Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre R


◄  Q
S  ►

R

R, en latin, s'écrivait pour Roma, Rornanus, Regulus, Rex; R. P. pour : respublica. — Dans les prénoms, R. se met pour Raoul, Rémi, Richard, Robert, Roger.


RAAB (le), Arrabo en latin, riv. des États autrichiens, naît en Styrie à 5 kil. N. O. de Passail, traverse les comitats d'Eisenbourg et d'Œdenbourg, reçoit la Pinka, la Feistritz, et tombe dans le Danube par la r. dr. à Raab, après un cours de 260 kil.

RAAB, Arrabona chez les anciens, Javarinum en latin moderne, v. forte de Hongrie, ch.-l. de comitat, au confluent du Raab et du Danube, à 130 kil. N. O. de Bude ; 18 000 hab., dont 12 000 catholiques. Évêché catholique, suffragant de Gran; académie, gymnase, séminaire. Ville bien bâtie, cathédrale remarquable ; quelques antiquités. Commerce assez actif. — Poste militaire dès le temps des Romains. Prise par les Turcs en 1591, reprise en 1598. Beauharnais y battit l'archiduc Jean en 1809. — Le comitat de Raab, entre ceux de Presbourg, Kœmœrn, Weszprim et d'Œdenbourg, a 52 kil. sur 50 et 120 000 h.

RABAN MAUR, Rhabanus Maurus ou Magnentius, savant, né à Mayence en 776, m. en 856, étudia à l'abbaye de Fulde, puis à St-Martin de Tours, sous Alcuin, reçut les ordres en 814, visita la Terre-Sainte, prit à son retour la direction de la célèbre école de Fulde, fut élu abbé de Fulde en 822, devint évêque de Mayence en 847, réprima beaucoup d'abus ecclésiastiques, chercha, mais en vain, à réconcilier Louis le Débonnaire et ses fils, composa de sages règlements et présida plusieurs synodes. Il traita Gotescalc avec une grande sévérité, mais aussi il déploya une charité sans bornes lors de la famine de 850. Ses Œuvres, publiées à Cologne, 1627, en 3 vol. in-fol., contiennent des poésies (parmi lesquelles le Veni Creator); des commentaires sur l’Écriture, des traités de l’Univers, de l’Institution des clercs et des cérémonies de l’Église, de la Vue de Dieu, du Calendrier ecclésiastique, de l’Invention des langues, un livre d’Étymologies, un Glossaire latin théotisque, conservé manuscrit à Vienne et à Munich et publié en 1727 dans le Thésaurus de Schilter.

RABASTENS, ch.-l. de cant. (Tarn), à 18 kil. S. O. de Gaillac; 5441 h. Toiles de chanvre, chapeaux, poterie. — Autre ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur l'Estreux et le canal d'Alaric, à 17 kil. N. E. de Tarbes; 1266 h. Jadis ville forte, Montluc la prit en 1570 et y reçut une balafre à la figure. V. MONTLUC

RABAT ou NOUVEAU-SALÉ, V. du Maroc (Fez), à l'embouch. de Bouregreb dans l'Atlantique, vis-à-vis de Salé, par 9° 3' long. O., 34° 5' lat. N. ; 25 000 h. Grand château; mur flanqué de tours ; 3 forts; palais impérial; tombeau du sultan Sidi-Mohammed. Chantiers de construction.

RABAUT (Paul), pasteur à Nîmes, né à Bédarieux en 1718, m. en 1795, montra un grand zèle pour ses coreligionnaires : dans un moment où sa tête était à prix, il ne craignit pas d'aller présenter un mémoire en leur faveur à un chef militaire, le marquis de Paulmy, en se nommant; le marquis remit le mémoire au roi, et obtint l'adoucissement des mesures prises contre les Réformés. M. Ch. Coquerel a rédigé d'après ses notes l’Hist. des Églises du désert.

RABAUT-ST-ÉTIENNE (J. Paul), fils du préc. né à Nîmes en 1743, était aussi ministre protestant. Élu membre de l’Assemblée Constituante, il s’y fit remarquer par son hostilité contre le clergé. À la Convention, il combattit la mise en jugement de Louis XVI, et vota pour l’appel au peuple et le sursis. Membre de la commission girondine qui surveillait les actes du tribunal révolutionnaire, il se vit enveloppé dans la proscription de son parti, et porta sa tête sur l’échafaud (1793). On a de lui un Précis de l’histoire de la Révolution française, 1791, continué par Lacretelle jeune, et des Lettres à Bailly sur l’histoire primitive de la Grèce, 1787.

RABBATH-AMMON, auj. Amman, capit. des Ammonites. V. AMMAN et AMMONITES.

RABBATH-MOAB, auj. Rabbah, capit. des Moabites, à l’E. de la mer Morte et près de la r. g. de l’Arnon, était à 100 kil. S. E. de Jérusalem.

RABBE (Alph.), né en 1786 à Riez (B.-Alpes), m. à Paris en 1830, fut sous l’Empire attaché à l’administration de l’armée d’Espagne, puis exerça la profession d’avocat à Aix, se signala sous la Restauration comme libéral, et fut plusieurs fois emprisonné. On a de lui des Résumés de l’histoire de Russie, — de Portugal, — d’Espagne ; et une Hist. d’Alexandre I, emp. de Russie, 1826. Il commença en 1829 la Biographie universelle et portative des Contemporains, continuée par Boisjolin et Binet Ste-Preuve.

RABBIN, qui dérive de l’hébreu Rabb, seigneur, maître, docteur de la loi chez les Juifs modernes. Ce sont des espèces de casuistes instruits, que l’on peut consulter sur les questions religieuses ; mais ils n’ont pas, comme on le croit, de caractère sacerdotal.

RABELAIS (François), célèbre écrivain français, né en 1483 à Chinon, m. en 1553, était fils d’un apothicaire. Il fut quelque temps moine chez les Cordeliers et fut ordonné prêtre, puis, s’accommodant peu de la vie claustrale, il jeta le froc, se mit à courir le monde, se fit recevoir docteur à Montpellier (1531), et exerça la médecine dans cette ville. Chargé par la Faculté de Montpellier de solliciter du chancelier Duprat le rétablissement de quelques-uns de ses privilèges, il réussit dans cette négociation, et la Faculté. reconnaissante décida qu’à l’avenir tout médecin qui prendrait ses degrés revêtirait, en passant sa thèse, la robe de Rabelais. Le cardinal Du Bellay, ambassadeur à Rome, avec lequel il s’était lié au collége, l’emmena avec lui en qualité de médecin. Pendant son séjour à Rome, il se fit remettre les peines canoniques qu’il avait encourues ; néanmoins, il n’épargna dans ses railleries ni le sacré collège, ni le pape lui-même. À son retour, il obtint une prébende à l’abbaye de St-Maur ; en outre il fut nommé en 1545 curé de Meudon. Rabelais était de l’humeur la plus gaie et la plus bouffonne : on en raconte mille anecdotes plaisantes. On a de lui quelques ouvrages sérieux, notamment des éditions de divers traités d’Hippocrate et de Galien ; mais ces travaux n’auraient pas sauvé son nom de l’oubli s’il n’eût été l’auteur de la fameuse histoire de Gargantua et Pantagruel. C’est un roman satirique, rempli de folies, d’extravagances, de quolibets, de mots barbares et forgés à plaisir, de passages obscurs ou même inintelligibles, et qui souvent est ennuyeux ; mais on y trouve aussi beaucoup de gaieté, d’esprit et même de bon sens ; malheureusement, ce livre est déshonoré par des obscénités et des impiétés : les moines surtout y sont l’objet des attaques les plus violentes. Aussi fut-il censuré par la Sorbonne, condamné par le Parlement et mis à l’Index à Rome. On s’est donné beaucoup de peine pour saisir le véritable sens de cet ouvrage : la plupart des commentateurs y ont vu une allégorie continuelle : pour eux Gargantua est François I ; Grand Gousier, Louis XII ; Pantagruel, Henri II ; Picrochole, Maximilien Sforze ; Gargamelle, Anne de Bretagne ; Badebec, la reine Claude ; la Grande Jument, Diane de Poitiers ; Panurge, le cardinal de Lorraine ; mais il est probable que le fond et le cadre sont tout d’imagination, et que les allusions ne se trouvent que dans les détails. Le roman de Rabelais se compose de 5 livres, qui parurent séparément depuis 1533 jusqu’en 1553 (le dernier livre ne fut publié qu’après sa mort). Il en a été fait un grand nombre d’éditions, la plupart avec commentaires. Les principales sont celles d’Amsterdam, 1711 et 1741, avec remarques de Le Duchat et La Monnoye, 5 vol. in-8 ; celle d’Esmangart et E. Johanneau, Paris, 1823-26, 9 v. in-8, avec les remarques de Le Duchat, Bernier, Le Motteux, Voltaire, Ginguené ; de de l’Aulnay, 1823, 3 v. in-8 ; de P. Lacroix, 1842, in-12 ; enfin celle de MM. Burgaud et Rathery, revue sur les textes originaux, 1857, 2 v. in-18. L’abbé Marsy a rajeuni le style de l’auteur dans son Rabelais moderne, 1752. On a de Rabelais un recueil de Lettres, Paris, 1651.

RABENER (Théoph.), poëte et moraliste allemand, né à Wachau, près de Leipsick, en 1714, mort en 1771, remplit divers emplois dans les finances. On a de lui des Lettres satiriques, où il attaque de la manière la plus piquante les vices et les ridicules des classes bourgeoises : il y prend souvent Lucain pour modèle. Ses Œuvres ont été publiés à Leipsick, 1777, en 6 v., et à Stuttgard, 1840, en 4 vol. Quelques-uns de ses écrits ont été traduits en français : les Satires, par Boispréaux, Paris, 1754 ; Osaureus ou le Nouvel Abélard, comédie, par Cailleau, 1761.

RABIRIUS (C.), chevalier romain : accusé par Labienus d’avoir assassiné le tribun Saturninus, il fut défendu par Cicéron et acquitté. Nous avons encore le discours de Cicéron. — Cicéron plaida également pour un autre Rabirius, Caius Postumus, accusé de concussion, et réussit aussi a le faire absoudre.

RABIRIUS (C.), poëte latin du siècle d’Auguste, avait cultivé avec succès la poésie épique : Velléius le nomme à côté de Virgile. On lui attribue un morceau d’un poëme De Bello Actiaco trouvé dans les papyrus d’Herculanum, publié par Kreyssig, Schneeberg, 1814, et réimprimé, avec traduction et commentaires, par Montanari, Forli, 1830-34.

RABUTIN (BUSSI). V. BUSSI.

RACAN (Honorat DE BUEIL, marquis de), poëte, né en 1589 à La Roche-Racan en Touraine, mort en 1670, était fils d’un maréchal de camp. Page de Henri IV, puis militaire, il quitta le service avec le grade de maréchal de camp, et se livra aux lettres. Il fut l’élève et l’ami de Malherbe et fut nommé membre de l’Acad. française dès sa fondation (1635), quoiqu’il ne sût pas le latin. Racan a composé, sous le titre de Bergeries, des Idylles où la vérité du sentiment s’empreint souvent d’une teinte mélancolique, et qui furent fort goûtées de ses contemporains. On a aussi de lui des odes sacrées, tirées des psaumes ; des poésies diverses, et d’intéressants Mémoires sur la vie de Malherbe. Quoique cet auteur manque de force en général, il a donné à la langue poétique une harmonie et une grâce naturelle qu’on ne connaissait pas encore. On a publié ses Œuvres à Paris 1724, 2 vol. in-12. M. T. de la Tour en a donné en 1857 un recueil plus complet, avec Notice biographique et littéraire, 2 vol. in-16.

RACCA, RÉHA ou ORFA, l’anc. Édesse. V. ORFA.

RACCA, Nicephorium, v. de la Turquie d’Asie (Diarbékir), ch.-l. de pachalik, au confluent du Bélès et de l’Euphrate, à 200 k. S. O. de Diarbékir et à 160 kil. S. de l’autre Racca ou Orfa. Fondée par Alexandre, sous le nom de Nicephorium (V. ce nom). Ruines d’un palais d’Haroun-al-Raschid.

RACHEL, 2e fille de Laban, inspira de l’amour à Jacob, son cousin, qui, pour l’obtenir, consentit à se mettre pendant 7 ans au service de son oncle. Au bout de ce temps, Laban, usant de ruse, substitua à Rachel Lia, sa fille aînée, et Jacob fut obligé de servir encore 7 autres années pour obtenir la main de celle qu’il aimait. Après 6 ans de stérilité, elle lui donna un fils, Joseph ; 16 ans après, elle mit au monde un 2e fils, Benjamin, le plus jeune des enfants de Jacob.

RACHEL (Mlle), grande tragédienne, née en 1820, m. en 1858, était fille d’un pauvre colporteur israélite, du nom de Félix, et fut mise au monde sur une route près du village de Munf en Thurgovie. Après une enfance misérable, pendant laquelle elle allait chanter dans les cafés de Lyon, elle fut amenée à Paris, entra au Conservatoire, débuta au Gymnase en 1837, mais sans y être remarquée, et dut à Samson, qui avait deviné son avenir et qui dirigea son talent, d’être admise au Théâtre-Français (1838). Elle y obtint dès l’abord un succès qui s’accrut de jour en jour. Elle ressuscita la tragédie, négligée depuis longtemps, se voua surtout au genre classique et rendit avec une admirable perfection les plus beaux rôles de Corneille, de Racine et de Voltaire. D’une taille avantageuse, d’un port imposant, elle excellait dans l’ironie, la colère et l’indignation, plus que dans l’expression des sentiments tendres ou délicats : Camille, Hermione, Athalie, Lucrèce étaient ses meilleurs rôles ; son geste noble et sobre, ses poses sculpturales ajoutaient beaucoup à l’effet. En 1856, elle entreprit un voyage en Amérique : elle y obtint de nouveaux triomphes et fit d’abondantes recettes, mais elle y contracta une maladie de poitrine qui ne tarda pas à la conduire au tombeau : elle vint mourir au Cannet (Alpes maritimes), dans la force de l’âge et dans toute la plénitude de son talent.

RACHGOUN (île), petite île de l’Algérie, en face de l’embouch. de la Tafna, par 3° 50′ long. O., a 800m sur 200, avec un petit port.

RACHIMBOURGS, hommes libres qui, chez les Francs, avaient le droit d’assister aux plaids pour délibérer sur les affaires générales et rendre la justice : ils siégeaient au nombre de 7.

RACHOTIS, quartier d’Alexandrie. V. ALEXANDRIE.

RACINE (Jean), le plus parfait des poëtes tragiques de la France, né en 1639 à La Ferté-Milon, mort en 1699, avait pour père un contrôleur du grenier à sel de sa ville natale, et resta orphelin à 4 ans. Élevé à Port-Royal, il y puisa le goût de la littérature classique. Il se fit connaître dès l’âge de vingt ans, et s’attira les bonnes grâces de la cour par une ode qu’il composa pour le mariage de Louis XIV (la Nymphe de la Seine). Il eut le bonheur de se lier dès sa jeunesse avec Molière et Boileau, qui le conseillèrent utilement. S’étant voué à la carrière dramatique, il débuta par une tragédie de Théagène et Chariclée, essai fort imparfait, que Molière lui fit supprimer ; fit jouer en 1664 la Thébaïde, en 1665 Alexandre, et révéla tout son talent dans Andromaque (1667), qui eut un grand succès, mais qui éveilla l’envie. En 1668, il composa, comme pour se délasser du genre tragique, la spirituelle comédie des Plaideurs (1668), imitée des Guêpes d’Aristophane ; depuis, il se consacra tout entier à la tragédie, et donna successivement : Britannicus (1669), où il s’inspira de Tacite ; Bérénice (1670), où il mettait en scène, sous des noms antiques, la séparation de Louis XIV et de Henriette d’Angleterre, qui s’aimaient ; Bajazet (1672), Mithridate (1673), enfin Iphigénie (1674), et Phèdre (1677), imitées toutes deux d’Euripide. Il eut la douleur d’entendre siffler le dernier chef-d’œuvre par une cabale à la tête de laquelle étaient le duc de Nevers et la duchesse de Bouillon, et de voir triompher un moment la Phèdre de Pradon, qu’on ne craignit pas de lui opposer : justement froissé d’un si indigne traitement, il renonça au théâtre, quoiqu’il n’eût encore que 38 ans et que son génie fût dans toute sa force ; il était d’ailleurs confirmé dans cette résolution par des scrupules religieux. Il se maria en 1677, fut nommé la même année historiographe du roi, et ne voulut plus s’occuper que du soin de sa famille et des devoirs de sa charge. Cependant il consentit, à la prière de Mme de Maintenon, et après un silence de douze ans, à traiter des sujets sacrés, et composa Esther (1689) et Athalie (1691), qui furent jouées à St-Cyr par les demoiselles de la maison royale. La 1re de ces tragédies eut le succès qu’elle méritait ; mais la 2e, livrée au public par l’impression, fut entièrement méconnue, et Racine, découragé par cette nouvelle injustice, cessa définitivement de travailler pour la scène. Louis XIV ne s’en plut pas moins à le combler de faveurs ; il lui assura une pension, le fit trésorier de la généralité de Moulins et gentilhomme ordinaire ; il l’admettait même dans sa familiarité. Mais un Mémoire sur la misère du peuple, que Racine avait rédigé à la sollicitation de Mme de Maintenon (1697), étant tombé entre les mains du roi, ce prince s’en offensa, et s’exprima en termes durs, qui, rapportés au poëte, lui portèrent un coup fatal : une maladie dont il souffrait (un abcès au foie) s’aggrava ; il ne fit plus que languir et mourut deux ans après. Il avait été reçu à l’Académie française dès 1673. Racine n’égale peut-être pas Corneille en vigueur, en génie, mais il le surpasse en correction, en élégance, en souplesse et surtout en sensibilité : la tendresse est le principal ressort qu’il fait jouer ; en outre, il n’offre point de disparate comme son émule ; enfin, son style est la perfection même. Outre ses tragédies, on a de lui quelques épigrammes, des cantiques spirituels, composés pour St-Cyr (1694), et de belles odes, auxquelles il faut ajouter les chœurs d’Esther et d’Athalie, les plus beaux modèles de poésie lyrique que possède notre langue. Par un rare privilège, Racine écrivait en prose presque aussi bien qu’en vers : il avait, en sa qualité d’historiographe, rédigé une Histoire du règne de Louis XIV qui était fort avancée au moment de sa mort ; elle a péri dans un incendie (1720) ; on n’en a conservé qu’un fragment, la Campagne de 1672 à 1678. On a encore de lui : l’Abrégé de l’histoire de Port-Royal, 1693 ; des Discours académiques (dont l’un renferme l’Éloge de P. Corneille), et des Lettres pleines de naturel. Parmi les éditions critiques de ses Œuvres, on distingue celles d’Aimé Martin (1820), de M. Paul Mesnard (1865 et suiv.) ; et l’on admire, comme éditions de luxe, celles de Didot, dite du Louvre, 1801-1805, et de Bodoni, Parme, 1813, toutes deux en 3 vol. in-fol. Le Théâtre de J. Racine a été commenté par son fils L. Racine, par Luneau de Boisfermain, Laharpe, Geoffroy, Fontanier, etc.

RACINE (Louis), poëte didactique, fils du préc., né à Paris en 1692, m. en 1763, eut pour maître Rollin et se sentit de bonne heure entraîné vers la poésie. Il se fit recevoir avocat pour obéir au vœu de sa famille, puis alla passer trois ans à l’Oratoire, où il composa la Grâce, poëme en 4 chants, qu’on accuse de jansénisme, accepta en 1722 une place d’inspecteur des fermes de Provence, mais s’en démit vers 1750 pour se fixer à Paris, où il fut élu membre de l’Académie des inscriptions. Ayant perdu en 1755 un fils unique, mort à Cadix victime du tremblement de terre qui renversa Lisbonne, il renonça au monde pour être tout entier à sa douleur et ne s’occupa plus que d’exercices de piété. On a de lui, outre la Grâce (1722), la Religion, en 6 chants (1742), poëme d’un genre froid, mais qui, avec une versification correcte et élégante, offre de grandes beautés, et qui est justement devenu classique ; des odes qui ont les mêmes qualités et les mêmes défauts que ses poëmes (on y distingue l’Ode à l’harmonie, où l’exemple est joint au précepte de la manière la plus heureuse) ; des poésies diverses, des Réflexions sur la poésie, des Remarques sur les tragédies de J. Racine, avec un Traité de la poésie dramatique, d’intéressants Mémoires sur la vie de J. Racine, et une traduction en prose du Paradis perdu de Milton. L’édition la plus complète de ses Œuvres est due à Lenormant, 1808,6 vol. in-8. Des Lettres inédites de J. et L. Racine ont été publ. en 1862 par l’abbé A. de Laroque, leur petit-fils.

RACINE (l’abbé Bonaventure), parent des précédents, né en 1708 à Chauny près de Laon, m. en 1755, était principal du collège de Rabastens (diocèse d’Alby), mais se vit forcé de quitter ses fonctions à cause de son attachement au Jansénisme, Caylus, évêque d'Auxerre le recueillit et lui donna un canonicat dans sa cathédrale. On a de lui un Abrégé de l'histoire ecclésiastique, 1748-56, 13 vol. in-12, ouvrage instructif, mais partial.

RADAGAISE ou RADOGAST, chef germain, fondit en 406 sur l'Italie à la tête de 200 000 barbares, Vandales, Suèves, Goths, Alains, dévasta le nord de ce pays et assiégea Florence, mais fut battu et pris devant cette ville par le général d'Honorius, Stilicon, en 406, et décapité.

RADAMA I, roi des Hovas, le peuple dominant de Madagascar, né en 1791, m. en 1828, conquit presque toute l'île à l'aide des Anglais, et enleva aux Français leurs établissements de Foulpointe, Tamatave et Tintingue ; il songeait à se rendre indépendant des Anglais eux-mêmes lorsqu'il mourut subitement. — Sa veuve Ranavalo, le remplaça ; elle se montra fort hostile aux Européens. Mte en 1861. — Son fils, Radama II, entra au contraire dans la voie de la civilisation, mais il périt assassiné dès 1863.

RADCLIFFE (Anne), romancière anglaise, née à Londres en 1764, m. en 1823, avait épousé à 23 ans un gradué d'Oxford, propriétaire et éditeur de la Chronique anglaise. Elle acquit de bonne heure une grande célébrité par des romans d'un genre nouveau, qui parurent de 1789 à 1797 et qui décèlent un vrai talent ; mais elle renonça tout d'un coup à écrire parce que l'envie et la spéculation se plurent à faire courir sous son nom des œuvres indignes d'elle. La terreur, le mystère, le merveilleux sont les principaux ressorts de ses romans ; on s'y croit sans cesse environné de revenants, de spectres, d'esprits célestes ou infernaux ; mais, au dénoüment, tout s'explique par des causes naturelles. On a dit à tort que, croyant elle-même aux fantômes de son imagination, elle eut des accès de démence à la fin de sa vie. Ou a d'elle : les Châteaux d'Athlin et de Dumbayne, la Forêt ou l'Abbaye de St-Clair, Julia, l'Italien ou le Confessionnal des Pénitents noirs, les Mystères d'Udolphe, son chef-d'œuvre : ce dernier ouvrage fut payé par l'éditeur 1000 livres (25 000 fr.). Tous les romans d'Anne Radcliffe ont été traduits.

RADEGONDE (Ste), reine de France, née en 519, m. en 587, était fille de Bertaire, roi de Thuringe, et fut élevée dans le paganisme. Le roi Clotaire I la fit instruire dans la religion chrétienne et l'épousa en 638 ; mais six ans après, il lui permit de se faire religieuse. Elle prit le voile à Noyon et fonda à Poitiers l'abbaye de Ste-Croix où elle vécut dans les exercices d'une piété austère. Fortunat a écrit sa Vie. On l'hon. le 13 août.

RADET (Ét.), général et baron de l'Empire, né en 1762 à Stenay. m. en 1825, fut chargé en 1809 d'enlever le pape Pie VII, conduisit à Cette en 1815 le duc d'Angoulême fait prisonnier, exerça pendant les Cent jours les fonctions d'inspecteur général de la gendarmerie et de grand prévôt de l'armée, fut condamné sous Louis XVIII, en 1816, à 9 ans de détention, pour avoir coopéré au retour de Bonaparte, mais reçut sa grâce au bout de 2 ans.

RADET (J. B), vaudevilliste, né à Dijon en 1751, m. en 1830, occupait auprès de la duchesse de Villeroy, avant la Révolution, un emploi de secrétaire bibliothécaire, espèce de sinécure qui lui permit de se livrer à ses goûts littéraires. Il avait déjà donné avec succès quelques pièces au théâtre d'Audinot et au Théâtre-Italien (Opéra-Comique), lorsque le Vaudeville fut fondé par son ami Barré : il y fit représenter de 1792 à 1816 une foule de jolies pièces et de gaies parodies, qu'il composait soit seul, soit avec Barré, Desfontaines, A. Gouffé, et qui contribuèrent à la fortune de ce théâtre. On se rappelle, dans le nombre, Gaspard l'avisé et la Maison en loterie. Son dialogue est fin et spirituel, ses couplets bien tournés.

RADETZKY (Jos. WENZEL, comte de), général autrichien, né en 1766 à Trebnitz en Bohême, m. en 1857, se distingua dans les guerres contre la France, devint en 1831 général en chef de l'armée autrichienne en Italie, et reçut en 1836 le bâton de feld-maréchal. Surpris en 1848 par l'insurrection lombarde, il fut d'abord chassé de Milan et vaincu à Goito ; mais, malgré son grand âge, il ne tarda pas à prendre sa revanche et remporta sur Charles-Albert, le 23 mars 1849, la victoire décisive de Novare, qui replaça la Lombardie sous le pouvoir de l'Autriche ; peu après il bombarda et reprit Venise. Un monument lui a été érigé à Prague.

RADI-BILLAH (ABOU'L ABBAS MOHAMMED, AL), calife abbasside de Bagdad (934-940), créa en 935 la charge d’émir-al-omrah (commandant des commandants) et se réduisit à une espèce de pontificat, s'annulant ainsi lui-même.

RADJAHS. On appelle ainsi les souverains hindous qui gouvernent les diverses-contrées de l'Hindoustan ; ils appartiennent généralement à la caste des chattryas ou guerriers. Avant la conquête des Mongols, ils étaient tous indépendants ; auj. ils sont pour la plupart tributaires des Anglais.

RADJEPOUTANAH. V. ADJMIR et RADJEPOUTES.

RADJEPOUTES, c-à-d. fils de Radjahs, nom donné dans l'Inde non-seulement aux fils des Radjahs (lesquels en droit avaient tous un apanage), mais encore à tout chef militaire d'une principauté, d'une seigneurie, d'un canton petit ou grand. On l'a même étendu à toute la caste des guerriers ou chattryas. — On appelle Principautés radjepoutes la plupart de celles qui forment l'Inde anglaise médiate ; l'Adjmir, où elles abondent principalement, a été par suite appelé le Radjepoutanah.

RADNOR (comté de), un des comtés de l'Angleterre, dans le pays de Galles, entre ceux de Montgomery au N., de Shrop au N. E., d'Hereford à l'E., de Brecknock au S. et de Cardigan à l'O., a 112 060 hectares et 30 000 h. ; ch.-l., Radnor et Presteign. Montagnes, lacs pittoresques, pâturages. Antiquités. — Radnor ou New-Radnor, à 250 kil. N. O. de Londres, ne compte guère que 1000 hab. C'était jadis une ville importante.

RADOM, v. de Pologne, ch.-l. du gouvt de son nom, sur la Radomka, sur la Meczna, à 97 kil. S. de Varsovie ; 5700 hab. — Le gvt de R., formé par la réunion de ceux de Kielce et de Sandomir, a 24 145 k. carrés, et 950 000 h. Il y eut à Radom en 1767 une réunion des nobles dissidents dans le but d'obtenir l'admission aux emplois publics des sectes dissidentes.

RADONVILLIERS (François LYSARDE, abbé de), né à Paris en 1709, m. en 1789, entra chez les Jésuites, professa dans différents colléges, fut secrétaire de l'archevêque de Bourges (La Rochefoucauld), qu'il accompagna à Rome, puis fut choisi pour être sous-précepteur des enfants de France et devint conseiller d'État. Il était de l'Académie française. On a de lui un traité estimé : De la manière d'apprendre les langues, 1768, une traduction de Cornélius Nepos, et divers opuscules réunis par Noël, 1807.

RADSTADT. v. du gr.-duché de Bade. V. RASTADT.

RADZIVIL, une des plus anciennes et des plus riches maisons lithuano-polonaises, commence à figurer dans l'histoire au XIVe s., et porte depuis 1518 le titre de Prince du St-Empire romain. Nicolas R., 1er du nom, reçut le baptême en 1386 avec Jagellon, grand-duc de Lithuanie, qui, devenu roi, le créa palatin de Vilna. En se faisant chrétien, il prit S. Nicolas pour patron et voulut qu'à l'avenir tous les aînés de sa maison portassent le nom de ce saint. Les plus célèbres de ses descendants sont : George I, l’Hercule lithuanien, 1480-1541, qui fut vainqueur dans 30 batailles livrées aux Moscovites, aux Tatares, aux Teutoniques. Il fut fait en 1527 castellan de Vilna et en 1533 grand général (connétable). Il est père de la belle Barbe Radzivil, qui épousa en 1548 Sigismond II, roi de Pologne, et qui mourut empoisonnée. — Nicolas IV, 1515-65, palatin de Vilna et gouverneur de Livonie sous Sigismond II, roi de Pologne. Il se signala en 1557 dans un combat contre l'Ordre teutonique, et en 1565 contre les Russes, qu'il battit complètement et chassa de la Lithuanie. Il quitta la religion catholique pour le Protestantisme, propagea avec zèle les nouvelles doctrines, établit une imprimerie fameuse à Brezscie, et fit traduire et imprimer à ses frais une Bible polonaise ; mais ses enfants retournèrent à la foi catholique. — Charles R., 1734-90, palatin de Vilna. Nommé en 1762 gouverneur de la Lithuanie par le roi de Pologne Auguste III, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour combattre l'influence russe, mais il ne put empêcher Stan. Poniatowski, le protégé de l'impératrice Catherine, de devenir roi. Mis hors la loi, il vit confisquer ses biens immenses, qui montaient à plus de 5 millions de revenu. Élu en 1767 chef de la confédération de Bar, il voulut en vain prévenir le démembrement de son pays et s'expatria. Il séjourna longtemps à Paris et fit bâtir à ses frais un passage qui conduit du Palais-Royal à la rue de Richelieu. Rentré en Pologne dans ses dernières années, il assista aux débuts de la diète de Varsovie qui en 1791, un an après sa mort, proclama une nouvelle constitution. — Dominique R., 1787-1813, fit en qualité de colonel la campagne de Moscou dans l'armée française, s'y distingua par son courage et son dévouement, et fut blessé mortellement au combat de Hanau : il fut vivement regretté de Napoléon, qui l'avait attaché à sa personne.

RAFFENEL (Cl. Denis), né dans le Jura vers 1799, m. en 1827, fut attaché à un des consulats des Échelles du Levant, fonda l’Observateur oriental à Smyrne, alla en 1826 combattre les Turcs en Grèce sous le commandement de Fabvier, et fut tué dans le château d'Athènes. On a de lui : Histoire des Grecs depuis la prise de Constantinople, 1824 ; Histoire complète des événements de la Grèce, 1822-25.

RAFFENEL (J. B.), voyageur, né à Versailles en 1809, m. en 1858, visita de 1826 à 1842 les Antilles, le Brésil, les États-Unis, Madagascar, Bourbon, le Sénégal, fut chargé en 1843 d'explorer la Falimé et les pays riverains, publia à son retour un Voyage dans l'Afrique occidentale (1846), entreprit peu après de traverser l'Afrique dans toute sa largeur, mais fut pris et dépouillé sur les limites du Ségo, et ne put aller plus loin. Il profita de sa captivité pour rédiger un Voyage dans le pays des Nègres, qui parut en 1856. Il fut nommé en 1855 gouverneur de nos établissements de Madagascar.

RAFFET (Aug.), dessinateur, né à Pantin en 1804, m. en 1860. Après s'être essayé dans la peinture d'histoire, il se consacra au dessin lithographique et à l'aquarelle et y excella. Il illustra, entre autres ouvrages, les Histoires de M. Thiers, le Napoléon en Égypte et la Némésis de Barthélémy, le Voyage en Crimée d'Anatole Demidoff. Son chef-d'œuvre est la Revue des Morts, composition fantastique où l'on voit les plus illustres généraux de l'Empire se presser devant l'ombre de Napoléon. Ses dessins se distinguent par une vérité parfaite et une grande entente de la composition. M. Giacomelli a publié en 1863 le catalogue de son Œuvre.

RAFFINÉS (les), nom donné du temps de Henri III et Henri IV à ces braves de la cour qui, prétendant raffiner sur le point d'honneur, étaient toujours prêts à tirer l'épée, même pour les motifs les plus futiles.

RAGAU, grande plaine de l'Asie, près du confluent du Tigre et de l'Euphrate, où Nabuchodonosor Ier, roi d'Assyrie, remporta une victoire décisive sur Phraorte, roi des Mèdes, qui y fut tué, 655 av. J.-C.

RAGENFRED. V. RAINFROI.

RAGÈS ou RHAGIS, plus tard EUROPUS et ARSACIA, auj. Razi ou Réi, v. de Médie, au S., près d'Ecbatane, passait pour être la 2e ville de la Médie sous le rapport de l'ancienneté. C'est là que Tobie alla par ordre de son père chercher les 6 talents que lui devait Gabélus. Patrie du médecin Razi.

RAGLAN (J. H. FITZROY-SOMERSET, lord), général anglais, né en 1788, fut aide de camp de Wellington en Espagne, prit part, en qualité de lieutenant colonel, aux batailles de Toulouse, eut un bras emporté à celle de Waterloo, occupa depuis la paix les postes de secrétaire de la direction de l'artillerie, de major général, de directeur général de l'artillerie, fut élevé à la pairie en 1852, et choisi en 1854 pour commander en chef les forces britanniques en Orient. Adressa, de concert avec le maréchal de St-Arnaud, le plan de l'expédition de Crimée, prit une part glorieuse a la victoire de l'Alma, au siège de Sébastopol, à la bataille d'Inkermann, et fut à la suite de cette dernière affaire élevé à la dignité de feld-maréchal, mais il fut peu après enlevé par le choléra (1855). Son calme et sa lenteur contrastaient avec la vivacité et l'impétuosité du général en chef de l'armée française.

RAGOTZKY ou RAGOCZI (Sigismond), magnat hongrois, fut élu malgré lui prince de Transylvanie à la mort d’Étienne Bocskay (1607). Déjà vieux, il se hâta de céder cette dignité à Gabriel Bathori, 1608. — George R., l'Ancien, prince de Transylvanie (1630-48), se fit reconnaître par le sultan Amurat IV et par l'empereur Ferdinand II, se joignit aux Suédois dans la guerre de Trente ans, 1643, se déclara ouvertement contre l'empereur en 1644, et fut secondé par les palatins de Hongrie ; mais fit la paix en 1645. Il conserva ses possessions et put même y ajouter la Valachie. — George R., le Jeune (1648-61), se ligua avec la Suède contre la Pologne en 1659, malgré l'opposition du grand vizir, fut battu à Medjiboj, fut déposé par les Turcs et perdit la vie en combattant pour ressaisir le pouvoir. — Franç. Léopold R., petit-fils du préc., né en 1676, avait été élevé à la cour de Vienne après que sa maison eut été dépouillée, puis fut enfermé au château de Neustadt pour avoir réclamé une partie de ses biens. Il s'évada, fut nommé chef par les mécontents de Hongrie en 1701, déploya à leur tête une grande valeur, et tint 10 ans la Hongrie séparée de l'Autriche. Proscrit après la paix de Nagy-Caroly (1711), il alla vivre soit en France, soit en Turquie ; il mourut à Rodosto en 1735. Il a laissé des Mémoires.

RAGUËL, beau-père de Tobie. V. TOBIE.

RAGUENET (l'abbé François), né à Rouen en 1660, m. en 1720, s'appliqua à l'étude des belles-lettres et de l'histoire, remporta le prix d'éloquence à l'Académie française en 1689 pour un discours Sur le Mérite et l'utilité du martyre, et fut précepteur des neveux du cardinal de Bouillon. On a de lui Histoire d'Ol. Cromwell, 1691 ; Monuments de Rome, 1700 ; Histoire de l'Ancien Testament, 1708 ; Hist. de Turenne, 1738 (posthume) : cet ouvrage, qui est plutôt un journal qu'une histoire, a été souvent réimprimé.

RAGUSE, Rhausium, en latin, v. forte des États autrichiens, dans la Dalmatie, ch.-l. de cercle, sur la rive orient. de l'Adriatique, à 350 kil. S. E. de Zara ; 10 000 hab. Archevêché, dont le titulaire est primat de Dalmatie ; 2 ports, fortifications, collège de Piaristes, bibliothèques. Soieries et lainages. Patrie de Baglivi, Boscovich, Banduri. — Raguse a été fondée par des fugitifs d'Epidaure et de Salone aux VIe et VIIe s., fortifiée par Pie II et plus tard par les Français ; enfin rebâtie aux frais du pape et les rois de France et d'Angleterre après le tremblement de terre de 1667, qui l'avait renversée. Indépendante depuis la chute de l'empire grec, elle forma une petite république aristocratique qui se maintint pendant plusieurs siècles sous la protection des puissances voisines. En 1806, Napoléon la fit occuper militairement : les Russes et les Monténégrins, qui étaient venus assiéger les Français dans cette ville, furent repoussés. En 1810, elle fut annexée par Napoléon I aux provinces illyriennes. Le congrès de Vienne l'attribua à l'Autriche (1815). Napoléon avait donné au maréchal Marmont le titre de duc de Raguse. — A 12 kil. S. E. de Raguse est le Vieux-Raguse (l'anc. Epidaurus). — Le cercle de R., entre ceux de Spalatro au N., des Bouches-du-Cattaro au S., l'Adriatique à l'O., l'Empire ottoman à l'E., a 1452 hectares, et 60 000 hab.

RAHAB, femme de Jéricho, reçut et cacha chez elle les envoyés de Josué : aussi sa maison fut elle épargnée par les Israélites à la prise de Jéricho. Elle épousa Salmon, prince de Juda, et fut mère de Booz.

RAHMANIEH, v. de la Basse-Égypte, à 18 kil. N. E. de Damanhour, sur la principale branche du Nil, à laquelle elle donne son nom.

RAÏATEA, une des îles de la Société. V. TAÏTI.

RAIMBAUD, nom porté par 4 comtes d'Orange du Xe au XIIe s. Le plus célèbre est un des héros de la Jérusalem délivrée du Tasse. Il prit la croix en 1097, entra par la brèche dans Jérusalem en 1099, et mourut en Palestine en 1115. Une statue lui a été érigée en 1846 sur la place publique d'Orange.

RAIMOND. V. RAYMOND.

RAIMONDI (Marc Antoine), graveur italien, né à Bologne vers 1475, mort en 1546, contrefaisait avec une incroyable perfection les gravures d'Albert Durer. Étant venu à Rome en 1610, il y fut employé par Raphaël à reproduire ses chefs-d'œuvre, et il le fit avec une telle perfection que son nom est resté inséparable de celui de Raphaël. Il fut emprisonné par ordre de Clément VII pour avoir gravé d'après Jules Romain des peintures obscènes pour les sonnets de l'Arétin; néanmoins, étant tombé dans l'indigence après la prise de Rome en 1527, il fut secouru par ce pape. Son œuvre se compose d'environ 350 pièces, parmi lesquelles on cite une Ste Cécile, le Massacre des Innocents, le Martyre de S.Laurent.

RAINCY (le), anc. château royal avec parc, situé à 12 k. N. E. de Paris, dans la commune de Livry et la forêt de Bondy, communiquait avec la route d'Allemagne par une magnifique avenue. Construit en 1652, il a été dévasté pendant la Révolution; les restes en ont été détruits en 1848, et le terrain, vendu depuis par lots, est auj. couvert de maisons.

RAINFROI ou RAGENFRED, maire du palais de Neustrie sous Dagobert III et Chilpéric II, chercha avec l'aide d'Eudes, duc d'Aquitaine, à secouer le joug de l'Austrasie, mais se fit battre par Charles-Martel à Vincy, 717, et à Soissons, 719. Il se retira à Angers, où il mourut en 731.

RAINOLF ou RAINULFE, aventurier normand, débarqua dans l'Italie méridionale en 1017, avec Drengot, se mit successivement à la solde de Mélo de Bari, de Pandolfe, prince de Capoue, de Sergius, duc de Naples, et obtint de ce dernier, en 1029, le territoire d'Aversa, avec le titre de comte, titre qui fut confirmé par l'emp. Conrad le Salique en 1037. Il mourut en 1059 et eut pour successeur son fils Richard.

RAJAHS. V. RADJAHS.

RAKONITZ, v. des États autrichiens (Bohême), dans le cercle de son nom, à 26 kil. O. de Schlan; 2400 hab. Houille, usines à fer et verreries aux environs. — Le cercle de R., qui a pour ch.-l. Schlan, a 224 kil. carr. et 180 000 hab.

RAKOS, vaste plaine à 2 kil. de Pesth, où les nobles hongrois tenaient leurs assemblées en plein air et à cheval, et où se faisait l'élection des rois.

RAKOW, bourg de Pologne (Sandomir), sur la Czarna, à 44 kil. O. de Sandomir; 800 hab. C'était jadis un des établissements principaux des Sociniens, qui y rédigèrent leur célèbre Catéchisme dit racovien. Ils en furent expulsés en 1643 et émigrèrent en Transylvanie.

RALEIGH, v. des États-Unis, ch.-l. de la Caroline du Nord, à 360 kil. S. O. de Washington ; 6000 h. Belle place (Union square), hôtel de l’État, avec une statue de Washington par Canova; chemin de fer.

RALEIGH (sir Walter), né en 1552 à Hayes dans le Devonshire, se concilia de bonne heure la faveur de la reine Élisabeth, combattit avec courage les Irlandais révoltés, conçut le projet de coloniser l'Amérique du Nord, y fonda en 1584 l'établissement de la Virginie, contribua à battre la fameuse Armada des Espagnols, et travailla à replacer sur le trône le roi de Portugal (1589). Il fut plusieurs fois élu membre du parlement, et y jouit d'une grande influence. Disgracié un instant pour avoir séduit une des filles d'honneur de la reine (1592), il rentra bientôt en faveur, et disputa à Leicester et au comte d'Essex le cœur d’Élisabeth ; on l'accuse d'avoir hâté la perte du malheureux Essex. Sous Jacques I, il perdit tout son crédit, fut accusé d'avoir pris part à une conspiration contre le roi, et jeté dans une prison où il resta 12 ans (1604-16). Il obtint enfin sa liberté provisoire, entreprit en 1617 une expédition à la Guyane, où il espérait découvrir des mines d'or, et prit possession d'une partie de ce pays au nom de l'Angleterre; mais, ayant détruit quelques établissements espagnols, il fut, à la sollicitation de l'Espagne, emprisonné de nouveau à son retour; on fit revivre l'ancienne accusation de trahison dont il n'avait pas été entièrement déchargé; il fut condamné à mort, et subit avec courage un supplice qu'il n'avait pas mérité (1618). Pendant sa longue détention, sir W. Raleigh avait composé divers écrits, entre autres une Histoire du Monde, qui est fort estimée pour le style comme pour le fond. Il fut l'ami de Spenser. On lui attribue l'introduction du tabac dans la Virginie et de la pomme de terre en Angleterre. Outre l’Hist. du monde, il a laissé des Œuvres diverses, qui ont été publiées à Londres en 1751.

RAMA, v. de Palestine. V. ARIMATHIE.

RAMA, 7e incarnation de Vichnou, était le fils du roi d'Aoude Daçaratha; il fut élevé par Vacichtha, échappa aux pièges que lui tendaient ses ennemis, et parcourut le monde avec le brahme Viçouamitra, exterminant les géants. Arrivé à la cour de Djanaka, il gagne au tir de l'arc la main de la fille de ce prince, la belle Sita, puis rentre en triomphe au palais d'Aoude; mais bientôt il est forcé d'en sortir : Daçaratha, son père, lié par un serment que lui avait arraché sa dernière femme, l'exile pour 14 ans, et assure le trône à son plus jeune fils, Bharata. Rama, banni, eut pour compagnon fidèle son frère Lakchmana, et se signala encore par des exploits merveilleux, ainsi que par de dures pénitences. Au bout de 12 ans, il revit Aoude, mais il trouva son père mort de douleur. Il laissa le trône à Bharata, puis marcha contre Ravana, roi de Lanka (Ceylan), qui lui avait enlevé Sita, le fit périr, et reprit Sita. Après cette expédition, il fonda un royaume sur la côte de l'Inde en face de Lanka, donna à ses sujets des lois, leur enseigna les arts, l'agriculture, la religion, puis remonta au ciel avec Sita, laissant l'empire à Koucha, son fils. Oh a cru retrouver dans Rama le Bacchus des Grecs. Ses aventures sont racontées dans un célèbre poëme indien de Valmiky, le Ramayana.

RAMADAN ou RAMAZAN, 9e mois du calendrier turc, arrivait originairement à l'époque de la plus grande chaleur : d'où son nom (de l'arabe ramidâh, être échauffé). Pendant ce mois, les Musulmans observent une sévère abstinence depuis le lever jusqu'au coucher du soleil : c'est leur carême. Il se termine par le Beiram. V. ce mot.

RAMAYANA (c.-à-d. Course de Rama), épopée indienne rédigée en langue sanscrite, où sont racontées les aventures de Rama; c'est l'œuvre du poëte Valmiky, ou plutôt de plusieurs poëtes d'une même école. Le Ramayana a été publié dans le texte original avec traduction anglaise par Carey et Marshman, Sirampour, 1806-19 ; il a été traduit en italien par Gorresio, Paris, 1843-59, 10 vol. in-4, et en français par Hipp. Fauche, 1854-55, 4 v. in-18.

RAMBERVILLERS, ch.-l. de cant. (Vosges), à 28 kil. N. E. d'Épinal; 4861 hab. Collège, bibliothèque. Drap, toile, bas de laine, poterie, cuirs; culture du houblon. Source pétrifiante et eaux ferrugineuses.

RAMBOUILLET, Ramboletum, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Oise), à 32 kil. S. O. de Versailles, et à 48 kil. S. O. de Paris, par le chemin de fer de l'Ouest, dans une vallée agréable, au S. de la vaste forêt de Rambouillet; 4228 h. Ville bien percée et bien bâtie. Ancien château royal, construit en forme de fer à cheval et flanqué de grosses tours (on y voit la chambre où mourut François I); beau parc dessiné par Le Nôtre, attenant au château et communiquant avec la forêt, belles pièces d'eau très-étendues ; dans le grand parc se trouve une bergerie établie par Louis XVI en 1786 pour l'amélioration des races et qui devint en 1811 le dépôt des mérinos importés d'Espagne. Moutons, laine, grains, farine et bois. — Rambouillet était au XIVe s. une seigneurie appartenant à la famille d'Angennes ; cette seigneurie passa depuis aux familles de Ste-Maure-Montausier et d'Uzès. Le château fut acheté en 1711 par le comte de Toulouse, duc de Penthièvre, pour qui Louis XIV l'érigea en duché-pairie (1714); Louis XVI l'acquit en 1778 de la maison de Penthièvre. Charles X s'y retira à la suite des journées de juillet 1830 ; mais le peuple de Paris s'y étant porté en foule, il évacua la ville sans vouloir faire de résistance.

RAMBOUILLET (maison de), branche de la famille d'Angennes, posséda dès le XIVe s. la terre de Rambouillet, et produisit plusieurs personnages remarquables, entre autres : Jacques d'Angennes, seigneur de R., favori de François I, capitaine des gardes de ce prince et de ses trois successeurs, qui remplit d'importantes missions en Allemagne, et mourut en 1562, laissant 12 enfants; — Ch. d'Angennes, cardinal de R., un des fils de Jacques, 1530-87 : il fut évêque du Mans (1560), assista au concile de Trente, et fut ambassadeur auprès de Grégoire XIII. Il a laissé des Mémoires. — Ch. d'Angennes, marquis de R., petit-fils de Jacques, 1577-1652, maréchal de camp, ambassadeur en Piémont et en Espagne (1627). Il avait épousé en 1600 Catherine de Vivonne, et en eut la célèbre Julie (Julie Lucie d'Angennes), qui épousa le duc de Montausier. C'est chez lui que se rassemblait la société dite de l’Hôtel de Rambouillet.

RAMBOUILLET DE LA SABLIÈRE. V. LA SABLIÈRE.

RAMBOUILLET (Hôtel de). On nommait ainsi la société qui se réunissait à l'hôtel de la marquise de Rambouillet (rue St-Thomas du Louvre, à Paris) ; elle se composait de personnes choisies, distinguées par la naissance, la vertu ou l'esprit. On fait remonter l'origine de cette société à l'an 1600, époque du mariage du marquis de Rambouillet avec Catherine de Vivonne; mais c'est surtout au milieu du XVIIe s., de 1635 à 1665, qu'elle fut en faveur. Parmi les grands seigneurs, on y remarquait, outre le marquis de Rambouillet, le cardinal de Richelieu, Condé, Montausier; parmi les beaux esprits, Racan, Voiture, Benserade, Balzac, Ménage, Chapelain, La Calprenède, les Scudéry, d'Urfé, Sarrasin, Desmarets St-Sorlin, l'abbé Cottin ; parmi les femmes, la duchesse de Longueville, la marquise de Lafayette, Mme de Sévigné, Mme Deshoulières; Julie d'Angennes (depuis duchesse de Montausier), fille de la marquise de Rambouillet, en était l'âme st le plus bel ornement. Chacune des personnes de cette société recevait un nom emprunté à la Grèce ou tiré des romans à la mode. Les femmes qui en faisaient partie se donnaient à elles-mêmes le nom de précieuses (qui ne se prit d'abord qu'en bonne part). Cette société rendit d'incontestables services, soit aux mœurs en proscrivant les dérèglements dont Henri IV avait donné l'exemple, soit aux lettres en épurant la langue, en dirigeant le goût, en répandant l'étude des littératures italienne et espagnole ; mais elle finit par tomber dans la pruderie et dans l'affectation, et devint un objet de ridicule. En outre, elle se déconsidéra par d'indignes cabales : c'est ainsi qu'elle intrigua pour faire préférer la Phèdre de Pradon à celle de Racine. Molière leur porta le coup mortel dans sa comédie des Précieuses ridicules. Rœderer, dans son Histoire de la Société polie, Ch. Livet, dans le livre intit. Précieux et Précieuses, ont bien fait connaître l'hôtel de Rambouillet.

RAMBOUR, bg du dép. de la Somme, à 22 k. N. d'Abbeville; 1000 hab. Il a donné son nom à une espèce de pommes fort recherchée, qu'on y cultive.

RAMEAU (Jean Phil.), fameux compositeur, né à Dijon en 1683, mort en 1764, quitta sa ville natale à 18 ans, voyagea d'abord en Italie et dans la France méridionale, puis fut organiste à Lille, à Clermont et à Paris. Il eut beaucoup d'obstacles à surmonter avant de trouver un poëte qui voulut lui confier un opéra à mettre en musique : ayant enfin obtenu de Voltaire l'opéra de Samson et de l'abbé Pellegrin celui d’Hippolyte et Aride (1732), il fut vivement applaudi; il continua pendant 30 ans à travailler pour la scène, et donna successivement Castor et Pollux (1737), Dardanus (1739), la Princesse de Navarre (1747), Pygmalion (1748), Anacréon (1754), et une foule d'autres opéras. Nommé compositeur du cabinet du roi, il fut anobli et en outre reçut le cordon de St-Michel avec une pension. On a de lui un Traité de l'harmonie, 1722, la Génération harmonique, 1737, Démonstration du principe de l'harmonie, 1750, Code de musique pratique, 1760. Sa musique a vieilli; cependant on y trouve encore des scènes qui ont conservé leur fraîcheur, leur grâce ou leur énergie. En outre, Rameau occupe un rang distingué comme théoricien. Il est l'auteur du Système de la basse fondamentale, qui a eu une grande vogue et qui, bien que reconnu auj. pour imparfait, n'en est pas moins une découverte des plus importantes.

RAMEAUX (Dimanche des), le dimanche qui précède la fête de Pâques. Il est ainsi nommé des rameaux que l'on porte ce jour-là à la procession, en mémoire de l'entrée triomphante que fit Jésus à Jérusalem avant la Passion, précédé du peuple qui portait des rameaux verts. On l'appelle aussi Pâques fleuries.

RAMEL (Jean Pierre), général de l'Empire, né en 1770 à Cahors, servit sous Moreau en 1796, défendit vaillamment le fort de Kehl, commanda en 1797 la garde du Conseil des Anciens et de celui des Cinq-Cents, fit de vains efforts pour empêcher de violer la représentation nationale au 18 fructidor, fut proscrit après cette journée, déporté à Sinamary, s'évada, revint en France après le 18 brumaire, fit quelques campagnes sous l'Empire, devint maréchal de camp en 1814, puis fut nommé commandant de Toulouse. Ayant voulu en 1815, après la 2e Restauration, désarmer les Verdets à Toulouse, il fut assassiné par ces fanatiques (15 août).

RAMERUPT, ch.-l.de c. (Aube), à 14 k. E. d'Arcis-sur-Aube; 355 hab. Sabots.

RAMESSÈS. V. RAMSÈS.

RAMEY (Claude), statuaire, né à Dijon en 1754, m. en 1838, remporta le grand prix en 1782, passa trois ans à Rome et fut admis à l'Institut en 1817. Ses principales œuvres sont : Napoléon en costume impérial; Sapho assise; le cardinal de Richelieu (dans la cour d'honneur de Versailles); Pascal, à Clermont-Ferrand; Eugène de Beauharnais. — Étienne R., son fils, 1796-1852, remporta le grand prix en 1815 et entra à l'Institut en 1829. Ses principaux ouvrages sont : l'Innocence pleurant un serpent mort; Thésée combattant le Minotaure; la Tragédie et la Gloire, bas-relief dans la cour du Louvre;;

RAMGANGA, riv. de l'Hindoustan, prend sa source dans les monts du Ghéroual, arrose la partie orient. du Delhi et de l'Agrah, et se joint au Gange par la r. g. à 9 k. N. E. de Kanodje, après un cours de 450 k.

RAMILLIES, vge de Belgique (Brabant mérid.), à 22 kil. S. E. de Louvain; 500 hab. Le 23 mai 1706, les alliés, commandés par Marlborough, y défirent les Français, sous les ordres de Villeroi.

RAMIRE I, roi d'Oviédo, était fils de Bermude et cousin d'Alphonse II, qui lui confia le gouvernement dès 835. Il régna en son nom de 842 à 850 et battit les Arabes à Logrono, victoire qui valut aux Goths des Asturies Calahorra et ses environs. — II, fils d'Ordogno II, roi de Léon et des Asturies de 937 à 950, devint roi par l'abdication de son frère Alphonse IV, eut à comprimer une révolte de ce même frère et celle des fils de Frolla II et leur fit crever les yeux, prit Madrid en 932, combattit les Arabes à Osma, Simancas, Zaraora, Salamanque, Talaveira, San-Estevan-de-Gormas, et fut souvent vainqueur. Il tint les comtes de Castille soumis à son autorité. — III, roi de Léon (967-82), fils de Sanche le Gros, était mineur à son avénement ; il mécontenta ses sujets lorsqu'il régna par lui-même, eut à combattre son cousin Bermude II, et fut obligé de lui céder une partie de ses États. Il mourut un an après ce partage.

RAMIRE, roi d'Aragon, fils du roi de Navarre Sanche III, le Grand, régna de 1035 à 1063, unit Sobrarbe et Ribagorce à son petit État (1038), s'allia au roi de Saragosse contre Garcie IV de Navarre, son frère, mais fut vaincu. Il périt en combattant les Maures. C'est lui dit-on, qui établit les anciennes cortès d'Aragon. — Son petit-fils, R. II, le Moine, roi de 1134 à 1137, fut tiré du cloître pour être placé sur le trône. Marié par dispense, il eut une fille, Pétronille, en faveur de laquelle il s'empressa d'abdiquer pour retourner dans son monastère. Il y mourut en 1147.

RAMISSERAM, île de l'Inde anglaise (Madras), voisine de Ceylan, entre le détroit de Palk et l'Ile de Manaar, à 2 kil. du continent ; 15 k. sur 12 ; ch.-l., Panban. Superbe pagode en grand renom de sainteté aux Indes et qui est un but de pèlerinage ; observatoire par lequel les astronomes hindous font passer leur 1er méridien : il est situé par 77° 1' 5" long. E. Cette île est liée à celles de Ceylan et de Manaar par des récifs appelés Pont d'Adam par les Portugais et Pont de Rama par les indigènes, qui prétendent que Rama passa par cette route pour aller faire la conquête de Lanka ou Ceylan.

RAMLER (Ch. Guill.), poëte lyrique allemand, né en 1725 à Colberg (Poméranie), m. en 1798, fut élevé dans les maisons d'orphelins de Stettin et de Halle, devint professeur de logique à l'École militaire de Berlin, membre de l'Académie des sciences de cette ville, et directeur du Grand-Théâtre (1787-96). On a de lui des Odes, des Cantates, des Fables, des Chansons et autres poésies, qui sont loin de celles de Lessing et de Klopstock, mais qui se distinguent par une diction élégante et correcte et qui ont le mérite de former la transition de la littérature servile du XVIIIe s. à une littérature nationale. Il a traduit en vers, mais avec peu de succès, Anacréon, Sapho, Horace, Catulle et Martial, et a refait la Poétique de Batteux, 1758.

RAMON MONTANER, aventurier, né en 1265 à Peraleda en Catalogne, accompagna Roger de Flor en Sicile et en Morée et eut part à ses exploits, conquit pour le roi de Sicile Frédéric l'île de Zerbi, dont il fut nommé gouverneur, et se retira à Valence où il rédigea en 1325 une Chronique, qui renferme l'histoire de Jacques I, roi d'Aragon. Elle a été impr. à Valence en 1558 et trad. en franç. par Buchon (dans le Panthéon littéraire).

RAMOND DE CARBONNIÈRES (L. Franç.), né à Strasbourg en 1755, m. en 1827. D'abord conseiller intime du cardinal de Rohan, il fut ensuite attaché à la maison militaire de Louis XVI, fit partie de l'Assemblée Législative, fut grand partisan de Lafayette et appuya la pétition sur les attentats du 20 juin (1792), s'enfuit après le 10 août, passa les jours de la Terreur en voyages scientifiques dans les Pyrénées, devint, après son retour, professeur d'histoire naturelle à l'École centrale des Htes-Pyrénées, fut député au Corps Législatif de 1800 à 1806, puis préfet du Puy-de-Dôme, fut fait baron de l'Empire, et devint conseiller d'État en 1818. Il est un des pères de la géologie. On lui doit, entre autres ouvrages, des Observations faites dans les Pyrénées, 1789, et un Voyage au mont Perdu, 1801. Ses Œuvres ont été réunies par son fils, Paris, 1849 et ann. suivantes. Ramond était de l'Académie des sciences : Cuvier y a prononcé son Éloge.

RAMPALLE, littérateur du XVIIe s., servit dans l'armée, accompagna au siège de Philippsbourg Louis de Tournon (1644), et mourut en 1663. On a de lui des Idylles (1648), un poëme, l’Hermaphrodite (l639), et quelques imitations de l'espagnol et de l'italien. Boileau a dit de lui (Art poét., ch. IV) :

On ne lit guère plus Rampalle et Mesnardière.

Cependant ses vers sont assez faciles et sa prose offre des traits ingénieux.

RAMPON (Antoine), un des plus braves généraux de l'Empire, né en 1759 à St-Fortunat, près de Tournon, m. en 1842, s'engagea à 16 ans. Chargé à Montenotte de défendre une redoute avec 1500 hommes, il résista victorieusement aux assauts réitérés de 15 000 Autrichiens. Il fut fait général de division en Égypte après la bat. du Mont-Thabor et devint sénateur, puis pair de France. Tournon lui a élevé une statue.

RAMPOUR, v. de l'Hindoustan (Calcutta), dans l'anc. Delhi, sur la Kosila, à 180 k. E. N. E. de Delhi ; 30 000 hab. Cette ville, avec son territoire, était comprise dans les possessions médiates de la Compagnie anglaise dès 1774; mais celle-ci ne les posséda réellement que depuis 1802.

RAMSAY (Le chevalier de), écrivain écossais, né en 1686 à Ayr en Écosse, d'une famille noble et ancienne, m. en 1743, s'appliqua dès sa jeunesse avec succès aux mathématiques et à la théologie. Ayant conçu des doutes sur la religion réformée, dans laquelle il avait été élevé, il voyagea dans le but de les éclaircir, vint consulter Fénelon, fut converti par ce prélat au Catholicisme (1709) et lui voua depuis une affection toute filiale. Il fut attaché comme gouverneur au duc de Château-Thierry, au prince de Turenne, puis aux fils de Jacques III (à Rome), mais il se vit, par suite d'intrigues, forcé de quitter la cour du prétendant. Il fit en 1730 un voyage en Angleterre et fut admis à la Société royale de Londres ; puis, de retour en France, devint intendant du prince de Turenne (depuis duc de Bouillon). Il avait reçu du roi de France l'ordre de St-Lazare : c'est ce qui le fait appeler le chevalier Ramsay. On lui doit : Vie de Fénelon, Paris et Londres, 1727 ; Histoire de Turenne ; Voyages de Cyrus, 1727, espèce de roman moral dans le genre de Télémaque ; Discours sur le poëme épique, en tête de l'édition de Télémaque de 1717 ; Principes philosophiques de la religion naturelle et révélée, 1749 (posthume). Tous ces ouvrages sont en français ; quoique étranger, Ramsay écrivait notre langue avec la plus grande pureté.

RAMSAY (Allan), le Théocrite écossais, né en 1685, mort en 1758, était fils d'un paysan et fut d'abord garçon coiffeur à Édimbourg. Il se mit à composer, dans l'idiome écossais, des poésies qu'il publia en 1721, et qui le firent remarquer (on estime surtout The gentle Shepherd, poëme pastoral); il quitta alors son état, se fit libraire et homme de lettres, et forma, sous le titre d’Evergreen (toujours vert), une collection de poëmes et de chants écossais qu'il retouchait et qui eurent un grand succès.

RAMSDEN (Jesse), opticien anglais, né en 1735, m. en 1800, était gendre de Dollond. Il perfectionna ou inventa nombre d'instruments, notamment le Sextant, et créa une machine fort ingénieuse pour la division des instruments de mathématiques et d'astronomie. On estime surtout ses cercles muraux. Il fut admis en 1786 à la Société royale de Londres, et reçut en 1795 la médaille d'or de Copley.

RAMSÈS ou RAMESSÈS, nom commun à plusieurs rois d’Égypte de la 19e dynastie, dite thébaine, parce qu'elle résidait à Thèbes. Ils régnèrent du XVe au XIIIe s. av. J.-C. On admire encore à Thèbes les restes d'un beau monument sépulcral élevé à Ramessès II Meïamoun, dit le Grand, prince guerrier qui combattit les peuples du pays de Chanaan, les Éthiopiens, les Nubiens, et que l'on identifie avec Sésostris.

RAMSGATE, v. maritime d'Angleterre (Kent), dans l'île de Thanet, sur la côte E., à 24 k. E. N. E. de Cantorbéry et à 104 k. E. S. E. de Londres ; 12 000h. Son port, commencé en 1750, est formé par deux jetées en pierre. Chemin de fer, bains de mer ; grand commerce avec les ports de la Baltique. RAMSINIT. V. RHAMSINIT.

RAMUS (Petrus), en français Pierre la Ramée, célèbre philosophe, né en 1515 à Cuth dans le Vermandois, d'une famille pauvre, entra comme domestique au collège de Navarre, s'instruisit tout en remplissant ces humbles fonctions, et fit de grands progrès sans le secours d'aucun maître. Sentant le vide de la philosophie qu'on enseignait alors, il résolut de la réformer, et publia dans ce but en 1543 une nouvelle Logique (Institutiones dialecticæ) et des Remarques sur Aristote (Animadversiones in dialecticam Aristotelis), où il attaquait avec force le philosophe grec; mais il vit ses ouvrages condamnés par le Parlement, et il lui fut défendu de rien écrire ou enseigner contre Aristote; toutefois, deux ans après, le cardinal de Lorraine, qui le protégeait, fit annuler cet arrêt. Ramus fut en 1545 nommé principal du collège de Presles, et y enseigna la rhétorique et les mathématiques; il obtint de plus en 1551 une chaire de philosophie et d'éloquence au Collège de France, où il attira une foule d'auditeurs. Ayant embrassé le Calvinisme et brisé les images des saints dans son collège de Presles, il fut destitué par l'Université, et se vit bientôt après obligé de s'expatrier. Il parcourut l'Allemagne en 1568, et donna des leçons à Heidelberg; mais, ayant eu l'imprudence de rentrer en France en 1571, il fut peu après enveloppé dans le massacre de la St-Barthélemy (1572) : on l'égorgea dans le collège de Presles, où il était rentré : sa mort fut imputée à un de ses adversaires en philosophie, Charpentier, professeur au Collége de France. Ramus s'est occupé surtout de réformer la logique; on lui doit aussi diverses améliorations dans plusieurs autres branches de l'enseignement, dans la rhétorique, les mathématiques, la grammaire. On l'accuse cependant d'avoir trop prodigué les divisions et d'avoir abusé de la méthode dichotomique. Ses principaux ouvrages, outre ceux qui ont déjà été cités, sont : Rhetoricæ distinctiones, 1549; Grammatica latina, 1558 ; Grammatica græca, 1560; Grammaire française, 1562 (il y propose, entre autres réformes, la distinction de l’u et du v, celle des trois sortes d’e : é, è, e) ; on a aussi de lui des traités de mathématiques, d'antiquités, d'histoire et de théologie : De moribus veterum Gallorum ; De militia C. J. Cæsaris; De religione christiana, etc. Ses Œuvres ont été réunies par Bartholmess, Paris, 1840-47; M. Ch. Waddington a donné en 1855: Ramus, sa vie, ses écrits et ses opinions.

RAMUSIO (J. B.), né à Venise en 1485, mort en 1557, remplit diverses missions politiques en France, en Suisse, à Rome, puis fut secrétaire du Conseil des Dix à Venise. On a de lui un Recueil des navigations et voyages (en italien), en 3 vol in-fol., Venise, 1550, souvent réimprimé et traduit en partie dans la Description de l'Afrique de J. Temporal, Lyon 1566.

RANAVALO, reine de Madagascar. V. RADAMA.

RANCE (la), riv. de France. naît dans le dép. des Côtes-du-Nord, au S. de Collinée, coule au S. E., puis au N. arrose Dinan, entre dans le dép. d'Ille-et-Vilaine, y baigne St-Servan et se jette dans la Manche au-dessous de St-Malo, après un cours de 85 k.

RANCÉ (Armand LE BOUTHILIER, abbé de), réformateur de La Trappe, né à Paris en 1626, mort en 1700, était filleul du cardinal de Richelieu et avait hérité de l'abbaye de La Trappe à la mort de son frère aîné, qui en était abbé commendataire. Il reçut les ordres et n'en mena pas moins pendant longtemps la vie d'un homme de plaisir; mais, frappé de la mort de Mme de Montbazon, qu'il aimait, il se démit de ses bénéfices, sauf l'abbaye de La Trappe, se retira dans cette maison (1663), et y opéra la réforme radicale qui a fait des Trappistes le plus sévère des ordres monastiques. Il n'en vit pas moins les religieux y affluer. Il mourut sur la paille et la cendre, après 33 ans de réclusion. On a de lui : la Règle de S. Benoît, traduite et expliquée, 1689; De la Sainteté et des devoirs de la vie monastique, 1683; Règlements pour l'abbaye de La Trappe, 1671; Réflexions sur les Évangélistes, 1690. Esprit fort précoce, il avait donné dès l'âge de 14 ans une édition d’Anacréon, 1639. M. Gonod a publié en 1846 des Lettres de Rancé. Sa Vie a été écrite par Marsollier, Lenain de Tillemont, et de nos jours par Chateaubriand.

RANDAN ou RANDAN-JUSSAT, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 24 kil. N. E. de Riom; 1803 hab. Château et vaste domaine qui appartint jusqu'à ces derniers temps à la maison d'Orléans.

RANDON. V. CHATEAUNEUF-DE-RANDON.

RANGOUN, anc. capit. de l'empire Birman, dans le roy. de Pégou, sur une branche de l'Iraouaddy, à 50 kil. de son embouchure, et à 80 kil. S. O. de Pégou ; 40 000 hab. Maisons en bois ou en bambou. Commerce considérable. — Les Anglais ont pris cette ville en 1824, mais ils l'avaient restituée depuis; ils l'ont prise de nouveau en 1852 et s'y sont établis.

RANTZAU (Jean, comte de), général danois, l’Achille de la Chersonèse Cimbrique, né dans le Holstein en 1492, aida puissamment Frédéric I, duc de Holstein, à monter sur le trône de Danemark lors de la révolution qui renversa Christian II, lui soumit en peu de temps toutes les villes qui refusaient de le reconnaître (1523), reçut de lui en récompense le gouvernement du Holstein et du Slesvig, et fut pendant tout son règne son conseiller intime. Il rendit de même aux deux rois qui suivirent des services signalés, et mourut en 1565 comblé de gloire. Ce général avait gagné toutes les batailles qu'il avait livrées,

RANTZAU (Henri de), général et savant danois, fils de Jean, 1526-98, suivit Charles-Quint au siège de Metz, succéda à son père dans le gouvernement du Holstein, protégea les sciences et les lettres, mais s'adonna à l'astrologie. Il a laissé, entre autres écrits : Epigrammata et carmina varia, Leipsick, 1585; Historia belli dithmarsici (guerre faite en 1559 par son père), 1570; Genealogia Ranzoviana, 1585; Commentarius bellicus, 1595. On a en outre de lui, sous le titre d’Aoroscopographia (1585), un traité des choses occultes, et un curieux Catalogue des princes qui ont aimé l'astrologie, 1585 (en latin).

RANTZAU (Josias, comte de), maréchal de France, né dans le Holstein vers 1600, suivit Oxenstiern en France, et y prit du service (1635), fut fait maréchal de camp par Louis XIII, se distingua en Franche-Comté, défendit St-Jean-de-Losne contre Gallas, combattit ensuite en Flandre, perdit une jambe au siège d'Arras (1640), se distingua au siège d'Aire (1641), prit Gravelines (1644), Dixmude, Lens, soumit Cassel et toutes les villes du littoral (16464648). Ayant abjuré le protestantisme, il reçut le bâton de maréchal de France (1645). Suspect à Mazarin pendant la Fronde, il fut arrêté à St-Germain en 1649, et détenu onze mois à la Bastille. Il mourut en 1650, peu après avoir recouvré la liberté. Ce vaillant guerrier avait reçu 60 blessures et avait successivement perdu dans les combats un œil, une oreille, un bras et une jambe. On inscrivit sur sa tombe :

Du corps du grand Rantzau tu n'as qu'une des parts :
L'autre moitié resta dans les plaines de Mars...
Son sang fut en cent lieux le prix de la victoire,
Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le cœur.

RAON-L'ÉTAPE, ch.-l. de c. (Vosges), sur la r. dr. de la Meurthe, à 18 kil. N. O. de St-Dié; 3519 h. Salines, potasse; alènes, poinçons; bois de construction. Ruines d'un vieux château fort construit en 1279.

RAOUL ou RODOLPHE (S.), archevêque de Bourges de 840 à 866, fils d'un comte de Quercy, issu du sang royal, fonda plusieurs monastères. On l'hon. le 21 juin.

RAOUL, duc de Bourgogne, était gendre de Robert, duc de France, qui avait été reconnu roi après la déposition de Charles le Simple. Il fut lui-même élu roi en 923, à la mort de Robert, et quoique Charles vécût encore. Il eut longtemps à lutter contre les grands vassaux, notamment contre Robert de Vermandois, son beau-frère. Il repoussa les Bulgares qui avaient envahi la France (926-27) et les Normands qui avaient pénétré jusqu'en Bourgogne; mais il perdit la Lorraine, qui se plaça sous la suzeraineté du roi de Germanie et resta depuis province germanique. Il mourut en 936.

RAOUL de Caen, suivit en Palestine Tancrède de Hauteville (1096), et rédigea les Faits et gestes du prince Tancrède pendant l'expédition de Jérusalem, ouvrage publié par Martène, Anecdotes, t. III, et par Muratori, Scriptores rerum italicarum, et mis en lançais par M. Guizot dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France.

RAOUL DE COUCY, DE PRESLE, etc. V. COUCY, etc.

RAOUL-ROCHETTE. V. ROCHETTE.

RAPALLO, v. et port d'Italie, dans les anc. États sardes (Gênes), à 28 kil. S. E. de Gênes, sur un petit golfe dit g. de Rapallo; 2500 hab. Les Français y firent une descente en 1494.

RAPHAËL (S.), archange, dont le nom signifie Remède de Dieu, est un des sept anges qui sont toujours en présence de Dieu. Il prit la forme d'un jeune voyageur pour guider Tobie le fils dans son voyage de Ninive à Ragès, lui fit épouser Sara, fille de Raguel, le ramena dans sa patrie, et lui enseigna le moyen de rendre la vue à son père. On le fête le 12 sept.

RAPHAEL SANZIO, le plus grand des peintres modernes, né en 1483, à Urbin, eut d'abord pour maître son propre père, puis alla recevoir à Pérouse les leçons du Pérugin, qu'il ne tarda pas à surpasser. Il peignit dès l'âge de 17 ans pour l'église de Citta di Castello un St-Nicolas de Tolentino, qui commença sa réputation; entra de bonne heure en concurrence avec les premiers artistes de l'époque (Léonard de Vinci, Masaccio, Bartolomeo di San-Marco), et partagea bientôt leur gloire. En 1508, le Bramante, son oncle, architecte de Jules II, l'appela à Rome et le fit charger par le pape de décorer de peintures à fresque les salles du Vatican : cet immense travail l'occupa plusieurs années. Dans le même temps Michel-Ange achevait la grande voûte de la chapelle Sixtine, et il s'établit entre ces deux grands maîtres une rivalité qui dura toute leur vie. Sans être inférieur à son rival pour le grandiose des idées et de la composition, Raphaël le surpassait pour le naturel et la grâce de ses figures. A la mort du Bramante (1514), Léon X mit Raphaël à la tête de presque tous les grands travaux qu'il faisait exécuter à Rome : non moins habile dans l'architecture que dans la peinture, il fit construire la cour dite des Loges, au Vatican, et donna pour la basilique de St-Pierre des plans magnifiques qui malheureusement n'ont pas été exécutés. François I tâcha d'attirer Raphaël en France; n'ayant pu y réussir, il voulut du moins avoir plusieurs ouvrages de sa main: l'artiste exécuta pour ce prince St-Michel terrassant l'ange des ténèbres et une Ste-Famille (1518), qui est le chef-d'œuvre du genre (on les voit encore au Louvre). Son dernier tableau fut la Transfiguration du Seigneur, le plus bel ouvrage qu'ait produit la peinture (au Vatican). Raphaël fut un des fondateurs de l'école romaine et forma plusieurs peintres du premier ordre, entre autres Jules Romain. Ces illustres élèves le secondaient dans ses travaux, et exécutaient en partie ses conceptions sous ses yeux. Raphaël mourut en 1520, à peine âgé de 37 ans : sa fin fut hâtée par des travaux excessifs, mais aussi par l'abus des plaisirs : il avait eu pour maîtresse la célèbre Fornarina (la boulangère), qui figure dans plusieurs de ses tableaux. Ce grand maître réunissait tous les genres de perfection : composition, dessin, couleur, grâce et élégance, vigueur, naturel, idéal; on l'a justement surnommé l’Homère de la peinture. On distingue dans sa manière trois périodes : une 1re, qui va jusqu'en 1504, où il ne fait guère qu'imiter le Pérugin; une 2e, jusqu'en 1514, où il devient original; une 3e, jusqu'à sa mort, où il se surpasse lui-même. Outre les tableaux que nous avons nommés, on admire surtout : l'École d'Athènes, le Parnasse, les Sibylles et les Prophètes, dans l'église della Pace à Rome; différentes vierges (la Vierge de Foligno, la Vierge au poisson, la Vierge à la chaise, la Vierge à la perle, la Vierge aux quatre pères de l'Église) ; Héliodore chassé du Temple, l'Ange délivrant S. Pierre, Attila arrêté par le pape S. Léon, l'histoire de Psyché, Ste Cécile, Galatée, et son propre portrait. La Vie de Raphaël a été écrite par Quatremère de Quincy, 1824, et par Passavant, 1844 (en allem.), ouvrage trad. en franç. avec notes de P. Lacroix, 1860. La plupart de ses compositions ont été gravées sous ses yeux par Marc-Antoine Raimondi.

