu le nom de Toscane. Bientôt les villes de cette contrée, Pise, Florence, Sienne, Lucques, Pistoie, etc.), devinrent de riches et puissantes républiques. Pise en était la 1re au XIe et XIIe siècles ; mais au XIIIe elle fut dominée par Florence, qui la soumit en 1405, et ajouta à ses conquêtes Pistoie (1301), Volterre (1361), Arezzo (1384). En 1407, il ne restait plus en Toscane que trois États indépendants, Florence, Lucques, Sienne : Florence (où les Médicis dominèrent depuis 1421) était de beaucoup le plus puissant. L'invasion de Charles VIII (1494) chassa momentanément de Florence les Médicis, et fit révolter Pise contre sa rivale. Pise ne fut soumise qu'en 1509, et les Médicis ne rentrèrent à Florence qu'en 1513. En 1531 fut érigé par Charles-Quint, en faveur d'Alexandre-Médicis, le duché de Florence ou de Toscane, qui en 1569 prit le titre de grand-duché. Enfin Sienne, prise par Charles-Quint en 1555, fut en 1557 donnée par Philippe II à Cosme de Médicis (en échange de Piombino). A l'extinction des Médicis (1737), le grand-duché fut donné à la maison de Lorraine, qui bientôt après devint nouvelle maison d'Autriche, et qui en conserva néanmoins la possession. En 1790 il forma un État particulier, régi par une ligne cadette de la maison de Lorraine-Autriche. Occupé en 1796 par Bonaparte, le grand-duché de Toscane fut, en 1801, érigé en Royaume d'Étrurie pour des princes issus du dernier duc de Parme (V. Roy. d'ÉTRURIE). En 1807, ce royaume fut réuni à l'empire français, où il forma les 3 dép. de l'Arno, de l'Ombrone et de la Méditerranée. En 1809, Napoléon nomma Grande-duchesse de Toscane sa sœur Élisa Baciocchi, qui y resta jusqu'en 1814. À cette époque, la Toscane revint à la maison d'Autriche, et forma de nouveau un grand-duché, dans lequel l'archiduc Ferdinand d'Autriche fut réintégré. Le duché de Lucques y fut réuni en 1847. En 1848, le grand-duc fut forcé par la révolution de fuir de ses États : il y rentra l'année suivante avec le secours de l'Autriche; mais en 1859, dès le début de la guerre d'Italie, il se vit de nouveau contraint de s'éloigner : il se réfugia à Vienne, et ses États furent, en vertu du vœu national, réunis au roy. d'Italie en 1860.

Souverains de la Toscane.
Marquis de Tuscie. 3° Les Médicis, ducs.
Boniface I, 828 Alexandre I, duc, 1531
Adalbert I, 845 Cosme I, duc, 1537
Adalbert II, 890 grand-duc, 1569
Gui, 917 François I Marie, 1574
Lambert, 929 Ferdinand I, 1587
Boson, 931 Cosme II, 1608
Humbert, 936 Ferdinand II, 1621
Hugues le Grand, 961 Cosme III, 1670
Adalbert III, 1001 Jean-Gaston, 1723-1737
Régnier, 1014 Maison de Lorraine-Autriche.
Boniface II, 1027 François II, 1737
Frédéric, 1052 (empereur en 1745).
Béatrix, 1054 Léopold, 1765
Mathilde, 1076-1115 (empereur en 1790).
Du XIIe au XVe s., plusieurs républiques indépendantes. Ferdinand III, 1790-1801
Les Médicis à Florence, sans titre perpétuel. Rois d’Étrurie.
Louis I de Parme, 1801
Louis II, 1803-1807
Jean le Banquier, gonfalonier, 1421 Réunion à la France.
Cosme le Magnifiq., 1429 Élisa, gr.-duchesse de Toscane, 1809-1814
Pierre I, 1464 Maison d'Autriche.
Laurent et Julien, 1469 Ferdinand III, pour la 2e fois, 1814
Laurent seul, 1478 Léopold II, 1824
Pierre II, 1492-1494 (abdique en 1859).
Julien II et Laurent II, 1513-1519 Ferdinand IV, 1859-60.

TOSCANELLI (Paul DEL POZZO), astronome, né à Florence en 1397, m. en 1482, attribuait à l'Asie un prolongement excessif vers l'E. Il communiqua au roi de Portugal Alphonse V, puis à Colomb, un plan tendant à aller par l'ouest dans l'Inde, qu'il croyait éloignée de l'Europe de 120 degrés au plus. Il établit un gnomon solsticial sur le dôme de la cathédrale de Florence (1468), et s'en servit pour déterminer les points solsticiaux, les variations de l'écliptique, et pour corriger les Tables alphonsines.

TOTES, ch.-l. de c. (Seine-Inf.). à 28 kil. S. de Dieppe; 811 hab. Briqueterie; draperie, bonneterie.

TOTH, dieu égyptien. V. THOTH.

TOTILA, roi des Ostrogoths en Italie (541-552), avait d'abord été duc de Frioul. Il releva la monarchie expirante, reprit sur les empereurs grecs Cumes, Naples, Bénévent, Spolète, Pérouse, Plaisance, Florence, enfin Rome même ; mais il se laissa bientôt enlever la plupart de ses conquêtes par Bélisaire (545-547). Il prit de nouveau l'avantage quand Bélisaire eut été éloigné (548) et pénétra jusqu'en Sicile. Cependant Narsès, envoyé contre lui, l'atteignit à Tagina (auj. Lentagio), dans l'Apennin, et remporta sur lui la bat. dite de Busta Gallorum (552). Totila mourut quelques jours après de ses blessures.

TOTT (Franç., baron de), militaire et diplomate, né à Chamigny, près de La Ferté-sous-Jouare, en 1733, était d'origine hongroise. Employé à l'ambassade française de Constantinople (1757-63) puis consul de France en Crimée (1767), il eut part au rétablissement de Krym-Ghéraï, khan des Tartares. Appelé en Turquie près de Mustapha III, il y rendit des services inappréciables : il réforma les pontons et l'artillerie, défendit les Dardanelles contre la flotte d'Orlof, et donna les moyens de mettre à couvert la frontière turque du côté d'Otchakov et de la Crimée; mais il trouva chez les Turcs tant d'antipathie pour les améliorations qu'il se dégoûta et revint en France. Il fut chargé de l'inspection générale des consulats dans les Échelles du Levant et en Barbarie. Il émigra en 1790, et mourut en Hongrie (1793). Le baron de Tott possédait à fond la langue turque et connaissait bien les institutions et les mœurs de la Turquie : il a publié des Mémoires sur les Turcs et les Tartares, Amst. (Paris), 1784, 4 vol. in-8, qui sont fort estimés.

TOUAREGS ou TOUARIKS, peuple nomade d'Afrique, de la famille atlantique, habite la partie moyenne du Sahara, sur la limite du Soudan, à l'O. des Tibbous, entre le pays de Touat au N., le Fezzan à l'E., Tombouctou au S. et le Niger à l'O. Ils sont très-basanés (bien que de race blanche et prétendant descendre des Turcs), grands, agiles, braves, mais pillards : les caravanes sont obligées d'acheter leur protection. Tous sont Musulmans. Ils sont entrés en 1862 en rapport avec le gouvernement de l'Algérie.

TOUAT, oasis du Sahara, au S. de l'Algérie, à 450 kil. S. E. des frontières du Maroc, dont elle dépend, sur 23° 25° lat. N., 2°-3° long., à env. 400 k. de long sur 100; ch.-l., Aghably. Commerce avec Maroc, le Fezzan et Tombouctou.

TOUCHET (Marie), femme d'une grande beauté, née en 1549, était fille d'un lieutenant au présidial d'Orléans. Elle fut aimée de Charles IX, qui la rendit mère du duc Charles d'Angoulême, et qui lui resta toujours attaché. Quatre ans après la mort du roi, elle épousa Franç. de Balzac d'Entraigues, gouverneur d'Orléans, dont elle eut 2 filles, la marquise de Verneuil et la marquise d'Entraigues, remarquables aussi toutes deux par leur beauté et par la facilité de leurs mœurs. Elle termina sa vie dans la retraite.

TOUCHI ou TCHOUCHI-KHAN, un des fils de Gengiskhan, fut détaché par son père vers l'O. pendant la guerre de Khowaresmie, battit les Polovtses (entre le Don et le Danube), défit à la grande bataille de la Khalkha les Russes qui étaient venus à leur secours (1224), retourna de là vers le S. E. et soumit les Abazes, les Tcherkesses, etc. Il mourut avant Gengiskhan, laissant, entre autres fils, Batu-Khan. V. ce nom.

TOUCQUES, bourg du Calvados, à 8 kil. N. O. de Pont-l'Évêque, sur la r. dr. de la Toucques, à 4 kil. de son embouch.; 1200 hab. Commerce de grains, eaux-de-vie, harengs, etc. — La Toucques arrose les dép. de l'Orne et du Calvados, passe à Lisieux, à Pont-l'Évêque, et se jette dans la Manche, après un cours de 120 kil.

TOUCY, ch.-l. de c. (Yonne), sur l'Ouanne, à 25 kil. O. S. O. d'Auxerre; 2839 h. Lainages.

TOUL, Tullum Leucorum, ch.-l. d'arr. (Meurthe-et-Moselle), sur la Moselle, à 23 k. O. de Nancy et sur le chemin de fer de Paris à Strasbourg; 7687 h. Place de guerre de 3e classe, trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Beau pont, place du Dauphin, cathédrale gothique, commencée au Xe s., anc. palais épiscopal; arsenal, casernes, hôpital. Broderies, toiles, imprimerie mécanique, etc. Société d'agriculture. Patrie de S. Loup et de S. Waast, de Gouvion de St-Cyr, du baron Louis, de l'amiral de Rigny. — Anc. capit. des Leuci; fortifiée par Valentinien I en 375, érigée dès le IVe s. en évêché. Elle était comprise dans le roy. d'Austrasie. Il s'y livra en 612 une bat. sanglante entre Théodebert, roi d'Austrasie, et son frère Thierry, roi de Bourgogne: Théodebert y fut vaincu. Au moyen âge, Toul devint ville impériale et fut, à partir de 1261, régie par ses évêques. Réunie à la France par Henri II en 1552, elle lui fut assurée par le traité de Westphalie (i648), et fortifiée par Louis XIV en 1700. Les Prussiens mirent le siége devant cette ville en 1815. TOUL (le gouvt de), un des 8 petits gouvts de France avant la Révolution, se composait de 2 districts: la ville de Toul, l'évêché de Toul (Liverdun, Vichery).

TOULA, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Toula, au confluent de la Toulitza et de l'Oupa, à 197 k. S. de Moscou et 973 S. S. E. de St-Pétersbourg ; 55 000 hab. Évêché, cour d'appel, école pour les fils de nobles. Beaucoup d'édifices publics, bazar. Industrie active (soieries, chapeaux, acier, suif, savon, corderies, tanneries, etc.); grande manufacture impériale d'armes, créée en 1712 par Pierre le Grand; arsenal important. Fondée en 1509, Toula fut souvent prise et ravagée au XVIe s. ; sa prospérité date de 1613. — Le gouvt de Toula, entre ceux de Moscou au N., de Riazan à l'E., de Tambov au S. E., d'Orel au S. et de Kalouga à l'O., a 240 kil. sur 150, et 1 200 000 hab. Sol plat et bien arrosé. — V. TULA.

TOULLIER (Ch. Marie), jurisconsulte, né en 1752 à Dol, près de St-Malo, m. en 1835, était agrégé à la faculté de droit de Rennes dès 1779. Sous la République, il fut administrateur de district et juge au tribunal d'Ille-et-Vilaine, puis se fit avocat. Lors de la réorganisation des écoles, il fut nommé, sans l'avoir demandé, professeur de droit civil à Rennes (1803), et peu après doyen de la Faculté. Toullier commença dès 1811 la publication d'un grand ouvrage qui résumait ses cours : le Droit civil français suivant l'ordre du Code, 1811-1820, 9 vol. in-8, dont une 5e édition parut de 1829 à 1831, en 15 vol. in-8. Ce traité, le meilleur commentaire que nous ayons du Code civil, a mérité à Toullier le surnom de Pothier moderne : l'auteur y préfère la raison aux autorités. On regrettait qu'il ne fût pas terminé (il ne comprend que les 1581 premiers art. du Code) ; Duvergier l'a dignement complété.

TOULON, Telo Martius ou Telonis portus, v. et port de France (Var), ch.-l. d'arr., sur la Méditerranée, au pied du mont Pharon, à 80 k. S. O. de Draguignan et 840 S. S. E. de Paris; 84 987 h. Ch.-l. de préfect. maritime et un des trois grands ports militaires de France; place forte de 1re classe. Trib. maritime, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école de médecine pour la marine, école d'hydrographie et de pyrotechnie, observatoire bibliothèque et musée maritime. Rade qui est une des plus belles de l'univers. Superbes établissements de marine : bassin de carénage, corderie, salle des voiles, 3 arsenaux (anc. arsenal, ars. du Mourillon et de Castigneau), fonderie, chantiers, cales couvertes; lazaret, bagne supprimé en 1873. Place du Champ-de-Bataille, belle rue aux Arbres; 159 fontespagnol; hôtel de ville avec caryatides de Puget, colonne rostrale d'Alger, beau théâtre. Soc. des sciences, belles-lettres et arts. Industrie et commerce médiocres : vins, eaux-de-vie, huiles, câpres, figues, fruits secs. Patrie de l'amiral Truguet. — Anc. colonie romaine; on croit qu'elle reçut son nom de Telo Martius, le général romain qui établit la colonie. Elle fut plusieurs fois ravagée par les Arabes et par les Barbaresques. Le connétable de Bourbon la prit en 1524, Charles-Quint en 1536. Louis XIV fit fortifier ce port par Vauban, qui construisit les forts de l'Éguillette, de Ste-Catherine et de St-Antonin; en 1707, le prince Eugène et le duc de Savoie l'assiégèrent en vain. Livré aux Anglais en 1793 par les royalistes, il fut repris par les républicains le 19 déc. de la même année : c'est à ce siége que Bonaparte, qui commandait l'artillerie, commença sa réputation.

TOULON-SUR-ARROUX, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 33 kil. N. N. O. de Charolles; 1890 hab.

TOULONGEON (Emmanuel, vicomte de), historien, né en 1748 au château de Champlitte, m. en 1812, suivit d'abord la carrière des armes, la quitta, avec le grade de colonel, pour se vouer à la littérature et à la politique, devint membre des États généraux, où il fut un des premiers parmi les nobles à se réunir au Tiers État, et fut député au Corps législatif par le dép. de la Nièvre en 1802 et 1809. Outre des écrits de circonstance, on a de lui une Hist. de France depuis la Révolution de 1789 (Paris, 1801-10, 4 vol. in-4), ouvrage qui se recommande par les détails militaires, et une traduction assez fidèle des Commentaires de César, 1813.

TOULOUBRE, Cœnus, riv. de France (Bouches-du-Rhône), communique avec la Durance par le canal de Craponne et se perd dans l'étang de Berre, près et au S. S. E. de St-Chamas, après un cours de 60 k.

TOULOUSE, Tolosa, v. de France, ch.-l. du dép. de la Hte-Garonne, sur la r. dr. de la Garonne et le canal du Midi, à 717 kil. S. de Paris par la route de Blois, et 835 par le chemin de fer; 113 229 hab. Archevêché, église consistoriale calviniste; ch.-l. de division militaire; cour d'appel, trib. de 1re inst. et de commerce, académie universitaire, facultés de théologie, de droit, sciences et lettres, lycée impérial, école secondaire de médecine et de chirurgie, école d'artillerie, école de dessin, école normale; académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, célèbre académie des Jeux floraux (V. ce nom), académie de peinture, société de médecine, des amis des arts; deux bibliothèques, musée, observatoire, jardin des plantes, pépinière départementale. Toulouse est riche en monuments : on y remarque le Capitole ou hôtel de ville, dont la façade est du XVIIIe s. et dans lequel est renfermé le Grand-Théâtre; la cathédrale de St-Étienne, commencée sur un plan magnifique, mais inachevée ; l'église St-Sernin (ou St-Saturnin), en très-beau style roman; les églises de la Daurade, de la Dalbade et du Taur; l'hôtel de la préfecture, les quais de la Garonne, le Château-d'Eau, qui alimente les fontaines publiques; le pont qui joint la ville au faubourg de St-Cyprien ; le pont suspendu de St-Michel; l'hôtel d'Assezat, bâti sur les dessins du Primatice; les moulins à eau du Basacle et du Château-Narbonnais; les trois hospices; la place du Capitole, la place Louis-Napoléon. Industrie active : pâtes d'Italie, faux, limes, maroquins, passementerie, couvertures de laine et coton, chapeaux, papiers, cordes d'instruments; manufacture impér. de tabac; laminoir, fabriques d'objets d'acier et de projectiles, forges à la catalane, fonderie de canons, poudrerie, arsenal de construction. Commerce très-important en objets de ses fabriques et en comestibles renommés (excellents pâtés de foies de canard). Toulouse est l'entrepôt des fers de l'Aveyron et de l'Ariége; grand commerce de transit entre la France et l'Espagne, entre la Méditerranée et l'Océan. A Toulouse sont nés Cujas, Fermat, Duranty, Goudouli, Pibrac, Maynard, Palaprat, Campistron; Bertrand-Molleville, Villèle. — Toulouse est une ville très-ancienne : c'était la capit. des Volces Tectosages; elle était fort riche et fort peuplée au temps même de l'indépendance des Gaules; c'était un des sanctuaires religieux du pays. Elle fut de bonne heure alliée des Romains, mais elle les trahit pour accueillir les Cimbres en 106 av. J.-C. ; Servilius Cépion la reprit par surprise, et y fit en dépouillant les temples un riche butin qu'il s'appropria; peu après il fut battu par les Cimbres à Toulouse, et l'on crut que c'était une punition de son impiété, d'où l'expression proverbiale l'or de Toulouse, pour dire richesse qui porte malheur. Sous l'empire, elle fut comprise dans la Narbonaise. Elle devint la capitale des Visigoths en 419; Clovis la leur enleva en 507. A partir de 631, les ducs d'Aquitaine de la ligne mérovingienne y régnèrent : Waïfre en fut le dernier duc (747-767). Toulouse fut ensuite la capitale du comté de Toulouse, créé par Charlemagne en 778 pour Louis le Débonnaire, son fils; après la réunion de ce comté à la couronne, elle resta, jusqu'à la fin de la monarchie, la capit. du gouvt de Languedoc. Fort maltraitée dans la guerre des Albigeois, cette ville soutint en 1217 et 1218 un long siége contre Simon de Montfort, qui y fut tué. Toulouse avait une université depuis 1229 ; Philippe le Bel y établit un parlement en 1302. Elle a longtemps conservé des privilèges particuliers : ses magistrats s'appelaient capitouls. Le 10 avril 1814, le maréchal Soult livra à Wellington (10 jours après la reddition de Paris) la célèbre bataille de Toulouse, qui resta indécise.

TOULOUSE (Comté de). Ce comté, créé dès 778 par Charlemagne, faisait partie du roy. d'Aquitaine, et eut d'abord des comtes bénéficiaires. Après la paix de Verdun (843), il se trouva être le principal des fiefs formés dans l'anc. Narbonaise. Frédelon, qui commandait à Toulouse sous Charles le Chauve, ayant remis au roi cette importante place après la mort des comtes Bernard et Guillaume, qui avaient soutenu le parti de Pépin II, roi d'Aquitaine, fut fait comte de Toulouse, en 849 ; son frère Raimond lui succéda (852), et depuis le comté fut héréditaire dans cette famille. Au Xe s., le comté de Toulouse était l'un des six grands fiefs de la couronne : il avait alors sous lui comme arrière-fiefs les comtés de Quercy, d'Alby, de Carcassonne, de Nîmes, de Béziers, de Foix; de plus, les comtes héritèrent au XIe s. de la partie de la Provence dite Marquisat de Provence. Ce comté jouissait d'une haute prospérité et d'une civilisation précoce, quand, au commencement du XIIIe s., les feudataires septentrionaux se croisèrent contre ses comtes, qui favorisaient l'hérésie albigeoise (V. ci-après Raymond VI et VII). De là la terrible guerre des Albigeois, l'expulsion des anciens comtes, et l'élévation de Simon de Montfort au titre de comte de Toulouse (1212-1218). La mort de Simon rendit le comté à l'ancienne dynastie, mais celle-ci s'éteignit bientôt dans les mâles en la personne de Raymond VII (1249). Sa fille Jeanne, épouse d'Alphonse, frère de S. Louis, lui succéda, sans conserver toutefois les vastes arrière-fiefs du comté de Toulouse (ceux-ci par le traité de Paris, 1229, avaient été cédés à la couronne) ; enfin en 1271, après la mort d'Alphonse et de sa femme, qui ne laissaient pas d'enfants, le comté de Toulouse proprement dit fut aussi réuni au royaume de France. — L’Histoire des comtes de Toulouse a été écrite par Moline de St-Yon, 1859-60, 4 v. in-8.

Comtes de Toulouse.
Chorson (institué par Charlemagne), 778 Raymond IV, 1088
Frédelon, 849 Bertrand, 1105
Raymond I, 852 Alphonse I Jourdain, 1112
Bernard, 854 Raymond V, 1148
Odon, 875 Raymond VI, 1194-1222
Raymond II, 918 Simon de Montfort, 1212-18
Raymond III, 923 Amaury de Montfort, 1218-24
Guillaume III, 950 Raymond VII, 1222
Pons, 1037 Jeanne et Alphonse de France, 1249-71
Guillaume IV, 1060

TOULOUSE (RAYMOND DE), nom de 7 comtes de Toulouse, dont voici les plus connus : R. IV, dit Raymond de St-Gilles, comte de Toulouse, duc de Narbonne, marquis de Provence, né vers 1042, m. en 1105. Il fut un des chefs de la 1re croisade (1096), et l'un des premiers qui montèrent à l'assaut de Jérusalem; après la prise de la ville, il refusa deux fois la couronne. Il mourut en Syrie, près de Tripoli. Il eut pour successeur dans le comté de Toulouse son fils aîné, Bertrand, qui mourut 3 ans après, et qui laissa ses États d'occident à son frère Alphonse-Jourdain (V. JOURDAIN). — R. V, fils d'Alphonse-Jourdain, né en 1134, épousa Constance, fille du roi Louis le Gros, et la répudia ensuite. Il fut attaqué par Henri II, roi d'Angleterre, et Alphonse II, roi d'Aragon; mais il sortit victorieux de ces différentes luttes, et acquit la ville de Nîmes; il y mourut en 1194. — R. VI, le Vieux, fils et successeur du préc., né en 1156, eut de violents démêlés avec le St-Siége au sujet des Albigeois, dont il favorisait l'hérésie : on lui imputa le meurtre du légat Pierre de Castelnau. Deux fois excommunié (1208 et 1211), il vit prêcher une croisade contre lui, eut à soutenir des guerres sanglantes et désastreuses, et fut quelque temps dépouillé de ses États, dont Simon de Monfort s'empara (1212-18) ; mais il finit par triompher des armées ennemies, rentra dans ses domaines et s'y maintint jusqu'à sa mort (1222), malgré les attaques d'Amaury de Montfort, fils de Simon. Marié 5 fois, le comte de Toulouse ne laissa que 2 enfants légitimes, Raymond VII, qui lui succéda, et Constance, mariée à Sanche VIII, roi de Navarre. — R. VII, le Jeune, dernier comte de Toulouse, fils et successeur du préc., né à Beaucaire en 1197, fut excommunié deux fois pour les mêmes motifs que son père, n'en poursuivit pas moins la guerre, triompha de Simon de Montfort et de son fils Amaury, et contraignit ce dernier après la mort de Raymond VI à traiter avec lui (1224). Mais, affaibli par une si longue lutte, il sentit le besoin de faire sa paix avec la cour de France et avec le St-Siége (1229). Il mourut à Milhaud en 1249, laissant ses domaines à Jeanne, sa fille unique, qui avait épousé en 1237 Alphonse, comte de Poitiers, frère de Louis IX.

TOULOUSE (L. Alexandre DE BOURBON, comte de), 3e fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan, 1678-1737, eut le titre d'amiral de France dès l'âge de 5 ans, se distingua pendant la guerre de la Succession d'Espagne (1700-10) et battit l'amiral Rooke aux environs de Malaga. Il ne prit aucune part aux intrigues de la duchesse du Maine pendant la Régence, épousa la marquise de Gondrin (Dlle de Noailles), et tint à Rambouillet une cour qui fut, pour l'élégance et la distinction, rivale de celle de Sceaux. Ce prince était, au témoignage de St-Simon, l'honneur, la vertu, la droiture, l'équité même. Il est le père du duc de Penthièvre.

TOULTCHA, v. de Turquie (Bulgarie), sur la r. dr. du Danube, au point où il se partage en plusieurs branches, a 24 kil. S. d'Ismaïl; 15 000 hab. On croit que c'est l'anc. Ægissus, ville de Mésie, près de laquelle Darius traversa le Danube sur un pont de bateaux pour aller combattre les Scythes.

TOUMAN-BEY, dernier sultan mamelouk d’Égypte, neveu de Kansou-el-Ghaury, lui succéda en 1516, tenta en vain de disputer l’Égypte au sultan ottoman Sélim I, déjà vainqueur de son oncle, fut battu, se défendit héroïquement dans le Caire et dans Djizeh, mais finit par être livré au sultan et fut pendu au Caire (1517).

TOUMBÉDRA, riv. de l'Inde, dans le N. du Maïssour, est formée des deux rivières de Tounga et Bhadra, qui sortent des Ghattes occidentales, coule au N., puis au N. E. et à l'E., et tombe dans la Krichna par 75° 58' long. E., 16° lat. N., après un cours d'env. 450 kil.

TOUMROUT ou TOMRUT (Mohammed-al-Mahdi Ben Abdallah), fondateur de la secte et de la dynastie des Almohades, né vers 1087 en Mauritanie, se lia avec Abd-el-Moumen, qui s'annonçait comme le 12e imam et le véritable mahdi, alla en 1120 prêcher la religion nouvelle à Maroc, fut chassé, puis condamné à mort, se réfugia à Tynamal, arma ses disciples, combattit sans relâche les Almoravides et étendit son pouvoir sur une partie de l'Afrique septentrionale (1122-25). Il mourut en 1130, après avoir mis Abd-el-Moumen à la tête de ses troupes.

TOUP (John), philologue anglais, né en 1713 à St-Yves (Cornouailles), m. en 1785, était ministre anglican dans son comté natal, et vécut dans la solitude : de là son ton âpre et trop tranchant. On estime ses Emendationes in Suidam, Londres, 1760-75, 4 vol. in-8; son édition de Longin, Oxford, 1778, et ses notes sur Théocrite (Glossæ selectæ, etc.), 1770 et 72.

TOUR (LA), TOUR (LA) DU PIN, etc. V. LA TOUR.

TOUR (LA) DE LONDRES, vaste monument de Londres, sur la r. g. de la Tamise, servant à la fois de forteresse, de prison d'État, d'arsenal et de garde-meuble. Cette tour fut construite avant la conquête normande : Guillaume (1077) et ses successeurs l'agrandirent beaucoup. Les rois d'Angleterre devaient passer un jour à la Tour avant leur sacre : le comte de Glocester mit à profit cet usage pour y faire périr les deux enfants d’Édouard IV pendant le séjour qu'ils y firent. Édouard II, le duc de Clarence, Strafford furent également mis à mort dans la Tour de Londres.

TOUR (LA) DE ROUSSILLON, tour élevée sur une colline, près du Tet, à 2 kil. S. de Perpignan, sur l'emplacement de l'anc. Ruscino, qui a donné son nom au Roussillon.

TOUR (LA) ET TAXIS. V. LA TOUR.

TOURAINE, Turones, province et grand gouvernement de l'anc. France, borné au N. par le Maine et l'Orléanais, à l'O. par l'Anjou, au S. par le Poitou, à l'E. par le Berri : 100 kil. sur 80 ; ch.-l. Tours. la Loire la divisait en 2 parties: Hte-Touraine, au N., B.-Touraine, au S. ; on y distinguait en outre les Varennes, le Verron, la Campagne, la Brenne, la Gastine. Elle forme auj. le dép. d'Indre-et-Loire. Céréales, vins, fruits (prunes renommées, etc.). Beaucoup de rivières : Loire, Cher, Indre, Vienne, Creuse ; falun ou immense banc de coquillages près de Ligueil. Plaines et vallées charmantes, beaux sites, campagnes fertiles, qui ont fait appeler la Touraine le Jardin de la France. — La Touraine était habitée au temps de J. César par les Turones, qui, bien que passant pour peu belliqueux, envoyèrent 8000 guerriers au secours d’Alesia. Ils prirent part sous Tibère au soulèvement de la Gaule, mais ils rentrèrent bientôt dans le repos. Ils furent soumis en 480 par les Visigoths : la victoire de Clovis à Vouillé les délivra de cette domination, mais pour les faire passer sous celle des Francs. A la mort de Clovis, la Touraine échut à Clodomir, roi d'Orléans (511); après lui, elle fut possédée successivement par Clotaire, roi de Soissons, Caribert, roi de Paris, Sigebert, roi d'Austrasie, et enfin par Dagobert I (622); depuis, elle resta toujours attachée à la Neustrie, dont elle formait un des comtés les plus importants. En 800, Charlemagne la comprit dans le royaume d'Aquitaine donné à Louis le Débonnaire ; mais il l'en détacha en 806, au partage de Thionville. En 941, Thibaut le Tricheur, déjà comte de Chartres et de Blois, devint maître du comté de Tours, et s'y rendit indépendant. Il eut pour successeurs ses fils et petits-fils Eudes I, Thibaut II, et Eudes II, 978-1004. Ce dernier devint comte de Champagne et de Brie à la mort d'Étienne I, qui possédait ce double comté, et l'histoire du comté de Tours se confondit dès lors avec celle de ces deux provinces. L'héritier d'Eudes, Thibaut III, perdit en 1045, contre Geoffroy II, dit Martel, comte et duc d'Anjou, la bataille de Nouy, où il fut fait prisonnier. Geoffroy se fit céder la Touraine comme rançon de Thibaut ; par suite, elle passa aux mains des Anglais quand les Plantagenets, ducs d'Anjou, montèrent sur le trône d'Angleterre. Philippe-Auguste la confisqua en 1203. Le roi Jean l'érigea en duché-pairie en 1360, en faveur de son fils Philippe, depuis duc de Bourgogne. Elle a plus tard été donnée plusieurs fois en apanage ; mais après la mort de François, duc d'Alençon, frère de Henri III (1584), elle a été définitivement réunie à la couronne. Dès 1545, François I avait érigé la Touraine en grand-gouvernement. On doit à l'abbé Bourassé un livre splendide intitulé : la Touraine, son histoire et ses monuments, Tours, 1855, in-fol.

TOURAN (le), nom donné vaguement par les anciens Mèdes à tous les pays situés au N. E. du leur et à l'E. de la mer Caspienne : c'est à peu près le Turkestan indépendant. On crut pouvoir étendre ce nom même jusqu'à la Sibérie, et on lui donnait alors pour capitale la ville de Sibir. Le Zend-Avesta fait souvent mention du Touran et l'oppose au pays du S. ou Iran (Perse). L'Iran est fertile et est la demeure d'Oromaze et des bons génies ; le Touran est aride, et forme le séjour d'Ahriman.