RAPHELENG (Franç.), orientaliste, né en 1539 à Launoy près de Lille, m. en 1597, était gendre de l'imprimeur Plantin. Il enseigna le grec en Angleterre, l'hébreu et l'arabe à l'université de Leyde, eut part à la Bible polyglotte de 1571, et laissa un Lexique arabe, Leyde, 1613, et un Dictionn. chaldaïque (dans l’Apparat de la Bible polyglotte). Il remplaça Plantin dans la direction de l'imprimerie d'Anvers, et dirigea à partir de 1585 celle de Leyde.

RAPHIA, auj. Réfah, v. forte, sur les confins de la Syrie et de l’Égypte, au S. de Gaza. Ptolémée IV y battit en 217 av. J.-C. Antiochus le Grand, à qui cette défaite fit perdre la Palestine et la Cœlésyrie.

RAPHIDIM, lieu de l'Arabie Pétrée, près du mont Horeb, fut le 11e campement des Hébreux dans le désert. C'est la que Moïse fit jaillir l'eau d'un rocher. Josué y vainquit les Amalécites.

RAPHOE, Rapotum, bg et paroisse d'Irlande (Donegal), à 38 kil. N. E. de Donegal; 8400 hab. Anc. évêché, supprimé en 1835. Cathédrale remarquable.

RAPIN (Nic.), écrivain du XVIe s., né vers 1540 à Fontenay-le-Comte, m. en 1608, fut avocat au parlement de Paris, puis lieutenant de robe courte et grand prévôt de la connétablie. Plein de zèle pour Henri III et pour Henri IV, il combattit vaillamment à la bataille d'Ivry, et fut un des auteurs de la Satire Ménippée. Il a laissé de plus 2 livres d’épigrammes latines, des odes, stances, sonnets, épîtres, et a chanté les Plaisirs du gentilhomme champêtre. Il fit, mais avec peu de succès, la tentative de composer des vers français mesurés comme ceux des Grecs et des Latins. Un recueil de ses Œuvres latines et françaises a paru en 1610, in-4.

RAPIN (René, dit le P.), poëte latin moderne, né à Tours en 1621, m. en 1687, entra chez les Jésuites, et se distingua à la fois comme théologien et comme littérateur ; on disait de lui qu'il servait Dieu et le monde par semestre. Il a composé un grand nombre de poésies latines : odes, églogues sacrées, poëmes; son ouvrage le plus estimé est le poëme des Jardins (Hortorum libri IV), 1665, que l'on place à côté du Prædium de Vanière : il fut traduit en français (par Dourxigné, 1773, et par Voyron et Gabiot, 1782), en anglais, en italien, et a été imité par Delille. On a en outre de lui un poëme sur la Passion, Christus patiens. Ses poésies latines furent réunies en 1681, 2 vol. in-12. Rapin s'exerça aussi comme critique; on a de lui : Comparaison d'Homère et de Virgile, 1668; — de Démosthène et de Cicéron, 1670; — de Platon et d'Aristote, 1671; Réflexions sur l'éloquence, 1672 ; — sur la Poétique d'Aristote, 1674; — sur la Philosophie ancienne et moderne, 1676. Il a laissé plusieurs écrits théologiques, et des Mémoires sur l'Église et la société de 1644 à 1669, publiés en 1865, 3 vol. in-8, par Aubineau.

RAPIN-THOYRAS (Paul), historien, né à Castres en 1661, mort en 1725, était neveu de Pélisson. D'abord avocat, il embrassa ensuite la carrière militaire. Professant le Calvinisme, il fut forcé de quitter la France après l'édit de 1685; il se retira en Angleterre, puis en Hollande, d'où il retourna en Angleterre avec le prince d'Orange, qui devint Guillaume III, fut aide de camp du général Douglas, eut part au siège de Limerick, fit l'éducation du jeune duc de Portland, et se retira à Wesel, où il mourut. Il y rédigea une Histoire d'Angleterre, 8 v. in-8, La Haye, 1724, souvent réimprimée, ouvrage savant et pour lequel il avait amassé d'immenses matériaux, mais hostile au Catholicisme ; la meilleure édition est celle de Lefebvre de St-Marc, La Haye, 1749, 16 vol. in-4. On en a un Abrégé, par Falaiseau, 1730. V. Vie et Œuvres de Rapin Thoyras, par Cazenove, in-4, 1866.

RAPP (Jean, comte), général, né à Colmar en 1772, mort en 1821, fut aide de camp de Desaix en Égypte, puis s’attacha au premier consul, fut chargé de faire accepter à la Suisse l’intervention de la France (1802), suivit Napoléon en Allemagne, culbuta la garde russe à Austerlitz, prit le prince G. Repnin, et fut aussitôt nommé général de division. Il fit des prodiges de valeur à Iéna, à Golymin, où il reçut 9 blessures (1806), et à Essling. Nommé gouverneur de Dantzick, il défendit plus d’un an cette place contre 60 000 hommes, et signa en 1813 une capitulation honorable, que les Russes violèrent en retenant la garnison prisonnière. Il fut conduit à Kiev et détenu jusqu’en 1814. Pendant les Cent-Jours, il défendit Strasbourg. Réfugié en Suisse après la Restauration, il se rallia aux Bourbons en 1817 et fut nommé pair de France. Rapp a laissé une Relation du siège de Dantzick. On a publié sous son nom après sa mort des Mémoires qui sont apocryphes, mais qui paraissent avoir été rédigés (par M. Bulos), d’après des notes fournies par les amis du général. Une statue lui a été érigée à Colmar en 1856.

RAPPAHANNOCK, riv. des États-Unis (Virginie), sort des Montagnes-Bleues, coule au S. E., arrose, entre autres villes, Frederiksburg, et tombe dans la baie de Chesapeak par 37° 31 lat N. : cours, 200 kil. Ses rives ont été un des théâtres de la guerre des États-Unis : les Fédéraux, qui l’avaient passée, furent repoussés par les Confédérés le 13 déc. 1862.

RAPPERSCHWYL, v. de Suisse (St-Gall), sur le lac de Zurich (r. dr.), à 58 kil. S. O. de St-Gall ; 2000 hab. Pont (de 620m) sur le lac — Cette ville souffrit beaucoup des guerres civiles de la Suisse : elle fut prise en 1350 par les Zuricois et assiégée en 1444 par ceux de Schwitz.

RAPTY, riv. de l’Hindoustan, sort du Népaul, arrose la partie orientale du roy. d’Aoude, coule au S. E. et va se jeter par deux branches dans la Gograh, après un cours de 225 kil. env.

RAS (c.-à-d. tête, cap en arabe), préfixe de plusieurs caps. Les articles qui ne se trouveraient pas ci-après doivent être cherchés au nom qui suit Ras.

RASCHID-ED-DIN, surnommé El-Thébib (le médecin), historien persan, né vers 1250 à Hamadan, m. en 1320, fut médecin des princes mongols qui régnaient en Perse, fut élevé par Gazan-Khan au viziriat et périt assassiné par ordre d’un des successeurs de ce prince. Il a composé, sous le titre de Djamaa-el-Touarikh (collection des annales), une vaste histoire des divers peuples turcs et mongols, dont la Bibliothèque nationale possède un manuscrit, et dont Étienne Quatremère a traduit une section sous le titre d’Hist. des Mongols de la Perse, 1836.

RASCIE, jadis Dardanie, partie orientale de la Servie, entre la Rasca et la Bosna, fut ainsi nommée des Raïtzen, peuples qui en furent longtemps les habitants principaux. La Rascie, dont le nom n’est connu qu’à partir du IXe s., fut d’abord une prov. de la Dalmatie ; au Xe, elle passa sous la domination des princes de Servie. Vucascin, dernier prince de Rascie, périt dans un combat contre les Turcs en 1371 ; après sa mort, Lazare, despote de Servie, s’empara de la Rascie. À la mort de Lazare II (Brankovitch), en 1458, Mahomet la conquit ainsi que la Servie. Les Turcs l’ont toujours possédée depuis : elle forme dans leur empire le livah de Novi-Bazar. — On trouve encore auj. des Rasciens dans le S. de la Hongrie : ils y forment une tribu nombreuse, adonnée à l’agriculture et à l’industrie.

RAS-EL-AIN, Resena, puis Theodosiopolis, ville de la Turquie d’Asie (Diarbekir), à 110 kil. S. de Réha. Aux environs sont les sources du Khabour.

RAS-EL-HAD, Didymi montes, cap de l’Arabie, le plus oriental, par 57° 30′ long. E., 22° 5′ lat. N.

RASENA, RASÈNES, nom que se donnait la population dominante de l’Étrurie, celle qui vers les XIIe et XIe s. av. J.-C. soumit les Pélasges, précédemment maîtres du pays. Il est à peu près prouvé que Rhètes et Rasena ne sont qu’un même nom et que les Étrusques venaient de la Rhétie. V. ÉTRUSQUES.

RASK (Christian), philologue danois, né en 1787 dans l’île de Fionie, m. en 1832, visita l’Islande, la Russie, la Perse, l’Inde pour étudier les langues de ces pays, rapporta un grand nombre de manuscrits précieux et fut à son retour nommé bibliothécaire de l’Université de Copenhague, puis professeur d’histoire littéraire et enfin de langues orientales. On lui doit, entre autres travaux, la 1re édition complète et critique des deux Eddas (1818-19), la rédaction de grammaires islandaise, laponne, anglo-saxonne, frisonne, italienne, espagnole, et de savantes Recherches sur l’origine de la langue islandaise.

RASORI (J.), médecin, né à Parme en 1766, mort à Milan en 1837, était fils du directeur de la pharmacie de l’hôpital de Parme. Pensionné par le duc de Parme pour aller compléter ses études médicales dans les universités étrangères, il visita dans ce but Florence, Pavie, Londres, Milan. Il fut nommé en 1796 professeur de pathologie, puis recteur à la Faculté de médecine de Pavie. Favorable aux idées progressives, il devint en 1797 secrétaire du ministère de l’intérieur de la république Cisalpine à Milan. Il quitta la ville avec les Français, y rentra après la bataille de Marengo (1801), fut nommé premier médecin du gouvernement, médecin en chef de l’hôpital militaire, et créa des cours de clinique qui obtinrent un grand succès, et où il enseigna une doctrine médicale toute nouvelle. Il perdit ses emplois en 1814, fut impliqué par l’Autriche dans une conspiration, et tenu en prison jusqu’en 1818. Après son élargissement, il ne s’occupa plus que de l’exercice de sa profession. Selon Rasori, presque toutes les maladies viennent de causes stimulantes, et c’est par des contre-stimulants qu’on doit les traiter : cette doctrine, suggérée par les écrits de Brown, prépara celle de Broussais. On a de Rasori une traduction de Brown en italien, Pavie, 1792, une traduction de la Zoonomie de Darwin, 1802, et la Théorie de la phlogose ou inflammation, 1837, ouvrage où il expose son système et qui fut traduit en français dès 1839.

RASPE (Rod. Éric), érudit, né à Hanovre en 1737, m. en 1794, professa l’archéologie à Cassel et devint inspecteur du cabinet des antiquités et médailles du landgrave de Hesse-Cassel ; mais, ayant commis des soustractions dans ce cabinet pour subvenir à ses dépenses, il fut obligé de s’enfuir en Angleterre. On a de lui une édition des Œuvres philosophiques latines et françaises de Leibnitz, contenant les Nouveaux essais sur l’entendement humain, Leipsick, 1765 ; un Voyage en Angleterre, envisagée sous le rapport des manufactures, des arts et de l’industrie, 1785 ; et le Catalogue d’une collection de pierres gravées, tirées des plus beaux cabinets de l’Europe (en anglais et en français), Londres, 1791 (rare et recherché), etc.

RASPON (Henri le). V. HENRI LE RASPON.

RASSEIN, lac de Bosnie, près et au S. O. des bouches du Danube, a 48 k. de long sur 13 de large. Il reçoit au N. un bras du Danube et communique au S. E. avec la mer Noire.

RASSOVA, Axiopolis, v. forte de la Turquie d’Europe (Bulgarie), sur la r. dr. du Danube, près de Silistrie ; 4000 hab. Prise et ruinée par les Russes en 1828. C’est là que commençait le mur de Trajan.

RASTADT, v. murée du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle du Rhin-Moyen, sur la r. dr. de la Murg, à 24 kil. S. O. de Carlsruhe ; 7000 hab. Forteresse fédérale (depuis I840). Cour d’appel, gymnase. Beau château, anc. résidence des margraves de Bade, etc. Industrie active : fabriques d’acier, machines, voitures ; tabatières de papier mâché fort recherchées. — À Rastadt eurent lieu en 1713 et 1714, entre Villars et le prince Eugène, des conférences qui amenérent la paix de Bade et assurèrent la possession de l'Alsace à la France. Il s'y tint de 1797 à 1799 un congrès pour pacifier la France et l'Allemagne; les conférences furent brusquement rompues par l'assassinat des commissaires français (Roberjot et Bonnier), tués à la porte de la ville. Rastadt fut occupée un moment en 1849 par les insurgés badois.

RATCHIS, duc de Frioul en 737, puis roi des Lombards (744), abdiqua en 749 en faveur de son frère Astolfe pour se retirer au monastère du Mont-Cassin, en sortit un moment en 756, à la mort d'Astolfe, pour défendre le royaume des Lombards contre Pépin le Bref, mais y retourna bientôt à la voix d’Étienne II.

RATHENOW, v. du Brandebourg, sur le Havel, à 27 k. N. O. de Brandebourg; 5000 hab. Victoire de l'électeur Frédéric-Guillaume sur les Suédois en 1675.

RATIARIA, auj. Artsar, v. de la Mésie, sur le Danube, anc. capit. de la Dacie aurélienne.

RATIBOR, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, sur l'Oder, à 75 k. S. S. E. d'Oppeln ; 7000 hab. Cour d'appel de la Silésie supérieure; gymnase, école de sourds-muets. Château des princes de Honenlohe-Schillingsfürst; anc. abbaye. Toiles, bonneterie, draps communs, faïence ; entrepôt de sel et de fer. Ratibor était jadis la capit. d'un duché important. Prise par les Suédois en 1642 et par les Prussiens en 1745.

RATISBONNE, Regensburg en allemand, Castra Regina, Colonia augusta Tiberii en latin, v. du roy. de Bavière, ch.-l. du cercle de la Regen ou Ht-Palatinat, sur le Danube et la Regen, qui lui donne son nom, à 120 kil. N. E. de Munich; 26 000 hab., dont un tiers de protestants. Évêché catholique, synagogue; tribunaux, lycée, musée, bibliothèque, observatoire. Cathédrale gothique de St-Pierre, avec le tombeau du prince de Dalberg, belle église St-Emmeran avec de nombreux tombeaux de rois et princes du pays, palais épiscopal; hôtel de ville (où s'assemblait la diète), palais de La-Tour-et-Taxis, monument de Kepler. Chantiers de bateaux pour la navigation du Danube. Manufactures de tabac, papier, porcelaines,crayons; distilleries, commerce de bois, blé, sel. Aux environs est le Walhalla. — Cette ville, fondée par Tibère sous le nom de Colonia augusta Tiberii, fut longtemps la capitale de la Bavière et la résidence des ducs Agilolfinges; elle devint en 1183 ville libre et impériale et conserva ce titre jusqu'en 1805. Elle eut à soutenir plusieurs siéges de 1632 à 1641, fut prise en 1703 par les Saxons, en 1809 par les Français, après une bataille de 5 jours (Napoléon y fut blessé). L'évêché de Ratisbonne, qui remonte à l'an 642, avait jadis le titre de principauté. Il fut érigé en archevêché en 1805, et l'archevêque, Ch. de Dalberg, devint prince primat de l'église catholique d'Allemagne; mais en 1810 ce prince fut nommé grand-duc de Francfort, et Ratisbonne fut cédée à la Bavière, qui l'a gardée en 1815; en 1817, l'archevêché redevint un simple évêché. Les diètes de l'empire se sont tenues à Ratisbonne depuis 1656 jusqu'à 1806. — On nomme Ligue de Ratisbonne une ligue formée en 1524 par les puissances catholiques d'Allemagne pour s'opposer aux progrès de la Réforme.

RATONNEAU, petite île de la Méditerranée, à 4 k. S. O. de Marseille. Fort et batterie pour servir à la défense du port de cette ville.

RATZEBOURG, v. du Danemark (Lauenbourg), dans une île qui s'élève au milieu d'un lac dit de Ralzebourg, à 19 kil. S. E. de Lubeck ; 2500 h. Jadis évêché. Bombardée et prise en 1693 par les Danois. — Cette ville donnait son nom à une principauté, qui avant 1748 était évêché souverain. La principauté appartient auj. au Mecklembourg-Strélitz, dont elle forme la partie orientale et a pour ch.-l. Schœnberg. La ville de Ratzebourg, dont elle porte le nom, n'y a que sa plus petite partie.

RAU (Chrétien), Ravius, orientaliste, né en 1603, m. en 1677, était fils d'un pasteur de Berlin. Ayant longtemps voyagé en Orient, il en rapporta plus de 2000 manuscrits précieux. Il professa les langues orientales en Hollande, en Angleterre, à Upsal, à Kiel, à Francfort-sur-l'Oder, et laissa, entre autres ouvrages : une traduction latine des liv. V, VI, VII des Sections coniques d'Apollonius de Perge, d'après une version arabe, une Grammaire générale des langues hébraïque, chaldaïque, syriaque, arabe, éthiopienne, Londres, 1650, et une Chronologie de la Bible, 1653, qui fut fort attaquée. — Un autre Rau, Sébald Foulques Jean, né à Utrecht en 1763, m. en 1807, connu aussi comme orientaliste, professa à l'Université de Leyde, et fut pasteur de l'église wallonne de cette ville. Il a laissé : De poeseos hebraïcæ præ Arabum præstantia, Leyde, 1800; De poeticæ facultatis excellentia, spectata in tribus poetarum principibus, scriptore Jobi, Homero et Ossiano, 1800.

RAUCH (Christian), sculpteur, né en 1777 à Arolsen (Waldeck), m. en 1857, se fixa de bonne heure à Berlin, éleva dans cette ville le Monument de la reine Louise et celui de Frédéric II, son chef-d'œuvre, et exécuta pour diverses villes de l'Allemagne une foule de beaux ouvrages, parmi lesquels on remarque les statues du général Blucher à Breslau, du roi Maximilien à Munich, d’Albert Durer à Nuremberg, de Kant à Kœnigsberg, des rois de Pologne Miécislas et Boleslas, à Posen, six Victoires colossales pour le Walhalla. Il était professeur à l'Académie des beaux-arts de Berlin et associé de l'Institut. Ses qualités éminentes sont le naturel et la vérité de l'expression.

RAUCOURT, ch.-l. de c. (Ardennes), à l3 kil. S. de Sedan; 1604 hab. Boucles d'acier, éperons, mors, etc.

RAUCOURT (Marie Antoinette SAUCEROTTE), actrice, née en 1753 ou 56, à Nancy ou à Dombasle, morte en 1815, était fille d'un comédien de province. Elle débuta à Rouen avec succès dans la tragédie, fut appelée à Paris en 1772, et s'acquit de prime abord un renom éclatant, qu'elle dut à sa beauté autant qu'à son talent. Son organe trop puissant se prêtait mal à l'expression de la sensibilité; mais elle avait au plus haut degré la noblesse, la dignité, l'ironie, la véhémence et excellait dans les fortes passions, dans Cléopâtre, Cornélie, Agrippine, Athalie, Médée, Sémiramis. Très-opposée à la Révolution, elle subit six mois de prison en 1793, et vit fermer par ordre du Directoire un 2e Théâtre-Français qu'elle avait fondé (salle Louvois). Elle reparut sur la scène en 1799, fut richement pensionnée de Bonaparte, qui la chargea d'organiser les troupes de comédiens français qui devaient parcourir l'Italie, puis revint vivre dans la retraite à Paris. Le clergé de St-Roch ayant refusé l'entrée de l'église à son corps, la multitude enfonça les portes et introduisit de force son cercueil.

RAUCOUX, bg de Belgique. V. ROCOUX.

RAUDII CAMPI, vaste plaine de la Gaule Cisalpine, à 36 k. au N. O. de Mediolanum (Milan), est fameuse par la vict. que Marius y remporta sur les Cimbres en 101 et que l'on appelle souvent bataille de Verceil.

RAUGRAVES (Comites hirsuti, c-à-d. comtes des pays âpres ou hérissés de montagnes). On nommait ainsi au moyen âge certains comtes dont les possessions étaient situées dans des pays montagneux. Ils possédaient les villes d'Alzey, Germersheim, Creutznach, Simmeren, Rockenhausen, Beimberg, qui formaient ce qu'on appelait le Raugraviat. Connus dès le Xe s., les Raugraves ont encore auj. des représentants en France sous le nom légèrement altéré de Rougraves et portent encore le titre de comte. Leurs biens passèrent en partie aux électeurs palatins. L'électeur palatin Charles-Louis renouvela en 1667 le titre de raugrave, en faveur de son épouse morganatique, Louise de Degenfeld, qui fut appelée dès lors la Raugravine.

RAULIN (Jean), prédicateur, né à Toul en 1443, m. en 1514, dirigea quelque temps le collège de Navarre et se retira en 1497 dans l'abbaye de Cluny qu'il réforma. On a de lui, entre autres ouvrages, un recueil de Sermons (Paris, 1542), qui offre, comme tous les sermons de l'époque, un singulier mélange de sérieux et de comique. C'est à Raulin que La Fontaine a emprunté le sujet des Animaux malades de la peste.

RAURACI, peuple de la Germanique 1re, dans la partie la plus méridionale, avait pour bornes à l'O. les Vosges et la chaîne qui les relie au Jura septentrional, au S. le mont Vocetius (Jura helvétique) jusqu'au confluent de l'Aar et du Rhin, à l'E. le Rhin, au N. le pays des Tribocci, occupant ainsi en France la plus grande partie du dép. du Ht-Rhin et en Suisse le canton de Bâle et la partie de ceux d'Argovie, de Soleure et de Berne, qui est située à l'O. du Jura helvétique. Leurs villes principales étaient Augusta Rauracorum (auj. Augst), Basilia (auj. Bâle), et Argentuaria (auj. Artzenheim).

RAUZAN (le P. J. B.), fondateur de la Société des Missions de France, né en 1757, m. en 1847, commença son œuvre sous l'Empire, et l'organisa définitivement en 1830 sous le nom de Société des Pères de la Miséricorde. Le P. A. Delaporte a donné sa Vie.

RAVAILLAC (Fr.), le meurtrier de Henri IV, né à Angoulême vers 1579, fut successivement clerc, valet de chambre, maître d'école, solliciteur de procès dans sa ville natale, et prit l'habit de frère convers chez les Feuillants pendant un voyage qu'il fit à Paris. Obsédé de visions, ce fanatique, entendant dire que Henri allait déclarer la guerre au pape, s'imagina faire un acte méritoire en assassinant ce prince (14 mai 1610). Arrêté sur le champ et condamné, il fut tenaillé et écartelé le 27 mai suivant. On soupçonna qu'il avait des complices, mais on ne put les découvrir.

RAVEI, Hydraotes, riv. au Lahore, sort de l'Himalaya, coule au S. O., et tombe dans le Tchannab par 70° long. E., 30° 43' lat. N., après un cours de 600 k.

RAVELLO, v. du roy. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Cit.), à 14 kil. O. de Salerne; 1600 h. Évêché. La cathédrale, dédiée à S. Pantaléon, a une magnifique chaire en mosaïque.

RAVENNE, Ravenna, v. d'Italie, ch.-l. de province, à 300 kil. N. E. de Rome, sur la riv. de Montone, à 8 kil. de son embouch. dans l'Adriatique; 20 000 h. Archevêché, trib. de commerce; bibliothèque, galerie de tableaux, musée d'antiquités. La ville est d'un aspect sombre, les rues étroites et les maisons anciennes. On remarque la cathédrale, l'église des Franciscains, renfermant le tombeau de Dante, Ste-Marie de la Rotonde, avec le tombeau de Théodoric, plusieurs monuments antiques (les ruines du palais de Théodoric, la Porte-d'Or, etc.). Quelques fabriques de soieries. — Fondée, dit-on, par une colonie de Thessaliens, Ravenne fut dans la suite occupée par les Étrusques, les Sabins, les Gaulois Sénonais; elle tomba au pouvoir des Romains l'an 234 av. J.-C., et devint ville municipale. Les empereurs l'embellirent : Ravenne à cette époque était située sur le bord même de la mer et avait un port magnifique, que des atterrissements ont comblé. En 404, Hononus fit de Ravenne la capitale de l'empire d'Occident. Odoacre, roi des Hérules, Théodoric, roi des Ostrogoths, y fixèrent leur résidence. Après la destruction de l'empire des Ostrogoths, Ravenne devint, en 568, la capit. d'un exarchat et de toute l'Italie grecque (V. ci-après). Elle fut prise en 752 par Astolfe, roi des Lombards; deux ans après, Pépin le Bref la lui enleva et la donna au St-Siége. Au moyen âge, Ravenne recouvra pour quelque temps sa liberté, mais elle fut bientôt soumise par les Bolonais, puis par les Vénitiens (1440); après la bataille d'Agnadel (1509), elle fut restituée au pape et devint la capitale de la Romagne. En l512, les Français, commandés par Gaston de Foix, y remportèrent sur les Espagnols et les troupes du pape Jules II une victoire éclatante; mais Gaston y périt. L'archevêque de Ravenne était anciennement primat de l'Exarchat et prétendait rivaliser avec le pape ; mais, dans un concile tenu en 679, il fut obligé de renoncer publiquement à ses prétentions à l'indépendance. — La prov. de Ravenne, entre celle; de Ferrare au N., de Bologne au N. O., de Forli au S. E., la Toscane au S. O. et au S., et l'Adriatique à l'E., a 80 kil. sur 35 et compte env. 180 000 hab. Elle est formée de la partie septentrionale de l'anc. Romagne. Elle s'est soustraite en 1860 à l'autorité du pape.

RAVENNE (Exarchat de), la principale province de l'Italie grecque, comprenait la partie S. de la Vénétie, la partie E. de l’Émilie et la Flaminie, et s'étendait, dans sa partie mérid., entre les Apennins et l'Adriatique; il avait pour limitrophes à l'O. les duchés lombards et le duché de Rome; Ravenne en était la capit., ainsi que de toute l'Italie grecque; les autres villes remarquables étaient : au N. du Pô, Oderzo, Padoue, Adria; au S. du Pô, Bologne, Ferrare; au S. de Ravenne, les cinq; villes de la Pentapole. L'Exarchat était ainsi nommé, parce qu'il était régi directement par l’exarque d'Italie, espèce de vice-roi dont le pouvoir s'étendait sur toute la péninsule. — L'existence propre de l'Exarchat ne date que de l'an 568 (Narsès, le vainqueur des Goths, ayant porté de 554 à 568 le titre de duo d'Italie). Il fut détruit en 752 par Astolfe, roi des Lombards, après-avoir duré 184 ans. On compte 18 exarques :

Longin, 568 Théodore, 2e fois, 652
Smaragde, 584 Grégoire, 666
Romain, 590 Théodore II, 678
Callinique, 597 Jean Platyn, 687
Smaragde, 2e fois, 602 Théophylacte, 702
Jean Remigius, 611 Jean Rhizocope, 710
Éleuthère, 616 Eutychius, 711
Isaac, 610 Scholastique, 713
Platon, 628 Paul, 727
Théodore Calliopas, 648 Eutychius, pour la 2e fois, 728-752
Olympius, 649

RAVENNE (l'Anonyme de). On désigne sous ce nom l'auteur inconnu d'un traité de géographie en 5 livres dont le manuscrit fut trouvé à Raverne, et qui fut publié pour la 1re fois à Paris par dom Porcheron, sous ce titre : Anonymi Ravennatis de geographia libri V, 1688 ; il a été réédité avec de grandes améliorations à Paris par A. Jacobs, 1858, et à Berlin par Parthey, 1860. Cet écrit n'est qu'une compilation médiocre, qui fourmille de solécismes et de barbarismes, mais elle est précieuse pour l'histoire de la géographie. Ou présume que l'auteur vivait au VIIe s.; Daunou ne le croit pas antérieur au XIIe s.

RAVENSBERG, anc. comté d'Allemagne, actuellement compris dans les États prussiens (Westphalie), partie dans la régence de Minden, partie dans le cercle de Halle ; capit., Bielefeld.

RAVENSTEIN ou RAVESTEIN, v. de Hollande (Brabant sept.), sur la r. g. de la Meuse, à 27 k. E. N. E., de Bois-le-Duc ; 1200 hab. — Jadis chef-lieu d'une petite seigneurie, qui fut annexée depuis 1397, au comté de Clèves, et par suite fit partie de la succession de Juliers. Donnée par le traité de Dusseldorf en 1624 aux palatins de Neubourg, elle resta dans La maison palatine jusqu'au traité de Lunéville (1801), qui la comprit dans la Hollande.

RAVIGNAN (Le P. Xavier LACROIX de), jésuite, issu d'une famille noble de l'Armagnac, né en 1795 à Bayonne, m. en 1858, remplissait depuis quelques années les fonctions de substitut, lorsqu'il quitta le monde pour entrer au séminaire. Il s'adonna à la prédication, y réussit dès le début et balança la réputation du P. Lacordaire. Ce prédicateur, d'une belle stature, d'un extérieur noble, avait un organe sonore, une diction d'une perfection rare, une grande distinction dans la pose et le geste et exerçait sur son auditoire une sorte de domination. On a de lui des Conférences, prêchées à Notre-Dame de Paris, des Entretiens spirituels, une Apologie de Clément XIII et de Clément XIV; De l'existence et de l'Institut des Jésuites, et l'oraison funèbre de Mgr de Quélen. Le P. de Pontlevoy a écrit sa Vie, 1860.

RAVISIUS TEXTOR (J. TIXIER DE RAVISI, en. latin), savant français, né en 1480 à St-Saulge en Nivernais, m. en 1524, fut professeur au collège de Navarre et devint en 1520 recteur de l'Université de Paris. On a de lui plusieurs manuels classiques : Specimen epithetorum; De prosodia ; Officina vel Naturæ historia per locos, espèce d'encyclopédie souvent réimprimée, et un curieux traité De claris mulieribus, 1521.

RAVIUS. V. RAU.

RAVY, fleuve de l'Inde. V. RAVEI.

RAWICZ, v. des États prussiens (Posen), à 90 kil. S. de Posen; 10 800 hab. Tribunaux. — Fondée par des réfugiés d'Allemagne après la guerre de Trente ans; elle fut brûlée en 1707 et 1802.

RAWLINSON (Richard), savant anglais, membre de la société royale de Londres, né à Londres en 1690, mort en 1755, forma de riches collections pour la continuation de l’Athenæ Oxonienses de Wood, composa lui-même une Histoire d'Oxford, et contribua à la publication d'un grand nombre d'écrits sur l'histoire et les antiquités. Il fonda par testament une chaire d'anglo-saxon à l'Université d'Oxford; il laissa en outre à cette Université, ses manuscrits, sa collection de médailles et sa bibliothèque.

RAY ou WRAY (J.), en latin Raius, naturaliste Anglais, né en 1628 à Black-Notley dans le comté d'Essex, mort en 1704, professa successivement le grec, les humanités, les mathématiques à Cambridge, reçut les ordres (1660), refusa son adhésion à l'acte d'uniformité (1662) et par suite abandonna ses places, fit avec le jeune Fr. Willougby, son élève, qui partageait ses goûts, de longs voyages scientifiques en Angleterre, en France, en Italie, en Allemagne, et fut à son retour nommé membre de la société royale. Ray est un des hommes qui ont le mieux mérité de la zoologie et de la botanique. On a de lui : Catalogus stirpium circa Cambrigium nascentium, 1660 (avec 2 suppléments, 1663 et 1685); Stirpium europæarum extra Britannias nascentium sylloge, 1696; Historia plantarum, 1686-1704; Synopsis methodica Quadrupedum, — Avium, — Piscium. On lui doit en outre la Sagesse de Dieu manifestée dans les œuvres de la création, en anglais, 1691 : c'est un excellent exposé des admirables précautions avec lesquelles la Providence a organisé chaque être pour les fonctions qu'il doit remplir.

RAYAS, c-à-d. en arabe troupeau, nom injurieux donné par les Turcs aux Chrétiens qui habitent leurs États. Les Rayas avaient à subir, de la part des Musulmans, toutes sortes de mauvais traitements et d'avanies. Leur sort a été amélioré en 1855 et 56 par l'influence des puissances chrétiennes. V. HATTI-CHÉRIF.

RAYMOND (S.) de Calatrava, moine espagnol de l'ordre de Cîteaux, défendit victorieusement la ville de Calatrava, 1147, et fonda après cette victoire l'ordre religieux et militaire dit de Calatrava. Il m. le 30 avril 1163, en odeur de sainteté.

RAYMOND (S.), 3e général des Dominicains, né en 1175 au château de Penafort en Catalogne, mort en 1275 à Barcelone, dans sa 100e année, fut élevé au généralat en 1238. Il contribua à la fondation de l'ordre de la Merci, ainsi qu'à l'introduction de l'inquisition en Aragon, et dans le midi de la France. On le fête le 23 janvier.

RAYMOND (Joachim Marie), général français, né à Sérignac près d'Auch en 1755, mort en 1798, s'embarqua en 1775 pour les Indes orientales, servit sous Bussy, passa en 1786 au service du souverain du Décan, Nizam-Ali, dont il obtint la faveur et qui l'éleva aux plus hautes dignités, et n'usa de son crédit que pour combattre les Anglais et établir la prépondérance des Français dans cette partie de l'Inde. Une mort prématurée l'interrompit au milieu de ses vastes projets : on soupçonna qu'il avait été empoisonné.

RAYMOND (Jean Michel), chimiste, né en 1766, à St-Vallier (Drôme), mort en 1837, fonda à St-Vallier un établissement pour le blanchiment des toiles, devint en 1795 préparateur de chimie à l’École polytechnique, professa la chimie à Privas, puis à Lyon, et quitta sa chaire en 1818 pour surveiller une fabrique de produits chimiques qu'il avait fondée à St-Vallier. Un prix de 8000 fr. lui fut décerné en 1312 pour la découverte de la couleur dite Bleu-Raymond.

RAYMOND (Jean Arnauld), architecte, né à Toulouse en 1742, m. en 1811, remporta le grand prix d'architecture en 1767, passa 8 années en Italie pour se perfectionner, fut chargé de construire les châteaux de St-Cloud et de Meudon, et dirigea les travaux de la belle place du Peyrou à Montpellier. Il avait été admis en 1784 à l'Académie d'architecture et fut de l'Institut dès la fondation.

RAYMOND, comtes de Toulouse. V. TOULOUSE.

RAYMOND-BÉRENGER. V. PROVENCE.

RAYMOND DE SÉBONDE. V. SÉBONDE.

RAYMOND LULLE. V. LULLE.

RAYNAL (Guill. Thomas), écrivain, né à St-Geniz en 1713, m. en 1796, entra chez les Jésuites, eut du succès comme professeur et prédicateur, vint en 1747 à Paris où il fut attaché à la paroisse de St-Sulpice, puis renonça à l'exercice du ministère, se fit homme de lettres, obtint, par l'appui d'hommes puissants, le privilège du Mercure, ce qui assura son existence, et se lia avec les philosophes. On a de lui : l’Histoire du stathoudérat, ouvrage médiocre, 1745; l’Hist. du parlement d'Angleterre, 1750, et l’Hist. philosophique des établissements et du commerce des Européens dans les Deux-Indes, 1770, ouvrage qui a fait sa réputation, mais qui est plein de déclamations politiques et antireligieuses; il fut aidé dans la rédaction par plusieurs collaborateurs, notamment par Diderot et Pechméja. On a encore de Raynal les Mémoires historiques de l'Europe, 1772, et quelques autres compilations. Il donna en 1780 une édition refondue de son Histoire philosophique des Indes (Genève, 10 vol. in-8) : cette édition, encore plus hardie que la précédente, fut condamnée en 1781 par le Parlement et brûlée par la main du bourreau. Après cette condamnation, il s'expatria et ne rentra en France qu'en 1788. Néanmoins, il ne donna point dans les excès de la Révolution, et dans une lettre célèbre adressée par lui à l'Assemblée nationale en 1791, il désavoua hautement les doctrines démagogiques. Il venait d'être nommé membre de l'Institut lorsqu'il mourut. Outre les ouvrages cités, on a de Raynal une Hist. des établissements des Européens dans l'Afrique septentrionale, ouvrage posthume, publié seulement en 1826.

RAYNEVAL (J. GÉRARD de), publiciste et diplomate, né en 1736 à Massevaux (Ht-Rhin), d'une famille parlementaire, m. à Paris en 1812, fut vingt ans premier commis aux Affaires étrangères et eut, comme plénipotentiaire à Londres, une grande part au traité de commerce conclu avec l'Angleterre en 1786. On lui doit les Institutions au Droit de la nature et des gens (1803 et 1832), ouvrage devenu classique. — Maximilien de R., son fils, 1778-1836, fut secrétaire d'ambassade à Lisbonne, puis à St-Pétersbourg, accompagna le duc de Vicence au congrès de Dresde et de Châtillon, fut nommé sous la Restauration 1er secrétaire d'ambassade et consul général à Londres, devint en 1820 sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, fut successivement ambassadeur à Berlin, en Suisse, à Vienne, à Madrid, et partout rendit d'éminents services, qui lui valurent le titre de comte et la pairie.

RAYNOUARD (François), homme de lettres, né en 1761 à Brignoles (Var), mort à Passy en 1836, était depuis 15 ans avocat à Draguignan lorsqu'il fut nommé, en 1791, suppléant à l'Assemblée législative. Incarcéré après le 31 mai, il ne recouvra sa liberté qu'après le 9 thermidor. Il retourna au barreau, puis vint se fixer à Paris pour s'y livrer à la littérature. Il donna en 1805 les Templiers, tragédie qui eut le plus grand succès, et entra dès 1807 à l'Académie française (dont il devint secrétaire perpétuel en 1817). Député du Var depuis 1806, il est un de ceux qui rédigèrent en 1813 la fameuse adresse sur l'état de la France qui prépara la chute de l'Empereur. On lui doit de savantes recherches sur la langue romane ; il fit paraître de 1816 à 1824 un Choix de poésies originales des troubadours (6 vol. in-8), auquel il joignit une grammaire romane, et donna en 1835 un nouveau Choix de poésies des troubadours, 3 v. in-8, que suivit un Lexique roman (pub. de 1838 à 1844, 6 v. in-8). Il a aussi laissé des Recherches historiques sur les Templiers, 1813, et un Historique du droit municipal en France, 1829. Ces ouvrages, qui dénotent autant de sagacité que d’érudition, lui valurent un siège à l’Académie es inscriptions. L’Éloge de Raynouard a été prononcé dans cette dernière Académie par Walckenaer.

RAZ (le), Calbium prom., cap de France, sur l’Atlantique, forme une des extrémités occid. du dép. du Finistère, en face de l’île de Sein. — V. RAS.

RAZÈS (le), petit pays de l’anc. France, dans le Bas-Languedoc, avec titre de comté, avait pour capit. Limoux. Il est auj. compris dans le S. du dép. de l’Aude et le N. O. de celui des Pyrénées-Orientales. — Le comté de Razès fut donné en 871 à Bernard II, comte de Toulouse, par Charles le Chauve ; il passa ensuite aux comtes de Carcassonne et à Simon de Montfort ; Amaury, fils de ce dernier, l’offrit à Philippe Auguste en 1222 ; il revint définitivement à la couronne en 1258, sous S. Louis.

RAZI (Mohammed-Aboubekr-Ibn-Zakaria-El), célèbre médecin arabe, né vers 850 dans le Khoraçan, à Razi ou Rei (l’anc. Ragès), mort vers 923, voyagea pour s’instruire en Syrie, en Égypte, en Espagne, dirigea les hôpitaux de Bagdad et de sa ville natale, et passa la plus grande partie de sa vie à la cour d’El-Mansour, prince du Khoraçan, dont il finit cependant par perdre la faveur. Il a laissé beaucoup d’ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en latin, entre autres : Havi seu Continens, Brescia, 1486, 2 vol. in-4 ; Ad Almansorem libri decem, Venise, 1510, in-fol. ; ce sont des espèces d’encyclopédies médicales, qui pendant longtemps servirent de base à l’enseignement, même en Europe. On a encore de lui un Traité de la petite vérole et de la rougeole, ouvrage fort estimé, trad. en latin par Laurent Valla, Plaisance, 1498, et en français par Séb. Collin, Poitiers, 1556, et par J. J. Raulet, 1768. On attribue à Razi l’invention du séton.

ou RHÉ (île de), en latin Cracina, Rea, Reacus, île de la France, sur la côte du dép. de la Charente-Inf., dont elle dépend, à 4 kil. de la côte, entre le Pertuis d’Antioche et le Pertuis Breton. Elle a 22 k. sur 7 et compte 18 000 hab. L’île forme 2 cant., qui ont pour ch.-l. St-Martin et Ars, a un petit port dit La Flotte, et est défendue par quatre forts. Sol sablonneux, peu fertile ; vins abondants, mais médiocres, convertis pour la plus grande part en vinaigre et en eau-de-vie ; marais salants ; pêche. — Longtemps soumise aux Anglais, cette île fut réunie à la couronne sous Charles VII en 1457, vainement attaquée par les Anglais en 1627, et fortifiée par Louis XIV.

READING, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Berks, au confluent du Kennet et de la Tamise, sur le chemin de fer de l’Ouest, à 60 kil. O. S. O. de Londres ; 20 000 h. Tour de l’église Ste-Marie, musée, théâtre. Soieries, velours, gaze, rubans, toile à voiles, épingles. Patrie de Laud, archevêque de Cantorbéry. Ville très-ancienne ; ruines d’une célèbre abbaye, fondée par Henri I.

RÉAL (André), conventionnel, né en 1752 à Grenoble, mort en 1832, était avocat à Grenoble en 1789. Député de l’Isère à la Convention, il se montra modéré et s’occupa surtout de finances. Envoyé en mission près l’armée des Alpes (1795), il contribua à comprimer les mouvements séditieux de Toulon, d’Aix, de Marseille. Il fit en 1796 partie du conseil des Cinq-Cents, présenta un projet sur le régime hypothécaire qui fut converti en loi, entra en 1800 ans la magistrature et devint en 1812 président de la cour de Grenoble. Il se démit à la Restauration et vécut depuis dans la retraite.

RÉAL (Pierre Franç., comte), homme politique, né vers 1757 à Chatou près de Paris, mort en 1834, était en 1789 procureur au Châtelet de Paris. Lié avec Danton, il fut nommé après le 10 août accusateur public près le tribunal criminel extraordinaire, fut, après la mort de Danton, emprisonné par Robespierre, ne recouvra sa liberté qu’au 9 thermidor, devint sous le Directoire historiographe de la République, remplit en même temps les fonctions de défenseur officieux près les tribunaux et rédigea plusieurs journaux d’opposition. Au 18 brumaire, il seconda Bonaparte, qui l’appela au conseil d’État, puis l’adjoignit au ministère de la police ; c’est lui qui découvrit en 1804 les projets de George Cadoudal. Préfet de police pendant les Cent-Jours, il fut exilé au retour des Bourbons, se retira dans les Pays-Bas, puis aux États-Unis, et ne rentra en France qu’en 1818. On a de lui quelques écrits politiques. Il avait rédigé des Mémoires, qui paraissent avoir été supprimés.

REALÉJO, v. de l’État de Nicaragua, ch.-l. de. dép., sur le Grand-Océan, près de l’emb. d’une riv. de son nom, à 17 kil. O. N. O. de Léon ; 4000 hab. Très beau port ; chantiers de construction. — Fondée en 1534 par les compagnons d’Alvarado.

RÉALISTES, secte scolastique opposée à celle des Nominaux, soutenait que les idées générales ont un objet réel, séparé à la fois des choses et de notre esprit, tandis que les Nominaux n’y voyaient que de pures abstractions, ou même de purs mots, flatus vocis. Cette doctrine, qui a son origine dans la philosophie de Platon, domina au moyen âge, et eut pour principaux défenseurs aux XIe et XIIe s. Guillaume de Champeaux, S. Anselme de Cantorbéry, Amaury de Chartres, Duns Scot, Gilbert de la Porée, etc. Les Réalistes firent condamner les Nominaux comme hérétiques par plusieurs conciles et même par l’autorité civile. Ils ont été à leur tour vivement combattus par la plupart des philosophes modernes (V. NOMINAUX), et le Réalisme pur compte aujourd’hui fort peu de partisans.

RÉALMONT, Regalis mons, ch.-l. de cant. (Tarn), à 19 kil. S. d’Alby ; 2676 h. Jolie petite ville, belles promenades. Houille aux environs. — Fondée en 1272 et jadis fortifiée ; démantelée en 1623.

RÉATE, auj. Rieti, anc. v. de l’Italie centrale, sur le Velinus, était la capitale de la Sabine. Elle souffrit beaucoup dans les guerres des Romains contre les Italiens, devint sous l’empire préfecture, puis, sous Vespasien, municipe. Mulets renommés.

RÉAUMUR (René Ant. FERCHAULT de), physicien et naturaliste, né à La Rochelle en 1683, mort en 1757, vint se fixer à Paris en 1703 et fut reçu à l’Académie des sciences dès 1708. Pendant 50 ans il porta ses recherches sur presque toutes les branches de l’histoire naturelle, de la physique et de la technologie : on lui doit d’utiles travaux sur la cémentation et l’adoucissement des fers fondus, sur la fabrication du ferblanc, sur la porcelaine ; il découvrit le moyen de fabriquer le verre blanc opaque connu sous le nom de porcelaine Réaumur, fut le 1er en France à faire des essais sur l’incubation artificielle, et inventa en 1731 le thermomètre qui porté son nom (V. THERMOMÈTRE dans notre Dict. univ. des Sciences). Réaumur est en outre l’auteur de la première méthode botanique à laquelle on ait pu donner le nom de système. Au reste, il contribua par son influence, plus encore que par ses travaux, à l’essor que prirent les sciences au XVIIIe s. Outre de nombreux Mémoires insérés dans le Recueil de l’Académie des sciences, on lui doit un Traité sur l’art de convertir le fer en acier et d’adoucir le fer fondu, 1722, et d’intéressants Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, 1734-42.

REBAIS, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), à 12 k. N. E. de Coulommiers ; 1186 h. Grains, lames. Ruines d’une abbaye de Bénédictins fondée en 634. Anc. école militaire, supprimée en 1793.

REBAPTISANTS. V. ANABAPTISTES. REBEC, Robecco en ital., bourg du Milanais, sur la r. dr. de l'Oglio, à 10 k. N. de Crémone. Bayard y éprouva un échec et y périt en 1524.

RÉBECCA, fille de Bathuel et femme d'Isaac, fut mère d'Ésaü et de Jacob. Elle aida Jacob à surprendre la bénédiction d'Isaac au préjudice de son frère.

REBER (J. G.), l’Oberkamft des Vosges, né à Mulhouse en 1731, m. en 1816, importa à Ste-Marie-aux-Mines l'industrie du coton et y fonda en 1753 un établissement dans lequel il se livra à la fois à la filature et au tissage de cette matière ainsi qu'à la teinture des étoffes, et qui devint bientôt un des plus importants de l'Europe.

REBOUL (Jean), poëte français, né à Nîmes en 1796, m. en 1864, était simple boulanger, et s'est fait un nom par des Poésies, dont le premier et le meilleur recueil parut en 1836. On y remarque l’Ange et l'Enfant.

REBOULET (Simon), né à Avignon en 1687, m. en 1752, se fit d'abord Jésuite, puis avocat. Il est auteur d'une Histoire de la Congrégation des Filles de l'enfance de Jésus (1734), qui donna lieu à des poursuites, et rédigea les Mémoires du chevalier de Forbin, d'après les papiers de cet illustre marin.

REBUFFE ou REBUFFI, nom de deux jurisconsultes français. Jacques R., né à Montpellier vers 1450, m. en 1528, a laissé des Commentaires sur le Code de Justinien. — Pierre R., né en 1487, m. en 1557, publia des ouvrages qui firent autorité : Explication des Pandectes (lat.) ; Commentaire sur le titre du Digeste de Verborum significatione, etc. Ses Œuvres forment 5 vol. in-fol., Lyon, 1586.

RÉCAMIER (Julie BERNARD, dame), femme célèbre, née à Lyon en 1777, morte à Paris en 1849, était fille d'un employé supérieur des postes, qui fut destitué sous le Consulat comme suspect de connivence avec les royalistes. Mariée à un riche banquier de Paris, M. Récamier, elle ouvrit un salon qui devint bientôt le rendez-vous d'une société choisie, mais qui ne tarda pas à exciter les ombrages du pouvoir. Éloignée de Paris par la police impériale à cause de ses relations avec Mme de Staël, alors exilée, elle séjourna quelque temps à Lyon, où elle se lia avec Camille Jordan et Ballanche, puis visita l'Italie, et ne put revoir la France qu'après la chute de l'Empire. Éprouvée par de grands revers de fortune, elle alla s'ensevelir en 1819 à l'Abbaye-aux-Bois (rue de Sèvres). Elle n'en fut pas moins recherchée du monde qu'elle fuyait, et vit sa retraite fréquentée par toutes les célébrités de l'époque : Chateaubriand, l'un des plus assidus, resta jusqu'à la mort son ami le plus intime. D'une beauté incomparable, qu'elle eut le privilège de conserver fort tard, et à laquelle se joignaient tous les dons de l'esprit et du cœur, Mme Récamier fut entourée d'adorateurs; mais, se contentant de plaire, elle sut se préserver de toute faiblesse. Elle avait rédigé d'intéressants mémoires, mais en mourant elle ordonna de les détruire. Elle a laissé un grand nombre de lettres, dont une partie a été publ. en 1859 par Mme Ch. Lenormant, sa nièce, sous le titre de Souvenirs et Correspondance de Mme Récamier. Gérard a peint son portrait en pied. L'Académie de Lyon a mis au concours son Éloge : le prix a été remporté, par M. Rondelet (1851).

RÉCAMIER (Joseph), médecin, né en 1774, près de Belley (Ain), mort en 1852, fut longtemps médecin de l'Hôtel-Dieu de Paris, professeur à la Faculté de médecine et au Collége de France. Fécond en ressources, il obtint souvent par une médication hardie des cures inespérées. On a de lui des Recherches sur le traitement du cancer (1829) et du choléra-morbus (1832). Le docteur Dubois (d'Amiens) a prononcé son Éloge à l'Académie de Médecine.

RECANATI, Recinatum, v. murée du roy. d'Italie (Macerata), près de l'Adriatique, à 14 k. N. E. de Macerata; 8000 hab. Anc. évêché, érigé en 1240, et réuni à celui de Lorette au XVIe s.

RÉCARÈDE I, le Catholique, roi des Visigoths d'Espagne (586-601), fils de Leovigilde, embrassa ouvertement le Catholicisme, convertit ses sujets (587) et fit anathématiser l'Arianisme au IIIe concile de Tolède (589). Il repoussa le roi burgonde Gontran, qui avait envahi ses États, et déploya autant de bonté envers ses sujets que de ferveur pour l'Église. Il fut le premier qui se fit couronner solennellement. Il résidait à Tolède, qu'il déclara ville royale. — R. II, roi visigoth, fils et successeur de Sisebut (620), ne régna que quelques mois.

RECEY-SUR-OURCE, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), sur l'Ource, à 25 k. S. E. de Châtillon; 981 h. Tonneaux.

RÉCHABITES, secte juive fondée, sous le règne de Jéhu, par Jonadab, fils de Réchab. V. JONADAB.

RECHICOURT-LE-CHATEAU, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 18 kil. S. O. de Sarrebourg; 950 h. On y voit un château qui donna naissance au bourg, et qui peut être du VIIIe s. Après avoir appartenu à différents maîtres, Rechicourt devint fief d'Empire. Il fut réuni à la France avec la Lorraine.

RECHT, grande v. de Perse, ch.-l. du Ghilan, près de la mer Caspienne, à 10 kil. de la baie d'Inzéli et à 230 k. N. E. de Téhéran; 60 000 h. Manufactures de soie. Redit est un des principaux entrepôts de la mer Caspienne; elle commerce surtout avec Astracan. Il y fut signé en 1732 un traité de paix entre la Perse et la Russie.

RECIFE. V. PERNAMBOUC.

RÉCOLLETS, Recollecti (c.-à-d. recueillis), religieux réformés de l'ordre de S. François, s'établirent d'abord en Espagne (1484), puis en Italie, furent introduits en France, à Nevers, en 1592, et à Paris en 1603. Ils fournissaient des missionnaires pour les Indes, et des aumôniers pour les régiments.

RECTEUR, chef d'Académie ou d'Université. V. cet art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

RÉDEMPTION (Ordre de la). V. MATHURINS et TRINITAIRES.

RÉDEMPTORISTES. V. LIGUORI.

REDI (Franç.), naturaliste, l'un des plus grands observateurs de l'Italie, né à Arezzo en 1626, mort en 1698, s'établit de bonne heure à Florence, y devint médecin des ducs de Toscane Ferdinand II et Cosme III, et cultiva à la fois les sciences et les lettres. Il est connu surtout par ses Expériences sur la génération des insectes (Florence, 1668, en italien, trad. en latin, Amst., 1688) : il y prouva qu'aucune espèce n'est engendrée par la pourriture, comme le croyaient les anciens; il fit aussi d'intéressantes remarques sur la vipère, sur les vers intestinaux, etc. On a de lui des poésies estimées, et même des recherches grammaticales. Ses Œuvres complètes forment 6 vol., Venise, 1712, et Naples, 1742.

RÉDIFS, c.-à-d. réserve, nom donné par les Turcs aux soldats qui après 6 ans de service sont incorporés dans la réserve. Ils forment la garde urbaine.

REDNITZ (la), Radantia, riv. de Bavière, naît à 7 k. N.O. de Pappenheim, reçoit le Roth à droite et la Rézat à gauche, puis s'unit à la Pegnitz, prend alors le nom de Regnitz et se jette dans le Mein après un cours de 100 k. Charlemagne avait voulu réunir la Rednitz à l'Altmuhl, affluent du Danube, afin de faire ainsi communiquer le Rhin et le Danube : ce beau projet a été récemment exécuté.

REDON, Roto, ch.-l. d'arr. (Ille-et-Vilaine), à 65 kil. S. O. de Rennes, sur la r. dr. de la Vilaine, au pied de la mont. de Beaumont; 5943 h. Port abordable à l'aide de la marée; grand bassin, canal. Trib. de 1re inst., collége. Entrepôt de sel, construction de navires, commerce de bois, de châtaignes, d'ardoises. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 818.

REDONES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 3e), à l'O. des Diablintes, des Arvii et des Andecavi ; ch.-l. Condate ou Redones (auj. Rennes).

REDOUTÉ (Joseph), peintre de fleurs, né en 1759, à St-Hubert (Pays de Liége), m. à Paris en 1840, vint de bonne heure s'établir en France (1784), s'y fit bientôt distinguer par son talent, fut chargé, avec Gérard Van Spaëndonck, de dessiner les plantes pour le cabinet du roi, devint en 1792 dessinateur de l'Académie des sciences, et enseigna le dessin des fleurs au Jardin des Plantes à partir de 1822. Entre autres collections, il a publié les Liliacées, 8 vol. in-f.; les Roses (228 pl.); la Flora altantica, de Desfontaines, la Flora borealis Americana, les Plantes de la Malmaison ; la Flore de Navarre, l’Histoire des champignons, l’Histoire des plantes grasses, etc. Passionné pour son art, Redouté étudia la physionomie des plantes et des fleurs, ainsi que leurs poses dans la nature, et, pour en mieux rendre toute la délicatesse et la fraîcheur, il imagina de les peindre à l'aquarelle au lieu de la gouache jusqu'alors en usage, procédé qui obtint le plus grand succès. On l'a surnommé le Raphaël des fleurs.

REDOUT-KALÉ, port et forteresse russe (Iméréthie), sur la mer Noire, à l'embouch. du Kopi, à 373 kil. de Tiflis ; 2000 h. Ses fortifications ont été détruites en 1856 et la navigation rendue libre.

REES (Abraham), savant anglais, né dans le pays de Galles en 1743, mort en 1825, était fils d'un ministre dissident. Il fut vingt ans professeur de mathématiques à l'institut d'Hoxton près de Londres, puis eut la chaire de théologie et de sciences naturelles au collège d'Hackney. Après avoir donné une nouvelle édition de l’Encyclopédie de Chambers, il publia lui-même un ouvrage du même genre, la New Cyclopœdia (Londres, 1803, etc., 44 vol. gr. in-8), monument d'une immense érudition, dans l'exécution duquel il eut de nombreux collaborateurs.

RÉFÉRENDAIRE, titre de dignité. V. ce mot dans notre Diction. univ. des Sciences.

RÉFORME. On donne ce nom à la révolution opérée dans la Chrétienté au XVIe s., et qui sépara de l'Église romaine une grande partie de l'Europe. Déjà plusieurs fois les Albigeois en France, Arnauld de Brescia en Italie, Wiclef en Angleterre, Jean Huss en Bohême s'étaient élevés contre l'Église romaine, et avaient refusé de se soumettre à son autorité ; mais ils avaient échoué, et leurs partisans avaient disparu peu à peu. Luther, marchant sur leurs traces, commença à dogmatiser en 1517, et entraîna une partie de l'Allemagne. La Réforme fut alors favorisée, non-seulement par l'esprit d'examen développé depuis la Renaissance, mais aussi par la cupidité des princes qui convoitaient les riches bénéfices du clergé. Zwingle introduisit la Réforme en Suisse ; Calvin la répandit à Genève et dans une grande partie de la France ; Knox en Écosse ; Henri VIII l'établit en Angleterre. Aujourd'hui les partisans de la Réforme se sont répandus dans la plus grande partie de l'Amérique septentrionale. Ils sont subdivisés en un nombre infini de sectes particulières : Zwingliens, Luthériens, Calvinistes, Presbytériens, Anglicans, Arminiens, Quakers, Méthodistes, etc. (Voy. ces noms). — Quoique le nom de Réformés convienne à tous ceux qui, depuis le XVIe siècle, adoptèrent les idées nouvelles, les Calvinistes le prenaient plus particulièrement que les Luthériens. On doit à M. Charpenne une Hist. de la Réforme (écrite au point de vue catholique), 1803, et à M. F. Puaux l’Hist. de la Réformation française, 1860-64.

RÉGALE (La), droit qu'exerçait le roi de France de percevoir les fruits des évêchés et monastères vacants et de pourvoir pendant la vacance aux bénéfices qui étaient à la collation de l'évêque. Ce droit fut presque toujours contesté par les papes, surtout le droit de collation, qui était appelé la régale spirituelle. Ce fut l'occasion de vifs débats entre Louis XIV et Innocent XI en 1682 et d'une scission dans le clergé.

REGEN (la), riv. de Bavière, sort des monts Bœhmerwald à 22 kil. N. E. de la ville de Regen, coule généralement au S. O. et tombe dans le Danube, vis-à-vis de Ratisbonne (Regensburg), après un cours de 160 kil. — Elle donnait son nom au cercle bavarois de la Regen, appelé auj. Ht-Palatinat.

RÉGENCE, dignité de celui qui gouverne pendant la minorité ou l'absence du roi. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences. — On appelle spécialement la Régence l'époque qui s'écoula depuis la mort de Louis XIV jusqu'à la majorité de Louis XV (1715-1723), et pendant laquelle Philippe, duc d'Orléans, fut chargé de gouverner avec le titre de régent : ce fut une époque de corruption et d'agiotage. V. ORLÉANS (Philippe II, duc d'), DUBOIS, LAW, etc.

RÉGENCES BARBARESQUES. On désignait souvent ainsi les États du N. O. de l'Afrique : Tripoli, Tunis, Alger.

RÉGENT, celui qui exerce le pouvoir souverain à la place du roi absent, mineur ou incapable. On applique plus spécialement ce nom dans l'histoire à Philippe, duc d'Orléans, régent pendant la minorité de Louis XV ; et à Georges, prince de Galles (Georges IV), qui gouverna pendant la démence de son père Georges III, de 1811 à 1820.

REGGIO, nom commun à deux villes d'Italie.

La 1re, Rhegium Lepidi, ch.-l. de prov., est dans le Modénais, sur le Tassone, à 23 kil. N. O. de Modène, et compte 18 000 hab. Évêché, faculté de droit, chemin de fer, château fort, cathédrale, belle église de Notre-Dame de la Giara, beau théâtre, gymnase, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle. Patrie de l'Arioste et de Panciroli. — Ce Rhegium était dans la Gaule cisalpine, chez les Boïens ; Æmilius Lepidus la colonisa, d'où son nom distinctif. Détruite par les Goths en 409, elle fut relevée par Charlemagne. L'une des républiques lombardes au moyen âge, elle finit par tomber sous la domination de la maison d'Este (1290). Elle fut prise par les Français en 1702, par le prince Eugène en 1706 et par le roi de Sardaigne en 1742. Elle fut le ch.-l. du dép. du Crostolo dans la républ. Cisalpine (depuis roy. d'Italie) ; le congrès de Vienne la donna au duc de Modène. Une révolte qui y éclata en 1831 fut aussitôt comprimée par les Autrichiens. — Napoléon donna le titre de duc de Reggio au maréchal Oudinot.

La 2e, dite aussi Santa-Agata delle Galline, Rhegium Julii chez les anciens, sa trouve dans l'anc. roy. de Naples, et est le ch.-l. de la Calabre Ultér. Ire ; elle est sur le détroit de Messine, à la pointe S. O. de l'Italie ; 10 000 hab. Archevêché, tribunaux, collége. Belle cathédrale, quai remarquable. Soieries, damas, byssus, eaux de senteur, essences, etc. — Rhegium est, dit-on, une colonie de Chalcis en Eubée ; elle reçut des Messéniens l'an 723 av. J.-C. Elle fut le plus souvent république, mais eut quelques tyrans (entre autres Anaxilas), fut soumise par Denys le Tyran, servit d'asile à Denys le Jeune dans son 1er exil ; redevint indépendante après la chute définitive du tyran, fit alliance avec Rome vers la fin de la lutte samnite, et reçut, l'an 280 av. J.-C., une garnison romaine. Cette garnison ayant égorgé les habitants mâles pour rester maîtresse des femmes et des biens des victimes, l'attentat fut sévèrement puni par Rome même (271). Rhegium devint ensuite colonie romaine et ville municipale. Jules César la restaura et lui donna son nom. Cette ville resta une des dernières possessions de l'empire grec eh Italie; elle tomba au XIe s. sous la domination des Normands : leur chef Robert Guiscard y fut élu duc de Pouille et de Calabre en 1059. Gonsalve de Cordoue la réunit au royaume de Naples au commencement du XVIe s. Barberousse, en 1544, et Mustapha-Pacha, en 1558, la saccagèrent ; elle s'était relevée de ses ruines, lorsqu'un tremblement de terre l'anéantit presque en 1783. Rebâtie sur un meilleur plan et sous le nom de Sta-Agata delle Galline, elle a éprouvé en 1841 un nouveau tremblement de terre.

RÉGILLE, Regillum, petite v. de l'Italie ancienne, chez les Sabins, à 20 milles E. de Rome (31 kil.). Aux env. était le lac Régule, auj. di Sta-Prasseda, où le dictateur Posthumius Albinus (dit depuis Regillensis) remporta en 496 une victoire décisive sur les Latins, qui s'étaient révoltés en faveur de Tarquin. RÉGILLIEN, Q. Nonius Regillianus, Dace d'origine et parent de Décébale, servait dans les troupes romaines et avait battu les Sarmates quand il prit la pourpre en Mésie (261). Suivant les uns, Gallien le défit en 263 ; selon les autres, il fut assassiné par les Illyriens et par ses propres soldats.

RÉGINON, abbé de Prum de 892 à 899, m. à Trêves en 915, a laissé: 1° une Chronique qui finit en 907 et qui a été continuée par un moine de Trêves jusqu'en 977 (publiée à Mayence, 1521, et dans le Rerum Germanicarum scriptores de Pistorius); 2° un recueil de canons, publié par Baluze sous le titre de : De ecclesiasticis disciplinis, Paris, 1671.

REGINUM ou REGINA CASTRA, auj. RATISBONNE.

REGIOMONTANUS (Jean MULLER, dit), astronome allemand, né en 1436, près de Kœnigsberg en Franconie, d'où son nom latin (Kœnigsberg voulant dire, comme regius mons, mont royal), m. en 1476, étudia l'astronomie et les mathématiques sous Purbach, devint bientôt l'associé de son maître, et exécuta, conjointement avec lui, divers travaux qui lui avaient été confiés par le cardinal Bessarion. Il suivit ce prélat en Italie, où sa réputation s'était déjà étendue, et donna à Padoue un cours d'astronomie qui attira un grand concours d'auditeurs (1463). De retour en Allemagne, il résida quelques années à Bude près du roi de Hongrie Matthias Corvin; il s'établit ensuite à Nuremberg et fonda dans cette ville une imprimerie d'où sont sortis un grand nombre d'ouvrages scientifiques. Attiré à Rome par le pape Sixte IV, il y mourut peu après son arrivée, soit enlevé par la peste, soit assassiné par le fils de George de Trébizonde, dont il avait critiqué les traductions. Ce savant a beaucoup écrit; ses principales productions sont : Ephemerides astronomicæ ab anno 1475 ad annum 1506; Kalendarium novum; Tabulæ directionum profectionumque ; Epitoma in Almagestum Ptolomæi (avec Purbach); De triangulis planis et sphæricis, una cum Tabulis sinuum : c'est le plus important de ses ouvrages. Regiomontanus est, avec Purbach, un des régénérateurs de l'astronomie; tous deux ont reconnu et signalé les invraisemblances du système de Ptolémée.

RÉGIS (S. Jean François), l’Apôtre du Velay, né en 1597 au château de Fontcouverte (diocèse de Narbonne), m. en 1640, appartenait à une famille noble et aisée. Élevé chez les Jésuites à Béziers, il entra de bonne heure dans leur ordre et, après avoir enseigné dans divers collèges, se voua à la prédication. Il prêcha dans le Bas-Languedoc, surtout dans le Velay et le Vivarais, et ramena dans le sein de l’Église un grand nombre de Calvinistes. Il ne se signala pas moins par sa charité, surtout dans une peste qui désolait Toulouse, et m. à La Louvesc, à 43 ans, exténué par les fatigues et les macérations. Il fut canonisé en 1737. On le fête le 16 juin. Sa Vie a été écrite par le P. Daubenton et plus récemment par l'abbé Daurignac, 1861. — Une Société qui a pour but de marier les personnes qui vivent dans le désordre a été placée sous son nom.

RÉGIS (Sylvain LEROY, dit), savant français, né en 1632 dans l'Agénois, mort en 1707, étudia la théologie à Paris, embrassa avec ardeur la philosophie de Descartes, à laquelle il fut initié par Rohault, et enseigna avec un grand succès la nouvelle doctrine à Toulouse, à Montpellier, à Paris, où il exposa méthodiquement la doctrine de Descartes. L'archevêque de Harlay lui ayant interdit cet enseignement, il s'occupa de publier ses œuvres et de combattre par ses écrits les adversaires de Descartes. Son ouvrage principal est le Système de philosophie, en français, Paris 1690. Régis était de l'Académie des sciences.

RÉGIS (J. B.), jésuite, missionnaire en Chine, né vers 1665 à Istres en Provence, mort en Chine en 1737, travailla à la carte générale de ce pays (1708-15), et prit part en 1724 aux discussions que les missionnaires eurent à soutenir devant l'empereur Young-Tching pour empêcher la proscription du Christianisme. Il a laissé une traduction latine de l’Y-King, publ. par J. Mohl, Stuttg., 1834-39, 2 v. in-8.

REGIUM. V. RHEGIUM et REGGIO.

REGIUS (H. LE ROY ou DU ROY, dit), professeur de médecine à Utrecht, né dans cette ville en 1598, mort en 1679, fut un des premiers disciples de Descartes. Il adopta d'abord la doctrine du maître sans restriction, mais dans la suite il s'en écarta, et fut publiquement désavoué par Descartes (1647). Regius fut aussi un des premiers à soutenir la circulation du sang. Ses principaux ouvrages sont : Physiologia, 1641 ; Fundamenta physices, 1647 (il copia dans cet ouvrage le traité des Animaux de Descartes, encore inédit); Explicatio mentis humanæ, 1648; Philosophia naturalis, 1661.

RÉGNARD (Jean-Franç.), poète comique, né à Paris en 1655, mort en 1709, était fils d'un riche marchand. Il voyagea dès qu'il eut fini ses études, visita l'Italie, où il gagna beaucoup d'argent au jeu, fut pris par des corsaires algériens en revenant en France, conduit à Constantinople et vendu comme esclave, s'acquit les bonnes grâces de son maître en présidant à sa cuisine, revint en France après deux ans de captivité et en payant une rançon de 12 000 fr., recommença ses voyages et visita, avec quelques amis, la Flandre, la Hollande, le Danemark, la Suède ; s'avança jusqu'en Laponie, au delà de Tornéa (1681), et inscrivit sur un rocher ce vers devenu célèbre :

Hic tandem stetimus nobis ubi defuit orbis.

Il vint vers 1683 se fixer à Paris, y acheta une charge de trésorier de France, vécut dans l'aisance et se mit à faire des comédies par passe-temps. Il travailla d'abord pour le Théâtre Italien (1688-96), puis il fit jouer au Théâtre Français plusieurs comédies qui eurent un grand succès (1694-1708) : elles se font surtout remarquer par une franche gaieté, par une peinture vraie des mœurs de l'époque, par un style vif et naturel sans trivialité. Ces comédies lui assurent la première place après Molière. Les principales sont : le Joueur (1696), le Distrait (1697), Démocrite (1700), les Folies amoureuses (1704), les Ménechmes ou les Jumeaux (1705), le Légataire universel (1708), toutes en vers. On a encore de lui plusieurs petites pièces qu'il avait données au Théâtre Italien, une relation de ses voyages, un petit roman, la Provençale, qui n'est que sa propre histoire, des poésies diverses, parmi lesquelles on remarque une Satire contre les maris, en réponse à la satire de Boileau contre les femmes. Ses Œuvres complètes ont été souvent imprimées; les meilleures éditions sont celles de G. Garnier, 1789-90, 6 v. in-8, de Lequien, 1820, de Crapelet, 1822 et 1823, d'Alfred Michiels, 1855. On doit à M. Gilbert un Éloge de Régnard, couronné en 1858 par l'Académie française.

REGNAUD (Étienne), dit de St-Jean-d'Angély, né en 1760 à St-Fargeau (Yonne), était fils du président au bailliage de cette ville. Il fut nommé dès 1782 lieutenant de la prévôté de la marine à Rochefort, fut député aux États généraux en 1789 par le bailliage de St-Jean-d'Angély (d'où le nom sous lequel il est connu), rédigea le Journal de Versailles, feuille modérée, courut de grands risques pendant la Terreur, obtint un emploi à l'armée d'Italie après la chute de Robespierre, seconda Bonaparte au 18 brumaire, fut appelé au Conseil d'État, où il présida la section de l'intérieur, devint procureur général près la haute cour, secrétaire d’État de la famille impériale, montra dans tous ces postes du talent, de l'activité, du dévouement, et fut en récompense créé comte. Fidèle à son maître jusqu'au bout, il défendit, même en 1815, les intérêts de Napoléon II devant la Chambre. Proscrit par les Bourbons, il passa quatre ans en exil (1815-19), et mourut en 1819. Il était depuis 1803 membre de l'Académie française. — Son fils, Aug.-Étienne, comte Regnaud de St-Jean d'Angély (1794-1870), fut sénateur du second Empire et maréchal de France. Il se distingua surtout à Magenta. REGNAULT (le baron J.-B.), peintre, né à Paris en 1754, m. en 1829, fut d'abord mousse ; emmené à Rome par un peintre qui avait remarqué en lui d'heureuses dispositions, il remporta à 20 ans le grand prix par un tableau d’Alexandre et Diogène. composa pour l'Académie Andromède et Persée et l'Éducation d'Achille, qui le firent admettre dans cette compagnie en 1783, et exécuta successivement un grand nombre de beaux ouvrages, parmi lesquels on remarque le Déluge, où il ne craignit pas de lutter contre Poussin, Mars désarmé par Vénus, Socrate et Alcibiade chez Aspasie, la mort d'Adonis, les Trois Grâces, l'Amour endormi sur le sein de Psyché, Jupiter enlevant Io, le Triomphe de la paix. Regnault brille surtout par la grâce ; sa manière, plus douce qu'énergique, dégénère quelquefois en mollesse. Ce maître forma d'illustres élèves, entre autres Guérin, Hersent et Blondel.

RÉGNIER (Mathurin), poëte satirique, né à Chartres en 1573, mort en 1613, était neveu du poëte Desportes qui l'initia à la poésie. Il fut tonsuré dès l'enfance, suivit à Rome le cardinal de Joyeuse (1593) et le duc de Béthune (1602), profita de son séjour en Italie pour étudier la littérature du pays, obtint à son retour un bon canonicat avec une pension de 2000 liv., et put dès lors se livrer à son goût pour les lettres et le plaisir. Quoique ecclésiastique, il s'abandonna sans retenue à des excès qui abrégèrent ses jours : il avait 40 ans quand il mourut. On a de Régnier 16 satires, 3 épîtres, 5 élégies, des poésies spirituelles et autres. Il est le premier en France qui ait réussi dans la satire ; il imita avec succès les anciens, qu'il avait pris pour modèles, et fit aussi de nombreux emprunts aux satiriques italiens. Ce poëte, plein de sens et d'énergie, excelle à saisir le ridicule et à le peindre en traits ineffaçables :

Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur.
(Boileau, Art poétique, IIe ch.)

Les meilleures éditions de ses Œuvres sont celles de Brossette, avec commentaire, Londres, 1729 (réimp. en 1822 par Lequien), de Lenglet-Dufresnoy, 1733, de Viollet-le-Duc, 1821, 1853, de Poitevin 1860, de Barthélémy, 1862, de L. Lacour, 1867.

RÉGNIER-DESMARAIS (Franç. Séraphin), grammairien et littérateur, né à Paris en 1632, mort en 1713, suivit à Rome, en 1662, le duc de Créqui avec le titre de secrétaire d'ambassade, et se familiarisa tellement avec l'italien qu'il fit en cette langue des vers qui furent goûtés des Italiens mêmes et qui le firent admettre à l'Académie della Crusca. Il fut à son retour pourvu du prieuré de Grammont (1668), et reçut alors les ordres sacrés. Admis à l'Académie française en 1670, il devint secrétaire de cette compagnie en 1684, fut un des plus actifs rédacteurs du Dictionnaire et en publia la 1re édition, 1694, 2 vol. in-f.; c'est lui qui tint la plume dans la dispute de l'Académie avec Furetière. On a de l'abbé Régnier une Grammaire française, 1705, ouvrage fort estimé, qui était destiné à exposer les principes dont le Dictionnaire offrait l'application ; des Poésies françaises, italiennes, latines et espagnoles (1708); des traductions de divers ouvrages de Cicéron (la Divination, les Vrais biens et les Vrais maux); il a aussi trad. de l'espagnol la Pratique de la perfection chrétienne de Rodriguez. Il était fort tenace dans ses opinions, ce qui le fit surnommer l’Abbé Pertinaæ.