TOURANE ou TOURON, en chinois Han ou Koua-han, v. de l'empire annamitique (Cochinchine), sur la côte orientale et sur une baie superbe, à 100 kil. S. E. de Hué. Beau port, fortifié par les Français à la fin du dernier siècle. Ville jadis importante, et ch.-l. de la province de Cham. Cédée à la France en 1787, elle n'a jamais été occupée par elle. Prise en 1858 par l'amiral Rigault de Genouilly, elle a été abandonnée en 1860.

TOURCOING ou TURCOING, ch.-l. de c. (Nord), à 12 kil. N. E. de Lille et à 2 k. de Roubaix, près de la frontière de Belgique ; 33 498 hab. Chambre de commerce, conseil de prud'hommes, collége. Hôtel de ville, hospice, chemin de fer. Filatures de coton et de laine ; camelot, satins, molletons, étoffes printanières, linge de table ; teintureries, tanneries, savonneries, raffineries de sucre, distilleries. Déjà importante par son commerce et son industrie au XIIe s., cette ville fut arrêtée dans son développement par plusieurs incendies, en 1477, 1607 et 1711 ; mais elle a depuis le commencement de ce siècle repris un rapide essor. Son Hist. a été écrite par Roussel-Defontaine, 1855.

TOURKMANTCHAI, vge de l'Arménie persane, près de Tauris. Il y fut conclu le 23 févr. 1828 un célèbre traité entre les Perses et les Russes : la Russie obtenait les provinces d'Érivan et de Naktchivan ; la succession du roi de Perse Feth-Ali-Chah était assurée à son fils Abbas-Mirza.

TOURLAVILLE, Toriallum, bourg du dép. de la Manche, à 5 kil. E. de Cherbourg ; 5824 hab. Anc. manufact. de glaces, établie par Colbert en 1665.

TOURLET (René), né en 1756 à Amboise, mort en 1836, fut reçu médecin à Montpellier, vint en 1799 se fixer à Paris, y obtint un emploi aux Archives, et concourut à la rédaction des Annales littéraires, du Magasin encyclopédique, et surtout du Moniteur (pour la partie scientifique). On lui doit des traductions de Quintus de Smyrne (sous le titre de la Guerre de Troie, 1800) ; de Pindare (1818) ; de Julien (1821), traductions qui, bien que surpassées depuis, ont rendu service en leur temps.

TOURMALET (le), un des passages des Pyrénées, près de Barèges, est situé a 2177m de hauteur.

TOURMENTES (Cap des). V. BONNE-ESPÉRANCE.

TOURNAN, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 26 k. N. E. de Melun ; 1871 hab. Beaux châteaux de Combreux et d'Armainvilliers. Bestiaux, farines.

TOURNAY, Turnacum ou Turris Nerviorum, v. forte de Belgique (Hainaut), ch.-l. d'arr., sur l'Escaut, à 80 kil. S. O. de Bruxelles et à 49 k. N. O. de Mons ; 32 000 hab. Évêché (fondé en 484), trib. de 1re inst. et de commerce, séminaire, bibliothèque. Citadelle, cathédrale gothique, en pierre bleue, beffroi et quelques autres édifices, Beaux quais, belles promenades. Académie de dessin, sculpture et architecture, athénée, etc. Soieries, lainages, bonneteries, faïence, dite de Tournay, porcelaine, bronzes dorés, camelots, draps, cotonnades, futaines ; manuf. royale de tapis. — Cette ville, une des plus anciennes et des plus importantes de la Gaule Belgique au temps de César, était la capit. des Nerviens. Très-florissante au IIIe s. de l'empire, elle fut ravagée au commencement du Ve par les Vandales et les Alains ; elle tomba en 438 au pouvoir de Clodion, chef des Francs, et fut la capitale de Mérovée et de ses successeurs jusqu'à Clovis : c'est dans cette ville que mourut Childéric, successeur de Mérovée : son tombeau y a été retrouvé en 1653. Les Normands la dévastèrent en 882. Comprise par Charles le Chauve dans le comté de Flandre, Tournay cessa alors de faire partie de la France ; mais elle fut de nouveau réunie à la couronne par Philippe le Bel, qui la fortifia. Occupée en 1513 par Henri VIII d'Angleterre, elle fut rachetée en 1518 par François I, à qui elle fut enlevée en 1521 par le comte d'Egmont, général de Charles-Quint. Louis XIV la reprit en 1667. Incorporée cette fois encore à la France, elle lui fut ravie de nouveau en 1709 par le prince Eugène et Marlborough. Les Français la reprirent en 1745, en 1792 et en 1794. Elle devint à cette dernière époque, et resta jusqu'en 1814, un des ch.-l. d'arr. du dép. de Jemmapes.

TOURNAY, ch.-l. de c. (Hautes-Pyrénées), sur l'Arros, à 18 kil. S. E. de Tarbes ; 1340 hab.

TOURNEFORT (Jos. PITTON de), célèbre botaniste, né à Aix en 1656, m. en 1708, quitta le séminaire pour l'école de médecine de Montpellier, parcourut en herborisant les montagnes du Dauphiné, de la Savoie, du Roussillon, de la Catalogne, devint professeur de botanique au Jardin du Roi, à Paris (1683), enrichit cet établissement tant par ses récoltes qu'il avait faites en Portugal, en Andalousie, en Angleterre, etc., qu'à la faveur d'un voyage scientifique qu'il fit, par ordre de Louis XIV, à Constantinople, à Candie, en Arménie, en Géorgie et dans l'Asie-Mineure; devint en 1691 membre de l'Académie des sciences et obtint après son dernier voyage une chaire de médecine au Collége de France. On lui doit, entre autres ouvrages, des Éléments de botanique, Paris, 1694, 3 vol. in-8 (qu'il a traduits lui-même en latin sous le titre d’Institutiones rei herbariæ, 1700); un traité De optima methodo instituenda in rem herbariam, 1697; l’Hist. des plantes qui paraissent aux environs de Paris, 1698, et un Voyage du Levant, 1717, 3 v. in-8, ouvrage plein d'érudition et d'intérêt. Tournefort est un des restaurateurs de la botanique : on lui doit une classification des genres et des espèces qui est fondée principalement sur la fleur et le fruit, mais qui tient compte de l'importance relative des organes. Linné a conservé la plus grande partie des genres qu'il avait établis. Fontenelle a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences.

TOURNELLE (la), nom que l'on donnait à deux chambres de justice de Paris : l'une, dite la Tournelle criminelle ou simplement la Tournelle, qui jugeait en dernier ressort les affaires criminelles ; elle fut instituée en 1436, et modifiée en 1452 et 1519 ; — l'autre, la Tournelle civile, érigée en 1667 pour les affaires civiles au-dessous de 3000 livres. On nommait, dit-on, ces deux chambres Tournelles, parce qu'elles se composaient de membres du parlement qui y venaient siéger à tour de rôle.

TOURNÉLY (Honoré), théologien, né à Antibes en 1658, m. à Paris en 1729, fut reçu docteur en Sorbonne en 1686, remplit une chaire de théologie à Douai, puis à la Sorbonne (1692-1716), et composa des traités de théologie devenus classiques, entre autres : Prælectiones theologicæ de Deo ac divinis attributis. — Le nom de Tournély, mis en tête de quelques autres ouvrages, paraît n'être qu'un pseudonyme, sous lequel se serait caché l'abbé Lafosse.

TOURNEMINE (le P.), savant jésuite, né à Rennes en 1661, m. en 1739, professa avec éclat les humanités, la philosophie et la théologie, et dirigea le Journal de Trévoux de 1702 à 1736. Outre une foule de Dissertations et Analyses, insérées dans ce journal, et remarquables par l'impartialité de la critique, il a publié des Tables chronologiques (dans la Bible de Duhamel, 1706), des Réflexions sur l'athéisme (à la suite du Traité de l'existence de Dieu par Fénelon), et une bonne édition des Commentaires de Ménochius sur l'Écriture sainte, 1719. Il entretenait correspondance avec un grand nombre de savants, et sut une vive discussion avec Leibnitz sur l'origine des Francs, dont il faisait une colonie de Gaulois.

TOURNOIS, jeux militaires en vogue au moyen âge. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TOURNON, Tornomagensis vicus, ch.-l. d'arrond. (Ardèche), sur la r. dr. du Rhône, à 44 kil. N. E. de Privas; 5252 hab. Trib. de 1re instance, lycée (formé de l'ancien collège fondé par le cardinal de Tournon, et dirigé d'abord par les Jésuites, puis par les Oratoriens), bibliothèque. Beau pont de fer, qui unit Tournon à la ville de Tain, située en face; vieux château des ducs de Soubise, qui sert maintenant de prison : il est situé sur une montagne escarpée, d'où l'on a une vue magnifique sur les Alpes, le Rhône et l'Isère. Mégisserie, tannerie, draps, soie. Aux environs, bons vins des coteaux de l’Hermitage. — Tournon eut dès le XIIe s. des seigneurs particuliers, qui reçurent plus tard le titre de comtes, et dont la race s'éteignit en 1644. Ce comté passa depuis dans les maisons de Montmorency, de Lévy-Ventadour et de Rohan-Soubise.

TOURNON D'AGENAIS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur le Baudusson, à 22 k. E. de Villeneuve-sur-Lot; 4569 hab. Anc. baronnie des comtes d'Armagnac

TOURNON-ST-MARTIN, ch.-l. de c. (Indre), à 14 k. N. O. du Blanc, près de la r. dr. de la Creuse; 1433 h. Pierres de taille ; fromages de chèvre.

TOURNON (François de), cardinal, né en 1489 à Tournon en Vivarais, d'une anc. maison connue dès le XIIe s., m. en 1562, fut nommé archevêque d'Embrun à 28 ans, devint successivement archevêque de Bourges, d'Auch, de Lyon; jouit de la confiance de François I, négocia le traité de Madrid qui rendit la liberté au roi (1526), fut employé par le roi d'Angleterre Henri VIII comme intermédiaire auprès du pape pour obtenir son divorce, mais échoua dans cette négociation; dirigea en 1536, de concert avec Anne de Montmorency, la défense de la Provence contre Charles-Quint, signa la paix à Nice en 1538 et fut jusqu'à la mort du roi le ministre dirigeant; mais il se vit écarté sous Henri II, qui l'envoya comme ambassadeur à Rome : Pie IV le nomma évêque d'Ostie et doyen du Sacré Collège. D'un zèle ardent pour l'unité de religion, le cardinal de Tournon traita avec une grande rigueur les Calvinistes et les Vaudois. C'est ce prélat qui introduisit les Jésuites en France : il fonda en 1538 le collège de Tournon, dont il leur donna la direction. — Un autre cardinal de Tournon, né à Turin en 1668, légat du pape Clément XI aux Indes et à la Chine (1701-1706), prohiba les pratiques idolâtres chez les Chinois baptisés et encourut pour ce motif la colère de l'empereur de la Chine, qui le fit jeter dans une prison, où il mourut, 1710. Il a laissé des Mémoires, publiés à Rome en 1762.

TOURNON (Phil. Camille, comte de), issu de l'anc. maison des comtes de Tournon, né en 1778 à Avignon, m. en 1833, fut sous Napoléon I intendant à Bayreuth, puis préfet de Rome (1809) : il administra cette ville jusqu'en 1814, et y laissa les plus honorables souvenirs. Il devint sous la Restauration préfet de la Gironde, puis du Rhône (1821), conseiller d'État, enfin pair de France (1824). Il a publié d'intéressantes Études statistiques sur Rome et les États romains, 1831 : c'est en grande partie l'histoire de son administration.

TOURNOVO, v. de Turquie d'Europe (Janina), à 18 kil. N. O. de Larisse; 6000 h. Évêché grec. Étoffes légères en soie et coton, dites bourres de Grèce.

TOURNUS, Castrum Tinurtium, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), sur la Saône, à 32 kil. N. E. de Mâcon; 5598 h. Trib. de commerce. Station de chemin de fer. Broderie sur tulle, couvertures de coton, chapeaux; salin et potasse, sucre de betterave. Commerce de vin et d'eaux-de-vie, pierres blanches et rouges, etc. Patrie de Greuze. — Aux portes de la ville était jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 875 par Charles le Chauve.

TOURON, v. de l'emp. d'Annam. V. TOURANE.

TOURON (le P. Ant.), dominicain, né en 1688 dans le diocèse de Castres, m. en 1775, consacra toute sa vie à l'enseignement, à la controverse et à l'étude de l'histoire. On a de lui : Vie de S. Thomas d'Aquin, Paris, 1737; Vie de S. Dominique, 1739; Hist. des hommes illustres de l'ordre de S. Dominique, 1743-49; un traité historique et dogmatique de la Providence, 1752; la Vie de S. Charles Borromée, 1761; une Hist. générale de l'Amérique, 1768-70 : c'est surtout l'histoire ecclésiastique de cette contrée. Touron est un écrivain érudit, mais diffus et sans agrément.

TOUROUVRE, ch.-l. de c. (Orne), à 13 kil. N. E. de Mortagne; 1900 hab. Verrerie, forge.

TOURREIL (Jacq. de), écrivain né à Toulouse en 1656, d'une famille parlementaire, m. en 1715, obtint le prix d'éloquence à l'Académie française en 1681 et 1683, traduisit les Philippiques, les Olynthiennes et quelques autres discours de Démosthène, et finit par être admis à l'Académie des Inscriptions. Ses Œuvres ont été imprimées à Paris en 1721.

TOURS, Turones ou Cæsarodunum, ch.-l. du dép. d’Indre-et-Loire et capit. de l’anc. Touraine, sur la r. g. de la Loire, à 234 k. S. O. de Paris par le chemin de fer ; 41 061 hab. Archevêché ; ch.-l. de division militaire ; trib. de 1re inst. et de commerce, école préparatoire de médecine, lycée, séminaire, école de dessin ; société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres, cabinet d’histoire naturelle et d’antiquités, musée de peinture, bibliothèque, jardin botanique. La ville, assez bien bâtie, est traversée par une rue magnifique, à l’extrémité de laquelle est une statue en marbre de Descartes ; beau pont sur la Loire, l’un des plus beaux de l’Europe : il a 435m de long sur 15 de large ; chemin de fer, avec un bel embarcadère ; cathédrale de St-Gatien, en style gothique, renfermant les tombeaux des enfants de Charles VIII ; tours de St-Martin et de Charlemagne, seuls restes de la célèbre église de St-Martin de Tours, démolie en 1793 ; palais archiépiscopal, hôtel de ville, préfecture, bourse, casernes, belle fontaine, puits artésien. Environs magnifiques, situation délicieuse ; admirable entrée en venant de Paris. Fabriques de draps, couvertures, tapis, ouate, soieries, rubans, passementerie, faïence, poterie bronzée, cordes en boyaux, corroieries, teintureries, amidon ; pruneaux dits de Tours, et autres fruits ; bougies, chanvres, laines, cuirs, grains, vins, etc. — Tours était la capitale des Turones, et fut sous les Romains le ch.-l. de la Lyonnaise 3e (Pour l’historique de la ville, V. TOURAINE). On nomme bataille de Tours la série de combats livrés aux Arabes en 732 par Charles-Martel entre Tours et Poitiers. Les environs de cette ville étaient le séjour favori de Charles VII et de Louis XI : ce dernier habita longtemps le château de Plessis-lès-Tours. Les États généraux s’y tinrent en 1468, 1484 et 1506. Henri IV fit planter près de Tours les premiers mûriers pour l’alimentation des vers à saie en France. Tours a eu, entre autres évêques, S. Martin, Grégoire de Tours, S. Gatien. C’est dans cette ville que sont nés Gabrielle d’Estrées, Boucicaut, Rapin, Grécourt, Destouches, Dutens, Bouilly, Balzac. Jadis on battait monnaie à Tours, mais la livre de Touraine, dite livre tournois, était d’un cinquième plus faible que celle de Paris.

TOURTERON, ch.-l. de c. (Ardennes), à 20 kil. N. O. de Vouziers ; 576 hab.

TOURVILLE (Anne Hilarion DE COTENTIN, comte de), célèbre marin, né en 1642 au château de Tourville, près de Coutances, d’une famille ancienne de Normandie, mort en 1701, était fils de César de Tourville, maréchal de camp. Il entra dans l’ordre de Malte à 14 ans, fit avec distinction plusieurs campagnes contre les Barbaresques, fut fait capitaine de vaisseau à 25 ans (1667), se signala sous d’Estrées et Duquesne, notamment aux batailles de South-Bay (1672) et d’Agosta (1676), commanda l’avant-garde sous le maréchal de Vivonne à la bat. navale de Palerme (1677) ; prit part aux diverses expéditions contre Alger et Tripoli (1682-1688) ; reçut en 1689 le titre de vice-amiral des mers du Levant ; fut envoyé en Irlande avec d’Estrées pour soutenir la cause de Jacques II, prit en 1690 deux grands convois, près de l’île de Wight et dans la baie de Tingmouth (Devon), mais perdit deux ans après contre une flotte double en nombre la bataille de La Hogue (qu’il ne livra du reste que malgré lui et sur un ordre exprès de la cour) ; fit une admirable campagne navale en 1693, gagna la bat. de St-Vincent (Portugal), et fit perdre aux Anglais dans cette seule campagne plus de 80 bâtiments et de 36 millions.

TOUS-LES-SAINTS (Baie de), Bahia de Todos os Santos, baie du Brésil (Bahia), par 13° lat. S. et 41° long. O., a 35 k. sur 28. Sur la côte E. est Bahia.

TOUSSAINT (la), fête instituée en 731 par le pape Grégoire III en l’honneur de fous les saints, est célébrée le 1er nov. Elle fut introduite en France en 835 par Grégoire IV. C’est une des 4 grandes fêtes reconnues par le Concordat.

TOUSSAINT (Franç. Vinc.), écrivain, né à Paris en 1715, mort en l772, suivit quelque temps le barreau, puis se livra aux lettres. Il rédigea les articles de jurisprudence dans les 2 premiers vol. de l’Encyclopédie, publia en 1748 le livre des Mœurs, où il traitait de la morale naturelle d’une manière indépendante de toute croyance religieuse, compléta ce livre en 1762 par des Éclaircissements, qui jurent, ainsi que l’ouvrage, condamnés au feu par le Parlement, et s’enfuit à Bruxelles, où il rédigea la Gazette française. Frédéric II, roi de Prusse, qu’il avait précédemment attaqué dans la Gazette française, lui offrit un asile (1764) et lui confia la chaire de rhétorique et de logique à l’école militaire de Berlin ; mais Toussaint s’aliéna ce prince par sa vanité. Avant de mourir, il se convertit et rétracta ses erreurs.

TOUSSAINT-LOUVERTURE, général noir, né à St-Domingue en 1743, avait reçu quelque instruction. Après avoir secondé les nobles contre-révolutionnaires et aidé à soulever ses compatriotes, il accueillit avec reconnaissance le décret qui proclamait la liberté des Noirs, passa, en 1794, au service de la République française, aida le général français Laveaux à chasser de l’île les Espagnols et les Anglais et à réprimer une révolte de mulâtres (1795), et fut en récompense nommé successivement général de brigade, général de division, enfin général en chef des armées de St-Domingue. Il rétablit l’ordre et la discipline, mais ne tarda pas à se rendre indépendant et se fit proclamer président à vie (1800). Il refusa de reconnaître le général Leclerc, envoyé pour rétablir l’autorité française (1801) ; mais il se vit bientôt forcé de capituler, puis fut arrêté comme conspirateur, transporté en France et enfermé au fort de Joux, où il mourut en 1803. Le nom de L’ouverture lui vient de ce que le commissaire de la République, Polverel, apprenant ses succès, s’était écrié : « Mais cet homme fait donc ouverture partout ! » Le nom lui en resta.

TOUSTAIN (dom Ch. Franç.), Bénédictin de la congrégation de St-Maur, né en 1700, au Repas, près de Séez, m. en 1764, a donné avec D. Tassin un Nouveau traité de Diplomatique, 6 vol. in-4, et une édition de Théodore Studite.

TOUTMÈS ou TOUTHMOSIS. V. THOUTHMOSIS.

TOUTOUCH (Tadj-ed-Daoulah), prince turc seldjoucide, fils d’Alp-Arslan et frère de Mélik-Chah, eut mission d’achever la conquête de la Syrie (1076), la termina en 1078 et repoussa les Égyptiens, qui lui disputaient sa conquête ; se fit proclamer sultan à Damas, après la mort de Mélik (1092) et se fit reconnaître par les émirs de Syrie ; mais eut bientôt à combattre et Barkiarok, fils de Mélik, et Aksankar, émir d’Alep ; il battit et tua le second, mais fut lui-même vaincu par Barkiarok, et périt à Rei (1095).

TOUVET (LE), ch.-l. de c. (Isère), à 27 kil. N. E. de Grenoble ; 1625 h. Filature de soie, forges.

TOWNLEY (Charles), antiquaire anglais, né en 1737, m. à Londres en 1805. Jouissant d’une grande fortune, il l’employa à voyager en Italie et en Grèce, et forma un riche muséum d’antiquités, qui fait maintenant partie du Musée britannique.

TOWTON, vge d’Angleterre (York), à 17 k. S. O. d’York. Édouard IV, de la maison d’York, y battit en 1461 Henri VI, de la maison de Lancastre.

TOXANDRIA, v. de la Gaule septent. (2e Germanie), ch.-l. des Toxandri, entre la Meuse et l’Escaut, est auj. Tessender-Loo. — Dans le moyen âge, on donnait le nom de Toxandrie au Brabant.

TPÉ, déesse égyptienne, n’est autre que le Ciel. On voit son effigie de chaque côté des zodiaques rectangulaires. — Tpé est aussi le nom égyptien de Thèbes.

TRABÉE, espèce de toge romaine. V. ce nom dans notre Dict. univ. des Sciences.

TRACHÉE. V. CILICIE TRACHÉE et TRACHONITIDE.

TRACHINE, puis Heraclea, v. de Thessalie, au S. E., près de l’Œta et du golfe Maliaque, formait aux temps mythologiques un petit État dit Trachinie, que soumit Hercule. C’est là que demeurait Déjanire, femme du héros, et qu'Hercule revêtit la fatale tunique de Nessus. Une tragédie de Sophocle, qui représente la mort d'Hercule, est intitulée les Trachiniennes.

TRACHONITIDE (du grec trachys, âpre, raboteux), contrée rocailleuse de la Syrie ancienne, au delà des limites orientales de la Palestine, touchait d'un côté à la Célésyrie, de l'autre à l'Arabie : c'est auj. le Hauran et le Ledjah.

TRACY (Ant. Louis Claude DESTUTT de), idéologue, né dans le Bourbonnais en 1754, d'une famille originaire d’Écosse, m. en 1836, était colonel d'infanterie en 1789. Député aux États généraux, il s'y montra partisan éclairé des réformes; il rentra dans la vie privée après l'Assemblée Constituante. Il fit partie de l'Institut (sciences morales et politiques) dès la fondation (1795), devint peu après membre du comité de l'instruction publique, entra en 1799 au Sénat conservateur, en 1808 à l'Académie française, et en 1814 à la Chambre des Pairs, où il vota constamment avec le parti constitutionnel. Ses principaux ouvrages sont : Éléments d'idéologie, comprenant l’Idéologie proprement dite, la Grammaire, la Logique et un Traité de la volonté et de ses effets, 1801-1815 (ce dernier ouvrage est surtout un traité d'économie politique) ; Essai sur le génie et les ouvrages de Montesquieu, 1808 ; Commentaire sur l'Esprit des lois, 1819, et un Mémoire sur Kant. Disciple de Condillac, il ramène comme lui toutes les idées et toutes les facultés à la sensation; il approfondit quelques points de la doctrine du maître, tels que l'influence des signes sur la pensée, l'explication de l'idée de corps, l'origine des erreurs (qu'il attribue à l'imperfection de la mémoire). M. Guizot a prononcé son Éloge à l'Acad. des sciences morales.

TRADUCTA JULIA. V. TINGIS.

TRAERBACH, v. forte de la Prusse Rhénane, sur la Moselle, à 32 kil. S. de Trêves, dans l'anc. palatinat du Rhin. Prise par le comte de Belle-Isle en 1734.

TRAETTA (Thom.), compositeur, élève de Durante et de Léo, né en 1727 à Naples, m. en 1779, fut professeur au conservatoire de Venise, et fut appelé à Londres, à Venise, à St-Pétersbourg. Précurseur de Gluck, il excelle dans les effets sombres et l'expression de la passion. Ses principaux opéras sont : Farnace (1750); Ippolito (1757); Ifigenia (1759); l’Isola disabitata (1769) ; l’Olimpiade (1770); Didone (1772); la Disfatta di Dario (1778), etc.

TRAFALGAR, Junonis promont., cap d'Espagne (Cadix), à l'entrée du détroit de Gibraltar, vis-à-vis du cap Spartel, en Afrique. Il s'y livra le 21 octobre 1805 une célèbre bataille navale, où l'amiral anglais Nelson défit complètement les flottes de France et d'Espagne, commandées par les amiraux Villeneuve et Gravina. Nelson périt au milieu de sa victoire; Gravina fut blessé à mort; l'amiral français, Villeneuve, fut fait prisonnier.

TRAJAN, M. Ulpius Trajanus Crinitus, empereur romain, né en 52 à Italica, en Espagne, était fils d'un soldat de fortune élevé aux honneurs par Vespasien. Il se montra sous Domitien militaire aussi habile que brave, fut fait consul en 91, puis commanda les légions de la Basse-Germanie, fut adopté par Nerva, et devint empereur en 98, à la mort de ce prince. Il ne parut à Rome qu'après avoir assuré les limites de l'empire du côté du Rhin, refusa de payer le tribut aux Daces, eut par suite à soutenir contre leur roi Décébale deux grandes guerres (101-103, 105-106), dont le résultat fut l'acquisition du vaste pays appelé depuis Dacie Trajane, envahit l'empire parthe (115-117), soumit l'Arménie, l'Ibérie et la Colchide, donna un roi aux Albaniens et même aux Parthes, poussa ses conquêtes au delà de l'Euphrate et du Tigre, prit Ctésiphon, Séleucie, Suse, et réduisit en province romaine une partie de la Mésopotamie, mais ne put renverser, comme il le désirait, l'empire des Arsacides ni franchir l'Indus. A l'intérieur, il fit fleurir la justice et cesser les délations, partagea les soins du gouvernement avec le sénat, rendit les élections aux comices, s'environna de capacités de tout genre, protégea les lettres (c'est sous lui que fleurirent Pline le Jeune, Tacite, Florus, Plutarque, Dion Chrysostome), allégea les impôts, refondit les monnaies, porta des soins extrêmes à l'approvisionnement de Rome, couvrit l'empire de monuments magnifiques ou utiles (la colonne Trajane, le Forum de son nom, à Rome, les ponts du Danube, du Tigre, du Tage,etc), et colonisa la Dacie. Il allait réprimer une révolte des Juifs, lorsqu'il mourut à Sélinonte, en 117. Trajan est souvent considéré comme le meilleur des empereurs romains, il a été surnommé le Père de la patrie; cependant il souilla sa réputation par son intempérance, ses goûts dépravés et ses rigueurs envers les chrétiens : c'est sous son règne qu'eut lieu la 3e persécution. Pline a fait le Panégyrique de Trajan. L'histoire de son règne a été écrite par Dion Cassius (abrégé par Xiphilin), par Eutrope, Aurélius Victor, Orose. On a quelques Lettres de lui (dans celles de Pline). Esménard donna en 1807 le Triomphe de Trajan, opéra.

TRAJANE (Colonne), magnifique colonne triomphale élevée en 112 à Rome par le sénat et le peuple romain en l'honneur de Trajan après son expédition de Dacie. Elle était placée à l'extrémité du Forum qui portait aussi le nom de cet empereur. Cette colonne, en marbre blanc, avait 41m 60 de hauteur sur un diamètre de 3m 90. Elle était surmontée de la statue de Trajan et ornée de sculptures qui représentaient les exploits de cet empereur dans la guerre dacique. En 1588, Sixte-Quint la fit réparer et remplaça la statue de Trajan, qui avait disparu, par celle de S. Pierre. La Colonne trajane a servi de modèle à la colonne de la place Vendôme. On voit au musée du Louvre une belle reproduction galvanoplastique des bas-reliefs de ce monument.

TRAJANE (DACIE). V. DACIE.

TRAJANOPOLI ou ORIKHOVA, Trajanopolis, v. de Turquie (Roumélie), sur la Maritza, au pied du Despoto-dagh (Rhodope), à 77 kil. S. O. d'Andrinople; env. 15 000 h. Archevêché grec. Ainsi nommée en l'honneur de Trajan, qui la fonda et l'agrandit.

TRAJECTUM, nom de plusieurs villes chez les anciens, bâties à l'endroit où on traversait un fleuve : Trajectum Mosæ est aujourd'hui Maëstricht; Trajectum Rheni ou Ultra-Trajectum, Utrecht.

TRAKTIR (c.-à-d. Auberge), lieu de la Crimée où se trouve un pont sur la Tchernaïa. V. TCHERNAÏA.

TRALÉE, v. et port d'Irlande (Munster), capit. du comté de Kerry, sur la Lee, à 2 k. au-dessus de son embouch. dans l'Atlantique, à 92 kil. O. N. O. de Cork ; 12 500 h. Détruite lors de la rébellion de 1641.

TRALLES, Tralli, auj. Sultan-hissar, v. de Lydie, au S., près du Méandre, entre Magnésie et Nysse. Patrie du médecin Alexandre de Tralles.

TRAMAYES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 25 kil. O. de Mâcon; 2191 hab. Marbre noir.

TRANI, Turenum, v. d'Italie (Terre-de-Bari), sur l'Adriatique, à 45 kil. N. O. de Bari; 14 000 hab. Archevêché, trib., cour criminelle. Anc. château fort, élevé par le roi Frédéric II; cathédrale, théâtre. Grains, fruits, vins, huile. — Détruite en 1134 par le roi normand Roger, elle ne tarda pas à se relever.

TRANQUEBAR, v. et port de l'Inde anglaise, sur la côte de Coromandel, dans l'anc. Karnatic (district de Tandjaour), à 225 k. S. O. de Madras, à l'embouch. d'un des bras du Cavery; 26 000 h. La ville est défendue par le fort de Daneborg. Grand commerce. — Les Danois avaient acheté Tranquebar au radjah de Tandjaour en l616; ils l'ont vendue aux Anglais en l845.

TRANSALPINE (Gaule). V. GAULE.

TRANSBAÏKAL (Territoire), prov. de l'empire russe, comprend la partie de la Sibérie qui s'étend à l'E. du lac Baïkal et au N. de la Chine, sur le cours supérieur de l'Amour. Villes principales : Kiachtha, Nertchinsk, Selinginsk.