RÉGNIER (Claude Ant.), duc de Massa, né en 1746 à Blamont (Meurthe), mort en 1814, fut d'abord avocat à Nancy. Député en 1789 aux États généraux, il se distingua dans cette assemblée par sa modération et ses lumières, fut élu par le dép. de la Meurthe membre du Conseil des Anciens (1795-1799), favorisa la révolution du 18 brumaire et coopéra à la rédaction de la Constitution consulaire, fut appelé au conseil d'État, élabora et présenta au Corps Législatif plusieurs projets de loi, fut nommé en 1802 grand juge ou ministre de la justice, et chargé en même temps de la police générale, dirigea en cette double qualité les poursuites contre George Cadoudal et Pichegru (1804), conserva le portefeuille de la justice jusqu'en 1813, et fut à cette époque nommé président du Corps Législatif. Il perdit tout à la chute de l'Empire, et mourut trois mois après.

RÉGNIER (Edme), habile mécanicien, né en 1751 à Semur-en-Auxois, mort en 1825 à Paris, avait d'abord été ouvrier armurier. Il inventa le dynamomètre, le paratonnerre à conducteur mobile, le méridien sonnant (ou canon méridien), perfectionna la serrure à combinaison, fabriqua une échelle à incendie s'allongeant à volonté, fit des bagues et bracelets d'acier aimanté, employés, dit-on, avec succès contre les maux de tête, etc. C'est lui qui forma le noyau du musée central d'artillerie à Paris ; il fut nommé conservateur de cet établissement.

REGNITZ. V. REDNITZ.

REGULUS (M. Atilius), général romain, consul en 267 et 256 av. J.-C. Dans son 2e consulat, il battit les Carthaginois près d'Ecnome en Sicile avec son collègue Manlius Vulso, puis en Afrique près d'Adis, et les réduisit à demander la paix ; mais, pendant qu'on en débattait les conditions, il fut attaqué, défait et pris à Tunis par le mercenaire lacédémonien Xanthippe. En 250, les Carthaginois lui donnèrent la liberté sur parole, afin qu'il accompagnât la députation chargée par eux de demander à Rome l'échange des prisonniers ; mais, au lieu d'appuyer cette mesure, il ne prit la parole dans le sénat que pour en dissuader ses concitoyens ; après avoir ainsi parlé, il ne craignit pas d'aller, malgré les prières de sa famille et du sénat même, reprendre ses fers à Carthage. Il y périt au milieu d'atroces supplices : on raconte que les Carthaginois, après lui avoir coupé les paupières et l'avoir exposé dans cet état aux ardeurs du soleil, l'auraient enfermé dans un tonneau rempli de clous, qu'ils auraient ensuite fait rouler du haut d'une montagne. Quelques critiques modernes mettent son supplice en doute. Le dévouement de Régulus a fourni des sujets de tragédie à Pradon, à Dorat, à Métastase et à Lucien Arnault, fils de l'auteur de Marius.

REGULUS SERRANUS (G. Atilius), consul en 257 et 250 av. J.-C., remporta sur les Carthaginois en 257 la victoire navale de Lipari.

REHA, v. de Turquie d'Asie. V. RACCA et ORFA.

REI ou RAZI, nom moderne des ruines de Ragæ ou Rages, en Perse, dans l'Irak-Adjémi, à 5 kil. S. E. de Téhéran. C'est là que naquirent Haroun-al-Raschid et le médecin Razi.

REICHA (Joseph), compositeur, né à Prague en 1770, m. en 1836, séjourna plusieurs années à Vienne, vint à Paris en 1809, ouvrit un cours de composition qui attira la foule, devint en 1817 professeur de contre-point au Conservatoire, et fut admis à l'Institut en 1835. On a de lui un Traité de mélodie, 1814, un Traité d'harmonie, 1819, un Traité de haute composition musicale, 1825, ouvrages qui ont opéré une révolution dans l'art musical et lui ont valu, une grande célébrité. Il a fait la musique de quelques opéras : Natalie ou la Famille suisse (1816) ; Sapho, (1822); mais ce sont des œuvres médiocres. On admire au contraire comme des chefs-d'œuvre de mélodie et d'harmonie ses quintetti d'instruments à vent, genre dont il est le créateur.

REICHARD (Auguste), né en 1751 à Gotha, m. en 1828, se fit connaître par quelques poésies et quelques pièces de théâtre, devint directeur du théâtre ducal, fonda la Gazette scientifique de Gotha et plusieurs autres recueils ; visita avec soin l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la France, et publia des Guides estimés pour leur exactitude (Guide des voyageurs en Italie et en Suisse, Weimar, 1819 ; Guide des voyageurs en France, Paris, 1823 ; Manuel du voyageur en Allemagne, 1836). Il fut nommé à la fin de sa vie directeur de l'administration de la guerre de Saxe-Gotha, puis conseiller intime. REICHENAU, île du lac de Constance, dépendant du grand-duché de Bade, à 6 kil. N. O. de Constance; 5 kil. sur 3; 1800 hab. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 724 par S. Firmin, et dont les abbés étaient princes d'empire. Elle fut réunie en 1536 à l'évêché de Constance. Charles le Gros y fut enterré.

REICHENAU, vge et château de Suisse (Grisons), au confluent du Rhin antérieur et du Rhin postérieur, à 10 kil. S. O. de Coire. Établissement d'instruction fondé par Tscharner, et où professa pendant l'émigration le duc d'Orléans (le roi Louis-Philippe).

REICHENAU, Augia dives, v. de Bohème, à 4 k. E. de Kæniggrætz; 3250 h. Beau château, avec bibliothèque et galerie de tableaux; collège de Piaristes.

REICHENBACH, v. murée des États prussiens (Silésie), sur la Peila, à 65 kil. S. O. de Breslau; 6000 h. Toiles de coton, canevas, etc. Cette ville souffrit beaucoup pendant la guerre de Trente ans (1632-1648). Les Autrichiens y furent défaits par les Prussiens en 1762. Il y fut conclu en 1790 entre ces deux puissances une convention qui mit fin à la guerre.

REICHENBERG, v. de Bohême, ch.-l. de seigneurie, sur la Neisse, à 50 k. N. E. de Jung-Bunzlau: 16 000 h. Industrie active : draps, lainages, toiles, tissus de coton; construction de machines. Victoire des Prussiens sur les Autrichiens en 1757.

REICHENHALL, v. de Bavière (Hte-Bavière), à 14 kil. S. O. de Salzbourg et à 124 k. S. E. de Munich ; 3500 hab. Martinets à cuivre; fabrique de machines à vapeur, vastes et abondantes salines.

REICHSTADT, v. de Bohème (Bunzlau), à 52 kil. N. O. de Bunzlau; 2500 hab. Anc. seigneurie, érigée en duché, en 1818, par l'empereur d'Autriche François I pour son petit-fils, le fils de Napoléon et de Marie-Louise. V. NAPOLEON II.

REID (Thomas), philosophe écossais, né en 1710 à Strachan (comté de Kincardine), m. en 1796, entra dans l'église presbytérienne et devint en 1737 ministre à New-Machar, près d'Aberdeen. S'étant fait remarquer par quelques écrits, il fut élu en 1752 professeur de philosophie à l'Université d'Aberdeen : il obtint en 1763 la chaire de philosophie morale de Glascow, qu'avait occupée Ad. Smith. Il résigna ses fonctions vers 1780, afin de se livrer à la composition de ses ouvrages. On a de lui une Analyse de la Logique d'Aristote, 1752, des Recherches sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun, 1763 (il y traite surtout de la formation des idées dues aux sens); des Essais sur les facultés intellectuelles (1785), et sur les Facultés actives (1788). Tous ces ouvrages ont été traduits et publiés par Théod. Jouffroy, avec une savante préface et la Vie de l'auteur par Dugald Stewart, 1828-1836, 6 vol. in-8. Reid peut être considéré comme le chef de la philosophie écossaise; il eut pour but d'appliquer avec rigueur à l'étude de l'esprit humain la méthode d'observation recommandée par Fr. Bacon. Il combattit avec force l'idéalisme de Berkeley, le scepticisme de Hume, et renversa la théorie métaphysique des idées-images (intermédiaires supposés entre les corps et l'esprit), qui avait longtemps régné dans les écoles; mais il eut le tort de trop multiplier les principes de la nature humaine. M. Ad. Garnier a publié la Critique de la philosophie de Reid, 1840.

REIFFENBERG (Fréd., baron de), écrivain belge, né à Mons en 1795, m. à Bruxelles en 1850, professa la philosophie à l'Université de Louvain, l'histoire à celle de Liège, et fut un des membres les plus actifs de l'Académie de Bruxelles. Ses principaux ouvrages sont : Fastes belgiques, 1823 ; Hist. de la Toison d'or, 1830; De la Peinture sur verre aux Pays-Bas, 1832; Principes de la Logique, avec l'histoire et la bibliographie de la science, 1833. Il a aussi composé des Poésies (1825), des Nouvelles, a fondé le Bibliophile belge (1840), et a fourni à plusieurs académies de savants mémoires relatifs à l'histoire des Pays-Bas.

REIGNIER, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 13 k. E. de St-Julien; 1772 h. Aux environs, curieux dolmen.

REII, petit peuple de la Gaule Narbonnaise 1re, chez les Albiœci, avait pour ch.-l. Reii (auj. Riez).

REIKIAVIK, capit. de l'Islande, sur la côte O. de l'île et sur le golfe de Fale; 800 hab. Évêché, tribunaux, observatoire. Port sûr assez commerçant.

REIL (J. Chrétien), médecin, né en 1759, à Rhanden dans la Frise, m. en 1813, fut professeur de thérapeutique et directeur de la clinique à l'Université de Halle, président du conseil des mines, professeur de médecine à l'Université de Berlin, directeur général des hôpitaux créés après la bataille de Leipsick, et succomba au typhus en visitant les malades. Il a rédigé de 1795 à 1815 les Archives de physiologie, 12 vol. in-8, et a publié un curieux mémoire De structura nervorum (1796), où il veut établir que les nerfs sont des tubes dans lesquels circule un fluide particulier, et où il compare le mécanisme des fonctions nerveuses à celui de la pile électrique. Son nom est resté attaché à une portion du cerveau qu'il a bien décrite, l’Insula de Reil.

REILLANE, ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 18 kil. S. O. de Forcalquier; 1480 h. Ruines d'un château fort.

REILLE (le comte), maréchal de France, né à Antibes en 1775, m. en 1860, {fit avec distinction les campagnes d'Italie, d'Helvétie, de Prusse et d'Autriche comme aide de camp de Masséna, dont il épousa la fille, obtint dès 1807 le grade de général de division, participa à la prise de Stralsund, à la victoire de Wagram, à la prise de Valence, commanda en 1812 l'armée du Portugal, protégea la retraite des Français après le désastre de Vittoria (1813) et combattit à Waterloo. Mis en demi-solde par Louis XVIII, il fut rappelé à l'activité en 1818, fait pair de France en 1819, et maréchal en 1847.

REIMANN (Frédéric), bibliographe, né à Groningue en 1668, m. en 1743, fut recteur de divers gymnases, bibliothécaire à Magdebourg, puis pasteur d'Hildesheim (Hanovre). On a de lui une Histoire critique de la Logique, en allemand, Francfort, 1699; une Histoire de l'Athéisme (en latin), 1725 ; un Catalogue des mss de la bibliothèque de Vienne, et autres ouvrages de bibliographie, tous estimés.

REIMAR (Samuel), Reimarus, philologue et naturaliste, né à Hambourg en 1694, mort en 1768, était gendre et collaborateur de J. Alb. Fabricius, et fut 41 ans professeur à Hambourg, où il enseigna l'hébreu, les langues orientales et la philosophie. Outre la part qu'il prit aux travaux de Fabricius, il donna une excellente édition de Dion Cassius, 2 v. in-f., Hamb., 1750-52, et laissa entre autres ouvrages : un Traité des principales vérités de la religion naturelle, 1754, et d'intéressantes Observations sur l'instinct des animaux (1770), où il fait toucher au doigt les sages intentions de la Providence (trad. de l'allem. par Reneaume de Latâche, Amst., 1760). Il a aussi rédigé une Apologie des adorateurs rationalistes de Dieu; et la Vie de J. A. Fabricius, 1737.

REIMS ou RHEIMS, Durocortorum, puis Remi, ch.-l. d'arr. (Marne), sur la Vesle, près du canal de jonction de la Marne à l'Aisne, à 160 kil. N. E. de Paris, à 43 kil. N. O. de Châlons-sur-Marne; 55 808 hab. Archevêché, cour d'assises, trib. de 1re inst. et de commerce, école secondaire de médecine, lycée, bibliothèque, musée; cathédrale où l'on sacrait les rois, et qui offre un superbe portail, église St-Remi, où est le tombeau du saint et où l'on conservait la Ste-Ampoule; palais archiépiscopal, hôtel de ville, théâtre, château d'eau ; belles promenades du Cours et des Remparts; place Royale, porte de Vesle, statue de Colbert ; ruines d'un arc de triomphe en l'honneur de César. Ville bien bâtie, ayant des rues larges et bien percées et des remparts plantés d'arbres ; magnifique chemin de fer. Draps fins et autres, châles façon cachemire, lainages, bonneterie ; pain d'épice et biscuits renommés; teintureries, etc. Grand commerce des meilleurs vins de Champagne (Sillery, Aï, Verzy, Rilly). Patrie de Jovin (consul romain), de l'architecte Libergier, de Colbert, Gobelin, Pluche, Ruinart, des frères Lévesque de Pouilly et de Burigny, de Linguet, Tronson-Ducoudray, Velly, Rob. Nanteuil, J. B. Lasalle, Drouet d’Erlon. — Durocortorum, capitale des Remi, était au moment de l’invasion romaine une des plus florissantes cités des Gaules. Les Romains en firent la métropole de la Belgique 2e. Envahie par les Barbares, elle fut prise et dévastée en 406 par les Vandales, en 452 par Attila. Clovis y entra en 496 et s’y fit baptiser par S. Remi. Les Mérovingiens accordèrent à cette ville de très-grands privilèges. Sous les derniers Carlovingiens, elle devint le titre d’un comté, qui fut érigé en duché par Philippe-Auguste. Elle obtint de Louis VII vers 1138 une charte de commune, qui donna lieu à des luttes sanglantes avec l’autorité épiscopale. Une université y fut fondée au XVIe s. Reims fui vainement assiégée par Édouard III, roi d’Angleterre en 1359 ; occupée par les Anglais en 1421, elle fut reprise à l’arrivée de Jeanne d’Arc, 1429. Les Russes y entrèrent le 17 fév. 1814. — Le siége métropolitain de Reims paraît dater du IIIe s. ; le titulaire était autrefois premier duc et pair du royaume, légat né du St-Siége, primat de la Gaule Belgique, et jouissait du droit exclusif de sacrer les rois de France (en effet tous les rois, depuis Philippe-Auguste, furent sacrés à Reims à l’exception de Henri IV et Louis XVIII). Ce n’était d’abord qu’un évêché ; il fut érigé en archevêché en 774. Les prélats les plus célèbres qui ont occupé ce siége sont : S. Sixte, S. Nicaise, S. Remi, Hincmar, Foulques, Turpin, Adalbéron, Gerbert, le cardinal de Lorraine et Maurice Le Tellier. Le chanoine Morlot a écrit l’Hist. de Reims, 1846.

REINE (Ste), vierge et martyre de la Gaule, que les uns font vivre au IIIe s., sous Aurélien, les autres au Ve, du temps de l’invasion des Barbares, dont elle aurait été la victime, est honorée le 17 septembre. On ne sait rien de certain sur sa vie. Selon sa légende, elle naquit de parents idolâtres, se convertit, fut dès l’enfance persécutée pour sa foi et réduite à garder les troupeaux, inspira de l’amour à un païen qui se fit son juge pour la forcer à l’épouser et qui la condamna à mort pour se venger de ses refus. Elle subit le supplice près de l’antique Alesia. On bâtit sur son tombeau une église qui reçut le nom de Ste-Reine, ainsi que le village qui se forma autour.

REINE (Comté de la). V. QUEEN’S COUNTY.

REINECCIUS, en allem. Reineck, né en 1541 près de Paderborn, mort en 1595, enseigna les belles-lettres et l’histoire à Francfort, puis à Helmstsedt, et fut un des restaurateurs des études historiques en Allemagne. Il publia, sous le titre de Scriptores rerum germanicarum, les vieilles chroniques du moine Witikind, de Dithmar, d’Albert d’Aix, etc., 1577-80, 6 v. in-f., et donna l’Historia Julia, savante histoire des Chaldéens et des Assyriens.

REINECCIUS (Chrétien), théologien saxon, recteur du gymnase de Weissenfels, 1688-1752, a servi par ses écrits l’étude de l’hébreu, et a donné l’Ancien et le Nouveau Testament en 4 langues, Leips., 1713-48.

REINESIUS (Thomas), érudit, né à Gotha en 1587, mort à Leipsick en 1667, médecin du margrave de Bayreuth, puis conseiller de l’électeur de Saxe, était pensionné par Louis XIV. On a de lui des notes sur Manilius, sur Pétrone, des Variæ lectiones, Utrecht, 1640 ; un Syntagma inscriptionum, Leips., 1682, in-f., formant supplément au recueil de Gruter, et des recherches curieuses sur les dieux syriens, sur les oracles sibyllins, sur la langue punique, etc.

REINHARD (Fr. Volkmar), moraliste et prédicateur protestant, né à Sulzbach en 1753, m. en 1812, fut successivement professeur de théologie et de philosophie à Wittemberg, 1er prédicateur de la cour de Dresde, conseiller ecclésiastique, membre du consistoire suprême, et exerça beaucoup d’influence sur l’enseignement scolaire et religieux du pays. On a de lui : Système de la morale chrétienne, ouvrage fort estimé ; Leçons de théologie dogmatique, et 39 vol. de Sermons, qui complètent et appliquent son Système de morale.

REINHOLD (Ch. Léonard), philosophe, né en 1758 à Vienne, mort en 1823, fut dans sa jeunesse placé chez les Jésuites ; se sentant peu de vocation, il prit la fuite et se rendit à Leipsick, où il suivit les leçons de Platner, puis (1784) à Weimar, où il épousa la fille de Wieland. Il publia dans cette ville des Lettres sur la philosophie de Kant (1786), qui commencèrent sa réputation, fut nommé en 1787 professeur de philosophie à Iéna, et appelé en 1794 à la chaire de Kiel ; il resta dans cette ville jusqu’à sa mort. Trouvant la philosophie de Kant incomplète, Reinhold voulut faire précéder l’analyse de la raison, qu’avait donnée le philosophe de Kœnigsberg, d’une analyse de la conscience. Selon lui, dans la conscience, la représentation ou la pensée se rapporte à deux termes dont elle reste distincte, le sujet et l’objet. Ayant à son tour rencontré d’ardents contradicteurs, il finit par douter de la solidité de sa théorie et l’abandonna pour adopter successivement les idées de Fichte, de Bardili et de Jacobi. Il crut enfin trouver dans l’abus des mots la source des disputes des philosophes, et entreprit une critique du langage de la métaphysique. On a de lui une foule d’écrits, entre autres : Nouvelle théorie de la faculté représentative, Iéna 1789 ; Moyens de remédier aux malentendus en philosophie, 1790 ; Lettre à Lavater et à Fichte sur la croyance en Dieu, 1799.

REINKIRIK, V. SKALHOLT.

REINMAR, minnesinger du XIIIe s. ; vivait à la cour de Léopold VII, archiduc d’Autriche, et l’accompagna en 1217 dans sa croisade en Palestine. On trouve plusieurs de ses poésies dans le recueil de Manesse, conservé manuscrit à la Bibliothèque impériale.

REINOSA (Monts de), ramification de la grande chaîne des monts Cantabres, s’en détache vers 43° lat. N. et court du N. O. au S. E. entre les prov. de Burgos et de Santander. C’est de ces montagnes que sortent l’Èbre et la Pisuerga.

REIS (c.-à-d. chef en arabe), titre de plusieurs dignitaires de l’empire ottoman. Le plus connu est le reis-effendi, ministre des affaires étrangères.

REICHSHOFFEN, vge près de Wœrth, théâtre d’un épisode glorieux de cette bataille (charge des cuirassiers français), 6 août 1870.

REISET (Ant. de), général, né à Colmar en 1775, m. en 1836, s’enrôla en 1793, se distingua surtout à Iéna, où il fit prisonnier le prince Auguste de Prusse (1S06) ; à Rosas, où il soutint avec un seul régiment l’effort de toute l’avant-garde de Wellington (1812) ; à Dresde, où il fit mettre bas les armes à plusieurs régiments (1813) ; défendit Mayence et commanda l’armée d’occupation en Catalogne. Il fut fait baron par Napoléon et vicomte par Louis XVIII.

REISKE (J. J.), philologue et orientaliste, né en 1716 à Zœrbig en Saxe, mort en 1774, étudia à Leipsick, vint à Leyde pour y apprendre l’arabe, y vécut dans la gêne, corrigeant des épreuves ; puis se mit à étudier la médecine et fut reçu docteur en 1746 ; devint professeur de philosophie à Leipsick en 1747, d’arabe en 1748, et recteur du collège de St-Nicolas en 1758. Il a beaucoup écrit sur la littérature et l’histoire orientales, a publié les Séances d’Hariri, Leipsick, 1737 ; Tharaphæ moallakah, 1742 ; Abulfedæ annales moslemici, 1754 ; et a laissé les Anales moslemici et une Hist. des Arabes, qui n’ont paru qu’après sa mort (1789) ; mais il est surtout connu par de remarquables éditions d’ouvrages latins et grecs : il a édité les Cérémonies de la cour de Byzance, de Constantin Porphyrogénète, Leips., 1751-52, 2 vol. in-fol ; l’Anthologie, 1754 ; Théocrite, 1766, 2 vol. in-4 ; Plutarque (grec-latin), 1774-82, 12 vol, in-8 ; les Orateurs grecs, 1770-75, 12 vol. in-8 ; Denys d’Halicarnasse (grec-latin), 1774-77, 6 vol. in-8 ; Maxime de Tyr, 1775, 2 v. in-8. — Sa femme, née Ernestine Christine Muller, savait le latin et le grec, et l’aidait dans ses travaux ; elle acheva après sa mort plusieurs ouvrages qu’il n’avait pu terminer, entre autres les éditions de Dion Chrysostôme, Leips., 1784, et de Libanius, 1787, et continua des Mémoires qu’il avait écrits sur sa propre vie.

REISMARKT, v. de Transylvanie, ch.-l. de cercle, à 27 kil. N. O. d’Hermanstadt. — Le cercle de R., dans le Pays des Saxons, ne compte guère que 20 000 h.

REITRES (de reiter, cavalier), cavalerie régulière allemande, instituée par l’emp. Maximilien I. Des corps de Reitres servaient jadis en France dans les rangs des Protestants, surtout au temps de la Ligue.

REITZ (Fréd. Wolfgang), philologue, né en 1733 à Windsheim (Franconie), m. en 1790, professa les humanités à Leipsick et devint bibliothécaire de l’université de cette ville. On lui doit d’excellentes éditions de la Poétique et de la Rhétorique d’Aristote, Leips., 1772 et 1789, d’Hérodote, 1778, de Perse, 1789, ainsi que d’utiles recherches sur la prosodie et la métrique des anciens (1791) et sur les Antiquités romaines, 1796. — Othon R., 1702-69, prof, à Middelbourg, a publié Theophili paraphrasis græca Institutionum, La Haye, 1751 ; 4 livres inédits des Basilica, et a donné un livre curieux sous le titre de Belga græcisans, 1730.

RELAND (Adrien), orientaliste, né en 1676 à Ryp (Hollande sept.), m. en 1718, fut professeur de philosophie à Harderwyck, puis de langues orientales et d’antiquités ecclésiastiques à Utrecht. Il a laissé : Palæstina ex monumentis veteribus illustrata, le meilleur ouvrage qu’on possède sur la géographie de ce pays ; Antiquitates sacræ ; De religione Mahumedica ; Enchiridion studiosi, trad. de l’arabe. — Son frère, Pierre R., avocat de Harlem, m. en 1715, a publié une révision des Fasti consulares, Utrecht, 1715.

RELIGION (Guerres de). Ce terme s’emploie particulièrement, dans l’histoire de la France, pour désigner les guerres que se firent au XVIe s. les Catholiques et les Protestants. On en distingue jusqu’à huit. La 1re, dont le massacre de Vassy fut le signal, eut lieu de 1562 à 1563 : elle comprend la prise de Rouen par les Catholiques, leur victoire à Dreux, le siège d’Orléans, l’assassinat de François de Guise devant cette ville ; elle fut terminée par la paix d’Amboise. — La 2e, 1567-68, fut provoquée par les inquiétudes qu’inspiraient aux protestants les conférences de Catherine de Médicis avec les représentants des puissances catholiques, et est marquée par la bataille de St-Denis et le traité de Lonjumeau. — La 3e, de 1569 à 1570, eut pour occasion un ordre d’arrestation lancé contre Condé et Coligny : les Catholiques furent victorieux à Jarnac et à Moncontour, les Calvinistes à La Roche-Abeille ; la paix de St-Germain mit fin aux hostilités. — La 4e, 1572-73, suivit le massacre de la St-Barthélemy : elle ne comprend que le siége de La Rochelle, défendue par le protestant Lanoue. — Dans la 5e, 1574-76, les Protestants et leurs auxiliaires allemands sont défaits à Dormans par Henri de Guise ; ils obtiennent néanmoins la paix de Beaulieu. — La 6e, 1576-77, éclata après la formation de la Ligue, et fut terminée par les trêves de Poitiers et de Bergerac. — La 7e, dite Guerre des Amoureux (V. ce mot), eut lieu en 1580 : elle n’offre d’autre événement mémorable que la prise de Cahors par Henri de Navarre ; le traité de Fleix la termina. — La 8e, dite Guerre des trois Henri, naquit à la suite du traité de Nemours, conclu par Henri III avec les Ligueurs, 1585 : c’est dans cette guerre que se placent la victoire d’Henri de Navarre sur le duc de Joyeuse à Coutras, 1587, celles d’Henri de Guise sur les auxiliaires allemands à Vimory et à Auneau, la journée des Barricades, 1588, le meurtre du duc de Guise à Blois, l’union d’Henri de Navarre et d’Henri III pour attaquer Paris, alors au pouvoir des Ligueurs, les victoires d’Henri IV à Arques et à Ivry, 1589, 1590, ainsi que les siéges de Paris et de Rouen ; elle fut terminée par la conversion d’Henri IV et la reddition de Paris, 1594, qui peu d’années après fut suivie de l’Édit de Nantes (V. ce mot). — On étend le nom de guerres de religion aux guerres de 1621 et de 1625-29, sous Louis XIII, ainsi qu’à la guerre des Cévennes, provoquée par la révocation de l’édit de Nantes (1685). Ch. Lacretelle a écrit l’Histoire des Guerres de religion (1814-16).

RELIGION (Paix de). V. PASSAU.

RELIGIONNAIRES. On nommait ainsi du temps de Louis XIV les partisans de la Religion réformée.

RELY (Jean de), docteur de Sorbonne, né à Arras en 1430, m. en 1499, fut chancelier et archidiacre de Notre-Dame, professeur de théologie, recteur de l’université, député du clergé de Paris aux États de Tours (1483), aumônier de Charles VIII, et enfin évêque d’Angers. Il rédigea en 1461 les remontrances du parlement à Louis XI pour le maintien de la Pragmatique-sanction, présenta à Charles VIII le résultat des délibérations des États en 1484, accompagna ce jeune prince dans son expédition en Italie, et fut chargé de négociations auprès du pape Alexandre VI.

REMACLE (S.), natif d’Aquitaine, porta la foi en Belgique, devint évêque de Tongres en 650, fonda en 661 le monastère de Stavelot, dans le pays de Liége, et m. en 675. On le fête le 3 sept.

REMALARD ou REGMALARD, ch.-l. de c. (Orne), sur l’Huisne, à 20 kil. S. E. de Mortagne ; 1839 hab.

REMBRANDT (Paul), un des premiers peintres de l’école hollandaise, né en 1606 ou 1608, à Leyde ou dans un moulin voisin de cette ville, m. à Amsterdam en 1674, était fils d’un brasseur de bière. Destiné à la jurisprudence, il étudia d’abord à l’Université de Leyde, mais son goût l’entraîna bientôt vers l’art. Après avoir reçu les leçons des meilleurs maîtres de Leyde, il alla en 1630 s’établir à Amsterdam où il se vit surtout recherché comme peintre de portraits et où il resta jusqu’à sa mort. Cet artiste manque de grâce, d’élégance et d’élévation, mais il compense largement ces défauts par la magie des couleurs et la vigueur de l’expression ; il excelle surtout à rendre le relief des objets : ses tableaux, qui, vus de près, sont comme raboteux, produisent de loin un effet prodigieux. Parmi ses chefs-d’œuvre, on vante surtout Tobie et sa famille, le Samaritain, les Pèlerins d’Emmaüs, la Ronde de nuit, les Deux philosophes (au Louvre). Rembrandt était aussi un habile graveur : il a une manière à lui, tout à fait originale, et qui est dans le goût de ses tableaux : c’est une vive opposition d’ombres et de lumière, et un travail de pointe sèche, qui ne s’astreint à aucune règle et ne s’occupe que de l’effet. Ses estampes sont très-recherchées. Rembrandt a formé plusieurs élèves illustres : Gérard Dow, Gerbrand Van den Eeckhout, Ferdinand Bol, Philippe de Koning, Samuel Van Hoogstraeten. La ville d’Amsterdam lui a élevé une statue en 1852. Ce grand artiste passe pour avoir été d’une avarice excessive, qui est devenue proverbiale ; on raconte même que pour tirer un plus haut prix de ses tableaux, il s’avisa un jour de se faire passer pour mort ; des recherches récentes établissent que rien n’est moins fondé que cette réputation. L’Œuvre de Rembrandt, qui se compose de 376 eaux-fortes, a été reproduit par la photographie, décrit et commenté par Ch. Blanc, 1857 et ann. suiv.

REMI, peuple de la Gaule, l’un des plus considérables de la Gaule avant l’invasion de César, était dans la Belgique 2e, à l’O. des Veromandui et des Suessiones, et avait pour villes principales Rémi ou Durocortorum (Reims), Durocatalaunum (Châlons), Laudunum (Laon). Leur territoire répond aux dép. de la Marne et de l’Aube et à la partie S. de l’Aisne.

REMI (S.), Remigius, apôtre des Francs, né vers 438 dans les env. de Laon, était évêque de Reims dès 22 ans. Il baptisa Clovis (496) et opéra de nombreuses conversions parmi les Francs. Il mourut, dit-on, à 96 ans en 533. On le fête le 1er oct. La plus anc. église de Reims lui est dédiée. Son histoire a été écrite par M. Armand Prior, 1846. I

REMI (S.), archevêque de Rouen au VIIIe s., m. en 771, était fils naturel de Charles-Martel. On l'hon. à Rouen le 19 janv. et le 15 mai. — Archevêque de Lyon en 852, eut part aux conciles de Valence (855), de Châlon-sur-Saône (873 et 75), et obtint de Lothaire I et de Charles le Chauve divers privilèges pour son église. On le fête le 28 oct.

REMIREMONT, Avendi castrum, puis Romarici mons, ch.-l. d'arr. (Vosges),à 27 kil. S. E. d'Épinal, sur la r. g. de la Moselle, au pied des Vosges et dans une vallée agréable; 5668 hab. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle. Restes d'une ancienne abbaye, palais abbatial, bel hôpital, promenades. Importantes fabriques de tissus de coton ; fromages de Géromé et de la Bresse ; pâtés de truites, kirchenwasser; planches de sapin. — La ville tire son nom de S. Romaric, qui y fonda une abbaye en 620. Anne de Lorraine la rebâtit en 1752. L'abbesse de Remiremont était princesse d'empire.

RÉMOIS, ancien pays de France, en Champagne, formant le territoire de Reims, renfermait en outre Épernay et Ste-Menehould. C'est la partie N. O. du dép. de la Marne.

REMONTRANCES, réclamations adressées jadis au roi par les Parlements ou les autres Cours souveraines. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

REMONTRANTS, nom donné aux disciples de Jacq. Arminius, à cause des remontrances qu'ils adressèrent en 1610 aux États de Hollande. V. ARMINIUS.

REMOULINS, ch.-l. de c. (Gard), sur le Gardon, à 18 kil. S. E. d'Uzès, près du Pont du Gard; 1403 h.

REMUS, frère de Romulus, fut exposé avec lui à sa naissance, aida son frère à fonder Rome, et fut, dit-on, tué par lui pour avoir sauté par dérision le fossé qui traçait l'enceinte de la ville. V. ROMULUS.

RÉMUSAT, ch.-l. de c. (Drôme), sur l'Eyques, à 24 k. N. E. de Nyons; 725 h. Toiles, tuileries.

RÉMUSAT (Abel), orientaliste, né à Paris en 1788, m. en 1832, se fit recevoir médecin, puis apprit, presque sans aide, le chinois, le thibétain, le mandchou, fut nommé en 1814 à la chaire de chinois récemment créée au Collège de France, fut reçu à l'Académie des inscriptions en 1816, contribua à la fondation de la Société asiatique de Paris (1822), dont il fut le secrétaire, puis le président, et fut nommé en 1824 conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque royale. Rémusat s'attacha à rendre la connaissance des langues orientales plus accessible : outre un grand nombre d'articles et de dissertations sur la philologie, la littérature et l'histoire de ces langues, on a de lui des traductions de l’Invariable milieu de Confucius (1814), du Livre des récompenses et des peines de Lao-Tseu (1816), des Deux Cousines, roman chinois (1826); de savantes Recherches sur les langues tartares, (1820) des Éléments de Grammaire chinoise (1822), un Mémoire sur Lao-Tseu (1823), une Histoire du Bouddhisme (1836), des Mélanges asiatiques et de nombreux articles dans la Biographie universelle. Dans ses dernières années il consacra sa plume à la défense de la légitimité : Charles X l'anoblit en récompense.

RÉMUSAT (la comtesse de), petite-nièce du comte de Vergennes, ministre sous Louis XVI, née en 1780, morte en 1821, avait épousé le comte de Rémusat (né en l762, m. en 1823), qui fut sous l'Empire préfet du palais, 1er chambellan, surintendant des théâtres, et, sous la Restauration, préfet de la Hte-Garonne, puis du Nord; elle fut elle-même attachée à l'impératrice Joséphine comme dame du palais. Femme d'un esprit supérieur, elle composa, entre autres ouvrages, restés pour la plupart inédits, un Essai sur l'éducation des femmes, publié après sa mort, auquel l'Académie décerna en 1825 une médaille d'or. — M. le comte Ch. de Rémusat, né en 1797, ancien député, ministre de l'intérieur en 1836, membre de l'Académie des sciences morales, est son fils.

RENAISSANCE, période comprise entre l'année 1453, époque de la chute de l'empire grec, et la 2e moitié du XVIe s. V. notre Dict. univ. des Sciences.

RENAIX, v. de Belgique (Flandre orient.), à 12 k. S. d'Oudenarde; 12 000 hab. Lainages, tissus de coton, fil, toiles de lin, blanchisseries, teintureries; faïence, tuiles, briques.

RENAU D'ELIÇAGARAY (Bernard), ingénieur et officier de marine, né dans le Béarn en 1652, mort en 1719, imagina un mode nouveau de construction maritime, inventa des galiotes à bombes avec lesquelles il bombarda Alger en 1682, coopéra au siége de Gênes, dirigea les sièges de Philippsbourg, Manheim, Frankenthal (1688), suivit Louis XIV aux siéges de Mons et de Namur; sauva St-Malo et 30 vaisseaux échappés au désastre de La Hogue, fut envoyé en Amérique pour y organiser des chantiers de construction navale et pourvoir à la sûreté des colonies françaises (1696), puis en Espagne pour inspecter et réparer les places fortes, et sauva des mains des Anglais les galions réfugiés à Vigo; mais il échoua en 1704 devant Gibraltar. On a de lui une Théorie de la manœuvre des vaisseaux (1689). Il était membre honoraire de l'Académie des sciences.

RENAUD DE MONTAUBAN, fils d'Aymon. V. AYMON.

RENAUDOT (Théophraste), médecin, né à Loudun en 1584, m. en 1653, vint se fixer à Paris en 1612, reçut de Richelieu le titre de commissaire général des pauvres du royaume, ouvrit dans l'intérêt des pauvres sans emploi un bureau d'adresses, sorte d'office de publicité, et une maison de prêt analogue au Mont-de-Piété. Il fonda en 1631 la Gazette de France, qu'il rédigea jusqu'à sa mort, et que ses deux fils Isaac et Eusèbe continuèrent après lui. Il a en outre donné la Continuation du Mercure français, la Vie de Condé, de Gassion, de Mazarin. — L'abbé Renaudot (Eusèbe), son petit-fils, 1646-1720, étudia avec succès la théologie, l'histoire, les langues orientales, fut membre de l'Académie française, de celles des inscriptions et de la Crusca, et laissa en mourant une belle bibliothèque de manuscrits orientaux. On a de lui nombre de savants ouvrages : la Perpétuité de la foi de l'Église touchant l'Eucharistie (1711), et touchant les Sacrements (1713) ; Hist. des patriarches jacobites d'Alexandrie, en lat. (1713); Anciennes relations des Indes et de la Chine (1718). Il a en outre édité les écrits de Gennade, de Nectaire, etc., sur l'Eucharistie, grec-lat., 1709, et une collection des Liturgies, 1716. Il avait publié dès 1697 : Jugement du public sur le Dictionnaire de Bayle, écrit qui l'engagea dans une vive dispute avec l'auteur.

RENCHEN, v. du grand duché de Bade (Rhin-moyen), sur la Rench, à 15 kil. N. E. d'Offenbourg: 3000 hab. Près de là est le défilé de Rencherloch, où Montecuculli arrêta Turenne en 1675, et où Moreau battit les Autrichiens en 1796.

RENDSBOURG, v. démantelée du Holstein, dans une île de l'Eyder, à 31 kil. O. de Kiel; 10 000 hab. Chemin de fer, canal faisant communiquer la Baltique et la mer du Nord. Fonderie de cloches. Cette ville donne son nom à une branche de la maison de Holstein. Prise par les Impériaux en 1627, par les Suédois en 1643, démantelée en 1853.

RENDU (Ambroise), né à Paris en 1778, d'une famille originaire du Bugey, m. en 1860, entra à l'École polytechnique dès la fondation, en fut expulsé pour avoir refusé le serment de haine à la royauté, se mit alors à l'étude du droit et des lettres, travailla au Mercure avec Fontanes, dont il resta l'ami, fut, lors de la création de l'Université, nommé inspecteur général des études, contribua activement à l'organisation du nouveau corps, devint en 1820 membre du Conseil de l'instruction publique et ne cessa d'y siéger qu'en 1850 : il s'y occupait surtout de juridiction et d'instruction primaire. On a de lui, entre autres écrits, le Code universitaire (1827 et 1846), ouvrage d'une grande utilité pratique; des Considérations sur le prêt à intérêt et un Traité de morale. — Un de ses fils, M. Eugène Rendu, auj. inspecteur général de l'instruction publique, a donné, entre autres écrits, un Manuel de l'Enseignement primaire, devenu classique.

RENDU (Marie Jeanne), en religion, sœur Rosalie, cousine du préc., entra dans l'ordre de St-Vincent-de-Paul, se signala par sa charité et son dévouement, et acquit par ses vertus un prodigieux ascendant sur le peuple des faubourgs. En 1852 le prince président lui fit porter la décoration de la Légion d'honneur.

RENÉ (S.), évêque d'Angers au Ve s. et patron de cette ville. On le fête le 12 novembre.

RENÉ I ou R. D'ANJOU, dit le bon roi René, né en 1408 au château d'Angers, était le 2e fils de Louis II, duc d'Anjou, comte de Provence et roi titulaire de Naples. Il fut élevé par le cardinal de Bar, son oncle maternel, qui lui laissa le duché de Bar (1430) et lui fit épouser Isabelle, héritière du duché de Lorraine. Il devint en 1431 duc de Lorraine, par suite de ce mariage, mais la possession de ce duché lui fut disputée par Antoine de Vaudemont, neveu du dernier duc, qui le battit à Bulgnéville, le fit prisonnier et le retint 5 ans en captivité (1431-36). Son frère Louis III d'Anjou étant mort (1434), René hérita des biens de ce prince (l'Anjou et la Provence), ainsi que de ses droits sur Naples. Désigné pour héritier de ce trône par le testament de la reine Jeanne II, il se rendit en 1438 à Naples : il y fut reconnu par une partie de la nation et y régna quelques années; mais, manquant d'argent et trahi par ses généraux, il fut obligé de se retirer devant Alphonse d'Aragon (1442). Il retourna alors en Lorraine, où il vécut quelque temps en paix ; à la mort de sa femme (1452), il céda ce duché à Jean de Calabre, son fils aîné, et alla vivre en Anjou. Il se vit encore dépouillé de ce duché par Louis XI, qui l'envahit en 1473 sous prétexte qu'un des fils de René était entré dans la ligue du Bien-Public. Il alla se fixer alors dans son comté de Provence, et y acheva ses jours (1480). Ce prince s'était fait chérir dans tous les pays qu'il avait successivement gouvernés : il joignait à ses vertus le goût des arts, savait peindre, chanter, versifier. Il favorisa l'agriculture et l'industrie, développa la culture du mûrier, et établit la 1re verrerie connue (près d'Apt). Irrité contre Louis XI, René voulait faire le duc de Bourgogne son héritier ; cependant il se laissa persuader de laisser ses États à Charles du Maine, son neveu, après lequel ils devaient retourner à la couronne de France. Charles VII avait épousé une sœur de René, Marie d'Anjou; Henri VI, roi d'Angleterre, épousa sa fille, la célèbre Marguerite d'Anjou. M. de Quatrebarbes a publié en 1844-45 les Œuvres de René d'Anjou, 4 v. in-4 ; on y remarque un Traité de la chevalerie. La cathédrale d'Aix possède un tableau de lui, le Buisson ardent. Villeneuve-Bargemont a écrit son Histoire, 1825.

RENÉ II, duc de Lorraine, né en 1451, m. en 1508, était fils de Ferri II, comte de Vaudemont, et d'Yolande d'Anjou, fille de René I. Il devint en 1473 duc de Lorraine des droits de sa mère, devenue elle-même héritière de René I par la mort de son frère (Jean) et de son neveu (Nicolas, fils de Jean). Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, contesta ses droits, envahit la Lorraine, le chassa de Nancy et le força à se réfugier chez les Suisses; mais, après les défaites de Charles à Granson et à Morat, René revint l'attaquer en Lorraine et lui livra devant Nancy le combat où ce prince fut tué (1477). A la mort de Charles du Maine (1481), René réclama la Provence, et fit plusieurs tentatives pour s'en emparer, mais sans y réussir. Les Vénitiens l'avaient nommé en 1480 capitaine général de leurs troupes; en 1485, des seigneurs napolitains lui avaient offert la couronne de Naples ; mais il ne fit rien pour en prendre possession. Ce duc établit en Lorraine, par son testament, la loi salique. Il favorisa les arts en faisant bâtir plusieurs châteaux et quelques beaux édifices.

RENÉE de France, 2e fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, née en 1510, morte en 1575, épousa en 1528 Hercule II, due de Ferrare, protégea et cultiva elle-même les lettres, les sciences et les arts, se montra favorable à la Réforme, donna refuge a Calvin et prit Clément Marot pour secrétaire. Revenue en France en 1560, après la mort de son mari, elle se fixa à Montargis, dont elle était duchesse, et se déclara hautement protestante. Cette princesse a laissé de nombreuses lettres, dont quelques-unes seulement ont été publiées.

RENÉE (Amédée), littérateur, né à Caen en 1808, m. en 1859, se consacra à des travaux historiques et à la politique, fut élu en 1852 député du Calvados, et chargé en 1857 de la rédaction en chef du Constitutionnel et du Pays. Il a terminé l’Histoire des Français de Simonde de Sismondi, et en a fait paraître le XXXe volume. On lui doit, en outre, trois ouvrages qui se recommandent par la nouveauté des recherches et l'agrément du récit : Les Nièces de Mazarin (1856); Mme de Montmorency (1858); la Grande italienne ou Mathilde de Toscane (1859).

RENFREW, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de même nom, près de l'emb. de la Clyde, à 80 k. O. d’Édimbourg et à 9 k. O. de Glasgow; 2500 hab. Ville ancienne ; jadis sur la Clyde (qui a changé de lit), auj. sur un canal qui joint la Clyde; beau quai, construit en 1835. Tissage de soieries et mousselines. — Le comté de R., entre ceux de Dumbarton au N., de Lanark à l'E., d'Ayr au S. et à l'O. et le golfe de la Clyde au N. O., a 45 kil. sur 20, et 160 000 hab. Ce comté était jadis l'apanage de la famille Stuart, qui arriva plus tard au trône d’Écosse. Il donne auj. le titre de baron à l'héritier présomptif de la couronne.

RENI (GUIDO), peintre. V. GUIDE (le).

RENI, v. de la Turquie d'Europe (Moldavie), sur la r. g. du Pruth, à son embouch. dans le Danube; 3000 hab. (elle en compta autrefois 60 000). Château crénelé et muni de tours. Cette ville faisait partie de la Bessarabie ; les Russes l'ont cédée à la Turquie en 1856, en vertu du traité de Paris.

RENNEL (le major Jame), officier anglais, né en 1742 dans le Devonshire, m. en 1830, servit longtemps dans l'Inde comme ingénieur, revint en Angleterre vers 1782, publia d'importants travaux sur la géographie, fut nommé membre de la Société Royale et associé de l'Institut. On lui doit d'excellentes cartes de l'Inde, une Explication du système géographique d'Hérodote, 1800, où il prouve la fidélité de cet historien; des Observations sur la topographie de la plaine de Troie, 1814. Il aida Mungo-Park à rédiger ses Voyages, et donna lui-même des Mémoires estimés sur la Géographie de l'Afrique, 1790-98,

RENNEQUIN-SUALEM (dont le vrai nom est SWALIN-RENKIN), habile mécanicien, fils d'un charpentier de Liège, né en 1644, m. en 1703, fut appelé en France pour exécuter une machine destinée à pourvoir d'eau potable le château de Versailles et construisit, dans ce but, de 1675 à 1682 avec le concours de l'ingénieur Deville, la machine de Marly, chef-d'œuvre de mécanique. Elle était toute en charpente.

RENNES, Condate, Redones, ch.-l. du dép. d'Ille-et-Vilaine, au confluent de ces 2 riv., à 346 kil. O. S. O. de Paris (par Alençon), à 373 k. par chemin de fer; 45 485 hab. Archevêché (depuis 1859), cour d'appel, académie universitaire : facultés de droit, des lettres et des sciences, école secondaire de médecine, lycée imp. ; école de peinture et de sculpture, école d'artillerie et de pyrotechnie; bibliothèque, musée, cabinet d'histoire naturelle, jardin des plantes; société des sciences et arts. On remarque le palais, l'hôtel de ville, la façade de St-Pierre, la tour Ne-Dame, les promenades du Cours et du Thabor, les places d'armes, le théâtre ; canal qui fait communiquer Rennes avec St-Malo; chemin de fer. Toiles à voiles et autres, bonneterie, blanchisserie de cire, corroieries, teintureries; volailles de Janzé. Aux env., ferme de La Prévalaie, célèbre par son beurre. Sont nés à Rennes La Chalotais, Lanjuinais, Gerbier, La Motte-Piquet, La Bletterie, les frères Poullain du Parc et de St-Foix, Lobineau, Tournemine, Robinet, Toullier, Ginguené, Alex, et Amaury-Duval, Kératry, Carré, etc. — Rennes était la capit. de la Bretagne, et avait le titre de comté (V. GEOFFROY); elle ne fut réunie à la France que par le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII. En 1356, elle soutint contre les Anglais un siége que Duguesclin fit lever. En 1720, elle fut désolée par un grand incendie. Henri II fonda à Rennes en 1553 un parlement, qui s'est rendu célèbre par son indépendance.

RENNEVILLE (Constantin de), né à Caen en 1650, m. vers 1724, occupa divers emplois sous Chamillard, qui le protégeait, fut accusé d'être un espion au service de l'étranger, et enfermé comme tel à la Bastille (1702)-1713), puis exilé : il se retira en Angleterre. On a de lui un Recueil de Voyages aux Indes orientales (1702), et l’Inquisition française ou Hist. de la Bastille (Londres, 1715).

RENNEVILLE (Mme de), née vers 1771, morte en 1822, a publié nombre d'ouvrages pour l'éducation de la jeunesse, entre autres : Galerie des femmes vertueuses, Lucile ou la Bonne fille, Contes à ma petite fille, Contes pour les Jeunes personnes, le Retour des vendanges, Vie de Ste Clotilde.

RENNIE (John), mécanicien, né en 1761 dans le comté d'East-Lothian (Écosse), mort en 1821, a fait entre autres grands travaux la jetée ou breakwater de Plymouth, le pont en fer de Southwark, le pont de Waterloo a Londres, les docks de Londres, le canal de Lancastre, les arsenaux royaux de Portsmouth, Chatham, Sheerness.

RENO, Rhenus, riv. d'Italie, sort des Apennins en Toscane, à 5 kil. S. de San-Marcellino, traverse les prov. de Bologne et Ferrare et se joint près de Ferrare au Pô di Primaro, après un cours de 150 k. C'est dans une île du Rhenus que fut formée, en 43 av. J..-C., l'association d'Octave, Antoine et Lépide connu sous le nom de 2e triumvirat.

RENOMMÉE (la), divinité allégorique, est représentée avec cent bouches et cent oreilles ou bien sonnant de la trompette : on lui donne aussi de longues ailes toutes garnies d'yeux.

RENOU (Ant.), peintre, né à Paris en 1731, mort en 1806, fut membre, puis secrétaire perpétuel de l'Académie de peinture. On estime surtout de lui : Jésus au milieu des docteurs, l'Aurore, Agrippine débarquant à Brindes avec l'urne de Germanicus, une Annonciation. Il a mis en vers français le poëme latin de Dufresnoy sur la Peinture.

RENOUARD (Antoine Augustin), libraire et bibliographe, né à Paris en 1765, m. en 1853, publia à partir de 1792 des éditions d'ouvrages latins et français, qui se font remarquer par l'élégance et la correction, et dont plusieurs sont ornées des gravures de Moreau, Desenne, Prudhon, etc. Sa marque était une ancre surmontée d'un coq. On lui doit aussi : Catalogue de la bibliothèque d'un amateur, 1819; Annales de l'imprimerie des Alde, ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions, 1825; Annales de l'imprimerie des Estienne, 1837 et 1843. Après la révolution de Juillet 1830, Renouard fut maire du XIe arrondissement de Paris. — Son fils, M. Ch. Renouard, né en 1795, a été avocat, député, pair de France sous Louis-Philippe, conseiller puis procur. génér. à la Cour de cassation. Il a publié des ouvrages de droit estimés : Traités des Brevets d'invention, — des Droits d'Auteurs, — des Faillites, etc.

RENTY, bg du Pas-de-Calais, à 24 k. S. O. de St-Omer; 1000 h. Érigé par Charles-Quint en marquisat en 1533. Henri II y battit les Espagnols en 1554.

RENVEZ, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 11 kil. N. O. de Mézières; 1623 hab. Serges, bonneterie.

REPNIN (Nicolas Vasiliévitch, prince), général russe, né en 1734, m. en 1801, était fils du prince Repnin qui sous Pierre le Grand commanda un corps d'armée contre Charles XII, et neveu du ministre Panin. Il fut envoyé en Pologne pour seconder l'élection de Stanislas Poniatowski (1764), resta comme ambassadeur dans ce pays, où il fomenta l'anarchie et la discorde, fut en 1768 ambassadeur à Constantinople, fit conclure comme médiateur la paix de Teschen entre l'Autriche et la Prusse (1779), battit les Turcs en 1789, 90, 91, forma le blocus d'Ismaïl, et signa les préliminaires de Galacz, que suivit la paix de Jassy (1792). Rappelé au milieu de ses succès par l'effet de la jalousie de Potemkin, il devint le centre d'une société de mécontents, dont la plupart furent bannis en Sibérie; il reçut néanmoins le gouvernement de la Livonie, puis de la Lithuanie, et plus tard le commandement de l'armée russe dirigée sur la Pologne ; mais il fut bientôt remplacé dans cette mission par Souvarov. Envoyé de nouveau en Pologne comme ambassadeur, il détermina Poniatowski à abdiquer. Paul I le nomma feld-maréchal à son avènement et l'envoya en Prusse pour proposer au roi d'entrer dans la 2e coalition contre la France, mais il échoua et fut disgracié. Le prince Repnin avait adopté les idées mystiques de Martinez Pasqualis. — Son nom passa à Nic. Grég. Wolkonsky, fils de sa fille.

REPS, v. de Transylvanie, ch.-l. de comitat de Reps, sur la Schweissbach (affluent de l'Aluta), à 80 kil. N. E. de Hermanstadt; 2200 h. Sources sulfureuses.

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. Elle fut proclamée le 21 sept. 1792 et dura jusqu'au 18 mai 1804, époque de la création de l'Empire. On vit pendant cette période se succéder la Convention (21 sept. 1792), le Directoire (26 oct. 1795), le Consulat (11 nov. 1799). — Proclamée de nouv. le 24 fév. 1848, elle a fait place à l'Empire le 2 déc. 1852, et a été rétablie le 4 sept. 1870.

REQUESENS (don L. DE ZUNIGA Y), grand-commandeur de Castille, fut le guide de don Juan d'Autriche dans plusieurs guerres et jusqu'à Lépante (1568-71), remplaça le duc d'Albe dans le gouvernement des Pays-Bas (1573), essaya de la conciliation, et, après quelques alternatives de succès et de revers dans sa lutte contre Louis de Nassau, mourut de maladie au siège de Zieriksée, en 1576.

REQUISTA, ch.-l. de c. (Aveyron), à 45 kil. S. de Rodez ; 4207 hab.

REREG, capitale des Obotrites, est auj. nommée Mecklembourg. V. MECKLEMBOURG (ville).

RESCHID-PACHA (Mustapha), h. d’État ottoman, né à Constantinople en 1779, mort en 1853, Doué d'une vive intelligence, il fut à diverses reprises ambassadeur à Paris et Londres, et ministre des affaires étrangères sous Mahmoud. Grand vizir sous Abdul-Medjid, qui donna une de ses filles au fils de son ministre, il fut le conseiller intime de ce dernier prince, et l'inspirateur de toutes ses réformes.

RESENA, Ras-el-Aïn, v. de Mésopotamie, sur le Chaboras, au S. E. d'Édesse. Gordien y battit Sapor en 243.

RESENIUS (Pierre), professeur de morale et de jurisprudence à Copenhague, né en 1625, m. en 1688. On lui doit la 1re édition de l’Edda (islandais, danois et latin), 1665-73 ; Inscriptiones hafnienses, danicæ et germanicæ, 1668; et plusieurs autres publications relatives à l'histoire des pays scandinaves.

RÉSINA, Retina, v. d'Italie (Naples), sur le golfe de Naples, est contiguë à Portici, et en partie bâtie sur l'emplacement de l'ancienne Herculanum ; 9000 h. Antiquités nombreuses.

RESINAZ, v. de Transylvanie, à 13 k. S. O. d'Hermanstadt ; 5000 h. Évêché grec valaque.

RESSONS-SUR-MATS, ch.-l. de c. (Oise), à 17 kil. N. O. de Compiègne; 1000 hab.

RESTAURATION (la). On désigne sous ce nom en France les 16 années qui s'écoulèrent depuis la chute de Napoléon jusqu'à la révolution de juillet (1814-1830), époque pendant laquelle régnèrent les Bourbons rétablis sur le trône de France. On distingue la 1re Restauration, intervalle compris entre l'abdication de Fontainebleau et les Cent-Jours (du 5 avril 1814 au 20 mars 1815), et la 2e Restauration, qui part de la 2e abdication de Napoléon, 22 juin 1815. L’Histoire de la Restauration a été écrite, à des points de vue fort divers, par MM. Vaulabelle, Lubis, Lamartine, Nettement et Viel-Castel. — On donne aussi le nom de Restauration au rétablissement des Stuarts sur le trône d'Angleterre, ainsi qu'à la période de 1660 à 1689, temps pendant lequel les princes restaurés, Charles II et Jacques II, occupèrent le trône.

RESTAUT (Pierre), grammairien, né à Beauvais en 1696, m. en 1764, était fils d'un marchand de draps. Il fut d'abord chargé de leçons particulières au collége de Louis le Grand, puis se fit recevoir avocat au parlement. Il a laissé quelques Mémoires judiciaires, qui sont écrits avec clarté et précision ; mais l'ouvrage qui fit sa réputation est sa Grammaire française (1730). Adoptée par l'Université de Paris, abrégée par l'auteur lui-même (1732), augmentée d'un traité de versification, elle eut neuf éditions du vivant de l'auteur. Restaut revit aussi la 4e édition du Traité de l'orthographe française en forme de dictionnaire, connu sous le nom de Dictionnaire de Poitiers, par Ch. Leroy, prote d'imprimerie, et traduisit du latin la Monarchie des Solipses, satire contre les Jésuites.

RESTIF DE LA BRETONNE (Edme), homme de lettres, né en 1734 à Sacy, près d'Auxerre, m. en 1806, vint jeune à Paris, fit toutes sortes de métiers, fut longtemps compositeur d'imprimerie et vécut de sa plume. Il a publié près de 200 volumes : on y trouve quelquefois de l'esprit et du sentiment, mais le plus souvent de la déclamation, du cynisme, de la bizarrerie et un insupportable néologisme. Son orgueil était sans bornes : il se croyait l'égal de Voltaire, de J.J. Rousseau, et méprisait Buffon. On l'a surnommé le Rousseau du ruisseau. Ses principaux ouvrages sont : le Paysan perverti, 1776; la Paysanne pervertie, 1776; la Vie de mon père, 1779; les Contemporaines, 1780 et ann. suiv., 42 vol.; les Nuits de Paris, 1787 ; les Provinciales, 1789-94, 12 vol. Aspirant au rôle de réformateur de la société, il a publié une série de traités où il propose ses idées de réforme : le Mimographe, le Pornographe, le Gynographe, l’Anthropographe,le Thesmographe, etc. Il a aussi donné nombre de pièces de théâtre (1784-94), mais elles n'ont eu presque aucun succès.

RESTOUT (Jean), peintre, né à Rouen en 1692, m. en 1768, était neveu et élève de Jouvenet. Outrant les défauts de son maître, il pèche par un dessin maniéré, une touche vague, une couleur terne, mais il déploie dans la composition de ses tableaux une imagination féconde. Ses principaux ouvrages sont : S. Paul imposant les mains à Ananie ; la Présentation de la Vierge, à Rome; la Confiance d'Alexandre en son médecin Philippe, à Trianon; Flore et Bacchus, à Fontainebleau; le plafond de la rotonde de l'anc. bibliothèque Ste-Geneviève à Paris, auj. lycée Napoléon.

RETFORD, v. d'Angleterre (Nottingham), à 45 kil. N. de Nottingham, sur l'Idle et le canal de Chesterfield; 40 000 hab. Maison de travail pour les indigents. Fabriques de chapeaux, toile à voile, papier.

RÉTHEL, ch.-l. d'arr. (Ardennes), à 48 kil. S. O. de Mézières, sur l'Aisne; 7312 hab. Trib. de 1re inst.; collège; station. Ville bien bâtie; quelques édifices publics : le théâtre, l'hôpital, l'hospice pour les vieillards et les enfants trouvés. Tissus de mérinos, cachemires, napolitaines, flanelles. Aux env., pâturages ; carrières, minerai de fer. — Ville très-ancienne, qui s'éleva près d'un fort romain, Castrum Retectum. Ch.-l. d'un comté dès le temps de Clovis, elle eut des seigneurs particuliers au XIIIe s. Le comté passa successivement dans les maisons de Flandre, de Bourgogne, de Clèves, de Gonzague. En 1581, Henri III l'érigea en duché en faveur de Charles de Gonzague, duc de Nevers. Mazarin acheta ce duché, qui prit dès lors le nom de Réthel-Mazarin, et le légua au mari d'Hortense Mancini. Turenne, alors à la tête des Espagnols, prit Réthel en 1650, mais Du Plessis-Praslin la reprit la même année, après avoir vaincu devant la ville le maréchal transfuge. Condé, rebelle à son tour, s'en empara en 1652; Turenne, revenu à son devoir, la reprit sur les Espagnols en 1655.

RÉTHELOIS, anc. petit pays de France, en Champagne, auj. dans le S. O. du dép. des Ardennes, formait le territoire du comté du Réthel.

RÉTIAIRES, gladiateurs qui combattaient contre les Myrmillons. Ils avaient pour arme un filet (rete), avec lequel ils cherchaient à envelopper le Myrmillon, qui portait sur son casque la figure d'un poisson.

RETIERS, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 41 kil. S. O. de Vitré; 3127 hab.

RÉTIF DE LA BRETONNE. V. RESTIF.

RETIMO, Rithymna, v. forte et port de l'île de Candie, ch.-l. de livah, sur la côte N., à 70 k. S. O. de Candie; 8000 hab. Citadelle. Évêché grec. — Les Vénitiens la conservèrent jusqu'en 1647, époque à laquelle les Turcs en devinrent maîtres.

RETINA, v. de Campanie, est auj. Résina.

RETZ ou RAIS, Ratiastensis pagus, anc. petit pays de la Bretagne mérid., auj. dans le dép. de la Loire-Inf., au S. O., avait pour ch.-l. Machecoul et pour autres villes Rézé (Ratiastum), Pornic et Paimbœuf. — Ce pays fit partie de l'Aquitaine, puis du Poitou, appartint à la maison de Laval, fut en 1581 érigé en duché-pairie en faveur de la maison de Gondi, qui l'avait jusque-là possédé à titre de baronnie, puis de comté, et passa en 1676 dans la maison de Villeroy.

RETZ (Gilles DE LAVAL, maréchal de). V. LAVAL.

RETZ (Albert DE GONDI, maréchal de), né en 1522, à Florence, d'une famille italienne (V. GONDI), mort en 1602, suivit Catherine de Médicis en France, avança rapidement par la protection de cette princesse, fut en faveur auprès de Charles IX et de Henri III, dont il partageait les vices, se maintint, même sous Henri IV, et mourut fort riche. On l'accuse d'avoir été avec Tavannes un de ceux qui conseillèrent la St-Barthélemy et d'avoir fait périr Loménie dans sa prison pour s'enrichir de ses dépouilles. Il reçut en 1573 le bâton de maréchal sans être grand guerrier et remplit, de 1579 à 1598, les fonctions de général des galères sans être meilleur marin. Il avait épousé en 1565 Catherine de Clermont, veuve de Jean d'Annebaut, qui lui apporta la baronnie de Retz, dont il prit le nom.

RETZ (Pierre DE GONDI, cardinal de), évêque de Paris, frère du préc., né à Lyon en 1533, mort en 1616. Protégé par Catherine de Médicis, il devint successivement évêque de Langres (1565), évêque de Paris (1570), chancelier et grand aumônier d’Élisabeth d'Autriche (femme de Charles IX), et enfin cardinal (1587). Il remplit diverses missions à Rome sous Henri III et Henri IV.

RETZ (J. F. Paul DE GONDI, cardinal de), célèbre chef de parti, fils de Phil. Emmanuel de Gondi, général des galères, et petit-neveu du préc., né à Montmirail en 1614, m. en 1679. Destiné contre son vœu à la carrière ecclésiastique, il tâcha en vain, par le scandale d'une vie licencieuse, de faire renoncer sa famille à ce projet. S'étant mis enfin à la théologie, il se distingua comme prédicateur, fut nommé en 1643 coadjuteur de l'archevêque de Paris, Henri de Gondi, son oncle, et à la mort du prélat obtint lui-même cet archevêché. Il remplit d'abord avec zèle les devoirs de sa charge et se rendit très-populaire; Mazarin s'en inquiéta, et bientôt ces deux hommes furent ennemis. Le coadjuteur, par haine pour le ministre, fit éclater les troubles de la Fronde (1649); il dirigea longtemps le peuple de Paris, sur lequel son éloquence et ses largesses lui avaient donné une grande influence, et réussit à faire éloigner Mazarin; toutefois, il repoussa les offres dangereuses de l'Espagne, et fut un des premiers à se rapprocher de la régente Anne d'Autriche; il reçut en retour le chapeau de cardinal. Néanmoins, au rétablissement de l'ordre (1652), il fut arrêté, sans que le peuple fît rien pour lui ; il fut enfermé à Vincennes, puis au château de Nantes, mais il s’évada et se réfugia successivement en Espagne, à Rome et à Bruxelles. Il ne put rentrer en France qu’après s’être démis de son archevêché : on lui donna en échange l’abbaye de St-Denis (1664). Renonçant dès lors à la politique, il offrit l’exemple d’une vie régulière, paya ses dettes, qui montaient à 1 100 000 écus (plus de 4 millions de notre monnaie), et vécut tantôt à St-Mihiel, tantôt à Commercy, où il rédigea ses Mémoires, tantôt à St-Denis, où il finit ses jours. Éloquent, libéral, actif, ambitieux, le cardinal de Retz était né pour être chef de parti ; cependant, il ne paraît pas avoir eu de grandes vues ni de but bien déterminé, et il semble n’avoir aimé l’intrigue que pour l’intrigue même. Ses Mémoires (imprimés pour la 1re fois en 1717, reproduits dans les collect. de Mém. sur l’hist. de France, et réédités en 1837, d’après le Ms. original, par Aimé Champollion), sont aussi remarquables par le style qu’intéressants par le fond : au jugement de Voltaire, ils sont écrits avec une grandeur, une impétuosité de style et une inégalité, qui sont l’image de la conduite de l’auteur. On a encore du cardinal de Retz une histoire de la Conjuration de Fiesque, qu’il avait écrite à 17 ans. Lezay de Marnésia a donné ses Pensées choisies. Musset-Pathay a publié des Recherches historiques sur le cardinal de Retz, 1807.

REUCHLIN (J.), philologue, né à Pforzheim en 1455, mort en 1522, savait à fond le grec et l’hébreu. Il visita l’Allemagne, la Hollande, la France, l’Italie, se fixa à Stuttgardt, fut employé par le duc de Souabe, Éberhard I, à diverses négociations, et obtint pour ce seigneur les titres de comte palatin et de triumvir de la ligue de Souabe ; mais, ayant eu des démêlés avec des théologiens, qui l’accusaient de favoriser le Judaïsme, il quitta Stuttgard (1506), et se rendit à Tubingue, où il se réduisit à professer le grec et l’hébreu. Il est un des premiers qui aient fait représenter des pièces de théâtre dans les colléges ; il les composait lui-même. Ses principaux ouvrages sont : Rudimenta hebraïca, Pforzheim, 1506 ; Lexicon hebraïcum, 1512 ; une édition (hébraïque) des sept psaumes pénitentiaux, avec trad. latine ; une traduction latine des poésies hébraïques de Jos. Hyssopœus, 1514. Grand partisan de la cabale, il a écrit en ce genre : De verbo mirifico, Bâle, 1494 ; De arte cabbalistica, Haguenau, 1517. Il prenait le nom de Capnion, mot dont la signification répond à celle du nom allemand Ræuchlin, diminutif de Rauch, fumée.

RÉUNION (Édit de), paix que Henri III signa à Rouen le 21 juillet 1588, avec les Parisiens, à la suite de la journée des Barricades.

RÉUNION (Ordre de la), ordre civil et militaire créé par Napoléon I en Hollande en 1811. On le donnait de préférence aux habitants des départements nouvellement réunis à la France. L’insigne était une étoile d’argent à 12 branches, sur un soleil d’or, surmontée d’une couronne royale, et suspendue à un ruban uni bleu de ciel. Cet ordre fut aboli en 1815.

RÉUNION (Chambres de). V. CHAMBRE.

RÉUNION (île de la), ci-devant île Bourbon, île d’Afrique, dans l’Océan Indien, à 140 kil. S. O. de Maurice, et à 560 k. S. E. de Madagascar, entre 52° 56'-53° 34' long. E., et 20° 50'-21° 23' lat. S. ; 77 k. sur 53 ; 200 000 hab. (dont un 6e seulement de population blanche) ; ch.-l., St-Denis. L’île forme un gouvt colonial, et est divisée en 2 arrondissements, l’arr. du Vent et l’arr. sous le Vent. Il y a une cour impériale, 2 tribunaux de 1re intance, un évêché et un lycée à St-Denis. Sol volcanique. Il existe dans la partie centrale deux plateaux : le 1er, dit Plaine des Palmistes, élevé de 1100m au-dessus de la mer, offre une surface de 500 hect. d’un terrain fertile, mais non cultivé ; le 2e, dit Plaine des Cafres, élevé de 1600m, offre 4000 hectares de pâtures naturelles. Le Gros-Morne, au N., est un volcan éteint ; le Piton de Fournaise, au S., est en activité. Climat sain, bien que les chaleurs soient très-fortes ; l’île est souvent dévastée par de terribles ouragans. Il n’y a point de ports, mais seulement quelques rades ; cours d’eau nombreux, mais torrentiels. Grande récolte de sucre, de café (très-estimé), de cacao, mais, manioc, dattes, patates, muscade, girofle, cannelle, tabac. — Cette île fut découverte en 1545 par le Portugais Mascarenhas et fut de son nom appelée Mascareigne. Les Français l’occupèrent en 1642, et lui donnèrent le nom d’Ile Bourbon. En 1777, quelques plants de café y furent apportés de Moka. Les Anglais s’emparèrent de l’île en 1810 et ne la restituèrent qu’en 1815. De 1827 à 1854, il y a été tracé une route de ceinture, de 232 kil. — À la Révolution, le nom d’Ile Bourbon avait été changé en celui d’Ile de la Réunion. Le 1er nom fut rétabli en 1814 et le 2e en 1848.

REUS, v. d’Espagne (Barcelone), à 9 kil. de la Méditerranée, à 13 kil. O. de Tarragone ; 29 000 h. Port au village de Salon ; chemin de fer. Industrie et commerce actifs ; étoffes de soie et de coton, chapeaux, savon, etc. — L’importance de cette ville date de la dernière moitié du XVIIIe s. Elle a été érigée en comté pour le général Prim (1843).

REUSS (la), riv. de Suisse, formée de trois bras qui se réunissent à Andermatt (Uri), arrose les cantons d’Uri, de Lucerne, d’Argovie, forme le lac des Quatre-Cantons, reçoit l’Emm et tombe dans l’Aar à Windisch ; cours, 100 k. Elle forme plusieurs cascades.

REUSS (Principautés de), États de l’Empire allemand (au Nord), dits : Reuss-Greiz et R.-Schleiz-Lobenstein-Ebersdorf ; ils ont pour bornes la Saxe-Meiningen, la Saxe-Altenbourg, la Saxe-Weimar, le Voigtland (qui est au royaume de Saxe), et le cercle bavarois du Haut-Mein, et contiennent environ 1500 kil. carrés. Le pays est arrosé par l’Elster et la Saale. Montagnes, beaucoup de mines. — La principauté de Reuss-Schleiz contient les trois quarts du territoire et compte 98 000 hab. ; elle appartient à la ligne cadette ou ligne de Schleiz. La ligne aînée ou de Greiz ne possède en propre que Greiz (avec 36 000 hab.) ; la seigneurie de Géra est en commun. Capitales, Schleiz, Greiz, Géra. Les deux principautés ont un gouvernement constitutionnel ; les affaires communes sont délibérées en assemblées d’État ; elles ressortissent en appel à la cour d’Iéna. Elles ont chacune une voix au Conseil fédéral. — La maison princière de Reuss dérive d’Ekbert, comte d’Osterode au Xe s., et d’Henri, son fils, que l’empereur Henri IV nomma l’un de ses avoyers en Saxe. La race de ce dernier se divisa en deux lignes, dont une, l’aînée, s’éteignit en 1572 ; la cadette, dite ligne de Plauen, dont la tige est Henri le Jeune, se partagea en trois branches, qui elles-mêmes devinrent lignes en 1572, et dont la dernière, celle de Géra, s’est éteinte en 1802. Toute la maison de Reuss reçut de l’empereur Sigismond la dignité princière en 1426. Tous les princes de cette maison portent le nom de Henri. Le prince régnant actuel est le LXVIIe.

REUTLINGEN, v. du Wurtemberg, ch.-l. de cercle, à 50 kil. S. de Stuttgard ; 15 000 hab. Cathédrale remarquable. Fabriques de draps fins, bonneterie, dentelles, broderies. Bains sulfureux. Patrie de l’imprimeur Séb. Gryphius. — Jadis villa impériale. Assiégée vainement en 1247 par Henri, landgrave de Thuringe, et en 1377 par Ulrich de Wurtemberg.

RÉVEILLÉ-PARISE (J. H.), médecin littérateur, né en 1782 à Nevers, m. en 1852, entra au service en 1802, y resta jusqu’en 1815, et se fit recevoir docteur après la paix. On a de lui : Hygiène oculaire, 1816 ; Physiologie et hygiène des hommes livrés aux travaux de l’esprit, 1834, Guide pratique des goutteux et des rhumalisans, 1837 ; Étude de l’homme dans l’état de santé et l’état de maladie, 1844 ; Traité hygiénique, médical et philosophique de la Vieillesse. 1852. On lui doit une édition des Lettres de Guy Patin. REVEL ou REVAL, v. forte de Russie, ch.-l. du gouvt. de Revel ou d'Esthonie, sur le golfe de Finlande, à 365 kil. O. de St-Pétersbourg; 16 000 hab. Port militaire et de commerce, château fort, sur un rocher. Trib. d'appel, consistoire luthérien, gymnase, bibliothèque. Chantiers de construction, arsenal de la marine, fonderie de canons. Une partie de la flotte russe stationne habituellement à Revel. Commerce de grains, bois, chanvre, cuirs, poisson salé. Aux env., jardin impérial de Catherinenthal. — Revel fut fondée en 1218 par Valdemar II, roi de Danemark, qui y érigea un évêché. Longtemps célèbre parmi les villes hanséatiques, elle fut achetée en 1345 par l'Ordre teutonique. Inutilement assiégée en 1470 et 1577 par les Russes, elle fut prise par Pierre le Grand, 1710.

REVEL (Gouvernement de). V. ESTHONIE.

REVEL, v. de France, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 25 kil. N. E. de Villefranche, sur une hauteur; 5386 hab. Liqueur, bonneterie, lainages. — Cet endroit, jadis appelé La Bastide de Lavaur, fut fortifié par Philippe le Bel, et devint au XVIe s. une place forte des Huguenots, mais fut démantelé en 1629.

REVELLIÈRE. V. REVELLIÈRE.

REVELLO, v. d'Italie (Naples), à 4 kil. S. de Lago-Negro ; 5220 hab. On croit que c'est l'anc. Vélie. Aux env., beaucoup de médailles et de statues de bronze ; ruines d'un cirque. — Autre v. d'Italie, dans les anc. États sardes (Coni), à 26 kil. N. O. de Coni, près du Pô; 5000 hab. Patrie de l'historien Ch. Denina.

REVIGNY, ch.-l. de c. (Meuse), à 17 k. O. de Bar sur un canal qui joint l'Ornain à la Chée; 1496 hab Station du chemin de fer. Pêche d'excellentes truites.