TRANSCAUCASIE, dénomination géographique donnée aux possessions russes au delà du Caucase. TRANSFIGURATION (la). On nomme ainsi le moment où Jésus apparut dans tout l'éclat de sa gloire sur le mont Thabor, avec Moïse et Élie, devant les apôtres S. Pierre, S. Jacques et S. Jean. On institua de bonne heure une fête en l'honneur de ce miracle ; elle se célèbre le 6 août. Raphaël a représenté la Transfiguration dans un tableau célèbre qu'on voit au Vatican et qui est peut-être son chef-d'œuvre.

TRANSOXIANE, partie de la Sogdiane et de la Bactriane, le Mawarannahar des Arabes ; pays de l'Asie centrale, situé au delà de l'Oxus, compris entre ce fleuve (le Djihoun) et l'Iaxarte (le Sihoun). Samarcand en était la capitale. C'était la province la plus septentrionale de l'empire des califes. Soumis de bonne heure par les Arabes (vers 670), ce pays n'obéit bientôt plus que nominalement.

TRANSPADANE (Gaule). V. GAULE.

TRANSPADANE (République), république créée en 1796 par Bonaparte après la bataille de Lodi, était située au N. du Pô, et comprenait la Lombardie autrichienne et quelques provinces vénitiennes; elle fut réunie dès l'année suivante à la République Cispadane, avec laquelle elle forma la République Cisalpine.

TRANSTAMARE. V. HENRI et PAEZ.

TRANSTÉVÉRINS, habitants du Trastevere ou Cité Léonine, partie de Rome à la droite du Tibre.

TRANSTIGRITANES (Provinces), pays situés au delà du Tigre et cédés à Dioclétien par le roi de Perse Narsès en 297, avaient été pour la plupart détachées de l'Arménie : c'étaient l'Arzanène, la Zabdicène, la Gordyène, la Moxoène.

TRANSYLVANIE, partie de l'anc. Dacie Trajane, Dacia Mediterranea; grand gouvt de l'empire d'Autriche, entre la Hongrie au N., la Valachie au S. et la Moldavie à l'E., a 60 000 kil. carrés et env. 2 000 000 d'hab. ; ch.-l., Klausenbourg. Le nom de Transylvanie, qui veut dire au delà des forêts (trans sylvas), a été donné à ce pays par les Hongrois parce qu'il se trouve, par rapport à eux, au delà des vastes forêts qui couvrent les monts Krapaks. La Transylvanie a été longtemps divisée en 3 grandes parties : le Pays des Hongrois à l'O., le Pays des Saxons au S., le Pays des Szeklers à l'E., subdivisés en 25 comitats ou siéges et 4 districts. En 1853, on y a établi 10 cercles : Hermanstadt, Broos, Karsbourg, Bistritz, Klausenbourg, Kronstadt, Szillagy-Somlyo, Maros-Vasarhély, Dees, et Udvarhély.

La Transylvanie est entourée à l'O. et au S. par les monts Krapaks, qui la couvrent de leurs ramifications; elle est arrosée par le Maros, le Szamos, l'Aluta. Climat varié, froid vers les montagnes, brûlant dans les plaines et vallées; sol fertile, mais mal cultivé; beaucoup d'excellent vin; bétail renommé, chevaux petits, mais fort bons. Mines nombreuses et très-riches : or, argent, fer, cuivre, plomb, mercure, zinc, arsenic; sel gemme, marbres, houille, soufre, grès; diamants, topazes, agates, améthystes, etc. Industrie presque nulle. Commerce assez actif, mais presque tout aux mains des Grecs, des Valaques et des Arméniens. Il y a beaucoup de races diverses en Transylvanie; on y parle trois langues : le hongrois, l'allemand et surtout le valaque. Ce pays, habité primitivement par les Daces, fut conquis par Trajan et compris dans la Dacie Trajane, mais abandonné par Aurélien. Il appartint successivement depuis aux Goths, aux Huns, aux Avares, enfin aux Hongrois (1004) ; après cette dernière conquête, il a suivi presque sans interruption le sort de la Hongrie, à laquelle il a souvent été disputé par les Turcs. En 1526, Jean Zapoly, frustré par l'empereur Ferdinand I de la couronne de Hongrie qui lui avait été déférée, se rendit indépendant en Transylvanie, avec le secours du sultan; ses successeurs régnèrent jusqu'en 1699 sur la Transylvanie et sur divers comitats de la Hongrie orientale, sous la suzeraineté turque, dans l'ordre qui suit :

Jean Zapoly, 1526-40 Gabriel I Bathory, 1613
J. Sigismond Zapoly, 1571 Gabriel II Bethlem (Bethlem Gabor), 1629
Étienne I Bathori, 1576 George I Ragotzi, 1648
Christophe Bathori, 1581 Georges II Ragotzi, 1661
Sigismond Bathory, 1602 Michel I Abaffi, 1690
Étienne II Botskay, 1606 Michel II Abaffi, 1699

En 1699, par le traité de Carlowitz, l'emp. Léopold I fit rentrer la Transylvanie sous la domination autrichienne. La maison princière s'étant éteinte en 1765, le pays fut réuni à la Hongrie : Marie-Thérèse l'érigea alors en grand-duché.

TRAPANI, Drepanum, v. forte et port de Sicile ch.-l. de la prov. de son nom, à 80 kil. O. de Palerme, à l'extrémité O. de l'île, sur le cap Trapani (Drepanum prom.); 25 000 hab. Place forte; ville bien bâtie. Beau port, quai, phare. Évêché, collége, couvents, beaucoup d'édifices; ruines d'un temple de Vénus. Fabrique d'objets en ivoire et en corail recherchés. Assez de commerce : soufre, sel, soude, corail, albâtre, vin, thon. — La prov. de Trapani, à l'O. de celle de Palerme, a env. 80 kil. sur 60 et compte 200 000 hab,

TRAPÉZONTE, Trapezus, nom anc. de Trébizonde.

TRASIMÈNE (Lac), Trasimenus lacus, auj. lac de Pérouse, lac de l’Étrurie, entre Perusia et Clusium, a 12 kil. sur 10. Annibal y remporta une grande victoire sur le consul Flamimus l'an 217 av. J.-C. — Un des dép. de l'empire français formés en 1809 aux dépens des États romains porta le nom du dép. de Trasimène; il avait pour ch.-l. Spolète.

TRAS-OS-MONTES, c.-à-d. au delà des monts, prov. du Portugal, dans l'angle N. E., bornée au N. et au N. E. par l'Espagne, au S. par le Beira, à l'O. par l'Entre-Douro-e-Minho, tire son nom de ce qu'elle est, par rapport à la capitale, au delà des monts de Jerez et de Maranon: 140 k. sur 100 : 320 000h.: ch.-l., Bragance. Céréales, bons vins; chevaux, mulets.

TRAU, Tragurium, v. des États autrichiens (Dalmatie), à 47 kil. N. O. de Spalatro; 3000 hab. Petit port sur l'Adriatique, quelques fortifications. Évêché, belle cathédrale. Vins et olives estimés. — Cette ville fut, dit-on, fondée par les Syracusains. Au Xe s., c'était une république; elle se donna en 991 aux Vénitiens qui, malgré les prétentions des Hongrois, la possédèrent jusqu'en 1797. Elle fut alors cédée à l'Autriche avec Venise par le traité de Campo-Formio.

TRAUN (la), Traunus, m. des États autrichiens, naît à l'extrémité N. O. de la Styrie, coule au S. O., entre dans l'archiduché d'Autriche, arrose le cercle de Traun, traverse le lac de Hallstædt, se dirige au N., forme en s’élargissant le lac de Traun, dont elle sort à Gemünd, et tombe dans le Danube à 6 kil. S. E. de Lintz, après un cours de 160 kil. — Le cercle de Traun, au S. de celui de la Mühl, a 115 kil. sur 90 et 180 000 hab.; ch.-l., Steyer.

TRAUN (Ferdin., comte de), général autrichien, d'origine bavaroise, 1677-1748, servit avec éclat dans la guerre de la succession d'Espagne et dans celle de la succession d'Autriche et eut la plus grande part aux succès du prince de Lorraine dans cette guerre. Il fut en récompense nommé feld-maréchal.

TRAUNIK. V. TRAVNIK.

TRAVANCORE, Cottiara, v. de l'Inde en deçà du Gange, jadis capit. d'un roy. de Travancore, dans une vallée des Ghattes, par 74° 52' long. E., 8° 30' lat. N. Très-déchue auj. — Le roy. de Travancore, dans le Malabar, a pour bornes à l'O. et au S. la mer des Indes, à l'E. les Ghattes occident. : 215 kil. sur 100; 1 000 000 d'hab. dont plus de 100 000 chrétiens; capit. actuelle, Trivanderam. Climat chaud, mais tempéré par le voisinage de la mer; sol très-fertile. Ce pays, qui n'avait jamais été soumis aux Mahométans, est depuis 1809 tributaire des Anglais.

TRAVE (la), Chalusus, riv. d'Allemagne, naît dans le Holstein, court à l'E. et au N. E., passe à Lübeck, et tombe dans la mer Baltique à Travemünde, après un cours de 98 kil. Elle communique avec l'Elbe par la Stecknitz.

TRAVEMUNDE, v. du territoire de Lubeck, sur la Baltique, à l'embouchure de la Trave, à 20 kil. N. E. de Lubeck, dont elle est le port; 1200 hab.

TRAVENDAHL, château du Holstein, à 23 kil. O. de Lubeck, près de la r. g. de la Trave. Un traité de paix y fut conclu entre la Suède et le Danemark en 1700 au sujet de la souveraineté du Holstein.

TRAVERS (Val), vallée de Suisse (Neuchâtel), s'étend du S. O. au N. E., le long de la Reuse (affluent du lac de Neuchâtel), entre les deux branches du Jura. Sites variés et pittoresques. Bitume exploité.

TRAVNIK, v. forte de Turquie d'Europe (Bosnie), ch.-l. de pachalik, à 77 kil. N. O. de Bosna-Séraï; 12 000 hab. Château; mosquées, bazars. Fabriques de lames de sabre (de trempe parfaite), coutellerie, maroquins, fourrures. — Le pachalik comprend la Croatie ottomane et une partie de la Bosnie; les pachas de Zvornik et de Novi-Bazar en dépendent.

TRAVOT (le général), né en 1767 à Poligny, m. en 1836. Adjudant-général sous le général Hoche en Vendée, il fit Charette prisonnier (1796), combattit avec le même succès les Chouans en 1799 et 1800, fut fait général de division en 1805, servit en Portugal, prit part en 1814 à la bat. de Toulouse, commanda les départements de l'Ouest pendant les Cent-Jours et pacifia le pays. Proscrit à la 2e Restauration, il fut condamné à mort par un conseil de guerre que présidait son ennemi personnel, et fut tellement ému de cette condamnation inique que sa raison s'égara. Sa peine fut commuée en 20 ans de détention : malgré son état de santé, il fut enfermé au fort de Ham, d'où il ne sortit que 2 ans après.

TREBATIUS TESTA (C.), jurisconsulte romain, grand partisan de César, qui le fit tribun, jouit de la plus haute réputation sous Auguste, compta parmi ses disciples Labéon, écrivit divers traités sur le droit et un livre sur les Religions (auj. perdus). Beaucoup de ses décisions se retrouvent dans les Pandectes. C'est à lui qu'Horace adresse sa 1re satire du livre II.

TRÉBELLIEN (C. Annius Trebellianus), usurpateur, avait d'abord été pirate. Il se fit proclamer empereur en Isaurie, sous le règne de Gallien, en 264, fut vaincu et tué l'année suivante.

TREBELLIUS POLLIO, historien du temps de Constantin, avait écrit l'histoire des empereurs depuis Philippe jusqu'à Claude II; il ne nous reste de lui qu'un fragment qui comprend l'histoire de Valérien, celle de Gallien, son fils, et celle des Trente tyrans. Son style est moins mauvais que celui de la plupart des auteurs de la même époque. Il a été traduit par Fl. Legay, dans la collection Panckoucke, 1844, et par Th. Baudement dans la coll. Nisard.

TRÉBIE (la), Trebia, en latin, Trebbia en italien, riv. d'Italie, sort des Apennins au N. de Gênes, coule au N. E., entre dans le Parmesan et tombe dans le Pô à 4 kil. N. O. de Plaisance, après un cours de 100 kil. Annibal défit sur ses bords le consul Sempronius (218 av. J.-C.). Souvarow, après trois jours de combats sur la Trébie (17-19 juin 1799), força Macdonald à battre en retraite.

TRÉBIGNE, Trebunium, v. de Bosnie, ch.-l. de l'Herzégovine, sur la Trebignitza, à 22 kil. N. E. de Raguse; 10 000 h. Évêché catholique.

TRÉBIZONDE, Trapezus, v. et port de la Turquie d'Asie, ch.-l. du pachalik de son nom, sur la mer Noire, à 140 kil. N. E. d'Erzeroum et à 890 kil. E. de Constantinople; 45 000 hab. Consulats. Citadelle, enceinte terrassée ; 18 mosquées, 10 églises grecques, dont une de Ste-Sophie ; temple antique d'Apollon. Commerce assez actif avec la Perse et Constantinople (soieries, cotonnades, vins, fruits, huile, tabac, épices, etc.). — Trébizonde, Trapezus, ainsi appelée de sa forme quadrangulaire ou en trapèze, est une ville très-ancienne et semble avoir existé dès le temps de la guerre de Troie; elle reçut de bonne heure une colonie grecque venue de Sinope. Elle finit par être vassale des rois de Pont. Sous l'empire romain, elle jouit de l'autonomie et devint très-florissante par le commerce ; elle garda ses franchises pendant tout le temps du Bas-Empire. Pillée et brûlée par les Goths, elle se releva bientôt de ses ruines. Après la conquête de Constantinople par les Latins en 1204, et lors du démembrement qui s'ensuivit, Alexis Comnène se réfugia à Trébizonde et fit de cette ville et du territoire environnant un petit État, qu'il nomma Empire de Trébizonde, empire souvent mentionné dans nos romans des XIVe et XVe siècles. Lorsque les Paléologues eurent repris Constantinople (1261), l'empire de Trébizonde ne fut soumis que nominalement au nouvel empire grec; seulement Trébizonde recevait ses princes de Constantinople : du reste l'empereur les choisissait toujours dans la famille régnante. Voici les noms de ces princes :

Alexis I, Comnène, 1204 Basile I, 1332
Andronic I, 1222 Irène, 1340
Jean I, 1235 Anna, 1341
Manuel I, 1238 Michel, 1341-50
Andronic II, 1263 Jean III, 1344
George I, 1266 Alexis III, 1350
Jean II, 1280 Manuel III, 1390
Alexis II, 1298 Alexis IV, 1412
Andronic III, 1330 Jean IV, 1447
Manuel II, 1332 David, 1458-61.

En 1461, Trébizonde fut prise par les Turcs, et David, le dernier empereur, mis à mort avec 6 de ses fils par Mahomet II ; un 7e fils s'enfuit dans le Péloponèse, où il fut la tige des Comnènes de Morée. Le territoire de Trébizonde devint alors un pachalik. Ce pachalik, qui répond à une partie de l'ancien Pont, est limitrophe de ceux de Sivas et d'Erzeroum et de la Russie asiatique, et est borné au N. par la mer Noire ; il peut avoir 435 k. de l'O. à l'E. sur 105 de largeur moyenne et 180 000 h. Pays montagneux qui contient des carrières qu'on n'exploite pas.

TREBNITZ, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 25 kil. N. N. E. de Breslau ; 4 500 h. Pèlerinage au tombeau de Ste Hedwige, sous l'invocation de laquelle est l'église du lieu. Anc. abbaye de Cîteaux.

TREBONIANUS GALLUS (C. Vibius). V. GALLUS.

TREBONIUS (C.), tribun du peuple l'an 56 av. J.-C., fit proroger César pour 5 ans dans le proconsulat des Gaules. Il le suivit comme lieutenant, se trouva au siège d'Alésie, fit le siège de Marseille (49), commanda en Espagne comme proconsul en 46, et fut consul subrogé l'année suivante. Comblé des bienfaits de César, il n'en fut pas moins un de ses meurtriers. Il fut tué à Smyrne en 43, par Dolabella, au moment où il prenait le gouvernement de l'Asie, que le sénat lui avait conféré.

TRECÆ, nom de Troyes en latin moderne.

TREFFORT, ch.-l. de cant. (Ain), à 15 k. N. de Bourg, 1020 hab. Tuileries, eaux-de-vie.

TRÉGUIER, jadis Lantriguet, en lat. Trecora ou Trecorium, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 23 k. N. E. de Lannion, à 10 k. de la mer, sur le Tréguier (petite rivière qui n'a que 10 k. de cours, mais qui est assez profonde pour recevoir les plus gros vaisseaux) ; 3598 h. Petit port, cathédrale gothique du IXe s., remarquable par ses anciens cloîtres. — Cette ville, qui se forma au VIe s. autour d'un monastère fondé par S. Tugdual, avait jadis un évêché; elle a été importante, mais elle est bien déchue depuis qu'elle a été brûlée, en 1592, par les Espagnols. Patrie de S. Yves.

TREIDER-AA, riv. de Russie, arrose les gouvts de Courlande et de Livonie, et se jette dans le golfe de Livonie, près de l'emb. de la Duna; cours, 150 kil.

TREIGNAC, ch.-l. de c. (Corrèze), sur la Vezère, à 4 k. d'une belle cascade formée par cette riv. et à 45 N. de Tulle; 3120 hab. Collége; succursale de la manufacture d'armes à feu de Tulle. Anc. château fort, pont très-hardi, d'une seule arche.

TREILHARD (J. B., comte), né en 1742 à Brives (Limousin), m. en 1810, était avocat au parlement de Paris et s'y était fait une riche clientèle, lorsqu'il fut envoyé par les électeurs de Paris aux États généraux : membre du comité ecclésiastique, il prit une grande part aux décrets sur la constitution civile du clergé, sur les biens du clergé, sur la rédaction des actes de l'état civil par l'autorité temporelle. Élu à la Convention par le dép. de Seine-et-Oise, il vota pour la mort du roi, fit partie du Comité de salut public, fut envoyé en mission dans la Gironde, et fut un des plénipotentiaires au congrès de Rastadt. Il devint membre du Directoire en 1798. Après le 18 brumaire, il entra au conseil d'État, prit part à la rédaction du Code civil et du Code criminel, ainsi qu'aux Codes de procédure et de commerce, puis fut nommé sénateur et comte de l'Empire.

TREISAM, riv. du grand-duché de Bade, sort de la Forêt-Noire, reçoit la Glotter, et tombe dans l'Elz à 7 kil. S. de Kenzingen; cours, 45 kil. — Elle donne son nom au cercle badois de Treisam-et-Wiesen, qui a pour ch.-l. Fribourg-en-Brisgau.

TRÉLAZÉ, vge du dép. de Maine-et-Loire, à 10 k. E. S. E. d'Angers; 3881 hab. Grandes ardoisières, d'où l'on tire annuellement plus de 120 millions d'ardoises. Station de chemin de fer.

TRÉLON, ch.-l. de c. (Nord), à 17 kil. S. E. d'Avesnes; 2435 h. Filature de laine, bonneterie; forges et hauts fourneaux; fabriques de bouteilles.

TRELOVOUNI (Mont), mont. de l'Attique, au S. E. d'Athènes, est l'anc. Hymette.

TREMBLAY (le P. Joseph du). V. JOSEPH (le P.)

TREMBLEURS. V. QUAKERS.

TREMBLEY (Abr.), grand naturaliste, né à Genève en 1700, m. en 1784, fit l'éducation des enfants du comte de Bentinck, résident anglais à La Haye, puis fut attaché comme gouverneur au jeune comte de Richmond, visita avec lui l'Allemagne et l'Italie, et se fixa enfin (1757) à Genève, où il devint membre du Grand-Conseil. Il était membre de la Société royale de Londres et correspondant de l'Académie des sciences de Paris. On lui doit, entre autres découvertes, la connaissance de l'histoire naturelle du polype à bras. On a de lui : Mémoire pour servir à l'histoire d'un genre de polypes d'eau douce à bras en forme de corne, 1744. Profondément religieux, Trembley a publié des Instructions d'un père à ses enfants sur la Nature et la Religion, Genève, 1775, et sur la Religion naturelle et révélée, 1779.

TREMECEN, v. d'Algérie. V. TLEMCEN.

TRÉMITHONTE, v. de l'île de Cypre, auj. Nicosie.

TREMITI (îles), Diomedeæ insulæ, îles de l'Adriatique, près de la côte E. de l'Italie mérid. (Capitanate), sont au nombre de 5 : San-Domenico (la plus grande de ces îles, qui a 8 k. de tour), San-Nicola, Caprara, Cretaccio et la Vecchia. Bons ports. Câpriers, lentisques, huile excellente. C'est dans une de ces îles que Tibère relégua Julie, petite-fille d'Auguste, qui y mourut après 20 ans d'exil.

TRENCK (François, baron de), chef de partisans, né en 1711 à Reggio, en Calabre, d'une riche famille de Slavonie, était d'une taille, d'une force et d'une bravoure remarquables, mais aussi d'une férocité extraordinaire. Il prit du service en Russie (1738), puis en Autriche (1740), et organisa à ses frais un régiment de pandours qu'il offrit à Marie-Thérèse ; obtint quelques succès contre les Bavarois et les Français, et pénétra jusqu'en Alsace; mais ayant, à la bataille de Sorr, livrée contre Frédéric II (1745), négligé de combattre afin de piller le camp des Prussiens, il fut condamné à une forte amende et mis en prison. Il réussit à s'évader et s'enfuit en Hollande; ayant été découvert et reconduit à Vienne, il s'empoisonna dans la citadelle de Brunn (1749). Le baron de Trenck exerça sur les villes ennemies et sur les soldats de son régiment de pandours des actes d'une cruauté inouïe. Il a laissé des Mémoires qui ont été publiés par son cousin, qui suit. — Frédéric, baron de Tr., cousin du préc., né en 1726 à Kœnigsberg, m. en 1784, servit d'abord dans l'armée prussienne. Doué de tous les avantages extérieurs, il fut aimé de là princesse Amélie, sœur de Frédéric II ; leur liaison ayant été découverte, le roi l'enferma dans une étroite prison (1745). Il parvint à s'évader, se réfugia à Moscou, où il se fit aimer d'une princesse russe ; puis à Vienne, où il recueillit l'héritage de son cousin, après avoir abjuré le Luthéranisme. Étant rentré en Prusse pour affaires de famille (1753), il tomba entre les mains de Frédéric, qui le retint pendant dix ans prisonnier à Magdebourg et le traita avec la plus révoltante inhumanité. Il vint en France au commencement de la Révolution, fut arrêté sous la Terreur comme émissaire secret du roi de Prusse, et périt sur l'échafaud en 1794, quoiqu'il se fût déclaré partisan du nouveau régime. Il a publié de nombreux écrits et des Mémoires sur sa vie, qui offrent un vif intérêt. Ils ont été traduits en français par lui-même, Paris, 1788-89, 3 vol. in-8 (le 3e contient les Mémoires de son oncle).

TRENEUIL (Joseph), poëte élégiaque, né à Cahors en 1763, m. en 1818, remporta trois prix aux jeux floraux, fut chargé de l'éducation d'un enfant de la famille Castellane, qu'il suivit en émigration, et devint sous l'empire conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal. On a de lui des Élégies héroïques, où l'on trouve de nobles sentiments exprimés en beaux vers; ce sont : les Tombeaux de St-Denis, 1806 (pièce qui obtint en 1810 un des prix décennaux); l'Orpheline du Temple ; le Martyre de Louis XVI; la Captivité de Pie VI. Le recueil de ses Œuvres a paru en 1817 et en 1824, in-8.

TRENT, riv. d'Angleterre, prend sa source dans le comté de Stafford, coule au S., puis à l'E., arrose les comtés de Derby, de Nottingham, de Lincoln, et se joint à l'Ouse par la r. dr., sur la limite du comté d'York, pour former l'Humber. Cours, 270 k.

TRENTE, Tridentum, Civitas Tridentina chez les anciens, Trient en allemand , v. des États autrichiens, dans le Tyrol, ch.-l. de cercle, sur l'Adige, à 180 k. S. d'Innspruck; 15 000 hab. Évêché, trib., séminaire, gymnase. Quelques fortifications. Beaucoup de maisons en marbre; cathédrale, église de Ste-Marie-Majeure, palais épiscopal, château fort. Manufacture de tabac, moulins à soie. — Fondée, dit-on, par les Rasena ou Étrusques, Trente appartint dans la suite aux Gaulois Cénomans, aux Goths, aux Lombards, aux ducs de Bavière, puis devint ville libre et impériale, sous la suzeraineté de son évêque. L'évêché fut quelque temps fief immédiat de l'empire et eut la supériorité territoriale, mais en 1363, l’évêque céda ce droit moyennant d'importants privilèges; le territoire de l'évêché de Trente fut alors compris dans le Tyrol et par suite dans la monarchie autrichienne. Sécularisé en 1802, il fut réuni à la Bavière, puis entra dans le dép. italien du Ht-Adige, dont Trente fut le chef-lieu. — Cette ville est surtout célèbre par le concile qui s'y tint de 1545 à 1563. Ce concile, le 19e et dernier des conciles œcuméniques, avait été provoqué par les demandes des Protestants, qui toutefois récusèrent son autorité, même avant sa réunion; il fut interrompu à plusieurs reprises par l'effet de contestations survenues entre Charles-Quint et le pape et transféré momentanément à Bologne (1546). Il se prononça sur le sens de plusieurs dogmes de l'Église, lança l'anathème contre les dissidents, et fit d'utiles règlements pour la réforme des ecclésiastiques. Ses décisions en matière de foi furent reçues en France sans difficulté; mais plusieurs articles relatifs à la discipline furent repoussés par les parlements comme contraires aux usages reçus et aux libertés de l'Église gallicane. L’Hist. du Concile de Trente a été écrite, mais dans des sens opposés, par Sarpi et par Pallavicini. Bungener en a donné de nos jours une nouvelle histoire, Genève, 1854.

TRENTE (Combat des), célèbre défi porté en 1351 par Jean, sire de Beaumanoir, au châtelain anglais de Ploërmel. Trente Bretons et trente Anglais en vinrent aux mains au pied du chêne de Mi-Voie, entre Josselin et Ploërmel : huit Anglais furent tués, et les autres se rendirent. Dans l'ardeur du combat, le chef des Bretons, Beaumanoir, épuisé de chaleur et de fatigue, but le sang qui coulait de ses blessures. TRENTE ANS (Guerre de). On appelle ainsi la lutte des princes réformés de l’Allemagne contre l’Empereur et les princes catholiques, lutte qui dura 30 ans, de 1618 à 1648, et qui finit par assurer aux Réformés la liberté de conscience. Cette guerre, qui eut pour principale cause la révocation par l’emp. Ferdinand II des Lettres de Majesté qui consacraient les libertés de la Bohême, se divise en 4 périodes : la 1re période palatine (1619-23), comprend la lutte de Frédéric V, électeur palatin et prince calviniste, contre Ferdinand II, dont il était le compétiteur en Bohême. La défaite des Protestants à la Montagne-Blanche près de Prague (1620) anéantit les espérances de Frédéric. — La 2e période danoise (1625-29), est marquée par l’intervention de Christian IV, roi de Danemark, dans les affaires d’Allemagne : les victoires des généraux de l’empereur (de Wallenstein à Dessau, de Tilly à Lutter), obligèrent le roi de Danemark à signer une paix humiliante à Lubeck. — La 3e, période suédoise (1630-35), est signalée par les conquêtes rapides du roi de Suède Gustave-Adolphe : ce prince bat les impériaux à Leipsick, 1631, puis sur le Lech, et enfin à Lutzen (1632) ; mais il est tué à cette dernière bataille, et, après sa mort, les Protestants sont défaits à Nordingue, 1634, et forcés d’accepter le traité de Prague, 1635. — Dans la 4e période, période française (1635-48), l’intervention de la France, qui, dirigée par le cardinal de Richelieu, secourut les Protestants pour abaisser la maison d’Autriche, et les victoires de Bernard de Weimar, de Condé et de Turenne, décidèrent enfin l’empereur Ferdinand III à signer le traité de Westphalie (1648) ; ce traité mit fin à la guerre et fixa l’état politique et religieux de l’Europe. Schiller a donné une célèbre Histoire de la guerre de Trente ans, Richter en a publié une nouvelle en 1856.

TRENTE TYRANS (les), se dit des trente magistrats que Lysandre et les Lacédémoniens imposèrent aux Athéniens après la guerre du Péloponèse et la prise d’Athènes, 404 av. J.-C. Ils étaient pour la plupart Lacédémoniens ; cependant on y comptait quelques Athéniens (Critias, Théramène, etc.) ; ils furent chassés 8 mois après par Thrasybule.

On nomme aussi Trente Tyrans les nombreux usurpateurs qui parurent sous Valérien, Gallien, Claude, Aurélien, de 253 à 270 : tels furent Auréole, Quiétus, Macrien, Baliste, les 2 Posthumius, Tétricus, Hérennien, Trébellien, Zénobie, etc. Malgré le nom qui leur est donné, on n’en connaît que 17.

TRENTON, v. des États-Unis, ch.-l. de l’État de New-Jersey, sur la r. g. de la Delaware, à 45 kil. N. E. de Philadelphie ; 8000 hab. Chemin de fer, hôtel du gouvernement, collége ; 2 banques, académie. Fondée en 1680, capit. de l’État depuis 1790. En 1776 Washington y prit une partie de l’armée anglaise.

TRENTSIN, Singone, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, sur la r. g. de la Waag, à 105 kil. N. E. de Presbourg ; 3000 hab. Collége piariste ; brasseries renommées. — Le comitat, dans le cercle en deçà du Danube, entre les comitats d’Arva, de Thurocs, de Neitra, et la Moravie, a 130 kil. sur 45, et 300 000 h. Sources thermales et acidules.

TRÉPASSÉS (Fête des). V. MORTS (Fête des).

TRÉPIED, siège à trois pieds, sur lequel s’asseyaient les sibylles, les pythies et les prêtres païens pour rendre des oracles. Le plus fameux était celui de Delphes, recouvert de la peau du serpent Python.

TRÉPORT (LE), Ulterior portus, v. et port du dép. de la Seine-Inf., sur la Manche, à l’embouch. de la Bresle, à 28 kil. N. E. de Dieppe ; 3698 hab. Port obstrué ; réparé depuis peu ; bains de mer. Fabriques de dentelles ; pêche de hareng, entrepôt de sels. Un peu de commerce. — Ville jadis importante, mais que les incursions des Anglais et les guerres religieuses ont fait déchoir.

TRÉSORIER DE FRANCE, office de l’anc. monarchie française. V. notre Dict. univ. des Sciences.

TRESSAN (Élisabeth DE LAVERGNE, comte de), militaire et littérateur, né au Mans en 1705, m. en 1783, se distingua à l’armée de Flandre (1741), gouverna la Lorraine française, et fut appelé par le roi Stanislas à la cour de Lunéville avec le titre de grand maréchal. Il fut de l’académie de Nancy, puis de l’Académie française et de l’Acad. des sciences. Il avait découvert à Rome, dans la bibliothèque du Vatican, une collection complète de nos romans de chevalerie en langue romane ; il en composa des extraits pour la Bibliothèque des romans. Il a aussi traduit le Roland furieux de l’Arioste, et donné un Essai sur le fluide électrique considéré comme agent universel, Paris, 1783, 2 vol. in-8. Ses Œuvres choisies ont été publ. en 1787-91, 12 vol. in-8, et en 1823, 10 vol. in-8. — L'abbé de Tressan, son fils, 1749-1809, fut grand vicaire de Rouen, émigra, rentra en France après le 18 brumaire et s’occupa de littérature : il était particulièrement lié avec l’abbé Delille. On a de lui la Mythologie comparée avec l’histoire, Londres, 1776, un roman chevaleresque, le Chevalier Robert, 1800, et des traductions de l’anglais.