RÉVOLUTION (la). Employée seule, cette dénomination désigne la Révolution française de 1789. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

REWBELL (J. B.), homme politique, né à Colmar en 1746, m. en 1810, était bâtonnier du barreau de Colmar quand il fut député aux États généraux. Révolutionnaire ardent, il fut nommé procureur-syndic du Ht-Rhin, puis membre de la Convention, et fut un des accusateurs de Louis XVI. Il se tint à l'écart pendant la Terreur, reparut après le 9 thermidor à la Convention, qu'il présida, entra au Comité du salut public, puis fut élu membre et président du Directoire dès sa création (1795). Éliminé par le sort en 1799, il entra au Conseil des Anciens, mais il fut exclu des affaires au 18 brumaire.

REX (Q. MARCIUS ou MARTIUS), consul en 118 av. J.-C., étendit la domination romaine dans la Gaule mérid., à l'O. du Rhône, et colonisa Narbonne qui fut appelée de son nom Narbo-Martius.

REYNAUD (Jean), philosophe français, né à Lyon en 1806, m. en 1863; fut élève de l'École polytechnique, et ingénieur des mines. Il donna sa démission en 1830, et entra dans les rangs des Saint-Simoniens. Il collabora à leurs publications, et dirigea avec M. Pierre Leroux la Revue encyclopédique (1836), et l’Encyclopédie nouvelle (1836). En 1848, il prit une part active aux travaux de M. Carnot, ministre de l'instr. publ., et siégea à l'Assemblée constituante et à la législative. Il a publié en 1854 Terre et Ciel, livre de philosophie mystique, qui fut fort remarqué.

REYNIER (J. L. Ebnezer), général du génie, né à Lausanne en 1771, devint adjudant général en 1793, général de brigade en 1794, pendant la campagne de Hollande, servit sous Moreau à l'armée du Rhin (1796), accompagna Bonaparte en Égypte (1798), se distingua à la bataille des Pyramides, fit la campagne de Syrie, battit devant El-Arich 20 000 Turcs avec 4 bataillons français, et détermina la victoire à Héliopolis. Après le meurtre de Kléber, il eut avec Menou de violents démêlés, et quitta l’Égypte (1801); à son retour en France, il publia une brochure intitulée : De l’Égypte après la bat. d'Héliopolis, qui le fit disgracier et exiler. Rappelé en 1805, il eut part à la conquête de Naples et de la Calabre, devint ministre de la guerre à Naples, combattit à Wagram, en Espagne, eu Russie, mais fut pris à Leipsick (1813). Il mourut à Paris peu après avoir recouvré sa liberté (1814). — Son frère, J. L. Ant. Reynier, directeur du revenu national en Égypte, intendant des postes à Naples sous Murat, a publié des traités d'agronomie et d'économie publique estimés, entre autres : De l’Égypte sous les Romains, 1807 ; De l'économie publique et rurale des peuples anciens (Celtes, Germains, Perses, Phéniciens, Arabes, Juifs, Égyptiens, Carthaginois, Grecs), 1818-25.

REYNOLDS (sir Josué), peintre anglais, né en 1723 à Plympton dans le Devonshire, m. en 1792, voyagea trois ans en Italie, puis se fixa à Londres, se fit une grande réputation par ses ouvrages, et devint en 1769 président de l'Académie royale des beaux-arts de son pays. Reynolds occupe le premier rang parmi les peintres anglais pour le goût, la facilité, la richesse et l'harmonie des couleurs. Artiste d'une rare fécondité, il exposa plus de 240 tableaux; il excellait dans le portrait. Parmi ses tableaux d'histoire, on remarque surtout la Mort du cardinal de Beaufort. C'était aussi un théoricien distingué : on a de lui des Discours sur la peinture, qu'il prononça devant l'Académie(1769-90); ce sont des chefs-d'œuvre d'élégance, d'énergie et d'analyse. Ils ont été traduits par Janssen (1788 et 1806).

REYRAC (l'abbé Phil. DU LAURENS de), né en 1734, d'une noble famille du Limousin, m. en 1782, chanoine régulier de Chancelade, eut quelque succès comme prédicateur, mais abandonna la chaire à cause de sa timidité et vint se fixer à Orléans. Il a laissé un Discours sur la poésie des Hébreux, 1760; des Poésies (tirées des Écritures), 1770; l'Hymne au soleil (en prose poétique), 1777.

REYRE (l'abbé), prédicateur et écrivain, né on 1735 à Eyguières en Provence, m. en 1812, a fait plusieurs ouvrages consacrés à l'éducation, entre autres : le Mentor des enfants, recueil d'instructions, de traits d'histoire et de fables, très-souvent réimprimé ; l’École des jeunes demoiselles ; Anecdotes chrétiennes, le Fabuliste des enfants.

REZAT (la), riv. de Bavière, naît dans le cercle qui longtemps porta son nom et a sa source près de celle de l'Altmühl; elle parcourt les présidiaux d'Anspach, de Heilsbronn et de Pleinfeld, arrose Anspach et Lichtenau et se joint à la Rednitz, après un cours d'env. 60 kil. On l'appelle souvent Hte-Rezat ou Rezat de Souabe, pour la distinguer du cours supérieur de la Rednitz, qu'on appelle Basse-Rezat ou Rezat de Franconie. — Elle donnait son nom à un cercle de la Bavière, qu'on appelle auj. Franconie moyenne. V. ce nom.

RÉZÉ, bourg du dép. de la Loire-Inf., à 3 k. S. O. du Nantes, était autrefois, sous le nom de Ratiastum, un des lieux principaux du pays de Retz, auquel elle donna son nom; 7209 hab. Savons.

REZONVILLE, vge près de Metz, où fut livré un des combats du siège de Metz (août 1870).

REZZONICO (Ant. Jos.), comte della Torre, né à Come en 1709, m. en 1785, se mit au service ce l'Espagne, et devint gouverneur de la citadelle de Parme et chambellan du duc. Alliant l'érudition à la science militaire, il a laissé, entre autres ouvrages : Disquisitiones Plinianæ, Parme, 1763-67, 2 vol. in-fol., où il traite de la vie et des écrits des ' deux Plines.

REZZONICO (Ch.). V. CLÉMENT XIII.

RHA (le), nom ancien du VOLGA.

RHACOTIS. V. ALEXANDRIE d’Égypte

RHADAMANTHE, fils de Jupiter et d'Europe et frère de Minos, est un des trois juges des enfers. Pendant sa vie, il seconda les entreprises de son frère Minos, puis il conduisit en Lycie une colonie de Crétois, à laquelle il donna des lois sages. Il avait épousé Alcmène, veuve d'Amphitryon.

RHADAMÈS. V. GHADAMÈS.

RHADAMISTE, fils du roi d'Ibérie Pharasmane, épousa Zénobie, fille de Mithridate, roi d'Arménie, qui était sa cousine. Il n'en détrôna pas moins son beau-père et le fit périr par trahison pour s'emparer de ses États, attaqué à son tour par le roi parthe Vologèse, il se réfugia dans les États de son père; mais celui-ci, sous prétexte d'un complot que Rhadamiste aurait formé contre lui, le fit assassiner, 54 de J.-C. Pendant qu'il fuyait d'Arménie, Rhadamiste, se voyant sur le point de tomber avec Zénobie au pouvoir de l'ennemi, avait poignardé lui-même cette princesse, et l'avait jetée dans l'Araxe. Cet événement tragique a fourni à Crébillon le sujet d'un de ses chefs-d'œuvre.

RHADÈS. V. ADIS. — RHADI. V. RADI.

RHAMNONTE, Rhamnus, auj. Stavro-castro, bg d'Attique, sur la mer, célèbre par un temple d'Amphiaraüs et par une statue de Némésis, nommée de là Rhamnusia : cette statue était haute de 10 coudées.

RHAMPSINIT, roi d’Égypte au XIIe s. av. J.-C., possédait des trésors immenses. Il construisit un temple du dieu Fta à Memphis.

RHAPSODES, c.-à-d. Chanteurs devers décousus. On nommait ainsi chez les Grecs des chanteurs vagabonds qui allaient de ville en ville réciter des morceaux des poètes anciens, surtout d'Homère.

RHASIS ou RHAZÈS. médecin arabe. V. RAZI.

RHAT. oasis d'Afrique. V. GHAT.

RHÉ (île de). V. RÉ.

RHEA SILVIA, fille de Numitor, se fit vestale par ordre d'Amulius ; elle n'en devint pas moins mère, et donna le jour à Romulus et à Rémus, qu'elle avait eus du dieu Mars. Elle fut pour ce fait condamnée à mort et enterrée vive comme ayant violé son vœu.

RHÉE, Rhea, déesse qu'on identifie avec Cybèle et qui est censée être la femme de Saturne, fut mère de Jupiter, Neptune, Pluton, Vesta et Cérès, et parvint par une ruse à soustraire ses enfants à la mort que leur destinait Saturne (V. ce nom). Elle suivit en Italie son époux, chassé du ciel, et l'aida à y faire fleurir l'agriculture et les bonnes mœurs : d'où le nom de Siècle de Rhée donné à l'âge d'or.

RHEGIUM. V. REGGIO. — RHEIMS. V. REIMS.

RHEINAU, vge de Suisse (Zurich), sur le Rhin, entre Schaffouse et Églisau; 800 hab., catholiques. Abbaye de Bénédictins, fondée en 778 et supprimée en 1862. Bibliothèque riche en manuscrits.

RHEINA-WOLBECK, seigneurie médiatisée de l'Allemagne, partie dans la prov. prussienne de Westphalie (régence de Münster), partie dans le gouvt hanovrien d'Osnabrück; 10 000 hab.

RHEINBERG, v. des États prussiens (régence de Dusseldorf), à 70 kil. N. de Dusseldorf, près de l'Eyder, et à 2 kil. de la r. g. du Rhin ; 3000 hab. — Anc. place forte; vainement assiégée par le duc de Parme en 1586; prise par les Espagnols en 1590; reprise par Maurice de Nassau en 1597 et en 1601 ; occupée par Spinola en 1606, par Louis XIV en 1672; prise et démantelée en 1703 par les Impériaux. En 1760, les Français remportèrent aux environs une victoire signalée sur les Hanovriens, commandés par le prince de Brunswick.

RHEINFELDEN, v. de Suisse (Argovie), sur le Rhin, à 27 k. N. O. d'Aarau; 1800 hab. Pont sur le Rhin. Tabac, papier, carrière de pierres. — Rheinfelden appartint dans le moyen âge à la maison de Souabe. Les Français, commandés par les ducs de Rohan et de Weimar, et les Autrichiens, sous les ordres de Jean de Weerdt, s'y livrèrent 2 combats en 1638 : dans le 1er, Jean de Weerdt fut vainqueur et le duc de Rohan blessé mortellement; dans le 2e, Jean de Weerdt fut défait et pris. Les Impériaux y furent encore défaits par Créqui en 1678. La ville fut prise et démantelée en 1744 par les Français.

RHEINFELS, forteresse des États prussiens (prov. Rhénane), dans la régence de Coblentz, sur les bords du Rhin, près de St-Goar, — Les Français l'assiégèrent vainement en 1672, mais ils la prirent en 1794; elle lut alors démantelée; on l'a relevée depuis.

RHEINGAU, territoire situé sur la r. dr. du Rhin, dans le duché de Nassau, au S. Vins excellents.

RHEINSBERG, v. des États prussiens (Brandebourg), sur un lac que traverse le Rhyn, à 84 kil. N. O. de Berlin ; 2200 hab. Beau château, où le grand Frédéric passa une partie de sa jeunesse.

RHÉMÉTALCÈS I, roi de Thrace , frère de Cotys IV, succéda l'an 7 av. J.-C. à Rhescuporis II, son neveu, dont il avait d'abord été le tuteur. Il seconda les Romains dans leur guerre contre les Dalmates et les Pannoniens, vainquit leur chef et le chassa de la Macédoine. Il mourut vers l'an 10 ap. J.-C. Rhescuporis III et Cotys V se partagèrent ses États. — II, roi de Thrace de 19 à 46 de J.-C., succéda à Rhescuporis III et ne posséda d'abord que la part de ce dernier, mais plus tard il y joignit celle de Cotys V. A sa mort la Thrace fut réunie à l'Empire.

RHEMNIUS PALÉMON. V. PALÉMON.

RHÉNANE (PROVINCE), prov. occid. des États prussiens, est située entre la Westphalie au N. E., les duchés de Hesse et de Nassau à l'E,, la Bavière rhénane au S. E., la France au S., le grand duché de Luxembourg au S. O., la Belgique à l'O. et la Hollande au N. ; elle est traversée par le Rhin, qui lui donne son nom ; env. 3 millions d'hab., dont les deux tiers catholiques; capitale, Coblentz. Elle est divisée en 5 gouvts ou régences : Cologne, Dusseldorf, Coblentz, Aix-la-Chapelle et Trêves. Climat sain, mais froid; plusieurs rivières (outre le Rhin) : la Roër, la Moselle, la Lippe, la Ruhr,la Dussel, etc.; montagnes au S. ; sol abondant en minéraux (fer, cuivre, plomb, zinc, mercure), eaux thermales renommées (Aix-la-Chapelle, Burtscheid, Geroldstein). Pays généralement fertile et bien cultivé; lin, tabacs, vins recherchés. Industrie et commerce très-actifs. — La prov. Rhénane, formée en 1814 et 1815, correspond à la partie mérid. de l'ancien grand-duché du Bas-Rhin, à la prov. du Bas-Rhin et à celle de Clèves-Berg. Sous l'Empire français, elle formait les dép. de la Sarre, de Rhin-et-Moselle, de la Roër, et la plus grande partie du grand-duché de Berg.

RHENANUS (Beatus), philologue, né en 1485 à Schelesdadt, de parents originaires de Rheinau en Suisse (d'où il prit son nom), m. en 1547, voyagea en France et en Allemagne pour augmenter ses connaissances, fut correcteur d'imprimerie à Paris chez H. Étienne, à Bâle chez Amerbach, et contribua puissamment à répandre le goût des lettres. On a de lui : Illyrici descriptio, Paris, 1602, de savantes éditions de Terlullien, Eusèbe, Maxime de Tyr, Quinte-Curce, Tite-Live, Tacite, Pline le naturaliste, Sénèque, avec commentaires, et une lettre De primatu Petri, qui fut condamnée à Rome.

RHÉNÉ, Rhene, petite île de la mer Égée, voisine de Délos. On y enterrait les morts de Délos, parce que le territoire de cette dernière, regardé comme sacré, n'admettait pas de sépultures.

RHESCUPORIS I, roi de Thrace dans le Ier s. av. J.-C., servit alternativement Pompée et Brutus dans les guerres civiles. — II, fils de Cotys IV, régna de l'an 16 à l'an 7 av. J.-C. avec un de ses frères, et périt dans une bataille contre les Besses. — III, frère et successeur de Rhémétalcès I, obtint en l'an 10 moitié des États de ce prince, et fit assassiner Cotys V, son neveu, pour se rendre maître de l'autre moitié. Il fut en punition privé du trône (19) par Tibère, puis mis à mort.

RHÉSUS, roi de Thrace, fils du fleuve Strymon, vint au secours de Troie la dernière année du siége, amenant des chevaux plus prompts que le vent et plus blancs que la neige. La ville devait être sauvée si les coursiers de Rhésus buvaient l'eau du Xanthe ; mais il fut tué la nuit même de son arrivée par Diomède, qui le surprit pendant son sommeil, tandis qu'Ulysse emmenait ses chevaux.

RHETICUS (Georges Joachim, dit). V. JOACHIM.

RHÉTIE, Rhætia, auj. Pays des Grisons et partie de la Valteline, du Tyrol et de la Bavière; contrée embrassant les deux versants des Alpes, appelées de là Alpes Rhétiques s'étendait entre le mont Adule (St-Gothard), en Helvétie, à l'O., et le Norique à l'E. Dans un sens plus étendu, on la prolongeait jusqu'au Danube et on y comprenait la Vindélicie. — C'est de la Rhétie que paraissent être sortis les Rasena, qui peuplèrent l'Étrurie. Tibère et Drusus conquirent la Rhétie l'an 15 av. J.-C. Au IVe s., elle fut comprise dans le diocèse d'Italie et en forma 2 provinces, que séparait l'Œnus (l'Inn) : la Rhétie 1re, au S. O. (places principales, Curia, Tridenlum, Bregantium); la Rhétie 2e, au N. E. (cap., Augusta Vindelicorum).

RHÉTIQUES (ALPES). V. ALPES et RHÉTIE.

RHIGAS, un des promoteurs de l'insurrection grecque, né vers 1753 à Velestina en Thessalie, était un riche négociant et joignait à l'entente des affaires le talent poétique et un patriotisme ardent. Dans le but de délivrer la Grèce, il forma d'abord à Bucharest, puis à Vienne, une société secrète, dont les ramifications s'étendaient fort loin; mais le gouvernement autrichien le sacrifia, ainsi que huit autres Grecs, aux ombrages de la Turquie. Tous les neuf furent arrêtés à Trieste, dirigés sur la Turquie, et noyés en route dans le Danube par leur escorte, 1798. Rhigas avait publié un traité de Tactique militaire, un Traité élémentaire de physique, etc., et des chants poétiques (en grec moderne), qui furent accueillis de ses compatriotes avec enthousiasme.

RHIN (le), Rhenus en latin, Rhein en allemand, un des grands fleuves de l'Europe, se forme en Suisse (Grisons), par trois bras, dont le principal (le Rhin antérieur) sort d'un lac situé entre le mont St-Gothard et le mont Septimer; coule au N. jusqu'au lac de Constance, qu'il traverse de l'E. à l'O., séparant la Suisse du grand-duché de Bade, arrose Schaffouse et Laufen, où il forme une belle chute, puis passe à Bâle où il devient navigable et d'où il tourne au N., servant de limite entre le grand-duché de Bade et l'Alsace, côtoie ensuite le cercle bavarois du Rhin à l'E., forme un nouveau coude entre Mayence et Bingen, puis, prenant sa course au N. O., traverse la Prusse rhénane et enfin le royaume de Hollande, dont il baigne les provinces méridionales; là il jette à droite, au N., un bras dit l'Yssel, qui tombe dans le Zuyderzée ; à gauche, au S. O., le Wahal, qui joint la Meuse et le Leck, et va, par la branche restante, qui est le vrai Rhin, se perdre dans les sables, peu au-dessous de Leyde : il n'en arrive qu'un maigre filet à la mer. Sa longueur totale est d'env. 1400 kil., dont 900 navigables; sa largeur, très-variable, atteint 715m entre Clèves et Nimègue. Son cours est impétueux, ce qui sur quelques points, surtout près de Bingen, en rendait autre fois la navigation dangereuse. Bords imposants et pittoresques, couverts de vignobles qui donnent les vins du Rhin; îles délicieuses. Les principales villes situées sur le Rhin ou près de ses bords sont : Coire, Constance, Schaffouse, Bâle, Huningue, Strasbourg, Spire, Manheim, Worms, Mayence, Coblentz, Bonn, Cologne, Dusseldorf, Duisbourg, Wesel, Emmerich, Arnheim, Utrecht et Leyde. Affluents princ.: à gauche, Thur, Aar, Ill, Moselle; à droite, Necker, Mein, Lahn, Sieg, Roër, Lippe. Le Rhin communique avec le Danube par la Kinzig, la Rednitz et l'Atmuhl.

On connaît encore sous le nom de RHIN (Rhyn ou Rhein) une petite riv. de Prusse (Brandebourg), qui naît sur la limite du Mecklembourg, coule au S., et se jette dans le Havel, après un cours de 110 kil.

RHIN (départ. du BAS-), fut jusqu'en 1871 un des départements frontières de la France, à l'E., borné au S. par le département du Haut-Rhin, à l'O. par ceux de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges, par la Bavière rhénane au N. E. et le gr.-duché de Bade à l'E.; ch.-l., Strasbourg. Il était formé de la partie N. de l'Alsace. Il était côtoyé à l'O. par les Vosges et arrosé par le Rhin, la Lauter, la Moder, le Zorn, l'Ill, la Brusche, l'Andlau, et la Sarre. Beaucoup de forêts ; mines de fer, plomb, manganèse, lignite; marbre, pierre à bâtir, ocre, terre à potier, sable noir. Culture parfaite : grains de toute espèce, légumes, fruits, choux, betterave, colza, houblon, tabac, moutarde, pastel, etc.; bons vins blancs; excellents pâtés de foie d'oie. Beaucoup de gros et menu bétail abeilles. Industrie très-active et très-variée : draps, toiles et tissus de coton de toute espèce; papiers, cartes à jouer, chapeaux de paille, bougies, chandelles, térébenthine; produits chimiques; tartre, acides minéraux; armes, instruments de physique, etc. ; orfévrerie, horlogerie, vermeil renommé; passementerie, boutonnerie, etc. Très-vaste commerce ; eaux minérales. — Ce dép. avait 4 arr. (Strasbourg, Saverne, Schelestadt, Wiessembourg), 33 cantons, 542 communes; il appartenait à la 6e division militaire, avait un évêché à Strasbourg et dépendait de la cour impér. de Colmar.

RHIN (dép. du HAUT-), ancien département français, entre ceux du Bas-Rhin au N., de la Hte-Saône et des Vosges à l'O., du Doubs au S., confinait au grand-duché de Bade : ch.-l. Colmar. Il était formé du S. de l'Alsace et de la république de Mulhouse. Très-montagneux au S. et à l'O., plat et bien boisé ailleurs. Ce pays est arrosé par le Rhin, l'Ill et le canal du Rhône au Rhin. Argent, fer, cuivre, houille, cristal de roche; beaucoup d'espèces de marbre, porphyre, granit, pierre de taille, gypse, eaux minérales. Céréales, légumes, pommes de terre, chanvre, garance, culture en grand du merisier, bons vins. Beaucoup de bétail, porcs, chèvres, chevaux, abeilles. Beaucoup d'industrie et de commerce : toiles peintes (V. MULHOUSE), soieries peintes, châles imprimés, teintureries en rouge d'Andrinople et autres; draps fins, toiles; savon, produits chimiques, potasse, acides minéraux; fer, fil de fer, acier; forges, hauts fourneaux et martinets; bière, eau-de-vie, kirschenwasser; papier de verre, etc. — Ce dép. avait 3 arr. (Colmar, Belfort, Mulhouse), 30 cantons, 490 communes : il avait une cour impér. à Colmar, et dépendait de la 6e division militaire et de l'évêché de Strasbourg;

RHIN-ET-MOSELLE (dép. de), dép. formé après la paix de Lunéville (1801), aux dépens de diverses fractions des électorats de Cologne, de Trêves, etc., avait pour ch.-l. Coblentz. Auj. à la Prusse rhénane.

RHIN (Confédération du). V. ALLEMAGNE.

RHIN (Cercle du), dit aussi Bavière rhénane, le seul des 8 cercles de la Bavière qui soit à l'O. du Rhin, est formé de presque toutes les possessions de l'anc. maison palatine : il a pour bornes au S. les dép. français du Bas-Rhin et de la Moselle, au N. et à l'O. la Prusse rhénane, à l'E. le grand duché de Bade : 105 kil. sur 85; 590 000 hab.; ch.-l., Spire. On le divise en 4 districts : Spire, Deux-Ponts, Landau, Kaiserslautern. Il est traversé par des montagnes qui font suite à la chaîne des Vosges, et parmi lesquelles on remarque le Mont-Tonnerre. — Ce cercle correspond à la majeure partie de l'anc. dép. français du Mont-Tonnerre. Ce pays avait été assigné en 1815 à l'Autriche, qui le céda à la Bavière dès 1816.

RHIN (Cercle du BAS-), ou Cercle électoral, un des dix cercles de l'anc. empire d'Allemagne, s'étendait le long du Rhin depuis la frontière de France jusqu'à celle de Hollande, renfermant les archevêchés électoraux de Mayence, Trêves, Cologne, le Palatinat électoral du Rhin, le duché d'Aremberg, la principauté de La Tour-et-Taxis, etc. Il forme auj. la plus grande partie du cercle bavarois du Rhin et une petite portion de la Prusse rhénane et de la Hesse.

RHIN (Cercle du HAUT-), un des dix cercles de l'anc. empire d'Allemagne, à la droite du Rhin, au S. E. du cercle de Westphalie, au S. de celui de Basse-Saxe, à l'O. de celui de Haute-Saxe, au N. O. de celui de Franconie, et au N. E. du Cercle électoral, renfermait les évêchés de Worms, Spire, Strasbourg, Bâle, Fulde. Il forme auj. la plus grande partie de la Hesse électorale et de la Hesse-Darmstadt, avec une petite portion du grand-duché du Bas-Rhin. — On donne auj. le nom de Cercle du Haut-Rhin à une division du grand-duché de Bade. Il est borné au S. et à l'O. par le Rhin, qui le sépare de la Suisse et de la France, à l'E. par le cercle du Lac et le Wurtemberg, au N. par le cercle du Rhin-Moyen, compte env. 360 000 h. et a pour ch.-l. Fribourg. Il est traversé du S. au N. par la Forêt-Noire, et arrosé par les affluents de la r. dr. du Rhin.

RHIN (Cercle du BAS-), partie du grand-duché de Bade, bornée à l'O., vers la Bavière Rhénane, par le Rhin, au N. par la Hesse-Darmstadt et la Bavière, à l'E. par le Wurtemberg, au S. par le cercle du Rhin-Moyen, compte 350 000 h. et a pour ch.-l. Manheim et renferme Heidelberg et Philippsbourg.

RHIN-MOYEN (Cercle du), partie centrale du grand-duché de Bade, bornée à l'O., vers la France et la Bavière Rhénane, par le Rhin, au S. et au N. par les cercles du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, à l'E. par le Wurtemberg, compte 470 000 h., a pour ch.-l. Carlsruhe et renferme la ville de Bade. Traversé du S. au N. par la prolongation de la Forêt-Noire, il est arrosé par divers affluents du Rhin.

RHIN (Province du), ou Hesse-Rhénane, prov. du grand-duché, de Hesse-Darmstadt, à l'O., entre le duché de Nassau au N., la prov. de Starkenbourg à l'E., la Bavière rhénane au S. et au S. O., et la Prusse rhénane à l'O. : 50 kil. sur 35 ; 240 000 hab. ; ch-1., Mayence. Le Rhin la limite au N. Sol montagneux, mais bien arrosé. Vignes, beaux pâturages.

RHIN (grand-duché du BAS-), nom donné en 1815 aux pays situés à l'O. du Weser qui furent assignés à la Prusse. Il comprit d'abord 3 provinces : Westphalie, Clèves-Berg et Bas-Rhin; auj. il n'en forme plus que 2, celle de Westphalie, et la province Rhénane, qui comprend les anciennes provinces de Clèves-Berg et du Bas-Rhin. — Pour la prov. prussienne du Rhin, V. RHÉNANE (Province).

RHINBERG, RHINFELD, RHINFELS, RHINSBERG, etc. V. RHEINBERG, RHEINFELDEN, etc.

RHINGRAVES (c.-à-d. comtes du Rhin), titre que portaient depuis le VIIIe s. certaines familles de comtes dont les domaines étaient sur les bords du Rhin, dans le cercle du Ht-Rhin. Ils possédaient Daun, Kirbourg, Salm, Neuvillers, Grumbach, Pittingen. Ils avaient séance aux diètes de l'empire, et prenaient le titre de maréchaux héréditaires du Palatinat.

RHINOCOLURA, auj. El-Arisch, v. maritime d’Égypte, sur les frontières de la Syrie, était originairement un lieu d'exil, mais ne tarda pas à devenir un entrepôt important.

RHODANUS, fleuve de la Gaule, auj. le Rhône.

RHODE-ISLAND, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, et de tous le plus petit, entre le Massachussets au N., le Connecticut à l'O., l'Atlantique au S., entre 41° 32'-42° lat. N. et 73° 48'-74° 32' long. O. : 80 k. sur 60; 175 000 h.; ch.-l., Providence et New-port. Il doit son nom à une île de Rhode, qui est dans la baie de Narragansett, et dont le sol et le climat sont admirables, ce qui lui a valu le nom d'une des plus belles îles de la Méditerranée. Les autres parties de l'État sont peu fertiles, sauf les côtes et le S. O., où l'on trouve de beaux pâturages. Houille, mines de fer et de cuivre, marbre. Industrie et instruction très-répandues. Commerce très-actif. — Rhode-Island fut colonisée en 1636. Elle prit une grande part à la guerre de l'indépendance, mais ne fut admise comme État dans la confédération qu'en 1790.

RHODES, en grec Rhodos, île de la Méditerranée, sur la côte S. O. de l'Asie-Mineure, dont elle n'est séparée, au N. E., que par un canal de 12 k. ; elle a 70 k. de long sur 23 de moyenne largeur : 1100 k. carrés; 30 000 hab. (on en comptait dans l'antiquité près de 100 000); ch.-l., Rhodes; autres villes, Camire, Jalyse, Linde, qui formaient une confédération. Climat délicieux (très-chaud l'été), sol riche, mais mal cultivé. Belles forêts; hautes montagnes. L'île semble être d'origine volcanique; sa principale mont. est l'Atabyris. Elle a été désolée par plusieurs tremblements de terre, notamment en 222 av. J -C., aux IIe et IVe s. de J.-C., sous Antonin et Constantin, et de nos jours, en 1850, 1851 et 1863. Elle fut longtemps marécageuse, malsaine, pleine de serpents, d'où son 1er nom d’Ophiusa, qui fit place à celui de Macaria (la bienheureuse); on la nommait aussi Telchinis, à cause des Telchines, ses premiers habitants; elle fut enfin nommée Rhodes (du grec rhodon, rose), à cause de l'abondance de ses roses. Elle appartient auj. à la Turquie. — La ville de Rhodes, capitale de l'île, est sur la côte N. E.; env. 12 000h., dont 6000 Turcs, 5000 Grecs et 1000 Juifs. Bon port, divisé en 2, le grand et le petit (ce dernier est presque comblé) ; château fort, ancienne église de Saint-Jean de Jérusalem. — Rhodes fut bâtie en 408 av. J.-C. par les villes confédérées de Camire, Jalyse et Linde, pour servir de capit. à l'île. Quelque temps soumise au joug d'Athènes, elle lui échappa lors de la guerre Sociale, et parvint à une très-haute prospérité par le commerce et la culture des lettres et des arts : c'est là que Protogène tenait son école de peinture, qu'Eschine, exilé d'Athènes, enseigna l'éloquence; c'était aussi la patrie de Panétius et de Posidonius. On admirait dans la ville un grand nombre de beaux édifices et de statues, dans le port un fameux Colosse (V. ci-après). Démétrius Poliorcète assiégea Rhodes en 305 sans pouvoir la prendre. Après la bataille d'Ipsus, son indépendance fut complète, et sa richesse s'accrut encore. Rome l'eut pour alliée dans ses guerres contre Philippe V et contre Antiochus III, et dans la campagne de Pompée contre les pirates. Vespasien réduisit Rhodes en 71 et en fit le ch.-l. de la prov. des Iles. Le Christianisme s'y introduisit de bonne heure et Rhodes devint la métropole des 17 évêchés des Cyclades; elle relevait elle-même du patriarcat de Constantinople. En 1310, les Chevaliers de St-Jean de Jérusalem s'y établirent, après l'avoir ravie aux empereurs grecs, qui n'en avaient plus que la souveraineté nominale, et ils prirent dès lors le nom de Chevaliers de Rhodes. Mahomet II voulut en vain les en chasser (1479) ; ils y restèrent jusqu'au règne de Soliman II, qui se rendit maître de la place en 1522, après un siége des plus célèbres. Les Turcs l'ont depuis conservée. Quant aux Chevaliers, réfugiés d'abord à Viterbe, ils furent en 1530 établis dans l'île de Malte, que leur donna Charles-Quint; d'où le nom de chevaliers de Malte, sous lequel ils furent connus depuis. V. HOSPITALIERS et MALTE (chevaliers de). — On doit à M. V. Guérin une remarquable Étude sur l'île de Rhodes, 1856.

RHODES (Colosse de), énorme statue d'airain massif qui représentait Apollon et que l'on voyait à l'entrée du port de Rhodes. On a dit à tort que ses pieds étaient posés sur les deux môles qui formaient l'entrée du port et qu'ils étaient assez éloignés pour que les plus gros vaisseaux pussent passer entre ses jambes. Cette statue servait de phare. Le colosse de Rhodes, œuvre de Charès de Linde et de Lachès (300-288), avait 70 coudées (env. 33m). Il fut renversé par un tremblement de terre au bout de 56 ans.

RHODES EXTÉRIEURES, Ausserrhoden, petite république de Suisse qui occupe les parties N. et O. du canton d'Appenzell, a pour chefs-lieux Trogen et Hérisau ; 50 000 habitants, tous protestants.

RHODES-INTÉRIEURES, Innerrhoden, république de Suisse qui occupe la partie S. E. du cant. d'Appenzell, a pour ch.-l. Appenzell; 20 000 hab., catholiques. V. APPENZELL.

RHODEZ ou RODEZ, Segodunum ou Civitas Rutenorum, ch.-l. du dép. de l'Aveyron. à 607 kil. S. de Paris, sur une colline au pied de laquelle coule l'Aveyron; 11 856 hab. Évêché, suffragant d'Albi; trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, séminaire, école normale, institut de sourds-muets, bibliothèque; société d'agriculture, des sciences, lettres et arts. Belle cathédrale gothique, beau cloître des Cordelière ; nouveau palais de justice ; belles places, boulevard; chemin de fer. Fabriques de cadis, toiles, laines, bons fromages; mulets, haras. Patrie du poëte Delrieu, de l’historien Monteil, etc. Raynal et l’abbé Frayssinous naquirent auprès. — Rhodez fut d’abord la capitale des Ruteni (dont elle a pris le nom) ; elle devint au moyen âge ch.-l. d’un comté qui remonte à l’an 820 et qui subsista jusqu’au XVe s. Bourbon-Vendôme, le dernier de ses comtes, remit ce comté à Henri IV, qui le réunit à la couronne.

RHODOGUNE, fille du roi parthe Mithridate, fut mariée en 141 av. J.-C. à Démétrius Nicator, roi de Syrie, alors prisonnier des Parthes, qui avait déjà précédemment épousé Cléopâtre, fille de Ptolémée Philométor, roi d’Égypte. Ce 2e mariage excita la jalousie de Cléopâtre et fut l’occasion de violents démêlés, qui ont fourni à Corneille le sujet de sa belle tragédie de Rhodogune.

RHODOMANN (Laurent), un des restaurateurs de l’étude du grec en Allemagne, né en 1546 à Saffowerf dans la Hte-Saxe, mort en 1600, fut professeur de grec à Iéna, puis professeur d’histoire et recteur à l’Université de Wittemberg. Il a laissé des traductions latines de Diodore, de Quintus de Smyrne et autres auteurs grecs et des poésies grecques et latines, entre autres une Hist. sacrée et une Vie de Luther, en vers grecs. Il fut proclamé poëte lauréat.

RHODOPE, auj. Despoto-dagh, chaîne de mont. de Thrace, se détache de l’Hémus, et court au S. O. jusque vers la mer. C’est d’elle que sortent l’Hèbre et presque tous ses affluents de droite. Le mont Rhodope est fameux dans la Fable comme demeure d’Orphée. Il donna son nom, dans le IVe s., à une prov. du diocèse de Thrace qui avait pour ch.-l. Abdère.

RHODOPE, courtisane, native de Thrace, vivait du temps d’Ésope et fut esclave avec lui. Charax de Lesbos, frère de Sapho, la racheta et en fit sa maîtresse. Elle alla dans la suite s’établir à Naucratis en Égypte, et y gagna tant de richesses qu’elle put, dit-on, bâtir à ses frais une pyramide.

RHŒN (Monts), Rhœngebirge, chaîne de mont. qui s’étend dans le cercle bavarois du Ht-Mein, dans la Hesse-Cassel et le duché de Saxe-Meiningen, donne naissance à la Fulde.

RHONASZEK, v. de Hongrie (Marmarosch), à 9 kil. E. de Szigeth. Immense mine de sel.

RHÔNE (le), Rhodanus, un des grands fleuves de l’Europe, naît en Suisse (Valais), près du mont St-Gothard, entre les monts Furca et Grimsel, à 24 kil. S. O. des sources du Rhin, coule à l’O. jusqu’au lac Léman, qu’il traverse et d’où il sort à Genève, disparaît peu après, au village de Coupy, sous une arche formée par des rochers éboulés (c’est ce qu’on appelle la perte du Rhône), entre ensuite en France, coule au S. O., et baigne Lyon, où il reçoit la Saône, puis, à partir de cette ville, court directement au S. et se jette dans la Méditerranée par plusieurs bouches, dont les deux principales forment un delta appelé la Camargue. Son cours total est de 860 kil. dont 508 navigables, depuis Seyssel. Ses affluents principaux sont, à droite, l’Ain, la Saône, l’Ardèche, le Gard ; à gauche, l’Isère, la Drôme, la Durance. Son cours est très-rapide (sa pente totale est de plus de 1000 mètres) ; il déborde fréquemment et ses inondations sont redoutables. Les principales villes que baigne ce fleuve sont : en Suisse, Sion, Genève ; en France, Lyon, Vienne, Tournon, Valence, Viviers, Pont-St-Esprit, Avignon, Tarascon, Beaucaire et Arles, où il se partage en 2 bras, le Rhône proprement dit, à l’E., et le Petit Rhône, à l’O.

RHÔNE (dép. du), entre les dép. de Saône-et-Loire au N., de la Loire au S. et à l’O., de l’Isère à l’E., a 2799 kil. carrés, 662 493 h. et a pour ch.-l. Lyon. Il est formé d’une partie du Lyonnais et du Beaujolais. Il est arrosé par le Rhône et la Saône et traversé à l’O. par une ramification des Cévennes. Mines de cuivre, plomb sulfuré, houille, cristal de roche ; marbre, granit, porphyres, pierre à bâtir, terre à potier ; asbeste, talc, améthystes ; beaucoup de fossiles ; eaux minérales. Grains, pommes de terre, légumes, fruits, sorgho, safran, graines oléagineuses, belles châtaignes dites marrons de Lyon ; vins excellents (une des richesses du pays), charcuterie renommée. Immense industrie et commerce, surtout en soieries et en mousselines (V. LYON et TARARE). — Ce dép. a 2 arr. (Lyon, Villefranche), 27 cant., 253 comm. ; il appartient à la 8e division militaire, a une cour impér. et un archevêché à Lyon.

RHÔNE-ET-LOIRE (dép. de). Ce dép., formé en 1790, comprenait tout l’anc. gouvernement du Lyonnais. Après le siège de Lyon (1793), la Convention le partagea en deux, le Rhône et la Loire.

RHÔNE-AU-RHIN (Canal du), canal qui met en communication les bassins du Rhône et du Rhin, part de la Saône, à St-Symphorien, et aboutit à l’Ill, affluent du Rhin, en amont et près de Strasbourg, traversant les dép. de la Côte-d’Or, du Jura, du Doubs, du Ht-Rhin et du B.-Rhin, et passant par Dôle, Besançon, Baume-les-Dames, Montbéliard, Neuf-Brisach : son développement total est de 349 kil. Commencé en 1784, interrompu pendant la Révolution, repris sous le Consulat, il n’a été achevé qu’en 1833. On l’avait d’abord nommé Canal de Monsieur en l’honneur de Monsieur, comte d’Artois, frère de Louis XVI.

RHYN, petite riv. de Prusse. V. RHIN.

RHYNDACUS ou LYCUS, auj. Ouloubad et Mikalitza, petite riv. de l’Asie-Mineure, sort de l’Olympe de Mysie près de Miletopolis, et se jette dans la Propontide, après avoir séparé la Mysie de la Bithynie. Lucullus battit Mithridate sur ses bords en 73 av. J.-C.

RIAILLÉ, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.), sur l’Erdre, à 22 kil. N. O. d’Ancenis ; 2083 hab. Forges, source minérale, dont les eaux forment une belle cascade.

RIANS, ch.-l. de cant. (Var), à 45 kil. N. O. de Brignoles ; 2603 hab. Bonneterie, tuilerie ; huile.

RIARIO (Pierre), neveu du pape Sixte IV, fut fait par son oncle cardinal, archevêque de Florence, légat du St-Siége pour toute l’Italie, acquit d’immenses richesses, acheta la ville et la principauté d’Imola, qu’il donna à son frère Jérôme, et mourut en 1474, laissant la réputation du prince le plus fastueux de son siècle. — Jérôme R., investi par son frère en 1473 de la principauté d’Imola, fit la guerre à Laurent de Médicis, au duc de Ferrare Hercule Ier et aux barons romains, prit Forli en 1480, et enleva diverses places aux Colonne ; mais il se trouva isolé à la mort de son oncle (Sixte IV) et périt assassiné en 1488.

RIAZAN, jadis Pereiaslavl Riaizanskoï, v. de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvt de son nom, sur un bras de l’Oka, à 190 kil. S. E. de Moscou ; 20 000 h. Évêché grec, cour civile et criminelle. Nombreuses églises. — A 49 kil. S. E. est le Vieux-Riazan, sur l’Oka, détruit par les Tartares en 1568, et qui était au moyen âge la capit. d’un duché souverain. Le Nouv.-Riazan fut fondé par le grand-duc de Vsévolod-Iouriévitch. Assez longtemps florissante sous des ducs particuliers, cette ville tomba ensuite sous la domination des grands-ducs de Moscou. — Le gouvt de Riazan, entre ceux de Vladimir au N., de Tambov à l’E. et au S., de Moscou et de Toula à l’O., a 300 kil. sur 200, et 1 320 000 hab.

RIBADENEIRA (le P.), jésuite, né à Tolède en 1527, m. en 1611, fut un des 1ers compagnons de S. Ignace et propagea l’institut naissant en France, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne. On lui doit la Fleur des vies des saints (trad. par l’abbé Daras, 1855 et ann. suiv.), des Vies de S. Ignace, de Lainex, de S. François Borgia et de Salmeron, et la Bibliothèque des écrivains jésuites (en latin), Lyon 1609.

RIBARGORCE, contrée de l’Aragon, sur les confins de la Catalogne, s’étend depuis les Pyrénées jusqu’à l’Èbre, et renferme un assez grand nombre de bourgs, mais est mal peuplée ; lieu princip., Benaverre. Elle formait jadis un comté qui, uni à Sobrarbe, porta quelques années le nom de royaume.

RIBAUDS, sorte de milice irrégulière, qui aurait été instituée par Philippe-Auguste vers 1189, et qui depuis fut supprimée à cause de sa licence effrénée. Le chef de cette milice, sous Philippe-Auguste et ses successeurs jusqu'à Philippe le Bel, fut appelé Roi des ribauds. Plus tard, on désigna sous ce titre un officier chargé de la police intérieure de l'hôtel du roi et de la surveillance des maisons de jeu et de prostitution. Sous Charles V, les fonctions du Roi des ribauds furent absorbées par celles du Prévôt de l'hôtel. Le nom de ribauds ne resta plus que comme une injure, pour désigner des gens perdus de débauche et de crimes.

RIBE, v. de Danemark (Jutland), ch.-l. de diocèse, à 230 k. O. de Copenhague; 2500 h. Évêché luthérien, école classique. Ribe est une des plus anciennes villes du Danemark ; longtemps florissante, elle a été ruinée par les incendies et les inondations. — Le diocèse compte 180 000 h. et comprend plusieurs enclaves du Slesvig.

RIBEAUVILLÉ, Rappoltsweiler en allemand, ville d'Alsace-Lorraine, à 16 kil. N. O. de Colmar, sur un affluent du Fecht et sur le chemin de fer de Strasbourg à Bâle; 7181 hab. Filatures et manufactures de coton, fonderie de cloches. Aux env., vin blanc estimé. Érigée en ville au XIIIe s.; assiégée en 1293 par l'empereur Adolphe.

RIBECOURT, ch.-l. de c. (Oise), à 14 kil. S. E. de Compiègne ; 703 hab. Station de chemin de fer.

RIBEMONT, ch.-l. de c. (Aisne), à 13 kil. S. E. de Saint-Quentin ; 3220 hab. Toiles claires, batistes, linons. Patrie de Condorcet et de l'architecte Blondel.

RIBERA ou RIBEIRA (Joseph), dit l’Espagnolet, un des grands peintres de l'Espagne, né en 1588 à Xativa (Valence), m. à Naples en 1659, étudia d'abord à Valence, puis à Rome, où il reçut les leçons de Caravage, et séjourna tantôt à Naples, tantôt à Rome, tantôt à Madrid, où il travailla pour Philippe IV. Il s'est plu le plus souvent à représenter les massacres, les supplices, les tortures, et a réussi à rendre les scènes les plus horribles avec une effrayante vérité. Il se distingue par une manière violente : tout dans ses tableaux, dessin, expression, clair-obscur, est rude, heurté, plein de fougue. Ses principaux tableaux sont : le Martyre de S. Janvier et S. Jérôme, à Naples, Ixion sur la roue et une Mater dolorosa, à Madrid, et, dans le genre doux, l’Échelle de Jacob, à Madrid, et une Adoration des bergers, au musée de Paris.

RIBÉRAC, ch.-l. d'arr. (Dordogne), sur la Dronne, à 38 kil. N. O. de Périgueux; 3658 hab. Trib. de 1re inst. Flanelles, cadis, étamines, vins de basse qualité, eaux-de-vie, teintureries et forges. Elle s'est beaucoup agrandie et embellie depuis trente ans.

RIBIERS, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur le Buech, à 40 kil. S. O. de Gap; 1266 hab. Soie, cadis.

RIBOUTTÉ (Fr. Louis), auteur dramatique, né à Lyon en 1770, m. à Paris en 1834, fut quelque temps agent de change, puis se voua aux lettres. Il a donné au Théâtre Français quelques comédies, toutes en 5 actes et en vers, qui ont eu du succès en leur temps : l’Assemblée de famille, 1808; le Ministre anglais, 1812; la Réconciliation par ruse, 1818; le Spéculateur ou l’École de la jeunesse, 1826.

RICARD (l'abbé Dominique), traducteur, né à Toulouse en 1741, m. en 1803, fut professeur de rhétorique au collége d'Auxerre, puis précepteur particulier du fils du président de Meslay. On lui doit une traduction complète et fidèle des Œuvres de Plutarque : les Œuvres morales parurent de 1783 à 1795, en 17 vol. in-12, les Vies des Hommes illustres de 1798 à 1803, en 13 v. in-12.

RICARDO (David), économiste, né à Londres en 1772, m. en 1823, était fils d'un juif de Lisbonne, qui était venu s'établir à Londres comme courtier de change. David Ricardo devint lui-même agent de change, et amassa une fortune considérable qui, à sa mort, s'élevait environ à 14 millions de fr. Il quitta la religion de ses ancêtres pour le culte réformé, et fut nommé en 1817 membre de la Chambre des communes. Ricardo fut longtemps l'oracle des économistes : il recommande surtout l'emploi du papier-monnaie, et fonde la valeur des marchandises sur le travail nécessaire pour les produire. Ses principaux ouvrages sont : Le haut prix du lingot preuve de la dépréciation des billets de banque, Londres, 1809; Principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817 (trad. en français par Constancio, avec notes de J. B. Say, 1819); Influence du bas prix du blé sur les fonds publics, 1815; Projet d'un papier-monnaie économique et sûr, 1816 ; Sur les prohibitions en agriculture, 1822 (trad. par Constancio et Fonteyraud, 1847) : il y combat les obstacles mis à l'importation.

RICCI (le P. Matth.), Jésuite, né en 1552, à Macerata, m. à Pékin en 1610, fut missionnaire à la Chine, ouvrit un collège à Nankin, fut présenté à la cour de Pékin, gagna la faveur de l'empereur par ses talents et opéra de nombreuses conversions. On a de lui, outre des écrits sur la religion et la géométrie, rédigés en chinois, des Mémoires sur lesquels Trigault, son confrère, rédigea le De Christiana expéditions apud Sinas, Augsbourg, l615.

RICCI (Laurent), général des Jésuites, naquit à Florence en 1703, professa la philosophie à Sienne, fut directeur spirituel au séminaire de Rome, puis au Collége romain, devint secrétaire et enfin général de son ordre (1758). C'était le moment où des coups réitérés étaient portés aux Jésuites : Ricci ne put les amortir et refusa toute concession. Pressé de changer les statuts de l'ordre pour le sauver, il se contenta, dit-on, de répondre : Sint ut sunt, aut non sint. L'ordre fut supprimé (1773), et Ricci enfermé au château St-Ange, où il m. en 1775.

RICCI (Scipion), évêque de Pistoie et de Prato, petit-neveu du préc., né à Florence en 1741, m. en 1810, favorisa les réformes religieuses du grand-duc Léopold en Toscane et de l'emp. Joseph II en Autriche, tint, en 1786, à Pistoie, un synode pour les faire sanctionner, mais échoua dans ce projet, fut condamné par la bulle Auctorem fidei et se vit obligé de renoncer à l’épiscopat (1790). En 1799, il fut emprisonné par le gouvernement toscan comme favorable à la Révolution française. En 1805, il rétracta ses erreurs théologiques et se réconcilia avec le pape Pie VII. Potter a publié : Vie et Mémoires de Scipion Ricci (Bruxelles, 1824, et Paris, 1825, 4 v. in-8) : cet ouvrage est condamné à Rome.

RICCIOLI (J. B.), Jésuite, né à Ferrare en 1598, m. en 1671, se fit quelque réputation comme astronome, fut chargé par ses supérieurs de réfuter le système de Copernic, et publia dans ce but : Almagestum novum, Bologne, 1651.; Astronomia reformata, 1665. Ou a aussi de lui : Geographia reformata, 1661, Chronologia reformata, 1669.

RICCOBONI (Louis), comédien, longtemps, connu sous le nom de Lélio, né en 1677, à Modène, m. à Paris en 1753, tenta d'établir en Italie le système dramatique de la comédie française, mais sans y réussir, vint à Paris avec le fameux Dominique, et y dirigea la Comédie italienne, qui obtint un rapide succès. Il se retira à Parme, où il devint intendant des menus plaisirs et inspecteur des théâtres: On lui doit, entre autres ouvrages : l’Histoire du Théâtre italien. Paris, 1728-31; Observations sur la Comédie et le génie de Molière, 1736. Il a aussi composé des pièces qui furent bien accueillies et qu'il réunit sous le titre de Nouveau Théâtre italien, Paris, 1718. — Son fils, Ant. R., né à Mantoue en 1707, m. en 1772, à la fois acteur et auteur, obtint surtout du succès comme auteur; mais il eut le malheur de s'adonner à l'alchimie et se ruina en vaines expériences à la recherche du grand-œuvre. Ses pièces eurent longtemps la vogue au Théâtre Italien; les principales sont : les Comédiens esclaves (1726); les Amusements à la mode (1732) ; le Prétendu (1760).

RICEYS (LES), ch.-l. de c. (Aube), sur la Laigne, à 15 kil. S. de Bar-sur-Seine; 3225 hab. Il est formé de trois bourgs : Ht-Ricey, Bas-Ricey, Ricey-Hte-Rive. Vins très-estimés, remarquables par leur bouquet. Ville très-ancienne, fondée par les Boii : elle existait dès le temps de César. Aux env., enceinte druidique de Champlisson.

RICHARD (S.), évêque de Chichester en Angleterre, sacré en 1244, m. en 1253, est fêté le 8 avril.

RICHARD I, sans Peur, duc de Normandie (943-996), fils de Guillaume Longue Épée, avait 10 ans à la mort de son père. Louis-d'Outremer se fit confier la garde du jeune duc, mais il voulut l'emprisonner : Richard fut délivré par un serviteur fidèle, Osmond, qui l'emporta caché dans une botte de foin. Il fut affermi dans la possession de son duché par Harald, roi de Danemark. Il eut part à l'élévation au trône de Hugues Capet, dont il avait épousé la sœur Emma.

RICHARD II, le Bon, duc de Normandie (996-1027), fils et successeur du précéd., eut à soutenir diverses guerres intérieures et extérieures et s'en tira heureusement avec l'aide des rois du Nord, Lagman et Olof, et fut l'allié du roi de France Robert II. Il eut pour successeur Richard III, son fils aîné, qui mourut quelques mois après, empoisonné par son frère Robert le Magnifique.

RICHARD I, Cœur de Lion, roi d'Angleterre (1189-99), fils et successeur de Henri II, était né en 1157 et s'était fait remarquer dès sa première jeunesse par une force extraordinaire, une bravoure bouillante, mais aussi par un caractère altier et turbulent. Il empoisonna la vieillesse de son père en prenant trois fois les armes contre lui (1173, 83, 89). Devenu roi en 1189, il entreprit une nouvelle croisade de concert avec le roi de France Philippe-Auguste et l'empereur Frédéric Barberousse. Parti de Marseille en 1190, il s'empara de l'île de Chypre (1191), puis de Ptolémaïs ou St-Jean d'Acre ; mais il entra bientôt en querelle avec Philippe, et les deux princes se séparèrent. Resté seul en Palestine, Richard se livra à toute sa violence, et fit massacrer 2500 captifs. Il remporta une brillante victoire à Asor contre 100 000 Musulmans; néanmoins, il n'osa attaquer Jérusalem et, bien qu'il eût accompli de merveilleux faits d'armes, il fut forcé de remettre à la voile sans avoir reconquis la Palestine (1192). Jeté par la tempête sur les côtes de la Dalmatie, il crut pouvoir, à la faveur d'un déguisement, traverser les terres du duc d'Autriche qu'il avait outragé au siège de St-Jean-d'Acre, mais il fut découvert et retenu par ses ordres dans une étroite prison (à Durenstein, près de Krems), d'où il ne sortit qu'au bout d'un an en payant une rançon de 250 000 marcs d'argent. Pendant son absence, son frère Jean sans Terre avait cherché à le supplanter en Angleterre : Richard, de retour dans ses États, anéantit la faction de ce frère (1194); puis il vint faire la guerre à Philippe-Auguste, qui avait tenté de s'emparer de la Normandie, et battit ses troupes à Fréteval ; mais il se réconcilia bientôt avec ce prince et vécut quelques années en paix. Étant allé, en 1199, mettre le siège devant Chalus en Limousin, par suite d'une querelle qu'il avait avec le vicomte de Limoges, il fut blessé devant cette place d'un coup de flèche, dont il mourut. Pendant que Richard était en captivité chez le duc d'Autriche, le trouvère Blondel, qui lui était resté fidèle, réussit, dit-on, à découvrir sa prison, et hâta sa délivrance (V. BLONDEL). On attribue à Richard quelques poésies.

RICHARD II, roi d'Angleterre, fils du Prince Noir (Édouard), et petit-fils d’Édouard III, naquit en 1366 et monta sur le trône en 1377, à 11 ans. Sa minorité, pendant laquelle ses oncles, les ducs de Lancastre, d'York et de Glocester, eurent la régence fut très-orageuse : elle fut signalée par la révolte de Wat-Tyler (1382), par les progrès et la répression du Wicléfisme. Lorsqu'il régna par lui-même, il se montra faible, inappliqué, prodigue. S'étant rendu en Irlande pour y apaiser une insurrection, il laissa ainsi le champ libre à son cousin, le duc d'Hereford, fils du duc de Lancastre, qui le déposa et se fit couronner sous le nom d'Henri IV (1399) ; Richard, relégué au château de Pomfret en Écosse, périt bientôt dans sa prison, assassiné, dit-on, par ordre de son cousin. Il avait épousé Isabelle, fille du roi de France Charles VI. M. Wallon a écrit l’Hist. de Richard II.

RICHARD III, roi d'Angleterre, né en 1452, était le 4e fils de Richard, duc d'York, et fut longtemps connu sous le nom de duc de Glocester. Frère d’Édouard IV, le 1er prince de la maison d'York qui soit monté sur le trône, il le soutint de tout son pouvoir contre les partisans de Henri VI, et assassina, de concert avec son autre frère le duc de Clarence, le jeune fils du roi vaincu, après la bataille de Tewkesbury. A la mort d’Édouard IV qu'on l'accuse d'avoir empoisonné (1483), il se fit nommer régent ou protecteur au nom du fils de ce prince, le jeune Édouard V, son neveu, et, par une suite d'actes hypocrites ou atroces, réussit à s'emparer du trône : à peine couronné, il fit égorger dans la Tour de Londres par J. Tyrrel le jeune roi et son frère. Devenu après ce nouveau meurtre l'objet de l'horreur publique, il se vit presque abandonné de tous, quand, en 1485, Henri de Richmond (Henri VII) vint l'attaquer; il fut vaincu et tué à Bosworth. Richard III fut le dernier roi de la maison d'York; après sa mort, l'avènement de Henri VII termina la guerre des Deux-Roses. Richard III était un monstre au physique comme au moral : il était boiteux, bossu, paralysé d'un bras. Walpole et Rey (Essai historique et critique sur Richard III, Paris, 1818) ont vainement essayé de réhabiliter sa mémoire.

RICHARD D'YORK, compétit. de Henri VI. V. YORK.

RICHARD DE CORNOUAILLES, fils de Jean sans Terre, roi d'Angleterre, né en 1209, m. en 1272, acheta fort cher les voix de quatre électeurs, et fut proclamé roi d'Allemagne en 1257, tandis que trois autres électeurs nommaient Alphonse le Sage (de Castille). Il s'était signalé en Palestine, et avait rendu des, services à son frère Henri III dans ses guerres contre la France. Il ne vint que deux fois en Allemagne (1262 et 1268) : la 1re, il investit le roi de Bohême Ottocar des duchés d'Autriche et de Styrie; la 2e, il abolit (1269) les péages établis sur le Rhin. Du reste, il ne fut jamais couronné empereur. Étant revenu en Angleterre en 1264 pour défendre Henri III contre les barons rebelles, il y fut fait prisonnier par Simon de Montfort et subit une captivité de 14 mois.

RICHARD I, comte d'Averse en 1059, à la mort de son père Rainolf, reçut du pape Nicolas II l'investiture de la principauté de Capoue, conquit cette ville sur Landolfe VI (1062), s'empara également de Gaëte et aida Robert Guiscard dans la conquête de Salerne. Il mourut en 1068, au moment de soumettre Naples. — II, prince de Capoue de 1091 à 1105, était petit-fils du précédent. Chassé par ses sujets, il fut, en 1098, rétabli dans sa principauté par le grand-comte de Sicile Roger, et se reconnut son vassal. A sa mort, Roger joignit Capoue à ses États.

RICHARD DE CIRENCESTER, bénédictin de Westminster, m. en 1401, est auteur de l’État ancien de la Grande-Bretagne, en latin (publié par Bertram, Copenhague, 1737, dans le Britannicarum gentium historici antiqui tres). On lui attribue l’Historia ab Hengista ad annum, 1348.

RICHARD (Claude), jésuite français, né à Ornans en 1589, m. en 1664, enseigna 40 ans les mathématiques à Madrid. On lui doit : une édition des Œuvres d'Archimède, avec notes, Paris, 1626 et 1646, et des Commentaires sur Euclide, 1645, et sur Apollonius de Perge, 1655. Il avait inventé une montre magnétique, au moyen de laquelle on connaissait l'heure qu'il était à la fois dans toutes les parties de la terre.

RICHARD (Jean), né à Verdun en 1639, m. en 1719, a publié des Discours moraux, des Éloges de Saints et le Dictionnaire moral ou la Science universelle de la chaire (Paris, 1700, 6 v. in-8), vaste répertoire très-précieux pour les prédicateurs.

RICHARD (Ch. Louis), dominicain, docteur de Sorbonne, né en 1711, à Blainville (Meurthe), refusa le serment constitutionnel, émigra en Belgique, et périt à Mons en 1794, fusillé par les Français pour avoir publié un écrit intitulé : Parallèle des Juifs qui ont crucifié Jésus-Christ avec les Français qui ont tué leur roi. On a de lui un Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, Paris, 1760 et suiv., 6 vol. in-fol.; une bonne Analyse des conciles, 1772-77, 6 v. in-4., et une curieuse Dissertation sur la possession du corps et l'infestation des maisons par les démons.

RICHARD (L. Cl. Marie), botaniste, né à Versailles en 1754, m. en 1821, était fils du jardinier du roi à Auteuil. Il alla, de 1781 à 1789, visiter, aux frais de Louis XVI et au nom de l'Acad. des sciences, la Guyane, la Martinique, etc., y rassembla de riches et vastes collections, mais revint malade, et vécut longtemps dans la gêne jusqu'à ce qu'il eût obtenu une chaire de botanique et une place à l'Institut. On lui doit divers ouvrages et des mémoires insérés dans les Annales du Muséum : on estime surtout ses travaux sur l'organisation des végétaux et son Analyse du fruit, 1808. Il a donné une excellente édition du Dictionnaire élémentaire de botanique de Bulliard, 1800. — Son fils, Achille R., 1794-1852, marcha sur ses traces, publia d'excellents travaux sur la Flore de la Sénégambie, de la Nouv.-Zélande, de l'Abyssinie et de Cuba, devint professeur à la Faculté de médecine et fut admis à l'Institut en 1834. On lui doit un Manuel de botanique, devenu classique.

RICHARD-LENOIR (Franç. RICHARD, dit), célèbre industriel, né en 1765 à Épinay-sur-Odon (Calvados), d'une famille de paysans, mort en 1849, quitta son village à 17 ans pour chercher fortune, vint à Paris, y fit le commerce des toiles de coton, et, après avoir été simple porte-balle, devint eu peu de temps un des plus riches commerçants de l'époque. Voulant affranchir l'industrie française du tribut qu'elle payait à l'Angleterre, il s'associa en 1797 avec un autre négociant, Lenoir, dont le nom est resté lié au sien, pour créer en France des métiers propres au filage et au tissage du coton, et ils obtinrent un tel succès qu'ils eurent bientôt plusieurs manufactures sur divers points de la France. Richard reçut les encouragements de Napoléon, qui le décora de sa propre main; mais il se vit ruiné en 1814 par la suppression des droits d'entrée, et passa ses dernières années dans la gêne. Son nom a été donné en 1862 à un des nouveaux boulevards de Paris.

RICHARD SIMON. V. SIMON.

RICHARDSON (Samuel), célèbre romancier anglais, né en 1689, dans le comté de Derby, m. en 1761, était fils d'un menuisier. Mis en apprentissage chez un imprimeur, il devint le gendre de son maître, et finit par avoir lui-même un belle imprimerie. A 52 ans, il se fit auteur et publia successivement : Paméla (1741), Clarisse Harlowe (1748), sir Charles Grandison (1753), romans qui obtinrent le plus grand succès : les deux derniers passent pour des chefs-d'œuvre ; cependant on y trouve des longueurs qui en rendent quelquefois la lecture fatigants. Prévôt et Letourneur ont traduit en français les romans de Richardson. Ils étaient fort à la mode à la fin du dernier siècle : Diderot surtout en était enthousiaste. On les lit peu aujourd'hui. Jules Janin a donné en 1846 une Clarisse Harlowe abrégée, qui fait de ce roman un livre presque nouveau et d'une lecture plus facile. Mistriss Barbauld a donné en 1804 la Correspondance de Richardson ; Walter Scott lui a consacré une intéressante notice dans la Biographie des romanciers.

RICHARDSON (Jonathan), peintre de portraits, né à Londres en 1665, m. en 1745, se distingue par la force et le relief du coloris, mais manque d'élégance et de style. Il voyagea en Italie, où il forma une riche collection de tableaux, dessins et objets d'arts. Il a laissé un Traité de peinture et de sculpture, Londres, 1719, ouvrage médiocre, qui cependant a été trad. en français par Rutgers, 1728.

RICHELET (Pierre), grammairien, né en 1631 à Cheminon (Marne), m. en 1698, fut d'abord régent au collège de Vitry-le-Français, puis précepteur à Dijon, se fit recevoir avocat à Paris et abandonna enfin les affaires pour les lettres. Il se fit beaucoup d'ennemis par son humeur caustique. Il est surtout connu par son Dictionnaire français, Genève, 1680, in-4, le premier dictionnaire qui ait été rédigé sur un plan philosophique : souvent réimprimé, cet ouvrage a été refondu et amélioré par de Wailly. On a en outre de lui : la Versification française, 1671; les Commencements de la langue française ou Grammaire tirée de l'usage et des bons auteurs, 1694, et un recueil intitulé Les plus belles Lettres françaises, sorte de manuel épistolaire. Le Dictionn. des rimes, qui lui est généralement attribué, n'est qu'un remaniement de celui de Frémont d'Ablancourt.

RICHELIEU, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), à 21 kil. S. E. de Chinon, sur la Mable; 2601 hab. Ville régulièrement bâtie, Sucre de betterave, eau-de-vie, huiles, etc. Berceau de la famille de Richelieu. Ce n'était jadis qu'un village ; il fut reconstruit par le cardinal, qui le fit ériger en duché-pairie. L'ancien château a été détruit au début de ce siècle.

RICHELIEU (Armand DU PLESSIS, cardinal, duc de), célèbre ministre de Louis XIII, né à Paris en 1585, était d'une maison noble du Poitou, originaire du bourg de Richelieu, et avait pour père François du Plessis, capitaine des gardes de Henri IV. Il fut d'abord destiné aux armes, puis reçut les ordres et fut sacré en 1607 évêque de Luçon, n'ayant que 22 ans. Député aux États généraux en 1614 par le clergé de Poitou, il s'y fit remarquer, sut plaire au maréchal d'Ancre, qui disposait de tout, et à Marie de Médicis, alors régente, fut nommé aumônier de cette princesse (1615), puis secrétaire d'État pour, l'intérieur et la guerre (1616). Il suivit en 1617 à Blois la reine mère, alors en disgrâce, mais sans se brouiller avec Louis XIII : chargé de négocier un accommodement entre la mère et le fils, il réussit dans cette mission délicate et fit conclure les traités d'Angoulême (1620) et d'Angers (1621) : le chapeau de cardinal lui fut donné en récompense (1622). Il entra en 1623 au conseil par la protection de la reine et presque malgré Louis XIII, qui avait de la répugnance pour sa personne, et il y montra une telle supériorité qu'il fut bientôt nommé premier ministre. Arrivé au souverain pouvoir, il forma trois grandes entreprises qu'il ne perdit jamais de vue : détruire la puissance politique du protestantisme en France, abattre l'orgueil et l'esprit factieux de la noblesse, et abaisser la maison d'Autriche. Dirigeant d'abord ses efforts contre les Protestants, il leur reprit, en 1626, l'île de Ré, leur enleva, en 1628, leur dernier boulevard, La Rochelle, en fermant le port par un môle gigantesque, et anéantit leur puissance par la paix d'Alais et l'édit de Nîmes (1629), qui leur enlevaient leurs privilèges politiques. Dans le même temps, il replaçait sous la domination de la Suisse la Valteline, que l'Espagne lui disputait (1626), assurait au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le Pas de Suze (1629), s'emparait des États du duc de Savoie (1630), et se préparait à combattra l'Autriche. Prenant part dans ce but à la guerre de Trente ans, il ne craignit pas de soutenir le parti protestant en Allemagne, s'unit à Gustave-Adolphe, roi de Suède, qui était à la tête de ce parti (1630), seconda ce prince de tout son pouvoir dans ses efforts contre l'Autriche, et, après sa mort (1632), solda les troupes de Bernard de Weimar, qui l'avait remplacé; puis, combattant ouvertement l'Autriche (1634-41), il attaqua cette maison dans toutes ses possessions à la fois, dirigea des armées en Alsace, dans les Pays-Bas, en Italie, en Catalogne, obtint partout des succès et prépara la prépondérance de la France qu'assurèrent après sa mort les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659). Ce qui coûta le plus de peine à Richelieu, ce furent ses luttes contre les grands : il eut à déjouer mille cabales, et compta parmi ses principaux adversaires la reine mère, Marie de Médicis, devenue jalouse de l'ascendant qu'il exerçait sur le roi, la reine régnante, Anne d'Autriche, le frère du roi, Gaston d'Orléans, le duc de Bouillon, le comte de Soissons et tous les favoris de Louis XIII. Un jour, tous ses ennemis conjurés avaient déterminé le faible roi à l'éloigner; mais, averti à temps, il va le trouver à Versailles, reprend tout son pouvoir et fait subir à ses ennemis le sort qu'ils lui destinaient : à la suite de cette journée (11 novembre 1630), qui fut appelée la Journée des dupes, le garde des sceaux Marillac fut exilé ; son frère, le maréchal de Marillac, condamné à mort comme coupable de péculat, le maréchal de Bassompierre envoyé à la Bastille. Ne pouvant réussir auprès du roi, les grands cherchèrent un appui chez l'étranger, et excitèrent plusieurs révoltes : toujours instruit à temps de leurs complots, Richelieu sut les faire échouer. Il exila la reine mère à Bruxelles (1631), réduisit à la soumission Gaston d'Orléans, qui avait pris les armes, vainquit à Caslelnaudary le duc de Montmorency, qui avait trempé dans la révolte du prince, le fit condamner à mort et exécuter à Toulouse (1632) ; livra quelques années après au comte de Soissons et au duc de Bouillon, ligués avec l'Autriche, une Bataille où le comte trouva la mort (bat. de la Marfée, 1641), fit trancher la tête à Cinq-Mars, favori de Louis XIII, qui traitait avec l'Espagne, et n'épargna pas même le jeune De Thou, coupable de n'avoir pas révélé le complot (1642). Richelieu mourut peu de temps après cette dernière exécution, le 4 décembre 1642. Il n'avait pu terminer les guerres qu'il avait entreprises, mais il avait déjà assuré partout le succès des armes françaises. Ce ministre est incontestablement le plus grand qui ait gouverné la France; il eut de grandes vues et en poursuivit l'exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables, mais on l'accuse de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. Il s'occupa de l'administration intérieure aussi bien que de la direction politique; rétablit l'ordre dans les finances, réforma la législation (V. Code MICHAUD), créa une marine, donna une grande extension à nos établissements coloniaux, fit occuper le Canada, les Petites-Antilles, St-Domingue, la Guyane, le Sénégal, etc. ; en outre, il favorisa les lettres et créa l'Académie française (1636). Il est fâcheux qu'il ait voulu lui-même être auteur (il ne fit que des pièces médiocres, Mirame, tragi-comédie, la Grande pastorale), et qu'il se soit montré jaloux du grand Corneille après avoir commencé par le protéger. On lui doit plusieurs établissements utiles: il construisit le collége du Plessis (attenant à celui de Louis le Grand), répara la Sorbonne et en rebâtit l'église (où l'on voit encore auj. son mausolée), agrandit la Bibliothèque et l'imprimerie royale, fonda le Jardin du Roi. Richelieu s'était fait construire au centre de Paris un palais magnifique qu'on nommait le Palais-Cardinal (auj. Palais-Royal) ; il le légua à Louis XIII. Il a laissé, outre quelques écrits théologiques, des mémoires fort curieux, publiés d'abord en partie sous les titres de : Histoire de la Mère et du Fils; puis, d'une manière plus complète, dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France, de Petitot, 1823 ; un Testament politique, dont la meill. édition est due à Foncemagne, 1764, et qui renferme de précieuses leçons de politique : cette pièce, longtemps contestée, est auj. reconnue authentique. On lui attribue à tort le Journal de M. le cardinal de Richelieu durant le grand orage de la cour (1630 et 31), Amst., 1664, écrit indigne de lui. M. Avenel a publié ses Lettres, instructions et papiers d'État, 1853-63 (dans les Documents inédits de l'hist. de France). Sa Vie a été écrite par Aubery, J. Leclerc. René Richard; A. Jay a donné l’Hist. du ministère de Richelieu, Paris, 1815, M. Capefigue, Richelieu et Mazarin, 1835 , et M. Caillet l’Administration de Richelieu (couronnée par l'Institut), 1858 et 1861. — Le cardinal avait un frère, Alph. Louis du Plessis Richelieu, m. en 1653 à 71 ans, qui occupa successivement les sièges de Luçon, d'Aix, de Lyon, et devint aussi cardinal ; et 2 sœurs, dont l'aînée, Françoise du Plessis-Richelieu, fut mariée à René de Vignerod, seigneur de Pont-Courlay. Il laissa son nom et ses armes à son petit-neveu, Armand Jean du Plessis, général des galères, et père du duc de Richelieu (qui suit).

RICHELIEU (L. Fr. Armand DU PLESSIS, duc de), maréchal de France, petit-neveu par les femmes du cardinal, naquit à Paris en 1696, et fut d'abord connu sous le nom de duc de Fronsac Marié et présenté à la cour dès l'âge de 14 ans, il y obtint un grand succès ; il fut peu après mis à la Bastille, sur la demande de son propre père, pour quelque fredaine, et n'en sortit que 14 mois après, pour se rendre auprès de Villars, qui le prit pour aide de camp. Sous la Régence, il fut le compagnon de débauche et souvent le rival du duc d'Orléans; il n'en fut pas moins mis deux fois à la Bastille par ce prince : l'une pour un duel, l'autre pour avoir trempé dans la conspiration de Cellamare. Nommé en 1725 ambassadeur à Vienne par le crédit de la marquise de Prie, maîtresse du duc de Bourbon, qui gouvernait alors, il s'acquitta fort bien de cette mission, opéra, malgré l'Espagne, un rapprochement entre la France et l'Autriche, et signa en 1727 les préliminaires d'une paix avantageuse. Il servit avec distinction sous Berwick en 1733, se signala aux sièges de Kehl et de Philippsbourg, fut fait maréchal de camp en 1738, puis lieutenant général (1744) et gouverneur du Languedoc. Nommé premier gentilhomme de la chambre, il acquit bientôt un grand ascendant sur l'esprit du jeune roi; on l'accuse même d'avoir beaucoup contribué à dépraver ses mœurs. Il se signala dans la campagne de Flandre en 1745, surtout à la bataille de Fontenoy, où il décida le gain de la bataille. Ambassadeur à Gènes en 1748, il fut chargé par les Génois du commandement de leurs troupes, et réussit à repousser les attaques des Autrichiens et des Anglais : il reçut à son retour le bâton de maréchal avec le gouvernement de Guyenne et de Gascogne. Dans les années suivantes, Richelieu alla attaquer l'île de Minorque et s'empara de Port-Mahon (1756), place qui passait pour imprenable, commanda l'armée du Hanovre, battit le duc de Cumberland, et conquit tout le Hanovre en un mois; mais il ne sut pas profiter de la victoire, et fut rappelé après la convention de Closterseven (1757) : on attribua ce rappel à Mme de Pompadour, à la fille de laquelle il avait refusé d'unir son fils, le duc de Fronsac. Il ne vécut depuis qu'en homme privé, tout occupé d'intrigues et de plaisirs. Devenu le doyen des maréchaux, il fut nommé en 1781 président du tribunal du point d'honneur. Il poussa sa carrière jusqu'à l'âge de 92 ans, sans presque éprouver d'infirmités, et mourut en 1788. Quoique fort peu lettré, et sachant à peine l'orthographe, il avait été reçu à l'Académie française dès l'âge de 24 ans. Il fut l'ami et le protecteur de Voltaire. Le duc de Richelieu passait pour être l'homme le plus aimable et le plus séduisant de son siècle ; aussi eut-il une grande réputation de galanterie. Il fut marié trois fois; la dernière à 84 ans. On a sous son nom des Mémoires (1790, 9 vol. in-8), qui ont été rédigés par Soulavie d'après des documents qu'il avait fournis lui-même, mais qui ont été désavoués par sa famille; ils ont été abrégés par F. Barrière, 1858. Une Vie privée du maréchal de R. publiée en 1791 sans nom d'auteur est un mélange de vrai et de faux.

RICHELIEU (Armand Emmanuel DU PLESSIS, duc de), ministre sous Louis XVIII, né à Paris en 1766, était petit-fils du maréchal. Il émigra en 1789, alla en Russie, servit avec distinction sous le général Souvarov contre les Turcs, obtint la faveur de l'impératrice Catherine, puis de l'empereur Alexandre, fut nommé en 1803 gouverneur d'Odessa, colonie naissante, dont il fit bientôt une ville importante, et fut au bout de 18 mois chargé du gouvernement de toute la Nouv.-Russie, où il introduisit la civilisation. Rentré en France en 1814, il fut nommé l'année suivante ministre des affaires étrangères et président du conseil. Profitant de l'affection que lui portait l'empereur de Russie, il fit alléger les charges qui pesaient sur la France et réduire la durée de l'occupation. Il se retira du ministère peu après avoir obtenu ce résultat (1818) : les chambres lui votèrent, comme récompense nationale, une dotation de 50 000 fr. de rente; mais il ne l'accepta que pour fonder un hospice dans la ville de Bordeaux. Rappelé à la présidence du conseil après l'assassinat du duc de Berri (1820), il eut à réprimer l'esprit d'indépendance et de mécontentement qui se montrait partout; il perdit dans cette lutte une grande partie de sa popularité et se vit bientôt obligé à quitter de nouveau les affaires (1821). Il mourut peu après, en 1822, universellement estimé. Le duc de Richelieu était de l'Académie française ; son Éloge y fut prononcé par Dacier, son successeur.

RICHEMONT (Arthur DE BRETAGNE, comte de), 2e fils de Jean V, duc de Bretagne, né en 1393, fut connétable de France sous Charles VII (1425), chassa les Anglais de Normandie et de Guyenne, après s'être défait de Giac, de Beaulieu, de La Trémoille, indignes ministres du roi, s'associa aux exploits de Jeanne d'Arc et de Dunois, rétablit la discipline dans l'armée, et créa les compagnies d'ordonnance. Il devint duc de Bretagne en 1457 sous le nom d'Arthur III; mais il mourut dès 1458.

RICHEPANCE (le général Ant.), né à Metz en 1770, m. en 1802, fut fait général de brigade dès 1796, servit sous Moreau à l'armée du Rhin, eut une part importante à une foule de combats, et décida, par une manœuvre intrépide, le gain de la bataille de Hohenlinden (1800). Nommé en 1802 commandant de la Guadeloupe, il comprima l'insurrection des noirs de cette île, mais il fut emporté par la fièvre jaune peu après. Une rue de Paris a reçu son nom.

RICHER, moine de St-Remi de Reims au Xe s., m. en 1010, fut chargé par Gerbert, alors archevêque de Reims, de rédiger une Chronique, qui s'étend de 882 à 998. Cette Chronique, qui n'a été découverte qu'en 1833 par Pertz dans la biblioth. de Bamberg, renferme de précieux renseignements sur la chute des Carlovingiens et l'avènement des Capétiens, ainsi que sur les irruptions normandes de 885 à 888 et sur la lutte de Louis d'Outre-mer et de Lothaire avec Hugues le Grand. Elle a été publ. avec une trad. française par Guadet, 1845.

RICHER (Edmond), syndic de la faculté de théologie, né en 1560 à Chaource (Aube), m. en 1631, fit paraître en 1611 un traité De ecclesiastica et politica potestate, et en 1616 une Apologie de Gerson, où il professait, au sujet des droits politiques et des libertés gallicanes, des doctrines hardies qui le firent condamner en France et à Rome, et qui lui firent perdre son syndicat. On a en outre de lui un traité d'éducation, Obstetrix animorum, 1600, et une bonne édition des Œuvres de Gerson, 1607. A la fin de sa vie, il rétracta ses erreurs.

RICHER (Henri), avocat au parlement de Rouen, né en 1685, m. en 1748, a traduit en vers les 8 premières héroïdes d'Ovide, a composé 2 faibles tragédies (Éponine et Sabinus, Coriolan), 12 livres de Fables (1729-44) qui sont estimées, et une Vie de Mécène.

RICHER (Franç.), jurisconsulte, né en 1718 à Avranches, m. en 1790, a donné, outre diverses éditions, le recueil intitulé : les Causes célèbres, 1772-88, 22 vol. in-12. — Son frère, Adrien R., 1720-98, a laissé, entre autres compilations : Vies des hommes illustres depuis la chute de l'Empire romain, 1756, Vies des plus célèbres marins, 1784-89, 13 vol. in-12.

RICHER D'AUBE. V. D'AUBE.

RICHER DE BELLEVAL. V. BELLEVAL.

RICHERAND (le baron Anthelme), habile chirurgien, né à Belley en 1779, m. à Paris en 1840, ouvrit à Paris, dès l'âge de 20 ans, des cours particuliers qui attirèrent la foule, fit paraître en 1802 ses Nouveaux éléments de physiologie, qui obtinrent un grand succès, fut de bonne heure-nommé chirurgien en chef de l'hôpital St-Louis, professeur à l'École de Médecine, et remplit ces fonctions jusqu'à sa mort. Outre ses Éléments de physiologie, qu'il améliora progressivement, on a de lui : Nosographie chirurgicale, 1805 et 1821 ; Des erreurs populaires relatives à la médecine, 1809; Hist. des progrès récents de la chirurgie, 1825. Richerand visa surtout au mérite de propagateur de la science; il brille par la pureté et l'élégance du style autant que par la lucidité. Quoique lié avec Cabanis et la société d'Auteuil, ce profond physiologiste n'adopta jamais leurs doctrines désolantes de matérialisme et d'athéisme.

RICHIER (Ligier), sculpteur lorrain du XVIe s., né vers 1500 à St-Mihiel (Meuse), m. vers 1572, étudia sous Michel-Ange et ne fut pas indigne d'un tel maître. Son œuvre capitale est le Sépulcre du Christ, dans l'église St-Étienne de sa ville natale : la passion du Sauveur y est représentée dans 13 figures de grande proportion. On cite aussi de lui un Crucifix, l’Évanouissement de la Ste Vierge, et une Notre-Dame de pitié, en bois, dans l'église St-Michel de St-Mihiel. M. J. Bonuaire, de Nancy, a décrit son Œuvre.

RICHMOND, v. d'Angleterre (York), à 65 kil. N. O. d'York ; 5000 hab. Immense château fort en ruines, bâti par Alain de Bretagne, 1er comte de Richmond et gendre de Guillaume le Conquérant. Patrie de Middleton. — Le comté, dont Henri Tudor (depuis Henri VII) portait le titre, fut réuni à la couronne par Henri VIII, érigé en duché par ce prince et donné à son fils naturel Henri, qui mourut sans héritiers (1535). Le titre de duc de Richmond appartint depuis à la maison de Lenox.

RICHMOND, autre v. d'Angleterre (Surrey), à l5 kil. O. S. O. de Londres, sur la Tamise, r. dr., et sur un chemin de fer; 8000 h. Résidence royale, beaux jardins, observatoire. La beauté de sa situation l'a fait surnommer le Tivoli, le Montpellier de l'Angleterre. Ce lieu portait d'abord le nom de Shene ; il doit son nom actuel au roi Henri VII comte de Richmond, qui l'habita et y mourut en 1609.

RICHMOND, v. des États-Unis, capit. de l’État de Virginie, sur la r. g. du James-River, vis-à-vis de Manchester, à 180 kil. S. O. de Washington; 32 000 hab. Évêché catholique, consulat français. Bon port, belle ville : capitole (bâti sur le modèle de la Maison Carrée de Nîmes), église épiscopale, bibliothèque. Fonderie de canons, manufactures d'armes, de tabac, raffinerie de sucre. Aux env., riches mines de houille et de fer. — Cette ville fut fondée en 1742 par l'Assemblée de la Virginie et devint capitale du pays en 1780. Choisie pour capitale des États sécessionnistes en 1861, elle a joué un grand rôle dans la guerre civile des États-Unis. Le général fédéral Mac-Clellan fut battu sous ses murs le 18 juillet 1862.

RICHMOND (Ch. LENOX, duc de), petit-fils de Ch. Lenox, fils naturel que Charles II avait eu de la duchesse de Portsmouth, né en 1735, mort en 1806, fit une vive opposition à lord Bute et à G. Brenville (1763), devint secrétaire d'État dans le cabinet de Rockingham, puis, étant sorti du pouvoir, présida les délégués des sociétés constitutionnelles de la Grande-Bretagne, qui voulaient la réforme parlementaire , et occupa enfin le poste de grand maître de l'artillerie (1782-95). Ce seigneur aimait beaucoup les arts : jouissant d'une immense fortune, il l'employait à encourager les artistes ; il créa en leur faveur des cours gratuits et des prix annuels.

RICHMOND (Henri TUDOR, comte de). V. HENRI VII.

RICHOMME (Théod.), graveur, 1785-1849, remporta en 1806 le grand prix, fit à Rome une étude particulière des œuvres de Raphaël et de Jules Romain et les reproduisit avec une admirable perfection. Il a aussi gravé d'après les grands peintres contemporains, Gérard, Guérin, Ingres, etc. Il fut admis à l'Institut en 1826. RICHTER (Matthieu), historien. V. JUDEX (Matth.).

RICHTER (Jérémie Benjamin), chimiste, né en 1762 à Hirschberg en Silésie, m. en 1807, fut essayeur des mines à Breslau, puis attaché à la manufacture de porcelaine de Berlin. On lui doit de savantes recherches sur le palladium, le nickel, le cobalt, la glucine, etc.; mais il a surtout bien mérité de la science par la découverte de la loi des proportions des éléments chimiques, loi formulée depuis par Berzélius ; ses recherches sur ce point important sont consignées dans ses Rudiments de Stœchiométrie ou Art de mesurer les éléments chimiques, 3 v. in-8, Breslau, 1792-94.

RICHTER (J. P. Fr.), dit communément Jean Paul, écrivain allemand, né en 1763 à Wunsiedel en Franconie, m. en 1825, fut conseiller aulique du duc de Saxe-Hildburghausen, s'établit à Weimar, où le prince primat Ch. de Dalberg lui faisait une pension, que lui continua le roi de Bavière, et passa les dernières années de sa vie à Bayreuth. Ses principaux ouvrages sont : Choix fait parmi les papiers du diable, 1782 ; les Procès groënlandais, 1783; l'Hespérus, 1795; Quintus Fixlein, 1796 et 1800; Entretiens biographiques et amusants sur le crâne d'une géante; la Vallée de Campan, 1797; Palingénésie, 1798; Titan, 1800-1803; les Années d'un écolier, 1805; Levana ou Leçons d'éducation, 1807; Introduction à l'esthétique, 1814 (trad. en 1862 par A. Büchner et L. Dumont). Jean Paul se distingue par l'originalité, la délicatesse et une sentimentalité rêveuse ; mais chez lui le trivial est souvent voisin du sublime, et en visant sans cesse à l'effet il manque de naturel. Du reste, ses écrits offrent de grandes vues pour la réforme de l'ordre social. Ses Œuvres choisies ont été trad. par Philarète Chasles, 1834-38, 4 vol. in-8.

RICIMER, général romain , d'origine suève, était par sa mère petit-fils du roi goth Wallia. Admis au service des empereurs d'Occident, il parvint promptement par sa valeur aux premiers grades, fut fait consul en 459 et disposa pendant 18 ans de l'empire à son gré : il détrôna Avitus (456), le remplaça par Majorien, qu'il fit bientôt assassiner (461), puis donna la pourpre à Libius Sévère, toléra l'élévation d'Anthemius au suprême pouvoir (467), et devint gendre de ce prince ; mais bientôt il le fit égorger lui-même et le remplaça par Olybrius (472). Il mourut 40 jours après.

RIDEAU, riv. de l'Amérique du Nord (Bas-Canada), sort du lac Rideau et tombe dans l'Ottawa par 73° 33' long. O;, 45° 22' lat. N., après un cours de 200 kil. Près de son embouch., chute de 29m de haut.

RIDING, mot anglais qui signifie en général l'espace qu'on peut parcourir à cheval, désigne en particulier les divisions territoriales du comté d'York : East-Riding, West-Riding, North-Riding.

RIDOLFI (Ch.), peintre et écrivain, né en 1602 à Lonigo, près de Vicence, mort en 1660, a peint pour les églises de Venise plusieurs tableaux estimés, et a donné : Vie de Jacq. Robusti (le Tintoret), Venise, 1642; Vie de Charles Cagliari (fils de Paul Véronèse), 1646 ; Vies des peintres vénitiens (1648), ouvrage justement estimé, qui valut à l'auteur de la part de la république de Venise un chaîne et une médaille d'or.

RIDUNA, nom latin de l'île d’Alderney.

RIÉGO ( Raphael del), l'auteur de la révolution espagnole de 1820, naquit en 1785, dans les Asturies, combattit les Français en 1808, fut fait prisonnier et s'initia pendant sa captivité aux idées libérales, recouvra la liberté en 1814, et fut nommé lieutenant-colonel du régiment des Asturies. Il fut un des principaux acteurs de la conspiration de Cadix en 1819 : quand Quiroga et ses autres compagnons eurent été arrêtés, il leva l'étendard de l'insurrection et proclama la Constitution des Cortès de 1812 (1er janv. 1820). Il délivra Quiroga, parcourut l'Andalousie, contraignit Ferdinand VII à accepter la Constitution, fut nommé maréchal de camp et capitaine général de l'Aragon, élu député aux Cortès en 1822 et devint président de cette assemblée. Chargé en 1823 par le parti constitutionnel du commandement des troupes stationnées à Malaga, il arrêta Ballesteros; mais il voulut en vain s'opposer aux progrès de l'armée française que Ferdinand avait appelée à son secours, se vit forcé de fuir après avoir été grièvement blessé, fut pris et livré au gouvernement du roi, qui le fit condamner à être pendu : il subit le 5 nov. 1823 ce supplice ignominieux. C'est lui qui avait composé en 1820 l’Hymne patriotiq. qui porte son nom.

RIENZI (Colà GABRINO, dit), tribun de Rome, né à Rome en 1310 ou 1313, était fils d'un cabaretier, mais n'en reçut pas moins une éducation soignée. Il était notaire apostolique, et avait fait partie d'une députation chargée de prier Clément VI de venir résider a Rome, quand, pour faire cesser l'anarchie dont souffrait cette ville, il proclama, le 20 mai 1347, une constitution nouvelle : il chassa de Rome les barons qui l'opprimaient, fit exécuter les bandits, et reçut les titres de tribun et de libérateur avec un pouvoir dictatorial. Il forma alors le plan gigantesque de réunir l'Italie en une république unique, dont Rome serait le centre : Pérouse, Arezzo se soumirent à lui, d'autres villes y étaient aussi disposées; mais les nobles de la campagne marchèrent alors contre Rome, et le peuple, que le libérateur s'était aliéné par son arrogance et sa tyrannie, refusa de s'armer pour le défendre. Rienzi se réfugia au château St-Ange, puis s'enfuit à Prague près de l'emp. Charles IV (1348). Ce dernier le livra au pape. Clément VI, qui allait le mettre à mort lorsqu'il expira lui-même (1352). Innocent VI, son successeur, imagina de mettre à profit, pour rétablir son autorité dans l’État ecclésiastique, l'éloquence de l'ancien tribun : il le nomma sénateur de Rome et le mit sous la direction de son légat le cardinal Albornoz. Reçu à Rome avec enthousiasme, Rienzi signala son 2e gouvernement par une sage énergie, et fit trancher la tête au fameux brigand Montréal, qui parcourait l'Italie avec une troupe de 20 à 30 000 hommes; mais il s'aliéna de nouveau les esprits et fut massacré dans une insurrection (8 oct. 1354). Rienzi était fort lettré pour l'époque; il était lié d'une étroite amitié avec Pétrarque. Sa Vie a été écrite par le P. Ducerceau (1734) et par Dujardin Boispréaux (1743). Gustave Drouineau a donné en 1826 une tragédie de Rienzi.

RIESENGEBIRGE (c.-à-d. Montagne des Géants), Asciburgius mons, chaîne de montagnes de l'Allemagne orientale, sur les frontières de la Bohême et de la Silésie, entre les bassins de l'Elbe et de l'Oder, continue au N. O. les monts Sudètes, et se joint vers l'O. aux montagnes de Lusace; elle a une longueur d'env. 80 kil., et donne naissance aux deux Neisse, affluents de l'Oder, à l'Iser et à la Métau, affluents de l'Elbe, ainsi qu'à l'Elbe et à la Queiss. Ses principaux sommets sont le Schneekoppe (1650m), le Sturmhaube (1513m), et le Tafelfichte (1125m).

RIETI, Reate, v. du roy. d'Italie, sur le Velino, à 65 kil. N. E. de Rome ; 12 000 hab. Évêché, fondé au Ve s. Ville ancienne; endommagée par le tremblement de terre de 1785. Les Français y battirent les Napolitains en 1798. Anc. ch.-l. de délégation de l’État ecclésiastique, réuni depuis 1860 au roy. d'Italie.

RIEUMES, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 19 k. O.S.O. de Muret; 2302 hab. Belle forêt.

RIEUPEYROUX, ch.-l. de c. (Aveyron),à25kil. S. E. de Villefranche ; 3752 hab.

RIEUX, Rivi, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur l'Arize, à 26 k. S. de Muret ; 1994 hab. Aux env., grotte naturelle très-curieuse. Draps, faïence. Jadis évêché (créé par Jean XXII en 1318); anc. cathédrale, clocher remarquable par sa hauteur et sa légèreté. — Il y a dans l'anc. Bretagne, auj. dans le dép. du Morbihan, un autre Rieux, à 6 k. S. O. de Redon.

RIEUX (Jean de), né vers 1342, m. en 1417, issu des ducs de Bretagne, servit d'abord les Anglais, puis passa au service de Charles VI, défit en 1404 les Anglais qui ravageaient la Bretagne et fut fait maréchal. — Son fils, Pierre de R., seigneur de Rochefort, 1389-1439, lui succéda dans la dignité de maréchal, seconda Jeanne d’Arc à Orléans, défendit St-Denis contre les Anglais (1435), leur reprit Dieppe et les força à lever le siège d’Harfleur. Étant tombé au pouvoir du commandant de Compiègne, Guillaume de Flavy, dévoué aux Anglais, il fut jeté dans une prison où on le laissa mourir de misère. — Un autre Jean de R., petit-neveu de Pierre, 1437-1518, fut maréchal de Bretagne et lieutenant général des armées du duché, eut la tutelle d’Anne de Bretagne, fut nommé par Louis XII commandant du Roussillon, et chargé de défendre la Bretagne contre une descente des Anglais. — Jean de R., fameux ligueur, défendit avec succès le château de Pierrefonds contre Épernon (1591), puis contre Biron, secourut Noyon assiégé par Henri IV, fut sur le point de prendre ce prince par embuscade dans la forêt de Compiègne, mais tomba lui-même aux mains des royalistes, et fut pendu à Compiègne en 1593 : il avait commis toutes sortes de brigandages.

RIEZ, Reii Albiœci, ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 32 k. S. O. de Digne ; 2386 hab. Cardes, tanneries ; huile, amandes, truffes ; bons vins. Belles ruines (rotonde romaine). — Jadis capitale des Reii et évêché, dont S. Prosper fut le 1er évêque. Deux conciles furent tenus à Riez en 439 et 1285.

RIFF (le), de ripa, rive ? partie du Maroc, entre l’Atlas et la Méditerranée, le Garet à l’E. et l’Hasbat à l’O. Habitants à demi sauvages, adonnés à la piraterie.

RIGA, v. forte et port de la Russie d’Europe, jadis capit. de duché de Livonie et auj. du gouvt de Riga ou de Livonie propre, sur la Dwina occid., à 660 kil. S. O. de St-Pétersbourg et à 15 kil du golfe de Riga ; 58 000 hab. Consistoire luthérien, cour d’appel, consulats. Assez bien fortifiée du côté de la mer ; belles rues, quelques édifices remarquables : hôtel de ville, bourse, arsenal, ancien château des grands maîtres de l’ordre Teutonique, hôpital, cathédrale, église St-Pierre, etc. ; colonne de la victoire, élevée en 1817 ; magnifique pont de bateaux de 870m de long ; chemin de fer. Commerce considérable d’exportation en lin, chanvre, bois de construction, peaux, etc. Le port de Riga dispute à Odessa le 2e rang pour l’importance commerciale. — Riga a été fondée en 1200 par l’évêque Albert ; elle eut longtemps des archevêques qui y étaient souverains ; elle se rendit indépendante en 1522, en adoptant la Réforme. Elle passa ensuite sous la domination de la Pologne, 1561, et de la Suède, 1621 ; elle appartient à la Russie depuis 1710. Les Français brûlèrent une partie de ses faubourgs en 1812. — Pour le gouvt de Riga. V. LIVONIE.

RIGA (Golfe de) ou de Livonie, enfoncement de la mer Baltique sur la côte occid. de la Russie, au S. O. du golfe de Finlande, est entouré par les gouvts d’Esthonie au N., de Courtaude au S. E., et fermé par les îles d’Œsel et de Mœn au N. O. : 180 kil. sur 110.

RIGAUD (Hyacinthe), le Van Dyck français, peintre de portraits, né à Perpignan en 1659, m. en 1743, jouit d’une réputation européenne sous Louis XIV et Louis XV, fut le portraitiste de la cour et devint directeur de l’Académie. Son Œuvre se compose de plus de 200 portraits historiés, qui ont été reproduits par les plus habiles graveurs.

RIGAUD (André), mulâtre de St-Domingue, né aux Cayes en 1761, avait été élevé en France. Rival de Toussaint-Louverture, il fut vaincu par lui et se réfugia en France. Laissé en liberté sous surveillance, il s’évada, retourna à St-Domingue, s’y fit chef d’une faction opposée à Pétion, sépara le sud de l’île de l’autorité du président et s’y maintint jusqu’à sa mort en 1811.

RIGAULT (Nic.), en latin Rigaltius, philologue, né à Paris en 1577, m. en 1654, fut successivement conseiller au parlement de Metz, procureur général à Nancy, intendant de la province de Toul. On lui doit des éditions annotées de Phèdre, Martial, Juvénal, Tertullien, Minutius Felix, S. Cyprien, ainsi que diverses collections : Rei accipitrariæ scriptores, 1612 : Rei agrariæ script., 1613.

RIGHI (le), Rigidus mons, montagne isolée de Suisse (Schwytz), entre les lacs de Goldau, de Zug, de Lowerz, et des Quatre-Cantons ; 1850m. Du haut de cette montagne on a une perspective très-étendue.

RIGNAC, c.-l. de c. (Aveyron), à 23 kil. N. O. de Rhodez ; 1850 hab. Étoffes de laine.

RIGNY (A. GAUTHIER, comte de), vice-amiral, né à Toul en 1783, m. en 1835, entra de bonne heurs dans la marine, devint capitaine de vaisseau in 1816, prit en 1822 le commandement de l’escadre du Levant, et reçut l’ordre de soutenir la cause des Grecs. Élevé en 1825 au grade de contre-amiral, il commandait en 1827 l’escadre française à Navarin, et prit une part importante à l’action. Après la victoire, il fut nommé vice-amiral. Depuis 1830, il fut successivement ministre de la marine, ministre des affaires étrangères et ambassadeur à Naples.

RIGOLEY DE JUVIGNY (Ant.), littérateur, né à Dijon, fut avocat, puis conseiller au parlement de Metz, et mourut à Paris en 1788. Il a laissé, outre quelques opuscules et factums, une édition des Bibliothèques françaises de Lacroix du Maine et Duverdier, 1772, une édition des Œuvres de Piron, 1776, édition trop complète, et un Mémoire sur la vie et les ouvrages de La Monnaye. C’était un écrivain médiocre, mais un homme sincèrement pieux, qui combattit avec force les doctrines des philosophes.

RIGORD, Rigordus ou Rigoltus, religieux de St-Denis, m. vers 1207, a laissé une Histoire de Philippe-Auguste (en latin), continuée par Guill. le Breton, et insérée dans l’Historiæ Francorum scriptores de Pithou, dans les Historiens de France (t. XVII) et trad. en français dans la Collection Guizot.

RIG-VÉDA. V. VÉDA.

RILLE (la), riv. de France, sort de l’étang de St-Wandrille (Orne), coule au N. E., arrose L’Aigle, puis entre dans le dép. de l’Eure, se dirigeant au N., puis au N. O., baigne Beaumont-le-Roger, Brionne, Pont-Audemer, reçoit la Charentonne, et tombe dans la Seine, par la r. g., au-dessous de Quillebœuf, après un cours de 140 kil.

RIMINI, Ariminum, v. murée du roy, d’Italie (Forli), près de l’embouch. de la Marecchia, à 45 k. S. E. de Forli ; 18 000 hab. Archevêché. Petit port, château, beau pont romain en marbre. Cathédrale, élevée sur l’emplacement d’un ancien temple de Castor et Pollux et qui renferme les tombeaux des Malatesti, bel arc de triomphe en l’honneur d’Auguste, bien conservé, restes d’un pont antique, etc. Soieries, exploitation du soufre, fabriques d’acide sulfurique et nitrique et de liqueurs, grand commerce de poisson. — Ville très-ancienne : son port, construit en marbre, était renommé. César s’en empara l’an 49 av. J.-C., après avoir passé le Rubicon. Vitigès, roi des Ostrogoths, l’assiégea, en 538 ; elle fut délivrée par Bélisaire. Elle tomba dans la suite au pouvoir des Lombards : elle faisait partie de la Pentapole, qui fut donnée aux papes par Pépin. Les Malatesti, auxquels l’emp. Othon III en avait fait don, y dominèrent du XIIIe au XIVe s. ; elle revint aux papes en 1528. Un tremblement de terre combla son port en 1671.

RIMINI (Françoise de). V. FRANÇOISE.

RIMNIK, v. de Valachie, sur la Rimnik. (affluent du Sereth), à 135 k. N. E. de Boukharest. Les Austro-Russes y battirent les Turcs en 1789 : cette victoire valut à Souvarov le titre de Rimniksky.

RINALDI (Odoric), oratorien, né à Trévise en 1595, m. en 1671, devint supérieur général de sa compagnie. Il continua les Annales ecclésiastiques de Baronius, et en donna les volumes XIII-XXII, qui mènent jusqu’à 1565 : ces volumes ne valent pas ceux de Baronius. Rinaldi a donné lui-même un Abrégé des Annales ecclésiastiques, Rome, 1669, in-fol.

RINTELN, v. murée des États prussiens, chef-lieu de cercle, sur la r. g. du Weser, à 100 kil. N. O. de Cassel ; 4000 hab. Pont de bateaux. Cour d’appel, gymnase, bibliothèque et cabinet de physique. Cette ville avait jadis une université, qui fut supprimée en 1809. Elle fut prise par les Suédois en 1633 et démantelée en 1807.

RINUCCINI (Oct.), poëte florentin, mort en 1621, avait suivi Marie de Médicis en France, et fut gentilhomme de la chambre sous Henri IV. On a de lui de charmantes poésies fugitives et des drames lyriques (Daphné, Eurydice, Ariane à Naxos), qui l'ont fait regarder comme le restaurateur de ce genre. Dans son Eurydice, représentée à Paris en 1600, on nota la déclamation à la manière des anciens, et comme on appelait récitation la déclamation ainsi notée, c'est de là qu'est venu le mot récitatif, consacré depuis. Ses Œuvres ont été imprimées à Florence, 1622.

RIO, mot espagnol et portugais qui entre dans la composition de beaucoup de noms géographiques, veut dire rivière. Pour les noms commençant ainsi qui ne seraient pas ici, cherchez le mot qui suit RIO.

RIOBAMBA, v. de l’Équateur, ch.-l. de la prov. de Chimboraço, à 190 kil. S. de Quito; env. 20 000 hab. Près de là, mines d'argent, volcan de Sangaï. — En 1797 un terrible tremblement de terre détruisit une ville du même nom, qui était voisine de la ville actuelle: 40 000 personnes y périrent.

RIO-BRAVO-DEL-NORTE. V. NORTE (Rio del).

RIO COLORADO (c.-à-d. Fleuve coloré), nom commun à trois fleuves de l'Amérique : 1° le Rio Colorado-du-Mexique, qui prend sa source par 111° de long. O. et 40° de lat. N., coule du N. E. au S. O., et se jette dans la mer Vermeille, après un cours de l 140 k.; il a pour principal affluent le Gila et forme la limite orient. de la Californie. Ce fleuve donne son nom à un territoire des États-Unis formé en 1861 de parties du Kansas, de la Nébraska et de l'Utah; — 2° le Rio Colorado-de-Texas, qui coule du N. au S., et tombe dans le golfe du Mexique par 29° 15' lat. N., après un cours d'env. 750 kil.; — 3° le Rio Colorado-de-Buenos-Ayres, qui naît dans les Andes, sur les limites du Chili, coule du N. O. au S. E. pendant 1300 kil., et se jette dans l'Océan Atlantique par 39° 43' lat. S. et 64° 45' long. O.

RIO-DE-JANEIRO, capit. du Brésil et ch.-l. de la prov. de Rio-de-Janeiro, par 45° 5' long. O., 22° 54' lat. S., sur une superbe baie, dite aussi de Rio-de-Janeiro; 300 000 hab. Résidence de l'empereur; évêché, université, facultés de droit et de médecine, collèges, séminaires; institut historique et géographique, bibliothèque, cabinet de minéralogie, jardin botanique. Port spacieux et magnifique, défendu par les forts Santa-Cruz, Villegagnon, Ilha-das-Cobras, San-Joao. Rio est divisé en 2 villes, la vieille et la nouvelle, séparées par une place immense, le Campo de Sta-Anna. On remarque dans la ville neuve les palais impérial et épiscopal, la monnaie, les 2 arsenaux, la cathédrale, le théâtre San-Pedro, le couvent des Bénédictins, l'aqueduc da Carioca (qui a près de 2 kil. de long.). Chaleur très-forte, tempérée le jour par un vent de mer qui s'élève régulièrement vers 11 heures du matin et dure jusqu'au soir, et la nuit par une brise de terre. Orfèvrerie, et en général industrie assez florissante ; commerce actif, surtout en sucre, café, tabac, bois de construction et d'ébénisterie, cuirs, suifs, diamants bruts. Rio est le principal entrepôt du commerce tant intérieur qu'extérieur du Brésil, et on en exporte toutes les denrées de ce pays. — Cette ville fut fondée par les Portugais en 1556. Les Hollandais s'en emparèrent pendant la guerre de 1635-40, mais ils la rendirent après la révolution qui mit sur le trône de Portugal la maison de Bragance. Duguay-Trouin la prit et la saccagea en 1711. Elle devint en 1763 la capit. du Brésil. La famille royale de Portugal y a résidé de 1808 à 1820. — La prov. de Rio-de-Janeiro, entre celles de Minas-Geraes et d'Espirito-Santo, au N. St-Paul au S. O., l'Atlantique au S., a 400 kil. du S. E. au S. O. et env. un million d'hab. Elle est sillonnée par la Serra-de-Orgaos et la Serra-de-San-Salvador, et arrosée par le Paranahyba. Sol excellent, mais l'agriculture y a longtemps été négligés. Café, cacao, tabac, coton, copal, sandragon.

RIO-DE-LA-HACHA, v. de la Nouv.-Grenade (Magdalena), ch.-l. de la prov. de son nom, à l'embouch. du Rio-de-la-Hacha, à 150 kil. N. E. de Sta-Maria; 5000 hab. Bois de teinture, cuirs. Cette ville, jadis plus florissante, avait une pêcherie de perles, auj. abandonnée. — L'amiral Fr. Drake prit cette ville sur les Espagnols en 1596 et la saccagea; elle fut encore brûlée en 1820.

RIO-DE-LA-PLATA. V. PLATA.

RIO-GRANDE ou RIO-GRANDE-DO-NORTE, prov. du Brésil, au N. E., entre celles de Céara au N. O., de Parahyba à l'O. et au S., l'Atlantique à l'E. et au N. : 400 kil. sur 200; 190 000 hab., ch.-l. Natal. Elle doit son nom à une riv. de Rio-Grande qui l'arrose.

RIO-GRANDE-DO-SUL, prov. du Brésil. V. SAN-PEDRO.

RIOJA, v. de la Confédération de la Plata, capit. de l'État de Rioja, à 1200 k. N. O. de Buénos-Ayres, sur l'Angualasta, près des Andes; 8000 hab. Fondée en 1596. — L'État de R. ne renferme guère que 40 000 h. Il possède la célèbre mine d'argent de Famatina.

RIOJA (Franç. de), poëte espagnol, né à Séville, vers 1600, m. en 1659, était prêtre. Protégé par Olivarès, il fut nommé par Philippe IV historiographe, bibliothécaire du roi et membre du conseil suprême du St-Office ; mais il se fit disgracier pour quelques écrits satiriques. On a de lui des Odes estimées, des Silves, pastorales d'une pureté exquise, des Épîtres et des Satires, parmi lesquelles on remarque le Tarquin espagnol, attribué quelquefois, mais à tort, à Quevedo, son ami.

RIOLAN (Jean), médecin, né à Amiens en 1539, m. en 1605, enseigna l'anatomie et la médecine à la Faculté de Paris, et en devint doyen en 1586. C'était un des meilleurs observateurs de son siècle. Il a laissé beaucoup d'écrits : la plupart ne sont que des commentaires sur les doctrines d'Hippocrate et de Fernel. Sa doctrine sur les fièvres est exposée dans le Tractatus de febribus (1640). — Son fils, nommé aussi Jean R., né à Paris en 1577, m. en 1657, était premier médecin de Marie de Médicis : il suivit cette princesse dans l'exil et ne la quitta qu'à sa mort. Il sollicita et obtint la formation d'un jardin de botanique (auj. le Jardin du Roi), qui fut établi par Louis XIII en 1626. Fort opposé aux nouveautés, il combattit avec violence la médecine chimique. Son principal ouvrage est l’Anthropographie, Paris, 1618, excellente description anatomique de l'homme.

RIOM, Ricomagus ou Ricomum, ch.-l. d'arr. (Puy-de-Dôme), sur une hauteur, et près de la r. g. de l'Ambène, à 14 k. N. de Clermont-Ferrand ; 10 863 hab. Cour d'appel, trib. de 1re inst. et de commerce; collége, hôpital, hospices, salle de spectacle. La plupart des maisons sont construites en lave de Volvic, ce qui leur donne un aspect triste. Colonne de Desaix, né près de là. Toiles, tissus de coton, bougie, eau-de-vie, pâtes d'abricots, de coings et de pommes; commerce en blé, vin, chanvre, huiles, etc. Patrie de Grégoire de Tours (que d'autres font naître à Clermont), de Danchet, d'Anne Dubourg, des deux Sirmond, de Malouet, de Chabrol. Anc. capitale du duché d'Auvergne, depuis 1360.

RIOM-ÈS-MONTAGNES, ch.-l. de cant. (Cantal), sur la Véronne, à 28 kil. E. N. de Mauriac; 2594 h.

RIONI, le Rhéon et le Phase des anciens, riv. de la Russie d'Asie, sort du Caucase dans l'Iméréthie, coule au S., puis à l'O., sépare la Mingrélie de la Gourie, et tombe dans la mer Noire à Poti, après un cours de 250 kil. Il reçoit à droite le Tskenis-Kali, et à gauche la Kouirila. — Les anciens donnaient le nom de Phase à la Kouirila actuelle. Leur Rhéon répondait au Rioni supérieur.

RIO-SECO. V. MEDINA.

RIOT-ACT (de riot, tumulte), statut promulgué en Angleterre à l'avènement de la maison de Hanovre pour la répression des rassemblements tumultueux. RIOUFFE (Honoré, baron), littérateur et homme politique, né à Rome en 1764, fut incarcéré sous la Terreur comme Girondin, devint ensuite membre et président du Tribunat, fut nommé en 1804 préfet de la Côte-d'Or et en 1808 de la Meurthe. Visitant en 1813 les hôpitaux de Nancy, alors infectés du typhus, pour prodiguer aux malades des secours et des consolations, il fut atteint de la maladie et y succomba. On a de lui, outre quelques poésies, les Mémoires d'un détenu, pour servir à l'histoire de la tyrannie de Robespierre, an III, écrit intéressant, réimprimé dans les Mém. de la Révolution.

RIOZ, ch.-l. de cant. (Haute-Saône), à 27 kil. S. de Vesoul; 1001 hab.

RIPAILLE, célèbre château de Savoie, à 2 kil. N. E. de Thonon. Amédée VIII, duc de Savoie (pape depuis sous le nom de Félix V), y établit la principale commanderie de l'ordre de St-Maurice qu'il avait fondé. 11 s'y retira après son abdication (1434), et ne quitta ce séjour que pendant la durée de son pontificat (1440-49). La vie commode et délicieuse qu'il y menait a, dit-on, donné naissance à l'expression proverbiale : faire ripaille.

RIPAULT (l'abbé), philologue et antiquaire, né à Orléans en 1775, mort en 1823, se fit libraire à la Révolution, fut un des rédacteurs de la Gazette de France, fit partie de l'expédition scientifique d’Égypte et fut au retour nommé bibliothécaire du général Bonaparte. On a de lui une Description abrégée des principaux monuments de la Hte-Égypte, et une Histoire de Marc-Aurèle, 1820, écrite du style le plus ampoulé.

RIPERDA (Jean Guill., duc de), aventurier, né vers 1680 a Grœningue d'une famille noble, était colonel d'infanterie lorsqu'il fut nommé ambassadeur de Hollande en Espagne (1718). Il sut plaire à Philippe V, qui le créa duc, et lui confia le ministère des affaires étrangères et des finances; mais, détesté, comme étranger, des nobles espagnols, il finit par tomber en disgrâce et fut détenu à la tour de Ségovie(1726). Il s'évada en 1728, et, après avoir erré en Portugal, en Angleterre, en Hollande, il alla dans le Maroc, où il prit le turban; il reçut même le commandement d'une armée contre les Espagnols, mais, ayant été battu devant Ceuta, il fut mis en prison, puis banni de la ville de Maroc; il mourut a Tétuan en 1737. On a sa Vie en anglais. Londres, 1739, et en français, Amst., même année.

RIPERT-MONCLAR (J. P. Fr., marquis de), magistrat, né à Aix en 1711, m. en 1773. Procureur général au parlement de Provence, déploya dans une foule de Mémoires et de Réquisitoires une connaissance profonde du droit public, en même temps qu'une remarquable éloquence, fut souvent consulté par le contrôleur général Machault sur des questions d'administration, combattit l'impôt du 20e, prit la défense des Protestants, surtout dans la question du mariage, fut chargé en 1768, avec le comte de Rochechouart, de prendre possession du Comtat et soutint dans un mémoire les droits de la France sur ce pays. Ardent adversaire des Jésuites, il publia contre eux en 1762 un célèbre Compte rendu des constitutions de la Société. On a aussi de lui d'éloquents mémoires judiciaires et des commentaires sur l’Esprit des lois de Montesquieu.

RIPHÉES (Monts), chaîne de montagnes que les Grecs plaçaient vaguement dans des parages septentrionaux, et qu'ils éloignaient de plus en plus à mesure qu'ils acquéraient des connaissances plus étendues. Ces monts, qui paraissent se confondre avec les monts Hyperboréens (V. ce mot), étaient représentés comme très-froids et couverts de neige. — Ils ont pu correspondre successivement au Tchardagh, au Balkan, aux Carpathes ou à l’Oural.

RIPON, Rhidogonum, v. d'Angleterre (York), sur l'Ure, à 33 kil. N. O. d'York; 6000 h. Évêché. Pont de 17 arches, canal qui communique avec York, Hull, Londres; église de St-Pierre et de St-Wilfrid (très-ancienne); obélisque de 30m. Il y fut signé en 1640 un armistice entre Charles I et les Écossais révoltés.

RIPUAIRES (FRANCS), V. FRANCS.

RIQUET (Pierre Paul de), créateur du canal du Languedoc, né vers 1604 à Béziers, m. en 1680, était issu des Arrhigetti ou Riquetti, bannis de Florence pendant les guerres civiles. Il conçut le premier le projet d'unir par un canal l'Océan et la Méditerranée, fit goûter ce projet à Colbert et le poussa presque à sa fin. Cet immense travail, commencé en 1666, fut exécuté à ses frais, avec le concours de l'ingénieur Andréossy. Usé par le travail et miné par les contrariétés, Riquet mourut à Toulouse en 1680, 6 mois avant l'achèvement de l'entreprise. — Ses deux fils, J. Matthias, président à mortier au parlement de Toulouse, et P. Paul, comte de Caraman (V. CARAMAN), achevèrent les travaux en 1681. C'est en 1724 seulement que ce magnifique ouvrage, qui avait coûté 34 millions de nos francs, commença à produire un revenu aux héritiers de la famille. Une statue a été élevée à P. Riquet en 1853 sur une des places de Toulouse.

RIQUETTI DE MIRABEAU. V. MIRABEAU.

RIQUIER (S.), abbé de Centule dans le Ponthieu, mort vers 645, est fêté le 26 avril et le 9 oct.

RIS, bg du dép. de Seine-et-Oise, sur la Seine et le chemin de fer de Corbeil, à 27 kil. S. de Paris et à 8 kil. N. O. de Corbeil. Pont suspendu, joli château, avec jardin botanique. Près delà, est Petit-Bourg.

RISBECK (Gaspard), écrivain, né en 1750 à Hœchst près de Francfort, m. en 1786, était fils d'un riche négociant. Il quitta l'étude du droit pour les lettres, dépensa toute sa fortune en voyages, puis se mit aux gages des libraires. Il continua les Lettres sur les moines (ouvrage commencé par Delaroche) ; et donna lui-même un Voyage en Allemagne, 1783, et une Histoire de l'Allemagne, Zurich, 1787.

RISCLE, ch.-l. de cant. (Gers), sur l'Adour, à 46 kil. O. N. O. de Mirande; 2010 hab.

RITTER (J. Guill.), physicien, né en 1776 à Samitz en Silésie, m. en 1810, étudia la médecine à Iéna, et fit de belles expériences galvaniques, qui, en 1804, lui ouvrirent les portes de l'Académie de Munich. Ses ouvrages sont pleins d'idées neuves, mais il se laisse trop entraîner par son imagination. Il croyait à la baguette divinatoire et au magnétisme animal. On a de lui : Preuve que l'action de la vie est toujours accompagnée de galvanisme, Weimar, 1798; Contribution à la connaissance plus particulière du galvanisme, 1801-1802; Mémoires physico-chimiques, 1806; Fragments tirés de la succession d'un jeune physicien, Heidelberg, 1810: c'est une espèce d'autobiographie.

RITTER (Karl), géographe, né en 1779 à Quedlinbourg (Saxe prussienne), m. en 1859, fut d'abord précepteur de jeunes gens, avec lesquels il visita une partie de l'Europe, puis remplaça Schlosser comme professeur d'histoire au collége de Francfort-sur-le-Mein et fut appelé peu après à l'Université de Berlin comme professeur de géographie. Créateur de la géographie scientifique, il entreprit, sous le titre de Géographie générale dans son rapport avec la nature et l'histoire de l'homme, un grand ouvrage qui devait offrir la description du globe envisagé sous toutes ses faces. Il en donna à Berlin, de 1817 à 1818, une 1re édition; mais, trouvant son œuvre imparfaite, il la refondit dans une 2e édition qui, commencée en 1822, n'était pas terminée à sa mort, bien que comprenant déjà 18 volumes : il n'avait pu traiter que l’Afrique et l’Asie. La 1re partie de cet ouvrage a été trad. par Buret et Desor, 1836.

RITTERSHUYS (Conrad), professeur de droit à Altdorf, né à Brunswick en 1560, m. en 1613, a donné une bonne édition d’Oppien, avec trad. lat., Leyde, 1597. — On a de son fils, Nicolas R., 1597-1670 : Genealogia imperatorum, ducum, etc., orbis totius ab anno 1640, 4 v. fol., Tubingue, 1664-84. RIVAROL (Antoine, comte de), écrivain français, né à Bagnols vers 1754, mort en 1801, se fit de bonne heure une réputation dans les salons de Paris par son esprit et sa causticité, partagea en 1784 le prix proposé par l'Académie de Berlin sur la question de l’universalité de la langue française, ce qui lui valut, avec les éloges du grand Frédéric, un fauteuil à l'Académie qui l'avait couronné; prit parti contre la Révolution, fut un des principaux auteurs des Actes des Apôtres, émigra, et, après un séjour à Hambourg, alla mourir à Berlin. Rivarol est resté par ses écrits fort au-dessous de sa réputation : outre son Discours sur l'universalité de la langue française, il n'a laissé que des opuscules de circonstance, entre autres : Petit Almanach de nos grands hommes (1788), écrit ironique qui eut de la vogue. On a aussi de lui une traduction de l’Enfer du Dante. Ses Œuvres ont été recueillies à Paris, 1808, en 5 vol. in-8. Il a laissé des Mémoires (insérés dans la Collection des Mémoires sur la Révolution) : c'est la réimpression du Tableau des travaux de l'Assemblée Constituante, qu'il avait publié dès 1798. Le Dictionnaire de la langue française publié sous son nom en 1828 est un pur mensonge de librairie : cet auteur n'y avait rien fait. On a publié en 1802 l’Esprit de Rivarol. Une édition de ses Œuvres choisies a paru en 1857. M. L. Garmer a donné en 1858 Rivarol, sa Vie et ses ouvrages.

RIVE-DE-GIER, ch.-l. de c. (Loire), sur le Gier, à la prise d'eau du canal de Givors, et sur le chemin de fer de St-Étienne à Lyon, à 22 kil. N. E. de St-Étienne; 14 202 hab. Magnifique bessin dit du Couson, qui alimente le canal de Givors. Grande exploitation de bouille, hauts fournaux, forges, martinets, verreries, manuf. de glaces; filature de laines, moulinage de soie, tulles. Commerce de fer, sel; bois de chêne, houille. Ville industrielle qui prend tous les jours plus d'importance.

RIVES, ch.-l. de c. (Isère), à 34 kil. N. E. de St-Marcellin ; 2506 hab. Station. Acier estimé, dit acier de Rives ; toiles dites de Voiron (parce qu'on va les vendre à Voiron), papeterie, crêpes, foulards.

RIVESALTES, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orient.), sur l'Agly, à 9 kil, N. de Perpignan; 4821 hab. Station. Lames d'épées, acier; vin muscat exquis, distilleries.

RIVET DE LA GRANGE (dom Ant.), bénédictin, né à Confolens en 1683, m. en 1749, fit de l'opposition à la bulle Unigenitus, acheva le Nécrologe de Port-Royal des Champs (Amst., 1723), et fut, à cause de son attachement au Jansénisme, relégué par ses supérieurs dans le monastère de St-Vincent du Mans, où il passa ses trente dernières années. Dom Rivet s'est assuré la reconnaissance de la postérité par son Histoire littéraire de la France, admirable monument dont il a exécuté les 9 premiers volumes, 1733-49, qui a été continué par Clément, et qui est poursuivi de nos jours par l'Académie des inscriptions.

RIVIÈRE (Lazare), médecin, né en 1589 à Montpellier, m. en 1655, devint professeur à la Faculté de Montpellier en 1622, et acquit une grande réputation comme praticien. Ses ouvrages, principalement ses Institutiones medicæ, Leips., 1655, ont longtemps servi de texte à l'enseignement; sa Praxis medica (Paris, 1640) contient beaucoup d'indications thérapeutiques : on y trouve la formule de la potion anti-émétique nommée encore Potion de Rivière.

RIVIÈRE-DU-LEVANT, RIVIÈRE DU PONENT, nom donné aux deux rives ou côtes du golfe de Gênes, l'une à l'E., l'autre à l'O. de Gênes.

RIVINUS (Aug. Quirinus), dont le vrai nom était Bachmann, médecin et botaniste, né à Leipsick en 1652, m. en 1723, était fils d'André Rivinus (1600-56), médecin et philologue distingué. Il professa la physiologie et l'histoire naturelle dans sa ville natale et proposa le premier, dans son Introductio ad rem herbariam (Leipsick, 1690), une classification des plantes fondée sur la forme de la corolle.

RIVOLI, Ripula, Vénétie, près de l'Adige, à 22 k. N. O. de Vérone; 600 hab. Il est célèbre par une victoire du général Bonaparte sur les Autrichiens (14 janv. 1797). Masséna, qui s'y distingua surtout, reçut en récompense le titre de duc de Rivoli.

RIVOLI, v. du roy. d'Italie (Turin), près de la Doire-Ripaire, à 13 kil. O. de Turin; 5000 hab. Château royal où naquit Charles-Emmanuel I (1572), et où fut enfermé Victor-Amédée II, quand il eut tenté de reprendre la couronne.

RIZZIO (David), secrétaire de Marie Stuart, natif de Turin, fils d'un ménétrier, avait été amené en Écosse par l'ambassadeur de Savoie. Il était laid et bossu, mais c'était un chanteur gracieux, un spirituel courtisan, et il sut gagner les bonnes grâces de la reine, qui le prit pour secrétaire. Henri Darnley, 2e mari de Marie Stuart, en conçut de la jalousie et le fit égorger dans l'appartement et sous les yeux mêmes de sa femme, alors enceinte (1566). Marie vengea sa mort par celle de plusieurs des assassins.

ROANNE, Rodumna, ch.-l. d'arr. (Loire), à 80 k. N. N. O. de St-Étienne, sur la r. g. de la Loire et sur un canal; 17 398 h. Trib. de 1re inst., collége. Ville assez bien bâtie, beau quai, bon port sur la Loire; chemin de fer, qui l'unit à St-Étienne et à Lyon. Grand hôpital, jolie salle de spectacle; fabriques de draps, mousselines, calicots, indiennes, filatures, teintureries et tanneries ; grand entrepôt pour les marchandises de Lyon et du Midi. Aux env., mines de plomb et de houille ; vins estimés dits de Renaison et de St-André. Patrie du bénédictin Pernetty et de Champagny, duc de Cadore. — Ville ancienne qui était la capitale du Roannez, mais dont l'importance ne date que du XVIe siècle. Anc. duché, créé en 1566 en faveur de Claude Gouffier, et qui passa depuis dans la maison de La Feuillade.

ROANOKE, riv. des États-Unis, prend sa source en Virginie près de Christiansbourg, coule à l'E. S. E., arrose la Caroline du Nord, et se jette dans l'Atlantique par le golfe d'Albemarle, après un cours de 450 k.

ROATAN, une des îles de la baie de Honduras, vers la côte du Guatemala, à 40 kil. de la côte N. du Honduras, a 45 k. sur 13. Bon port; importante position militaire et commerciale. Occupée dès 1742 par les Anglais, cette île a été déclarée en 1856 libre sous la souveraineté de la république de Honduras.

ROBBÉ DE BEAUVESET (P. Honoré), poëte, né à Vendôme en 1714, m. en 1794, n'a échappé à l'oubli que par le cynisme de ses écrits. Protégé de Mme Dubarry, il fut pensionné par Louis XV. On a de lui le Débauché converti, satire, un recueil d’Œuvres badines (ou plutôt ordurières), des Odes, des Épîtres, des Satires; Mon Odyssée (en 4 chants), les Victimes du despotisme épiscopal (en 6 chants). Il se convertit à la fin de sa vie et écrivit des poésies religieuses.

ROBBIA (Luca della), sculpteur florentin du XVe s., né en 1388, m. vers 1450, seconda Donatello et Ghiberti dans le renouvellement de la sculpture, et se rendit surtout célèbre, ainsi qu'Augustin, son frère, et André son neveu, par l'invention des bas-reliefs en terre cuite ou en faïence émaillée. Parmi les ouvrages de ce genre qui leur sont dus, on cite un médaillon représentant une Vierge à mi-corps tenant l'enfant Jésus (à San-Miniato), et les figures d'enfants en demi-relief qu'on voit sous le portique de l'hôpital des Innocents à Florence. M. Barbet de Jouy a publié : les Della Robbia, étude sur leurs travaux, suivi d'un catalogue de leurs œuvres, 1855.

ROBEC, ROBECCO. V. REBEC.

ROBECK (Jean), né en 1672 à Calmar en Suède. Élevé dans la religion réformée, il se convertit en 1704, entra chez les Jésuites en Westphalie, et séjourna longtemps à Rinteln. Disposé à la mélancolie, il prit la vie en dégoût et se donna la mort en se jetant dans le Weser à Brême (1739) ; avant de mourir il avait rédigé une apologie du suicide : Exercitatio philosophica de morte voluntaria.

ROBERJOT (Claude), était curé à Mâcon, sa ville natale, quand la Révolution éclata. Envoyé à la Convention après la Terreur, il fut nommé commissaire à l’armée de Pichegru, ambassadeur près les villes hanséatiques, puis ministre plénipotentiaire au congrès de Rastadt (1798). Des hussards autrichiens l’égorgèrent, ainsi que son collègue Bonnier, au moment où il quittait Rastadt pour revenir en France (1799).

ROBERT, dit le Fort, tige des Capétiens, descendait, suivant les uns, du saxon Witikind, suivant les autres, de Childebrand, frère de Charles-Martel ; quelques-uns le fond descendre d’un simple boucher. Charles le Chauve l’investit du comté de Paris en 861, puis de la Marche Angevine ou comté d’Anjou (864). Robert combattit les Normands avec une valeur qui lui valut son surnom, mais il finit par périr, accablé sous le nombre, à Brissarthe (Anjou), en 866. Eudes et Robert I, ses fils, devinrent rois de France ; Emma, sa petite-fille, épousa Raoul de Bourgogne, qui occupa aussi le trône (923).

ROBERT I, roi de France, 2e fils de Robert le Fort et frère cadet d’Eudes, fut élu roi à Soissons en 922, en opposition à Charles le Simple, mais fut tué à la bataille de Soissons en 923. Hugues le Grand était son fils, et Hugues Capet son petit-fils.

ROBERT II, le Pieux, roi de France de 996 à 1031, fils de Hugues Capet, fut associé par son père à la couronne dès 988. Excommunié en 998 par le pape pour avoir épousé Berthe de Bourgogne, sa parente, il la remplaça par Constance d’Arles ; mais celle-ci le rendit très-malheureux : ses deux fils se révoltèrent contre lui à l’instigation de leur mère. Robert s’opposa, mais vainement, aux prétentions de l’empereur Conrad II sur le roy. d’Arles, mais il ajouta la Bourgogne à ses domaines après la mort du duc Henri le Grand, son oncle (1015). Son règne fut signalé par d’horribles famines et par de perpétuelles guerres féodales, qui amenèrent l’institution de la Trêve de Dieu (V. ce mot). Ce prince était doux, pacifique et d’une très-grande piété : il se plaisait à chanter au lutrin et composa lui-même plusieurs hymnes.

ROBERT, le Vieux, duc de Bourgogne, 3e fils du roi de France Robert II, tenta inutilement, de concert avec sa mère Constance, de supplanter son frère Henri, qui devait succéder au trône, fut néanmoins investi par ce frère du duché de Bourgogne en 1032, tua son beau-père dans un accès de colère et mourut en 1075, dans un âge très-avancé (d’où son surnom) et après un règne souillé par des violences. C’est lui qui fonda la 1re maison capétienne de Bourgogne.

ROBERT D’ARTOIS, le Vaillant, frère de S. Louis, suivit ce prince en Égypte, livra contre ses ordres la bataille de la Mansourah (1250), y remporta la victoire, mais périt en poursuivant les fuyards. S. Louis avait érigé pour lui l’Artois en comté-pairie (1237). — Son fils, R. Il d’Artois, suivit S. Louis dans sa seconde croisade (1270), puis alla au secours de Charles d’Anjou, roi de Naples, et défit les Aragonais. Il battit les Flamands à Furnes (1297), et périt en leur livrant une nouvelle bataille à Courtray (1302). — R. d’Artois, petit-fils du préc., se vit dépouillé du comté d’Artois par sa tante Mahaut, tenta vainement de se le faire adjuger par le roi de France Philippe de Valois, se retira pour se venger en Angleterre auprès d’Édouard III, excita ce prince à faire la guerre à Philippe et à prendre le titre de roi de France, et reçut d’Édouard III le titre de comte du Richmond. Il périt en 1342, d’une blessure qu’il reçut à Vannes, en combattant dans les rangs des Anglais.

ROBERT I, le Magnifique et le Diable, duc de Normandie, 2e fils du duc Richard II, remplaça en 1028 son frère Richard III, qu’on l’accuse d’avoir empoisonné ; réprima plusieurs révoltes dans ses États, rétablit le comte de Flandre Baudouin IV, soutint le roi de France Henri I contre les rebelles et contribua à lui assurer le trône, obtint en récompense le Vexin français, contraignit le duc de Bretagne à se reconnaître son vassal, et tenta de défendre les enfants d’Edmond, Alfred et Édouard, exclus du trône d’Angleterre par Canut. Pour expier les fautes de sa jeunesse, il alla en pèlerinage à Jérusalem : il mourut à Nicée en 1035, pendant qu’il revenait de ce pèlerinage. Il ne laissait qu’un fils naturel, qui fut le célèbre Guillaume le Conquérant.

ROBERT II, Courte-Heuse (c.-à-d. courte cuisse), duc de Normandie de 1087 à 1134, fils aîné de Guillaume le Conquérant, s’était révolté contre son père pour le forcer à lui céder la Normandie après la conquête de l’Angleterre. Il disputa la couronne d’Angleterre à Guillaume le Roux, son frère, mais sans succès. En 1096, il engagea son duché à ce prince pour se procurer les moyens d’aller à la 1re croisade ; il se couvrit de gloire dans cette expédition, notamment à la prise d’Antioche et à l’assaut de Jérusalem, mais il fut, en son absence, frustré du trône d’Angleterre par son jeune frère Henri Beauclerc, qui même envahit la Normandie. À son retour, Robert revendiqua ses droits, mais il fut battu à Tinchebray, 1106, et enfermé au château de Cardiff, où il resta jusqu’à sa mort.

ROBERT, Guiscard (c-à-d. l’Avisé), duc de Pouille, un des fils de Tancrède de Hauteville, gentilhomme normand, alla en 1046 rejoindre ses frères en Italie, décida par sa valeur la victoire remportée à Civitella sur le pape Léon IX et fit ce pontife prisonnier (1053), succéda à Hurafroy comme comte de Pouille en 1057, conquit la Calabre, se fit donner par Nicolas II le titre de duc de Pouille et Calabre, 1059, enleva aux Grecs les principautés de Salerne et de Bénévent, fut excommunié par Grégoire VII, puis se réconcilia avec lui et lui fit nommage de ses États, passa la mer pour attaquer l’empereur grec, prit Corfou, Durazzo, Butrinto, mais fut forcé de revenir pour protéger ses propres États contre l’empereur Henri IV, délivra Grégoire VII, bloqué par ce prince dans le château St-Ange, et le mit en sûreté à Salerne. Il venait d’entreprendre une nouvelle expédition contre les Grecs lorsqu’il mourut à Céphalonie. À la bravoure, ce prince joignait une habileté remarquable, qui lui valut son surnom. Il aimait les lettres et eut pour secrétaire Jean de Milan, un des fondateurs de l’École de Salerne. Roger, le puîné de ses fils, lui succéda.

ROBERT DE COURTENAY, empereur latin de Constantinople, succéda en 1219 à son père Pierre de Courtenay, fit la guerre à Jean Vatace, empereur de Nicée, mais avec peu de succès. Ayant épousé une femme qui était déjà promise à un chevalier bourguignon, celui-ci se vengea en enlevant cette femme et en lui coupant le nez et la bouche. Robert, épouvanté de cette barbarie, s’enfuit : il allait implorer le pape lorsqu’il mourut en Achaïe (1228). Il laissait un enfant mineur, le jeune Baudouin II.

ROBERT D’ANJOU, le Sage, roi de Naples de 1309 à 1340, 3e fils de Charles le Boiteux, se fit reconnaître roi à la mort de Charles par la protection du pape, à l’exclusion de Charobert, fils de son frère aîné, déjà roi de Hongrie. Il défendit les papes contre l’empereur Henri VII, et fut, après la mort de ce prince, nommé par Clément V vicaire de l’empire en Italie, 1313. Ce prince était renommé pour sa science et aimait les lettres : il accueillit à sa cour Pétrarque et Boccace.

ROBERT, le Bref et le Débonnaire, empereur d’Allemagne de 1400 à 1410, né en 1352, était fils de Robert le Tenace, comte palatin de Bavière, et appartenait à la branche Rodolphine de la maison de Wittelsbach. Élu en 1400, après la déposition de Wenceslas, il essaya vainement de reconquérir le Milanais sur les Visconti. Pendant le Grand Schisme, il se déclara pour l’anti-pape Grégoire XII. Il est le fondateur de l’Université de Heidelberg.

ROBERT I, BRUCE, roi d’Écosse. V. BRUCE (Rob.). — II, STUART, roi d’Écosse, né en 1316, tint les rênes de l’État pendant que David II (Bruce), son oncle, était captif, lui succéda en 1370. consolida son autorité malgré l’opposition de William Douglas, renouvela l’alliance avec la France, fit la guerre à l’Angleterre et gagna en 1388 la bataille d’Otterburn, qui amena la paix. Il mourut en 1390. — III. STUART, fils de Robert II, lui succéda en 1390. Il eut à repousser Henri IV, roi d'Angleterre, qui vint à main armée réclamer son hommage. Mécontent de son fils aîné David, il l'enferma : ce jeune prince ayant péri en prison, victime des intrigues de son oncle le duc d'Albany, Robert, au désespoir, se retira dans l'île de Bute. Il envoya son 2e fils, Jacques, en France pour le soustraire au duc; mais Jacques tomba au pouvoir des Anglais; à cette nouvelle, le malheureux père mourut de chagrin, 1406.

ROBERT, prince bavarois. V. RUPERT.

ROBERT DE CLERMONT. V. CLERMONT.

ROBERT (S.), dit de Champagne parce qu'il était Champenois, né en 1024, m. en 1110, fonda en 1075 l'abbaye de Molèmes, et en 1098 l'ordre de Cîteaux où il introduisit une règle sévère. On le fête le 29 avril.

ROBERT D'ARBRISSEL (S.), fondateur de l'abbaye de Fontevrault. né à Arbrissel près de Rennes, vers 1050, m. en 1117, fut nommé par le pape Urbain II prédicateur apostolique, et prêcha la croisade en Anjou. Il parlait avec tant d'éloquence qu'une foule d'auditeurs le suivaient jusque dans les déserts : c'est pour réunir ceux qui voulaient l'entendre qu'il fonda vers 1091 le monastère de Fontevrault. On le fête le 24 fév.

ROBERT D'AUXERRE, chanoine d'Auxerre, entra vers 1205 dans l'ordre des Prémontrés, et m. en 1212. On a de lui une Chronique estimée : Chronologia.... ab orbis origine ad annum Christi 1212, cum Appendice ad annum 1223, Troyes, 1608.

ROBERT DE LINCOLN, surnommé Grosse-Tête, en latin Capito, évêque anglais, ami et contemporain de Roger Bacon, né vers 1175 dans le comté de Lincoln, m. en 1253, enseigna avec éclat dans diverses universités et fut sacré en 1235 évêque de Lincoln; il eut un démêlé assez vif avec Innocent IV au sujet de l'étendue de son autorité. Il a laissé des traductions du grec et des commentaires sur Aristote.

ROBERT DE GENÈVE, anti-pape, était évêque de Thérouanne et cardinal lorsqu'en 1378 il fut élu pape sous le nom de Clément VII par 15 cardinaux qui avaient nommé Urbain VI quelques mois auparavant; il s'établit à Avignon et fut reconnu en France, en Espagne, en Écosse et en Sicile, tandis que le reste de la chrétienté reconnaissait Urbain VI. Cette double élection causa un schisme, qui se prolongea même après sa mort. Il mourut d'apoplexie en 1394.

ROBERT (Nic.), peintre en miniature et graveur, né à Langres vers 1610, m. en 1684, excellait dans la peinture des fleurs, des plantes, des insectes, et fit plusieurs magnifiques collections en ce genre, une notamment pour Gaston, duc d'Orléans, qu'on admire encore auj. à la Bibliothèque impériale.

ROBERT DE VAUGONDY (Gilles), géographe du roi, né à Paris en 1688, m. en 1766, était le petit-fils de Nic. Sanson. Il a laissé une Géographie sacrée, 1747, et un Atlas universel de 108 cartes, 1758. — Son fils, Dider R. (1723-86), géographe du roi (Louis XV) et du duc de Lorraine (Stanislas), et censeur royal, est auteur de deux grands globes, l'un céleste, l'autre terrestre, de Mémoires lus à l'Académie des sciences, d'une Géographie ancienne, d’Institutions géographiques, d'un Essai sur l'histoire de la géographie, et d'un grand nombre de bonnes cartes. — Un autre Robert, François, d'une famille différente, né en 1737, m. en 1819, a aussi écrit sur la géographie.

ROBERT (Hubert), peintre d'architecture et de paysages, né en 1733, m. en 1808, entra à l'Académie de peinture en 1767 et fut nommé garde des tableaux du roi, puis conservateur du musée du Louvre (1801). Il a laissé nombre de compositions qui se distinguent par la majesté et la variété des sites, et par des groupes de figures parfaitement dessinées, entre autres le Tombeau de Marius, la Maison carrée de Nîmes, l’Incendie de l'Hôtel-Dieu de Paris, le Pont du Gard, les Catacombes de Rome : s'étant égaré en visitant ces catacombes, il avait failli y périr : c'est cette terrible situation qu'il a représentée dans ce tableau.

ROBERT (Léopold), peintre, né en 1794 à la Chaux-de-Fond, près de Neufchâtel en Suisse, vint en 1810 à Paris, y reçut des leçons de Gérard et de David, alla perfectionner son talent en Italie, et y peignit la plupart de ses plus beaux tableaux : l’Improvisateur napolitain, 1824; la Madone de l'Arc ; les Moissonneurs, 1831 (son chef-d'œuvre); les Pêcheurs de l'Adriatique, son dernier tableau, composé à Venise (tous ces tableaux sont au Louvre). Ayant conçu dans cette dernière ville une violente passion pour une grande dame dont il ne pouvait obtenir la main, il se donna la mort (1835). Léopold Robert a mérité d'être surnommé le Nouveau Poussin; ses personnages, et en particulier ses bandits et ses paysans italiens, sont des types de majesté et de grandeur; dans l'exécution des détails, il atteint la vérité complète. Feuillet de Conches a publié en 1848 : Léopold Robert, sa vie, ses œuvres et sa correspondance.

ROBERTSAU, hameau du dép. du Bas-Rhin, dépendant de Strasbourg, dans une île formée par l'Ill et le Rhin, est un but de promenade. Des obélisques y ont été élevés en l'honneur de Kléber et de Desaix.

ROBERTSON (William), historien écossais, né à Brothwick en 1721, m. en 1793, était ministre presbytérien, et se distingua d'abord dans la prédication. Chargé d'une nombreuse famille, il avait longtemps vécu dans la gêne, mais, ayant obtenu successivement les places de chapelain ordinaire du roi, de principal du collège d’Édimbourg et d'historiographe d’Écosse, il finit par jouir de l'aisance. On a de lui : Histoire d’Écosse sous Marie et Jacques VI, Londres (1759); Hist. de Charles-Quint (1769); Hist. de l'Amérique (1777); Recherches historiques sur l'Inde (1790): tous ces ouvrages se font remarquer par l'art de la composition, le style et l'esprit philosophique plus encore que par l'exactitude. On estime surtout, dans l’Hist. de Charles-Quint, l’Introduction, morceau étendu où l'auteur trace le tableau de la situation de l'Europe depuis l'empire romain jusqu'au XVIe siècle. Ces ouvrages ont été trad. en français, le 1er par La Chapelle, 1772, et Campenon, 1821 ; le 2e par Suard et Morellet, 1771; le 3e par Suard et Jansen, 1778; le 4e en 1792. Les Œuvres complètes de Robertson ont été publiées à Londres, 1794, 8 vol. in-4 ou 10 v. in-8. Cet écrivain fut un des fondateurs de la Revue d'Edimbourg.

ROBERTSON (Gaspard), physicien, né à Liège en 1762, m. à Paris en 1837, enseigna la physique à Liège, perfectionna le miroir d'Archimède, la fantasmagorie, le parachute et exécuta de nombreuses ascensions aérostatiques, dans lesquelles il fit d'utiles observations. Il a publié des Mémoires récréatifs, scientifiques, etc., Paris, 1830-34, 2 vol. in-8.

ROBERVAL (Gil. PERSONE de), géomètre, né en 1602 à Roberval en Beauvaisis, m. en l675, fut nommé en 1632 professeur de mathématiques au collège de France et fut admis à l'Académie des sciences. Il inventa les courbes dites robervaliennes, et prépara par ses travaux le calcul différentiel; il avait, pour la résolution des problèmes, une méthode expéditive qu'il gardait secrète afin de s'assurer la supériorité sur ses rivaux ; il eut de vives contestations avec Descartes, envers lequel il se montra fort injuste. On a de lui une édit. du traité d'Aristarque de Samos sur le Système du monde, Paris, 1644, et nombre de savants mémoires dans le recueil de l'Académie des sciences.

ROBESPIERRE (Maximilien), né en 1759 à Arras, était fils d'un avocat au conseil supérieur de l'Artois, et remplissait lui-même ces fonctions en 1789. Député d'Arras aux États généraux, il y arriva imbu des idées démocratiques du Contrat social de J. J. Rousseau, siégea à l'extrême gauche, et manifesta en toute occasion sa haine contre la monarchie; cependant il marqua peu dans cette assemblée. Il brigua surtout la faveur populaire, et devint l'oracle de la multitude. Nommé en juin 1791 accusateur public près le tribunal criminel de la Seine, il quitta peu de mois après ces fonctions subalternes, s'affilia aux Jacobins et à la Commune et fut élu en 1792 par les électeurs de Paris membre de la Convention. Il dirigea, concurremment avec Danton, le procès de Louis XVI, poussa avec violence à la condamnation à mort, paralysa les efforts faits par les Girondins pour sauver le roi, fit, après l'exécution, décréter le tribunal révolutionnaire, et établit par toute la France le système de la Terreur. Siégeant presque perpétuellement au Comité de salut public, qu'il dominait, il fit sanctionner les mesures les plus sanguinaires ; il acheva de ruiner le fédéralisme et la Gironde au 31 mai (1793), et se défit bientôt après de Danton, son rival de puissance (16 germinal an II, 5 avril 1794). Devenu dès lors tout-puissant et revêtu d'une sorte de dictature, Robespierre songeait à organiser un gouvernement stable ; il voulait même établir un simulacre de religion : dans ce but il fit proclamer par la Convention l'existence de l’Être suprême et l'immortalité de l'âme (18 floréal, 7 mai 1794) et fit décréter des fêtes publiques en harmonie avec le nouvel ordre de choses. Mais il n'eut le temps de rien fonder ; il avait fait peser sur la France entière la plus odieuse tyrannie et n'avait pas épargné ses collègues : ceux qui survivaient, irrités de ses hauteurs ou effrayés par ses menaces, se réunirent enfin contre lui, et, sur la proposition de Tallien, la Convention le décréta d'accusation avec ses principaux adhérents, St-Just, Couthon, Lebas, etc. (9 thermidor). Robespierre se réfugia à l'hôtel de ville, au milieu de ses partisans ; mais il y fut aussitôt arrêté et, ayant voulu faire résistance, reçut d'un gendarme un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire ; il fut le lendemain conduit à l'échafaud, où il périt en même temps que 22 de ses coaccusés (10 thermidor, 28 juillet 1794). Avec lui finit le régime de la Terreur. Robespierre était un homme froid, caché, tenace dans ses opinions et dominant ; il affectait le plus pur patriotisme et tous les dehors de la vertu, ce qui l'avait fait surnommer par ses partisans l’Incorruptible. Son élocution était claire, sentencieuse, assez élégante et parfois animée d'une certaine chaleur. On a de lui quelques éloges et discours académiques (prononcés avant qu'il commençât son rôle politique), et un assez grand nombre de discours de tribune. Ses Œuvres choisies ont été publ. par Laponneraye, Par., 1832, 4 v. in-8. On peut consulter sur ce personnage, outre les histoires de la Révolution française : la Vie et les crimes de Robespierre, par Desessarts, et surtout le Rapport de Courtois sur les papiers trouvés chez Robespierre.

ROBESPIERRE (Augustin), frère du préc., né à Arras en 1764, y fut procureur de la Commune, puis député à la Convention, siégea à côté de son frère, fut envoyé par lui en mission à l'armée d'Italie et dans les provinces, puis revint à Paris pour seconder ses projets. Le voyant décrété d'accusation, il déclara qu’ayant partagé ses vertus, il voulait partager son sort : il périt en effet avec lui sur l'échafaud.

ROBINET (René), écrivain, né en 1735 à Rennes, m. en 1820, entra chez les Jésuites, puis les quitta pour se livrer aux lettres, passa quelque temps en Hollande, où il se mit aux gages des libraires, se fit un nom par un ouvrage d'une philosophie hardie, intitulé : De la Nature (Amst., 1761-68, 4 v. in-8), rentra en France en 1778 et fut peu après nommé censeur royal. A la Révolution, il se retira dans sa ville natale, où il mourut. Dans son traité de la Nature, Robinet soutient que tous les êtres sont animés, que tous, même les planètes et les étoiles, ont la faculté de se reproduire ; il veut aussi montrer qu'il y a partout équilibre entre le bien et le mal ; cet ouvrage a été combattu par l'abbé Ch. Richard et par Barruel, dans ses Helviennes. On doit à Robinet de nombreuses traductions de l'anglais et une Table des matières des Mémoires de l'Académie des sciences ; il a eu la plus grande part au Dictionnaire des Sciences morales, en 30 vol. in-4. 1777-83.

ROBIN HOOD, chef d’outlaws ou proscrits, vivant sous Richard Cœur de Lion, répandait au loin la terreur et infestait surtout les forêts du Nottingham. Il mourut en 1247, par suite d'une saignée que lui fit à l'artère radiale une religieuse qui saisit ce moyen d'en délivrer le pays. Longtemps populaire an Angleterre, ce chef a inspiré un grand nombre de ballades ; mais il doit surtout sa célébrité à W. Scott, qui lui donne un rôle important dans son roman d'’Ivanhoë.

ROBINSON (Marie DARBY, dame), dite la Sapho anglaise, née à Bristol en 1758, morte en 1800, fut mariée dès l'âge de 15 ans à un avocat qui la laissa sans ressources, entra alors au théâtre, s'y fit bientôt une réputation par son talent et sa beauté, devint la maîtresse en titre du prince de Galles (depuis Georges IV), forma plus tard une liaison intime avec Fox, et finit par se consacrer aux lettres. On a d'elle des Poésies lyriques estimées ; des pièces de théâtre et beaucoup de romans (Vincenza, la Veuve, Angelina, Hubert de Sevrac, etc.), traduits pour la plupart en français, et des Mémoires, trad. par Bertin, 1802.

ROBIQUET (Pierre), chimiste, né à Rennes en 1780, m. en 1840, fut successivement attaché au service de la marine et des armées, devint professeur à l'École de pharmacie, puis administrateur de cet établissement où il introduisit de grandes améliorations, et fut admis en 1833 à l'Institut. Il découvrit plusieurs principes chimiques importants l’asparagine (1805), la cantharidine (1810), la caféine (1821), l’alizarine et la purpurine, principes colorants de la garance (1826, 1827), l’orcine et le variolarin (1829), l’amygdaline (1830), la codéine et l’acide méconique (1834), et se distingua à la fois par la hardiesse de l'esprit, l'habileté de l'expérimentation et la fidélité des observations. On lui doit de précieux mémoires, dans les Annales de physique et de chimie, le Journal de pharmacie, et le Recueil des savants étrangers.

ROBOAM, fils de Salomon, fut reconnu roi à la mort de son père (962 av. J.-C.) ; mais il causa par ses exactions une violente insurrection : dix tribus refusèrent de lui obéir et prirent pour roi Jéroboam ; il ne conserva sous son pouvoir que les tribus de Juda et de Benjamin. Il se forma alors deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël composé des 10 tribus soulevées : c'est ce qu'on nomme le Schisme des 10 tribus. Sous son règne, souillé de débauche et d'impiété, Jérusalem fut prise et pillée par le roi d’Égypte Sésac, 947 av. J.-C. Il mourut l'année suivante.