TRETS, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 23 k. S. E. d’Aix ; 2910 hab. Vins et eau-de-vie ; houille, marbre. C’est dans les plaines de Trets que Marius livra aux Teutons la fameuse bat. dite d’Aix.

TRÊVE DE DIEU ou PAIX DE DIEU, suspension d’armes que l’Église parvint à établir pendant les guerres privées du moyen âge : toute hostilité était interdite pendant les jours consacrés au service divin et pendant des périodes plus étendues comme depuis l’Avent jusqu’à l’Épiphanie, depuis la Quinquagésime jusqu’à la Pentecôte. Les uns font remonter la Trêve de Dieu jusqu’à l’an 988 ; les autres la font établir seulement en 1041. On doit à M. Semichon La Paix et la Trêve de Dieu, 1857. V. PRIVÉES (Guerres).

TREVERI, peuple de la Gaule, d’origine germanique, habitait dans la Belgique 1re, au N. des Mediomatrices ; ch.-l. Augusta Treverorum (auj. Trêves).

TRÈVES, Treveri, Augusta Treverorum, v. de la Prusse Rhénane, ch.-l. de régence, sur la r. dr. de la Moselle, à 378 kil. N. E. de Paris et à 670 k. S. O. de Berlin ; 17 600 hab., dont env. 2000 protestants. Évêché catholique, suffragant de Cologne, gymnase, séminaire, bibliothèque, musée, cathédr. qui possède, dit-on, la robe de J.-C., ancien palais de l’électeur ; antiquités romaines : ruines d’un palais de Constantin, amphithéâtre, thermes ; porte noire. Société des Recherches utiles. Draps, bas, sucre de betterave, tanneries, fonderies. Commerce de vin et bois. — Trèves était sous les Romains la capit. de la Belgique 1re ; aux IVe et Ve s., elle le fut de la province de Gaule et de tout le diocèse des Gaules. Plusieurs empereurs y firent leur résidence. Trèves avait alors une fabrique d’armes, un arsenal, un hôtel des monnaies, une école célèbre, et passait pour la Rome des Gaules. Saccagée cinq fois par les Barbares depuis la mort de Valentinien I, elle passa ensuite aux Francs et fit partie de l’Austrasie, de l’empire de Lothaire I, du roy. de Lotharingie de Lothaire II, et fut comprise en 870 dans le royaume de Germanie. Assujétie dès le Xe s. à ses archevêques, elle tenta plusieurs fois (notamment en 1580), mais sans succès, de se soustraire à leur joug. On avait établi à Trèves en 1472 une université, qui n’eut jamais une grande vogue : elle fut supprimée en 1798. Cette ville a été souvent prise et occupée par les Français, en 1681, 1703, 1705, 1734, et enfin en 1794, époque à laquelle elle fut réunie à la France et devint le ch.-l. du dép. de la Sarre. En 1815, elle fut donnée à la Prusse. — La régence de Trêves a pour bornes au S. O. la France, à l’O. le grand-duché de Luxembourg, au N. E. la régence de Coblentz ; elle a 140 kil. sur 60, et compte env. 480 000 hab.

TRÈVES (Électorat de). L’Église de Trêves passe pour la plus ancienne de l’Allemagne : des traditions en font remonter la fondation aux premiers disciples des Apôtres, mais le premier monument authentique de son existence ne date que de 314. On ne sait quand l’évêché devint archevêché, mais il l’était déjà du temps de Charlemagne. Cet archevêché acquit insensiblement la supériorité territoriale après l'extinction de la maison de Saxe; son titulaire fut élevé par l'emp. Othon III, vers la fin du Xe s., à la dignité d’électeur, que conservèrent ses successeurs ; il était en outre Archichancelier de l'Empire dans les Gaules. Ses domaines étaient compris dans le cercle du Bas-Rhin et avaient pour bornes le duché de Luxembourg à l'O., celui de Lorraine au S., Cologne au N., la Hesse-Rheinfels et Nassau à l'E. ; on y remarquait, outre Trèves, Sarrebourg, Berncastel, Coblentz, Ehrenbreitstein, Münster, Wesel, etc. L'archevêché avait pour suffragants les évêchés de Metz, Toul et Verdun. L'archevêché de Trêves fut sécularisé en 1801, et réparti entre les dép. français de la Sarre, de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre. Il appartient à la Prusse depuis 1815. Quelques portions a l'E. du Rhin avaient été données en 1803 au duché de Nassau, qui les a conservées depuis.

TRÈVES, ch.-l. de c. (Gard), à 40 k. N. O. du Vigan; 519 hab. Mine de houille.

TREVIÈRES, ch.-l. de c. (Calvados), à 18 k. N. O. de Bayeux; 1160 hab. Bestiaux, suif, beurre.

TRÉVISANE (Marche), une des provinces de l'anc. État vénitien en Terre-Ferme, à l'O. de l'Istrie et au S. du Tyrol, du Trévisan, du Feltrin, du Bellunais et du Cadorin. Elle répond à peu près à la délégation de Trévise dans la Vénétie.

TREVISANI (Franc.), peintre, né en 1656 à Capo-d'Istria, m. en 1746, fut élève du Zanchi. Il réussissait également dans l'histoire, le paysage et le portrait et imitait admirablement toutes les manières, notamment celle de Paul Véronèse, du Corrège et du Parmesan. Clément XI lui confia la décoration d'une partie de la coupole du dôme d'Urbin. Son chef-d'œuvre est un Crucifiement, de petite dimension, qu'on voit à Forli. Le Louvre possède de cet artiste la Vierge couvrant d'une draperie l'Enfant Jésus endormi ; Jésus assis sur une table montrant à sa mère une grenadille (symbole mystérieux de la passion). — Son frère, Angiolo Tr., resta toujours à Venise, y devint un des premiers artistes de cette école, et fut sans rival dans le portrait.

TRÉVISE, Tarvisium, ville du roy. d'Italie (Vénétie), chef-l. de province, sur le Sile, à 30 kil. N. de Venise; 18 000 hab. Évêché, anc. université, transférée à Padoue ; académie des Perseveranti et des Solleciti. Chemin de fer ; beaucoup d'églises et de couvents, plusieurs beaux hôtels, théâtre. Toiles et tissus divers, faïence, ustensiles en métal, coutellerie, soieries. Trévise a vu naître Totila, roi des Goths, et le pape Benoît XI. — Cette ville est très-ancienne : c'était un municipe sous les Romains. Les Goths la possédèrent de bonne heure. Aux XIIIe et XIVe s., elle fut prise par les Hongrois ; elle appartint dans la suite aux maisons de Carrare et della Scala. En 1388, elle se soumit à Venise, dont elle a depuis suivi le sort. Prise par les Français en 1797, donnée à l'Autriche en 1801, jointe au royaume d'Italie en 1805, elle fut 9 ans ch.-l. du dép. italien du Tagliamento. — La province de Trévise, entre celles d'Udine à l'E., de Vicence à l'O., de Venise et de Padoue au S., de Bellune au N., a env. 70 kil. sur 60 et 280 000 hab. Elle répond à peu près à l'anc. Marche trévisane. C'est une vaste plaine, très-fertile; le climat en est très-doux.

TRÉVISE (MORTIER, duc de). V. MORTIER.

TRÉVOUX, Trivultium, Trivortium ou Trivium, ch.-l. d'arr. (Ain), sur la r. g. de la Saône, à 52 k. S. O. de Bourg; 2794 hab. Trib. de 1re inst., bibliothèque; chemin de fer. La ville est bâtie en amphithéâtre; on y remarque les ruines d'un vieux château ; un beau pont (achevé en 1850), le quai de la Saône, l'anc. palais du gouvernement, l'anc. hôtel de la monnaie, et l’Argue, établissement pour l'affinage, le tirage et le battage de l'or et de l'argent. — Trévoux existait du temps des Romains, et tirait son nom de trois routes qui s'y croisaient; Septime-Sévère battit Albinus dans ses environs (198). Trévoux devint au moyen âge la capitale de la principauté de Dombes, qui, après avoir fait partie du roy. de Bourgogne, s'en détacha dès l'an 1032, et forma une petite souveraineté indépendante que possédèrent successivement les sires de Villars, les seigneurs de Thoires, et enfin des princes de Bourbon (Louis de Bourbon l'ayant achetée en 1402 du dernier sire de Thoires). François I y institua en 1535 un parlement. — Louis Aug. de Bourbon, prince de Dombes, établit à Trévoux en 1695 une imprimerie importante, qui rivalisa avec celles de Hollande; les Jésuites y fondèrent, avec l'aide de ce prince, un journal littéraire célèbre connu sous le nom de Mémoires de Trévoux, qui commença à paraître en 1701 (il compta parmi ses rédacteurs les PP. Le Tellier, Buffier, Tournemine, Du Cerceau, Catrou, Bougeant, Castel, Berthier) ; ils y donnèrent aussi le fameux Dictionnaire de Trévoux, 1704, 3 vol. in-fol.

TRÉZEL (le général), né en 1785, m. en 1860, fit avec distinction les campagnes de l'Empire et fut promu général de brigade après la bat. de Waterloo, où il avait perdu un œil. Envoyé en Afrique en 1833, il occupa Bougie, malgré une vive résistance. En 1835, il eut à soutenir, sur la Macta, un combat inégal avec moins de 3000 hommes contre toutes les forces d'Abd-el-Kader, et fit une retraite honorable. Fait lieutenant général en 1837, il devint en 1847 ministre de la guerre. Mis à la retraite en 1848, il fut de 1853 à 1856 gouverneur du comte de Paris.

TRÉZÈNE, Trœzen, auj. Damala, v. d'Argolide, près de la côte E. Pitthée y régna et Hippolyte y périt.

TRIADITZA, v.de la Turquie d'Europe. V. SOPHIA.

TRIAIRES, Triarii, fantassins qui dans la légion romaine occupaient le 3e rang et ne donnaient que si les deux premiers rangs faiblissaient. Ils avaient pour armes une javeline et une épée ; ils portaient un casque, une cuirasse et le bouclier appelé Scutum.

TRIAL (Ant.), acteur, 1736-1795, débuta en 1764 au Théâtre-Italien, à Paris, dans l'emploi des Colins, et réussit surtout dans les paysans niais et les valets poltrons. Son nom désigne l'emploi de ténor comique.

TRIANON (GRAND et PETIT), V. VERSAILLES.

TRIARIUS, lieutenant de Lucullus en Asie, fut chargé, en l'absence de ce général, de la conduite de la guerre contre Mithridate, et se laissa battre en 67 av. J.-C. Il fut tué pendant la guerre civile, en combattant contre César.

TRIAUCOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à 26 k. N. O. de Bar-le-Duc ; 844 hab. Patrie de N. E. Lemaire.

TRIBALLES, Triballi, peuple de la Thrace septentr. (auj. Bulgarie occid.), entre l'Hémus et le Danube, fut subjugué par Philippe II, roi de Macédoine.

TRIBOCCI, peuple d'origine germanique, vint s'établir en Gaule, dans le territoire des Mediomatrices, entre les Vosges et le Rhin (dép. du Bas-Rhin et partie N. du Ht-Rhin). Leurs princip. villes étaient Brucomagus (Brumath) et Argentoratum (Strasbourg).

TRIBONIEN, Tribonianus, jurisconsulte, né vers 500 à Side, en Pamphylie, fut questeur, maître des offices, consul, et enfin préfet du prétoire sous Justinien. Il reçut de cet empereur mission de réunir et de coordonner les parties éparses de l'ancienne législation, ainsi que d'extraire des commentaires des jurisconsultes ce qui s'y trouverait de plus usuel, et rédigea les 3 célèbres compilations dites les Institues, le Code, les Pandectes ou Digeste, auxquelles on doit joindre les Novelles. Pour presque toutes, Tribonien eut des collaborateurs, ce qui lui permit d'achever cet immense travail en 4 ans (530-534). On accuse ce jurisconsulte de vénalité ; il aurait, dit-on, admis ou supprimé des lois et décisions moyennant argent. Il mourut en 547, toujours en faveur.

TRIBOULET, fou en titre d'office de Louis XII et de François I, était de Blois. C'était un idiot que Louis XII avait recueilli par pitié. Il mourut en 1536. On lui a prêté nombre de bons mots qu'il paraît incapable d'avoir dits, et qu'on inventait à plaisir. TRIBUNAT, à Rome. V. TRIBUNS.

TRIBUNAT, en France, assemblée établie par la constitution de l'an VIII (1799) pour discuter les projets de lois présentés par le gouvernement. Après en avoir délibéré, il nommait des orateurs pour discuter la loi contradictoirement avec les orateurs du gouvernement devant le Corps législatif, qui seul avait mission de voter. Le Tribunat entra en fonctions en 1801. Composé originairement de 100 membres, qui étaient électifs et âgés de 25 ans au moins, il fut réduit à 50 membres en 1802, et entièrement supprimé en 1807 pour avoir fait quelque opposition. Ce corps avait cependant voté dès son début le consulat à vie, et avait été le 1er à proposer l'établissement de l'Empire héréditaire. Il siégeait au Palais-Royal. Les tribuns recevaient d'abord un traitement de 15 000 fr., qui fut réduit depuis à 18 fr. par jour.

TRIBUNS DU PEUPLE, Tribuni plebis, magistrats plébéiens de Rome, chargés de défendre les intérêts du peuple contre les patriciens, furent institués l'an 493 av. J.-C., après la retraite du peuple sur le mont Sacré. Ils n'eurent d'abord que le privilège de l'inviolabilité et le droit de mettre leur veto à tout acte qui leur semblait inique ou funeste ; mais, par la suite, ils étendirent considérablement leurs attributions, convoquèrent à volonté le sénat et les assemblées par tribus et y firent rendre des lois dites plébiscites, qui, en 448 avant J.-C., devinrent obligatoires pour les patriciens. À la faveur de cette extension de pouvoir, ils arrachèrent successivement à l'aristocratie les mariages mixtes et l'accession des plébéiens à toutes les charges. Souvent ils excitèrent de terribles commotions, surtout en proposant des lois agraires (V. ICILIUS, CANULÉIUS, les deux GRACQUES, SATURNINUS, etc.). Ils furent tout-puissants sous Marius, mais Sylla ruina leur pouvoir en leur interdisant la faculté législative et le droit de haranguer le peuple. Pompée leur rendit une portion de leur autorité, 70 av. J.-C. Enfin, Octave, maître de la république, prit pour lui la puissance tribunitienne, qui rendait sa personne inviolable ; depuis, cette puissance resta confondue avec le pouvoir impérial. Le nombre des tribuns varia : il n'y en eut d'abord que 2 ; on porta ensuite leur nombre à 10 (296 av. J.-C.). Originairement, leurs décisions devaient être prises à l'unanimité ; dans la suite, la simple majorité suffit ; enfin l'opposition d'un seul suffit pour tout arrêter. — En 1347, Rienzi, qui venait de rétablir la république à Rome, prit le titre de tribun de Rome.

TRIBUNS MILITAIRES, Tribuni militum consulari potestate, magistrats institués à Rome à diverses époques, en place des consuls, avaient les mêmes attributions que ceux-ci, mais étaient plus nombreux et un peu moins considérés. En droit, les plébéiens pouvaient avoir ce titre, mais le plus souvent des patriciens furent seuls élus. Cette institution, qui date de l'an 444 av. J.-C., fut amenée par une proposition du tribun du peuple Canuléius, qui voulait le partage du consulat entre les deux ordres : le sénat éluda la demande en substituant au consulat le tribunat militaire, qui fut partagé. La période des tribuns militaires est en tout de 78 ans ; mais, dans cet espace, le consulat fut plusieurs fois rétabli, de sorte qu'il n'y eut réellement que 49 années à tribuns militaires. Le consulat ayant été enfin accordé aux plébéiens (366), le tribunat militaire fut abandonné pour toujours. Il y eut d'abord 3 de ces tribuns, quelquefois on en nomma 8 ; le nombre ordinaire fut de 4 ou de 6.

TRIBUNS DES LÉGIONS, Tribuni legionarii, officiers supérieurs placés immédiatement au-dessous du préfet de la légion, le remplaçaient alternativement dans le commandement. Chaque légion en avait six.

TRIBUNS, en France. V. TRIBUNAT.

TRIBUR ou TRÉBUR, Triburium, bg de la Hesse-Darmstadt, sur la Schwarzach, près de la r. dr. du Rhin, à 22 k. O. N. O. de Darmstadt; 1400 h. Autrefois ville importante, avec un palais des empereurs carlovingiens, dont on voit encore quelques ruines. Il s'y tint diverses diètes, entre autres celle où fut déposé Charles III le Gros, en 887.

TRIBUS, nom donné chez les Hébreux, les Grecs et les Romains à de grandes divisions du peuple.

Les Israélites formaient 12 tribus, dont 10 issues de dix des fils de Jacob et 2 de ses petits-fils : celles-ci tiraient leur nom des 2 fils de Joseph, Ephraïm et Manassé. Les descendants de Lévi, 12e fils de Jacob, n'avaient point de territoire particulier, mais étaient répartis dans toutes les autres tribus.

Les Athéniens eurent originairement 4 tribus dont les noms varièrent, et qui finirent par s'appeler Hoplites (hommes d'armes), Géorgues (laboureurs), Égicores (chevriers), Ergates (artisans); plus tard, il y en eut 10, qui furent nommées Antiochide, Cécropide, Égéide, Éantide, Pandionide, Acamantide, Erechthéide, Léontide, Œnéide et Hippothoontide, Le chef d'une tribu se nommait phylarque.

A Rome, il y eut sous Romulus 3 tribus, les Ramnenses, les Tatienses ou Titienses, les Luceres, que Niebuhr regarde comme 3 petites peuplades. Du règne de Servius à l'an 509 av. J.-C., le nombre des tribus fut porté à 19, suivant l'opinion vulgaire (Niebuhr croit qu'il fut de 30 sous Servius et Tarquin le Superbe); depuis, il s'éleva graduellement jusqu'à 35. Chaque tribu se divisait en 10 curies. On assemblait le peuple par tribus pour voter les plébiscites.

Beaucoup d'autres cités ou nations anciennes (Perses, Spartiates, etc.) ont aussi été divisées en tribus. On trouve encore auj. de ces divisions en Écosse, où elles prennent le nom de clans, dans l'Asie centrale, parmi les Arabes, chez les Kabyles d'Afrique, etc., où chaque tribu forme en quelque sorte un petit État.

TRICALA, Tricca, v. de Turquie (Roumélie), ch.-l. du livah de même nom, sur une montagne, à 85 kil. E. S. E. de Janina ; 12 000 h. (dont 4000 grecs). Mosquées, bains; aux env., nombreux jardins. Teintureries de coton. Cette ville commande l'entrée de la Thessalie et de l'Albanie. — Le livah, entre les pachaliks de Salonique et de Monastir au N., les golfes de Salonique et de Volo à l'E., le royaume de Grèce au S., le pachalik de Janina à l'O., embrasse toute l'anc. Thessalie et une partie de la Macédoine ; ch.-l., Larisse. Céréales, huile, coton, tabac.

TRICAMÉRON, v. d'Afrique (Byzacène), à 32 kil. S. O. de Carthage. Bélisaire y remporta en 534 une victoire décisive sur Gélimer, roi des Vandales.

TRICASSES, peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 4e, au N. des Lingones, à l'E. des Senones, avait pour ch.-l. Tricasses ou Augustobona (Troyes).

TRICASTINI, peuple de la Gaule Narbonaise, entre les Allobroges au N. et les Segalauni au S., avait pour capit. Augusta Tricastinorum (Aoust-en-Diois).

TRICOT (Laurent), maître de pension à Paris, 1720-78, est auteur d'une Nouvelle Méthode, 1754, et d'un Rudiment, 1756, ouvrages élémentaires qui ont été longtemps classiques pour l'enseignement du latin. Ils avaient le mérite d'être écrits en français, tandis que les livres de ce genre avaient été jusque là rédigés en latin.

TRICOTEUSES (les), femmes qui assistaient en tricotant aux séances de la Convention, des clubs populaires et du tribunal révolutionnaire. Encouragées par la Commune, elles se portèrent à de tels excès qu'on les surnomma les Furies de la guillotine. Elles disparurent avec la société des Jacobins.

TRIDENT, tridens, sceptre à trois pointes qu'on donnait à Neptune comme marque de son pouvoir. Le dieu s'en servait pour agiter ou calmer les flots, pour briser les rochers et en faire jaillir des sources.

TRIDENTUM, v. de Rhétie, sur l'Adige. V. TRENTE.

TRIE, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur la Baïse, à 30 kil. N. E. de Tarbes; 1680 hab. Canal. Grains.

TRIEL, bg de Seine-et-Oise, sur la r. dr. de la Seine, à 6 kil. N. O. de Poissy; 2153 hab. Station du chemin de fer de Paris à Rouen. Bons fruits (surtout abricots); pierres à plâtre, grès, moellons. On y voyait jadis un beau château de la princesse de Conti. TRIESTE, Tergeste, v. forte et port franc des États autrichiens (Illyrie), ch.-l. du gouvt de Trieste, sur le golfe du même nom, à 550 kil. S. O. de Vienne ; 105 000 hab. (en y comprenant les dépendances de la ville). Consulats ; évêché catholique, évêché grec ; écoles polytechnique, d’hydrographie, normale ; école israélite, académie de commerce et de marine ; bibliothèque, musée ; imprimerie arménienne. Port vaste et sûr, môle ; château fort. Peu de monuments : hôtel de ville, cathédrale, renfermant le tombeau de Winckelmann, église des Jésuites, théâtre ; quelques belles places et beaux hôtels. Industrie active : cartes à jouer, instruments de musique ; velours, soieries, cotonnades, dentelles, rosoglio, bougies ; chantiers de construction. Grand commerce avec le Levant, l’Égypte, la Sicile, l’Angleterre et l’Amérique : Trieste est sous le rapport commercial le premier port de l’Autriche. — Cette ville fut entourée de murs au 1er s. par l’empereur Auguste, et saccagée par Attila. Soumise ensuite aux Vénitiens, elle appartient à l’Autriche depuis 1382. Elle n’est devenue importante qu’au XVIIIe s. : Charles VI la déclara ville libre en 1719 ; Marie-Thérèse en fit un port franc en 1750 : de 6000 âmes qu’elle avait alors, sa population s’est rapidement élevée au nombre actuel, et elle est encore en progrès. Les Français ont occupé Trieste en 1797 et en 1805. — Le gouvt de Trieste, dans le roy. d’Illyrie, situé entre la Vénétie, le gouvt de Laybach, la Croatie et la mer Adriatique, est formé des anc. provinces de Frioul et d’Istrie ; il a 185 kil. du S. au N., sur env. 40 de moyenne largeur ; 450 000 hab. (la plupart slaves). Outre le territoire de Trieste, il comprend 2 cercles, Goritz et Istrie, ainsi que les îles d’Osero, Cherso et Veglia. — On nomme Golfe de Trieste celui des deux enfoncements du golfe de Venise qui est à l’O. de l’Istrie.

TRIÉTÉRIDES, fêtes de Bacchus qui se célébraient tous les 3 ans en Béotie et en Thrace.

TRIGAULT (Nic.), missionnaire jésuite, né à Douai en 1577, m. en 1628, partit de Lisbonne en 1607, et, fit deux voyages différents dans l’empire chinois. Il a laissé : De Christiana expeditione apud Sinas ex M. Riccii commentariis, Augsbourg, 1615 ; De Christianis apud Japonicos triumphis, 1623 ; Regni sinensis descriptio, et un Dictionnaire chinois, 1639.

TRIM, v. d’Irlande (Leinster), capit. du comté d’East-Meath, sur la r. dr. de la Boyne, à 40 k. N. O. de Dublin ; 2500 hab. Siége de plusieurs anc. parlements irlandais. Ruines d’un château de Henri II, et de l’abbaye de Ste-Marie ; colonne en l’honneur du duc de Wellington. Prise par Cromwell en 1649.

TRIMOURTI, trinité indienne, sortie du sein de Brahm, se compose de Brahma (créateur), Vichnou (conservateur), et Siva (destructeur).

TRINACRIE, nom donné à la Sicile, à cause des trois caps (tria acra) par lesquels elle se termine.

TRINCAVELLI (Victor), médecin et philosophe de Venise, 1496-1568, remplit avec succès une chaire de médecine à l’Université de Padoue, ramena ses contemporains à l’étude des médecins grecs, principalement d’Hippocrate, et montra un grand dévouement en traitant les habitants de l’île de Murano (près de Venise) que décimait une épidémie. Outre ses Œuvres médicales (Lyon, 1586 et 92, 2 vol. in-fol., en latin), on a de lui des éditions grecques de Thémistius, d’Arrien, de Stobée, du Commentaire de Jean le Grammairien sur Aristote, etc.

TRINIDAD (la), v. de l’île de Cuba, près de la côte S., à 250 kil. S. E. de la Havane ; 15 000 h. Ville très-commerçante. Fondée par Velasquez en 1514.

TRINITAIRES (les). V. MATHURINS.

TRINITÉ (la), fête de l’Église catholique, instituée au XIVe s. en l’honneur de la Ste Trinité, se célèbre le dimanche qui suit la Pentecôte.

TRINITÉ (Confrérie de la). V. ORATOIRE.

TRINITÉ (île de la), la principale et la plus mérid. des Petites Antilles anglaises, vis-à-vis de l’embouch. de l’Orénoque, par 63° 9′-64° 12′ long. O., 10° 3′-10° 51′ lat. N. ; 80 k. sur 62 ; 60 000 h. ; ch.-l., Spanishtown. Climat délicieux, qui a fait surnommer cette île le Paradis des Antilles. Végétation luxuriante : cannes à sucre, cacao, café, tabac, coton. Lac de bitume, sources de naplite. Grand commerce avec la terre ferme. — Découverte par Colomb en 1498, elle fut occupée par les Espagnols en 1532, par les Anglais en 1595, par les Français en 1676, puis abandonnée par eux, et occupée de nouveau en 1797 par les Anglais.

TRINITÉ (la), v. de la Martinique, au fond de la baie de la Trinité, à 40 kil. N. du Port-Royal ; 6000 hab. Sucreries. Ville commerçante.

TRINITÉ-PERHOËT (la), ch.-l. de cant. (Morbihan), à 24 kil. N. O. de Ploërmel ; 1282 hab.

TRINOBANTES, anc. peuple de la Grande-Bretagne, au N. de la Tamise, occupait les comtés d’Essex, Middlesex et Bertford, et avait pour ch.-l. Londinum (Londres).

TRINQUEMALE ou TRINCOMALY, la Spatana de Ptolémée ? v. et port de l’île de Ceylan, sur une petite presqu’île de la côte N. E., à 240 kil. N. E. de Colombo ; env. 20 000 hab. Ville grande, mais peu peuplée. Son port est le seul de cette partie de l’Inde qui offre un abri sûr pendant les violentes moussons du N. E. — Après avoir été successivement occupée par les Portugais, les Hollandais, les Anglais et les Français (Suffren la prit en 1782), cette ville fut prise en 1795 par les Anglais, qui l’ont conservée.

TRIOCALA, auj. Catalabellota, v. de la Sicile ancienne, à l’intérieur, sur le Crimisus, Timoléon y battit les Carthaginois l’an 340 av. J.-C. Ce fut une des places fortes des esclaves insurgés : Tryphon, leur chef, s’y défendit quatre ans ; la ville fut prise enfin par Aquilius (99 av. J.-C.).

TRIOMPHE, Triumphus, honneur accordé chez les anciens Romains à un général en chef qui avait remporté une grande victoire. Le général vainqueur faisait son entrée dans Rome monté sur un char attelé de 4 chevaux blancs, couronné de lauriers, précédé du butin et des captifs qu’il avait faits dans la campagne, suivi de son armée et accompagné des consuls, des sénateurs et de tous ceux qui voulaient prendre part à la pompe triomphale ; on s’avançait ainsi vers le Capitole, où le triomphateur, après avoir présenté à Jupiter une branche de laurier, avec les prémices du butin, lui adressait des actions de grâces et lui sacrifiait deux bœufs blancs. Pendant la marche, un esclave placé derrière le triomphateur, dans le char même, lui disait de temps en temps : Souviens-toi que tu es homme. Le triomphe fut institué par Romulus ou, selon quelques-uns, par Tarquin l’Ancien. Il n’était décerné qu’à ceux qui avaient remporté de grandes victoires ou fait d’importantes conquêtes ; pour les exploits moins importants, on n’accordait que l’ovation. Sous l’empire, le triomphe fut réservé aux empereurs et aux princes de la famille impériale ; la politique des souverains remplaça cet honneur pour les généraux vainqueurs par le don de la robe et de la couronne triomphales : c’est ce que l’on appelait les insignes triomphaux.

TRIPHYLIE, partie mérid. de l’Élide, entre l’Alphée au N. et le Néda au S., avait pour ville principale Scillonte. Elle fut ainsi nommée de ce qu’elle était habitée par trois tribus distinctes.

TRIPIER (J. B.), avocat célèbre, né à Autun en 1765, m. en 1840, entra de bonne heure au barreau de Paris, remplit quelque temps après la Révolution les fonctions de substitut de l’accusateur public, mais retourna au barreau dès 1796 et fut bientôt recherché pour les affaires les plus importantes : c’est lui qui défendit Lavalette en 1816. Il fut élu en 1828 bâtonnier de l’ordre, devint peu après conseiller à la cour royale, enfin conseiller à la cour de cassation (1831). Il avait été membre de la Chambre des députés en 1815 et 1822 ; il fut appelé à la pairie en 1832. Tripier brillait surtout par la force de la logique et la connaissance profonde du droit.