ROBORTELLO (Franç.), philologue, né à Udine en 1516, m. en 1567, professa les belles-lettres à Lucques, à Venise, à Padoue, à Bologne, et eut avec plusieurs savants, notamment avec Sigonius, des démêlés si vifs que le sénat de Venise se vit obligé de leur imposer silence à tous deux. Outre de bonnes éditions d’Eschyle, de Longin, de la Tactique d'Élien (avec version lat.), on a de lui : De historica facultate, Florence, 1548 ; De vita et victu populi romani sub imperatoribus, Bologne, 1559.

ROB-ROY (Robert Mac-Grégor CAMPBELL), dit), c.-à-d. Robert le Roux, fameux déprédateur écossais, né vers 1660, était de bonne famille, et fit longtemps le commerce de bestiaux ; mais, ses spéculations ayant mal tourné, il se vit ruiné par la rigueur du duc de Montrose, qui lui avait fait quelques avances. Rob-Roy se vengea en exerçant, à la tête d'une bande recrutée dans son clan, d'horribles dévastations sur les domaines de ce seigneur, et même il les étendit sur beaucoup d'autres. Il finit par lever le blaken-mail (tribut de voleur), moyennant le payement duquel il épargnait les tributaires. Il mourut paisible dans son lit, plus que octogénaire, vers 1743. Son nom est populaire en Écosse ; il est le héros d'un roman de Walter Scott.

ROBUSTI (Jacq.), peintre. V. TINTORET (le).

ROCA (cap de), Magnum promontorium, cap du Portugal (Estramadure), le plus occid. de l'Europe, à l'extrémité des monts Cintra et au N. O. de Lisbonne, forme, avec le cap d'Espichel, la vaste baie où débouche le Tage.

ROCAMADOUR, bg de France (Lot), sur l'Alzon, à 25 kil. N. E. de Gourdon, est adossé à des rochers à pic; 1600 hab. Ruines d'une abbaye qui, selon la tradition, contient les reliques de S. Amadour, et but de pèlerinage; antique église, où l'on conserve, dit-on, la fameuse Durandal, épée du paladin Roland.

ROCCASECCA, v. du roy. d'Italie (Terre-de-Labour), près de la Melfa, à 10 kil. N. O. d'Aquino; 2500 hab. Résidence de l'évêque d'Aquino. Vraie patrie de S. Thomas, dit Th. d'Aquin.

ROCH (S.), né à Montpellier vers 1295, d'une famille riche, donna son bien aux pauvres, partit à 20 ans en pèlerin pour l'Italie, alors en proie aux ravages de la peste, se dévoua au service des pestiférés et guérit un grand nombre de malades sur sa route, surtout à Rome, mais fut lui-même atteint à Plaisance. De peur de communiquer le mal, il alla se cacher dans une solitude où il allait succomber quand il fut découvert par un chien qui le signala à son maître, gentilhomme nommé Gothard ; cet homme le recueillit et le guérit. S. Roch revint au bout de plusieurs années dans sa patrie, qui était alors déchirée par la guerre civile; pris pour espion, il fut arrêté et jeté dans une prison où il mourut en 1327. On le fête le 16 août; il est particulièrement invoqué contre la peste.

ROCHAMBEAU (J. B. Donatien DE VIMEUR, comte de), né à Vendôme en 1725, m. en 1807, entra au service dès 1742, devint brigadier d'infanterie après s'être signalé à la prise de Minorque (1756), fut envoyé en Amérique en 1780, avec 6000 hommes, au secours des insurgés et contribua aux succès qui forcèrent Cornwallis à capituler dans York-town (1781). De retour après la paix de 1783, Rochambeau fut comblé de faveurs : il cumula les gouvernements de Picardie et d'Artois, et reçut en 1791 le bâton de maréchal. Investi la même année du commandement de l'armée du Nord, il tenta vainement d'y rétablir la discipline et se démit (1792). Condamné à mort sous Robespierre, il allait monter dans la charrette qui devait le conduire au supplice lorsque le bourreau le renvoya au lendemain, trouvant la voiture pleine : la chute de Robespierre le sauva. On a de Rochambeau des Mémoires, 1809, 2 vol. in-8.

ROCHAMBEAU (Donatien Marie Joseph DE VIMEUR, vicomte de), fils du préc., 1750-1813, suivit son père en Amérique, devint maréchal de camp en 1791, fut envoyé à St-Domingue en 1792, puis à la Martinique, 1793, chassa de cette colonie les Anglais et y fit reconnaître le gouvernement républicain; mais bientôt, assiégé dans Fort-Royal par des forces supérieures, il fut forcé de capituler (1794). Il accompagna le général Leclerc à St-Domingue, battit Toussaint-Louverture en 1802 et remplaça le général en chef après sa mort; mais, sa troupe étant décimée par la maladie, il se vit en 1803 obligé de se rendre aux insurgés, qui le livrèrent aux Anglais; il ne recouvra la liberté qu'en 1811. Employé dès son retour à l'armée d'Allemagne, il fut tué à Leipsick.

ROCHDALE, v. d'Angleterre (Lancastre), à 16 kil. N. de Manchester, sur la Roch, affluent de l'Irwell, et sur le canal de Rochdale ; env. 30 000 hab. Nombreuses églises pour les différentes sectes. Draps fins et communs, fabriques de flanelles, filatures de coton; houille, pierres, ardoises. Titre de baronnie.

ROCHECHOUART, Rupes Cavardi, ch.-l. d'arr. (Hte-Vienne), sur le versant d'un rocher baigné par la Grenne, à 42 k. O. de Limoges; 4194 hab. Trib. de 1re inst. Fabrique de porcelaine, alimentée par une carrière de kaolin et de pétunzé, voisine de la ville. La ville est située sur la pente d'un roc qui semble suspendu et prêt à choir (d'où quelques-uns ont voulu dériver son nom). Elle avait jadis un célèbre prieuré et un château qui a donné son nom à une illustre maison du Poitou, issue des vicomtes de Limoges, et qui a formé plusieurs branches, dont la plus célèbre est celle des Mortemart. Le château de Rochechouart fut acquis par Mme de Pompadour, dont les héritiers l'ont possédé à titre de vicomte. Une des tours de l'ancien château sert auj. de prison.

ROCHECHOUART (Gabriel de), duc de Mortemart, V. MORTEMART. — Victor de R. V. VIVONNE.

ROCHECHOUART-MORTEMART (Adélaïde de), abbesse de Fontevrault, fille du duc Gabriel de Mortemart et sœur de Mmes de Montespan et de Thianges, née en 1645, morte en 1704, avait été nommée abbesse en 1670. Elle se distingua par son esprit et son instruction autant que par sa piété : elle savait le grec et traduisit, avec Racine, le Banquet de Platon.

ROCHEFORT, Rupifortium, port militaire, ch.-l. d'arr. (Charente-Inf.), sur la r. dr. de la Charente, à 15 kil. de son embouchure, à 35 k. S. E. de La Rochelle et à 474 de Paris par le chemin de fer; 30 212 h. Ch.-l. du 4e arrondissement maritime, place de guerre de 1re classe; trib. de 1re inst. et de commerce et trib. maritime, collége, écoles de navigation, d'hydrographie, de médecine navale. Arsenal, chantiers de construction, grands magasins pour la marine, casernes, hôpitaux, beaux remparts plantés, belle place Colbert; hôtel de la préfecture maritime, sur de vastes jardins, château d'eau, etc. Il y eut longtemps à Rochefort un bagne : il a été supprimé en 1852. Commerce actif en grains, sel, eau-de-vie, vins, poisson salé, denrées coloniales; armements pour la pêche de la morue. Patrie des marins La Galissonnière et Latouche-Tréville. — Rochefort n'était au XIe s. qu'un fort bâti sur un roc (d'où son nom). Pris par les Anglais au XIIIe, il fut repris sous Charles VII. Louis XIV fit creuser le port en 1666 et le fit fortifier par Vauban. C'est à Rochefort que Napoléon s'embarqua pour l'Angleterre en 1815.

ROCHEFORT, ch.-l. de c. du Puy-de-Dôme, à 30 k. O. S. O. de Clermont; 1439 h. Ruines d'un château des comtes d'Auvergne. Anc. titre de comté. — Ch.-l. de c. (Jura), à 7 k. N. E. de Dôle; 509 b. Anc. château. Station de chemin de fer.

ROCHEFORT-EN-TERRE, ch.-l. de c. (Morbihan), à 32 kil. E. N. E. de Vannes; 676 hab.

ROCHEFORT (Guill. de), chancelier de Louis XI et Charles VIII, né en 1433 à Rochefort (Jura), m. en 1492, fut d'abord au service des ducs de Bourgogne Philippe et Charles (le Téméraire), quitta ce service peu après la mort de ce dernier, fût nommé chancelier en 1483, présida les États généraux de Tours en 1484, et fut plus tard chargé d'arrêter les bases du traité en vertu duquel Charles VIII épousa Anne de Bretagne. — Guy de Rochefort, son frère puîné, remplit divers emplois en Bourgogne sous Charles le Téméraire, puis en France sous Louis XI et Charles VIII, fut nommé chancelier en 1497 et créa le Grand-Conseil. Il mourut en 1507.

ROCHEFORT (Guill. de), littérateur, né à Lyon en 1731, m. en 1788, remplit longtemps une place dans les fermes à Cette, s'en démit en 1762 pour venir se fixer à Paris et consacra ses loisirs à l'étude. Il entreprit de traduire en vers français les poèmes d'Homère : il donna en 1766 sa traduction de l’Iliade, qui le fit entrer à l'Académie des inscriptions, et il la fit bientôt suivre de l’Odyssée, 1772. Il s'essaya aussi dans le genre dramatique et donna des tragédies imitées des Grecs (Ulysse, 1781 ; Électre, 1782). On lui doit une traduction complète en prose de Sophocle (1788), travail plus estimé que ses poésies.

ROCHEFOUCAULD (la), ROCHEJACQUELEIN (la), ROCHELLE (la), etc. V. LA R......

ROCHEMAURE, Rupemorus, ch.-l. de c. (Ardèche), sur la r. dr. du Rhône, à 22 kil. S. E. de Privas; 1210 hab. Vieux château fort, élevé sur un rocher basaltique ; sites pittoresques. Aux env., anc. volcan de Chenavari et colonnade de prismes basaltiques dite Chaussée des Géants.

ROCHESTER, Durobrivis, Roffa, v. d'Angleterre (Kent), à l'embouch. de la Medway, à 44 kil. S. E. de Londres; 15 000 hab. (non compris Chatham, qui est un de ses faubourgs). Évêché, créé en 604. Cathédrale, hôtel de ville, beau pont de 11 arches; ruines d'un ancien château fort. Chemin de fer. Pêcheries d'huîtres. — Rochester existait avant la conquête romaine; mais son importance ne date que du règne d'Éthelbert. Elle a beaucoup souffert des guerres, des incendies et de la peste.

ROCHESTER, v. des États-Unis (New-York), sur le canal Érié et la Gennesée, à 13 kil. de son embouchure et à 500 k. N. O. de New-York : 45 000 h. Rues larges et droites; beaux édifices publics. Grand entrepôt. — Cette ville fut fondée en 1812 par Nathaniel Rochester; elle n'avait encore que 1500 h. en 1820.

ROCHESTER (J. WILMOT, comte de), courtisan et poëte, fils de H. Wilmot, célèbre par sa fidélité aux Stuarts, naquit en 1648. Il parut à la cour de Charles II à 18 ans, et y obtint les plus grands succès par ses grâces et son esprit; il montra aussi une très-grande intrépidité dans la guerre navale contre la Hollande (1665 et 66). Il déplut souvent à Charles, ainsi qu'aux courtisans, par son esprit caustique et par ses saillies, qui ne respectaient rien, et fut plus d'une fois exilé, mais il sut toujours rentrer en grâce. Ses mœurs étaient fort dissolues et la débauche le vieillit avant le temps : il mourut en 1680, à peine âgé de 33 ans. Rochester a laissé des poésies qui annonçaient un grand poëte; la plupart sont des satires réunies à celles de Dorset, Roscommon, etc.; elles forment 2 vol. in-12, Londres, 1774.

ROCHE-SUR-YON (LA). V. NAPOLÉON-VENDÉE.

ROCHETTE (Raoul), archéologue, né en 1789 à Saint-Amand (Cher), m. en 1854, fut d'abord professeur au lycée Louis-le-Grand, remporta en 1813 un prix à l'Institut pour un Mémoire sur les colonies grecques, fut nommé en 1815 maître de conférences à l'École normale et admis dès 1816 à l'Académie des inscriptions, devint en 1818 conservateur du cabinet des médailles, remplaça en 1820 Quatremère comme professeur d'archéologie, fit partie en 1828 de la commission scientifique envoyée en Morée, fut élu en 1838 membre de l'Académie des beaux-arts et devint bientôt après secrétaire perpétuel de cette compagnie. Outre l’Histoire des colonies grecques, on a de lui : Monuments inédits d'antiquité figurée, 1828; Peintures antiques inédites, 1836 ; Cours d'archéologie, publié d'après ses leçons par la sténographie, 1828-1835, de nombreux mémoires et d'intéressantes Notices sur plusieurs membres de l'Académie des beaux-arts. Ses premiers écrits n'avaient pas été à l'abri des objections; mais, avec le temps et le travail, il était devenu un antiquaire de premier ordre.

ROCHEUSES (montagnes), grande chaîne de l'Amérique du N., est comme le prolongement des Andes du Mexique, et s'étend dans la partie occid. des États-Unis et de la Nouv.-Bretagne, entre 42°-69' lat. N., et lll°-130° long. O., depuis les sources du Missouri jusqu'à l'embouchure de la Mackensie, sur une longueur d'env. 3500 kil. Elles forment le partage des eaux entre l'Atlantique et le Pacifique. Leur direction est généralement du N. O. au S. E.; le sommet le plus élevé est le pic James (3836m). Il sort de ces montagnes un grand nombre de rivières : du versant oriental, le Missouri, l'Yellow-Stone, la Platte et le Saskatchawan; du versant occid., l'Orégon, le Lewis, le Clark et le Frazer.

ROCHON (Alexis Marie), astronome et navigateur, né à Brest en 1741, m. en 1817. Nommé en 1766 astronome de la marine, il alla reconnaître les îles et les écueils qui se trouvent entre les côtes de l'Inde et les îles de France et de Bourbon (1768), fut à son retour nommé garde du cabinet de physique et d'optique du roi (1774), fit des recherches sur les instruments d'optique, fut envoyé à Londres au sujet de la réforme des poids et mesures (1790), puis nommé membre de la commission des monnaies, et entra à l'Institut en 1795. Il fit construire en 1796, un phare au port de Brest, perfectionna les lunettes nécessaires à la marine et inventa le micromètre à double image connu sous le nom de Lunette de Rochon. On a de lui : Mémoires sur la mécanique et sur la physique, Paris, 1783; Nouveau voyage à la mer du Sud, 1783; Voyages aux Indes Orientales et en Afrique, 1787 ; Essai sur les monnaies anciennes et modernes, 1792; des Mémoires sur la construction des verres lenticulaires et achromatiques ; — sur l'emploi du mica pour l'éclairage, etc.

ROCHON DE CHABANNES, auteur dramatique (1730-1800), fit représenter plusieurs pièces qui eurent quelque succès : aux Français, Heureusement (1762), le Jaloux (1784); à l'Opéra-Comique, Alcindor (1787), les Prétendus (1789), le Portrait (1790).

ROCKINGHAM, vge d'Angleterre (Northampton), à 32 k. N. O. de Northampton, au milieu d'une vaste forêt; 500 h. Titre de marquisat. Près de là est un château fort construit par Guillaume le Conquérant, qui servit quelque temps de résidence aux rois d'Angleterre : il s'y tint en 1094 un concile pour juger le différend qui s'était élevé entre Guillaume le Roux et Anselme, archevêque de Cantorbéry, au sujet du droit d'hommage au St-Siége.

ROCKINGHAM (Ch. WATSON-WENTWORTH, marquis de), ministre anglais, né en 1730, m. en 1782, était un des chefs du parti whig. Nommé en 1765 1er lord de la trésorerie au commencement des troubles des colonies anglo-américaines, il ne sut pas les apaiser et fut obligé de donner sa démission dès 1766. Il s'opposa, ainsi que lord Chatham, aux projets de lord North, et rentra au ministère après la retraite de celui-ci (1782) ; mais il mourut très-peu après. Rockingham était immensément riche, mais il n'avait que de médiocres talents. Il a laissé des Mémoires.

ROCOUX ou ROCOUR, vge de Belgique (Liège), à 6 k. N. O. de Liège, 600 hab. Les Français, commandés par le maréchal de Saxe, y défirent le 11 oct. 1746 les alliés commandés par le duc Charles de Lorraine.

ROCQUENCOURT, vge et château de Seine-et-Oise, à 3 k. N. de Versailles, sur une colline; 250 h. Exelmans y défit les Prussiens en 1815.

ROCROY, ch.-l. d'arr. (Ardennes), à 30 k. N. O. de Mézières, dans une grande plaine, à 9 kil. de la r. g. de la Meuse et à 20 k. de la frontière belge; 3282 h. Trib. de 1re inst., collége, société d'agriculture. Ferblanterie. — François I fortifia Rocroy en 1537 ; Henri II l'agrandit. Les Espagnols l'assiégeaient lorsque le duc d'Enghien (depuis le Grand Condé) leur fit lever le siége et remporta sur le comte de Fuentès, leur général, une victoire éclatante, le 19 mai 1643. Le même Condé, qui commandait alors les Espagnols, prit cette ville pour eux en 1653, mais elle fut rendue à la France en 1659, par la paix des Pyrénées.

RODE (Pierre), violoniste, né à Bordeaux en 1774, m. en 1830, élève de Viotti et rival de Baillot, se distinguait par le jeu le plus pur et le plus gracieux. Il occupe aussi une place distinguée comme compositeur de concertos et de quatuors. Dès la fondation du Conservatoire de musique de Paris, il y fut nommé professeur de violon : il écrivit avec Baillot une Méthode de violon pour cet établissement. En 1803, il alla occuper une place de 1er violon dans la musique de l'empereur de Russie Alexandre Ier.

RODEMACK, bg de la Moselle, à 13 kil. N. E. de Thionville; 1100 h. Jadis ville forte, et résidence de seigneurs puissants. Les Français s'en emparèrent en 1552, 1639 et 1667 ; mais elle ne fut réunie à la France que par le traité de Nimègue, 1678.

RODERIC. V. RODRIGUE

RODEZ, ville de France. V. RHODEZ.

RODNEY (George BRIDGE), amiral, né à Londres en 1717, m. en 1792, enleva aux Français en 1761 les îles St-Pierre, la Grenade, Ste-Lucie, St-Vincent, se distingua de 1779 à 1782 dans plusieurs combats contre les Espagnols et les Français, battit don Juan Langara en 1780, le comte de Grasse en 1782, et reçut à son retour, avec le titre de baron, la pairie et une pension de 2000 liv. sterling (50 000 fr.).

RODOGUNE. V. RHODOGUNE.

RODOLPHE (S.). V. RAOUL (S.).

RODOLPHE I, fils du comte d'Auxerre Conrad II, se fit couronner en 888 roi de la Bourgogne Transjurane, après la déposition de l'empereur Charles le Gros, soutint la guerre contre Arnoul, roi de Germanie, vit son indépendance reconnue en 894 et régna depuis paisiblement jusqu'à sa mort, 912. — Son fils, R. II, fit une guerre malheureuse au duc de Souabe Burchard, qui le vainquit à Winterthür (919), prit en 922 le titre de roi d'Italie, mais fut battu à Firenzuola par Bérenger I ; resta seul maître de la Hte-Italie après la mort de ce prince (924), mais eut dès 926, dans Hugues de Provence, un compétiteur qui fut bientôt plus fort que lui; alors il tourna ses vues vers l'Alémannie helvétique, dont l'empereur Henri I lui céda une partie (929). Il reparut en 930 au sud des Alpes, reçut de Hugues, en 933, pour sa renonciation à l'Italie, le royaume de Bourgogne Cisjurane, qui comprenait la Provence, et fut ainsi le fondateur du Royaume des Deux-Bourgognes ou Roy. d'Arles. Il mourut en 937. — III, le Fainéant ou le Pieux, fils de Conrad le Pacifique, et petit-fils du précéd., fut roi des Deux-Bourgognes de 993 à 1032 et eut sans cesse des troubles et des révoltes à étouffer. N'ayant pas d'enfants, il céda l'expectative de son royaume à l'empereur Henri II, puis à Conrad II, le Salique, qui lui succéda.

RODOLPHE, anti-empereur, d'abord comte de Rheinfelden, reçut en 1058 de l'impératrice Agnès le duché de Souabe, épousa Mathilde, sœur de l'empereur Henri IV et soutint quelque temps ce prince dans sa lutte contre les Saxons et les Thuringiens, mais il tomba en disgrâce pour avoir affecté l'indépendance. En 1070, il fut élu roi de Germanie, en remplacement de Henri, par les seigneurs qui avaient souscrit à l'arrêt d'excommunication lancé par Grégoire VII contre Henri; il prit alors pour conseil et pour général Othon de Nordheim. Il n'en fut pas moins défait à Melrichstadt en Bavière (1078), à Fladenheim et à Mœlsen (1080), et périt à cette dernière bataille (dite aussi bat. de Volksheim). Il fut enterré dans la cathédrale de Mersebourg, où l'on conserve embaumée une main qu'il avait perdue en combattant.

RODOLPHE I, DE HABSBOURG, empereur, était le fils aîné d'Albert, comte d'Habsbourg et landgrave d'Alsace, auquel il succéda en 1240. Il suivit Przémysl-Ottokar II, roi de Bohême à la croisade contre les païens de la Prusse (1254), ajouta à ses possessions les comtés de Kybourg, Bade, Lentzbourg, et se fit une telle réputation de justice et de bravoure que les cantons de Schwitz, d'Uri, d'Unterwald et de Zurich le prirent pour avoué ou protecteur. Il fut élu empereur en 1273 et fut reconnu parle pape Grégoire X, qu'il se concilia en lui cédant, avec les biens allodiaux de Mathilde, l'exarchat de Ravenne. Ottokar ayant refusé de le reconnaître, il marcha contre lui, le réduisit à demander la paix (1276), et ne l'accorda qu'en se faisant remettre par lui l'Autriche, la Styrie, la Carniole, qu'il conféra à son propre fils Albert : c'est ainsi que la maison de Habsbourg devint maison d'Autriche. Le même Ottokar ayant renouvelé la guerre dès l'année suivante, Rodolphe le vainquit et lui fit perdre la vie à Marchfeld. Devenu maître incontesté de l'empire, ce prince fit tout pour mettre un terme à l'anarchie, suite de la chute des Hohenstaufen, parcourut l'Allemagne, détruisit les châteaux d'où les nobles exerçaient leurs brigandages et mit ses soins à maintenir la paix publique. Il soutint les droits de l'empire sur le roy. d'Arles, soumit les comtes de Montbéliard, de Bourgogne, de Savoie, mais ne put faire élire Albert, son fils, pour son successeur à l'empire. Il mourut en 1291, à 73 ans. C'est lui qui introduisit l'usage de l'allemand dans les actes publics. — II, fils et successeur de Maximilien II, né à Vienne en 1552, fut couronné roi de Hongrie en 1572, de Bohême en 1575, roi des Romains en 1575 et empereur en 1576. L'Allemagne sous lui se remplit de troubles, qui amenèrent la guerre de Trente ans. Il exerça de grandes rigueurs contre les Protestants et fit une guerre malheureuse en Hongrie contre les Turcs. Matthias, son frère, conclut la paix malgré lui (1606), le força de lui céder la Hongrie, la Moravie, l'Autriche (1608), et finit parle détrôner(1611) et se faire élire à sa place. Rodolphe mourut peu après (1612). Inappliqué aux affaires et incapable de porter la couronne, ce prince avait du reste l'amour de la science : il était lui-même instruit en chimie et en astronomie; il pensionna richement Tycho-Brahé, fit rédiger par cet astronome et par Kepler les célèbres Tables rudolphines, et y travailla lui-même.

RODOSTO, Rhædestus et Bisanthe , v. murée de la Turquie d'Europe (Roumélie), dans le pachalik d'Andrinople, à 97 kil. N. E. de Gallipoli, sur la mer de Marmara; 40 000 hab. Archevêché grec, églises arméniennes. Port vaste et commode. Cette ville fut occupée par les Russes en 1829.

RODRIGUE, dernier roi des Visigoths d'Espagne, était fils d'un duc de Cordoue qui eut les yeux crevés par ordre du roi visigoth Vitiza. Rodrigue arma contre Vitiza, le battit, et lui enleva la couronne (710); mais les fils et parents du prince détrôné appelèrent les Arabes à leur secours : Tarik, à leur tête, débarqua en Espagne, et s'empara de Calpé (Gibraltar) ; aussitôt Rodrigue marcha contre lui, suivi de 90 000 hommes. Les deux armées se battirent neuf jours, à Xérès de la Frontera : Rodrigue périt le 3e jour (711). Selon une tradition répandue, les Arabes auraient été appelés par le comte Julien pour venger une injure faite à sa fille.

RODRIGUE (don), surnommé le Cid. V. CID.

RODRIGUEZ (île), une des îles Mascareignes, à l'E. de l'île Maurice, dont elle dépend, par 60° 51' long. E., 19° 40 lat. S., a 30 kil. sur 6, et compte à peine 200 h. Port sur la côte N. Tortues gigantesques. — Cette île, occupée par les Français en même temps que l'Ile de France (Maurice), leur a été enlevée par les Anglais en 1810.

RODRIGUEZ (S.) DE AREVALO. V. AREVALO.

RODRIGUEZ (Alph.), jésuite, écrivain ascétique, né à Valladolid en 1526, mort en 1616, est auteur de la Pratique de la perfection chrétienne (Séville, 1614), en espagnol, ouvrage qui a eu six traducteurs français, entre autres Régnier-Desmarets, 1688, dont la traduction a été réimprimée à Paris en 1858.

RODRIGUEZ (Jean), dit Giram, missionnaire jésuite, né en 1559 à Alcouche (près Lisbonne), m. en 1633, alla au Japon, devint interprète près de l'empereur Taïkosama, fut excepté de la proscription décrétée contre les missionnaires, se fixa à Nangasaki et y composa, entre autres ouvrages, une Grammaire japonaise (publiée en 1825, par Landresse).

RODUMNA, nom latin de ROANNE.

ROEDERER (P. Louis, comte de), né en 1754 à Metz, mort à Paris en 1835, fut successivement avocat, puis conseiller au parlement de Metz, député du tiers aux États généraux, où il s'occupa surtout de la réforme des finances, et procureur-syndic du département de la Seine. L'un des rédacteurs du Journal de Paris, il y défendit Louis XVI après le 10 août. Il professa l'économie politique aux Écoles centrales (1796), devint, sous l'Empire, sénateur et conseiller d'État, puis ministre des finances de Joseph Bonaparte, alors roi de Naples (1S06), et enfin administrateur du grand-duché de Berg (1810). Laissé sans emploi pendant la Restauration, il fut nommé pair en 1832. Il était de l'Institut (classe des sciences morales). On a de lui, outre plusieurs écrits de circonstance : Journal d'économie politique (1796 et ann. suiv.) ; la 1re et la 2e année du Consulat de Bonaparte (1802); Mémoires pour une nouvelle histoire de Louis XII (1820), réimprimés en 1825 sous le titre de Louis XII et François I; Esprit de la Révolution de 1789 (1831); Mémoires pour servir à l'histoire de la société polie en France (1836), espèce d'histoire de l'hôtel de Rambouillet, écrite avec beaucoup de finesse ; des Opuscules de littérature et de philosophie, etc. Ses écrits sont en général empreints d'un remarquable esprit de sagesse. Ses Œuvres ont été réunies par son fils en 9 vol. gr. in-8, 1853-60. ROELAS (Jean DE LAS), peintre d’histoire espagnol, né à Séville en 1560, m. en 1620, élève de Titien, était prêtre. Ses chefs-d’œuvre, qu’on voit à Séville, sont l’Apothéose de S. Isidore, S. Jean-Baptiste, S. Jean l’Évangéliste, S. Ignace de Loyola, l’Assomption, etc. Cet artiste dessinait bien, peignait d’une façon harmonieuse, et donnait à ses personnages une grande noblesse de formes ainsi qu’une grande vérité d’expression. Il forma Zurbaran.

ROEMER (Olaüs), astronome danois, né en 1644, à Copenhague, m. en 1710, fut amené en France en 1672 par Picard qui l’avait vu et apprécié à Uranienbourg, fut placé près du Dauphin pour lui enseigner les mathématiques, et entra dès 1674 à l’Académie des sciences. On lui doit la découverte de la vitesse de la lumière, qu’il obtint par l’observation du 1er satellite de Jupiter (1675). C’est aussi lui qui a imaginé la lunette méridienne, employée aujourd’hui dans tous les observatoires sous le nom d’Instrument des passages. Il fut rappelé en Danemark en 1681 pour professer les mathématiques à Copenhague, devint directeur des monnaies, inspecteur des arsenaux et des ports, et enfin conseiller d’État, en 1707. Condorcet a prononcé son Éloge.

ROER (la), Rura, riv. des États prussiens (Prov. Rhénane), naît à 10 kil. N. E. de Malmédy, arrose cette ville, ainsi que Düren et Juliers, entre dans le Limbourg et se jette dans la Meuse à Ruremonde, après un cours de 140 kil. — De 1801 à 1814, la Roër donna son nom à un dép. français qui avait pour ch.-l. Aix-la-Chapelle. Ce dép., qui comprenait, avec une partie de l’électorat de Cologne, du duché de Clèves et de la Gueldre méridionale, le duché de Juliers et le comté de Mœrs, était borné par ceux de la Lippe au N., de la Meuse-Inf. à l’O., de Rhin-et-Moselle et de l’Ourthe au S., par le Rhin à l’E.

ROESKILDE. V. ROSKILD et ROTSCHILD.

ROGATIONS (Fête des), de rogare, prier, fête instituée en 474 par S. Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, dans le but d’attirer la protection de Dieu sur les biens de la terre, consiste en processions autour des champs, pendant lesquelles le prêtre bénit la terre en appelant sur les moissons les bénédictions du ciel. On la célèbre pendant les 3 jours qui précèdent l’Ascension.

ROGER (S.), évêque et patron de Cannes en Italie, m. au Xe s., était Normand d’origine. On le fête le 15 oct. et le 30 déc

ROGER I, grand-comte de Sicile, était le 12e fils de Tancrède de Hauteville. Il se joignit en 1052 à son frère Robert Guiscard, l’aida dans ses expéditions contre la Calabre, passa en 1061 dans la Sicile, qui appartenait alors aux Sarrasins, s’empara en 1074 de leurs capitales Catane et Palerme et finit, après 28 ans de fatigues, de combats, de courses, par se rendre maître de toute l'île, sauf les montagnes de l’intérieur (1089). Il avait été dès 1071 nommé par son frère comte de Sicile ; il prit lui-même, après la mort de Robert Guiscard, le titre de grand-comte, 1096. Il rétablit partout la religion chrétienne, et obtint d’Urbain II, pour lui et ses successeurs, le titre de légat apostolique, avec tous les pouvoirs attachés à cette haute fonction, 1098. Il mourut en 1101, laissant deux fils mineurs, Simon et Roger, sous la tutelle d’Adélaïde de Montferrat, sa 3e femme. — II, d’abord grand-comte, puis roi de Sicile, fils du préc., né en 1093, n’avait que 8 ans quand son père mourut, et fut placé sous la tutelle d’Adélaïde, sa mère. Dès qu’il fut en âge, il enleva la Calabre à son cousin Guillaume (1120) ; il devint en outre duc de Pouille après la mort de ce prince (1127), prit en 1130 le titre de roi des Deux-Siciles, et se fit couronner à Palerme. Peu après il joignit à ses États Amalfi, Capoue, Aversa et Naples. Pendant le schisme de l’Église, il se prononça pour l’anti-pape Anaclet II, son beau-frère, et fit prisonnier Innocent II, par lequel il fit reconnaître son titre de roi (1139). Il fit encore quelques conquêtes sur les Grecs, auxquels il enleva Corfou (1146), envoya deux expéditions en Afrique contre les corsaires de Tripoli et pilla leur ville (1147-52). 11 mourut en 1154. Ce prince encouragea l’agriculture et l’industrie : il introduisit eu Sicile le mûrier (qu’il avait apporté de Grèce), le ver à soie et la canne à sucre.

ROGER DE COLLERYE, dit Roger Bontemps, né à Paris vers 1470, m. en 1540, était prêtre et secrétaire de l’évêque d’Auxerre. De l’humeur la plus joviale, il présidait à Auxerre une société facétieuse dont la chef prenait le titre d’abbé des fous : c’est d’après lui qu’on a nommé depuis Roger Bontemps un homme qui est sans souci. Il a laissé quelques écrits en prose et en vers, qui ont été réunis pour la 1re fois en 1536 et réimprimés en 1856 par Ch. d’Héricault.

ROGER, papes. V. CLÉMENT VI et GRÉGOIRE XI.

ROGER DE FLOR, chef de Catalans. V. FLOR.

ROGER-DUCOS, l’un des Directeurs. V. DUCOS.

ROGER (François), littérateur, né en 1776 à Langres, m. à Paris en 1842, était fils d’un receveur des dîmes. Après avoir donné quelques petites pièces auj. oubliées, il fit représenter en 1806 l’Avocat, comédie en 3 actes et en vers, imitée de Goldoni, qui eut un grand succès, et en 1809 la Revanche (avec Creuzé de Lesser), qui fut aussi fort bien accueillie. Il fut admis à l’Académie française en 1817 : il avait été dès 1809 appelé par Fontanes au conseil de l’Université. Ses comédies se distinguent par des caractères bien tracés, un esprit fin, un style élégant ; mais elles manquent de force comique. Ses Œuvres ont été publiées en 1834, 2 vol. in-8. Dévoué à la cause royaliste, Roger fut sous la Restauration un des fondateurs de la Société des Bonnes-Lettres, destinée à répandre dans la jeunesse l’esprit monarchique et religieux. — Un de ses fils, le Dr Henri Roger, agrégé à la Faculté de médecine de Paris, s’est fait avantageusement connaître par un Traité d’auscultation et par la Revue scientifique qu’il a longtemps rédigée pour le Constitutionnel.

ROGERS (Samuel), poëte anglais, né à Londres en 1762, m. en 1855. était fils d’un riche banquier de la Cité, et exerça lui-même cette profession. Il profita des loisirs que lui assurait une grande fortune pour cultiver les lettres, et réussit dans le genre didactique : par l’heureux choix des expressions et le naturel du sentiment, il se place auprès de Goldsmith. On a de lui les Plaisirs de la mémoire, 1792 (trad. en vers par Albert de Montémont) ; Columbus, 1818 ; la Vie humaine, 1820 ; l’Italie, 1822, qui est son chef-d’œuvre ; des odes, des épîtres et des poèmes divers. Aussi libéral que riche, il était le Mécène des gens de lettres : son salon fut pendant cinquante ans le rendez-vous de la société la plus brillante.

ROGGEWEEN (Jac.), navigateur hollandais, né en 1669 en Zélande, partit du Texel en 1721 pour exécuter un long voyage autour du monde, et toucha chemin faisant à nombre d'îles dans ce qu’on appelle auj. Australie et Polynésie ; mais on ne donna point suite à ses découvertes, si bien qu’il reste du doute sur les lieux qu’il visita ; il fut même traité comme criminel en arrivant à Batavia par les officiers de la Compagnie des Indes orientales pour avoir navigué dans des parages qui faisaient partie de leur domaine, et ne rentra en Hollande que chargé de fers ; il se justifia avec éclat, mais ne fut plus employé. On ignore la date de sa mort. Son nom est resté à un archipel formé des îles Penrhyn, Peregrino, Pearson, Humphrey, etc., et situé dans le Grand-Océan Équinoxial, au N. O. de l’archipel de la Société et au N. E. de celui des Navigateurs, archipel qu’il avait découvert en 1722.

ROGLIANO, ch.-l. de c. (Corse), à 28 kil. N. de Bastia ; 1869 hab. Tour dite de Sénèque.

ROGNIAT (Joseph, vicomte de), général du génie, né en 1767 à Vienne en Dauphiné, m. en 1840, servit en Allemagne et en Espagne, contribua au siège de Dantzick, à la prise de Saragosse, de Tortose, de Tarragone et de Valence, et fut nommé général de division en 1811. Appelé en 1813 à la grande armée, il fortifia Dresde; il commandait en 1814 le génie à Metz. Il fut nommé en 1815 membre du comité de la guerre, puis inspecteur général du génie, et devint pair en 1830. On a de lui une Relation des sièges de Saragosse et de Tortose, 1814, Considérations sur l'art de la guerre, 1818, ouvrage estimé, quoique combattu par Napoléon, et quelques écrits politiques.

ROGUET (François), général, né en l770 à Toulouse, m. en 1846, fit avec gloire les campagnes de l'Empire, emporta les hauteurs d'Elchingen, 1805, se signala aux bat. d'Iéna, d'Eylau, fut laissé pour mort en 1807 dans un combat livré aux Russes sur la Passarge; commanda les grenadiers à pied de la vieille garde à Wagram, défit les Russes à Krasnoï en 1812 et par là assura la retraite de l'armée, eut en 1813 une grande part à la victoire de Dresde, disputa jusqu'au dernier moment les Pays-Bas aux Prussiens et aux Anglais en 1814 ; commanda la vieille garde à Waterloo après la blessure du général Friant, et combattit avec vigueur en 1831 l'insurrection de Lyon. Déjà créé sous l'Empire baron, puis comte, il fut nommé pair de France en 1834. Ce général se distingua par son talent à organiser et à discipliner les troupes, non moins que par sa bravoure. Son fils, le général Michel R., né en 1800, également distingué comme soldat et comme écrivain militaire, a conquis ses grades en Afrique. Il a été aide de camp de Napoléon III et sénateur.

ROHAN, ch.-l. de c. (Morbihan), dans l'ancienne Bretagne, à 33 kil. N. O. de Ploërmel, sur l'Oust; 567 hab. Château ruiné, domaine primitif de la maison de Rohan. Jadis titre d'une vicomte qu'Henri IV érigea en duché-pairie en 1603 en faveur de Henri, vicomte de Rohan.

ROHAN-ROHAN ou FRONTENAY. V. FRONTENAY.

ROHAN, ancienne et illustre maison qu'on fait remonter aux premiers souverains de la Bretagne, était sortie des vicomtes de Rennes, par Alain I, 4e fils d'Eudon, comte de Porrhoët, qui vivait vers 1100, et qui reçut en partage la terre de Rohan, avec le titre de vicomte. Cette maison a formé plusieurs branches dont les principales sont celles de Guéménée, Montbazon, Soubise, Gié, Chabot; s'est alliée à la famille royale de France par le mariage de Marguerite, fille d'Alain IX, avec Jean d'Angoulême, grand-père de François I, et a fourni un grand nombre de personnages distingués. D'abord vicomtes, puis comtes, les Rohan portèrent le titre de ducs depuis Henri de Rohan, fait duc et pair en 1603. Les Rohan avaient rang de princes, parce qu'ils tiraient leur origine des anciens rois de Bretagne (par Conan I). L'un d'eux avait pris pour devise : Roi ne puis, duc ne daigne, Rohan suis.

ROHAN (Henri, vicomte, puis duc de), prince de Léon, né en 1579 dans la religion réformée, obtint la pairie avec le titre de duc en 1603, épousa en 1605 la fille de Sully, et fut nommé la même année colonel des Suisses et Grisons. Après la mort de Henri IV, il se posa comme le chef des Calvinistes en France, et soutint, au nom de son parti, trois guerres contre le gouvernement de Louis XIII (1620-32, 1625-26, 1627-29); la dernière lui fut fatale : La Rochelle, qu'il défendait, fut prise par Richelieu, et il dut quitter la France. Il se retira à Venise : cette république l'avait choisi pour général contre l'Espagne (1631), mais le traité de Chérasque rétablit la paix. En 1632, il fit la guerre de la Valteline comme chef des Ligues grises, mais pour le compte de la France. Envoyé de nouveau dans cette contrée par Richelieu en 1635, il la conquit, mais il dut l'évacuer l'année suivante. Il se retira auprès du duc de Saxe-Weimar, et reçut en combattant avec lui à Rheinfeld une blessure dont il mourut au bout de quelques jours (1638). Il ne laissait qu'une fille, Marguerite, mariée a Henri de Chabot, qui prit le nom de Rohan-Chabot. Il a rédigé des Mémoires sur les guerres des Réformés en France de 1610 à 1629 (publiés en 1644), et sur la guerre de la Valteline (publiés en 1758) : ces Mémoires sont très-précieux; on les met à côté des Commentaires de César. Ils ont été reproduits dans la collection de Petitot et dans celle de Michaud et Poujoulat. On a encore de lui Le parfait Capitaine, des Discours politiques sur les affaires d'État et un Traité du gouvernement des treize cantons.

ROHAN (Benjamin de), seigneur de Soubise, frère du précédent. V. SOUBISE.

ROHAN (Tancrède de), fils putatif de Henri de Rohan, fut élevé secrètement en Hollande, se vit contester son titre par la fille de Henri, Marguerite, duchesse de Rohan-Chabot, le perdit par arrêt du parlement de Paris (1646), malgré les efforts de la duchesse douairière, sa mère, prit parti contre la cour pendant la Fronde, et fut tué en 1649 dans une embuscade au milieu du bois de Vincennes au moment où, atteignant sa majorité, il allait se pourvoir contre le jugement qui lui ôtait son nom.

ROHAN (Louis, prince de), dit le Chevalier de Rohan, né vers 1635, fut nommé en 1656 duc de Montbazon, grand veneur, puis colonel des gardes de Louis XIV. Il était très-brave et s'était signalé sous les yeux du roi dans les campagnes de Flandre et Hollande ; mais il se livra à des folies de tout genre : il fut l'amant de la marquise, de Thianges, enleva la duchesse de Mazarin (Hortense Mancini), et porta même ses vues sur Mme de Montespan. Privé de toutes ses charges à cause du scandale de sa conduite et perdu de dettes, il ourdit avec Latréaumont, officier subalterne, un complot qui avait pour but de livrer Quillebœuf aux Hollandais pour leur donner accès en Normandie. Le complot ayant été découvert, il fut condamné à mort et exécuté en 1674.

ROHAN (Armand Gaston de), cardinal et évêque de Strasbourg, né en 1674, m. en 1749, était le 5e fils du premier prince de Soubise (de la branche de Rohan-Guéménée). D'abord coadjuteur du cardinal de Furstenberg, il le remplaça en 1704 sur le siège de Strasbourg, fut créé cardinal en 1712 et grand aumônier de France en 1713. C'est lui qui sacra Dubois archevêque de Cambray; il entra dans le conseil de régence en 1722. Il avait été admis dès 1704 à l'Académie française. — Après lui, les titres de cardinal et d’évêque de Strasbourg ne sortirent plus de sa famille ; ils furent portés : 1° par Armand de Rohan, son petit-neveu (1717-56), plus connu sous le nom de Cardinal de Soubise, qui lui succéda en 1749; — 2° par Louis-Constantin de Rohan, qui remplaça en 1756 le cardinal de Soubise ; — 3° par Louis-René, prince de Rohan, qui suit.

ROHAN (Louis René, prince de), cardinal, né en 1734, m. en 1803, d'abord connu sous le nom de Prince Louis, fut de bonne heure nommé coadjuteur de son oncle, Louis Constantin, évêque de Strasbourg, fut envoyé en 1772 à Vienne comme ambassadeur de France, ne s'y occupa que de plaisirs et scandalisa tellement la cour d'Autriche que l'impératrice (Marie-Thérèse) demanda son rappel. Il n'en fut pas moins à son retour (1774) pourvu de riches bénéfices, nommé grand aumônier du roi, évêque de Strasbourg (1779), et enfin cardinal. Dupe des intrigants qui l'entouraient, le cardinal de Rohan se laissa persuader qu'il obtiendrait les bonnes grâces de la reine Marie-Antoinette en achetant pour elle un magnifique collier de diamants que cette princesse avait refusé comme étant d'un prix trop élevé : il l'acheta et le remit à des fripons qui lui firent croire que ce bijou avait été agréé par la reine (V. comtesse de LAMOTTE); mais comme il ne put payer la somme énorme que coûtait le collier (1 600 000 liv.), l'affaire fit du bruit, et le roi, qui en fut instruit, le fit arrêter et traduire devant le parlement (1785). Rohan fut absous, mais il perdit tout ce qu'il tenait de la cour, et fut exilé à l'abbaye de la Chaise-Dieu. Il put cependant bientôt rentrer dans son diocèse, et parut vivre d'une manière plus conforme à son état. Député par le clergé de Haguenau aux États généraux, en 1789, il refusa son assentiment à la constitution civile du clergé, se retira en 1791 dans la partie de son diocèse située sur la rive droite du Rhin et y leva des troupes pour l'armée de Condé. Lors du Concordat, il se démit de son évêché. L'abbé Georgel, qui avait été son grand vicaire, a donné sur ce personnage de curieux détails dans ses Mémoires.

ROHAN-GUÉMÉNÉE (Jules Hercule MÉRIADEC, prince de), frère aîné du préc., né en 1726, porta d'abord le titre de Prince de Montbazon et parvint au grade de vice-amiral. Il ne se signala, ainsi que sa femme, fille du duc de Bouillon, et gouvernante des enfants de France, que par l'éclat de ses fêtes, la somptuosité de sa maison et par de folles prodigalités, et ils finirent, en 1783, par faire une scandaleuse faillite, qui s'éleva au chiffre de 33 millions; la liquidation n'en fut terminée qu'en 1792. Dès 1783, le prince était tombé en disgrâce et la princesse avait été obligée de se démettre de ses fonctions. Elle pérît en 1793 sur l'échafaud révolutionnaire.

ROHAN-CHABOT (Louis François Auguste, duc de), prince de Léon, né à Paris en 1788, m. en 1833, fut élevé en Angleterre, où sa famille avait émigré, rentra de bonne heure en France, s'attacha à Napoléon, dont il devint chambellan, et fut sous Louis XVIII officier de mousquetaires. Ayant perdu sa femme, qu'il chérissait, il renonça au monde, embrassa l'état ecclésiastique et devint en peu de temps grand vicaire de Paris, archevêque d'Auch, puis de Besançon (1829), et enfin cardinal (1830). Il quitta la France après la révolution de juillet 1830, mais il rentra dans son diocèse en 1832, lors de l'invasion du choléra, et succomba peu après aux atteintes du fléau. Il effaça par ses vertus la tache imprimée au nom de Rohan par plusieurs des précédents.

ROHAULT (Jacques), physicien, né à Amiens en 1620, m. en 1675, adopta la méthode de Descartes, et écrivit un bon Traité de physique (1671), qui fut longtemps classique. Accusé d'hérésie par ses envieux, il en mourut de chagrin. Outre sa Physique, on lui doit des Entretiens sur la philosophie (1671), et des Œuvres (mathématiques) posthumes (1682).

ROHILLAS, tribu afghane qui émigra du Caboul et vint s'établir à la fin du XVIIe s. dans la partie orientale du Delhi, entre le Gange et la Gogra, domina longtemps ce pays, qui de son nom s'appelle auj. Rohilkand. Le nabab d'Aoude le leur enleva dans la dernière moitié du XVIIIe siècle. Les Anglais en sont maîtres depuis 1801.

ROHRAU, bg de l'Autriche propre, à 23 kil. O. de Presbourg; 600 hab. Patrie de Haydn.

ROHRBACH, ch.-l. de c. (Moselle), à 18 kil. S. E. de Sarreguemines ; 1158 hab. Hauts fourneaux.

ROHRBACHER (l'abbé René), historien ecclésiastique français, né en 1789 à Langatte (Meurthe), m. en 1856, était fils d'un maître d'école. Après avoir été curé de Lunéville, puis missionnaire diocésain, il devint professeur, puis supérieur au grand séminaire de Nancy. On lui doit une Hist. universelle de l'Église catholique, en 29 vol. in-8, Paris, 1842-45 et 1849-53, vaste et savante composition qui lui demanda 30 ans de travail, mais dont le style laisse à désirer; elle est écrite au point de vue des doctrines et des prérogatives du St-Siége. On a aussi de lui : Motifs qui ont ramené à l'Église catholique un grand nombre de protestants; Tableau des principales conversions; Vie des saints.

ROI. Outre son sens propre de chef d'un État, ce mot a été appliqué à divers personnages investis d'une sorte d'autorité de tout autre nature. Le Roi du festin était, chez les Grecs et les Romains, un convive qui avait autorité sur les autres, pour animer la fête. Cette royauté se tirait au sort avec des dés. Les ordonnances du roi du festin consistaient à commander de boirr plus ou moins, de chanter, d'improviser ou de réciter des vers, de jouer à tel jeu. — Le Roi des Sacrifices était, chez les Romains, un prêtre chargé de faire les sacrifices dont la royauté avait été chargée avant l'expulsion des rois. Il devait en outre annoncer au peuple les fériés du mois. Il était élu à vie par les collèges des augures et des pontifes, et choisi parmi les patriciens.

Au moyen âge, le Roi des Hérauts ou Roi d'Armes était le chef des hérauts d'armes (V. HÉRAUT dans notre Dict. univ. des Sciences) ; le Roi des Ribauds la chef de cette milice. On donnait le même titre aux chefs des principales corporations : ainsi il y avait le Roi de la Basoche, le Roi des Merciers, des Barbiers, etc.

ROI DES ROMAINS, titre donné, dans l'anc. empire d'Allemagne : 1° à l'empereur nouvellement élu, tant qu'il n'avait pas été couronné par le pape; 2° au prince que les électeurs avaient désigné du vivant même d'un empereur pour lui succéder.

ROI DE ROME, nom qui fut donné au fils de l'empereur Napoléon I au moment de sa naissance.

ROI DES ROIS, titre pompeux que se donnaient les anciens rois de Perse.

ROI (Comté du), en Irlande. V. KING'S COUNTY.

ROIS (les Livres des). On réunit sous ce nom 4 livres de la Bible qui contiennent l'histoire du peuple hébreu depuis Samuel jusqu'au commencement du règne de Sédécias, pendant une durée de cinq siècles environ. Les 2 premiers de ces livres ont été attribués sans fondement suffisant à Samuel; les deux autres paraissent être d'Esdras.

ROIS (Fête des), festin donné la veille de l’Épiphanie en mémoire de l'Adoration des rois Mages. On sait que dans ce jour on sert dans chaque famille un gâteau dans lequel est cachée une fève, que le convive qui trouve la fève dans sa part est proclamé roi et que dès qu'il porte le verre à sa bouche tous les convives, pour lui faire honneur, crient Le roi boit! Vive le roi! Cet usage ne parait pas remonter au delà du XIVe s. Il tend à tomber en désuétude.

ROIS PASTEURS. V. HYCSOS.

ROISEL, ch.-l. de cant. (Somme), à 12 kil. E. de Péronne; 1768 h. Étoffes de laine et de coton.

ROJAS ou ROXAS (Francisco de), poëte dramatique, né à Tolède en 1601, ne manque pas de nerf et de verve; mais c'est injustement que quelques-uns l'ont opposé à Calderon. Les auteurs français du XVIIe s. lui ont emprunté quelques drames : Rotrou lui doit Venceslas, et Th. Corneille Don Bertran de Cigarral. — Un autre Rojas, Fernando, poëte castillan du XVIe s., publia vers 1510 la Célestine, tragi-comédie qui compte plus de 20 actes, mais qui n'a jamais été représentée. Ce n'est qu'une longue nouvelle dialoguée. Elle a été traduite par Germont Delavigne en 1842.

ROKN-ED-DAULAH, c.-à-d. Soutien de l'empire, 1er sultan bouide d'Ispahan (935-976),se rendit maître de la Perse entière. Il unit aux talents d'un grand prince des vertus qui, dans sa vieillesse, le rendirent l'arbitre de ses contemporains.

ROKN-EDDIN-KHOURCHAH, dernier cheik des Ismaélites de Perse ou Assassins, fut dépossédé par Houlagou, et tué sur les bords du Djihoun en 1257.

ROKOSS. On nommait ainsi le privilège que possédaient les nobles de Pologne de prendre les armes lorsqu'ils craignaient quelque envahissement de la part du roi ou du sénat.

ROLAND (le paladin), Orlando en italien, héros célèbre dans les romans de chevalerie, et l'un des paladins de Charlemagne, dont il est regardé comme le neveu. Les romanciers lui donnent une taille et une force extraordinaires, un caractère confiant et loyal et lui attribuent toutes sortes d'aventures, sur lesquelles l'histoire se tait entièrement. Charlemagne, qui déjà l'avait nommé commandant des marches de Bretagne, l'emmena avec lui à la conquête de l'Espagne. Au retour de cette expédition,, il tomba dans une embuscade au col de Roncevaux (dans les Pyrénées) où il avait été amené par le traître Ganelon, et y périt avec la fleur de la chevalerie française (778). Ses aventures sont relatées dans la Chronique de Turpin et dans la Chanson de Roland, attribuée à Théroulde (publ. en 1851 par Gémn, avec traduction et notes). Il est le héros du Roland amoureux de Boïardo et du R. furieux de l’Arioste. L’épée de Roland, la durandal, et son cor, l’olifant, sont célèbres dans les romans de chevalerie. On prétend conserver son épée à Rocamadour (Lot). On montre sa lance dans la cathédrale de Pavie.

ROLAND, un des chefs des Camisards, né près d’Alais, avait d’abord servi dans les dragons ; il soutint deux ans la guerre dans les Cévennes avec une rare intrépidité, mais fut tué d’un coup de feu en 1704. Il prenait les titres de comte et de généralissime des Protestants.

ROLAND DE LA PLATIÈRE (Jean Marie), homme politique, né en 1732 à Villefranche près de Lyon, était inspecteur général du commerce quand il fut porté, en 1790, à la municipalité de Lyon, où il fonda un club de Jacobins. Il devint en mars 1792 ministre de l’intérieur, mais il fut bientôt congédié par le roi, avec plusieurs de ses collègues. Après l’insurrection du 10 août, il fut rappelé au ministère de l’intérieur. Il condamna les massacres de septembre et voulut s’opposer à la domination de la Montagne, mais il ne put réussir à maîtriser ce parti, se fit haïr des meneurs les plus avancés, fut accusé de fédéralisme, réduit à donner sa démission, puis enveloppé dans la proscription des Girondins ; il échappa pendant 5 mois aux recherches ; mais, instruit du supplice de sa femme, il se donna la mort, sur la grande route, près de Rouen (15 nov. 1793). On a de lui des Lettres, des Mémoires, divers Traités industriels, et un Dictionnaire des Manufactures. C’était un homme probe et rigide, mais inférieur à sa femme, à l’ascendant de laquelle il cédait.

ROLAND (Manon Jeanne PHLIPON, dame), femme du précéd., née à Paris en 1754, était fille d’un graveur. Elle fit presque seule son éducation, lut surtout Plutarque, où elle puisa ses sentiments républicains, épousa Roland en 1780, fut la principale rédactrice du Courrier de Lyon, fondé par lui à la Révolution, le suivit à Paris, se lia avec les Girondins, et devint, par sa vivacité d’esprit et son enthousiasme, l’âme de leurs conseils ; elle dirigeait le ministère de l’intérieur sous le nom de son mari. Plus haïe encore que lui de la Montagne, elle fut arrêtée après le 31 mai ; déjà une fois elle avait paru devant la Convention, et s’était justifiée avec éclat de l’accusation d’intrigues avec l’Angleterre ; cette fois, elle ne put échapper au supplice ; elle eut la tête tranchée le 8 novembre 1793. En prison, au tribunal et sur l’échafaud, elle déploya un courage stoïque. On a de Mme Roland des Mémoires intéressants et curieux, 1795, souvent réimprimés, et divers ouvrages. On a publié en 1835 sa Correspondance avec Bancal des Issarts, et, en 1840, celle qu’elle entretint, avant son mariage, avec les Dlles Cannet.

ROLAND (Phil. Laurent), statuaire, né en 1746 à Pont-à-Marcq(Nord), m. en 1816, exécuta des statues de Condé, de la Loi, de Bonaparte, etc., fut admis en 1781 à l’Académie de peinture et y devint professeur. Ses chefs-d’œuvre sont Caton, Samson et Homère chantant sur sa lyre : dans cette dernière statue, qui est au Louvre, il a su rendre l’enthousiasme du génie, et la vigueur d’une vieillesse robuste et quasi divine. David d’Angers fut son élève.

ROLLAND D’ERCEVILLE (Barth.), président au parlement de Paris, né en 1734, fut un adversaire ardent des Jésuites. Après leur expulsion, il fut chargé d’administrer quelques-uns de leurs collèges, et publia en 1770 un Plan d’études, refondu depuis sous le titre de Plan d’éducation (1784), dans lequel on trouve la première idée d’une Université de France, de l’inspection générale des études et de l’École normale. Dénoncé pendant la Terreur, il périt sur l’échafaud en 1794.

ROLLIN (Charles), célèbre professeur, né à Paris en 1661, m. en 1741, était fils d’un pauvre coutelier. S’étant fait remarquer par ses dispositions précoces, il obtint une bourse, suivit les cours du collége du Plessis, et se distingua pendant ses études classiques par ses vertus autant que par ses succès : il étudia ensuite en théologie, mais sans prendre les ordres. Il remplaça à 22 ans Hersan, son ancien professeur, dans la chaire de seconde, fut nommé en 1687 professeur de rhétorique au Plessis, en 1688 professeur d’éloquence au Collège de France, fut élu en 1694 recteur de l’Université de Paris, et prit en sortant de charge (1696) la direction du collége de Beauvais. Il y fit fleurir les études et signala son administration par de bonnes actions comme par d’utiles réformes ; mais au bout de quinze ans, il se vit brusquement enlevé à ses élèves comme suspect de jansénisme. Forcé au repos, il consacra ses loisirs à la composition d’ouvrages utiles à la jeunesse et travailla jusqu’à ses derniers jours ; il mourut âgé de plus de 80 ans, universellement aimé et estimé. Dévoué toute sa vie au bien de la jeunesse, il mérita d’être appelé le bon Rollin. Il avait été reçu en 1701 à l’Académie des inscriptions ; l’intrigue l’empêcha d’entrer à l’Acad. française. On doit à Rollin : une édition abrégée de Quintilien, 1715, 2 v. in-12, dans laquelle il élagua tout ce qui ne se rapportait pas strictement à l’éloquence ; le Traité des Études, 1726, 4 v. in-12, chef-d’œuvre de raison et de goût, qui est resté jusqu’à nos jours le meilleur code de l’éducation publique ; l’Histoire ancienne, 1730-38, 13 vol., ouvrage qui peut quelquefois manquer de critique, mais qui offre une lecture aussi instructive qu’attachante ; l’Hist. romaine, dont il ne put faire paraître que les 5 premiers volumes (1738-41), et qui fut achevée par Crevier. On a en outre de lui un recueil d’opuscules (Lettres, Discours latins, vers latins, etc.), 1771, 2 vol. in-12. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Letronne, 1821-25, et par M. Guizot, 1821-27, en 30 v. in-8. Berville a écrit un Éloge de Rollin, couronné par l’Acad. française en 1818. Le Collége municipal de Paris a été appelé en son honneur Collége Rollin.

ROLLON, HROLF ou RAOUL, duc de Normandie, était un des chefs norvégiens bannis par Harald Haarfager (875). À la tête de ses Normands, il ravagea les côtes de France de 876 à 911, prit Rouen, assiégea Paris (886), s’empara de Nantes, d’Arques, du Mans, pénétra jusque dans l’Orléanais et la Bourgogne et força Charles le Simple à acheter la paix : il obtint en 911, par le traité de St-Clair-sur-Epte, la partie de la Neustrie appelée depuis Normandie, ainsi que le domaine direct de la Bretagne, à la condition qu’il rendrait hommage à Charles et se ferait baptiser ; ce qu’il effectua l’année suivante : il prit alors le nom de Robert. On ajoute qu’il reçut la main de Gisèle, fille de Charles le Simple (912), mais l’âge des personnages rend le fait douteux. Son gouvernement fut équitable et pacifique ; il assura la sécurité publique, au point, dit-on, que des bracelets d’or, abandonnés au milieu des bois, étaient respectés. Son nom fut tellement vénéré que longtemps après sa mort les Normands en appelaient à lui pour invoquer la justice (d’où la Clameur de Haro). Il mourut en 932, laissant un fils, Guillaume I, à qui il avait cédé son duché en 927. Rollon est le héros du roman du Rou.

ROMAGNANO, bg d’Italie, ch.-l. de mandement, sur la r. g. de la Sésia, à 25 k. N. de Novare ; 2300h. C’est là que Bayard passa la Sésia, 1524.

ROMAGNE (la), anc. prov. de l’État ecclésiastique, auj. du roy. d’Italie, entre les prov. de Ferrare et d’Urbin, avait pour ch.-l. Ravenne, et pour autres villes, Imola, Faenza, Forli, Forlimpopoli, Césène, Cervia, Rimini, auxquelles on ajoute quelquefois, mais à tort, les villes et les territoires de Ferrare et de Bologne ; on dit alors les Romagnes. Sous l’empire romain, c’était une portion de la Flaminie ; au VIe s. et après l’invasion lombarde, ce fut la province centrale de l’exarchat. Conquise en 752 par le Lombard Astolfe, elle lui fut enlevée bientôt après par Pépin le Bref, qui la donna au pape Étienne II (754). Charlemagne confirma et augmenta considérablement cette donation ; il érigea la Romagne en comté. Ce comté, en 1221, fut conféré par Frédéric II à deux comtes de Hohenlohe ; la maison de la Polenta s'en appropria le domaine en 1275 après la chute des Hohenstaufen; Venise leur en ravit une partie en 1441. César Borgia envahit la Romagne en 1501, et reçut du pape Alexandre VI le titre de duc de Romagne ; mais Jules II, aidé de Louis XII, la lui enleva dès 1503 et l'annexa à l’État ecclésiastique, dans lequel elle forma les légations de Ravenne et de Forli. Perdue de nouveau pour les papes à la suite de la Révolution française (1796), elle leur fut restituée en 1804; mais, disposée sans cesse à se soulever, elle n'était contenue que par la présence des Autrichiens. A leur départ, en 1859, elle s'empressa de s'annexer au roy. d'Italie.

ROMAGNESI (Jean Ant.), acteur et auteur, né à Namur en 1690, d'une famille italienne, m. en 1742, excellait dans les rôles d'ivrogne, de Suisse et d'Allemand. Il a écrit, soit seul, soit avec Riccoboni, des parodies et des pièces bouffonnes, dont un choix fut publié en 1774. — Ant. Joseph R., son petit-neveu, né à Paris en 1781, m. en 1850, compositeur de musique et éditeur, s'est fait un nom par des romances, remarquables par la grâce et la mélodie, qui eurent une vogue extraordinaire. — Louis-Alex. R., cousin germain du préc., né en 1776, fut un sculpteur de mérite. On a de lui : la Paix, 1808; Minerve protégeant le fils de Napoléon, 1812 ; les bustes de Louis XVIII, 1814; de Pothier, de Fénelon, 1819; Orphée chantant, etc. On lui doit l'invention du carton-pierre, dont il a fait la plus heureuse application au moulage et à la statuaire ; mort en 1852.

ROMAGNOSI (Dominique), jurisconsulte, né en 1761 à Salso, près de Plaisance, m. en 1835, enseigna le droit pendant la domination française , dans les universités de Parme, de Pise et de Milan, et perdit ses emplois en 1814. On lui doit : Genèse du Droit pénal, Pavie, 1791, où il fonde le droit sur la nécessité; Introduction à l'histoire du Droit public universel, 1805; Projet de Code de procédure, 1807; Journal de jurisprudence universelle, 1812-14.

ROMAIN (Empire). On désigne proprement sous ce nom l'empire constitué sous Auguste l'an 29 av. J.-C., empire qui, continué sous les successeurs de ce prince, forma un seul et unique État jusqu'à Dioclétien, ou plutôt jusqu'à la mort de Théodose (395 après J.-C.), et qui, partagé depuis en empire d'Occident et en empire d'Orient, se prolongea en Occident jusqu'en 476. (Pour les résurrections modernes du nom d’Empire, V. l'art, EMPEREUR). — Nous donnerons ici la géographie de l'Empire romain, renvoyant pour la partie historique aux art. ROME et ORIENT.

On doit distinguer dans l'empire romain l’Italie et les Provinces (ou pays conquis). L'Italie reçut, soit sous Auguste, soit avant et après lui, des divisions qui varièrent, et qu'on trouvera indiquées à l'art. ITALIE. — Les provinces étaient, avant Auguste, la Sicile (de toutes la plus anc.), la Sardaigne, la Corse, l'Espagne Citérieure, l'Espagne Ultérieure, la Gaule Cisalpine, la Gaule Transalpine (dite d'abord Province romaine de Gaule et devenue, de 58 à 50, par les exploits de César, la Gaule tout entière), l'Afrique, la Numidie (réduite en prov. après la bataille de Thapse, en 46), l'Illyrie, l'Achaïe, la Macédoine, l'Asie (c.-à-d. le roy. de Pergame), la Cilicie, la Syrie, Cypre et la Cyrénaïque. — Auguste comprit la Cisalpine dans l'Italie, partagea l'Espagne en 3 prov. (Tarraconaise, Lusitanie, Bétique), la Gaule en 4 (Narbonnaise ou anc. Celtique diminuée, Aquitaine ou anc. Aquitaine très-agrandie, et Belgique avec les deux Germanies), conquit l’Égypte (30), la Rhétie et la Vindélicie, le Norique, la Pannonie et la Mésie, qu'il divisa en 2 provinces. De plus, il fit avec le Sénat le partage de toutes les provinces, se réservant les prov. frontières et récemment conquises; de là la distinction des Prov. sénatoriales et des Prov. impériales. Les prov. sénatoriales furent la Sardaigne et la Corse, la Sicile, la Narbonaise, la Bétique, la Macédoine, l'Achaïe, la Crète, l'Asie, la Bithynie, Cypre, l'Afrique, la Numidie, la Cyrénaïque. Tout la reste était prov. impériale.

Lors de la constitution des deux Empires d'Orient et d'Occident, au IVe s., tout l'Empire forma, 4 Préfectures, divisées comme suit :

EMPIRE D'OCCIDENT. — 1° Préfecture des Gaules.
Bretagne 1re et 2e.
Diocèse de Bretagne, Grande Césarienne.
Flavie Césarienne.
Valentie.
Belgique 1re et 2e.
Germanique 1re et 2e.
Lyonnaise 1re, 2e, 3e et 4e.
Grande-Séquanaise.
Dioc. des Gaules Aquitaine 1re et 2e.
Novempopulanie
Narbonaise 1re et 2e.
Viennaise (plus tard subdivisée en 1re et 2e).
Alpes Grecques,
Alpes maritimes.
Tarraconaise.
Gallécie.
Carthaginoise.
Dioc. d'Hispanie, Lusitanie.
Bétique.
Baléares.
Mauritanie Tingitane.
Préfecture d'Italie.
Rhétie 1re et 2e
Alpes Cottiennes.
Vénétie.
Diocèse d'Italie propre, Ligurie.
Émilie.
Flaminie.
Diocèse d'Italie, Tuscie et Ombrie.
Valérie.
Picenum Suburbicaire.
Campanie.
Diocèse de Rome, Samnium.
Apulie et Calabre.
Lucanie et Brutium.
Sicile.
Sardaigne.
Corse.
Afrique et Byzacène.
Numidie.
Dioc. d'Afrique, Mauritanies Césarienne et Sitifienne.
Tripolitaine.
Norique 1re et 2e
Pannonie 1re et 2e
Diocèse d'Illyrie Valérie.
Savie.
Dalmatie.
EMPIRE D'ORIENT. – 3° Préfecture d’Illyrie.
Dacie 1re et 2e.
Diocèse de Dacie, Mésie 1re.
Dardanie.
Prévalitane.
Macédoine.
Diocèse de Macédoine. Épire (anc. et nouvelle).
Achaïe ou Grèce.
Ile de Crète.
Préfecture d'Orient.
Mésie 2e.
Thrace.
Dioc. de Thrace, Hémimont.
Rhodope.
Europe.
Petite Scythie.
Asie Propre.
Proconsulat d'Asie. Hellespont.
Les Iles.
Lydie.
Carie.
Diocèse d'Asie, Lycie.
Vicariat d'Asie, Pamphylie.
Pisidie.
Lycaonie.
Phrygie Pacatiane et Salutaire.
Isaurie.
Cilicie (plus tard subdiv. en 2).
Phénicie maritime et du Liban.
Syrie consulaire, salutaire, euphratésienne
Diocèse ou Comté d'Orient. Palestine 1re, 2e, 3e et 4e.
Arabie.
Osroène.
Mésopotamie.
Cypre.
Bithynie.
Honoriade.
Paphlagonie.
Diocèse de Pont Hellénopont.
Pont-Polémoniaque.
Galatie 1re et 2e.
Cappadoce 1re et 2e.
Arménie lre et 2e.
Égypte propre.
Libye 1re et 2e.
Diocèse d'Égypte, Augustamnique.
Arcadie ou Heptanomide.
Thébaïde.


ROMAIN I, dit Lécapène, empereur d'Orient, né en Arménie d'une famille obscure, s'était déjà fait un nom dans les armées sous Basile et sous Léon VI. Grand amiral sous Constantin VII, aimé de l'impératrice mère Zoé, veuve de Léon VI, il aspira à l'empire. Il fut d'abord comme le tuteur du jeune empereur : il lui fit épouser sa fille Hélène et se fit nommer régent avec lui en 919, mais bientôt il l'exclut du pouvoir et s'associa successivement ses 3 fils, Christophe, Étienne et Constantin. Il ne put chasser les Bulgares qu'en donnant à Pierre, leur roi, la main de sa petite-fille Marie (927); les Hongrois et les Russes vinrent aussi sous son règne ravager l'empire : une flotte russe fut détruite sous son règne par le feu grégeois (941). Il fut détrôné en 944 par ses propres fils Étienne et Constantin, et relégué dans un couvent, où il m. en 948. — II, le Jeune, petit-fils du préc., fils de Constantin VII et d'Hélène, empoisonna son père afin de régner (959), passa son temps dans les plaisirs et m. en 963 soit de ses excès, soit du poison que lui donna sa femme Théophano. — III, Argyre, riche sénateur de Constantinople, fut choisi par Constantin IX pour successeur et pour gendre, monta sur le trône en 1028 et justifia d'abord le choix dont il était l'objet ; mais, ayant éprouvé des revers dans ses entreprises contre les Turcs (1030), il s'en vengea sur ses sujets et les exaspéra par ses cruautés. L'impératrice Zoé, sa femme, le fit assassiner dans son bain (1034). — IV, Diogène, petit-neveu de R. III, venait d'être condamné à mort comme conspirateur quand l'impératrice Eudoxie, l'ayant vu, s'éprit de lui et l'épousa, au mépris du serment qu'avait exigé d'elle son époux Constantin XI en mourant (1068). Romain marcha contre les Turcs commandés par le Seldjoucide Alp-Arslan, les vainquit à Tarse (1069) et pénétra en Perse; mais il y perdit une bat. décisive (à Manzicert, 1071), et tomba aux mains du prince turc. Il fut relâché sous promesse d'une énorme rançon; mais, en son absence, Constantinople avait proclamé Michel VII, fils d'Eudoxie; il tenta en vain de recouvrer la couronne, et tomba aux mains de Michel, qui lui fit crever les yeux. Il mourut quelques jours après.

ROMAIN (S.), martyr, était soldat dans les armées romaines. Témoin du martyre de S. Laurent, il se convertit à la vue de la constance héroïque de ce saint, et subit lui-même le martyre à Rome (258). On le fête le 9 août.

ROMAIN (S.), fondateur des monastères du mont Jura, né vers 390 à Isernon dans l'anc. Bugey, m. en 460, fonda vers 425 le monastère de Condat, auj. St-Claude, et peu après celui de La Baume, pour les femmes. Il eut son frère Lupicin pour second dans ses pieuses entreprises. On les hon. le 28 fév.

ROMAIN (S.), évêque de Rouen en 626, était issu des rois de France. On dit qu'il délivra miraculeusement les environs de Rouen d'un dragon monstrueux, la Gargouille, qui désolait le pays : une procession annuelle (le jour de l'Ascension) consacrait la mémoire de cet événement : on y délivrait un condamné. S. Romain m. en 639, le 23 oct., jour où on le fête.

Les Russes fêtent, le 29 juillet, sous le nom de S. Romain, un personnage qui subit le martyre en 1001,.

ROMAIN (GALLESIN, pape sous le nom de), n'eut la tiare que 10 mois (898). Il est même quelquefois omis.

ROMAIN (Jules), peintre. V. JULES ROMAIN.

ROMAINE (Église), un des noms donnés à l'Église catholique, parce que son chef visible réside à Rome.

ROMAINS (ÉTATS), dits aussi États de l'Église, États du Pape, États Pontificaux, ancien État de l'Italie centrale (capitale : Rome). Avant 1860, cet État, compris entre 41° 15'-44° 80' lat. N. et 9° 25'-11° 60' long. E., avait pour bornes au N. le roy. Lombard-Vénitien, au N. O. le grand-duché de Toscane et le duché de Modène, à l'E. l'Adriatique, au S. E. le roy. des deux-Siciles, au S. O. la mer Méditerranée; il avait du N. au S. env. 400 kil., de l'O. à l'E. 210, avec une population de 3 125 000 h. Il était partagé en 21 prov., tirant leur nom de leur ch.-l., dont 6 gouvernées par des légats (Légations), 14 par des vice-légats (Délégations), et une comarque, comme suit :

Légations. Orvieto,
Velletri, Rieti,
Urbin-et-Pesaro, Spolète,
Forli, Pérouse,
Ravenne, Camerino,
Bologne, Macerata,
Ferrare, Fermo,
Délégations, Ascoli,
Frosinone, Ancône,
Bénévent, Lorète,
Civita-Vecchia, Comarque.
Viterbe, Rome.

Après 1860, il ne resta aux États Romains que Rome et la Comarque, Viterbe, Civita-Vecchia, Velletri et Frosinone, avec une population d'env. 690 000 h.

Le territoire romain (anciens États Romains) est arrosé par le Tibre et ses affluents. Le pays est en partie couvert par les ramifications des Apennins. Les terrains voisins de la Méditerranée sont bas, humides, couverts de lagunes et de marais, surtout au S. : c'est là que s'étendent les fameux Marais Pontins. Le climat est extrêmement doux et l'air généralement sain en hiver; mais en été et surtout sur les côtes méridionales, où règne le sirocco, on est exposé à des maladies épidémiques produites par les exhalaisons des marais. Le sol est d'une très-grande fertilité : on y cultive le blé, l'orge, le maïs et le riz; la vigne et l'olivier y croissent en abondance ; l'oranger, le citronnier, le grenadier, le pistachier, le figuier, etc., y sont communs. Les pâturages sont nombreux et nourrissent des chevaux, des moutons, des bœufs et des buffles d'une taille extraordinaire. L'agriculture est arriérée ou négligée : de vastes étendues sont presque à l'état de désert. L'industrie est peu active et le commerce languissant. Quelques chemins de fer, partant de Rome, ont été construits récemment. — Le gouvernement des États de l'Église était monarchique et électif. Le pape était le chef de l'État; son pouvoir était absolu. La plupart des fonctions politiques et administratives étaient remplies par des ecclésiastiques.