TRIPOLI (Régence de), le plus oriental des États barbaresques, s'étend le long de la Méditerranée de 10° à 22° long. E. et de 27° à 33° lat. N., entre l’Égypte à l'E., l'État de Tunis à l'O., le désert, le Fezzan et les Touaregs au S. : 1500 kil. de l'O. à l'E., de 175 à 750 du N. au S.; env. 1 000 000 d'hab. (Maures, Arabes, Kabyles, Turcs, nègres, Juifs, Francs); capit., Tripoli. Le pays est divisé en 3 prov. : Tripoli, Mesurata, Barca. Montagnes peu élevées, faibles cours d'eau; beaucoup de plaines arides et sablonneuses; climat brûlant et inhospitalier, air vicié par le sirocco. Dattes magnifiques et autres beaux fruits, vins, olives, safran, coton, garance renommée, caroube, cassob, etc. Chevaux et mulets vigoureux. Hyènes, chakals, lions. Grains d'or dans les sables; soufre, gypse, pierre à bâtir, sel, potasse en abondance. Tapis fort beaux, camelots, jarres de terre, huile de castor. Le gouvt est despotique et héréditaire; le chef est un pacha qui reçoit l'investiture de la Porte. Les sciences et les lettres y sont très-peu répandues; cependant l'arabe de Tripoli passe pour le plus pur qui se parle dans les États barbaresques. — Le territoire de la Régence, la Tripolitaine des anciens, fut d'abord partagé entre Carthage et Cyrène, puis il fit partie de l'Afrique romaine (diocèse d'Afrique sous Honorius). Les Vandales possédèrent momentanément ce pays (après 439). En 534, il retomba au pouvoir des Grecs (sous Justinien). Les Arabes s'en emparèrent vers 670. Il appartint ensuite successivement aux Aglabites, aux Fatimites d’Égypte, puis aux Zéirites. Ferdinand le Catholique s'empara de Tripoli au XVe s. et la transmit à Charles-Quint, qui l'abandonna aux Chevaliers de Malte; mais en 1551 Sinan et Dragut la reprirent et l'assujétirent, avec son territoire, à l'empire ottoman sous Soliman II. En 1714, Hamet-Bey, dit le Grand, alors pacha, secoua le joug de la Porte tout en restant tributaire : il rendit la dignité héréditaire dans sa famille, et fonda ainsi la dynastie des Karamaulis qui s'est toujours maintenue depuis au pouvoir.

TRIPOLI, jadis Œa, v. forte d'Afrique, capit. de la Régence de Tripoli, sur la Méditerranée, par 10° 51' long. E., 32° 53' lat. N., à 655 kil. S. E. de Tunis ; 25 000 h. Port petit, mais sûr; château, murailles, forts, batteries; rues sales; maisons mal bâties; toits plats. On remarque la maison du pacha, la grande mosquée, le bazar neuf et les restes d'un bel arc de triomphe en marbre. Commerce assez actif : on exporte séné, garance, soude, peaux crues et préparées, plumes d'autruche, poudre d'or; ivoire, dattes, etc.; on importe draps, épiceries, soieries, liqueurs, fer, quincaillerie, poudre, armes, bois de construction. Beaux jardins. Longtemps repaire de pirates, cette ville fut prise en 1510 par les Espagnols et bombardée par les Français en 1685. — Son nom lui vient de ce qu'elle était jadis la capitale de la Tripolitaine, ainsi nommée elle-même de ce qu'elle renfermait 3 villes principales : Sabrata, Œa, Leptis-la-Grande.

TRIPOLI, Tripolis chez les anciens, Trablos ou Tarabolos chez les Turcs, v. et port de Syrie, ch.-l. du livah de Tripoli, par 33° 31' long. E., 34° 26' lat. N., à 155 kil. N O. de Damas; 16 000 h., dont 7000 Grecs catholiques. Titre d'évêché in partibus. Belle ville; belle mosquée (jadis église St-Jean), plusieurs églises grecques, bazar, fontaines nombreuses. Beaux environs, surtout entre la ville et la mer. Rade peu sûre; climat insalubre. Commerce actif. Tripoli fut prise en 1109 par les Croisés, qui y brûlèrent une précieuse bibliothèque, et fut érigée en comté pour Raymond de Toulouse. — Le pachalik, entre ceux d'Alep au N., d'Acre au S. et la Méditerranée à l'O., a 220 kil. du S. au N. sur 116, et 315 000 hab. (Arabes, Grecs, Turcs, Druzes, Maronites, Arméniens, Juifs, Moutoualis). Il est sillonné par de hautes montagnes (Liban et Anti-Liban) et arrosé par de nombreux cours d'eau. — L'anc. Tripolis de Phénicie tirait son nom de ce qu'elle était composée de trois quartiers qui étaient dans l'origine trois villes distinctes, bâties l'une par les Tyriens, l'autre par les Sidoniens, et la 3e par des Aradiens.

TRIPOLIS, nom de plusieurs villes ou contrées anciennes. V. TRIPOLI et TRIPOLITZA.

TRIPOLITAINE. V. TRIPOLI (Régence de).

TRIPOLITZA, Tripolis, v. de l'État de Grèce, ch.-l. de la nomarchie d'Arcadie et de l'éparchie de Mantinée, presque au centre de la Morée; 7500 hab. Elle fut ainsi nommée parce que les habitants des trois villes de Mantinée, Pallantium et Tégée se réunirent pour la bâtir. Capitale de la Morée sous les Turcs, et alors florissante, elle fut ravagée en 1779 par les Skipétars, prise et reprise pendant la guerre de l'indépendance, notamment par Méhémet-Ali (1825), et presque détruite.

TRIPTOLÈME, fils de Celée, roi d’Éleusis, qui avait donné l'hospitalité à Cérès, fut initié par cette déesse aux mystères de l'agriculture et parcourut la terre avec elle. Revenu en Attique, il enseigna l'agriculture à ses concitoyens, et institua les Thésmophories (fêtes de Cérès) et les mystères d’Éleusis.

TRIRÈME, galère à 3 rangs de rames. V. GALÈRE dans notre Dict. univ. des Sciences.

TRISMÉGISTE. V. HERMÈS et THOTH.

TRISPARADISUS, v. de Cœlésyrie, dans le Liban, où les généraux d'Alexandre firent, après la mort de Perdiccas (320), le 2e partage de l'empire macédonien.

TRISSIN (J. Georges TRISSINO, dit le), poëte italien, né à Vicence en 1478, m. en 1550, fut chargé par Léon X de diverses négociations à Venise, en Danemark, en Allemagne, jouit aussi de la faveur de Clément VII, mais eut dans sa vieillesse de graves et ruineux procès à soutenir, notamment contre un fils qu'il avait eu d'un premier lit. Ses principaux ouvrages sont l’Italie délivrée des Goths par Bélisaire, poëme épique fort médiocre, la comédie des Ménechmes, la tragédie de Sophonisbe (1515), outre des sonnets et des canzones. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Vérone, 1729, 2 vol. petit in-fol. On ne les lit plus guère, et Trissin n'est bien connu que comme auteur de la première tragédie régulière et comme ayant été des premiers à employer les versi sciolti ou vers non rimés. Sa Sophonisbe a été plusieurs fois trad. en français et imitée par Marot, Corneille, Voltaire et Alfieri.

TRISTAN (Jean), 4e fils de S. Louis, né à Damiette en 1250, pendant la captivité de son père, prit son nom de cette malheureuse circonstance. Il devint comte de Nevers en 1266 par son mariage avec Yolande, qui avait reçu ce fief en dot de son père Eudes, duc de Bourgogne. Il mourut devant Tunis, 1270.

TRISTAN DE MONEINS. V. MONEINS.

TRISTAN (Nuno), navigateur portugais, fit quatre voyages à la côte d'Afrique (1440, 43, 46, 47), découvrit le cap Blanc dans le 1er, ramena des esclaves et de l'or dans le 2e et le 3e parvint au Rio-Grande dans le 4e, mais fut tué par les nègres à coups de flèches.

TRISTAN D'ACUNHA, navigat. portugais. V. ACUNHA.

TRISTAN L'ERMITE (Louis), dit le prévôt Tristan, né en Flandre au commencement du XVe s., combattit contre les Anglais sous Charles VII. Dunois le créa chevalier (1451) sur la brèche de Fronsac, où il avait fait preuve d'une rare bravoure. Louis XI l'attacha à sa personne comme grand prévôt de son hôtel. Il devint l'exécuteur des vengeances de ce prince, qui vivait avec lui dans une intime familiarité et qui l'appelait son compère. Il mourut fort âgé et laissa de grands biens.

TRISTAN L'ERMITE (Pierre), poëte, né en 1601 au château de Soliers (Marche), m. en 1655, était gentilhomme de Gaston, duc d'Orléans, et se vantait de descendre du compère de Louis XI. Il travailla pour le théâtre, y obtint de grands succès et fut admis en 1649 à l'Académie française, quoique menant une vie fort déréglée. On a de lui : le Page disgracié, roman, 1643; des tragédies (Mariamne, Penthée, la Mort de Sénèque, etc.), qui ne sont pas sans valeur : ses contemporains l'opposaient à Corneille. TRISTE (le Golfe), golfe de la mer des Antilles, sur la côte du Venezuela, au N. O. de Puerto-Cabello.

TRITCHINAPALI, v. forte de l'Inde anglaise (Madras), dans l'anc. Karnatic, sur la r. dr. du Cavery, à 150 kil. O. de Tandjaour; 80 000 hab. Jadis capitale d'une principauté; auj. station d'une partie de l'armée anglaise. Beau temple hindou.

TRITHÈME ou TRITHEIM (J.), chroniqueur et théologien, né en 1462 à Trittenheim près de Trèves, m. en 1516, fut élu chef de l'abbaye de Spanheim à 22 ans, tenta de réformer ses moines, mais excita parmi eux une révolte, renonça à son abbaye en 1505, et fut nommé abbé de St-Jacques à Wurtzbourg. Il a continué jusqu'en 1513 la Chronique d'Hirsauge, St-Gall, 1690, 2 vol. in-fol., et a donné : De scriptoribus ecclesiasticis, Paris, 1497; Polygraphia, 1518; Steganographia, 1531 (ouv. mis à l’Index). On a aussi de lui un traité intitulé Polygraphia cabbalislica, et 2 livres de Lettres familières à divers princes d'Allemagne, publiés en 1636. Fort savant pour son temps, il fut accusé de magie.

TRITON, dieu marin subalterne, fils de Neptune et d'Amphitrite, précède leur char, armé d'une conque recourbée qui lui sert de trompette. On le représente avec un buste et une tête d'homme, mais le bas du corps en forme de poisson. Souvent il est suivi d'une troupe de Tritons, ses frères ou ses fils.

TRITON (Lac de), Tritonis lacus, auj. le Grand Chott ou El-Loudéah, lac de l'Afrique propre, au S., était lié par un gué à un autre lac dit lac Libyque (Libyca palus). On croyait que Minerve était née sur ses bords : de là les noms de Tritonis et de Tritogénie donnés par les poëtes à la déesse.

TRIUMVIRAT. Parmi les plus célèbres triumvirats, on connaît surtout les deux qui se formèrent à Rome vers la fin de la république : le ler entre Pompée, César et Crassus (60 av. J.-C.); le 2e entre Octave, Antoine et Lépide (43 av. J.-C.) ; ces derniers seuls se firent officiellement reconnaître comme triumvirs, sous le titre de Triumviri reipublicæ constituendæ.

En France, sous Charles IX, on donna le nom de Triumvirat à la ligue que formèrent en 1561 le duc de Guise, le connétable de Montmorency et le maréchal de St-André, sous prétexte de défendre la religion contre les Huguenots.

TRIUMVIRS, Triumviri. Les Romains donnaient primitivement ce nom à divers fonctionnaires ou commissaires qui généralement étaient au nombre de trois, tels que : 1° les triumvirs monétaires, préposés à la fabrication des monnaies; 2° les triumvirs nummulaires, inspecteurs ou essayeurs de la monnaie; 3° les triumvirs capitaux, chargés de la garde des prisonniers et de l'exécution des coupables; 4° les triumvirs pour colonies, commissaires chargés temporairement de diriger l'établissement des colonies; 5° les triumvirs épulons, chargés de présider aux repas publics. — Mais on connaît surtout sous ce nom de triumvirs certains personnages politiques qui s'associèrent pour dominer. V. TRIUMVIRAT.

TRIVULCE (J. J.), général milanais, né en 1447, m. en 1518, servit d'abord Louis XI sous les ordres de Galéas Sforce, fit la guerre aux Vénitiens (1483), fut évincé des affaires par Ludovic le More, et alla prendre du service à Naples, défendit faiblement Capoue contre Charles VIII (1494) et ne tarda pas à se joindre ouvertement aux Français, eut une part essentielle à la rapide conquête du duché de Milan par Louis XII (1499), et en fut nommé gouverneur; mais excita un mécontentement général par ses cruautés, et se fit chasser de Milan par le peuple révolté; il se maintint pourtant dans le duché, s'empara de Ludovic ainsi que de son neveu J. Galéas-Marie, et repoussa les Suisses (1501-03). Il eut encore part à la guerre de la ligue de Cambray contre Venise, mais il finit par perdre le Milanais (1512). Il contribua depuis à la victoire de Marignan (1515), mais échoua devant Brescia et cessa dès lors de paraître à l'armée. — Son neveu, Théod. TRIVULCE, eut part à la guerre de Naples sous Louis XII, aux batailles d'Agnadel, de Ravenne, commanda l'armée vénitienne tant que Venise fit cause commune avec la France, la quitta ensuite pour servir François I, fut gouverneur du Milanais (1515), et devint maréchal de France (1524). Nommé gouverneur de Gênes, il se vit obligé de rendre cette ville à Doria. Il mourut en 1531.

TROADE, Troas, petite contrée de l'Asie-Mineure, entre l'Hellespont, la mer Égée et la chaîne du mont Ida, avait Troie pour capitale et était arrosée par le Simoïs et le Scamandre ou Xanthe. — On étend quelquefois son nom à tout le royaume de Troie,

TROARN, ch.-l. de c. (Calvados), près de la Dive, à 14 k. E. de Caen; 954 h. Cidre et beurre renommés, bonnes volailles, etc.

TROCADERO, fort de l'île de Léon, en face de Cadix, fut pris sur les Espagnols insurgés par le duc d'Angoulême en 1823, ce qui amena la reddition de Cadix.

TROCMES, Trocmi, un des trois peuples gaulois de la Galatie, à l'E. et au delà de l'Halys confinait au Pont et à la Cappadoce. Tavium était leur ch.-l.

TROGEN, v. de Suisse (Appenzell), un des 2 chefs-lieux des Rhodes extérieures, au N. E. d'Appenzell, à 7 kil. S. E. de St-Gall; 2600 hab. Ville bien bâtie, arsenal, bibliothèque. Aux env., eaux sulfureuses, cuivreuses et alumineuses.

TROGLODYTES, peuple fabuleux de l'Afrique orientale. On le plaçait dans un pays appelé de leur nom Troglodytique, qui s'étend au S. E. de l’Égypte, le long du golfe arabique, et répond à la côte d'Habesch. Les anciens disaient qu'ils habitaient dans des souterrains : c'est ce que signifie leur nom en grec (de trôglos, trou). Il est possible que ces peuples, situés sous la zone torride, se soient en effet creusé des demeures souterraines pour échapper aux ardeurs du climat.

TROGUE-POMPÉE, historien. V. POMPÉE (TROGUE).

TROIE, Troja, capit. de la Troade et de tout le roy. de Troie, sur le revers occid. de l'Ida, était séparée de la mer par une plaine d'environ 10 kil. où coulaient le Xanthe et le Simoïs. On la nommait aussi Ilion (Ilium en latin) du nom d'Ilus, un de ses rois. Sa citadelle se nommait Pergame, nom que les poëtes étendent à la ville même. — Troie était d'origine pélasgique. On lui donne pour fondateur Tros ou Dardanus. Son heureuse position la rendit bientôt riche et puissante; mais elle fut aussi de bonne heure exposée aux attaques de voisins jaloux. Sous Laomédon, elle fut environnée de murs, dont la Fable attribue la construction aux dieux Apollon et Neptune. Peu après, Hercule, irrité de la perfidie de Laomédon, qui lui refusait une récompense promise (V. LAOMÉDON), prit Troie, mit à mort ce roi déloyal, et plaça sur le trône le jeune Priam, son fils, qui étendit sa domination depuis la côte mérid. de l'Asie-Mineure jusqu'à l'Hellespont. Ayant toléré l'enlèvement d'Hélène par son fils Pâris, Priam eut à soutenir contre les Grecs confédérés sous la conduite d'Agamemnon la fameuse guerre de Troie, qui dura dix ans, et qui finit par la prise de la ville et la destruction du royaume. On place généralement la prise de Troie en 1270 av. J.-C., d'après Hérodote; selon les marbres de Paros, elle aurait eu lieu en 1209 ; selon Ératosthène en 1184. La guerre de Troie est le plus célèbre événement des temps mythologiques : il sépare ces temps des temps héroïques ou semi-historiques. Les poëtes l'ont ornée de fables sans nombre (V. HÉLÈNE, PÂRIS, AGAMEMNON, ACHILLE, etc.). Il ne reste rien de Troie : cependant les recherches modernes ont permis de déterminer son emplacement : elle était située au pied de la colline qu'occupe auj. le village turc de Bounar-Bachi. Troie avait en pour souverains :

Scamandre, av. J.-C. 1614 Tros, 1462
Teucer, 1590 Hus, 1402
Dardanus, 1568 Laomédon, 1347
Érichthonius, 1537 Priam, 1311-1270

TROIE-LA-NOUVELLE, Alexandria-Troas, auj. Eski-Stamboul, v. d'Asie-Mineure, fondée entre le Simoïs et la mer Égée, à peu de distance des ruines de l'antique Troie, par Antigone, l'un des généraux d'Alexandre. Elle devint de bonne heure un évêché, suffragant de Cyzique. — V. ILION.

TROILUS, fils de Priam et d'Hécube. Les Destins avaient arrêté que, tant qu'il vivrait, Troie ne pourrait être prise; cependant il osa témérairement attaquer Achille, et fut tué par le héros. Les amours de ce prince avec Cressida, fille du divin Chalcas, ont fourni à Shakespeare le sujet d'une de ses tragédies.

TROIS CHAPITRES (Affaire des). On appelait les Trois Chapitres trois ouvrages théologiques, de Théodore de Mopsueste, de Théodoret et d'Ibas, qui étaient plus ou moins empreints des erreurs de Nestorius sur le mystère de l'Incarnation et sur l'union des deux natures en J.-C. Ces chapitres étaient accusés d'hérésie; cependant ils ne furent pas expressément condamnés par le concile de Chalcédoine (521) : de là, grande division entre les fidèles, dont les uns les approuvaient et les autres les condamnaient; cette dispute troubla le règne de Justinien et celui du pape Vigile. En 553. les Trois Chapitres furent définitivement condamnés par le concile général de Constantinople.

TROIS-ÉVÊCHÉS (les). On désignait sous ce nom trois villes de Lorraine, Metz, Toul et Verdun, qui avaient chacune le titre d’évêché. Après avoir été longtemps villes impériales, elles furent réunies toutes trois à la France en 1552 par Henri II; le traité de Cateau-Cambrésis (1558) et celui de Westphalie (1648) lui en confirmèrent la possession.

TROIS-FONTAINES, abbaye de l'ordre de Cîteaux, appelée la 1re fille de Claivaux, était en Champagne (Hte-Marne), à 8 kil. S. de St-Dizier; 300 hab.

TROIS-MOUTIERS, ch.-l. de c. (Vienne), à 8 k. N. O. de Loudun; 1252 hab.

TROIS-POINTES (Cap des), cap de la Guinée super., sur la Côte d'Or, par 4° 40' lat. N., 5° 4' long. O.

TROITZA ou TROITSKOIE (c.-à-d. la Trinité), v. de Russie (Moscou), à 60 kil. N. E. de Moscou; 4000 h. Archevêché. Couvent célèbre, consacré à S. Serge, et dont l'église, dite de la Trinité, possède le tombeau du saint et renferme un trésor qui passe pour être plus riche que ceux de Rome et de Lorette. Pierre le Grand y trouva un asile lors de la 1re révolte des Strélitz. Ce couvent possédait jadis plus de 100 000 serfs; Catherine réunit au fisc les terres et les vassaux du monastère.

TROJA, nom latin de Troie. V. TROIE.

TROJA, Ecanum? v. de l'Italie mérid. (Capitanate), à 80 kil. S. O. de Foggia; 4600 hab. Évêché. Il s'y tint un concile sous Urbain II.

TROKI, v. de la Russie (Lithuanie), à 25 kil. S. O. de Vilna; 4000 hab. Fondée par Ghédimin en 1321, et capitale de la Lithuanie avant Vilna.

TROLL (Gustave), archevêque d'Upsal, ennemi acharné de l'administrateur Sténon II, l'excommunia avec ses partisans et appela les Danois en Suède ; il fut pour ce fait déposé par les États. Sténon ayant péri peu après, Troll rentra en vainqueur dans son diocèse et plaça la couronne de Suède sur la tête du roi de Danemark, Christian II, 1520. Il gouverna la Suède en l'absence de ce prince, mais ne put comprimer l'insurrection dirigée par Gustave Vasa, et s'enfuit avec Christian, quand ce prince fut lui-même chassé du Danemark. Il revint en 1535 tenter la fortune en Norvège, mais il y périt, près de Malmœ.

TROLLHATTA, bg de Suède (Gothie), à 24 kil. S. d'Elfsborg, donne son nom à un canal latéral à la Gœtha, qui fut creusé de 1794 à 1800.

TROLLOPE (Mrss), femme de lettres anglaise, née en 1779 à Heckfield (Hampshire), m. en 1863, avait épousé un avocat, qui la laissa veuve en 1835. Après 3 ans de séjour aux États-Unis, elle publia en 1831 les Mœurs domestiques des Américains, critique sévère qui obtint la vogue en Angleterre, mais qui souleva contre elle la société anglo-américaine ; elle écrivit dans le même esprit caustique : la Belgique, 1834; Paris et les Parisiens, 1836; Vienne et les Autrichiens, 1838; un Tour en Italie, 1842. Elle réussit aussi dans le roman : on remarque en ce genre le Vicaire de Wrexhill, où elle dépeint un tartufe protestant, la Veuve Barnabé (à la recherche d'un second mari) ; la Veuve mariée, les Bas-Bleus. Plusieurs de ses écrits ont été traduits en français.

TROMP (Martin), marin hollandais, né à La Brille en 1597, servit dès l'enfance, devint, après de longs dégoûts et de nombreuses injustices, lieutenant-amiral en 1637, remporta plusieurs victoires navales, entre autres celles des Dunes sur les Espagnols (1639), fit en 1651 et 52 deux admirables campagnes contre les amiraux anglais Blake et Deane, se distingua également à Portland, à Nieuport, à Dunkerque, et fut tué en 1653 à l'affaire de Catwik. — Corn. Tromp, son fils, né à Rotterdam en 1629, m. en 1691, fut capitaine de haut bord à 21 ans, brilla dans les campagnes de 1652, 1656, 1662, devint lieutenant général en 1665, fut quelque temps chef de la flotte hollandaise, mais se vit forcé d'en céder le commandement à Ruyter (1665), conçut dès lors de la jalousie contre ce rival, le seconda mal dans un moment périlleux, et fut par suite privé de son grade. Après le massacre des frères de Witt, qu'il regardait comme ses ennemis, et le triomphe de la maison d'Orange, à laquelle il était dévoué (1672), son emploi lui fut rendu et il se réconcilia avec Ruyter, qui le tira de plus d'un péril. Il tenta en vain en 1674 d'opérer une descente sur les côtes de France, alla en 1676 défendre le Danemark contre les Suédois, et obtint dans cette campagne les plus grands succès. Il mourut en 1691, au moment où il venait de recevoir le commandement de la flotte destinée à agir contre la France.

TROMPETTE (Château), château construit à Bordeaux, sous Charles VII, en même temps que le fort du Hâ, pour maintenir la ville dans l'obéissance après la réunion de la Guyenne à la couronne. Élevé sur l'emplacement actuel des Quinconces, il dominait la ville et commandait la rade. Il disparut lors des travaux de fortification de Vauban.

TROMPETTES (Fête des), fête célébrée par les Hébreux le 1er jour de l'année civile (en septembre), fut, à ce qu'on croit, instituée en mémoire du tonnerre que l'on entendit sur le Sinaï quand Dieu y donna sa loi.

TROMSOE, île de la Suède, dans la mer du Nord, sur la côte N. O. de la Norvège, à 7 kil. sur 2 ; ch.-l., Tromsœ ; 3000 hab. Évêché. Port de commerce.

TRONCHET (Franç. Denis), jurisconsulte, né à Paris en 1726, m. en l806, se fit une grande réputation comme avocat consultant, ferma son cabinet pendant le triomphe du parlement Meaupou, parut aux États généraux, vota peu d'innovations, fit rejeter le jury en matière civile, fut un des trois conseils choisis par Louis XVI, entra au Conseil des Anciens, et devint sous le Consulat le 1er président du tribunal de cassation et sénateur (1801). Il eut grande part à la rédaction du projet de Code civil.

TRONCHIN (Théod.), médecin, né à Genève en 1709, m. en 1781, était élève de Boerhaave. Il exerça son art à Amsterdam, puis à Genève, et se fixa enfin à Paris, où il fut 1er médecin du duc d'Orléans. Il popularisa l'inoculation en France et se fit un nom par sa charité. Il était de l'Académie des sciences.

TRONCHIN (J. Rob.), jurisconsulte genevois, parent du préc., 1711-93, fut procureur général à Genève. Lors des poursuites dirigées contre l’Émile et le Contrat social, il fit paraître, pour défendre les mesures du gouvernement de Genève, les Lettres écrites de la campagne; Rousseau y répondit par les Lettres de la Montagne, qui portèrent au comble l'effervescence du peuple genevois et hâtèrent le triomphe de la démocratie.

TRONSON DU COUDRAY (G. Al.), avocat distingué du barreau de Paris, né à Reims en 1750, s'offrit pour défendre Louis XVI, partagea avec Chauveau-Lagarde la défense de la reine, sauva plusieurs victimes de la Révolution, fut député en 1795 au Conseil des Anciens, où il combattit le Directoire, fut déporté au 18 fructidor, et m. en 1798 à Sinnamary.

TRONTO (le), Truentus, riv. d'Italie, naît dans l'Abruzze Ultérieure 1re, à 9 kil. N. E. de Montereale, coule au N., puis au N. E., passe à Ascoli et se jette dans l'Adriatique après 80 kil. de cours. — Sous Napoléon, cette riv. donna son nom à un dép. du roy. d'Italie, qui avait pour ch.-l. Fermo.

TROPEA, Tropæa, v. de l'Italie mérid. (Calabre Ultér. 2e), près du golfe de Ste-Euphémie, à 22 kil. O. N. O. de Mileto ; 4000 hab. Cathédrale remarquable, avec 3 belles portes. Soieries, couvertures de laine, toiles, canevas ; pêche de corail et de poisson. Cette ville, qui était dans l'ancien Brutium, fut fondée par Sextus Pompée, qui lui donna, dit-on, le nom de Trophée à l'occasion d'un avantage qu'il y aurait remporté sur Octave.

TROPHÉE, monument de victoire. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TROPHIME (S.), disciple de S. Paul, était d'Éphèse et païen, et fut le 1er évêque d'Arles, ville qui l'a pris pour patron. On le fête le 29 déc.

TROPHONIUS et AGAMÈDE, habiles architectes, auxquels on attribue la construction du temple de Delphes, étaient frères. Le roi d'Orchomène, Hyriée, les chargea de bâtir un édifice pour y placer son or. Les deux frères, en le construisant, y ménagèrent une issue secrète, au moyen de laquelle ils venaient la nuit puiser au trésor d'Hyriée. Ce prince, s'en étant aperçu, tendit un piège où Agamède fut pris : Trophonius, craignant ses révélations, lui coupa la tête et s'enfuit en l'emportant ; mais bientôt il périt dans une grotte aux environs de Lébadée. Après sa mort, Apollon, dont il avait bâti le temple, lui accorda le don de prédire l'avenir, et la grotte où il était mort devint le siège d'un oracle célèbre. L'on n'était admis dans cette grotte qu'après des épreuves dures et propres à imprimer l'effroi. Aussi disait-on proverbialement en Grèce : « Il revient de l'antre de Trophonius, » pour dire il est grave et soucieux.

TROPPAU, v. forte des États autrichiens, ch.-l. de cercle, sur l'Oppa, à 155 kil. N. E. de Brünn ; 12 000 hab. École pour les fils de militaires, muséum d'histoire naturelle et d'antiquités nationales, bibliothèque. Armes, draps, liqueurs, savons. Il s'est tenu à Troppau, d'oct. à déc 1820, un fameux congrès où fut résolue la répression de la révolution napolitaine. — Le cercle de Troppau, ou Silésie autrichienne, dans la partie N. de la Moravie, a pour bornes au S. les cercles de Prérau et d'Olmutz ; 140 kil. sur 25 ; 250 000 hab. Pays montagneux, climat froid ; sol peu fertile ; élève de moutons et de chevaux. Fer, marbre, ardoises, chaux, tourbe, eaux minérales.

TROS, fils d'Érichthonius et père de Ganymède, d'Ilus et d'Assaracus, régna sur Troie, qui prit son nom.

TROUBADOURS, poëtes provençaux des XIe, XIIe et XIIIe s., ainsi appelés du mot troubar, trouver, inventer ; ils nommaient eux-mêmes leur art la gaie science. Ils se distinguaient des trouvères en ce qu'ils parlaient la langue d’Oc, tandis que ceux-ci employaient la langue d’Oil. Les plus célèbres furent Pierre Vidal, Arnauld Daniel, Bertrand de Born, Bernard de Ventadour, Faydit, Raimond Bérenger, comte de Provence, Richard Cœur de Lion et Guillaume IX, comte de Poitiers. Leurs poésies, qui pour la plupart appartiennent au genre lyrique et sont très-courtes, se composaient de sirventes (espèce de satires), canzones, plaints, tensons, ballades, novas (ou nouvelles). Ils chantaient surtout la chevalerie et l'amour ; cependant ils ont aussi laissé des poèmes didactiques et sacrés, et de volumineux romans (le Bréviaire d'amour, Girard de Roussillon, etc.) Le troubadour de profession allait de château en château réciter ou chanter ses vers en s'accompagnant d'un instrument, ordinairement d'une guitare ; souvent aussi était suivi d'un jongleur, par lequel il faisait chanter ses vers. De temps à autre, les troubadours soutenaient les uns contre les autres, dans des jeux-partis, des luttes poétiques devant des cours d'amour. Les troubadours étaient répandus dans le midi de la France : ils florissaient surtout à Toulouse, à Narbonne, à Aix en Provence. Ils disparaissent après la guerre des Albigeois, qui désola tout le midi de la France. Raynouard a donné un Choix de leurs poésies (1816-24); l'abbé Millot l’Hist. littér. des troubadours (1774); M. Baret les Troubadours et leur influence (1864).

TROUVÈRES, poëtes du nord de la France, qui du XIe° au XVe s. ont composé en roman-wallon ou langue d’Oïl (le vieux français); ils existaient en même temps que les Troubadours, et leur nom a le même sens (trouver, inventer); mais, tandis que les Troubadours ont surtout brillé dans le genre lyrique, c'est à la poésie épique que les Trouvères se sont livrés de préférence. Ils ont admirablement réussi et dans la grande épopée, qui a pris par excellence le nom de roman, et dans les fabliaux, qui sont souvent chez eux des chefs-d'œuvre d'originalité, de naïveté, de gaieté. Les Trouvères ont aussi fait quelques poésies lyriques, tels que lait, virelais et ballades ; enfin on leur doit les romans de chevalerie en prose. Les plus connus d'entre eux sont Auboin de Sézanne, Huon de Villeneuve, Jean Bodel, Alexandre de Bernay, Lambert li Cors, Chrestien de Troyes, Robert Wace, Marie de France, Rutebœuf, Guillaume de Lorris, Jean de Meung, Thibaut de Champagne. Leurs plus célèbres romans en vers sont le Brut d'Angleterre et le Rou, de Wistace ou Wace ; l’Alexandre, de Lambert et Alexandre de Bernay (composé au XIIe s. en vers de 12 syllabes, qui depuis prirent le nom d'alexandrins); le Chevalier au Cygne, de Renaut et Gauder ; Gérard de Nevers, par Gilbert de Montreuil ; Garin le Loherain, par Jehan de Flagy. On leur doit aussi des compositions allégoriques, telles que le roman de la Rose, par Guillaume de Lorris et Jean de Meung, dit Clopinel ; le roman du Renart, le Dolopathos, le Castoiement. On doit à l'abbé De la Rue des Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands, Caen, 1834, ouvrage estimé.

TROUVILLE, vge du Calvados, sur la Manche, à l'embouch. de la Toucques, à 11 k. N. E. de Pont-l'Évêque ; 5200 h. Petit port, belle plage. Bains de mer fréquentés ; pêche d'huîtres, de harengs, d'équilles.

TROY, v. des États-Unis (New-York), sur l'Hudson, à 11 kil. N. d'Albany ; 30 000 hab., et, avec les faubourgs, 40 000. Station de chemin de fer. (Union railroad), arsenal ; beaucoup d'industrie : moulins à papier et autres, drap, lainages.

TROY (Franç.), peintre, né à Toulouse en 1645, m. en 1730, réussit surtout dans les portraits de femme : Louis XIV l'envoya en Bavière pour y faire le portrait de la future dauphine. On a aussi de lui de grands tableaux, entre autres Henri III fondant l'ordre du St-Esprit et Henri IV sur son trône (au Louvre). Malgré quelques incorrections, ses tableaux se distinguent par l'attitude et la physionomie des personnages, ainsi que par un coloris ferme et vrai.

TROYES, Tricasses, Trecæ, puis Augustobona, ch.-l. du dép. de l'Aube, sur la Seine, à 161 k. S. E. de Paris par la route, à 167 kil. par le chemin de fer ; 34 613 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école normale, école de dessin, musée. Belle cathédrale de St-Pierre (clocher de 56m), église de Ste-Madeleine, avec un beau jubé du XVIe S., palais épiscopal, hôtel de ville, préfecture ; belle promenade du Mail. Rues étroites et tortueuses, beaucoup de maisons en bois. Société d'agriculture, arts et sciences ; bibliothèque publique, école spéciale de commerce. Bonneterie, cotonnades, rouenneries, draps, basins, chamoiseries, instruments aratoires ; charcuterie renommée. Le pape Urbain IV, le chancelier J. Juvénal des Ursins, le trouvère Chrestien de Troyes, le poëte Passerat, les deux Pithou, Grosley, Mignard, Gérardon sont nés à Troyes ; c'est aussi le berceau de la famille Mole. — Capitale des Tricasses sous les Romains, cette ville fut comprise dans la Gaule celtique, puis dans la 4e Lyonnaise. Sauvée en 451 de la fureur d'Attila par son évêque S. Loup, elle fut saccagée par les Normands en 889. Dans la suite elle devint la résidence des comtes de Champagne (1019); elle fut sous la monarchie la capitale de la Champagne. C'est de Thibaut IV (1102-1152) que date son importance industrielle et commerciale. Isabeau de Bavière transféra en 1420 à Troyes le parlement de Paris, et y conclut l'indigne traité qui livrait la France aux Anglais et anéantissait les droits du Dauphin. Déjà en 1415 Jean sans Peur, duc de Bourgogne, avait repris cette ville; Charles VII la reconquit en 1429. Louis XVI y exila le parlement de Paris en 1787. Ses environs furent le théâtre de sanglants combats en 1814. Cette ville a été souvent incendiée, notamment en 1181 et en 1524.

TROYON (Constant), peintre français, né à Sèvres en 1813, m. en 1865, s'est fait un nom comme paysagiste et peintre d'animaux. On l'a appelé le la Fontaine de la peinture.

TRUBLET (Ch. Joseph), écrivain, né en 1697 à St-Malo, m. en 1770, était archidiacre et chanoine de St-Malo; a écrit des ouvrages médiocres, qui le firent arriver à l'Académie franç. (Essais de littérature et de morale (1736); Panégyriques des saints (1755, etc.); s'attira l’animosité de Voltaire, qui a fait sur lui ce vers plaisant :

Il compilait, compilait, compilait.

TRUCCIA, auj. Droissy, anc. v. de la Gaule, à 15 k. S. de Soissons. Les troupes de Frédégonde y défirent en 593 celle de Childebert, fils de Brunehaut.

TRUCHET (J.), mécanicien, né à Lyon en 1657, m. en 1729, entra chez les Carmes, et prit le nom de P. Sébastien. Il fut encouragé par Colbert à étudier l'hydraulique, eut grande part à l'établissement de la conduite des eaux dans les jardins de Versailles, fut consulté sur tous les canaux construits depuis en France, dirigea seul celui d'Orléans, imagina la machine à transporter les arbres dite diable, et fut admis comme membre honoraire à l'Académie des Sciences (1609). Fontenelle a écrit son Éloge.

TRUCHSESS DE WALDBOURG (Gebhard), archevêque-électeur de Cologne en 1577, de l'illustre maison de Waldbourg, dans laquelle la charge de truchsess (maître d'hôtel) de l'Empire, était héréditaire, s'éprit d'Agnès de Mansfeld, chanoinesse de Guerichen, et eut avec elle des relations telles que les frères d'Agnès le sommèrent de l'épouser. Voulant se marier sans perdre l'électorat, Gebhard embrassa la Réforme (1582) et épousa Agnès ; mais la ville et le chapitre se déclarèrent contre lui, le pape l'excommunia, et Ernest, électeur de Bavière, se rendit maître du pays (1583). Abandonné même des Luthériens, parce que la bénédiction nuptiale avait été donnée par un ministre calviniste, Gebhard se réfugia en Hollande, puis à Strasbourg, où il possédait un canonicat. Il y mourut en 1601.

TRUCHTERSHEIM, bourg d'Alsace-Lorraine, à 20 kil. N. O. de Strasbourg; 693 hab.

TRUDAINE (Daniel Charles), administrateur, né à Paris en 1703, m. en 1769, fut successivement conseiller d'État, intendant de l'Auvergne, directeur des ponts et chaussées, intendant général des finances, se montra dans ces divers emplois économe, juste et ferme, et s'efforça de favoriser l'industrie. On lui doit la fondation de l’École des ponts et chaussées (1747). Il était membre de l'Acad. des sciences. Son nom a été donné à une avenue de Paris. — Son fils, Ch. Philibert Trudaine de Montigny, 1733-77, lui succéda dans l'intendance des finances. Joignant au talent de l'administrateur le goût des sciences, il fut admis à l'Académie des sciences comme membre honoraire. — Les deux fils de ce dernier périrent sur l'échafaud révolutionnaire en 1794.

TRUGUET (l'amiral), né en 1752, m. en 1839, était fils du directeur du port de Toulon. Il fit la campagne d'Amérique comme attaché à l'état-major au comte d'Estaing, auquel il sauva la vie à l'assaut de Savannah; fut nommé contre-amiral en 1792, contribua à la prise de Nice, châtia la trahison de la ville d'Oneille, mais fit une tentative inutile contre Cagliari, et se vit forcé par l'insubordination des troupes de rentrer à Toulon; fut fait vice-amiral en 1794; et appelé par le Directoire au ministère de la marine, arma, de concert avec le général Hoche, une flotte destinée à opérer en Irlande une descente, que les éléments contraires empêchèrent d'effectuer; fut remplacé au ministère en 1797 ; commanda, lors du projet d'invasion en Angleterre, une flotte de 21 vaisseaux, fut investi en 1809 du gouvernement des provinces maritimes de la Hollande, et fit bénir son administration. Il fut élevé à la pairie en 1819 et nommé amiral en 1831. L'amiral Roussin a lu son Éloge funèbre à la Chambre des pairs en 1840.

TRUN, ch.-l. de cant. (Orne), sur la Dive, à 13 k. N. E. d'Argentan; 1626 hab.

TRUXILLO ou TRUJILLO, Scalabris ou Turris Julia des Romains, v. d'Espagne (Estramadure), sur une montagne, dans la prov. et à 45 k. E. de Cacérès; 5000 hab. Château fort, murailles et tours. Belle place carrée, palais des ducs de San-Carlos, hôpital du St-Esprit. Pizarre, Garcia de Paredes, Orellana naquirent à Truxillo. Cette v. existait dès le temps des Romains; elle fut enlevée aux Maures en 1233.

TRUXILLO, v. du Venezuela, ch.-l. de la prov. de son nom; 8000 hab. Fondée en 1570 ; ravagée en 1678 par le flibustier français Grammont, elle se releva lentement. — La prov. de Truxillo fait partie du dép. de Zulia et est bornée au N. par la prov. de Venezuela : 175 kil. sur 100; 55 000 hab.

TRUXILLO, v. du Pérou, ch.-l. du dép. de Livertad, à 2 kil. du Grand-Océan, à 580 kil. N. O. de Lima; 15 000 hab. Évêché. Les maisons n'ont qu'un étage, vu la fréquence des tremblements de terre. Aux env., restes de monuments péruviens. Truxillo fut fondée en 1535 par Pizarre.

TRUXILLO, v. du Honduras, ch.-l. de la prov. de son nom, près de la baie de Truxillo, baie de la mer des Antilles, sur laquelle elle a un port, à 355 kil. N. O. de Comayagua; env. 10 000 hab. Fondée par Las Casas en 1524, prise et détruite par les Hollandais en 1643, elle a eu peine à se relever depuis.

TRYPHIODORE, grammairien et poète grec du Ve ou du VIe s., né en Égypte, a laissé divers poèmes, dont un seul (la Destruction de Troie, en 680 vers) nous est parvenu. Il avait composé une Odyssée lipogrammatique, en 24 chants, dans chacun desquels était omise une des 24 lettres grecques. Les meilleures éditions de Tryphiodore sont celles de Northmore, Londres, 1804, de Wernicke, Leips., 1819, et de Kœchly, Leips., 1860. On le joint souvent à Quintus de Smyrne. Trad. fr. par Dehèque (Annuaire de l'Assoc. des Études grecques, 1872).

TRYPHON (DIODOTE, dit), usurpateur en Syrie, servit d'abord Alexandre I (Bala). Tuteur du fils de ce prince (Antiochus VI ou Antiochus Théos II) de 143 à 140 av. J.-C., il le fit périr et s'assit sur le trône à sa place, mais fut combattu sans relâche par Antiochus VII (Sidète), et réduit à se réfugier dans Apamée, où il se donna ou reçut la mort (133 av. J.-C.).

TRYPHON (SALVIUS, dit), joueur de flûte, qui fut proclamé roi par les esclaves révoltés en Sicile (104 av. J.-C.). Enfermé dans Triocala, il résista quelque temps aux armées romaines, mais il fut battu et pris en 99 par le proconsul Aquilius.

TSAR. V. CZAR.

TSCHIRNHAUSEN (Ehrenfried WALTHER DE), physicien et géomètre, né en 1651 dans la Hte-Lusace, d'une famille noble et riche, m. en 1708, servit en 1672 contre la France, puis voyagea en Angleterre, en Italie, en Sicile, en Allemagne, vint quatre fois à Paris, et y fut nommé membre associé de l'Académie des Sciences. Il perfectionna les instruments d'optique, établit de superbes verreries en Saxe, fabriqua un verre de lunette convexe des deux côtés, qui avait 32 pieds (10m,70) de foyer et 1 pied (0m,33) de diamètre, et des verres brûlants d’une grande puissance, dits Caustiques de Tschirnhausen ; on lui doit aussi la découverte d’une porcelaine semblable à celle de la Chine. Outre des Mémoires, dans le recueil de l’Acad. des sciences, il a laissé quelques ouvrages, dont les plus estimés sont : Medicina corporis, Amst., 1686, et Medicina mentis, Amst., 1687 : ce dernier est un traité de logique spécialement destiné à former des géomètres.

TSCHUDI (Gilles), le Père de l’histoire suisse, né à Glaris en 1505, m. en 1572, était catholique, quoiqu’ayant eu Zwingle pour précepteur. Il remplit divers emplois dans sa patrie, et laissa, entre autres écrits, la Chronique de la Suisse, de l’an 1000 à 1470 (en allem.), Bâle, 1734, 2 vol. in-fol. ; De prisca ac vera Alpina Rhætiæ, cum Alpinarum gentium tractu, Bâle, 1530 et 1560, et des Cartes de la Suisse, 1560.

TSEU-SSÉ, philosophe chinois, petit-fils de Confucius, né vers 515 av. J.-C., mort vers 453, hérita de la réputation de sagesse de son aïeul, et composa plusieurs ouvrages de morale, dont le plus célèbre est l’Invariable milieu (Tchoung-young) : comme Aristote, il place la vertu dans le milieu entre les excès. Ce traité a été trad. en latin par le P. Intorcetta et par le P. Noël, dans les 6 livres classiques de l’empire chinois, et en français, par le P. Cibot. Abel Rémusat en a publié le texte chinois et mandchou, avec traductions lat. et franç. (dans les Notices et extraits des manuscrits, tome X).

TSIAMPA, prov. de l’extrême Asie, dans l’Inde au delà du Gange, au S. de la Cochinchine, entre 10° 18′-12° 5′ lat. N. et 104° 35′-106° 35′ long. E., était jadis un royaume considérable qui comprenait la Cochinchine ; auj. c’est une prov. de l’empire d’Annam. Pays montagneux, habitants sauvages.

TSIN, TSING, dynasties chinoises.V. THSIN et CHINE.

TSOU-SIMA, île et prov. du Japon, dans le détroit de Corée, a 80 kil. de long ; ch.-l., Fou-Tsiou.

TUAM, v. d’Irlande (Galway), à 31 kil. N. E. de Galway, 7000 hab. Archevêché catholique, métropolitain de tout le Connaught ; évêché anglican.

TUBALCAIN, fils de Lamech, né vers 2975 av. J.-C., passe pour avoir inventé l’art de travailler le fer et l’airain. Son nom rappelle celui de Vulcain.

TUBÉRON, L. Ælius Tubero, grand ami de Cicéron, le suivit comme lieutenant en Asie, et combattit à Pharsale pour Pompée contre César. Il obtint son pardon du dictateur. Il avait composé une Histoire romaine, auj. perdue. — Son fils, Quintus T., Pompéien ainsi que lui, obtint aussi son pardon. Pour flatter César, il voulut mettre obstacle au rappel de Ligarius, accusé d’avoir combattu en Afrique : c’est à cette occasion que Cicéron prononça le Pro Ligario. Q. Tubéron était habile jurisconsulte : il reste de lui quelques fragments dans les Institutes.

TUBERTUS (A. Posthumius), dictateur en 429 av. J.-C., battit complètement les Volsques et les Èques. Comme Manlius, il fit mettre à mort son propre fils, qui avait combattu contre son ordre.

TUBINGUE, v. du Wurtemberg (Forêt-Noire), sur le haut Necker, à 32 kil. S. O. de Stuttgard ; 9000 h. Université célèbre (fondée en 1477), comprenant 6 facultés, avec une bibliothèque et de riches collections : tribunaux. Pfalz ou château ducal au XVIe s. ; église St-George, contenant les tombeaux de plusieurs souverains du Wurtemberg ; Rathaus ou hôtel de ville, bâti en 1455. Patrie de Gmelin. — Jadis résidence des comtes palatins de Souabe, Tubingue fut achetée en 1342 par le comte Ulric de Wurtemberg. Le pacte dit Tübinger-vertrag, qui a été jusqu’à nos jours la charte du Wurtemberg, y fut signé en 1514. Tubingue souffrit beaucoup pendant la guerre de Trente ans ; elle fut ravagée par les Français en 1688.

TUCHAN, ch.-l. de c. (Aude), à 60 kil. S. E. de Carcassonne ; 1155 hab. Moulins à huile, eaux-de-vie.

TUCKER (Abraham), moraliste anglais, né à Londres en 1705, m. en 1774, voyagea pour son instruction, et publia, en 1768 et années suiv. : The light of nature (la Lumière de la nature), 7 vol. in-8, ouvrage estimé, où il traite de métaphysique, de morale, de religion et de politique. On a aussi de lui : Avis d’un gentilhomme campagnard à son fils.

TUCKEY (J. KINGSTON), navigateur, né à Greenhill (Irlande) en 1776, mort en 1816, reconnut vers 1803 le Port-Philipp (Nouv.-Hollande) et la côte voisine sur le détroit de Bass, fut 9 ans prisonnier en France sous l’Empire, fut chargé en 1816 d’explorer le Zaïre, afin de rechercher si ce n’était pas le même fleuve que le Niger, et mourut de ses fatigues, après avoir remonté près de 400 kil. dans l’intérieur de l’Afrique. On a les Relations de ses deux voyages (1805, 1818). L’Expédition de Zaïre a été trad. dès 1818.

TUCUMAN (SAN-MIGUEL de), v. de la confédération de Rio de la Plata, capit. de l’État de Tucuman, à 1160 kil. N. O. de Buénos-Ayres, par 67° 16′ long. O. et 26° 49′ lat. S. ; 12 000 hab. Évêché. — Tucuman a été fondée en 1685. Les insurgés y battirent les Espagnols en 1812. Il s’y tint en 1816 un congrès où fut proclamée l’indépendance des Provinces-Unies de Rio de la Plata, — L'État de Tucuman a pour bornes ceux de Santiago à l’E., de Catamarca au S., de Rioja à l’O., de Salta au N. : 385 k. de l’E. à l’O. sur 230 ; env. 90 000 hab. Mont. à l’O. (les Andes) ; vastes plaines ailleurs : nombreuses rivières, climat doux et sain, sol fertile (riz, maïs, coton, tabac, cacao, fruits, etc.) ; beaucoup de bois.

TUDELA, Tutela, v. d’Espagne (Pampelune),sur l’Èbre, à 60 kil. S. de Pampelune ; 8000 hab. Évêché, suffragant de Burgos. Savon mou, gros lainages, tuiles, briques, huiles, etc. Patrie de Benjamin Tudèle. Cette ville existait sous les Romains ; le roi Alphonse la prit aux Maures en 1115. Le général Lannes y défit Castagnos le 23 nov. 1808.

TUDLINGEN, v. du Wurtemberg (Forêt-Noire), à 110 kil. S. O. de Stuttgard et à 32 kil. S. O. de Sigmaringen ; 5000 hab. Les Français, commandés par Rantzau, y furent défaits par les Impériaux en 1643.

TUDOR (Owen), tige de la maison royale de Tudor, était d’une des premières familles du pays de Galles. Il sut se faire aimer de Catherine, veuve du roi d’Angleterre Henri V, qui l’épousa secrètement ; il en eut un fils, Edmond Tudor, comte de Richemond, qui épousa Marguerite de Lancastre, issue d’Édouard III par Jean de Gand ; Edmond fut père de Henri Tudor qui monta sur le trône sous le nom de Henri VII, après avoir renversé Richard III (d’York). Les Tudor avaient embrassé le parti de Lancastre : Owen Tudor fut pris à la bat. de Mortimer’s Cross et décapité en 1461 par ordre du duc d’York (Édouard IV), mais Henri Tudor releva le parti de Lancastre et le fit triompher. La maison de Tudor régna depuis 1485 jusqu’à l’avénement des Stuarts en 1603 ; elle compte 5 souverains : Henri VII, Henri VIII, Édouard VI, Marie et Élisabeth.

TUFFÉ, ch.-l. de c. (Sarthe), à 33 kil. S. E. de Mamers ; 1704 hab. Toiles, poterie, faïence.

TUGEND-BUND, c.-à-d. lien de vertu, société secrète formée en 1813 par les étudiants de l’Allemagne, dans le but apparent d’expulser les Français du sol de la patrie. Elle finit par donner de l’ombrage aux souverains de l’Allemagne, et fut dissoute en 1815. Le fanatique Sand en faisait partie.

TUGÈNES, Tugeni, une des 4 nations principales de l’Helvétie au temps de César. Ils habitaient à l’E. du lac de Zurich, dans le Tockembourg.

TUGGURT, v. d’Algérie (Constantine), dans le Zab, à 300 kil. S. E. de Biskara. Centre d’approvisionnement pour les nomades du Sahara. Occupée en 1854.

TUILERIES (Palais et Jardin des), palais du souverain de la France, à Paris, a été ainsi nommé parce qu’il a été bâti sur l’emplacement d’une anc. fabrique de tuiles. Il est situé dans la partie O. de la ville, sur la r. dr. de la Seine, entre la place du Carrousel à l’E., celle de la Concorde à l’O., la rue de Rivoli au N., et le quai des Tuileries au S. Il se compose de 3 grands pavillons : le pavillon de Marsan au N., celui de Flore au S. et celui de l’Horloge au centre. Il est joint au Louvre par un magnifique palais, construit sous Napoléon III de 1851 à 1856. — Le terrain des Tuileries fut acquis en 1518 par François I ; le palais fut commencé en 1564 par ordre de Catherine de Médicis, sur les plans de Philibert Delorme, et continué après lui par Jean Bullant et Le Vau (sous Louis XIV). Napoléon I, le roi Louis-Philippe et surtout Napoléon III y ont exécuté d’importantes restaurations. Le jardin, commencé en 1600, sous Henri IV, fut achevé sous Louis XIV par Le Nôtre. Les Tuileries n’ont guère été la résidence des souverains que depuis Louis XV. Pendant la République, les séances de la Convention, puis celles du Conseil des Anciens se tenaient aux Tuileries. Le 1er consul y fixa sa résidence dès 1800, et depuis ce palais a toujours été occupé par le souverain. Il a été envahi par le peuple de Paris insurgé le 10 août 1792, le 28 juillet 1830 et le 24 février 1848, et incendié le 24 mai 1871 par les derniers défenseurs de la Commune.

TULA, riv. du Mexique, naît dans le N. de l’État de Mexico, parcourt celui de Queretaro, sépare les États de San-Luis-de-Potosi et de Vera-Cruz, et se jette dans le golfe du Mexique à Tampico, par 28° 20' lat. N., sous le nom de Panuco ; cours, 450 kil. — Sur ses bords, près de sa source, dans l’État de Mexico, est une ville de Tula, anc. capitale des Toltèques, qui a donné son nom à des comtes espagnols issus de Montézuma.

TULANCINGO, bg de Mexique (Mexico), à 90 kil. N. E. de Mexico. Titre d’évêché. Beau couvent de Franciscains.

TULLAMORE, v. d’Irlande (Leinster), capit. du comté du Roi, sur le Grand-Canal, au centre du marais d’Allen, à 110 kil. O. S. O. de Dublin ; 6500 h. Ce n’était qu’un petit village en 1790.

TULLE, Tutela, ch.-l. du dép. de la Corrèze, sur la r. dr. de la Corrèze, à 472 k. S. de Paris ; 12 410 h. Évêché (dont Mascaron fut titulaire) ; trib. de 1re inst. et de commerce ; collége, école normale. Assez belle cathédrale de St-Martin, surmontée d’une flèche très-hardie, hôtel de préfecture, palais de justice. Manufacture impériale d’armes à feu, papier, cartes à jouer, clous, bougie, chandelle, lainages communs, dentelles renommées, connues sous le nom de tulles. Patrie d’Ét. Baluze. — Tulle paraît devoir son origine à un monastère de St-Benoît, fondé au VIIe s. Elle s’agrandit et devint la capit. du Bas-Limousin. Prise par les Anglais en 1346 et 1369.

TULLIE, Tullia, fille du roi Servius Tullius, et femme d’Aruns. Cette femme dénaturée fit périr son mari pour épouser Tarquin, fut l’âme du complot que trama celui-ci contre Servius, et fit passer son char sur le corps sanglant de son père (534).

TULLIE, fille de Cicéron (Tullius) et de Terentia, née en 77 av. J.-C., fut mariée plusieurs fois, épousa en dernier lieu Dolabella, et mourut probablement en couches, à 32 ans (46 av. J.-C.). Son père fut profondément affligé de sa mort : c’est pour se distraire de sa douleur qu’il composa le Traité de la Consolation, qui ne nous est pas parvenu. Cicéron la désignait affectueusement par le diminutif de Tulliola.

TULLINS, ch.-l. de c. (Isère), à 22 kil. N. E. de St-Marcellin ; 4566 hab. Chanvre, eau de cerises, usines à acier et cuivre.

TULLIUS, nom de la famille de Cicéron ; cet orateur est souvent désigné par ce seul nom.

TULLIUS (SERVIUS), roi de Rome. V. SERVIUS.

TULLUS HOSTILIUS, 3e roi de Rome (671-639 av. J.-C.), fit contre Albe deux guerres qui furent signalées, la 1re par le combat des Horaces et des Curiaces, la 2e par la destruction d’Albe, après la trahison de Métius Suffétius ; soumit aussi les Fidénates et les Véiens, défit les Sabins et porta le nombre des chevaliers de 300 à 900. Il mourut frappé de la foudre après avoir, prétendit-on, omis quelque formalité dans un sacrifice qu’il offrait à Jupiter.

TULLUS (ACTIUS), prince des Volsques, ennemi des Romains, donna asile à Coriolan exilé (489 av. J.-C.).

TUNES ou TUNESIUM, auj. Tunis, v. d’Afrique, dans la Zeugitane, près de Carthage, dont elle était sujette, devint florissante après la ruine de Carthage. Régulus y fut défait par Xantippe (256 av. J.-C.).

TUNIQUE. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

TUNIS, Tunes chez les anciens, v. d’Afrique, capit de l’État de Tunis, sur la Méditerranée, au fond de la vaste lagune de Boghaz, à 620 kil. E. d’Alger, par 8o  long. E., 36° 44' lat. N. ; env. 120 000 hab. (dont 30 000 Juifs et 15 000 chrétiens). Citadelle, plusieurs forts ; bon port, dit la Goulette. La ville, laide et sale, a des rues tortueuses et non pavées. Les seuls monuments sont le beau palais mauresque du dey, l’aqueduc, la bourse. Velours, soieries, toiles, calottes rouges renommées, dites bonnets tunisiens. Commerce très actif. — Tunis est tout près de l’emplacement de Carthage. Du temps de cette célèbre cité, ce n’était qu’un hameau : son importance date de la destruction de celle-ci par les Arabes. Les Normands s’en emparèrent, mais Abd-el-Moumen les en chassa (1159). Tunis fut le but de la dernière croisade : c’est au siége de cette place que S. Louis mourut de la peste, en 1270 (en 1841 ; la France a élevé une chapelle au saint roi près de l’endroit où il mourut). Charles-Quint prit en 1535 le port de la Goulette, défendu par Barberousse ; mais, sous Philippe II (1574), Occhiali le reprit aux Espagnols.

TUNIS (Régence de), le moins vaste, mais le plus peuplé des États barbaresques, entre l’Algérie à l’O. et l’État de Tripoli à l’E., a 580 kil. (du N. au S.) sur 290, et env. 2 500 000 hab. ; capit., Tunis. Très-peu de montagnes. Rivières : la Medjerda, plus quelques faibles cours d’eau ; quatre lacs, entre autres celui de Loudéah ou des Marques, et celui de Tunis, à l’E. de la ville. Climat chaud ; sol extrêmement fertile : il produit tous les fruits de l’Europe méridionale et partie de ceux des régions équinoxiales ; les dattes de Tunis passent pour les meilleures de l’Afrique. Mines d’argent, cuivre, plomb, mercure, beaucoup de sel, eaux minérales et thermales. Très-beaux chevaux barbes, chameaux très-sobres, pigeons énormes. Population très-mêlée (Maures, Turcs, Koulouglis, Juifs, chrétiens et renégats). Industrie assez active, mais qui se borne à quelques articles (savon, lainages, maroquins, châles carrés, calottes rouges. Grand commerce, surtout avec l’intérieur de l’Afrique ; le bey en a presque exclusivement le monopole et l’afferme à une compagnie de Juifs. Le gouvernement est monarchique et électif ; il est exercé par un bey élu par l’armée, mais qui reçoit l’investiture du sultan. — Le pays de Tunis répond au territoire de Carthage. Sous les Romains, il formait les deux prov. d’Afrique propre et de Byzacène. Il fit ensuite partie du roy. des Vandales, de l’empire d’Orient sous Justinien et ses successeurs, du vaste empire des califes (VIIe s.), de l’État des Aglabites de Kairouan (800), des Fatimites (909), puis des Zéirites (972), et des Almohades (1160). En 1206, les Hafsites y fondèrent une souveraineté indépendante, qui dura plusieurs siècles. En 1534, Barberousse prit Tunis au nom des Turcs, mais dès l’année suiv. le prince détrôné fut restauré par Charles-Quint. En 1573, les Espagnols furent chassés, et le Turc Sinan pacha soumit ce pays à l’autorité du Grand Seigneur. Après un siècle environ, les janissaires turcs, qui formaient la garde des pachas, s’arrogèrent le droit d’élire un chef, dit Bey, qui se rendit de plus en plus indépendant de la Porte. Ces élections militaires ont causé de fréquentes révolutions. Depuis la prise d’Alger, les beys de Tunis ont vécu en bonne intelligence avec la France et ont établi dans l’administration du pays de notables améliorations : le bey régnant (Méhémed-Sadik) a même donné en 1860 à ses sujets une constitution fort libérale. TUNJA, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de prov., sur une hauteur, à 97 kil. N. N. E. de Bogota; 7000 h. Université, collège. Tissage de laine et de coton; fabriques de tabac. Ville jadis considérable, et capit. d'un État important. C'est aux environs que Bolivar remporta sur les Espagnols la victoire décisive de Boyaca. — La prov. de Tunja, située vers le S. O., compte env. 24 000 hab.

TUNNEL, passage souterrain sous la Tamise. V. TUNNEL dans notre Dict. univ. des Sciences.

TURBIE (la), vge des Alpes maritimes, à 12 kil. N. E. de Nice, sur une haute mont. qui domine Monaco et d'où l'on aperçoit la Corse et l'Apennin.

TURBIGO, bg du Milanais, sur la r. g. du Tessin, à quelques kil. N. N. E. de Magenta. C'est là que Napoléon III passa le Tessin, repoussant les Autrichiens, qui s'opposaient à son passage (3 juin 1859).

TURCKHEIM, jadis Turingheim, ch.-l. de cant. (Ht-Rhin), sur le Kecht, au pied des Vosges, à 6 k. O. de Colmar; 2946 hab. Vin estimé. — C'est une des 3 villes impériales qui formaient la seigneurie de Kaisersberg. Turenne y battit les Impériaux commandés par l'électeur de Brandebourg (1675).

TURCOING, v. de France. V. TOURCOING.

TURCOMANS, grande race de la famille turque, est répandue dans le Turkestan, la Perse, le roy. d'Hérat, le Kaboul, la Russie caucasienne et l'Asie ottomane; toutefois, elle n'est pas la seule qui occupe ces pays, et dans les 3 premiers seulement elle est la race dominante. On appelle spécialement Pays des Turcomans la partie comprise entre la mer Caspienne, le lac Aral et le Khanat de Khiva.