Les États rom. s'étaient formés d'accroissements successifs et s'étaient étendus avec le pouvoir temporel des papes. Jusqu'au VIIIe s., ces pontifes, évêques de Rome en même temps que chefs de toute la chrétienté, paraissent n'avoir eu qu'une autorité spirituelle : la prétendue donation que Constantin leur aurait faite n'est qu'une fable. On date le commencement de leur autorité temporelle du pontificat de Grégoire II, qui, en 730, se rendit indépendant dans Rome après l'expulsion du duc grec, chassé pour avoir persécuté le culte des images. En 754, Pépin le Bref, vainqueur des Lombards, fit donation au pape Étienne II de l'exarchat de Ravenne et de la Pentapole; Charlemagne en 774 y ajouta le Pérugin et le duché de Spolète. L'empereur Henri III céda au pape en 1053 le duché de Bénévent. Par une donation célèbre de l'an 1077, la comtesse Mathilde, souveraine de la Toscane, ajouta aux États de l'Église les villes de Bolsena, Bagnara, Montefiascone, Viterbe, Civita-Casteliana, Civita-Vecchia, Corneto, Bracciano, etc., qui formèrent le Patrimoine de St-Pierre. Toutefois, les papes ne jouirent pas sans contestation de ces possessions : à différentes époques, les empereurs d'Allemagne prétendirent exercer sur Rome et sur tous les États ecclésiastiques un droit de suzeraineté ; quelques-uns même chassèrent les papes de Rome ou les remplacèrent à leur gré, et les réduisirent à une sorte de vasselage (V. OTHON I, HENRI III, etc.). Innocent III fit disparaître les dernières traces de dépendance en se faisant rendre hommage par le préfet de Rome, qui jusque-là avait été nommé par l'empereur (1198). En 1274, Grégoire X obtint du roi de France Philippe le Hardi le Comtat Venaissin : Clément VI y joignit en 1348 la ville d'Avignon qu'il avait achetée de la comtesse de Provence, Jeanne de Sicile. Pendant le séjour des papes à Avignon (1309-77), Rome s'érigea un instant en république à l'instigation de Rienzi (1347), et l'autorité temporelle du pape fut quelque temps nulle en Italie. Le légat Albornoz la rétablit au nom d'Innocent VI (1353-65), mais ce ne fut d'abord que nominalement; presque toutes les villes étaient devenues de petites principautés appartenant chacune à une famille : ainsi les Alidosi régnaient à Imola, les Malateste à Rimini, les Montefeltri à Urbin; Bologne était restée république. Ces divers pays ne furent réunis que successivement et après diverses révolutions : Citta-di-Castello en 1502, Imola, Faenza, Forli, Rimini en 1509, Bologne en 1513, Pérouse en 1520, Camerino en 1538, Ferrare et Comacchio en 1598, le duché d'Urbin en 1626, etc. Dès 1512, Jules II, profitant des désastres des Français en Italie, avait occupé les villes de Parme, Plaisance et Reggio, auxquelles son successeur ajouta Modène en 1514; mais ces villes ne restèrent que peu de temps en la possession des papes. L'État ecclésiastique perdit Avignon et le Comtat en 1791. La paix de Tolentino lui enleva, pour les donner à la république Cisalpine, Bologne, Ferrare, la Romagne (1797). En 1798, Rome et ce qui restait de l'État pontifical furent érigés en république, mais dès 1799 le gouvernement papal fut relevé. En 1808, Napoléon annexa au Roy. d'Italie (qui n'était que l'anc. république Cisalpine agrandie) les prov. situées sur l'Adriatique, et réunit toutes les autres à son empire : Rome même fut occupée en 1809 et devint le ch.-l. d'un dép. français. La paix de Paris en 1814 et celle de Vienne en 1815 rendirent aux papes toutes leurs possessions, moins Avignon et le Comtat. Les États de l'Église furent alors divisés en 9 parties : 1° quatre légations, Bologne, Urbin, la Romagne, Ferrare; 2° cinq territoires, le Pérugin, l'Orviétan, le Patrimoine de S.-Pierre, la Campagne de Rome, la Sabine; 3° pays titrés : le duché de Spolète, le duché de Castro et comté de Ronciglione, le duché de Bénévent, la Marche d'Ancône; 4° le gouvt de Citta-di-Castello. Cette div. a fait place en 1832 à la div. en Légations et Délégations exposée au début de cet article. Les États Romains subirent en 1848 le contrecoup de la révolution française de février, et, malgré les réformes que le pape Pie IX avait faites dès son avènement, la République y fut proclamée le 9 février 1849. Le pape, qui s'était réfugié dans le roy. de Naples, rentra dans ses États l'année suivante, sous la protection d'une armée française. En 1859 et 1860, la Romagne et bientôt après les Marches, s'associant au mouvement d'indépendance qui entraînait alors toute l'Italie, rejetèrent l'autorité du pape et s'annexèrent au roy. de Sardaigne, devenu dès lors roy. d'Italie, et qui a, depuis 1870, englobe tous les États Romains. V. ITALIE et ROME.

ROMAINVILLE, vge du dép. de la Seinet à 5 k. N. E. de l'anc. Paris ; 4289 hab. On y voyait naguère un joli bois et de nombreux lilas, et c'était un but de promenade pour les Parisiens. Fort, carrières. Combat entre les Franç. et les alliés, le 29 mars 1814.

ROMANDIOLE. V. ROMAGNE.

ROMANE (Langue). On donne ce nom au langage qui, après la chute de l'empire romain, se forma du mélange du latin avec les idiomes des peuples barbares, et que l'on parla surtout du Xe au XIIIe s. ; on le retrouve dans la langue provençale. C'est de ce langage que sont issues les langues italienne, française, espagnole et portugaise. On en retrouve l'analogue dans le valaque, qui est encore auj. appelé le rouman. On doit à M. Raynouard, en France, et à M. Fréd. Dietz, en Allemagne, de savantes recherches sur la langue et la littérature romanes.

ROMANÈCHE, bg de Saône-et-Loire, à 17 kil. S. de Mâcon; 2400 hab. Station; monument à Benoît Raclet, destructeur de la pyrale de la vigne. Mine de manganèse. Excellents vins rouges du cru de Thorins, et du clos dit Moulin-à-vent.

ROMANÉE (la), V. LA ROMANÉE.

ROMANELLI (Fr.), peintre, né à Viterbe en 1617, m. en 1662, élève du Dominiquin et de Pierre de Cortone, plut au cardinal Barberini qui l'employa, puis le recommanda à Mazarin. Louis XIV paya richement ses ouvrages (dont plusieurs décorent las salles du rez-de-chaussée du vieux Louvre). Romanelli, que sa santé avait forcé de retourner en Italie, allait revenir en France lorsqu'il mourut. Il excelle par la grâce et l'harmonie, mais manque de vigueur.

ROMANIE. V. ROUMÉLIE.

ROMANO, vge de la Hte-Italie (Turin), à 9 k. S. O. d'Ivrée; 2000 hab. Bonaparte y défit le général autrichien Salfi, qui y fut tué (1800).

ROMANO, v. et château de la Lombardie, à 24 kil. S. E. de Bergame, sur la r. g. du Serio; 3200 hab. — Elle a donné son nom à une puissante famille gibeline, qui, aux XIIe et XIIIe s., domina à Trévise, Vérone, Padoue, Brescia, etc. V. ECCELIN.

ROMANOV, v. de Russie (Minsk), à 22 kil. O. de Sloutsk, berceau de l'illustre maison des Romanov.

ROMANOV (les), famille russe qui régna sur la Russie de 1613 à 1762. Le premier homme remarquable de cette maison fut Nikita Romanovitch, frère de l'impératrice Anastasie, 1re femme d'Ivan IV et mère du czar Fédor I. Nikita eut cinq fils : Fédor, l'aîné, qui, dit-on, s'était fait moine près d'Arkangel, sous le nom de Filaret, pour échapper aux coups de Boris Godunov, et qui était devenu métropolitain de Moscou, parvint, en 1613, à faire tomber sur son fils Michel le choix des boïards qui voulaient un souverain indigène (V. ci-après). La dynastie de Romanov finit en la personne de l'impératrice Élisabeth, qui ne laissa pas d'enfants; elle fut remplacée par la dynastie de Holstein-Gottorp, qui lui était alliée par mariage (V. PIERRE III).

ROMANOV (Michel), czar de Russie, fils de Fédor-Nikitich, fut élu en 1613 par les États assemblés à Moscou, et eut à combattre, en montant sur le trône, les prétentions rivales de la Suède et de la Pologne. Après une courte guerre, il conclut en 1617 avec la Suède la paix de Stolbova, par laquelle il cédait à Gustave-Adolphe l'Ingrie et la Carélie russe. En 1618, il conclut avec Vladislas, fils du roi de Pologne, qui s'était avancé jusqu'à Moscou, une trêve de 14 ans : par cette trêve, les Polonais restèrent maîtres des duchés de Smolensk, de Sévérie et de Tchernigov, dont la possession leur fut confirmée en 1634 par la paix de Vlasma. Guidé par les conseils de son père, Michel aurait avancé la civilisation de la Russie s'il n'était mort prématurément, en 1645. Il laissa le trône à son fils Alexis.

ROMANS, Romanum, ch.-l. de c. (Drôme), à 18 k. N. E. de Valence, sur la r. dr. de l'Isère; 11 257 h. Trib. de commerce, collége. Église Saint-Barnard (reste d'un monastère fondé en 837 par S. Barnard, archev. de Vienne) ; champ de Mars, joli pont sur l'Isère. Huile de noix, filatures de soie, mégisseries; culture du mûrier, etc. Aux env., on récolte le vin de l’Ermitage. Patrie de Servan et de Lally-Tollendal. — Jusqu'aux XVIe s., cette ville fut très-florissante : elle faisait un commerce considérable de draperie; mais les guerres de religion et la peste l'ont ruinée.

ROMANZOV (Pierre Alexandrovitch, comte de), feld-maréchal russe, né à St-Pétersbourg vers 1730, d'une anc. famille, m. en 1796, fut envoyé en 1769 contre les Turcs, remporta sur eux deux grandes victoires (1770), prit Ismaïlov, Bender, Kilia, Akermann, Brahilov, Giurgevo, s'avança vers Choumla, où le grand vizir était campé, et le força à demander la paix, qui fut signée en 1774, à Koutchouk-Kainardji. Catherine II le combla de bienfaits, lui donna le gouvernement de l'Ukraine, puis elle l'en fit revenir pour suivre à Berlin le grand-duc Paul, et, en 1787, le nomma général de la 2e armée dirigée contre les Turcs; mais, las des hauteurs de Potemkin, Romanzov donna sa démission. — Son fils, Nicolas, comte de R., 1750-1826, fut successivement, sous Alexandre I, chambellan, sénateur, ministre du commerce et des affaires étrangères; dut quitter les affaires lorsque Napoléon, à qui il s'était toujours montré favorable, eut envahi la Russie (1812), consacra ses loisirs aux sciences et aux arts, fit exécuter à ses frais le voyage de Krusenstern autour du monde, acheta et fit imprimer le manuscrit du Codex diplomaticus de Mathias Dogial, ainsi que plusieurs autres manuscrits rares et utiles aux progrès des sciences.

ROMAS (N. de), physicien du XVIIIe s., m. en l776, était assesseur au présidial de Nérac, sa ville natale. Il répéta en France dès 1757 l'expérience du cerf-volant imaginée par Franklin pour prouver l'identité de la foudre et de l'électricité : en mettant sur toute la longueur de la corde un fil métallique, il obtint des étincelles de plus de dix pieds de long.

ROME, Roma, jadis capit. de l'empire romain et (du VIII{e siècle à 1870) de l'État ecclésiastique, auj. capit. du roy. d'Italie; sur les deux rives du Tibre, mais principalement sur la riv. g. ou orientale, par 10° 9' long. E., 41° 53' lat. N. : 200 000 h. (non compris beaucoup d'étrangers). Son emplacement occupe 15 collines, dont 10 naturelles (Palatin, Capitolin, Quirinal ,Viminal, Esquilin, Célius, Aventin, Janicule, Vatican, Pincio), et 5 artificielles (Testaccio, Citorio, Giordano, Savelli, Cenci) ; elle a plus de 18 k. de tour, mais elle n'est pas toute habitée : presque tout ce qui est habité auj. est au N. de la Rome ancienne. La partie à droite du fleuve se compose de la Cité Léonine et de la Trastevere. Les deux rives du fleuve communiquent par 5 ponts de pierre : 2 en amont, les ponts St-Ange et Sixte ; 2 à travers la petite île de St-Barthélemy, qui divise le fleuve en 2 bras; le 5e, au-dessous de l'île, appelé le Ponte-Rotto, parce qu'il demeura longtemps ruiné. Nulle ville au monde n'offre autant de monuments anciens et modernes accumulés sur un espace aussi étroit. On y entre par 15 portes, dont celle du Peuple (del Popolo), située au N., est la plus belle; on distingue quelques rues fort belles (del Corso, di Ripetta, di Babuino, Giulia, Longara), mais la plupart des autres sont étroites et tortueuses. Depuis l'occupation de Rome par Vict. Emmanuel (octobre 1870), le Quirinal est la résidence du roi d'Italie, et le Vatican celle du pape. On remarque aussi dans Rome le palais de Latran, le château Saint-Ange, citadelle qui défend la ville au N., le Nouveau-Capitole, la Curia Innocenzia, le palais de la chancellerie apostolique, celui de Venise, la Douane, la Sapienza, le collége Romain, le Grand-Hôpital, les théâtres Aliberti et Argentina, une foule de palais et de villas (Barberini, Doria, Colonna, Rospigliosi, Borghese ou villa Pinciana, Medici, Farnese, Aldobrandini, Albani, Ludovisi-Piombino, Casali, etc.); de nombreuses églises : l'église St-Pierre (regardée comme le plus bel édifice du monde), la basilique de St-Jean de Latran, Ste-Marie-Majeure, St-Paul, St-Laurent hors des murs, St-Sébastien, Ste-Marie des Anges, St-Pierre ès liens, St-Pierre in Montorio, et plus de 300 autres ; de superbes fontaines (Trevi, Sextine, de Paul V, de Termini, de la place Navone, etc.); les places de St-Pierre, d'Espagne, de Monte-Cavallo, Navone, Colonna, dont plusieurs sont ornées de colonnes (colonne Trajane, col. Antonine) et d'obélisques antiques. Sous la ville s'étendent d'immenses catacombes. — Rome a 2 universités, la Sapienza et la Gregoriana. Ensuite viennent le collége Romain (fondé par les Jésuites), qui est comme une seconde université, le collège de la Propagande, les collèges Nazareno, Anglais, Irlandais, Écossais et 17 autres, le séminaire Romain; l'institut des Sourds-Muets, Ripa-Grande, l'Académie romaine de St-Luc, les diverses écoles des Beaux-Arts pour les élèves étrangers qu'y envoient la France, l'Autriche, l'Angleterre, les Deux-Siciles. Parmi les Académies et les Sociétés savantes, nous citerons les Arcades, les Nuovi Lincei, l’Académie théologique, la Tiberina, la Latina, la Filodrammatica. Nombreuses bibliothèques, dont plusieurs extrêmement riches en manuscrits (celle du Vatican surtout, puis les biblioth. Alessandrina, Ara-céli, Minerva, etc.); magnifiques galeries et musées du Vatican et du Capitole, renfermant une foule de tableaux, sculptures, gravures, inscriptions, médailles, pierres gravées; observatoires, cabinet d'histoire naturelle, jardins botaniques, musées d'anatomie, etc. L'industrie de Rome n'est pas très-active : elle produit surtout des gazes, rubans, satins, draps inférieurs, fleurs artificielles, odeurs, instruments de musique et surtout de fort beaux ouvrages en mosaïque, en corail, des camées, etc. Nombreuses imprimeries, assez grand commerce de librairie. — Le climat de Rome, salubre l'hiver, l'est moins en été : le sirocco et l’aria cattiva y causent de cruelles épidémies.

L'ancienne Rome était beaucoup plus grande et plus peuplée que la Rome moderne. Bâtie d'abord sur sept collines, elle en avait progressivement envahi plusieurs autres et elle finit par comprendre dans son enceinte 12 montagnes (monts Capitolin, Palatin, Quirinal, Aventin, Vatican, Viminal, Esquilin, Janicule, Cœlius ou Lateranus, Testaceus, Citorius, Pincius). Elle avait 37 portes (parmi lesquelles les portes Triomphale, Carmentale ou Scélérate, Esquiline, etc.), 6 ponts, près de 500 temples, une foule de palais; Auguste l'avait divisée en 14 régions. Parmi les monuments anciens qui sont encore debout ou dont il reste des ruines importantes, sont le pont Ælius (ou pont St-Ange), la Cloaca Maxima, superbe ouvrage qui date de plus de 2300 ans, les aqueducs Aqua Martia, Aqua Virgo, Aqua Pauli, le Colossée (Colysée), le Cirque, le Panthéon, les restes du théâtre de Marcellus, ceux des Thermes de Titus, de Caracalla, de Dioclétien, des arcs de triomphe (de Tite, Constantin, Septime-Sévère), les colonnes Antonine, Trajane, Duillienne, les obélisques, relevés pour la plupart par Sixte-Quint, le mausolée d'Adrien (auj. château St-Ange), puis les mausolées d'Auguste, de Metella, de C. Cestius. On cherche en vain l'ancien Capitole, qui est en partie remplacé par le Campidoglio (V. CAPITOLE); le palais des Césars, le Forum (qui est maintenant désert et qu'on nomme Campo Vaccino). Rome a produit une foule de grands hommes : les nommer, ce serait faire l'histoire de cette ville célèbre (V. ci-après). Dans les temps modernes, elle a surtout brillé par les arts : elle a donné son nom à une grande école de peinture dont Raphaël et Jules Romain sont les plus illustres représentants.

Histoire. Rome a été fondée en 753 av. J.-C. Ce ne fut d'abord qu'un gros bourg et un asile pour les bandits du Latium : sept rois s'y succédèrent en 244 ans (Romulus, Numa, Tuilus Hostilius, Ancus Marcius, Tarquin l'Ancien, Servius Tullius, Tarquin le Superbe); dès le 3e et le 4e règne, la ville prit une importance remarquable; pendant les trois suivants, qu'on peut nommer période étrusque, elle devint forte, riche, très-peuplée, et déjà elle s'était assujetti la moitié du Latium, une partie du pays des Sabins et peut-être toute l’Étrurie, lorsque la tyrannie des Tarquins détermina l'expulsion des rois (509).

Rome alors s'érigea en république et fut gouvernée par deux Consuls, qui se renouvelaient chaque année. Cette révolution arrêta pour quelque temps ses progrès; les perpétuelles querelles des deux ordres (patriciens et plébéiens) prolongèrent au moins d'un siècle cet état de faiblesse, pendant lequel on vit las Éques et les Volsques soutenir une lutte à mort contre Rome, et souvent la mettre dans un péril imminent. L'établissement de la Dictature (498), du Tribunat (493), le Décemvirat (451-449), le Tribunat militaire, pris et abandonné à diverses reprises pour remplacer le Consulat (444-366), l'admission des plébéiens d'abord au droit de mariage avec les familles patriciennes (444), puis au partage du consulat (366), furent les principaux événements intérieurs pendant ce temps. Rome venait de conquérir Véies (395), quand survinrent les Gaulois, qui la prirent et faillirent la ruiner à jamais (389) ; sauvée par Manlius et relevée par Camille, après le départ des Gaulois, elle résista à de nouvelles invasions, défit ou vit s'éloigner les bandes gauloises, et comprima les séditions de tous ses sujets. — La guerre samnite, qui s'engagea ensuite (343) et qui, de plus en plus terrible, embrassa toute l'Italie, eut pour résultat, malgré les ligues du Samnium, de l'Étrurie et de l'Ombrie, malgré la résistance de Tarente et l'intervention armée de Pyrrhus, de donner à Rome la possession de presque toute l'Italie centrale et méridionale (264) : dès lors cette république devint une des grandes puissances du monde. C'est dans cette période que l'on voit briller de tout leur éclat les vertus guerrières et civiques qui firent la force de Rome : c'est le temps des Décius, des Fabricius, etc. — Portant enfin ses armes hors de l'Italie, Rome attaqua Carthage et lui ravit la Sicile occidentale (1re guerre punique, 264-242), puis, après lui avoir en pleine paix enlevé la Sardaigne, après avoir conquis moitié au moins de la Gaule Cisalpine et partie de l'Illyrie, elle soutint contre Annibal la 2e guerre punique, où elle pensa périr sous les coups de son redoutable adversaire (219-202), mais dans laquelle elle finit par triompher et ajouta à ses possessions la Sicile orientale et l'Espagne. Dans le siècle suivant, on voit Rome s'avancer et se consolider en Espagne, assujettir plus fortement la Cisalpine, l'Illyrie, anéantir la puissance de la Macédoine (148) et de la Grèce (146), qui furent réduites à l'état de provinces, abattre définitivement Carthage (146), chasser les Séleucides de l'Asie-Mineure et les refouler au delà du Taurus. De 146 à 133, Viriathe et Numance succombent et la Lusitanie ainsi que les Callaïques subissent le joug. Vers 125 commence à se former en Gaule la Province romaine, qui, s'agrandissant rapidement, s'étend bientôt de Nice à Toulouse; de 112 à 101, les Romains, après avoir abattu Jugurtha, s'emparent de la Numidie et morcellent le reste de ses États. Rome est, depuis cette époque, la première puissance du monde. Mais déjà les germes de ruine commencent à se développer : les vertus guerrières et civiques qui avaient fait la force de la Rome antique disparaissent; les vices, le luxe ont pris l'essor; la constitution est viciée. Les Gracques font de vains efforts pour la rétablir et améliorer la condition du peuple : ils périssent à la tâche (133-121), mais ils laissent derrière eux un parti démagogique à qui tous les moyens sont bons pour réussir. De là une lutte permanente entre les plébéiens et les patriciens. Plusieurs événements, les deux guerres d'esclaves (en 133 et 104), la guerre des Cimbres et des Teutons (113-101), les guerres contre Mithridate (88-64), les demandes pressantes des alliés, qui sollicitent le droit de cité romaine et qui, refusés, courent aux armes (Guerre sociale, 90-88), suspendent pour quelque temps la lutte; mais elle recommence dès que le danger est passé. Marius et Sylla sont les chefs des deux partis, qui font assaut d'illégalités et de violences : Sylla fait enfin triompher le parti aristocratique (82); il usurpe la dictature et règne par la terreur. Mais dès sa mort(78) la lutte recommence, soit ouvertement, soit sourdement et sous forme de conspirations (Catilina, 65-62); ajournée quelque temps encore, grâce au triumvirat formé entre Pompée, César et Crassus (60-53), elle éclate enfin entre César et Pompée (49); César, champion du parti démocratique, triomphe, mais il est bientôt assassiné (44). Les conjurés cependant ne peuvent se saisir du pouvoir; ils sont vaincus à Philippes par le 2e triumvirat (Octave, Antoine et Lépide), et il ne s'agit bientôt plus que de savoir qui régnera d'Octave ou d'Antoine. La victoire d'Actium. décide en faveur du premier (31), auquel le sénat décerne les titres de prince, d’auguste, et d’imperator ou empereur (29). Ici commence l'empire : le règne d'Auguste est une époque de réorganisation, de tranquillité profonde : le temple de Janus est fermé; il se fait pourtant quelques conquêtes encore, mais seulement dans le but de donner à l'empiré des limites naturelles (Rhin, Danube, Pont-Euxin, Euphrate, le désert en Afrique et l'Atlantique); les provinces et le pouvoir sont partagés entre Auguste et le sénat. On peut diviser l'histoire de l'empire en 5 périodes. 1° Le 1er siècle du Principat : des adoptions successives donnent pour successeurs à Auguste des princes qui sont tous funestes ou odieux (Tibère, Caligula, Claude, Néron); la dynastie de César tombe avec Néron, et trois usurpateurs (Galba, Othon, Vitellius) frayent la route aux trois princes de la dynastie flavienne (Vespasien, Titus, Domitien). L'empire s'accroît de la Bretagne. — 2° Le 2e siècle du Principat (96-193) : il a pour caractères principaux la sagesse et la bonté profondes des cinq premiers princes, Nerva, Trajan, Adrien, Antonin, Marc-Aurèle, qui tous se succèdent par adoption, suivis de l'indigne Commode; l'homogénéité de plus en plus grande que prennent les diverses parties de l'empire, enfin les brillantes et utiles conquêtes de Trajan (la Mésopotamie conquise sur les Parthes; la Dacie sur les Barbares). — 3° De 193 à 284, anarchie militaire. Cette période se subdivise en trois phases : Syrienne, jusqu'à 235 (Septime-Sévère, Caracalla, Macrin, Héliogabale, Alex.-Sévère); anarchique, jusqu'à 268 (Maximin, les Gordiens, Philippe-l'Arabe, les trente tyrans sous Gallien); phase de restauration, de 268 à 284 (sous Claude II, Aurélien, Tacite, Probus, etc.). Les ravages réitérés des Barbares signalent cette période ; l'empire s'épuise et tombe en décadence. — 4° Le 1er siècle de la monarchie vraie (284-395), de Dioclétien à Théodose. Dioclétien donne une nouvelle organisation à l'empire : afin de mieux résister aux Barbares, il crée deux augustes et deux césars. De 310 à 325 (sous Constantin), le christianisme triomphe et devient religion impériale. Bientôt après (330), Rome cesse d'être la capitale de l'empire (ce rang passe à Constantinople). Les Barbares sont souvent repoussés, mais déjà l'empire a reculé en Mésopotamie, en Arménie, en Dacie, et dès 376 les Goths, vaincus par les Huns, se sont établis sur les terres romaines. Dans cette période, l'empire a déjà été partagé en deux parties (sous Dioclétien, 284, et sous les deux Valentinien, de 364 à 376). — 5° 2e siècle de la monarchie vraie (395-476). Partage définitif de l'empire romain en empire d'Orient et empire d'Occident après la mort de Théodose (395) ; invasion victorieuse des Barbares en Occident : Alaric en Italie; Alains, Suèves, Vandales, Burgundes, Francs, etc., en Afrique, en Espagne, en Gaule; Saxons dans la Grande-Bretagne ; toutes les provinces, hors l'Italie, sont successivement abandonnées ; enfin l'Italie elle-même est conquise et devient un royaume à part sous Odoacre, roi des Hérules (476). Rome, pendant ce temps, avait été prise plusieurs fois : par Alaric en 410; par Genséric, en 455; par Odoacre en 476. Elle eut encore à souffrir cruellement pendant la guerre que fit Théodoric aux Hérules, et pendant celle que fit Justinien aux Visigoths pour leur reprendre l'Italie; Théodoric, Bélisaire, Vitigès l'emportèrent successivement, et sa dépopulation, sa détresse s'accrurent de jour en jour.

Dans l'Italie redevenue grecque, Rome, qui n'était plus même la capitale de l'Italie (Honorius, en 404, avait transporté sa résidence à Ravenne), devint le ch.-l. d'un duché particulier (le duché de Rome), qui n'était plus qu'une des prov. de la Pentapole, et fut soumise aux exarques ; mais le délégué de l'exarque y avait en réalité moins d'autorité que le pape. Sous Léon III l'Iconoclaste, Rome et tout le duché se soulevèrent contre l'exarque à l'occasion des persécutions dirigées contre le culte des images, et formèrent, vers 730, une république indépendante de fait et gouvernée par les papes; menacée tour à tour par les empereurs de Constantinople et par les Lombards, elle demanda l'appui des rois Francs. Après la chute de l'exarchat et du royaume des Lombards, Rome, que Pépin, en 755, et Charlemagne, en 774, avaient dotée de vastes domaines (V. ci-dessus ÉTATS ROMAINS), prospéra quelque temps, sous la protection de la France. Mais sous les faibles successeurs de Charlemagne, cette protection eût été inutilement invoquée, et l'autorité des papes dans Rome fut plus d'une fois méconnue ou anéantie par des partis puissants. Au Xe s. domina la famille Marozie, qui disposa scandaleusement de la papauté, jusqu'à ce qu'Othon I vint rétablir l'ordre en comprimant les factions, 962. Cependant Rome ne cessa de s'agiter sous Othon II et III, et plus encore sous Henri II. Le mal était au comble, quand Henri III le répara violemment en faisant plier Rome sous la loi des empereurs et lui imposant des papes de son choix. La pureté régna dès lors sur le siège apostolique; mais bientôt les papes eurent à défendre contre les empereurs la liberté de l’Église et celle de l'Italie : Rome fut avec Milan l'âme des résistances. Malheureusement les papes, tout en combattant la domination des empereurs, virent souvent leur propre autorité ébranlée dans Rome : tantôt des troupes impériales, tantôt des familles puissantes ou des démagogues les expulsaient ou les réduisaient à fuir. L'emp. Henri IV, après trois sièges (1081, 82 et 83), prit Rome et en chassa Grégoire VII (1084). Pendant les querelles d'Innocent II et d'Anaclet II (1140, etc.), Arnaud de Brescia établit à Rome la république et un sénat, et la ville ne se soumit qu'en 1149; Grégoire IX s'enfuit devant Frédéric II marchant sur Rome (1241) ; en 1281, les nobles, maîtres à Rome, refusèrent d'y recevoir le pape Martin IV; en 1309, Clément V, pour s'assurer la protection de la France, transporta le siège pontifical à Avignon; en 1347, profitant de l'absence des papes, Rome rétablit la république (1347); mais cet état de choses ne dura qu'un instant (V. RIENZI). Les papes pourtant ne redevinrent pas aussitôt maîtres de Rome : ce n'est qu'en 1377 qu'eut lieu leur retour, préparé dès 1364 par le légat Albornoz. Même après leur retour, les grandes familles, notamment les Colonne et les Ursins, dominèrent plus qu'eux dans Rome jusqu'au XVIe siècle. La fin du grand schisme commença le rétablissement de leur pouvoir ; Alexandre VI, Jules II, et les deux papes Médicis (Léon X et Clément VII, 1492-1534) le consolidèrent. Dans l'intervalle, Rome fut presque prise d'assaut par Charles VII allant à la conquête de Naples (1495), et elle le fut réellement par le connétable de Bourbon en 1527. Quand la domination des Espagnols en Italie y eut enfin rétabli l'ordre, Rome prit une autre face. Déjà les papes Jules II et Léon X l'avaient embellie; leurs successeurs, et surtout Sixte-Quint, marchèrent sur leurs traces. Elle devint plus que jamais le rendez-vous des pèlerins, des voyageurs, des artistes et des savants. La Révolution française vint à la fin du XVIIIe s. troubler cette tranquillité : Berthier enleva Rome au pape et y proclama la république (1798); la paix de Lunéville (1801) la rendit à Pie VII, mais en 1808 Napoléon réunit à l'empire français Rome avec la plus grande partie de l'État ecclésiastique (le reste fut annexé au roy. d'Italie) ; il la déclara seconde ville de l'empire, en fit le ch.-l. du dép. du Tibre, et lui donna un préfet français; quand un fils lui fut né en 1811, il le proclama Roi de Rome. Les événements de 1814 ramenèrent les papes à Rome et leur rendirent le pouvoir, dont ils ont joui paisiblement jusqu'en 1848. Pie IX se vit alors forcé de fuir de Rome, qui l'année suivante s'érigea en république ; il fut rétabli par la France en 1850, et un corps d'armée française fut maintenu à Rome pour la défense du pape. Après les événements de 1860, les Italiens aspirèrent à faire de Rome la capit. du nouveau royme; par la convention du 15 sept. 1864, conclue avec Napoléon III, la capitale fut fixée à Florence ; mais le roi d'Italie profita des revers de la France pour occuper Rome (oct. 1870).

— Cette ville, depuis sa fondation, a été successivement régie par des rois (753-509 av. J.-C.), par des consuls (509-31 av. J.-C.)j par des empereurs (31 av. J.-C. — 476 ap. J.-C.), puis, après le passage des Hérules et des Goths, par des ducs dépendant des exarques de Ravenne, et enfin par les papes, qui la possèdent encore. Nous donnerons ici la liste des rois et des empereurs ; on trouve à l'article PAPES celle des souverains pontifes.

Rois.
Romulus, av. J.-C, 753 Tarquin-l'Ancien, 614
Numa Pompilius, 714 Servius Tullius, 578
Tulius Hostilius, 671 Tarquin le Superbe, 534-509
Ancus Marcius, 639


Consuls, de 509 à 29 av. J.-C. (V. L'Atlas univ.)
Empereurs.
Auguste, av. J.-C. 29 Maxime Pupien et Balbin 237
Tibère, ap. J.-C. 14
Caligula, 37 Gordien III le Pieux, 238
Claude I, 41 Philippe l’Arabe, 244
Néron, 54 Dèce, 249
Galba, 68 Gallus, Volusien et Hostilien, 251
Othon, 69
Vitellius, 69 Émilien, 253
Vespasien, 69 Valérien, 253
Titus, 79 Gallien, 260
Domitien, 81 (Les 30 tyrans).
Nerva, 96 Claude II le Gothiq., 268
Trajan, 98 Quintillus, 270
Adrien, 117 Aurélien, 270
Antonin, 138 Tacite, 275
Marc-Aurèle et Lucius Verus, 161 Florien, 276
Probus, 276
Marc-Aurèle seul, 169 Carus, 282
Commode, 180 Carin et Numérien, 284
Pertinax, 193 Dioclétien, 284-305
Didius Julianus, 193 Maximien-Hercule, 286-305
Pescennius Niger, 193-95
Albinus, 193-97 Constance Chlore,
Septime-Sévère, 193 d'abord César, 292,
Caracalla et Géta, 211 puis Auguste, 305-306
Caracalla seul, 212 Galère, César, 292,
Macrin, 217 Auguste, 305-311
Héliogabale, 218 Sévère, César, 305,
Alexandre Sévère, 222 Auguste, 306
Maximin I, 235 Maximin II, Daïa,
Les deux Gordiens, 237 César, 305, Aug. 308-313
Licinius, Aug., 307-324 Théodose, en Orient, 379
Constantin I, 306-337 seul, 392-95
Constantin II, Constance II et Constant, 337 Empire d'Occident.
Honorius, 395
Valentinien III, 424
Constance II et Constant, 340 Pétrone-Maxime, 455
Avitus, 455
Constance II seul, 350 Majorien, 457
Magnence, 350-353 Libius Sévère, 461
Julien l’Apostat, 360 Anthémius, 467
Jovien, 363 Olybrius, 472
Valentinien I, en Occident, 364-75 Glycérius, 473
Julius Népos, 473
Valens, en Orient, 364-79 Romulus Augustule, 475-76
Gratien, en Occid. 375-83 Pour l'empire d'Orient,
Valentinien II, en Occident, 383-92 V. l'art. ORIENT.

Les principaux ouvrages écrits sur l'histoire romaine sont, dans l'antiquité, ceux de Tite-Live, Suétone, Florus, Velleius Paterculus, Tacite, Denys d'Halicarnasse, Dion Cassius, Polybe, Appien ; en France, l’Histoire romaine de Rollin, continuée par Cuvier, les Révolutions romaines, de Vertot, l’Hist. critique de la République romaine, de Ch. Lévesque, l’Histoire de Th. Mommsen (Leips., 1854, trad. en l863); les abrégés de Millot, Royou, Poirson, Michelet, Duruy. On doit à Dezobry Rome au siècle d'Auguste, 1835 et 1846, et à L. Caniria une bonne Topographie de Rome.

ROME (Roi de). V. NAPOLÉON II.

ROMÉ DE LISLE (J. B. Louis), physicien et minéralogiste, né en 1736 à Gray (Hte-Saône), m. en 1790, visita l'Inde, tomba aux mains des Anglais à la prise de Pondichéry, revint en France en 1764, ouvrit à Paris un cours de minéralogie, et compta Haüy au nombre de ses élèves. Il entreprit de comparer toutes les mesures à celles de Paris, immense travail qui lui coûta la vue, et dont les résultats sont consignés dans sa Métrologie, Paris, 1789, in-4. On lui doit en outre une Crystallographie, 1783, un Mém. sur les caractères extérieurs des minéraux, 1785, et plusieurs autres mémoires de physique.

ROMÉLIE. V. ROUMÉLIE.

ROMILLY-SUR-ANDELLE, vge du dép. de l'Eure, à 20 kil. N. O. des Andelys, près de l'Andelle et au pied de la Côte des Amants; 1000 hab. Station. Fonderie de cuivre, la plus importante de France.

ROMILLY-SUR-SEINE, ch.-l. de cant. (Aube), sur le chemin de fer de Montereau à Troyes et près d'un bras de la Seine, près sa jonction avec l'Aube, à 20 kil. N. E. de Nogent-sur-Seine ; 4290 hab. Station. Bonneterie, corderie, moulins à huile. A 2 k. de là, anc. abbaye de Scellières, où fut inhumé Voltaire.

ROMILLY (Samuel), jurisconsulte anglais, né à Londres vers 1758, m. en 1818, descendait d'une famille française protestante. Ami de Fox, il fut nommé en 1806 avocat général, et entra peu après à la Chambre des communes. Après la chute de Fox, il se plaça sur les bancs de l'opposition, et réclama énergiquement la réforme parlementaire, l'émancipation des catholiques, le rejet de l’alien-bill, l'abolition de la traite des noirs. Ayant perdu sa femme, il se donna la mort trois jours après. On a de lui des Observations sur les lois criminelles; 1810, et des Discours, 1820.

ROMME (Ch.), géomètre, né à Riom en 1744, m. en 1805, était professeur de navigation à Rochefort, et fut nommé en 1778 correspondant de l'Académie des sciences. On a de lui : l’Art de la mâture des vaisseaux, 1778; l’Art de la voilure, 1781; l’Art de la marine; Principes et préceptes généraux de l'art de construire et d'armer les vaisseaux, 1787; Dictionnaire de la marine française, 1792; Dictionnaire de la marine anglaise, 1804, 2 vol. in-8. Il avait proposé un nouveau moyen de mesurer les longitudes en mer. — Son frère, Gilbert R., né en 1750, d'abord instituteur en Russie, fut à son retour élu par le dép. de Puy-de-Dôme député à l'Assemblée législative, puis à la Convention, et siégea au sommet de la Montagne. Membre de la commission chargée d'examiner la conduite de Carrier, il essaya de le justifier; il se mit à la tête des faubourgs qui, au 1e prairial an III, se portèrent sur la salle de la Convention; son parti ayant succombé, il fut arrêté, et se tua le 18 juin 1795. C'est lui qui avait présenté, en 1793, le Nouveau calendrier, adopté à la place du calendrier romain.

ROMORANTIN, ch.-l. d'arr. (Loir-et-Cher), au confluent de la Sauldre et du Morantin, à 41 kil. S. E. de Blois; 7642 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Fabriques de draps et autres étoffes. Anc. capitale de la Sologne. Elle fut prise, par les Anglais en 1356 (ce fut alors que l'on vit, dit-on, la première pièce d'artillerie de siége). Après son retour au roi de France, elle passa dans le XVe s. aux ducs d'Orléans, puis aux ducs d'Angoulême. François Ier la réunit à la couronne. Dans cette ville fut rendu, en 1560, sur la proposition du chancelier de l'Hôpital, le célèbre Édit de Romorantin, qui sauva la France de l'établissement de l'inquisition.

ROMUALD I, duc de Bénévent (662-77), fils de Grimoald. Assiégé par les Grecs dans Bénévent, en 663, il résista vigoureusement, et fut délivré par Grimoald, qui accourut de Lombardie. En 668, il prit aux Grecs Tarente et Brindes. — II, fils et successeur de Gisolfe I (702-31), enleva Cumes aux Grecs, mais ne tarda pas à perdre cette ville.

ROMUALD (S.), né à Ravenne vers 956, m. en 1027, fonda en 1012 le monastère de Camaldoli (en Toscane), et en fut le 1er abbé: c'est de là que son ordre prit le nom de Camaldules. Il est fêté le 7 fév.

ROMULUS, fondateur et 1er roi de Rome, passait pour fils de Mars et de la vestale Rhéa Sylvia, fille de Numitor, roi d'Albe, et était frère jumeau de Rémus. Amulius, oncle de Rhéa, la fit enterrer vive comme ayant rompu ses vœux, et fit exposer les deux jumeaux sur le Tibre, mais le fleuve les laissa à sec et une louve vint les allaiter. Faustulus, berger du roi, les ayant trouvés, les emporta et les fit nourrir par Acca Laurentia, sa femme. Romulus et Rémus grandirent parmi les bergers. Instruit du secret de sa naissance, Romulus tua Amulius et rétablit Numitor, qu'Amulius avait détrôné, puis il alla avec Rémus jeter les fondements de Rome au lieu même où ils avaient été exposés (753 av. J.-C). Les deux frères s'étant pris de querelle pendant ces opérations, Romulus, dit-on, tua Rémus au moment où celui-ci franchissait par dérision le fossé qui formait l'enceinte de la nouvelle ville. Resté seul maître, il fit de sa ville un asile, et y reçut une foule d'esclaves fugitifs et de vagabonds. Voulant donner des épouses à ses sujets, il invita à des jeux publics les peuplades voisines et principalement les Sabins et il enleva leurs femmes pendant qu'ils étaient occupés à regarder ces jeux (749) : il excita ainsi de nombreuses guerres contre Rome naissante. Il réussit à vaincre la plupart des peuples voisins, et tua de sa main Acron, roi des Cénimens, remportant ainsi les premières dépouilles opimes. N'ayant pu réduire les Sabins de Cures, il fit avec eux, en 745, un arrangement en vertu duquel leur roi Tatius et lui devaient régner conjointement sur les deux peuples réunis; mais il ne tarda pas à se débarrasser de son collègue (739). Il organisa son petit État, divisa la nation en patriciens et plébéiens, distribua les citoyens en tribus, curies st décuries, créa le sénat et l'ordre des chevaliers, et institua le triomphe, ainsi que diverses cérémonies religieuses. Il disparut tout à coup dans un orage, ou plutôt il fut tué par les sénateurs qu'avait aigris son despotisme (715 av. J.-C). Tout ce qu'on raconte de Romulus est fort incertain; l'existence même de ce roi a été contestée (V. NIBBUHR) ; cependant Plutarque a écrit sa Vie.

ROMULUS AUGUSTULUS. V. AUGUSTULUS.

RONCAGLIA, vge d'Italie , dans l'anc. duché de Parme, sur le Pô, entre Plaisance et Crémone. Aux env., plaine fameuse aux XIe et XIIe s. par le séjour qu'y faisaient les rois d'Allemagne avant leur couronnement. Frédéric Ier y réunit en 1158 une diète où quatre jurisconsultes de Bologne déclarèrent que la domination de l'Italie appartenait aux empereurs.

RONCEVAUX, bg d'Espagne (Pampelune), à 31 kil. N. E. de Pampelune, à 1800m au-dessus de la mer, dans une vallée des Pyrénées, où, dit-on, l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne fut taillée en pièces en 778, et où fut tué le paladin Roland. Il s'y livra en 1814 un combat très-vif entre les Anglais et le maréchal Soult. Chapelle de la Vierge, qui est un but de pèlerinage.

RONCIGLIONE, ville de l'Italie centrale, près du lac Vico, à 17 kil. S. E. de Viterbe; 4000 hab. Ancien comté.

RONDA, Arunda, v. forte d'Espagne (Malaga), à 65 kil. N. O. de Malaga; 15 000 hab. Situation pittoresque sur un roc élevé que coupe en deux le Guadiaro; horrible précipice dit le Tazo; beau pont jeté d'une des montagnes à l'autre; réservoir dans lequel on descend par un escalier de 400 marches. La ville est divisée en deux, la vieille (presque toute mauresque) et la nouvelle. Enlevée aux Maures en 1485 par Ferdinand le Catholique.

RONDELET (Guill.), médecin et naturaliste, né à Montpellier en 1507, m. en 1566, professa la médecine à Montpellier, suivit le cardinal de Tournon dans les Pays-Bas et en Italie, et laissa, outre des ouvrages de médecine, une Histoire des Poissons (Universa piscium historia, Lyon, 1554), qui lui a mérité le titre de créateur de l'ichthyologie. Il était lié avec Rabelais, qui, dans son Pantagruel, le désigne sous le nom plaisant de Rondibilis.

RONDELET (Jean), architecte, né à Lyon en 1743, m. à Paris en 1829. Élève de Soufflot, il continua les travaux de Ste-Geneviève après cet architecte et eut la gloire d'élever le dôme de l'édifice. Il voyagea en Italie pour faire des recherches sur l'architecture, et devint après son retour professeur à l'École des beaux-arts et membre de l'Institut. On lui doit un Traité théorique et pratique de l'art de bâtir, 1802-18, 5 v. in-4, ouvrage fort estimé, dont il a paru plusieurs éditions ; une bonne traduction du livre de Frontin Sur les aqueducs de Rome, 1820, et un savant Mémoire sur la marine des anciens et les navires à plusieurs rangs de rames.

RONSARD (P. de), célèbre poëte français, né en 1524 au château de la Poissonnière près de Vendôme, d'une famille originaire de Hongrie, m. en 1585, fut page du duc d'Orléans (fils de François I), puis du prince écossais Jacques Stuart (dep. Jacques V), rentra au service du duc d'Orléans après son retour, fut employé dans quelques missions diplomatiques, en Irlande, en Zélande, en Écosse, à la diète de Spire, en Piémont, fut forcé par une surdité de renoncer aux affaires et se voua aux lettres. Après avoir reçu pendant 5 ans les leçons de Daurat et de Turnèbe, il conçut, avec Baïf, Remi Belleau, J. Dubellay et quelques autres amis, le projet de régénérer la langue française, de l'enrichir par des tours et des mots empruntés aux langues grecque et latine, et de l'appliquer à des genres de poésie nouveaux ou négligés jusque-là. Reconnu pour chef de la nouvelle école, il se vit comblé d'honneurs : couronné aux Jeux Floraux pour un de ses poëmes, il reçut au lieu de l'églantine d'or une minerve d'argent massif et un décret des magistrats de Toulouse qui le proclamait le Poëte français par excellence ; Charles IX lui témoignait une affection extrême; il voulait l'avoir avec lui dans tous ses voyages, et le combla de bienfaits; il n'était pas moins apprécié de Diane de Poitiers, d’Élisabeth d'Angleterre, de Marie Stuart. Ronsard s'était fait prêtre : devenu vieux, il se retira dans un de ses prieurés, près de Tours, où il passa ses dernières années. Ses Œuvres consistent en odes, hymnes, sonnets, élégies, épithalames, et en poëmes (parmi lesquels on remarque le Bocage et l'épopée de la Franciade, inachevée). On trouve dans son style de l'éclat, de la richesse, de la variété, mais aussi une affectation pédantesque d'érudition et un néologisme révoltant, qui a fait dire à Boileau :

Que sa muse en français parla, grec et latin.

Aussi ses poésies, après avoir eu la vogue, tombèrent-elles bientôt dans le discrédit et dans l'oubli. On a de nos jours cherché à le réhabiliter : on ne peut contester en effet que ce ne fût une noble entreprise que celle de réformer la langue et les formes de la poésie; on ne peut nier non plus que Ronsard ait rendu à la langue française le service de l'anoblir et de l'assouplir; mais son œuvre fut trop hâtée et l'exécution en fut souvent maladroite. Les Œuvres de Ronsard ont été imprimées à Paris en 1567, 4 vol. in-4; 1587, 10 vol. in-12; 1604, 10 tomes en 5 vol. in-12; 1609-23, 2 vol. in-fol.; 1629-30, 10 tomes ou 5 vol. in-12. Ste-Beuve en a donné en 1828 un choix (dans son Tableau de la poésie française au XVIe s.). Un nouveau Choix de poésies de Ronsard a été publ. en 1862, avec sa Vie et des notes, par M. A. Noël (1862), 2 vol. in-12. M. Prosper Blanchemain a publié ses Œuvres inédites (1855), et ses Œuvres complètes (8 vol. in-16. 1&57-67).

RONSIN (Ch. Philippe), démagogue, né en 1752 à Soissons, fit jouer en 1791 une tragédie en 3 actes, la ligue des fanatiques et des tyrans, qui eut du succès, se signala au club des Cordeliers par son exaltation, fut choisi pour adjoint par le ministre de la guerre Bouchotte, puis envoyé en Vendée comme général de l'armée révolutionnaire (1793); mais y commit de telles dévastations qu'il fallut ordonner son arrestation : sur le rapport de Robespierre lui-même, il fut envoyé à l'échafaud, le 24 mars 1794,

ROOKE (Laurent), astronome (1623-62), né à Deptford, comté de Kent, professa la géométrie et l'astronomie à Oxford, et forma en 1660 le noyau de la Société royale de Londres. On a de lui des Observations sur la comète de 1652, et une Méthode pour observer les éclipses de lune.

ROOKE (sir George), amiral, 1650-1708, eut sous Guillaume et sous la reine Anne le commandement de plusieurs expéditions, se distingua aux batailles de La Hogue et de Malaga, força l’estacade de Vigo (1702), et prit Gibraltar (1704).

ROOS, famille d'artistes allemands qui cultiva avec succès le genre du paysage, et des animaux, J. Henri, né à Otterburg dans le Palatinat en 1631, m. à Francfort-sur-le-Mein en 1685, peintre officiel de Charles-Louis, électeur palatin, s'adonna le premier à ce genre; il réussit aussi dans le portrait et dans la gravure. — Philippe, son fils, né à Francfort en 1655, mort en 1705 à Tivoli où il s'était fixé, est regardé comme le peintre le plus habile dans le genre adopté par son père : il peignait avec une merveilleuse promptitude et néanmoins avec beaucoup de fini. Les Italiens le nomment Rosa di Tivoli. — J. Melchior, frère de Philippe, né à Francfort en 1659, mort en 1731, à Nuremberg, où il s'était établi, et Joseph, petit-fils de Philippe, né à Vienne en 1728, mort en 1790, soutinrent la réputation de la famille. Joseph dirigeait la galerie impériale de Vienne. Il réussit dans la gravure comme dans la peinture.

ROQUE-BRUSSANE, ch.-l. de c. (Var), à 13 kil. S. O. de Brignoles, sur l'Issole; 1312 h.

ROQUECOURBE, ch.-l. de c. (Tarn), sur l'Agout, à 9 k. N. E. de Castres; 1793 h. Bonneterie.

ROQUEFAVOUR, vge des Bouches-du-Rhône, à 20 kil. O. d'Aix, donne son nom à l'aqueduc qui conduit a Marseille les eaux de la Durance. On y admire un magnifique pont-aqueduc sur l'Arc, élevé de 80° au-dessus du sol. Il a été terminé en 1848.

ROQUEFORT, vge de l'Aveyron, à 9 kil. E. de St-Affrique; 750 hab. Renommé par ses fromages de lait de brebis, qu'on perfectionne dans des souterrains qui ont une température constante d'env. 12°.

ROQUEFORT, ch.-l. de cant. (Landes), sur la Douze, à 22 kil. N. E. de Mont-de-Marsan; 1745 h. Anc. château fort, bâti entre des rochers. Poterie. ROQUEFORT (J. B.), né en 1777, m. en 1834, servit plusieurs années dans l'artillerie, puis se livra aux lettres. Il se lia avec Millin et Ginguené, qu'il aida dans leurs savantes recherches ; publia de 1818 à 1820 le Glossaire de la langue romane, fut couronné en 1815 par l'Institut pour un Mémoire sur la poésie française aux XIIe et XIIIe s., et donna en 1829 un Dictionnaire étymologique de la lanque française. Il avait contracté dès sa jeunesse des habitudes de débauche qui l'obligèrent à se mettre aux gages des libraires.

ROQUELAURE, bg du dép. du Gers, dans l'anc. Armagnac, à 8 kil. N. d'Auch ; 850 hab. Il a donné son nom à la famille de Roquelaure.

ROQUELAURE (Ant. de), maréchal de France, d'une famille de l'Armagnac connue dès le XIIIe s., né en 1543, m. en 1625, s'attacha à Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et à Henri, son fils, qu'il servit avec courage pendant la guerre civile. Henri IV, devenu roi, le nomma grand maître de sa garde-robe (1689), gouverneur de la Guyenne, et l'admit dans son intimité. Il osa un des premiers lui conseiller de se séparer de Gabrielle d'Estrées. Il était dans le carrosse du roi quand ce prince fut assassiné. Louis XIII le nomma maréchal en 1615. — J. B. Gaston, marquis, puis duc de R., son fils (1615-83), se distingua aux batailles de la Marfée (1641), de Honnecourt (1642), aux sièges de Gravelines, Bourbourg, Courtray, devint lieut. général, prit part pendant la Fronde au siège de Bordeaux où il fut blessé, fut fait duc et pair en 1652, et gouverneur de la Guyenne en 1676. Il était, ainsi que son père, d'un caractère très-jovial : on lui attribue des mœurs fort peu sévères et une foule de saillies et de bouffonneries qui ne sont pas toutes de bon goût. On a publié sous le titre de le Momus français ou Aventures divertissantes du duc de Roquelaure, 1727, une compilation des bons mots et des aventures qu'on lui attribue. — Ant. Gaston, duc de R., fils du préc., 1656-1738, gouverneur du Languedoc, pacifia les Cévennes en 1709, repoussa les Anglais à Cette, 1710, et reçut en 1724 le bâton de maréchal de France. Il ne laissa que des filles et sa maison s'éteignit en sa personne.

ROQUEMAURE, ch.-l. de cant. (Gard), sur la r. dr. du Rhône, à 29 kil. N. E. d'Uzès ; 3649 h. Tonnellerie, filatures de soie, huile d'olive, eau-de-vie, Dons vins. Clément V y mourut en 1314.

ROQUEPLAN (Camille), peintre, né en 1802, à Mallemort, près d'Arles (Bouches-du-Rhône), m. en 1855, a produit, dans les genres les plus divers, des œuvres dans lesquelles le dessin n'est pas toujours irréprochable, mais qui brillent par le sentiment, le pittoresque de l'effet et surtout par la couleur ; la plupart de ses sujets sont empruntés à J. J. Rousseau et à Walter Scott. Nous citerons : J. J. Rousseau et Mlle Galley, J. J. Rousseau cueillant des cerises, la Marée d'équinoxe, l'Antiquaire, Quentin Durward, Van Dyck à Londres, une Scène de la St-Barthélemy, le Lion amoureux. Au retour d'un voyage aux Pyrénées, il adopta une manière nouvelle, dans laquelle son coloris est moins vif et se rapproche davantage de la nature : à cette seconde manière appartiennent plusieurs sujets empruntés à la vie des montagnards. Ce peintre a su, par des procédés particuliers, assurer à ses tableaux une durée dont il parait avoir dérobé le secret aux anciens. — C. Roqueplan était frère de Nestor R., né en 1804, homme de lettres distingué et ancien directeur de l'Opéra.

ROQUESTERON, ch.-l. de c. (Alpes marit.), sur un roc, près de l'Esteron, à 12 k. S. E. de Puget-Théniers; 4440 h. Pont de pierre.

ROQUEVAIRE, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 23 kil. N. E de Marseille ; 3465 h. Savon, figues, câpres, raisins secs, vin muscat. Aux env., houille.

RORARIUS (Jérôme), né en 1485 à Pordenone dans le Frioul, mort en 1556, fut nonce de Clément VII en Hongrie et de Paul III en Pologne. On a de lui un traité intitulé : Quod animalia bruta sæpe ratione utantur melius homine, Paris, 1548, qui a fourni à Bayle la matière d'un intéressant article sur l'âme des bêtes dans son Dictionnaire.

ROSA (Mont), mont de Suisse (Valais), le plus haut sommet des Alpes après le Mont-Blanc, a 4636m.

ROSA (Salvator), peintre italien, né en 1615 à l'Arenella, près de Naples, d'un pauvre arpenteur, perdit son père de bonne heure, lutta longtemps contre la misère, se forma presque seul, alla se perfectionner à Rome (1635), où il resta longtemps inconnu, et ne réussit à y attirer l'attention qu'en jouant sur un théâtre de société, des pièces satiriques pleines de malignité qu'il composait lui-même (1639) : il devint dès lors l'homme à la mode et vit rechercher ses tableaux. En 1647, il reparut à Naples, où il seconda de tout son pouvoir la révolte de Masaniello. Forcé de s'éloigner après la chute de ce démagogue, il se réfugia à Rome, où il établit sa réputation comme peintre par des travaux du premier ordre ; mais, comme en même temps il écrivait de mordantes satires, il se fit de nombreux ennemis, et se vit obligé, pour échapper à leurs coups, de se retirer à Florence, où il obtint la protection des Médicis ; il ne revint à Rome que dans ses dernières années : c'est dans cette ville qu'il mourut, à 58 ans. Cet artiste avait commencé sa réputation par des paysages, mais dans la suite il ne s'attacha plus qu'aux tableaux d'histoire. On remarque dans toutes ses compositions une chaleur, une hardiesse extraordinaires, une rare énergie de touche et une grande habileté à disposer les groupes ; il se plaisait surtout à représenter des sujets tristes, des attaques de brigands et des scènes d'horreur. Il composait avec une extrême rapidité ; son coloris égale presque celui de l'école vénitienne. Parmi ses grands tableaux on remarque : S. Thomas mettant le doigt dans les plaies de Jésus (à Viterbe), Jonas prêchant dans Ninive, La Fortune distribuant aveuglément ses faveurs, l’Ombre de Pythagore, l’Ombre de Catilina ; la Pythonisse d'Endor évoquant l'ombre de Samuel, le jeune Tobie tirant à lui le poisson monstrueux (ces deux derniers au Louvre). Il a gravé lui-même à l'eau-forte plusieurs de ses tableaux. S. Rosa était aussi un poëte distingué ; ses satires, remarquables par la véhémence (surtout Babylone et l’Envie), ont été publiées à Amsterdam, 1719, à Florence, 1770 ; on y trouve une rudesse qui rappelle la touche de son pinceau. Lady Morgan a donné en 1824 : Vie et siècle de S. Rosa ; ce n'est guère qu'un roman.

ROSALIE (Ste), patronne de Palerme, était fille d'un seigneur de Rosas, du sang de Charlemagne, et vivait au XIIe s. Elle se retira dans une grotte du mont Pelegrino près de Palerme. y mena la vie la plus austère, et y m. en 1160. L’Église l'hon. le 4 sept ; on la fête avec une grande pompe à Palerme.

ROSALIE (sœur), V. RENDU.

ROSAMONDE. V. ROSEMONDE.

ROSANS, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), à 60 k. S. O. de Gap ; 803 hab. Belle place publique.

ROSARIO DE CUCUTA, v. de la Nouv.-Grenade, sur le Rio del Oro, à 360 k. N. E. de Sta-Fé-de-Bogota et à 53 k. N. de Pamplona. C'est là que siégea en 1821 le congrès qui posa les bases de la constitution de la Colombie. — Ville et port de la Plata, sur le Parana ; 15 000 hab. Grand commerce.

ROSAS ou ROSES, Rhoda, v. forte d'Espagne (Barcelone), au pied des Pyrénées, sur la Méditerranée, au fond du golfe de Rosas, à 49 k. N. E. de Girone ; 2315 hab. Petit port. — Fondée, dit-on, par les Rhodiens dans le Xe s. av. J.-C; très-florissante sous les Romains. Conquise par les Arabes en 713, elle leur fut enlevée en 797. Prise par les Français en 1645, 1693, 1795, 1808.

ROSBACH, vge des États prussiens (prov. de Saxe), entre Naumbourg et Mersebourg. Frédéric II y battit en 1757 les Français, commandés par le maréchal de Soubise : il fit élever en mémoire de cette victoire une colonne, que Napoléon, vainqueur des Prussiens à Iéna, renversa en 1806. ROSBECQUE, bg de Belgique (Flandre occid.), à 14 kil. N. N. E. de Courtrai, 4500 hab. Charles VI, roi de France, y battit en 1382 les Flamands révoltés contre leur comte Louis de Mâle et conduits par Philippe Arteveld, qui y fut tué.

ROSCELIN (Jean), Ruscelinus, philosophe scolastique, né en Bretagne au milieu du XIe s., était chanoine à Compiègne et enseignait la théologie dans le monastère de cette ville. Il soutint le premier, vers 1085, que les universaux, c'est-à-dire les idées générales, n'ont aucune réalité hors de notre esprit, que ce sont de purs noms auxquels ne répond aucun être réel, et fut ainsi le fondateur de la secte des Nominaux. Ayant appliqué cette doctrine au mystère de la Trinité, il s'attira de redoutables adversaires, entre autres S. Anselme, et fut condamné au concile de Soissons (1092). Il se réfugia momentanément en Angleterre, et se fixa à son retour, soit à Paris, soit en Aquitaine, où il m. dans un âge avancé. Il compta le célèbre Abélard au nombre de ses partisans, mais il ne l'eut pas pour élève, comme on l'a cru. M. Fr. Saulnier a donné en 1855 Roscelin, sa Vie et ses doctrines.

ROSCIUS (Q.), célèbre acteur romain, né près de Lanuvium vers 129 av. J.-C., m. vers 62, perfectionna la pantomime et donna des leçons d'action oratoire à Cicéron, qui plaida pour lui contre C. Fannius Chéréa (ce discours est conservé). On raconte que Roscius et Cicéron luttaient à qui des deux réussirait le mieux à rendre la même pensée, le premier par le geste et la pantomime, le second par la parole. — Un autre Roscius, d'Amérie, fut proscrit par Sylla et accusé par Chrysogonus, affranchi du dictateur, d'avoir tué son père, qui avait péri assassiné. Cicéron, qui débutait au barreau, eut seul le courage de le défendre : il prononça en sa faveur un discours que nous avons encore (le Pro Roscio Amerino).

ROSCOE (Will.), écrivain, né à Liverpool en 1752, d'une famille pauvre, m. en 1831. Quoiqu'il n'eût reçu presque aucune éducation, il composa dès l'âge de 16 ans des poésies qui furent remarquées. Il devint successivement procureur, avocat, puis banquier à Liverpool, quitta les affaires pour les lettres, fut nommé en 1806 député de Liverpool à la Chambre des Communes, et y combattit avec force la traite des Noirs. On a de lui, outre ses poésies et des pamphlets de circonstance, quelques bons ouvrages historiques : Vie de Laurent de Médicis, 1796 (trad. par Thurot, 1796), Vie et pontificat de Léon X, 1805 (trad. par Henri, 1813, et mis à l’Index à Rome). On lui doit aussi une traduction des Poésies de Tansillo, 1800, et une édition critique de Pope, 1824.

ROSCOFF, bourg et petit port du Finistère, sur l'Océan, à 25 kil. N. O. de Morlaix, 3917 h. Cabotage, commerce actif, surtout en rhum, genièvre, thé, salaisons, bois du Nord. C'est là que Marie Stuart débarqua en 1558, lorsqu'elle vint épouser le Dauphin, depuis François II.

ROSCOMMON, v. d'Irlande (Connaught), ch.-l. du comté de Roscommon, sur le chemin de fer de Dublin à Mullingar, à 130 kil. N. O. de Dublin; 3500 h. Château qui date de 1268. Cette ville donne à la famille Dillon Wendworth le titre de comte. — Le comté, entre ceux de Leitrim, Longford, West-Meath, Sligo, Galway, Mayo, a 100 kil. sur 60, et env. 300 000 h.

ROSCOMMON (DILLON WENTWORTH, comte de), poëte, né en Irlande en 1633, m. en 1684, était neveu de Wentworth, comte de Strafford, gouverneur de l'Irlande. Il étudia en France pendant l'émigration des Stuarts, rentra en Angleterre à la Restauration, fut fort bien accueilli de Charles II, qui le nomma capitaine dans sa garde, occupa différents postes, soit auprès du duc d'Ormond en Irlande, soit auprès de la duchesse d'York, et mena, comme presque tous les courtisans de Charles II, une vie fort dissipée. Il a laissé un Essai sur la traduction en vers, des traductions de l’Art poétique d'Horace et de la 6e Églogue de Virgile. Ses poésies se font remarquer par la correction. On joint ordinairement ses œuvres à celles de Rochester, son ami.

ROSE (mont), en Suisse. V. ROSA.

ROSE (Ste), vierge, née en 1586 à Lima, dans le Pérou, morte en 1617, se distingua par une vertu singulière et par une ardente piété. Élevée dans l'aisance, elle tomba dans la pauvreté, et fut réduite à être servante, ce qu'elle supporta avec une admirable résignation. Elle entra ensuite dans le tiers ordre de St-Dominique. On la fête le 30 août.

ROSE (Guill.), évêque de Senlis, ligueur acharné, eut de grands succès comme prédicateur, fit en chaire l'apologie de Jacques Clément et fut banni de Paris lorsque Henri IV y entra. Ayant obtenu son rappel, il n'en recommença pas moins ses déclamations et fut condamné par le Parlement. Il mourut en 1602. On lui attribue : De justa reipublicæ christianæ in reges impios auctoritate, 1590.

ROSE (J. B.), docteur en théologie, membre de l'Académie de Besançon, né à Quingey en 1714, m. en 1805, embrassa dans ses études, avec la théologie, la philosophie, l'histoire, la minéralogie, l'astronomie et les mathématiques. Parmi ses écrits on remarque : Traité élémentaire de morale, 1767; la Morale évangélique comparée à celle des différentes sectes, 1772; l’Esprit des Pères, 1791.

ROSE (Salvator), peintre. V. ROSA.

ROSE (le chevalier). V. ROZE.

ROSE, maréchal de France. V. ROSEN.

ROSE (ordre impérial de la), ordre fondé en 1829 au Brésil par Pedro I à l'occasion de son mariage avec Amélie de Leuchtenberg, a pour insigne une étoile à six rayons d'émail blanc, bordée d'or, suspendue à un ruban rose, bordé de blanc, et ayant au milieu les initiales P. A. (Pedro et Amélie), avec l'inscription Amor e fidelios.

ROSEAU, capit. de l'île anglaise de la Dominique, sur la côte S. O.; 5000 hab. Bon port. Évêché.

ROSEBECQUE. V. ROSBECQUE.

ROSE-CROIX (Frères de la), société secrète d'illuminés qui croyaient pénétrer les mystères de la nature à l'aide d'une lumière intérieure, tombaient dans les erreurs de la magie et de l'alchimie et prétendaient posséder la pierre philosophale. Ils se donnaient pour chef un gentilhomme allemand nommé Rosenkreutz (c.-à-d. Rose-Croix), qui aurait vécu plus de cent ans (1378-1484), et qui, au retour de voyages en Turquie et en Arabie, aurait rapporté des secrets merveilleux. Il est plus probable qu'ils ne remontent pas au delà du XVIIe s., et qu'ils eurent pour véritable chef J. Valentin Andreæ (Vers 1614). Ils se répandirent surtout en Allemagne au commencement du XVIIe s. ; leur secte paraît être éteinte aujourd'hui. On trouve l'exposition de leurs doctrines dans la Confessio Roseæ Crucis, publiée en 1615 par J. V. Andreæ lui-même, et dans quelques écrits de Robert Fludd. — Dans la franc-maçonnerie, le nom de Rose-Croix désigne un des grades qui viennent au-dessus de celui de maître.

ROSELLINI (Hippolyte), né à Pise en 1800, m. en 1843, professa les langues orientales, puis l'archéologie à Pise, se lia avec Champollion, qui lui inspira le goût des études hiéroglyphiques, fut mis par le grand-duc de Toscane, en 1828, à la tête d'une expédition scientifique qui visita l’Égypte en même temps que l'expédition française dirigée par Champollion; publia, de concert avec ce savant, les Monuments d’Égypte et de Nubie (1833-45, 10 v. in-8, avec atlas), terminés après sa mort par ses amis.

ROSEMONDE, fille de Cunimond, roi des Gépides, fut forcée d'épouser Alboin, roi des Lombards, qui venait de battre son père et de le mettre à mort (567). Ce barbare l'ayant contrainte à boire dans le crâne de son propre père, dont il se servait en guise de coupe, elle se vengea en le faisant tuer par Péridée, secrétaire d'Helmichild, son amant (573), puis elle donna sa main à ce dernier, et s'enfuit avec lui à Ravenne. Mais bientôt elle voulut empoisonner ce 2e mari pour épouser l'exarque Longin : Helmichild, instruit à temps de son dessein, la força de boire elle-même le poison qu'elle avait préparé. Alfieri a fait de Rosemonde l'héroïne d'une de ses tragédies.

ROSEMONDE, maîtresse de Henri II, roi d'Angleterre, était fille de lord Walter Clifford, d'une des plus illustres maisons de l'Angleterre. Voulant la garantir des jalouses entreprises d'Éléonore de Guyenne, sa femme légitime, Henri fit construire pour elle à Woodstock un asile mystérieux avec une espèce de labyrinthe : elle y mit au jour deux enfants, Richard Longue Épée et Geoffroy, qui devint archevêque d'York. Elle mourut jeune, vers 1173; on crut que, pendant une absence de Henri, Éléonore s'était introduite à Woodstock et avait donné la mort à sa rivale. Briffaut a pris cette femme célèbre pour héroïne d'une poëme, Addison d'un opéra et Bonnechose d'une tragédie (1826).

ROSEN, famille originaire de Livonie et établie en Suède, a fourni deux hommes de guerre remarquables. Reinhold de R., lieutenant de Gustave-Adolphe dans la guerre de Trente ans, est un de ceux qui prirent le commandement de l'armée protestante après la mort de Bernard de Saxe-Weimar (1639). Passé comme lieutenant général au service de la France, il contribua, en 1650, au gain de la bat. de Réthel; il m. en 1667. — Conrad, marquis de R., cousin du préc., né en Alsace en 1628, m. en 1715. D'abord page de la reine de Suède Christine, il fut obligé de s'expatrier à la suite d'un duel, prit du service en France, y débuta comme simple soldat, se distingua à l'attaque des lignes d'Arras, devint colonel d'un régiment de son nom, combattit vaillamment à Senef en 1674, fut nommé maréchal de camp en 1678, défit les troupes brandebourgeoises à Minden et au passage du Weser, 1679, et passa lieutenant général en 1688. Chargé de commander une expédition tentée en Irlande en faveur de Jacques II, il reçut de ce prince en 1688 le titre de maréchal-général d'Irlande. Après s'être encore signalé à la bataille de Nerwinde, aux sièges de Charleroi et de Nimègue, il fut fait maréchal de France en 1703. C'est de lui que Voltaire, parlant de l'avenir du simple soldat, a dit :

Rose et Fabert ont ainsi commencé.

ROSENAU, v. de Hongrie (Gœmœr), sur le Sajo, à 35 kil. N. E. de Gœmœr; 6000 hab. Évêché; gymnase, séminaire. Forges, toiles, papier, vin, hydromel, cire. Eaux minérales; mines de fer, cuivre, cinabre, antimoine.

ROSENMULLER (J. Chrétien), anatomiste, né en 1771, près d'Hildburghausen, m. en 1820, professa à l'Université de Leipsick et fit, entre autres découvertes, celle de l'appareil que l'on nomme encore Organe de Rosenmuller. Il a publié : De ossibus fossilibus animalis cujusdam, Leipsick, 1794; Organorum lacrymalium partiumque externarum oculi descriptio, 1797; Atlas anatomico-chirurgicum, 1805-1812; Compendium anatomicum, 1819.

ROSENMULLER (Jean Georges), théologien luthérien, né en 1736 à Ummerstadt, près d'Hildburghausen, m. en 1815, professa la théologie à Erlangen, à Giessen, à Leipsick (1785), réforma sur quelques points la liturgie protestante, et se fit un nom dans l'exégèse par ses Scholia in Novum Testamentum, 6 vol. in-8, Nuremberg, 1777-1782, ouvrage qui obtint plusieurs éditions. — Son fils, Ernest-Frédéric R., 1768-1835, professeur de langues orientales à Leipsick et conservateur de la bibliothèque de cette ville, l'a surpassé dans ses Scholia in Vetus Testamentum, 25 vol. in-fol., 1788-1835, le plus complet répertoire d'exégèse que l'on possède. Il publia en outre des Manuels de Bibliographie biblique, 1797, d’Archéologie biblique, 1823, de savants travaux sur l'arabe, et prit une part active à la rédaction de la Gazette littéraire de Leipsick. Les ouvrages des deux Rosenmuller sont écrits au point de vue du rationalisme.

ROSES, ville d'Espagne. V. ROSAS.

ROSES (Guerre des DEUX-), guerre civile qui désola l'Angleterre pendant le XVe s., eut pour cause la rivalité des maisons de Lancastre et d'York qui se disputaient le trône, et prit son nom de ce que les chefs des deux partis portaient chacun une rose dans son écu : les ducs d'York, une rose blanche, les Lancastre une rose rouge. La maison de Lancastre, issue du 3e fils d’Édouard III, Jean de Gand, duc de Lancastre, occupait le trône depuis que Henri de Lancastre (roi sous le nom de Henri IV) avait détrôné Richard II, fils du Prince-Noir et petit-fils d’Édouard III (1399), et elle avait déjà fourni trois rois a, l'Angleterre, Henri IV, Henri V et Henri VI, lorsque, sous le dernier, la maison d'York fit revivre ses droits à la couronne. La maison d'York descendait d'Edmond de Langley, duc d'York, qui n'était que le 4e fils d'Edouard III; mais cette branche s'était alliée à la famille de Clarence, issue de Lionel, 2e fils du même Édouard, et avait hérité de ses droits, sanctionné par le Parlement en 1385. Richard d'York, qui était petit-fils d'Edmond, 1er duc d'York, et qui avait pour mère Anne Mortimer, héritière de la maison de Clarence, leva l'étendard de la révolte en 1450 : il profita pour cela du mécontentement qu'excitait en Angleterre la perte successive de toutes les provinces de France, abandonnées par Henri VI. D'abord vainqueur à St-Albans (1455) et à Northampton (1460),il fut battu et tué à Wakefield (l466); mais son fils Édouard, soutenu par Warwick et par les comtés du sud, continua la lutte, marcha sur Londres et s'y fit proclamer roi sous le nom d’Édouard IV (mars 1461) ; il remporta à Towton une victoire dans laquelle Henri VI fut fait prisonnier (1461), et confina ce prince à la Tour de Londres. Après une nouvelle lutte, dans laquelle les deux compétiteurs eurent successivement l'avantage, Édouard d'York resta définitivement maître du trône. Il le transmit en mourant à ses enfants, qui furent placés sous la tutelle de leur oncle Richard, duc de Glocester. Celui-ci, après avoir fait périr ses neveux, se fit proclamer roi en 1483, sous le nom de Richard III; mais il se rendit tellement odieux qu'il excita un soulèvement général. Henri Tudor de Richmond, issu des Lancastre par sa mère, vint l'attaquer, remporta sur lui la victoire de Bosworth, le tua de sa main et se plaça sur le trône (1485). Ce prince, connu dans l'histoire sous le nom de Henri VII, épousa après sa victoire Élisabeth d'York, fille d’Édouard IV, et confondit ainsi les droits des deux maisons, ce qui mit fin à la guerre. V. HENRI VI, HENRI VII, EDOUARD IV, RICHARD III, MARGUERITE (d'Anjou), WARWICK, etc.

ROSETTE, Rachid en Arabe, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de province, sur la branche occid. du Nil (branche Bolbitine des anciens) et à 9 kil. de son embouchure, à 50 kil. N. E. d'Alexandrie ; de 15 à 20 000 h. Une barre dangereuse empêche les navires de remonter jusqu'à Rosette; aussi le commerce de cette ville est-il très-déchu, — Rosette fut fondée en 870 par les Arabes près des anc. villes de Bolbitine et de Metelis. Les Français l'occupèrent en 1798. Les Anglais ont vainement essayé de la prendre en 1807. — On appelé Inscription de Rosette une célèbre inscription gravée sur une pierre de granit, découverte en 1799 à Rosette par les Français pendant l'expédition d’Égypte ; elle est en 3 langues (hiéroglyphique, égyptien vulgaire et grec), et date de l'an 193 av. J.-C., époque où Ptolémée V, Épiphane, monta sur le trône ; l'inscription rappelle ce qui s'est passé sous la minorité de ce prince. C'est ce monument qui donna à Champollion la clef des hiéroglyphes. Il se trouve auj. à Londres. Letronne a publié en 1841 le Texte et la traduction littérale de l'inscription grecque, avec un commentaire; elle a été publiée de nouveau en Allemagne avec commentaires, par H. Brugsch, Berlin, 1851, et par Uhlemann, 1853. On en trouve aussi le texte dans les Fragmenta historicorum græc. de la Collection Didot.

ROSHEIM, ville d'Alsace-Lorraine, au pied des Vosges, à 24 kil. S. O. de Strasbourg et à 30 k. N. de Schelestadt ; 3910 hab. Bonneterie, forges, eaux salines froides. Fondée au XIIe s.; jadis ville libre et impériale ; dévastée par un incendie en 1835.