TURCS, peuple asiatique formant une grande famille de la race indo-germanique, a longtemps habité presque exclusivement le Turkestan indépendant et les régions situées au N. de la Chine. Ils vinrent au Xe s. se fixer en Perse et dans l'Asie-Mineure, entraînant à leur suite des peuplades alliées ou soumises, avec lesquelles on les a souvent confondus (V. TARTARES). Les Turcs formèrent dans les pays conquis de nombreuses dynasties, dont les plus célèbres sont celles des Gaznévides, des Seldjoucides et des Ottomans (V. ces noms). La famille turque a donné naissance à un grand nombre de races, dont plusieurs ont disparu, entre autres les Khazars, les Hoéikes, les Ouigours (d'où sortirent les Hongrois). Parmi les races turques qui existent encore se distinguent : 1° les Ottomans, les plus civilisés de tous, qui dominent dans la Turquie d'Europe et la Turquie d'Asie; 2° les Turcomans, dans le Turkestan, la Perse, le Caboul ; 3° les Touraliens ou Tartares de Sibérie; 4° les Uzbeks, qui dominent dans le Turkestan ; 5° les Kirghiz (subdivisés en Bourouts et Kaïsaks) ; 6° les Yakoutes et les Tchouvaches.

TURDETANI, peuple de la Bétique, à l'E. de l'Anas, à l'O. des Bastuli, avait pour v. principale Gades. Le Bétis traversait leur pays, qui forme la partie S. O. de l'Andalousie. — Soumis par Carthage, puis par Scipion pendant la 2e guerre punique, les Turdetani participèrent à l'insurrection de 197, mais furent assujettis de nouveau par P. Manlius en 195.

TURDULI, peuple de la Bétique, sur les rives du Bétis, dans la moyenne partie de son cours, avait pour bornes au N. les Oretani, au S. les Turdetani. Ses villes principales étaient Astapa, Illiturgis, Corduba. Il occupait les prov. de Cordoue et Séville.

TURENNE, petite v. de l'anc. Limousin, auj. dans le dép. de la Corrèze, à 12 kil. S. E. de Brives-la-Gaillarde ; 2210 hab. Vieux château. Jadis ch.-l. d'une vicomte, située entre le Limousin et le Périgord, et qui comprenait, outre Turenne, Beaulieu, Brivezac, Estaillac, Arnac-Pompadour, Estivaux et Espagnac. Cette vicomté, qui remonte au IXe siècle, relevait des ducs de Guyenne, comtes de limoges, mais elle se maintint longtemps indépendante à la faveur des querelles des rois de France et d'Angleterre qui se disputaient la Guyenne. Elle ne fut définitivement réunie à la couronne que par Louis XV, qui l'acheta en 1736. Cette vicomté, après avoir appartenu à diverses maisons, fut acquise en 1350 par Guillaume Roger de Beaufort, puis elle passa en 1544 dans la maison de La Tour d'Auvergne, par le mariage d'Anne de Beaufort, vicomtesse et héritière de Turenne, avec Agne de La Tour d'Auvergne; c'est de cette dernière maison que sont sortis Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et duc de Bouillon, et son fils, le célèbre Turenne.

TURENNE (H. DE LA TOUR D'AUVERGNE, vicomte de), maréchal de France, fils de H. de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et duc de Bouillon (V. BOUILLON), naquit à Sedan en 1611, d'une famille qui professait la religion réformée, servit 5 ans sous ses oncles Maurice et Henri de Nassau, puis fit la guerre en Lorraine et en Italie, reçut de Mazarin le bâton de maréchal en 1645 et remplaça Rantzau à l'armée du Rhin. Il recueillit les débris des troupes vaincues à Tudlingen, soutint avec Condé les efforts de Mercy (1644), fut battu à Mariendal (1645), mais opéra une belle retraite; vainquit à son tour à Nordlingen, se joignit à Wrangel dans la Hesse et remporta avec lui les vict. de Lavingen et de Sommershausen, qui hâtèrent la conclusion du traité de Westphalie (1648). Égaré par une folle passion pour la duchesse de Longueville, Turenne se jeta dans le parti de la Fronde après l'arrestation des princes (1650); il prit pour les Frondeurs quelques villes, Rethel, Château-Porcien, marcha sur Vincennes, mais sans pouvoir enlever les prisonniers, qui avaient été conduits ailleurs, et fut défait par le maréchal du Plessis-Praslin près de Rethel même (15 déc). Rentré dans le devoir dès l'année suivante, il sauva la cour en repoussant, à Bléneau, près de Gien, les Frondeurs, que commandait Condé (avril 1652), battit ce prince au faubourg St-Antoine (à Paris), et ouvrit au roi les portes de la capitale; il vainquit encore Condé à Arras (1654) et aux Dunes (1658), s'empara de Dunkerque, et hâta par ses victoires la signature du traité des Pyrénées. Il reçut en récompense le titre de maréchal général (1660). En 1667, il prit la Flandre en 3 mois; en 1672, il fit face, avec des forces très-inférieures, au prudent Montecuculli; marchant ensuite contre le parjure électeur de Brandebourg, il le vainquit à Sintzheim (1674), et punit le prince Palatin, son allié, en mettant à feu et à sang le Palatinat. Il eut bientôt à tenir tête à des armées d'Impériaux supérieures en nombre, fit une admirable retraite dans laquelle il se surpassa lui-même, gagna les deux victoires de Mulhausen et de Turckheim, rejeta ainsi l'ennemi à l'E. du Rhin (1675), puis attira Montecuculli sur un terrain de son choix, à Saltzbach; déjà il comptait le vaincre, quand il fut frappé d'un boulet (27 juillet). Le génie de Turenne a moins d'éclat que celui de Condé; ce grand capitaine a pourtant gagné autant ou même plus de batailles décisives, et il a réparé plus de graves échecs : c'était le premier tacticien de l'Europe; il préparait ses plans de longue main, sans rien donner au hasard ; en outre, il se faisait une loi d'épargner le sang des soldats. A ses talents militaires Turenne joignait toutes les qualités de l'homme privé, la bonté, la modestie, le désintéressement. Né dans la religion protestante, il fut converti au Catholicisme par Bossuet, et abjura en 1668. La Vie de Turenne a été écrite par Sandras de Courtilz, par Raguenet, et par Ramsay. Mascaron et Fléchier prononcèrent son oraison funèbre. Il a laissé des Mémoires (publiés en 1782 par Grimoard, 2 vol. in-fol.). Sedan lui a élevé une statue.

TURGOT (Anne Robert Jacq.), baron de l'Aulne, ministre et économiste célèbre, né en 1727 à Paris, m. en 1781, était fils d’Étienne Turgot, prévôt des marchands sous Louis XV, à qui Paris doit d'importantes améliorations. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, et nommé en 1749 prieur de la Sorbonne, il prononça en cette qualité un discours remarquable sur les progrès du genre humain, qui annonçait la direction de ses idées. Il rentra en 1752

dans la vie laïque et devint en 1753 maître des requêtes; se fit bientôt une haute réputation de savoir par ses ouvrages sur l’économie politique et par ses relations avec les penseurs de l’époque, fut nommé intendant de la généralité de Limoges (1761) et rendit à cette province des services éminents en diminuant les impôts, réparant les routes, rétablissant la libre circulation des grains, organisant des bureaux de charité. En 1774, il fut appelé par Louis XVI au ministère de la marine, et un mois après au contrôle général des finances : il tenta d’utiles réformes, et put en établir quelques-unes (libre circulation des grains, abolition de la corvée et des jurandes), mais ses efforts vinrent échouer contre la coalition du clergé, de la noblesse, de la haute finance et des parlements, qui se croyaient atteints dans leurs privilèges. On travestit toutes ses mesures, et, après deux ans de lutte, on parvint à le faire écarter (1776). Il mourut cinq ans après, dans la retraite. Il avait été nommé membre honoraire de l’Académie des inscriptions. Turgot était un homme ferme, droit et de bonne foi, mais il n’avait pas cet art des expédients et cette adresse qui sont nécessaires à la cour ; il eut aussi une trop grande confiance dans l’ascendant de la justice et de la vérité : son malheur fut d’être venu quelques années trop tôt. Turgot avait beaucoup écrit sur l’économie, la politique, la métaphysique et la littérature; on a même de lui des vers français et latins estimés; il fournit à l'Encyclopédie d’excellents articles sur l’économie politique, le commerce et les finances. Parmi ses écrits, on remarque sa Lettre sur la tolérance civile (1754), ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766), où il cherche à concilier les doctrines de Quesnay et de Gournay, ses Lettres sur la liberté du commerce des grains. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Dupont de Nemours, 1808-11, 9 v. in-8, et rééditées par E. Daire, 1844. Sa Vie a été écrite par Condorcet et son Éloge par Baudrillart, 1846. On doit en outre à MM. Tissot (de Dijon), Batbie, Mastier et d’Hugues d’intéressantes Études sur Turgot.

TURICUM, nom latin de Zurich.

TURIN, Bodincomagus, Taurasia, Colonia Julia Augusta Taurinonum chez les anciens, Torino en italien, capit. des anciens États sardes et quelque temps du royaume d’Italie, ch.-l. de l’intendance de Turin et de tout le Piémont, sur le Pô et la Doire, à 825 kil. S. E. de Paris; 205 000 hab. Siège du gouvernement et résidence de toutes les autorités centrales; archevêché (érigé en 1515); université très-fréquentée, qui date de 1405; collège, académie militaire. Turin est une des plus belles villes de l’Europe : les rues, tirées au cordeau, se coupent à angle droit, et ont des arcades semblables à celles de la rue de Rivoli (à Paris) ; on y remarque les rues du Pô, de la Doire et Neuve; les places St-Charles, du Château, Victor-Emmanuel et d’Italie; la cathédrale et les églises de St Laurent, du St-Sacrement, de Ste-Thérèse, des Jésuites, des Feuillants ou Consolata; les palais du Roi, des ducs de Savoie, du prince de Carignan, le grand théâtre, l’arsenal. Académie royale des sciences, académie royale des beaux-arts, société d’agriculture; bibliothèque très-riche, galerie de tableaux (au palais Madama), musée d’antiquités, magnifique musée égyptien, cabinets de médailles, d’histoire naturelle, de physique ; jardin botanique, observatoire. Industrie active : soieries, velours, damas, liqueurs, chocolat; verreries, porcelaine; fonderie de canons, manufacture royale d’armes et de poudre. Plusieurs chemins de fer. Patrie du mathématicien Lagrange. — Turin était la capit. des Taurini, peuplade d’origine gauloise : ses habitants ayant refusé de prendre parti pour Annibal, ce général la saccagea. Les Romains en firent une colonie sous Jules-César(d’où son nom de Colonia Julia); Auguste l’embellit. Sous les Lombards, elle fut le ch.-l. d’un des trente duchés de cette monarchie : elle devint en 1281 la capit. des ducs de Savoie. Son importance date surtout de la réunion de la Savoie et du Piémont. Les Français la prirent en 1640, mais ils l’assiégèrent vainement en 1706; ces 2 sièges, surtout celui de 1706, sont au nombre des sièges les plus mémorables. Occupée par les Français en 1796, 1798, 1800, elle fut démantelée cette dernière fois; elle devint le ch.-l. du dép. du Pô et resta comprise dans l’empire jusqu’en 1814. Louis XIV signa en 1696 à Turin avec le duc de Savoie un traité par lequel il restituait à ce prince les villes conquises et stipulait le mariage de la fille du duc avec un de ses petits-fils. — L’intend. générale de Turin, qui comprend la plus grande partie du Piémont, est située entre celles d’Aoste au N., de Coni au S., de Novare et d’Alexandrie à l’E., la Savoie à l’O. : env. 100 kil. sur 90; 942 000 h.; elle se divise en 5 provinces : Turin, Bielle, Suse, Ivrée et Pignerol : la prov. de Turin compte à elle seule près de 300 000 h.

TURKESTAN, région d’Asie, habitée par les Turcs, et nommée aussi Tartarie, se distingue en 2 parties : le Turkestan chinois et le Turkestan indépendant.

TURKESTAN CHINOIS, dit aussi Petite-Boukharie, en chinois Thian-chan-nan-lou, vaste contrée de l’Asie centrale, qui forme la prov. la plus occid. de l’empire chinois, a pour bornes à l’O. le Turkestan indépendant, au S. le Thibet et le Kaboul, au N. la Dzoungarie, à l’E. le pays de Khoukhounoor et la Chine : 1900 kil. de l’E. à l’O., sur 800 de largeur moyenne; env. 2 000 000 d’hab. Point de capitale : mais Kachgar et Yarkand sont les plus grandes villes; Aksou est la résidence du commandant chinois. De hautes montagnes entourent ce pays, sauf à l’E. ; au centre sont de vastes plaines. Le fleuve principal est l’Yarkand. On y trouve plusieurs déserts, mais le sol est fertile en beaucoup d’endroits et nourrit de nombreuses espèces animales, chevaux sauvages, bœufs, chameaux, moutons à cornes tordues, dits argalis. Les montagnes recèlent de l’or et des pierres précieuses; salpêtre, soufre. Le Turkestan chinois a encore beaucoup de peuplades nomades. Les habitants sont les uns des Turcs véritables, les autres des Mongols (ceux-ci moins nombreux). La langue appartient à la famille des langues turques. La religion dominante est le mahométisme. — L’histoire du Turkestan chinois est à peu près inconnue. Déjà soumis par les Mongols, il tomba en 1758 au pouvoir des Mandchoux, maîtres de la Chine ; d’abord tributaire seulement, il est auj. province sujette. En 1827, il fut le théâtre d’une insurrection terrible.

TURKESTAN INDÉPENDANT ou TARTARIE INDÉPENDANTE, la Sogdiane et la Scythie Transoxiane des anciens, à l’O. du Turkestan chinois et du Thian-chan-pelou, au S. des Kirghiz, au N. de l’Hindoustan et du Kaboul, à l’E. de la mer Caspienne et de la Russie, s’étend entre 36° et 51° lat. N., 47° et 80° long. E., et compte env. 9 000 000 d’hab. Il renferme une foule d’États de toutes dimensions dit khanats ; les principaux sont ceux de Boukhara, Khiva, Khokand, Hissar, Badakchan, Koulm, Balkh. Le pays, assez montueux à l’E., est compris dans la grande dépression centrale du continent asiatique, qui semble indiquer que ce fut autrefois le lit d’une vaste mer dont les mers Caspienne et d’Aral sont les restes. L’Amou ou Djihoun, le Sibounou Syr-Daria en sont les fleuves principaux. Le pays se compose en grande partie de steppes; on y trouve quelques cantons fertiles. Les habitants ne manquent pas d’industrie, mais ils sont surtout adonnés au commerce (notamment les Boukhares). Presque tous sont de race turque et musulmans Sunnites. Désigné par les plus anciens écrivains de la Perse sous le nom de Touran, le Turkestan fut dans les temps antéhistoriques le théâtre des combats que se livrèrent les deux races. Iranienne ou Persane et Touranienne, les ancêtres des tribus turques actuelles, combats dont Djemchid est le héros dans les livres sacrés des Mages. Les Iraniens ou Perses restèrent maîtres de la partie méridionale, qui plus tard forma les satrapies persanes de Bactriane et de Sogdiane. Ce pays fut dans la suite conquis par Alexandre, par les rois grecs de la Bactriane, les Parthes, le 2e empire persan, les Arabes, les Tartares ou Mongols de Gengiskhan et de Tamerlan. LesRussesont depuis le commencement de ce siècle étendu leur domination sur une grande partie du Turkestan, qu’ils possèdent auj. presque en entier : ils ont pris Khiva en 1854, Khokand et Tachkend en 1866, et ont une tlotte sur le lac Aral.

TURKESTAN ou TARAZ, v. du Turkestan indépendant (khanat de Khokand), à 340 k. N. N. O. de Khokand, appartenait aux Kirghiz avant 1798 ; de 1798 à 1814, elle a été au khan de Tachkend ; elle appartient depuis au Khokand. C’est la ville sainte des Kazaks mahométans, qui y vont en pèlerinage.

TURLUPIN, nom de théâtre adopté par H. Legrand, acteur comique du théâtre de l’hôtel de Bourgogne, qui était en vogue au XVIe s. (1583-1634). Il avait d’abord joué sur les tréteaux, avec ses compères Gros-Guillaume et Gauthier-Garguille, des farces qui prirent de lui le nom de turlupinades. Techener a publié les Joyeusetés de G. Garguille, Turlupin, etc., Paris, 1829.

TURLUPINS, hérétiques du XIVe s., analogues aux Bégards, et répandus principalement dans les Pays-Bas et le nord de la France, enseignaient que l’homme, parvenu à un certain état de perfection, est exempt de tout péché. En conséquence ils allaient nus, et se livraient publiquement aux excès les plus honteux. Ces hérétiques, qui paraissent issus des Vaudois du Dauphiné, furent excommuniés par Grégoire XI en 1372, et bientôt détruits par les ordres de Charles V, roi de France. Ils appelaient eux-mêmes leur association la Fraternité des pauvres.

TURNACUM, nom latin de Tournay.

TURNÈBE (Adrien), savant philologue, dont le vrai nom était Tournebœuf, né aux Andelys en 1512, m. en 1505, professa les humanités à Toulouse, la langue grecque, puis la philosophie grecque et latine au Collège de France, dirigea l’imprimerie royale pour les livres grecs (1552-56), forma H. Estienne, eut pour amis tous les hommes supérieurs de son temps, et laissa un grand nombre de commentaires et de traductions estimés ; on les a recueillis sous le titre d’Adversaria, Paris, 1564, et de Turnebi opera, Strasb., 1600. Il a surtout travaillé sur Cicéron, Varron, Horace, Pline l’Ancien, Eschyle, Sophocle ; il a trad. des traités d’Aristote, de Théophraste, de Plutarque, d’Arrien, d’Oppien, de Philon le Juif.

TURNER (Sharon), historien, né à Londres en 1768, m. en 1847, était solicitor ou avoué. Outre des articles dans le Quarterly-review, il publia : Histoire des Anglo-Saxons, 1799, ouvrage fait sur les sources ; Histoire de l’Angleterre au moyen âge, 1814-23, qu’il continua plus tard jusqu’à la mort d’Élisabeth, 1826-29 ; Histoire sacrée du monde, 1836-39 ; et un poème de Richard III. Comme prosateur, il compte parmi les bons écrivains de l’Angleterre.

TURNER (W.), peintre, né à Londres en 1775, m. en 1851, se fit d’abord connaître par des dessins et des aquarelles, devint en 1802 membre de l’Académie royale de peinture et exposa pendant un demi-siècle plus de 200 tableaux. On remarque dans le nombre la Chute de Carthage, son chef-d’œuvre ; le Palais de Caligula, l’Incendie du Panthéon d’Oxford, le Naufrage ; la Grêle, la Pluie et la Vitesse (marche d’un train de chemin de fer pendant une nuit d’orage). Le mérite de cet artiste est surtout d’être constamment fidèle à la nature.

TURNHOUT, v. de Belgique (Anvers), à 40 k. N. E. d’Anvers, dans la Campine ; 6000 hab. Toiles, siamoises, coutils, dentelles, tapis, etc. — Fondée en 1209 par Henri, duc de Brabant ; donnée en 1545 par Charles-Quint à Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas ; elle passa ensuite à la maison d’Orange, puis fut vendue à la Prusse. Maurice de Nassau défit les Espagnols à Turnhout en 1597 ; les Brabançons insurgés y battirent les Autrichiens en 1789.

TURNUS, roi des Rutules, fils de Daunus et de Vénilie, allait épouser Lavinie lorsque Latinus lui préféra Énée, à peine arrivé de la veille en Italie. Turnus arma contre son rival, et, secouru d’une partie des Latins et par le roi d’Étrurie Mézonce, fit la guerre aux Troyens ; mais il fut battu et périt de la main d’Énée dans un combat singulier. Turnus est le véritable héros des six derniers chants de l’Énéide.

TURONES, peuple de la Gaulé (Lyonnaise 3e), au S. E., limitrophe de la Lyonnaise 4e et de l’Aquitaine 2e, avait pour ch.-l. Turones ou Cæsarodunum (auj. Tours) et habitait le dép. actuel d’Indre-et-Loire.

TURPIN (J.), TULPIN ou TILPIN, moine de St-Denis, puis archevêque de Reims (753), assista au concile de Rome en 769 et fut, selon Trithème, le secrétaire, l’ami et le compagnon d’armes de Charlemagne. Ami des lettres, il fit copier beaucoup de livres. On conjecture qu’il mourut vers 800 ; Il passe à tort pour l’auteur du livre De vita Caroli Magni et Rolandi connu sous le nom de Chronique de l’archevêque Turpin. Édité pour la 1re fois en 1566 à Francfort-sur-le-Mein, dans le recueil de Schard, ce livre a été publié depuis par Ciampi, Florence, 1822, par Reiffenberg, Paris, 1836, et par Francisque Michel, 1863 ; il a été trad. en franc, dès le XIIe s. et plus récemment par Robert Gaguin (1527) : c’est une compilation romanesque, presque sans valeur historique ; elle doit surtout sa célébrité à l’Arioste, qui feint de la suivre dans ses récits. Selon Génin, le faux Turpin aurait vécu à la fin du IXe s. et ne serait autre que Gui de Bourgogne (Calixte II) ; selon d’autres, ce serait un moine de St-André de Vienne (en Dauphiné), qui aurait vécu au XIe s.

TURPIN (Fr. H.), professeur au collége de Caen, né à Caen en 1709, mort en 1799, a laissé une Histoire universelle, 1770-78 ; la France illustre ou le Plutarque français, 1775-85 ; les Vies de Louis II de Bourbon, de Charles et de César de Choiseul (qui forment les tom. XXIV, XXV, XXVIII des Hommes illustres de d’Auvigny), et une Vie de Mahomet.

TURPIN DE CRISSÉ (Lancelot, comte), tacticien, né en 1710, m. en 1799, était lieutenant général en 1780 et fut nommé en 1781 gouverneur du fort de Scarpe à Douai. Il a laissé plusieurs ouvrages estimés : Essai sur l’art de la guerre, Paris, 1754 ; Commentaires sur les Mémoires de Montecuculli, 1769 ; — sur les Institutions de Végèce, 1770, et une trad. des Commentaires de César, avec des notes historiques, critiques et militaires, 1785.

TURPIN (J. Franç.), botaniste et habile dessinateur, né en 1775 à Viré, mort en 1840, alla à St-Domingue comme pharmacien en chef, et explora l’île entière. De retour en France, il eut part à la rédaction de la Flore médicale, de la Flore parisienne, fut admis à l’Académie des sciences, en 1833, et rédigea pour cette compagnie, d’intéressants mémoires sur les parties délicates de l’organisation des végétaux.

TURQUIE ou EMPIRE OTTOMAN, un des plus vastes États du globe, se compose de deux parties, la Turquie d’Europe et la T. d’Asie, auxquelles on peut joindre, en Europe, les principautés tributaires de Servie, Valachie, Moldavie, Monténégro ; en Asie, l’Arabie ; en Afrique, l’Égypte et les régences de Tunis et de Tripoli, qui en sont tributaires. Borné au N. par la Russie et la mer Noire, à l’O. par les États autrichiens et la mer Adriatique, au S. par la Grèce, la Méditerranée et l’isthme de Suez, à l’E. par la Perse, ce vaste empire s’étend de 13° à 46° long. E., de 25° à 48° lat. N. ; il embrasse les contrées les plus célèbres et les plus florissantes de l’antiquité : sa population, si on y comprend les pays tributaires, s’élève à près de 36 millions d’individus, dont 15 en Europe et le reste en Asie ou en Afrique : les Turcs sont au nombre d’env. 12 000 000 ; le reste se compose de Slaves, Grecs, Juifs, Arméniens, Syriens, Arabes, Francs, etc. ; la capitale est Constantinople. Toutes les possessions turques en Asie et en Europe se partagent en gouvts dits pachaliks ou eyalets,
gouvernés par des pachas ou valis ; ces gouvernements, à leur tour, se subdivisent en sandjakats ou livahs, gouvernés par des sandjaks ou kaimacans. — Les Turcs ont en général la physionomie grave ; ils sont grands, forts, mais indolents à l’excès. Ils dominent dans tout l’empire : les autres races sont tenues dans l’assujettissement et confondues sous le nom injurieux de rajas (troupeau) ; les Chrétiens surtout ont à subir toutes sortes d’avanies. L’Islamisme (du rite sunnite) est la religion dominante, mais les autres religions sont tolérées ; l’église grecque est régie par le patriarche de Constantinople, assisté d’un saint-synode. La langue, dialecte de celle du Turkestan, est pauvre, dure, et manque d’expressions pour tout ce qui a rapport aux arts et aux sciences. Les Turcs sont en effet presque universellement étrangers à toute culture intellectuelle ; cependant depuis quelques années de louables efforts ont été faits pour organiser l’instruction publique et répandre les connaissances utiles : une université a même été fondée à Constantinople en 1846. En fait de beaux-arts, les Turcs ne réussissent qu’à peindre ou à sculpter la nature inanimée (fleurs, arabesques, etc.) et à élever de jolies mosquées avec de hardis minarets. Le gouvernement est despotique ; le pouvoir est héréditaire dans la famille d’Othman. Le chef de l’État se nomme Sultan, Padichah ou Grand Seigneur ; il réunit le pouvoir spirituel au pouvoir temporel, et se prétend successeur des califes. Les principaux personnages après lui sont : le grand vizir (1er ministre), le capitan-pacha (amiral), le defterdar (ministre du trésor), le reïs-effendi (à l’extérieur), le kiaïa-bey (à l’intérieur) : ces officiers, avec quelques autres, forment le divan ou conseil d’État. Le corps des ulémas, présidé par le mufti, a aussi part aux affaires, et limite jusqu’à un certain point le pouvoir du sultan. On nomme Porte ou Sublime-Porte la cour de Turquie (V. PORTE). La couronne passe ordinairement à l’aîné de la famille, frère ou fils. L’administration est généralement très-défectueuse : les pachas et sandjaks cumulent dans leurs provinces les pouvoirs militaire, civil et financier, et y exercent toutes sortes d’ extorsions. Les rajas payent seuls l’impôt, qui n’est fixé que par le caprice des gouverneurs. La force militaire se compose d’une armée active (nizam), d’une réserve (redifs) et de troupes irrégulières (bachibozouks) : toute la population mahométane est censée faire partie de l’armée et doit le service pendant 5 ans.


TURQUIE D’EUROPE. Cette contrée, qui comprend la Thrace, la Macédoine, l’Illyrie, l’Épire et la Thessalie des anciens, est généralement divisée par les Européens en 5 régions : Bulgarie, Bosnie avec la Croatie, Roumélie, Albanie, Macédoine avec la Thessalie ; mais ces divisions sont inconnues au Turcs. Ils divisent tout le pays en 15 eyalets : eyalet d’Andrinople (Thrace), de Silistrie (Bulgarie orientale), de Boghdan (Moldavie), d’Eflak (Valachie), de Viddin (Bulgarie occid.), de Nissa ou Nisch (Servie turque et Bulgarie mérid.), d’Uskup (Macédoine septentr.), de Syrp (Servie), de Bosna (Bosnie et Croatie), de Roumélie ou de Monastir (Macédoine occid. et N. de l’Albanie), de Janina (Épire ou S. de l’Albanie et Thessalie), de Salonique (Macédoine), de Djezaïr (îles de l’Archipel, Rhodes), de Cryt ou Kirid (Crète), auxquels il faut joindre le district particulier de Constantinople et le commandement de la forteresse de Belgrade. Deux chaînes de montagnes traversent la Turquie d’Europe, l’une, l’ancien Hémus, de l’O. à l’E. (elle se subdivise en Glioubotin, Tchardagh, Argentaro, Balkhan), l’autre, les anc. monts Candavii, du N. au S. (elle part du Tchardagh et court jusqu’à la Grèce). Au N. de la première chaîne coulent la Save (affluent du Danube) et le Danube lui-même : ces deux fleuves reçoivent à droite beaucoup d’affluents : l’Unna, la Bosna, le Drin septentr. (Morava), l’Isker, etc. Dans la partie mérid. se trouvent à l’O. le Drin mérid., la Voïonssa. l’Aspropotamo ; à l’E. la Salempria, le Vardari, le Kara-sou, la Maritsa. Les côtes très-découpées, surtout au S., offrent beaucoup de ports et de baies : Constantinople est un des plus beaux ports du monde. Le sol est très-fertile en général, et, quoique mal cultivé, il produit beaucoup de grains, de fruits exquis, de plantes tinctoriales, potagères, oléagineuses, etc. Beaucoup de gros bétail, dont partie à l’état sauvage ; vers à soie, abeilles, gibier, poisson en abondance. Argent et or (près de Ghiustendil), cuivre, fer, plomb, sel, houille, alun, marbre, etc. ; eaux thermales et minérales. Industrie médiocre : cependant les Turcs sont très-habiles en quelques parties (essence de rose ou atar, préparation du safran, teinturerie rouge, velours et autres soieries, mousselines peintes, tapis ; pistolets et sabres, fonderies de canons) ; mais en général ils n’inventent ni n’adoptent de procédés nouveaux et sont prodigieusement arriérés. Le commerce est très-actif, mais à l’intérieur il se fait par les Grecs et les Arméniens ; à l’extérieur, il est aux mains des Européens (Vénitiens et Génois autrefois ; Français, Anglais et Autrichiens auj.). Quoique bien moins nombreux dans la Turquie d’Europe que les populations sujettes, les Turcs ne se sont jamais mêlés avec elles ; ce qui a fait dire avec raison qu’ils ne sont que campés en Europe.

TURQUIE D’ASIE. On la divise vulgairement en 6 grandes régions : Anatolie, Arménie, Kourdistan, Aldjézireh ou Mésopotamie, Irak-Arabi, Syrie. Les Turcs la divisent officiellement en 21 eyalets : eyalet de Kastamouni (Paphlagonie), de Khodavendiguiar (Bithynie, Mysie et Phrygie), d’Aïdin (Lydie et Carie), de Caraman (Pisidie, Lycaonie et Pamphylie), d’Adana (Cilicie), de Bozok (Galatie et Cappadoce occidentale), de Sivas (Cappadoce orient. et S. O. du Pont), de Trébizonde (Pont et Colchide), d’Erzeroum (Arménie), de Van (Assyrie), de Kourdistan ou Diar-békir (Mésopotamie sept.), de Kharbout (Sophène et Comagène), d’Alep (N. de la Syrie et Osroène), de Saïda (Phénicie et Palestine), de Cham ou Damas (Syrie), de Bagdad (Babylonie ou Irak-Araby), de Schehrzor (Assyrie orientale), de La Mecque et d’Haremi-Nabevi ou Médine (Hedjaz), d’Habesch ou Djidda (Arabie et forts de Nubie et d’Abyssinie), d’Yémen ou Moka ; auxquels il faut joindre en Afrique les 3 eyalets de Mirz (Égypte), de Tarablousi-Gharb (Tripoli), de Tunis. — On trouve dans cette contrée le système Tauro-Caucasien, comprenant les chaînes du Taurus et de l’Anti-Taurus, dans l’Asie-Mineure et l’Arménie, du Liban et de l’Anti-Liban en Syrie ; c’est là aussi que coulent le Tigre, l’Euphrate, affluents du golfe Persique, le Jourdain, affluent de la mer Morte, le Kizil-Irmak (Halys), affluent de la mer Noire, le Méandre, affluent de l’Archipel.

Histoire. Les Turcs Ottomans ou Osmanlis, qui ne sont qu’une branche de la puissante famille turque (V. TURCS), tirent leur nom d’un de leurs chefs ou émirs, Othman ou Osman, fils de Togroul, et dit le Briseur d’os, qui, lors du démembrement de l’empire seldjoucide de Roum, s’établit vers 1300 à Karahissar (Apamée), en Phrygie, et prit le premier titre de sultan : il s’agrandit aux dépens des principautés seldjoucides. Ses deux successeurs étendirent beaucoup l’empire : Orkhan conquit le reste de l’Asie-Mineure et mit le pied en Europe (1355) ; Amurat I prit Andrinople (1360), et soumit la Macédoine, l’Albanie, la Servie ; Bajazet I conquit la Bulgarie après la sanglante victoire de Nicopolis (1396), et menaça Constantinople : c’en était fait dès lors de l’empire grec sans l’invasion de Tamerlan et la défaite de Bajazet à Ancyre (1402). Mahomet I raffermit l’empire turc ; Amurat II recommença les conquêtes et les progrès ; enfin, Mahomet II prit Constantinople (1453), et par cette importante conquête anéantit l’empire grec. Ce conquérant soumit ensuite rapidement le reste de la péninsule grecque, ainsi que la Caramanie, l’empire de Trébizonde (1461), la Bosnie, la Valachie (1462), la Petite-Tartarie, et pénétra jusqu'en Italie. La Turquie grandit encore sous Sélim I, qui réduisit en provinces ottomanes la Syrie, la Palestine, l’Égypte (1517), prit la Mecque et acquit Alger (1520). Soliman II y ajouta, en Asie, l'Aldjéziren et partie de l'Arménie, du Kourdistan, de l'Arabie; en Europe, partie de la Hongrie, la Transylvanie, l'Esclavonie, la Moldavie; il enleva Rhodes aux Chevaliers (1522), après un siège mémorable, vint camper devant Vienne (1529), et ajouta à son empire Tunis (1534) et Tripoli (1551): enfin Sélim II enleva Chypre aux Vénitiens (1570); mais l'année suiv. la marine turque était anéantie à la bataille de Lépante (1571) : c'est de cet événement que date la décadence de l'empire ottoman. Cette décadence ne marcha d'abord que lentement : malgré les fréquentes révolutions de palais (surtout de 1618 à 1622), malgré quelques pertes en Hongrie (1595-1608), la Turquie obtint encore d'importants avantages : la guerre de Choczim lui donna quelques districts en Pologne; Ibrahim commença ta guerre de Candie, qui finit par la conquête de cette île sous Mahomet IV (1669); mais à partir de cet instant, la décadence marche rapidement : les trois régences (Alger, Tunis, Tripoli) et même l’Égypte deviennent presque libres de fait; la grande guerre de 1682 à 1699, que termine la paix de Carlowitz, arrache presque toute la Hongrie aux Turcs; le traité de Passarovitz leur enlève Temesvar et partie de la Servie, que toutefois ils recouvrent par la paix de Belgrade (1740). Les Russes, avec lesquels ils sont en lutte depuis 1672, commencent à obtenir la supériorité. Après le guerre de 1770 et 1774, où la Porte figure comme alliée de la Pologne, elle perd la Bukovine et la Petite-Tartarie, qui est reconnue indépendante parle traité de Kutchuk-Kaïnardji. Cette même Tartarie devient province russe en 1783; la guerre de 1790 à 1792 consacre cet état de choses et enlève à la Porte divers cantons du Caucase. De 1809 à 1812, nouvelle guerre et perte des provinces entre le Dniéper et le Danube, assurées à la Russie par la paix de Bucharest; en 1819, perte des îles Ioniennes (qui deviennent libres sous protectorat anglais); de l820 à 1830, perte de la Grèce, définitivement affranchie par la victoire de Navarin (1827); perte de partie de l'Arménie turque, cédée à la Russie en 1829; à la suite d'une nouvelle guerre avec la Russie, la Valachie, la Moldavie, la Servie deviennent, parle traité d'Andrinople (1829), libres sauf tribut, et sont placées sous la garantie russe; en 1830, perte de l'Algérie, conquise par la France; en 1833, le pacha d’Égypte lève ouvertement l'étendard de la révolte, conquiert la Syrie, bat les Turcs à Konieh, et menace Constantinople. La Turquie, réduite alors à se mettre à la merci de la Russie, signe le traité d'Unkiar-Skelessi (1833) qui ouvre le Bosphore aux Russes, en fermant les Dardanelles aux autres puissances. Cependant Méhémet-Ali, poursuivant ses succès, remporte en 1839 la victoire de Nézib et s'empare de Candie; mais l'intervention des puissances européennes arrête sa marche, et même, en l840, la Porte recouvre la Syrie, conquise pour elle par les armes anglaises. Depuis cette époque, la Turquie s'efforçait, à la faveur de la paix, de réparer ses pertes et de se régénérer en s'organisant à l'européenne, lorsqu'en 1853 une nouvelle agression de la Russie vint encore compromettre son existence : elle fut sauvée cette fois par les armes réunies de la France et de l'Angleterre; à la suite de la guerre de Crimée, le traité du 30 mars 1856 assura son indépendance. — On doit à Mouradgea d'Ohsson le Tableau de l'Empire ottoman, ouvrage capital, à M. Lamartine une Hist. abrégée de la Turquie, et à M. Ubicini des Lettres sur la Turquie (1851), qui font bien connaître la statistique et les institutions de ce pays.

Sultans ottomans.
Othman I, 1287 ou 1299 Soliman I, 1436
Orkhan, 1326 Mousa, 1410
Amurat I, 1360 Mahomet I, 1413
Bajazet I, 1389 Amurat II, 1421
Mahomet II, 1451 Soliman III, 1687
Bajazet II, 1481 Ahmed II, 1691
Sélim I, 1512 Mustapha II, 1695
Soliman II, 1520 Ahmed III, 1703
Sélim II, 1566 Mahmoud I, 1730
Amurat III, 1574 Othman III, 1754
Mahomet III, 1595 Mustapha III, 1757
Ahmed I, 1603 Abdoul Hamid, 1774
Mustapha I, 1617 Sélim III, 1789
Othman II, 1618 Mustapha IV, 1807
Mustapha I, 2e f., 1622 Mahmond II, 1808
Amurat IV, 1623 Abdoul Medjid, 1839
Ibrahim, 1640 Abdoul Aziz, 1861
Mahomet IV, 1649


TURRETIN (Alphonse), issu d'une famille de Lucques, qui avait quitté l'Italie pour exercer librement la religion réformée, né à Genève en 1672. m. en 1737. était fils de François T., pasteur et professeur, de théologie à Genève. Après avoir visité la Hollande, la France, l'Angleterre, il se consacra au ministère évangélique, fut nommé en 1697 professeur d'histoire ecclésiastique à Genève, tenta, sans y réussir, de rapprocher les diverses branches de l’Église réformée, et laissa de nombreux écrits, qui ont été rassemblés à Leeuwarden en 1775, 5 vol. in-4. Les plus importants sont : le Pyrrhonismus pontificius, où il prétend réfuter l’Histoire des variations de Bossuet, et Histariæ ecclesiasticæ compendium ad annum 1700, Genève, 1734.

TURRIERS, ch.-l. de c (B.-Alpes), à 36k. N. E. de Sisteron; 618 hab.

TURSELIN (Horace), jésuite, né à Rome en 1545, m. en 1609, professa pendant 20 ans les belles-lettres dans sa ville natale, devint directeur du séminaire de son Ordre, et fut en dernier lieu recteur à Florence et à Lorette. On a de lui un Epitome historiarum a mundo condito ad annum 1598, qui fut condamné au feu par le parlement de Paris en 1761 comme renfermant des doctrines pernicieuses, et un savant traité De particulis latinis, 1598, plusieurs fois réimprimé et augmenté, notamment par Ferd. Hand, Leips., 1829-46, 5 v. in-g.

TURSI, v. de l'Italie mérid. (Basilicate), à. 65 k. S. de Matera; 4600 hab. Évêché (érigé en 1546).

TURYASSU, riv. du Brésil, naît dans le S. O. de la prov. de Maranham, la sépare de celle de Para, et tombe dans l'Atlantique par 1° 30' lat. S., après un cours de 560 kil.

TUSCALOOSA, v. des États-Unis, anc. capit. de l'Alabama, sur le Tuscaloosa (affluent du Tombekbee); 4000 h. Université ouverte en 1831; chemin de fer. Cette ville fut fondée en 1816.

TUSCIE, Tuscia, une des 17 prov. du diocèse d'Italie au IVe s., comprenait l’Étrurie et l'Ombrie, et avait pour ch.-l. Florence. Dans le XIe s. la grande comtesse Mathilde prenait le titre de marquise de Tuscie et Spolète.

TUSCULUM, auj. Frascati, v. du Latium, au S. E., près de Rome, sur le penchant d'une colline, passait pour avoir été fondée par Télégone, fils de Circé et d'Ulysse. Le pays voisin, nommé Tusculanum, offrait des vallées délicieuses et était rempli de maisons de campagne. On y remarquait celles de Lucullus et de Cicéron : c'est là que Cicéron se retira après le triomphe de César et qu'il écrivit ses Tusculanes.

TUY, Tudæ ad Fines, v. forte d'Espagne (Galice), dans la prov. de Pontevedra, près du Minho, à 90 k. S. O. d'Orense; 6000 hab. Évêché. Linge de table, chapeaux communs, tannerie. Ville très-ancienne; reconstruite par Ferdinand II, roi de Léon.

TVARTKO I (Étienne), gouverneur du Banat, neveu et successeur du ban Étienne Cotromanovitch, fut confirmé dans la possession du Banat par Louis I de Hongrie (1357), conquit la principauté da Zentha dans l'Herzégovine (1366), et une partie du littoral servien (1373), se fit couronner en 1376 roi de Bosnie et de Rascie, attaqua la Dalmatie, fit encore quelques conquêtes, grâce aux troubles intérieurs de la Hongrie ; mais fut enfin forcé de rendre hommage à Sigismond, roi de Hongrie (1388). S'étant allié aux Turcs après la bataille de Cassovie (1389), il put, avec leur aide, s'emparer de toute la Dalmatie. Il mourut en 1391. — Son fils, Tvartko II, roi de Bosnie et Rascie (1396), eut presque continuellement à lutter contre deux compétiteurs, pilla l'Esclavonie à l'aide des Turcs, ses alliés, se débarrassa de la suzeraineté de la Hongrie, mais fit de vains efforts pour échapper à celle des Turcs, dont il devint le tributaire en 1415. Il mourut sans postérité mâle en 1443.

TVER, v. de Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Tver, sur le Volga, à l'embouch. de la Tverza, et sur la route de Moscou à St-Pétersbourg, à 176 k. N. O. de Moscou ; 25 000 hab. Archevêché, cour d'appel, gymnase, séminaire, école d'orphelins militaires, institut de jeunes nobles. Ville bien bâtie ; belle cathédrale, palais archiépiscopal, hôtel de ville, hôtel du gouvernement, palais de justice, bazar, plusieurs belles places. Industrie active, chantiers de construction, riche pêche, grand commerce par le Volga. D'abord simple fort, bâti par Vsévolod, prince de Vladimir, en 1182, Tver devint vers 1250 le ch.-l. d'une principauté particulière, plus grande que le gouvt actuel de Tver, et qui ne cessa d'exister qu'en 1490, sous le czar Ivan III. La ville, détruite en 1768 par un incendie, fut reconstruite et embellie par Catherine II. — Le gouvt de Tver, entre ceux de Pskov à l'O., d'Iaroslav à l'E., a 384 kil. du N. E. au S. E., et env. 1 400 000 hab. Le Volga le traverse dans sa partie méridionale. Climat froid et très-variable; rivières poissonneuses. Blé, chanvre, bois, toile, cuir, suif, gros bétail. Commerce actif.

TWEED (la), riv. de la Grande-Bretagne, naît en Écosse dans le S. du comté de Peebles, dit aussi Tweeddale, traverse ceux de Selkirk et de Roxburgh, passe à Kelso, sépare l’Écosse de l'Angleterre, reçoit le Teviot, et se perd à Berwick dans la mer du Mord, après un cours de 150 kil. Pêche du saumon.

TWEEDDALE, comté d’Écosse. V. PEEBLES.

TWICKENHAM, vge d'Angleterre (Middlesex), sur la Tamise, à 15 kil. S. O. de Londres ; 6000 hab. Le comte d'Essex, Bacon, Pope, William Stanhope, y eurent leur maison de campagne. Louis-Philippe s'y fixa en quittant la France.

TYANE, Tyana, auj. Ketch ou Nikdé, v. de Cappadoce, au S. O., en Cataonie, près du Sarus, devint au IVe s. la capit. de la Cappadoce 2e. C'est là que naquit le fameux imposteur Apollonius, dit de Tyane.

TYBURN, vge d'Angleterre, près de Chelsea, aux env. de Londres, est connu par les fourches patibulaires que l'on y voyait autrefois.

TYCHO-BRAHÉ, célèbre astronome, né en 1546 en Scanie, d'une des familles les plus nobles du Danemark, montra dès son enfance un goût déterminé pour les observations astronomiques, parcourut pendant cinq ans l'Allemagne et la Suisse pour visiter les observatoires et prendre connaissance des méthodes alors usitées, se fit connaître en 1572 par les observations qu'il publia sur une étoile nouvellement découverte dans la constellation de Cassiopée, fut chargé par le roi de Danemark Frédéric II d'enseigner l'astronomie à Copenhague, reçut en don de ce prince l'île de Hwen (entre Copenhague et Elseneur), pour y faire ses observations, y fit construire le magnifique observatoire d’Uranienbourg, et y résida pendant 17 ans (1580-97). Moins bien traité par le successeur de Frédéric, il quitta sa patrie et se rendit en Bohême, où l'empereur Rodolphe II lui fit construire une belle retraite et lui assura une pension. Il mourut à Prague en 1601. Tycho-Brahé perfectionna surtout la théorie de la lune en découvrant la variation et l'équation annuelle de cet astre ; il reconnut aussi le cours des comètes. Également mécontent du système de Ptolémée et de celui de Copernic, il en créa un nouveau qui échappait aux objections faites contre le 1er, mais qui était moins d'accord avec les phénomènes que celui de Copernic : il imaginait que la terre était immobile au centre du monde, et que le soleil et la lune tournaient autour d'elle, tandis que Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne tournaient autour du soleil. Il partageait du reste avec ses contemporains les erreurs de l'astrologie judiciaire. Tycho-Brahé eut la gloire de former Kepler. On a de lui, entre autres ouvrages : Progymnasmata, Uranienbourg, 1587-89; Astronomiæ instauratæ mechanica, 1598 ; Historiæ cœlestis libri XX, 1666, posthume : c'est le recueil de ses observations.

TYCHSEN (Olof Gerhard), orientaliste, né en 1734 à Tondern, dans le duché de Slesvig, m. en 1815, savait l'arabe, l'éthiopien, l'hindoustan, le tamoul et l'hébreu. Il professa les langues orientales à l'Université de Rostock, et fut conseiller aulique et vice-chancelier du duc de Mecklembourg. Tychsen a rendu de grands services à la littérature orientale en interprétant des inscriptions arabes écrites en caractères coufiques et en expliquant les monnaies musulmanes. Ses principaux ouvrages sont l’Introductio in rem nummariam Muhammedanorum, Rostock, 1794, et De cuneis persepolitanis, 1798. — Un autre Tychsen, Christian, professeur à Gœttingue, né en 1758 à Slesvig, m. en 1839, a donné une Hist. des Hébreux, 1789, une Grammaire arabe, 1813, et une édition de Quintus de Smyrne, 1807.

TYDÉE, Tydeus, fils d'Œnée, roi de Calydon, ayant tué involontairement Ménalippe, son frère, se bannit de sa patrie et trouva un refuge à la cour d'Argos, où il épousa Déiphile, une des filles d'Adraste. Il accompagna Polynice au siège de Thèbes, et y périt. Il laissait un fils unique, le célèbre Diomède.

TYNDALE (W.), un des 1ers propagateurs de la Réforme, né en 1500 dans le pays de Galles, reçut les ordres, adopta de bonne heure la doctrine de Luther, traduisit le Nouveau Testament en langue vulgaire, fut pour ce fait chassé d'Angleterre, vint en Allemagne où il connut Luther, publia en 1526 sa traduction à Anvers et commença à traduire l’Ancien Testament; mais fut, à la demande de Henri VIII, arrêté par ordre de l'empereur et conduit à Augsbourg, où il fut étranglé, puis brûlé.

TYNDARE, fils aîné d'Œbalus, roi de Sparte, devait succéder à son père, mais fut privé du trône par Hippocoon, son frère, et se retira dans la Messénie; Hercule le rétablit dans ses États. Il épousa Léda et en eut quatre enfants, Castor, Pollux, Hélène et Clytemnestre, que l'on nomme quelquefois les Tyndarides, du nom de leur père.

TYNDARIS, v. de Sicile, sur la côte N., un peu à l'O. de Myles, fut submergée presque entièrement par la mer. Ce qui en reste est devenu une chapelle sous le nom de Sta-Maria di Tindaro. Régulus battit les Carthaginois à Tyndaris, l'an 257 av. J.-C.

TYNE, nom de deux petites riv. d'Angleterre, la North-Tyne et la South-Tyne, qui se réunissent à Hexham, et se jettent dans la mer du Nord après avoir séparé les comtés de Durham et de Northumberland. Un port de refuge a été établi à l'entrée de cette riv.

TYNEMOUTH, v. d'Angleterre (Northumberland), à l'embouch. de la Tyne dans la mer du Nord, à 13 kil. E. de Newcastle; 26 000 h. Maison de correction, château en ruine. Bains de mer.

TYPHÉE, Typhæus, fameux géant, fils du Tartare et de la Terre, avait cent têtes et vomissait des flammes par ses cent bouches. Il fut le chef des Géants qui escaladèrent le ciel et forcèrent les Dieux à se réfugier en Égypte, cachés sous la forme d'animaux ; mais Jupiter, le foudroya, et l'accabla sous le poids du mont Etna, ou, selon d'autres, sous l'île Inarime, d'où il continue à lancer des flammes. Typhée fut père de Géryon et de Cerbère.

TYPHON, dieu égyptien, frère d'Osiris, était le principe du mal, des ténèbres et de la stérilité. On lui donnait pour mère, mais plus souvent pour femme et pour sœur, Nefté ou Nephthys (la Terre, par opposition à Tpé, le Ciel). Osiris, en partant pour la conquête du monde, lui laissa le gouvernement des déserts à l'E. de l’Égypte ; mais Typhon convoita l’Égypte même, et il l'eût envahie si Djom (ou Hercule) ne l'eût repoussé par ordre d'Isis. Après le retour d'Osiris, il trouva moyen de faire entrer ce prince dans un coffre, l'y enferma et le fit ainsi périr, puis il abandonna le cadavre au cours du Nil. Lorsque Isis eut recueilli ces tristes restes et les eut placés dans un cercueil, Typhon attenta au sépulcre et dispersa par tout le Delta le cadavre dépecé en 14 lambeaux. Le fils d'Osiris, Orus, devenu grand, vainquit Typhon et le fil périr. L'hippopotame, l'âne, le verrat, le crocodile, le scorpion lui étaient consacrés. Il avait souvent, auprès des grands temples consacrés aux dieux bons, de simples chapelles, dites chapelles noires ou Typhonia. On l'honorait surtout à Héracléopolis la Petite, appelée de là Typhonopolis.

TYR, auj. Sor ou Sour, nom commun à deux villes de Phénicie, l'une sur la côte, au S. de Sidon, l'autre dans une île voisine. La 1re fut fondée vers 1900 av. J.-C, et détruite en 572 par Nabuchodonosor. La 2e fut bâtie par les Tyriens échappés au sac de leur ville et qui s'étaient réfugiés dans l'île : elle est comme la continuation de la première. Tyr avait deux ports, l'un au N., vers Sidon, l'autre au S., regardant l'Égypte; ses murailles étaient très-fortes; le détroit qui la séparait du continent, et qui était large d'env. 3 kil., la rendait presque inexpugnable. Longtemps elle forma un État à part, qui était le plus riche de la Phénicie; elle brillait principalement par sa marine : on la nommait la Reine des mers. Son commerce s'étendait jusque dans l'Atlantique. La pourpre de Tyr n'avait point de rivale au monde. Gadès, Carthage, Utique étaient des colonies tyriennes. Son gouvernement était monarchique (sauf de 572 à 554 av. J.-C); on connaît surtout parmi ses rois Hiram, qui fournit à Salomon des cèdres et lui envoya des ouvriers pour la construction du temple de Jérusalem; Ithobal I, père de Jézabel, femme d'Achab ; le cruel Pygmalion, dont la sœur Didon, forcée de fuir, alla fonder Carthage; Elylée, qui défendit victorieusement Tyr contre Salmanazar, roi d'Assyrie, et Ithobal II, sous lequel eut lieu la prise de l'ancienne Tyr par Nabuchodonosor II, après un siège de 13 ans (572). Le luxe et la corruption de cette ville égalaient ses richesses. Son culte tenait de ceux de la Phénicie : Melkart (dit l’Hercule de Tyr), Astarté (ou Vénus), Thammouz (ou Adonis) étaient ses divinités principales. — La Nouv. Tyr fut prise en 332 par Alexandre après un siège de 7 mois, et en joignant l'île au continent par une digue gigantesque. Quelques années plus tard, elle subit encore un siège de 14 mois contre Antigone, père de Démétrius Poliorcète. Depuis elle suivit le sort de la Syrie. L'an 125 av. J.-C., les Tyriens obtinrent des rois de Syrie l'autorisation de se gouverner par leurs propres lois : de cette époque date une ère usitée en Syrie et dite Ère de Tyr. Cette ville finit par tomber avec le reste de la Syrie sous le joug des Romains, puis elle passa sous celui des Arabes, et enfin des Turcs (1517). Elle avait été prise par les Croisés en 1124; elle fut prise par les Français en 1799. La Tyr actuelle compte à peine 2000 hab. ; son port est tout ensablé.

TYRANNION, grammairien, natif du Pont. Lucullus le fit prisonnier et esclave; mais Muréna, son 2e maître, l'affranchit. Il devint l'ami dé Cicéron, ouvrit une école dans la maison de ce grand homme, acquit par ses leçons de grandes richesses et les employa à former une belle bibliothèque. C'est lui qui le premier publia les ouvrages d'Aristote à Rome.

TYRAS, rivière de Sarmatie, est auj. le Dniester.

TYRNAU, v. de Hongrie (Presbourg), à 40kil. N. E. de Presbourg; 8000 hab. Cour d'appel; jadis université, transférée à Bude en 1777; hôtel d'invalides. Nombre de monastères, d'où le nom de Petite-Rome. Grand commerce de vins : la ville possède une vaste tonne, rivale de celle d'Heidelberg. Patrie de Sambucus. Victoire des Impériaux sur les Hongrois en 1705.

TYRO, fille de Salmonée, roi d'Élis, fut aimée de Neptune qui la séduisit en prenant la figure du fleuve Énipée, et qui la rendit mère de Pélias et de Nélée (père de Nestor). Mariée depuis à Créthée, roi d'Iolchos, elle en eut Éson.

TYROL, partie orientale de la Rhétie des anciens, contrée et grand gouvt de la monarchie autrichienne, borné au N. par la Bavière, à l'O. par les.Grisons, à l'E. par l'Illyrie et le cercle de Salzbourg, au S. par le roy. Lombard-Vénitien : env. 230 kil. en tous sens; 950 000 hab. (dont env. le tiers Italiens); ch.-l., Inspruck. Divisé d'abord en 7 cercles (Ht et Bas-Innthal, Pusterthal, Adige, Trente, Roveredo, Vorarlberg), il n'en compte plus auj. que 4 : Inspruck, Brixen, Trente, Vorarlberg. Le Tyrol tire son nom du château de Tyrol ou Terioli, sur l'Adige, à 2 kil. de Méran. Il est traversé par de très-hautes montagnes (Alpes rhétiques), et est fort analogue à la Suisse : l'Adige, l'Eisach, la Brenta, la Drave, le Lech y prennent leur source. Air froid et très-vif; sol peu fertile, sauf au S.; agriculture bien entendue : grains, vin, houblon, bétail, abeilles, vers à soie; on élève beaucoup d'oiseaux (les serins du Tyrol s'exportent par toute l'Europe). Riches mines de fer, argent, plomb, houille, alun, marbre, albâtre; sources minérales et thermales. Industrie assez médiocre. Les Tyroliens sont forts, agiles, simples, attachés aux usages de leurs ancêtres et très-religieux : presque tous sont catholiques. Ils sont excellents tireurs, habiles musiciens et surtout bons chanteurs. Les Tyroliens allemands émigrent au printemps pour revenir chez eux passer l'hiver; les Tyroliens italiens partent vers l'hiver et reviennent l'été. — L'anc. Rhétie, après avoir appartenu aux Goths, aux Lombards, aux ducs de Bavière Agilolfings, puis à l'empire carlovingien et ensuite au royaume de Germanie, fut séparée en deux parties quand Boson fonda le roy.d'Arles : 1° la Rhétie occid. (depuis pays des Grisons) , fut comprise dans le roy. d'Arles; 2° la Rhétie orientale, qui n'est autre que le Tyrol actuel, resta au roy. de Germanie. Nombre de seigneuries se formèrent dans cette dernière, entre autres les comtés de Goritz, Eppan, Ulten, Andechs, Méran et celui de Tyrol, alors un des moindres, mais dont les propriétaires étaient de la maison de Goritz. En 1359, Marguerite à la Grande Bouche, héritière de cette maison, céda le Tyrol et ses prétentions sur les autres propriétés de Goritz à la maison d'Autriche, qui n'a cessé de le posséder depuis. Le Tyrol fut souvent donné en apanage à des princes de la maison d'Autriche. Une des branches de cette maison, après la mort de Maximilien II, prit le nom de branche de Tyrol ; cette branche arriva à l'empire en 1618, dans la personne de Ferdinand II, et ne cessa qu'avec Charles VI. Envahi et conquis au commencement de ce siècle par les armes françaises et bavaroises, le Tyrol fut un moment réuni à la Bavière, 1805. Il éclata dans ce pays, en 1809 contre la nouvelle domination une insurrection dirigée par André Hofer, qui fut bientôt comprimée (V. HOFER). Le Tyrol a été rendu à l'Autriche en 1814. Il s'insurgea en 1848 contre cette puissance, mais fut promptement réduit par le feld-maréchal Radetzky.

TYRONE, comté d'Irlande (Ulster) , entre ceux de Loudonderry au N., d'Antrim à l'E., de Monaghan et de Fermanagh au S,, de Donegal à l'O., compte 315 000 hab. et a pour ch.-l. Omagh. Les O'Neill, anciens rois de l'Irlande, s'étaient mis à la tête de ce pays dans la rébellion de 1597.

TYRREL (John), l'assassin des enfants d'Édouard. V. RICHARD III.

TYRREL (James), historien, né à Londres en 1642, m. en 1718, fut de son temps le champion des idées libérales : il combattit le Patriarche de Filmer, favorisa la révolution de 1688, et composa dans ce but des Dialogues politiques, qui eurent une grande vogue. Il fit paraître, de 1700 à 1704, une Histoire générale de l’Angleterre, qui s'arrête à la fin de Richard II (5 vol. in-fol.) ; il y montre que les libertés des peuples ne sont pas des concessions des rois. Le principal mérite de cet ouvrage est de contenir de longs extraits des vieux historiens anglais.

TYRRHÈNES, Tyrrheni, peuple d’origine pélasgique, occupa le pays qui prit de là le nom de Tyrrhénie et qui fut plus tard appelé Étrurie. Ils paraissent être venus de Lydie. Ils étaient célèbres comme navigateurs, mais aussi comme pirates. V. RASENA.

TYRRHÉNIENNE (Mer), Tyrrhenum mare, partie de la Méditerranée qui s’étend entre la côte occidentale de l’Italie, la Corse, la Sardaigne et la Sicile.

TYRTÉE, poète athénien, du VIIe s. av. J.-C. Les Lacédémoniens ayant, pendant la 2e guerre de Messénie, demandé par l’ordre de l’oracle des secours aux Athéniens, ceux-ci leur envoyèrent, comme par dérision, le poète Tyrtée, qui était, dit-on, boiteux et même borgne ; mais ce poète sut par ses chants belliqueux animer les Spartiates à tel point qu’ils finirent par remporter la victoire. En récompense, Tyrtée fut reconnu citoyen de Sparte ; on lisait ses poésies à l’armée rassemblée. On n’a de lui que trois fragments, qu’on imprime d’ordinaire avec les Gnomiques et qui se trouvent dans les recueils de Schneidewin et de Bergck ; ils ont été donnés à part avec un commentaire par Klotz, Altenbourg, 1764, et par Bach, Leipsik, 1831, traduits en prose par Hautôme, 1826, et mis en vers par F. Didot, 1826.

TYRWHITT (Thom.), savant critique, né en 1730 à Londres, mort en 1786, fut quelque temps sous-secrétaire au département de la guerre, puis secrétaire de la Chambre des Communes, et enfin garde du Musée britannique. Il a laissé, entre autres écrits : Explication de plusieurs inscriptions grecques (dans l’Archæologia britannica, 1770 ; Dissertatio de Babrio fabularum æsopicarum scriptore (Oxford, 1776). Il a publié les Contes de Chaucer, avec un glossaire (1778).

TYSDRUS, El-Djem, v. de l’Afrique propre (Byzacène), près de la Méditerranée et de la ville actuelle de Kairouan. Bel amphithéâtre romain. C’est là que les 2 premiers Gordiens furent élevés à l’empire.

TZACONIE. V. ZACONIE.

TZAR ou TSAR. V. CZAR.

TZARSKOÉ-SÉLO, v. de Russie (St-Pétersbourg), à 25 kil. S. de St-Pétersbourg, sur la route de St-Pétersbourg à Moscou. Beau château des tzars ; lycée, école forestière, école de cadets.

TZETZÈS (Jean), en latin Cæcius, poète et grammairien grec, né à Constantinople vers 1120, m. vers 1183, écrivait avec la plus grande facilité. Il a laissé sous le titre de Carmina Iliaca des poésies tirées de l’histoire de Troie. On a de lui en outre les Allégories mythologiques, physiques et morales (en vers ïambiques) ; les Chiliades (en 6 livres et en vers politiques) : c’est un recueil d’anecdotes sur les personnages les plus célèbres ; des Épigrammes et poésies diverses ; une Exégèse sur l’Iliade ; des scholies sur Hésiode, sur l’Alexandra de Lycophron, qui contiennent beaucoup de traits précieux (on les a attribuées, mais à tort, à son frère Isaac Tzetzès) ; des Lettres, publ. par Th. Pressel, Tubingue, 1851. Les Chiliades se trouvent dans le Corpus poetarum græcorum, Genève, 1614, et ont été publ. séparément par Kiesling, Leips., 1826 ; la meilleure édition des Iliaques est celle de Bekker, Berlin, 1816 ; les Allégories ont été éditées et trad. en latin par Fréd. Morel, Paris, 1616, et par Boissonade. 1851.



◄  S T U   ►