ROSIÈRE (la). V. MÉDARD (S.) et SALENCY.

ROSIÈRES, ch.-l. de cant. (Somme), à 24 kil. N. E. de Montdidier ; 2390 hab. Station. Filatures.

ROSIÈRES-AUX-SALINES, bg de la Meurthe, à 20 kil. S. E. de Nancy, sur la r. g. de la Meurthe et le chemin de fer de Paris à Strasbourg ; 2179 hab. Haras fondé en 1703 ; anc. salines abandonnées depuis 1760.

ROSIERS, vge du dép. de la Corrèze, à 24 kil. N. O. de Brives. Patrie du pape Clément VI.

ROSIN (J.), Rosinus, antiquaire, né en 1551 à Eisenach, m. en 1626, d'abord professeur, puis prédicateur à la cathédrale de Naumbourg, a laissé Antiquitatum romanarum corpus, Bâle, 1583, in-f. (continué par Dempster), ouvrage longtemps estimé, mais aujourd'hui fort arriéré.

ROSKILD, Rothschild en allemand, v. de Danemark (Seeland), à 35 k. S. O. de Copenhague ; 2000 h. Château royal, belle église. Anc. résidence des rois de Danemark, anc. évêché. Un traité de paix y fut signé en 1658 entre le Danemark et la Suède, qui y acquit la Scanie, le Halland et la Blékingie.

ROSLIN, v. d’Écosse (Édimbourg), à 9 kil. S. O. d’Édimbourg. Chapelle gothique, bâtie en 1440 par W. Sinclair, roi des Orcades. Aux env., les Écossais battirent 3 fois les Anglais en un même jour, 1302.

ROSMINI (Carlo), biographe, né en 1758 à Roveredo, m. en 1827, était membre des académies de la Crusca et de Turin. On a de lui les Vies d'Ovide, de Sénèque, de Victorin de Feltre, de Philelphe, de Guarini, de J. J. Trivulce, et une Hist. de Milan jusqu'en 1735, publiée en 1820.

ROSMINI-SERBATI (l'abbé Antonio), philosophe, né en 1797 à Roveredo, m. en 1855, s'efforça de ramener les savants à la religion et les catholiques à la science, initia l'Italie aux principaux systèmes contemporains, et écrivit lui-même sur presque toutes les parties de la science des ouvrages que caractérise un éclectisme spiritualiste. Outre une Histoire comparée des systèmes, on a de lui des traités d’Anthropologie, de Psychologie, de Logique, de Morale, de Théodicée, qui forment plus de 30 volumes. Il fonda en 1828 à Domo d'Ossola l’Institut de charité, dont les membres devaient se vouer à tous les genres de bonnes œuvres, et qui admettait des laïques comme des prêtres. Il compléta cette œuvre par l'institution des Sœurs de la Providence. Nommé cardinal, il refusa cette dignité ; néanmoins, il entra comme ministre de l'instruction publique des États romains dans le ministère Rossi. Il fut l'adversaire de Gioberti et de Lamennais et l'ami de Manzoni.

ROSNY, vge de Seine-et-Oise, sur la r. g. de la Seine et sur le chemin de fer de Paris à Rouen, à 7 kil. O. de Mantes ; 800 hab. Beau château, où naquit Sully, acquis sous la Restauration parla duchesse de Berry, qui y fonda un hospice.

ROSNY-SOUS-BOIS (le), bourg du dép. de la Seine, entre Montreuil et Bondy, à 10 k. E. de Paris ; 2158 h. Station du chem. de fer de l'Est. Fort construit en 1842.

ROSPIGLIOSI. V. CLÉMENT IX.

ROSPORDEN, ch.-l. de c. (Finistère), à 22 k. S. E. de Quimper, sur le bord d'un étang ; 1242 h.

ROSS, v. d'Angleterre (Hereford), sur la Wye, à 20 kil. S. E. d'Hereford ; 4000 hab. Belle église (d'où l'on a une vue délicieuse) ; cidre renommé. Pope a célébré sous le nom de l'Homme de Ross Jean Kyrie, riche habitant de cette ville, qui consacra sa fortune à des actes de bienfaisance. — Ville d'Irlande (Cork), sur une baie dite baie de Ross, à 40 kil. S. O. de Cork ; 1800 h. Port presque ensablé. Anc. évêché, auj. réuni à celui de Cork ; anc. collége.

ROSS (Comté de), comté d’Écosse, forme l'extrémité N. de l’Écosse d'une mer à l'autre ; il a 140 kil. sur 80 et 80 000 hab.; ch.-l., Tain. Hautes montagnes, glaciers. Climat froid, âpre. On y trouve quelques clans (ceux de Ross, Fraser, Mackenzie, Macky, Macrac, Monroe), qui parlent encore le gaélique.

ROSS (John), capitaine de la marine anglaise, 1777-1856, fut chargé en 1818 de chercher un passage au N. O. de l'Amérique entre l'Atlantique et le Pacifique, ne put le trouver, mais explora le littoral septentr. et occid. du Groënland; entreprit en 1829 une 2e expédition à ses frais, pénétra au S. O. du Lancaster-Sund dans la passe du Prince-Régent, découvrit le golfe de Boothia, trouva le pôle magnétique boréal (par 77° 7' lat. et49° 9' long. O.), et passa trois hivers dans ces climats glacés, luttant contre des périls de tout genre. Il a donné de ses deux voyages d'intéressantes relations, traduites par Defauconpret, sous les titres de Voyage vers le pôle arctique, 1819, Voyage à la recherche d'un passage au pôle N. O., 1835. En 1850, à l'âge de 73 ans, il entreprit, mais sans succès, un nouveau voyage dans les mers polaires, à la recherche de sir John Franklin. A son retour, il fut fait contre-amiral. — Son neveu, sir James Ross, capitaine de vaisseau, né en 1800, l'accompagna dans ses voyages au pôle arctique et commanda lui-même de 1839 à 1843 une expédition au pôle antarctique, dont il publia la relation en 1847.

ROSSANO, Roscianum, v. murée d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Calabre Citérieure), à 6 kil. de la mer Ionienne, à 45 kil. N. E. de Cosenza ; 12 000 h. Archevêché. Patrie du pape Jean XVII. Fondée, dit-on, par les Œnotriens, elle fut restaurée par les Romains et colonisée par Totila, roi des Goths.

ROSSET (P. Fulcrand), poëte, né à Montpellier en 1712, m. en 1788, était conseiller à la cour des Aides de sa ville natale. Il a composé un poëme de l'Agriculture, en 6 chants, qui parut en 1774, et qu'il augmenta de 3 autres chants en 1782. Ce poëme est froid et monotone, mais la versification en est assez pure et l'on y trouve beaucoup de beaux morceaux.

ROSSI, illustre famille italienne, avait été longtemps à la tête du parti guelfe à Parme, lorsque les persécutions du cardinal Bertrand du Pouget, légat du pape, la forcèrent à se jeter dans les bras des Gibelins. Chassée de Parme, elle y fut rétablie par Jean, roi de Bohême (1333); mais dès 1335 Pierre Rossi, qui s'était mis à la tête des siens, fut dépossédé par Mastino de la Scala. Il alla prendre du service chez les Florentins, qui faisaient la guerre à Mastino, et prit Padoue ( 1337 ); mais il périt au siège de Monselice en 1338, sans avoir pu rentrer dans Parme. Cependant sa famille y fut rétablie peu de mois après.

ROSSI (Propertia de), artiste, né en 1540 à Bologne, morte en 1591, excellait dans la sculpture en miniature. Elle sculpta la Passion de Jésus-Christ tout entière sur un noyau de pêche. Éprise d'un jeune homme qui la dédaigna, elle éternisa ses malheurs dans un bas-relief en marbre qui représente Joseph rejetant les offres de la femme de Putiphar.

ROSSI (Jérôme de), Rubeus ou De Rubeis, né à Ravenne en 1559, m. en 1607, partagea son temps entre la médecine et les travaux littéraires, et fut chargé par ses concitoyens d'une mission auprès de Clément VIII. On a de lui une Histoire de Ravenne, en 10 livres (en latin), Venise, 1572, un Traité de la distillation, 1582, etc.

ROSSI (Bastiano de), Florentin, un des fondateurs de l'Académie de la Crusca, fut secrétaire de cette compagnie et donna plusieurs éditions du Dictionnaire de la Crusca ; mais il est surtout connu par son animosité contre le Tasse.

ROSSI (Jean Victor), dit Janus Nicius Erythræus, né à Rome en 1577, m. en 1647, s'attacha à différents prélats et finalement au pape Alexandre VII, et n'en dirigea pas moins, sous le titre d'Eudemiæ (1637), une satire contre la cour de Rome. On a en outre de lui Pinacotheca virorum illustrium (Cologne, 1643), ouvrage de biographie précieux pour les renseignements, mais partial et entaché de flatterie ; des Discours (en latin), des Lettres et des Dialogues. ROSSI (Pellegrino), économiste et diplomate, né en 1787 a Carrare, entra au barreau de Bologne, mais fut forcé de s'exiler en 1815 à cause de son attachement au parti français, se réfugia à Genève et fut appelé par cette ville en 1819 à la chaire de droit romain ; représenta en 1832 le canton de Genève dans la diète constituante qui devait réviser le pacte fédéral, proposa un projet de pacte que la diète adopta, mais qui fut rejeté par les communes ; vint alors en France où il se fit naturaliser, fut pourvu de la chaire d'économie politique du Collège de France, puis appelé à l’École de droit de Paris pour y remplir une chaire de droit constitutionnel ; remplaça en 1836 Sieyès à l'Académie des sciences morales, devint en 1840 membre du Conseil de l'instruction publique et fut fait en 1844 pair de France. Envoyé en 1845 à Rome comme ministre plénipotentiaire, puis comme ambassadeur, il gagna la confiance du pape Pie IX et accepta en 1848, après quelque hésitation, le poste de chef de son ministère. Il travaillait avec ardeur à donner aux États pontificaux un gouvernement constitutionnel ainsi qu'à préparer l'unité de l'Italie lorsqu'il périt assassiné par un républicain fanatique, le 15 nov. 1848. « Rossi, dit M. Mignet, a été un théoricien circonspect, un professeur consommé, un législateur conciliant. Il a eu plusieurs patries, mais il n'a servi qu'une cause, la cause de la liberté réglée par la loi. » Ses principaux ouvrages sont : Traité du droit pénal, 1829, ou il concilie le principe d'utilité de Bentham avec celui de la justice ; Cours de droit constitutionnel, recueilli par des sténographes, 1835-36; Cours d'économie politique, 1840-54, 4 vol. in-8 (dont les 2 derniers publiés par ses fils); Mélanges d'économie, publiés en 1857. M. Mignet a lu à l'Académie des Sciences morales an 1849 une excellente Notice historique sur Rossi. Pie IX lui a fait ériger un monument dans Rome.

ROSSIENY, v. de Russie d'Europe (Vilna), à 200 kil. N. O. de Vilna ; 6000 h. Anc. capitale de la Samogitie, et encore auj. résidence de l'évêque de Samogitie ; collège des Piaristes.

ROSSIGNOL, fameux maître d'écriture, m. en 1736, fut employé du temps de la Régence à écrire les billets de banque. On a beaucoup gravé d'après ce maître, qui fut le premier dans son art.

ROSSIGNOL (J. Ant.), démagogue, né à Paris en 1759, m. en 1802, était ouvrier orfèvre avant la Révolution. Se disant un des vainqueurs de la Bastille, il fut un des principaux meneurs des insurrections des faubourgs. Lieutenant-colonel en Vendée sous Biron, puis général en chef de l'armée des Côtes de La Rochelle, il ne montra que de l'incapacité, se fit battre, et commit nombre de concussions et d'atrocités. Destitué à diverses reprises, il se fit toujours replacer par Robespierre. Après la chute de ce protecteur, il se jeta dans le complot Babeuf : il s'enfuit pendant le jugement et fut néanmoins acquitté. Placé sur la liste des suspects après le 18 brumaire, il fut, à la suite de l'explosion de la machine infernale, transporté à l'île d'Anjouan, où il mourut.

ROSSO (le), dit Maître Roux, peintre de Florence (1496-1541), se forma en étudiant Michel-Ange et les anciens maîtres, surtout le Parmesan. François I l'appela en France, et le nomma surintendant des travaux de Fontainebleau, dont la grande galerie fut construite sur ses dessins et embellie par lui de peintures, de frises et de riches ornements en stuc (auj. détruits); il reçut en récompense un canonicat à la Ste-Chapelle. Le Rosso accusa Pellegrino, qui avait été son ami, de lui avoir volé une somme considérable : l'innocence de celui-ci ayant été reconnue, il s'empoisonna de désespoir. Cet artiste a du grandiose, de la hardiesse et de la vérité dans la disposition des groupes, une couleur brillante, mais trop peu de vérité dans l'imitation de la nature. Parmi ses meilleures compositions on cite : l'Assomption de la Vierge et la Vierge accompagnée de plusieurs saints, à Florence ; une Descente de croix, à Borgo-San-Sepolcro: la Vierge recevant les hommages de Ste Élisabeth; un Christ au tombeau, au Louvre. Il était très-jaloux du Primatice, qui, à son tour, a fait détruire beaucoup de ses fresques.

ROSTAM ou ROSTAN. V. ROUSTAM.

ROSTOCK, v. murée et port du Mecklembourg-Schwérin, sur la Warnow, à 16 kil. de son embouchure dans la Baltique, à 65 kil. N. E. de Schwérin ; 24 000 h. Citadelle, château, église St-Martin, renfermant le tombeau de Grotius. Université, qui date de 1419, bibliothèque, cabinet de médailles, muséum, jardin botanique, etc. Industrie active (drap, lainages, soie, toile, amidon, vinaigre, eau-de-vie de grains, bière, etc.). — Rostock ne fut longtemps qu'un village de pêcheurs : aux XIIIe et XIVe s, elle devint une seigneurie, puis fut une des villes de la Hanse les plus florissantes. Blücher y est né : on y voit sa statue sur une place.

ROSTOPCHIN (le comte Fédor), général russe, né en 1765 près de Twer, m. en 1826, était gouverneur de Moscou en 1812. Selon l'opinion commune, il incendia la ville à l'approche des Français afin de ne laisser aucune ressource à l'ennemi. Il se démit de ses fonctions en 1814 et m. en disgrâce. Il a publié à Paris en 1823 la Vérité sur l'incendie de Moscou, brochure où il nie l'acte qui lui est imputé.

ROSTOV, v. de la Russie d'Europe (Iaroslav), sur le bord N. O. du lac Néro, à 65 kil. S. O. d'Iaroslav ; 6000 hab. Archevêché grec. Toiles, vermillon, vitriol, suif, tanneries. — Ville très-ancienne; longtemps capitale d'un petit État tchoude. Prise et presque anéantie par les Tartares en 1237, elle conserva cependant son indépendance jusqu'en 1328, époque à laquelle elle fut réunie à la Russie.

ROSTRENEN, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord, à 45 kil. S. O. de Guingamp ; 1560 hab. Miel.

ROSTRES, Rostra, célèbre tribune aux harangues placée au milieu du Forum romain, et du haut de laquelle on parlait au peuple dans ses assemblées. Le nom de Rostres lui fut donné en 337 av. J.-C., parce qu'alors le consul Mænius l'orna des rostres ou éperons des navires qu'il avait pris sur les Antiates dans une bataille navale gagnée par lui.

ROSWEIDE (Héribert), savant jésuite, né à Utrecht en 1569, m. en 1629, enseigna la philosophie et la théologie à Douay et à Anvers. On a de lui, entre autres écrits, Fasti sanctorum, Anvers, 1607, ouvrage qui a donné l'idée du recueil des Bollandistes.

ROSWITH. V. HROSVITA.

ROTA, v. et port d'Espagne (Séville), sur l'Océan, vis-à-vis de Cadix: 8000 hab. Vin renommé.

ROTA (Bernardin), poëte italien, né à Naples en 1509, m. en 1575, du regret que lui causa la perte de sa femme, avait été militaire. Il a laissé des élégies, des sylves, des épigrammes, des sonnets, qui l'ont fait placer près de Pétrarque, et des églogues marines qui lui ont valu le titre de créateur du genre piscatoresque. La meilleure édition de ses Œuvres est de Mazio, Naples, 1726.

ROTE (la), juridiction établie à Rome, au commencement du XIVe s., par le pape Jean XXII, et réorganisée par Sixte IV, connaît des matières bénéficiâtes dans tous les pays catholiques. Ce tribunal est composé de 12 docteurs ecclésiastiques nommés auditeurs, pris entre les quatre nations d'Italie, de France, d'Espagne et d'Allemagne. Son nom de Rote, dérivé de rota, roue, vient soit de ce que les juges sont assis en cercle, soit plutôt, selon Ducange, de ce que le pavé de la salle où ils se réunissent est une mosaïque en forme de cercle.

ROTHARIS, duc de Brescia, puis roi des Lombards (636-52), dut le trône au choix de Gondeberge, veuve du roi Arioald, qui l'épousa. Il conquit sur les Grecs Gênes, la Ligurie et plusieurs parties du Frioul, publia le code lombard (643), et laissa la trône à son fils Rodoald. Partisan de l'Arianisme, il établit dans chaque diocèse un évêque arien à côté de l'évêque catholique. ROTHELIN (l'abbé Ch. d'ORLÉANS de), né à Paris en 1691, m. en 1744, descendait du brave Dunois. Ami du cardinal de Polignac, il le suivit à Rome en qualité de conclaviste. Il rapporta d'Italie une belle collection de médailles, devint en 1728 membre de l'Académie française et en 1732 de celle des inscriptions. Polignac, s'en fiant à son goût, lui avait laissé en mourant le soin de publier l’Anti-Lucrèce ; Rothelin revisa ce poëme avec soin; mais, sentant sa fin approcher, il le transmit à Lebeau, qui le publia.

ROTHENBOURG, v. de la Hesse-Cassel, ch.-l. de cercle, sur la Fulde, à 45 kil. S. E. de Cassel; 4000 h. Anc. château des landgraves. Vins, sucre de betteraves. École d'agriculture et d'industrie. Draps, papier, poudre. — Ville du Wurtemberg (Forêt-Noire), à 11 kil. S. O. de Tübingue, sur le Necker; 6000 h. Évêché catholique.

ROTHERHITE, vge d'Angleterre (Surrey), sur la r. dr. de la Tamise, tout près de Londres, à 2 kil. du pont de Londres; 13 000 hab. C'est en face de Rotherhite que s'ouvre le tunnel de la Tamise.

ROTHSAY, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Bute, sur la côte E. de l'île de Bute, et à 45 kil. O. de Glasgow, 6000 hab. Pêche active. — Jadis ville considérable, résidence des anc. rois d’Écosse. En 1398, David, comte de Carrick et fils aîné du roi d’Écosse Robert III, fut créé duc de Rothsay : longtemps depuis, l'héritier présomptif porta ce titre.

ROTHSCHEN-SALM, v. de Russie (Finlande), sur une île située à l'embouch. de la Kymmène dans le golfe de Finlande, à 15 kil. S. O. de Friedrichshamn. Vaste port militaire, deux forts, chantiers, casernes pour 14 000 hommes. Victoire navale des Suédois sur les Russes en 1790.

ROTHSCHILD, v. de Danemark. V. ROSKILD.

ROTHSCHILD (Meyer Anselme), fondateur d'une célèbre maison de banque, né en 1743 à Francfort-sur-le-Mein, d'une famille israélite, m. en 1812, entra fort jeune chez un banquier de Hanovre, amassa un petit capital avec lequel il alla s'établir à Francfort, fut en 1801 nommé par le landgrave de Hesse agent de sa cour, sauva au péril de sa fortune les biens de ce prince lorsqu'il fut obligé de quitter ses États en 1806, gagna par cette conduite la confiance de toutes les têtes couronnées, entra en relation d'affaires avec presque toutes les cours de l'Europe, et vit en peu d'années sa maison prendre le plus grand essor. — Il laissa 10 enfants, dont 5 fils, qui, continuant sa maison, en firent le premier établissement de banque de l'Europe, et fondèrent dans les principales villes de nouveaux comptoirs. L'aîné, Anselme, 1772-1855, fut le chef de la maison de Francfort; Salomon, 1774-1855, de la maison de Vienne; Nathan, 1777-1836, alla s'établir à Manchester, puis à Londres; Charles, né en 1788, s'établit à Naples ; James, 1792-1868, à Paris. Bien que disséminés ainsi sur des points forts éloignés, les frères Rothschild forment une seule maison. C'est surtout à leur union et à leur réputation de loyauté qu'ils doivent la prospérité extraordinaire et toujours croissante de leur établissement : aussi ont-ils pour devise : concordia, industria, integritas. L'empereur d'Autriche qui, dès 1815, avait anobli tous les membres de cette famille, leur a conféré en 1822 le titre de baron.

ROTHWEIL, Aræ Flaviæ, Rottovilla, v. murée du Wurtemberg (Forêt-Noire), sur le Neckar, à 50 k. S. O. de Tûbingue; 5400 hab. Établissements d'instruction. — Jadis ville libre impériale. Elle fut prise par les Français en 1643 : le maréchal Guébriant fut blessé mortellement à ce siège.

ROTOMAGUS, Rouen, v. de la Gaule, chez les Veliocasses, était la métropole de la Lyonnaise 2e.

ROTONDO (mont), la plus haute mont, de la Corse, à 12 kil. S. O. de Corte, a 2672m de haut.

ROTROU (Jean, le), poëte dramatique, né à Dreux en 1609, m. en 1650, sortait d'une famille illustre, issue des comtes de Perche, dont le domaine se voit encore à Nogent-le-Rotrou. Il était lieutenant civil et criminel de Dreux, et partageait son temps entre Paris et cette ville; ayant appris, pendant un séjour qu'il faisait à Paris, qu'une maladie épidémique ravageait la ville de Dreux, il y courut pour donner ses soins aux habitants, et fut enlevé en 3 jours. On a de lui 23 pièces, tragédies ou comédies. On y remarque Antigone et Iphigénie, imitées de Sophocle et d'Euripide, les Captifs, les Ménechmes, les Sosies, imitées de Plaute, S. Genest, Hercule, Bélisaire, enfin Venceslas (1647) et Chosroès (1649), qui sont ses chefs-d'œuvre. Corneille appelait Rotrou son père, parce que ce poëte, connu avant lui, lui avait donné de bons conseils et rendu de bons offices. Cependant le Cid, Horace, Cinna, Heraclius, Rhodogune, avaient paru avant le chef-d'œuvre de Rotrou. La diction de Rotrou est souvent lourde et peu harmonieuse ; sa composition est faible, ses situations en général sentent plus le roman que la tragédie; cependant il est plein d'énergie, et, si on le compare à Mairet et à Jodelle, il était en progrès. La meilleure édition des Œuvres de Rotrou est celle de Violet-Leduc, Paris, 1820-1822, 5 vol. in-8.

ROTTECK (Charles de), historien, né en 1775 à Fribourg en Brisgau, m. en 1840, professa l'histoire à Fribourg dès 1798, puis voyagea pour compléter ses connaissances, publia à son retour des ouvrages remarquables par leur tendance libérale, fut nommé conseiller du grand-duc de Bade en 1806, puis professeur de droit et d'économie politique à Fribourg, fut élu en 1819 député de l'université à la 1re chambre de Bade, défendit avec ardeur les libertés publiques (surtout la liberté de la presse) à la tribune et dans le journal le Libéral (der Freisinnige) ; mais finit par alarmer l'autorité, et vit en 1831 supprimer son journal et son cours. On a de lui : Histoire universelle, Fribourg, 1813-27, 9 vol., ouvrage qui a eu plusieurs éditions et dont un Abrégé a été traduit par Sim, Gunzez, Paris, 1833-6; Musée historique pour tous les États, 1828 ; Manuel du droit naturel et des sciences politiques, 1829-30; Manuel d'économie politique, 1835.

ROTTERDAM, Roterodamum, grande v. du roy. de Hollande (Hollande mérid.), ch.-l. d'arr., sur la r. dr. de la Meuse et sur la Rotter (ruisseau qui s'y jette dans la Meuse), à 28 k. S. de La Haye ; 90 000 h. C'est la plus grande ville du royaume après Amsterdam. Grand et magnifique port, nombreux canaux, bassins superbes (les vaisseaux arrivent au milieu de la ville) ; chemins de fer. Cour royale, église wallonne, société des sciences, école latine. Consulats. Bourse, amirauté, palais de la Compagnie des Indes, église St-Laurent, hôpital des vieillards. Grand commerce, facilité par des communications régulières avec le Havre, Londres, Hambourg et les ports de la Baltique. Exportation de lin et de garance ; importation de vins, café, sucre, coton,tabac, etc. Patrie d'Érasme, de Tromp. — L'importance de Rotterdam date du XIIIe s. : elle fut érigée en ville en 1270. Prise par les Flamands en 1297, par Brederode en 1488, par les Français en 1794, elle souffrit encore beaucoup des maux de la guerre pendant la Révolution, et des inondations de la Meuse en 1775 et 1825.

ROUBAIX, ch.-l. de cant. (Nord), sur le canal de ce nom, à 10 k. N. E. de Lille; 49 274 h. (elle en comptait moins de 8000 en 1800). Chambre consultative des arts et manufactures, théâtre, hôpital, station de chemin de fer, puits artésiens; manufactures et fabriques nombreuses, étoffes de laine dites de Roubaix, draps, tapis, châles, étoffes pour gilets, linge de table, etc.; filatures de coton et de laine; fabr. de peignes, cardes; fonderies de cuivre, teintureries, tanneries, corroieries.

ROUBAUD (P. Jos. André), prêtre d’Avignon, né en 1730, mort en 1792, vint se fixer à Paris, se distingua comme économiste et grammairien, fut exilé en 1775 pour avoir censuré les abus, mais fut rappelé l'année suivante par Necker, et obtint une pension de 3000 fr. Il a coopéré à la rédaction du Journal de l'Agriculture, du Commerce et des Finances, et a publié, entre autres ouvrages, une Histoire de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, Paris, 1770-75, 15 vol. in-12 ou 5 vol. in-4, et les Nouveaux synonymes français, 1785 et 1796, ouvrage estimé, qui se place à côté de ceux de Girard, de Beauzée, sur le même sujet, et qui lui valut un prix de l'Académie.

ROUCHER (J. Ant.), poëte, né en 1745 à Montpellier, s'était déjà fait connaître avantageusement lorsqu'il fut nommé par Turgot receveur des gabelles à Montfort-l'Amaury, espèce de sinécure qui lui permettait de se livrer à son goût pour les lettres. Ayant voulu s'opposer aux excès de la Révolution, il fut condamné à mort pendant la Terreur; il subit le supplice avec courage le 7 thermidor (25 juill. 1794). On a de Roucher les Mois, poëme en 12 chants, 1779, une traduction de la Richesse des nations de Smith, 1790, et divers morceaux en vers et en prose. Ses Mois eurent beaucoup de vogue dans l'origine, et tombèrent depuis dans un injuste oubli : quoique l'ouvrage soit long et inégalement écrit, il offre de très-beaux morceaux. Sa Correspondance (pendant sa captivité) a été publiée en 1797.

ROUDAH, île de la Basse-Égypte (Djizeh), dans le Nil, vis-à-vis de Fostât. A l'extrémité S. O. de cette île était le fameux nilomètre des anciens Égyptiens.

ROUDBAR, forteresse de Perse (Ghilan), sur le Kizil-Ouzen, à 60 kil. S. O. de Recht et près de Kasbin, était la résidence de Kya-Buzurk-omid, l'un des chefs des Assassins.

ROUELLE (G. Fr.), chimiste, né en 1703 au bourg de Mathieu, près de Caen, m. en 1770, s'établit pharmacien à Paris, y fit des cours de chimie qui furent très-suivis, devint en 1742 professeur de chimie au jardin royal des Plantes, en 1744 membre adjoint de l'Académie des sciences. Rouelle est un des hommes qui ont fait faire en France le plus de progrès à la chimie; malheureusement il écrivait peu, et souvent ses auditeurs s'appropriaient ses découvertes. On lui doit surtout de précieuses recherches sur les sels : il distingua le premier des sels neutres, acides et basiques. C'est lui qui forma Macquer, Darcet, Sage, Cadet. M. Capa rédigé son Éloge, 1845. — Hilaire R., son frère et son élève (1718-79), lui succéda au jardin des Plantes. On lui doit plusieurs découvertes, entre autres celle de l'urée. On a de lui un Tableau de l'analyse chimique, 1774.

ROUEN, Rotomagus, Rudomum, ch.-l. du dép. de la Seine-Inférieure, sur la r. dr. de la Seine (avec un faub. sur la r. g.), à 126 k. N. O. de Paris par la route, et 137 par le chemin de fer; 102 649 h. Archevêché, qu'on fait remonter à l'an 260, et dont le siège fut occupé par S. Mellon, S. Romain, S. Ouen, le cardinal d'Amboise, le cardinal Ch. de Bourbon, François de Joyeuse, Franç. de Harlay, etc. (le titulaire a le titre de Primat de Normandie) ; église consistoriale calviniste; synagogue; cour d'appel, trib. de 1re instance et de commerce; ch.-l. de division militaire ; faculté de théologie, école secondaire de médecine, école préparatoire aux facultés; lycée; école d'hydrographie. Acad. des sciences, belles-lettres et arts; sociétés de commerce, d'agriculture, d'émulation, etc. Riche bibliothèque, jardin botanique, musée. Beau port (la marée s'y fait sentir, et les petits navires peuvent y mouiller); beau pont de pierre (remplaçant un pont de bateaux qui s'élevait et s'abaissait avec la marée), pont suspendu; cathédrale magnifique, dont la flèche a été détruite par la foudre en 1822 et depuis reconstruite en fer, et où se voyait une cloche de 20 000 kilogr. dite George d'Amboise, fondue en 1501, par ordre du cardinal d'Amboise, archev. de Rouen, brisée en 1786; belle église St-Ouen, attenante à l'hôtel de ville : cette église, commencée en 1318, est un admirable vaisseau gothique, que domine une tour richement dentelée, et dont le portail, ouvrage tout récent, a été achevé en 1852; tour du beffroi ou de la Grosse Horloge, élevée en 1389; halle aux toiles, palais de justice, hôtel de ville, vaste Hôtel-Dieu, bourse, théâtres, superbes boulevards. Plusieurs faubourgs : ceux de Bouvreuil et de Beauvoisine au N., de S.-Hilaire au N. E., de Martinville à l'E., d'Eauplet au S. E., de de St-Sever au S. (sur la r. g. de la Seine). Beaux quais, deux belles rues, la rue Napoléon ou Impériale, et la rue de Crosne; mais la ville est généralement mal bâtie, les rues sont étroites et tortueuses, les maisons en partie construites en bois. La ville est encaissée entre plusieurs collines (Ste-Catherine, mont Riboudet, etc.) et traversée par 3 petites riv. (l'Aubec, le Robec, la Renelle), ce qui la rend fort humide. Chemin de fer, allant de Rouen à Paris et au Havre. Grande industrie : nombreuses filatures de coton; tissus, toiles dites rouenneries; teintureries, raffinerie de sucre, confiserie renommée, surtout pour le sucre de pomme et la gelée de pomme; quincaillerie, tanneries, brasseries, fonderies de métaux, orfèvrerie. Commerce très-actif : grand et petit cabotage; Trois foires de 15 jours, les 20 février, 20 juin et 23 octobre : cette dernière surtout, dite foire de la St-Romain, est très-importante. — Rouen, l'une des villes les plus anciennes du pays, était avant la conquête romaine le chef-lieu des Veliocasses; elle devint sous les Romains la métropole de la 2e Lyonnaise. Le Christianisme y fut introduit dès le IIIe siècle. Mérovée, fils de Chilpéric I, y épousa en 576 sa tante Brunehaut : l'archevêque Prétextat, qui avait béni cette union, fut assassiné dans la cathédrale même par ordre de Frédégonde. Les Normands prirent Rouen en 841 et 859 : ce fut dès lors une de leurs stations. Les ducs de Normandie y fixèrent depuis leur résidence et en firent bientôt une grande ville. Elle obtint une commune en 1144. Après la condamnation de Jean sans Terre, meurtrier de son neveu Arthur, Philippe-Auguste enleva Rouen aux Anglais en 1204. Elle n'a cessé depuis d'appartenir à la France que de 1419 (époque à laquelle Henri V, roi d'Angleterre, y fit son entrée, après un siège célèbre) jusqu'à 1449 (où elle revint à Charles VII avec le reste de la Normandie). Dans l'intervalle avait eu lieu à Rouen le procès et la mort de Jeanne d'Arc (1431). Le siège de Rouen en 1562 fut un des actes principaux de la 1re guerre civile religieuse du Calvinisme : le roi de Navarre, Ant. de Bourbon, fut blessé à mort à ce siége; le duc François de Guise prit la ville sur Montgomery. Henri IV l'assiégea en 1591, mais ne put la prendre; il y tint en 1596 une célèbre assemblée de Notables. La révocation de l'édit de Nantes fut fatale au commerce de Rouen; il ne se releva que sous Louis XV et surtout sous Napoléon I. Depuis il a encore beaucoup souffert par suite des communications directes du Havre avec Paris au moyen du Chemin de fer, et plus récemment par l'effet de la disette du coton, amenée par la guerre civile des États-Unis (1862-64). Rouen avait jadis un parlement, établi par Louis XII en 1499. Lors de l'organisation de l'université impériale, elle fut le chef-lieu d'une académie, qui a été supprimée en 1854. Rouen a vu naître les deux Corneille, Benserade, St-Amant, Fontenelle, Pradon, Daniel, Bochart, Basnage, Brumoy, Sanadon, J. Jouvenet, Restout, Géricault, la Champmêlé, Mmes du Boccage et Leprince de Beaumont, Boïeldieu, le général Duvivier, etc.

ROUERGUE, Rutenicus pagus, anc. prov. de France, à l'extrémité N. E. du grand-gouvt de Guyenne et Gascogne, était limitée de trois côtés par le Languedoc, et tenait par le 4e à l'Auvergne au N. et au Quercy au N. O. : au S. E. s'étendaient les Cévennes. Le Rouergue était divisé en trois parties : le Comté de R., la Hte-Marche, la B.-Marche. Places principales : dans le Comté, Rhodez, St-Geniez, Entraigues ; dans la Hte-Marche, Milhau, St-Affrique ; dans la B.-Marche, Villefranche, St-Antonin, Najac, Sauveterre. Il forme auj. le dép. de l'Aveyron et une petite partie de celui de Lot-et-Garonne. — Le Rouergue, habité d'abord par les Ruteni, fut compris par les Romains dans l'Aquitaine 1re. Il suivit le sort de cette contrée et forma après Charlemagne un comté particulier; ce comté passa de bonne heure à une branche des comtes de Toulouse : celle-ci s'éteignit en 1066, et les comtes de Toulouse en héritèrent. Mais un de ces comtes, Alphonse I, ayant besoin d'argent pour aller à la 2e croisade, engagea d'abord et puis vendit à Richard, comte de Carlat et de Lodève, le comté de Rhodez, qui formait un tiers du Rouergue (1147). Celui-ci devint la souche d'une maison qui s'éteignit dans les mâles en 1302, et dont l'héritière (Cécile) épousa Bernard VI d'Armagnac. Le Rouergue fut réuni par Henri IV (1589).

ROUÉS (les), nom donné pendant la minorité de Louis XV aux courtisans débauchés du Régent, sans doute parce qu'ils eussent été dignes de la roue.

ROUFFACH, Aquas Rubeæ, v. d'Alsace-Lorraine, à 15 kil. S. de Colmar, sur la Lauche et l'Ombach; 3917 hab. Collége, station de chemin de fer. Tissus de coton, bonneterie. Patrie du maréchal Lefebvre. — Jadis ville impériale. Prise et pillée vers 1105 par l'emp. Henri V, contre lequel elle s'était révoltée; prise par les Impériaux en 1635 et par Turenne en 1675 ; perdue par la France en 1871.

ROUFIA, l'anc. Ladon, riv. de Grèce, descend du plateau central de la Morée, arrose l'Arcadie et l’Élide, et tombe dans le golfe d'Arcadie après un cours de 130 kil.

ROUGE (mer) ou GOLFE ARABIQUE, Mare Rubrum, Arabicus sinus, grand golfe situé entre l’Égypte et l'Abyssinie à l'O. et l'Arabie à l'E. et au N., est séparé de la Méditerranée par l'isthme de Suez, et s'unit, au S., par le détroit de Bab-el-Mandeb, à la mer des Indes. Vers l'extrémité N., il se partage en deux golfes, celui de Suez à l'O., celui d'Akaba à l'E. Longueur, 2600 kil. ; largeur moyenne, 240 k. Cette mer offre peu d'îles et ne reçoit aucun fleuve important. Ses principaux ports sont Djeddah et Moka sur la côte d'Arabie, Suez et Cosséir sur la côte d'Afrique. Elle tire son nom de la coloration de ses eaux, coloration qui s'explique par la présence d'une multitude d'algues et de zoophytes microscopiques de couleur rouge. — La mer Rouge fut, selon la Bible, passée à pied par les Israélites, conduits par Moïse et poursuivis par Pharaon. Cette mer fut, sous les Ptolémées et les Romains, la grande voie du commerce. Fort déchue depuis la découverte du cap de Bonne-Espérance, elle a repris une grande importance depuis qu'il est possible de traverser avec sécurité l'isthme de Suez; cette importance s'est fort accrue par la création du chemin de fer qui traverse l'isthme et du canal de jonction des deux mers.

ROUGE (RIVIÈRE-), grande riv. de l'Amérique du Nord, sort de la Sierra-del-Sacramento, dans le Nouveau-Mexique, coule au S. E., puis à l'E., au S. et au S.E., sépare l'Arkansas du Texas, reçoit la False-Washitta, la Bleue, la Petite-Rivière-du-Sud, la Cagamichi, entre dans la Louisiane, passe à Natchitoches, et tombe dans le Mississipi au-dessous de Natchez, non loin de son embouchure, après un cours de 2350 k. Navigation difficile.

ROUGÉ, ch.-l. de cant. (Loire-Inférieure), à 9 kil. N. O. de Châteaubriant ; 2705 hab. Mine de fer.

ROUGEMONT, ch.-l. de cant. (Doubs), à 13 kil. de Beaume-les-Dames; 2772 hab. Usine à fer.

ROUGET DE L'ISLE (Joseph), auteur de la Marseillaise, né en 1760 à Lons-le-Saulnier, m. en 1836, était officier du génie en 1789 et adopta avec enthousiasme les idées nouvelles. Se trouvant, en 1792, en garnison à Strasbourg, il composa en une seule nuit les paroles et la musique de l'hymne célèbre auquel il doit sa réputation. Ce chant de guerre, composé pour l'armée du Rhin dont l'auteur faisait partie, devint bientôt un chant national et fit le tour de la France. Les volontaires marseillais le répétaient en marchant contre les Tuileries à la journée du 10 août : c'est ce qui l'a fait appeler la Marseillaise. Rouget de l'Isle combattit sous Hoche en Vendée, et fut blessé à Quiberon. Napoléon ne fit rien pour lui; après la Révolution de juillet, il reçut du roi Louis-Philippe une pension. Outre la Marseillaise, on a de Rouget quelques pièces de vers (odes, idylles, essais), publiées en 1797, la musique de 50 Chants français (de divers auteurs), 1825, et une Relation du désastre de Quiberon.

ROUGRAVES. V. RAUGRAVES.

ROUILLAC, ch.-l. de cant. (Charente), près de la source de la Nouère, à 24 kil. N. O. d'Angoulême; 2327 h. Vins, eau-de-vie.

ROUILLÉ (Ant. Louis), comte de Jouy, né en 1689, m. en 1761, fut conseiller au parlement de Paris, intendant du commerce (1725), puis ministre de la marine (1749) et des affaires étrangères (1754). Il se fit remarquer par ses vues patriotiques et essaya de relever la marine. Il était membre honoraire de l'Académie des sciences. — Un de ses parents, Rouillé du Coudray (1652-1729), directeur des finances, protégea J. B. Rousseau, qui lui adressa une de ses odes. — Rouillé du Meslay, conseiller au parlement de Paris, laissa en mourant (1715) une somme de 125 000 livres à l'Académie des sciences, pour que le revenu en fût employé à récompenser des recherches mathématiques, notamment la recherche de la quadrature du cercle.

ROUJAN, ch.-l. de cant. (Hérault), à 19 k. N. E. de Béziers; 1900 h. Houille, huile de pétrole.

ROUJOUX (le baron Guill. de), né en 1779 à Landerneau, m. à Paris en 1836, servit d'abord avec distinction, devint en 1812 préfet du Ter (Catalogne), rentra dans la vie privée à la Restauration et fut un instant préfet du Lot en 1830. On lui doit la traduction de l’Histoire d'Angleterre de Lingard, 17 vol. in-8, 1825-29, et une Histoire des rois et ducs de Bretagne, 1828, 4 v. in-8. On a publié sous son nom un Dict. français-italien et ital.-français.

ROULANS-L'ÉGLISE, ch.-l. de cant. (Doubs), à 12 kil. S. O. de Beaume-les-Dames ; 554 hab.

ROULERS, en flamand Rousselaer, v. de Belgique (Flandre-Occid.), à 32 kil. S. S. O. de Bruges; 11 000 hab. Fabriques et commerce de cotonnades, dites de Courtray, et de toiles légères, dites rollés ou rollettes; teintureries, huileries, savonneries.

ROUM. V. KONIEH et SIVAS.

ROUMANIE ou pays des Roumains (V. ce nom). — Après l'expulsion du prince Couza, les Principautés de Valachie et de Moldavie ont proclamé Charles Ier de Hohenzollern prince de Roumanie (20 fév. 1866).

ROUMAINS, peuples parlant un idiome dérivé de l'ancienne langue des Romains (Valaques, Moldaves, habitants de la Transylvanie, de la Bessarabie, d'une partie de la Hongrie).

ROUMÉLIE ou ROMANIE, le Roum-Ily des Turcs (c.-à-d. pays des Romains), partie de la Turquie d'Europe comprise entre la Bulgarie et la. Servie au N., l'Albanie à l'O., la Thessalie, l'Archipel, le détroit des Dardanelles et la mer de Marmara au S., le canal de Constantinople et la mer Noire à l'E. ; env. 4 millions d'habitants. Elle correspond à la Thrace et à la Macédoine des anciens. Cette contrée s'appuie au N. sur les Balkans et est arrosée par la Maritza, la Tundja, le Kara-sou, le Vardar, qui en descendent. Au S., entre les golfes de Saloniki et d'Orfano, elle projette la presqu'île de Chalcidique, et, plus à l'E., entre le golfe de Saros et les Dardanelles, celle de Gallipoli. La Roumélie comprend les gouvts particuliers de Constantinople et de Philippoli, les pachaliks d'Andrinople, de Sérès, de Saloniki, de Monastir et d'Ouskoup ; on lui donne pour capitale, après Constantinople, Sophia ou Monastir.

ROUMOIS, Rotomagensis ager, anc. petit pays de France (Normandie), entre la Seine et la Rille, compris auj. dans les dép. de la Seine-Inf. et de l'Eure, tirait son nom de la ville de Rouen, qui pourtant n'en faisait point partie, et avait pour lieux principaux Quillebœuf, Bourgachard, Routot, Elbeuf.

ROUPEN, ROUPÉNIENS. V. RUPEN, etc. ROUSSEAU (J. B.), poëte lyrique, né à Paris en 1671, était fils d'un cordonnier, et eut, dit-on, le tort de rougir de cette humble origine. Son père lui fit donner une excellente éducation littéraire, et le jeune homme promit de bonne heure un grand poëte ; Boileau lui-même ne dédaigna pas de lui donner des conseils dans sa jeunesse. Il se vit dès l'âge de 20 ans recherché par les personnes du plus haut rang, accompagna le maréchal de Tallard à Londres en qualité de secrétaire, et vécut ensuite comme ami chez Rouillé du Coudray, directeur des finances. Il réussissait également dans l'épigramme et dans l'ode ; mais il s'attira le mépris public en jouant un double rôle, celui de poëte religieux dans ses odes, et de poète licencieux dans ses épigrammes. J. B. Rousseau s'essaya aussi sur la scène et donna quelques comédies (le Café, le Flatteur, le Capricieux), mais il eut peu de succès en ce genre. Accusant de ses revers dramatiques plusieurs gens de lettres qui se réunissaient au café Laurent (La Motte, Crébillon, Sauria, etc.), il lança contre eux quelques couplets satiriques ; ces couplets furent bientôt suivis d'une foule d'autres remplis d'infâmes calomnies ; on les lui imputa tous ; de son côté, il accusa Saurin d'en être l'auteur, et, pour le prouver, il suborna, dit-on, des témoins : mais il fut déclaré lui-même auteur des couplets, condamné comme diffamateur et banni à perpétuité par arrêt du parlement (1712) ; cependant, il ne cessa de protester de son innocence et il n'est pas encore prouvé qu'il fût coupable. Il se retira en Suisse, où il reçut un bon accueil du comte du Luc, ambassadeur de France ; il accompagna plus tard ce seigneur à Vienne, Où il obtint la protection du prince Eugène, et se fixa enfin à Bruxelles. Il eut dans cette dernière ville avec Voltaire une entrevue, d'où les deux poëtes sortirent ennemis jurés. On offrit à J. B. Rousseau en 1716 des lettres de rappel ; mais il n'en voulut pas profiter, parce qu'on lui devait, disait-il, non pas une grâce, mais une réhabilitation. Cependant il fit en 1738 un voyage secret à Paris dans le but d'obtenir ces lettres de rappel qu'il avait précédemment refusées ; n'ayant pu les obtenir, il retourna à Bruxelles, où il mourut en 1741, accablé de regrets et d'infirmités. J. B. Rousseau n'eut point d'égal dans son siècle pour l'ode ; il créa la cantate, espèce nouvelle du genre lyrique, qu'il porta tout d'un coup à sa perfection ; on admire surtout dans ses œuvres lyriques l'union du sublime des idées avec l'harmonie du style. Il a composé de nombreuses épigrammes, qui sont pleines d'esprit, mais où règne quelquefois un cynisme révoltant : des épîtres et des allégories, où l'on trouve des étincelles de son talent, mais qui sont bien inférieures à ses autres poésies, et il a laissé une Correspondance, publiée à Genève en 1749. Amar a donné en 1820 une édition complète de ses Œuvres, avec un commentaire historique et littéraire, 5 vol. in-8, chez Lefebvre. Il existe un très-grand nombre d'éditions classiques de ses Œuvres choisies ; la plus belle est celle que Didot publia pour le Dauphin, 1790, in-4. M. Manuel a fait paraître en 1852 les Œuvres lyriques, avec des notes nouvelles.

ROUSSEAU (J. J.), célèbre écrivain, né en 1712 à Genève, était fils d'un horloger de cette ville. Son éducation fut très-négligée; elle se borna presque à la lecture des Vies de Plutarque et de quelques romans, notamment ceux de Richardson. Après avoir été clerc chez un greffier, puis apprenti chez un graveur, il était sans ressources quand il fut recueilli à Annecy par Mme de Warens, dame catholique qui commença sa conversion et le fit admettre à l'hospice des catéchumènes à Turin, où il abjura la religion protestante. Sorti de cette maison, il fut quelque temps réduit à se faire laquais, puis se mit a enseigner la musique à Lausanne, vint en 1732 à Paris où il ne fit que végéter, et alla chercher de nouveau un refuge près de Mme de Warens, qui habitait alors Chambéry ; il passa auprès d'elle, soit à Chambéry, soit aux Charmettes, quelques années tranquilles, partageant son temps entre l'étude et les soins dus à son amie. Placé en 1740 comme précepteur chez M. de Mably, grand-prévôt de Lyon, il n'y resta qu'un an. Il se rendit pour la 2e fois à Paris en 1741 : il y apportait une méthode de son invention pour noter la musique en chiffres, sur laquelle il fondait des espérances, mais elle eut peu de succès ; cependant il se fit quelques protecteurs, et l'ambassadeur de France à Venise, M. de Montaigu, l'emmena avec lui comme secrétaire. D'un orgueil intraitable, il ne tarda pas à se faire congédier, et revint à Paris (1748), où il obtint une place de commis chez M. Dupin, fermier général ; à la même époque, il se liait avec Diderot et Grimm, et s'attachait a cette Thérèse qu'il épousa depuis, et qui n'était qu'une servante d'auberge. En 1749, une question posée par l'Académie de Dijon : Le progrès des sciences et des arts a-t-il contribue à corrompre ou à épurer les mœurs ? lui révéla son génie ; il concourut, et, bien qu'il eût pris parti contre les arts, fruit de la civilisation, il mit au service du paradoxe une éloquence si entraînante que le prix lui fut décerné. Voulant dès lors vivre indépendant, il abandonna sa place de commis et se fit copiste de musique. Il consacrait aux travaux de son goût le temps que lui laissait ce métier, et il donna en très-peu de temps plusieurs ouvrages de genres très-divers : le Devin de village, opéra dont il avait fait la musique ainsi que les paroles, et qui eut une grande vogue (1752) ; une Lettre sur la musique française, où il donnait la palme à la musique italienne, et qui fit beaucoup de bruit ; une comédie (Narcisse), qui tomba ; un Discours sur une nouvelle question posée à l'Académie de Dijon, de l'Origine de l'inégalité parmi les hommes (1753), œuvre des plus remarquables, mais qui ne put obtenir le prix à cause d'attaques hardies contre le despotisme. Peu après la publication de ce discours, il alla revoir Genève : il y trouva bon accueil, et, voulant recouvrer le titre de citoyen de la république, il retourna au Calvinisme, qu'il avait abjuré. Revenu à Paris, J. J. Rousseau se vit recherché par les grands seigneurs et les femmes à la mode : Mme d'Épinay fit construire pour lui dans la vallée de Montmorency le célèbre Ermitage (1756) (il composa dans cette paisible retraite la Nouvelle Héloïse (1759), le Contrat social, code d'une politique hardie et toute nouvelle, où il proclame la souveraineté du peuple, l’Émile, roman philosophique sur l'éducation (1762) : ces 3 ouvrages obtinrent la plus grande vogue ; mais le dernier, où il attaquait toute révélation et prêchait le pur déisme, attira sur lui les anathèmes du clergé et les rigueurs du pouvoir. Décrété de prise de corps par le parlement dé Paris, condamné également à Genève, où son livre fut brûlé par la main du bourreau, il se réfugia, à Motiers-Travers, dans la principauté de Neufchâtel, et y vécut quelque temps de la manière la plus bizarre, travaillant à faire du lacet et affublé du costume d'Arménien. C'est là qu'il rédigea, en 1764, pour la défense de l’Émile, sa Réponse au mandement de l'archevêque de Paris (Mgr de Beaumont), et les Lettres écrites de la Montagne (contre le Conseil de Genève). Forcé de quitter la Suisse, il accepte l'hospitalité que Hume lui offrait en Angleterre, et va s'établir à Wootton, dans le comte de Derby (1766); mais au bout de peu de mois, égaré par d'injustes défiances, il se brouille avec Hume, qu'il accuse de conspirer avec ses ennemis, et rentre en France, où sa présence est tolérée. Après avoir séjourné au château de Trye, près de Gisors, où le prince de Conti lui avait donné un asile, puis à Lyon, à Grenoble et dans plusieurs autres villes, il revint en 1770 à Paris, où il fut l'objet de l'attention publique. Mais sa santé dépérissait à vue d'œil : il était atteint d'une espèce de monomanie mélancolique qui lui faisait voir partout des ennemis acharnés à sa perte. Il accepta en 1778 une retraite que lui offrait René de Girardin dans son domaine d'Ermenonville : il n'y avait pas deux mois qu'il s'y était établi, lorsqu'il y mourut presque subitement (3 juillet). On supposa, mais à tort, qu'il s'était empoisonné ou s'était tué d'un coup de pistolet : des procès-verbaux authentiques prouvent que sa mort fut naturelle. Il fut enterré à Ermenonville dans l'île des Peupliers. Il laissait plusieurs ouvrages manuscrits, entre autres ses Confessions, où il faisait avec une véracité quelquefois cynique l'histoire si intéressante de sa vie (jusqu'en 1765). Rousseau obtint une célébrité presque égale à celle de Voltaire; il la dut à la fois au charme de son style, à la vive sensibilité qui règne dans ses écrits, à son enthousiasme pour la nature, et plus encore peut-être à ses opinions paradoxales. Comme philosophe, il avait adopté cette ambitieuse devise : Vitam impendere vero. Dès ses premiers ouvrages, il s'était posé l'adversaire de la civilisation, et il persista toute sa vie dans cette voie : dans son Contrat social, il fondait la société sur un pacte imaginaire et proclamait l'égalité absolue, posant ainsi les principes d'où sortit la Révolution; dans l’Émile, il proposait un système d'éducation impraticable, où l'élève n'aurait eu d'autre maître que la nature; dans l’Héloïse, il traita, il est vrai, quelques-unes des questions de la morale avec une admirable éloquence; mais il y soutint avec une égale force des opinions contradictoires. Toutefois, il émit sur l'éducation et la politique quelques idées saines qui furent accueillies avec enthousiasme, et qui influèrent puissamment sur son siècle. En religion, il professait le pur déisme, mais sa morale, fondée sur la conscience, était opposée aux doctrines d'égoïsme et d'impiété qui dominaient de son temps. Comme homme privé, J. J. Rousseau montra toujours un désintéressement et une fierté honorables; toutefois, sa vie offre des parties qu'on ne saurait trop flétrir : telles sont sa liaison avec une femme indigne de lui, l'abandon qu'il fit de ses enfants, son ingratitude envers ses bienfaiteurs. En 1794, ses restes furent portés au Panthéon, et son nom donné à une rue de Paris qu'il avait habitée. Genève, sa patrie, oubliant ses anciens griefs, lui a récemment érigé une statue. — Outre les ouvrages déjà cités, J. J. Rousseau a laissé un Dictionnaire de musique, un Dictionnaire de botanique, de nombreuses Lettres, dont quelques-unes sont de vrais ouvrages (entre autres la Lettre à d'Alembert sur les spectacles, à propos de l'article Genève de l’Encyclopédie). Il existe une foule d'éditions de ses Œuvres; une des plus complètes est celle qu'a donnée Musset-Pathay, en 23 vol. in-8, 1823-26, avec une Hist. de sa vie et de ses ouvrages. G. Moulton a publié en 1854 des Œuvres et une Correspondance inédites de J. J. Rousseau.

ROUSSEAU (J. Franç. Xavier), consul en Perse, né en 1738 à Ispahan, m. en 1808, était fils d'un joaillier de Genève établi en Perse et cousin germain de J. J. Rousseau. Il fut depuis 1773 chargé comme consul des affaires de France en Perse et dans le pachalik de Bagdad, vint en 1780 visiter la France, où ses services et plus encore sa parenté avec l'auteur de l’Émile lui valurent un accueil empressé, et retourna en 1782 dans l'Orient comme consul de Bagdad et de Bassora. Il a laissé des Mémoires sur le commerce et l'histoire de la Perse. — Son fils, J. B. L., 1781-1831, successivement consul à Bassora, à Alep, à Bagdad, à Tripoli, a publié : Description du pachalik de Bagdad, 1809, Notice sur la Perse et Mém. sur trois sectes musulmanes, 1818.

ROUSSEL (Pierre), médecin philosophe, né en 1742 à Ax (Ariége), m. en 1802, étudia à Montpellier, vint se fixer à Paris, où il se lia avec Bordeu, et publia en 1775 le Système physique et moral de la Femme, ouvrage qui fut fort bien accueilli. On a aussi de lui un Éloge de Bordeu.

ROUSSEL (Joseph), compilateur, né à Épinal vers 1750, m. en 1815, d'abord avocat, puis commis de la chancellerie de la Légion d'honneur, a publié : Politique des cabinets de l'Europe pendant les règnes de Louis XV et de Louis XVI, 1793; Correspondance secrète de plusieurs personnages illustres à la fin du XVIIIe s., 1802; Annales du crime et de l'innocence, ou Choix des Causes célèbres, 20 v. in-12, 1813 et ann. suiv.

ROUSSELAER, v. de Belgique. V. ROULERS.

ROUSSELET (Gilles), graveur de Paris, 1614-86, adopta la manière de Corneille Bloemaert, et le surpassa même quelquefois. On remarque dans son œuvre, qui se compose de 334 pièces : une Ste Famille, et la Victoire de S. Michel sur Satan, d'après Raphaël; Éliézer abordant Rébecca, et Moïse échappé à la mort, d'après Poussin; une Annonciation, Quatre travaux d'Hercule et David terrassant Goliath, d'après le Guide ; le Christ au tombeau, d'après le Titien.

ROUSSET DE MISSY (J.), compilateur, né à Laon en 1686, d'une famille protestante que la révocation de l'édit de Nantes avait fait sortir de France, mort en 1762, servit quelque temps dans l'armée hollandaise, ouvrit ensuite à La Haye une école pour la jeune noblesse, puis devint propriétaire du Mercure historique et politique de La Haye, qui lança tant de traits contre Louis XIV, et fut nommé historiographe du prince d'Orange. On a de lui plusieurs ouvrages historiques, mais il est surtout connu par deux recueils importants : Recueil historique d'actes, négociations, mémoires et traités de paix depuis la paix d'Utrecht jusqu'au 2e congrès de Cambray, La Haye, 1728-52, 25 vol. in-12; et Supplément au Corps diplomatique de Dumont, 1739, 3 vol. in-fol.

ROUSSILLON, anc. province et grand-gouvt de la France, avait pour bornes, au N. le Languedoc, à l'O. le comté de Foix, à l'E. la Méditerranée et au S. l'Espagne. On le divisait en Roussillon propre ou comté de Roussillon, et Cerdagne française; capitale, Perpignan. Il forme aujourd'hui le dép. des Pyrénées-Orientales. — Le Roussillon, qui doit son nom à la ville antique de Ruscino, était occupé avant la conquête romaine par les Sardones, les Consorrani et les Ceretani. Il fit partie sous les Romains de la 1re Narbonaise, passa en 462 sous la domination des Visigoths, et en 720 sous celle des Arabes, fut délivré par Pépin le Bref en 759, et eut dès lors des comtes de race franque, qui se rendirent bientôt héréditaires. Le dernier d'entre eux le légua, en 1172, à Alphonse II d'Aragon. S. Louis, roi de France, renonça à ses droits de suzeraineté sur ce comté. En 1462, Jean II d'Aragon l'engagea à Louis XI pour 300 000 écus d'or; mais Charles VIII le restitua à Ferdinand le Catholique en 1492. Les troupes de Louis XIII le conquirent de 1640 à 1642; le traité des Pyrénées en garantit la possession à la France en 1659.

ROUSSILLON, ch.-l. de cant. (Isère), sur la r. g. du Rhône, à 20 kil. S. de Vienne; 1507 h. Charles IX y rendit en 1564 l'ordonnance qui fit commencer l'année au 1er janvier : jusqu'alors elle avait commencé à Pâques.

ROUSSIN (Albin Reine), amiral, né à Dijon en 1781, m. en 1854, était fils d'un avocat au parlement de Bourgogne. Il s'engagea comme mousse à 12 ans pour sauver son père, détenu comme suspect (1793), prit part en 1810 au combat du Grand-Port (Île-de-France), à l'issue duquel il fut nommé capitaine de frégate, fit de 1811 à 1814 de nombreuses captures sur les Anglais; explora de 1817 à 1821 les côtes de l'Afrique et du Brésil, et rédigea d'excellentes cartes de ces parages, ce qui lui valut son admission à l'Académie des sciences et au Bureau des longitudes; alla en 1828, à la tête d'une escadre, réclamer du Brésil la réparation de préjudices causés au commerce français par le blocus de Buénos-Ayres, et obtint une satisfaction immédiate; fut en 1831 envoyé en Portugal pour demander réparation d'insultes faites à des résidents français par don Miguel, força l'entrée du Tage, regardée comme inexpugnable (11 juillet 1831) et obtint dans les 24 heures toutes les satisfactions réclamées; fut en récompense élevé au grade de vice-amiral, et bientôt après à la pairie, avec le titre de baron ; occupa, de 1S32 à 1839, le poste d'ambassadeur à Constantinople, et fit tous ses efforts pour sauver l'empire ottoman, menacé à la fois par les armes de l’Égypte et par l'ambition de la Russie; fut nommé amiral en 1840 et appelé en même temps au ministère de la marine; mais il se vit, en 1843, obligé par le mauvais état de sa santé de renoncer aux affaires.

ROUSTAM ou ROSTAM, héros de la Perse, était fils de Zal, prince du Sedjistan, et descendait de Djemchid. On le fait vivre sous plusieurs règnes, et même pendant plusieurs siècles; on lui attribue, comme à Hercule, une foule d'exploits, qui évidemment appartiennent à plusieurs personnages distincts. Le dernier des héros de ce nom vivait au VIe s. av. J.-C. Il rendit des services signalés au roi de Perse Kaïkaous II (Gouchtaps), délivra ce prince, prisonnier des Arabes, et repoussa les Touraniens qui désolaient ses États; néanmoins il tomba en disgrâce pour avoir refusé d'embrasser la doctrine de Zoroastre. Forcé par suite de ce refus de combattre le fils du roi, Isfendiar ou Asfendiar, il tua ce prince après un combat singulier qui dura deux jours. Il périt plus tard dans une expédition contre l'Inde, par la trahison de Scheghad, un de ses frères.

ROUSTAM, général persan, plaça sur le trône Yezdedjerd III en 632, tenta de repousser les Arabes qui avaient envahi la Perse pour y porter l'Islamisme, et périt en 636 à la bat. de Kadésiah, sans avoir pu arrêter leurs progrès. — Général turc. V. ROXELANE.

ROUTCHOUK, v. forte de la Turquie (Bulgarie), ch.-l. de livah, sur la r. dr. du Danube, en face de la ville valaque de Giurgevo, à 88 kil. E. de Nikopoli ; env. 40 000 hab. Évêché grec. Ville sale et mal bâtie, vieux château. Cette ville sert d'entrepôt pour les marchandises d'Allemagne et surtout de Vienne, qui y sont embarquées sur le Danube. Prise par les Russes en 1812 et 1828, elle fut démantelée la 2e fois. — Le livah de Routchouk, au S. de la Valachie, a pour ch.-l. Nikopoli.

ROUTIERS (les), du vieux mot route, bande de soldats ; bandes d'aventuriers et de pillards qui se formèrent en France en 1147, après le départ de Louis VII pour la croisade, furent détruites en 1183 près de Dun-le-Roi par la confrérie du charpentier Durand (du Puy), dite les Pacifici. Les débris de ces bandes se transformèrent en troupes mercenaires. — Ce nom fut donné depuis à de nouvelles bandes appelées aussi Brabançons, Écorcheurs, etc.

ROUTOT, ch.-l. de cant. (Eure), à 20 k. E. de Pont-Audemer; 968 h. Marché de bœufs gras.

ROUVET (Jean), de Clamecy (Nièvre), inventa, en 1549, le flottage du bois à bûches perdues, qui a fait la fortune au pays. On lui a érigé, en 1828, un buste dans sa ville natale.

ROUVRAY, Roboretum, vge d'Eure-et-Loir, à 40 kil. de Chartres; 790 hab. Dunois y fut battu par les Anglais à la Journée dite des harengs.

ROUVRES, bourg de la Côte-d'Or, près de l'Ouche, à 12 kil. S. E. de Dijon, a donné son nom à Philippe, dernier duc de la 1re maison de Bourgogne.

ROUX (Maître), peintre florentin. V. ROSSO.

ROUX (Philibert), chirurgien, né en 1780 à Auxerre, m. en 1854, élève et ami de Bichat, put, à la mort de son maître, continuer son cours, quoique à peine âgé de 22 ans, et termina son Anatomie descriptive; devint successivement chirurgien de la Charité, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie de médecine, et fut admis en 1834 à l'Académie des sciences, où il remplaça Boyer, son beau-père. On a de lui : Mélanges de chirurgie et de physiologie, (1809); Éléments de médecine opératoire (1813), dont il n'a paru que deux volumes; Mémoire sur la réunion immédiate des plaies après l'amputation (1814), où il démontra l'inutilité d'une suppuration prolongée; Parallèle de la chirurgie anglaise avec la chirurgie française, 1816; et des mémoires sur la Staphyloraphie ou Suture du voile du palais (1825 et 1850). Roux excella surtout dans la chirurgie réparatrice et dans l'art des pansements. Le Dr Malgaigne a prononcé son Éloge à la Faculté de médecine et M. Dubois (d'Amiens) à l'Académie de médecine.

ROVÈRE (la), célèbre maison italienne, qui paraît issue de simples pêcheurs de Savone, a donné deux papes à l'Église, François de la Rovère, qui prit le nom de Sixte IV, et Julien de la Rovère, neveu de Sixte IV, qui prit le nom de Jules II.

ROVÈRE (Jean DE LA), neveu de Sixte IV et frère de Jules II, fut prince de Sinigaglia et Mondavio, puis préfet de Rome, épousa la fille du duc d'Urbin Frédéric, et prépara ainsi l'avènement de sa famille à ce duché. — Son fils, Franç. Marie I de la R., devint duc d'Urbin à la mort de Guid'Ubald I, son oncle maternel, 1508, commanda les troupes que Jules II, son oncle paternel, envoyait contre les Vénitiens, éprouva dans cette guerre des revers qui le firent disgracier, tua, dans un accès de fureur, le cardinal François Alidosi, auquel il attribuait sa disgrâce, rentra cependant en faveur, et soumit au pape en 1512 la Romagne et le territoire de Ferrare. Privé de ses états par Léon X (1516), il les recouvra à la mort de ce pontife (1522). Il fut, dit-on, empoisonné à l'instigation de P. L. Farnèse, fils de Paul III (1538). — Guid'Ubald de la R., fils du préc., duc d'Urbin de 1538 à 1574, ne se distingua que par son amour effréné pour le plaisir et par la sévérité avec laquelle il traita ses sujets révoltés. Il perdit le duché de Camerino, dot de sa femme, que le St-Siége lui enleva. — [[w:François Marie II della Rovere|Franç. Marie II de la R.]], dernier duc d'Urbin, né vers 1551, était fils du préc. Il devint duc en 1574, protégea et cultiva les lettres, composa lui-même plusieurs ouvrages, et donna au naturaliste Aldrovandi les moyens de former son magnifique musée. Il perdit en 1623 son fils unique Frédéric Ubald, victime de ses débauches, abdiqua en faveur du St-Siége, 1626, et m. en 1631. Il laissait une fille, qui épousa Ferdinand de Médicis et lui porta ses biens particuliers.

ROVÈRE (Guid'Ubald BONARELLI DE LA), littérateur et diplomate, né à Urbin en 1563, fut chargé par les ducs de Ferrare et de Modène de plusieurs négociations, eut part à la fondation de l'Académie des Intrépides à Ferrare, et mourut en 1608, majordome du cardinal d'Este. Il est auteur de la Filli di Sciro (Ferrare, 1607), pastorale qui se distingue par l'élégance et l'harmonie du style, et qu'on place près de l’Aminta et du Pastor fido. Elle a été trad. par St-Gelais, 1707. — Son frère, Prosper, 1590-1659, a composé une bonne tragédie : Il Solimano, des Drames en musique, des Comédies et des Poésies diverses. Il fonda l'Académie des Caliginosi (1624).

ROVÈRE (Joseph Stanislas), démagogue français, né en 1748 à Bonnieux, dans le comtat Venaissin, eut un commandement dans le dép. de Vaucluse sous Jourdan Coupe-Tête (1791), fit à la barre de l'Assemblée Législative l'apologie du massacre de la Glacière (Avignon), fut nommé député des Bouches-du-Rhône à la Convention, et alla organiser le régime de la Terreur dans le Midi. Il abandonna la cause de Robespierre dès qu'il le vit renversé, mais il n'en fut pas moins, au 18 fructidor, déporté à Sinnamary, où il mourut en 1798.

ROVEREDO, Roboretum, v. des États autrichiens (Tyrol), ch.-l. de cercle, sur l'Adige et le Leno, à 20 kil. S. de Trente; 11 000 h. Trib.; gymnase; étoffes de soie; cuirs, jambons, etc. — Aux Vénitiens de 1416 à 1609; possédée ensuite par les Autrichiens. Prise par les Français en 1796, à la suite d'une victoire que Bonaparte y remporta le 4 sept. Elle fut comprise dans le dép. du Ht-Adige. Patrie des Rosmini.

ROVIGNO, Rivonium, v. et port des États autrichiens (Istrie), sur l'Adriatique, à 80 kil. S. de Trieste; 10 600 hab. Chantiers de construction, corderie navale; vin muscat. ROVIGO, Rhodigium, v. de Vénétie, ch.-l. de la Polésine, sur l'Adigetto, à 62 kil. S. O. de Venise; 9000 hab. Résidence de l'évêque d'Adria. Académie des sciences et arts, trib., gymnase, bibliothèque. — Napoléon donna le titre de duc de Rovigo au général Savary. V. ce nom.

ROVIGO (LA POLÉSINE de). V. POLÉSINE.

ROVILLE, village du dép. de la Meurthe, sur la Moselle, à 30 kil. S. E. de Nancy; 500 hab. Ferme-modèle, créée en 1822 par Matthieu de Dombasle, et supprimée en 1842.

ROWE (Nic.), poëte dramatique anglais, né en 1673 à Little-Bedford (Bedfordshire), mort en 1718, était destiné au barreau, mais, ayant obtenu de bonne heure des succès littéraires, il renonça à cette destination. Il reçut le titre de poëte lauréat à l'avénement de George I, et devint secrétaire du conseil du prince de Galles. Il fit représenter plusieurs tragédies qui eurent un grand succès : Tamerlan, Ulysse, Jeanne Grey, Jeanne Shore, etc. Elles offrent des scènes tantôt fortes, tantôt attachantes, avec un style correct et harmonieux. Rowe est un des tragiques anglais qui se rapprochent le plus du genre classique. Plusieurs de ses tragédies ont été imitées en France; Andrieux a traduit Jane Shore (dans le Théâtre étranger). Les œuvres de Rowe ont été publ. à Londres, 1733, 3 vol. in-12. On y trouve, outre ses tragédies, des traductions de la Pharsale de Lucain, du Lutrin de Boileau. On lui doit aussi une excellente édition de Shakespeare.

ROWE (Thomas), biographe et poëte (1687-1715), entreprit de donner une suite aux Vies de Plutarque, et publia Énée, Tullus Hostilius, Aristomène, Tarquin l'Ancien, Brutus, Gélon, Cyrus, Jason. Ces Vies, qui ne manquent pas de mérite, ont été traduites par l'abbé Bellenger, et réunies à la version de Plutarque par Dacier. — Sa femme, Élisabeth Singer, née en 1674 à Ilchester (Somerset), m. en 1737, a laissé une Histoire de Joseph, en vers anglais, des Lettres morales et amusantes, en prose et en vers, et un curieux livre sur l’Amitié après la mort.

ROWLEY (William), poëte comique du temps de Jacques I, était en même temps excellent comédien. On a de lui : A new Wonder, a Woman never vext, (1632); All's lost by lust (1633); March at Midnight (1643), etc. — Cet auteur n'a rien de commun avec le vieux poëte de ce nom imaginé par Chatterton.

ROXANE, femme perse d'une grande beauté, fille du satrape Oxyarte, fut épousée par Alexandre le Grand. Elle était enceinte à la mort de ce prince, et, trois mois après, elle mit au monde un fils, Alexandre dit Aigus. De concert avec Perdiccas, elle fit mourir Statira, autre veuve d'Alexandre, qui faisait obstacle à son ambition, fit reconnaître son propre fils pour héritier du trône, et s'unit avec Olympias contre Philippe Arrhidée et Eurydice, puis se mit sous la protection de Polysperchon. Elle s'enferma dans Pydna lors de l'arrivée de Cassandre, fut, après la prise de cette ville et le meurtre d'Olympias, enfermée par ce général à Amphipolis, et y fut bientôt mise à mort, ainsi que son fils, 311 av. J.-C.

ROXAS. V. ROJAS.

ROXBURGH, bg d’Écosse (Roxburgh), dans une presqu'île que forment la Tweed et le Teviot, à 5 kil. S. O. de Kelso; 1000 hab. A 3 kil. de là est l'emplacement d'une anc. ville de Roxburgh, jadis puissante, qui fut la résidence de plusieurs rois d’Écosse, et qui fut détruite en 1550 par suite d'un traité avec l'Angleterre et l’Écosse. — Le comté de R., dit aussi Teviotdale (vallée du Teviot), entre ceux de Berwick au N. et N. O., de Dumfries, de Selkirk au S. O. et à l'O, de Cumberland au S., a de 30 à 60 kil. sur 35 à 65 ; 50 000 hab.; ch.-l., Jedburgh. Ruines romaines, vestiges druidiques.

ROXELANE, femme d'une grande beauté, favorite, puis épouse du sultan Soliman II, était née dans la Russie-Rouge (d'où son nom de Roxelane), et avait d'abord été esclave. Elle fut mère de Bajazet, de Sélim II et de Mirmah, et donna celle-ci en mariage au général Roustam. Dans le but d'assurer le trône à son fils Bajazet, elle fit périr, avec l'aide de Roustam, le jeune Mustapha, que Soliman avait eu d'une autre femme. Elle mourut en 1557, sans que ses crimes eussent été découverts.

ROXOLANS, Roxolani, peuple de la Sarmatie d'Europe, de la tribu des Alains, habitait les bords du Palus Méotide, entre le Borysthène et le Tanaïs. Ils figurent dans l'histoire comme ayant successivement attaqué le Pont sous Mithridate, puis l'empiré romain. Ils entrèrent au service de l'Empire sous Adrien, mais ils le pillèrent plus souvent qu'ils ne le servirent. Ils semblent être les mêmes que les Eosou Rossi, ancêtres présumés de's Russes.

ROY (Ch.), poëte, né à Paris en 1683, m. en 1764, eut quelque succès dans la comédie et l'opéra; mais se ferma les portes de l'Académie par ses satires. On a de lui 6 opéras : Calliroé, 1712; Sémiramis, 1718; ' Philomèle, Bradamante, Hippodamie, Créuse, dont quelques-uns offrent de grandes beautés; une comédie, les Captifs, imitée de Plaute, 11 ballets, parmi lesquels les Éléments (1725) et les Sens (1732), qui eurent une grande vogue, des Odes, des Églogues, etc. Ses Œuvres, publ. en 1727, forment 2 v. grand in-8.

ROY (Ant., comte), anc. ministre, né en 1764à Savigny (Hte-Marne), m. en 1847, fut reçu dès 1785 avocat au parlement de Paris, disputa pendant la Révolution de nombreuses victimes à l'échafaud ou les sauva d'injustes spoliations; s'enrichit à la même époque par d'importantes spéculations, et acquit, entre autres grands biens, le magnifique domaine de Navarre (Eure), que Napoléon se fit céder plus tard; fut, pendant les Cent Jours, membre de la Chambre des représentants, où il fit une vive opposition au gouvernement impérial, fit également partie de la Chambre royaliste dite Chambre introuvable, où il vota avec la minorité constitutionnelle ; fut de 1816 à 1818 rapporteur des lois de finances et révéla dans ses rapports une haute capacité financière; tint de 1819 à 1822 le portefeuille des finances, signala son administration par un dégrèvement de l'impôt foncier et par la libération des acquéreurs de biens nationaux et reçut en sortant du ministère le titre de comte et la pairie. Il combattit à la Chambre des Pairs le ministère Villèle, et fit rejeter le projet de loi pour la conversion des rentes; fut rappelé aux affaires en 1828, dans le ministère Martignac, mais se retira en 1829 devant le prince de Polignac. Ministre, député, pair de France, Roy se montra partout laborieux, capable, ami du régime constitutionnel et des mesures conciliatrices. Il a laissé deux filles, qu'épousèrent le comte de La Riboisière et le marquis de Talhouet; il a légué ses titres à son petit-fils, M. Aug. de Talhouet.

ROYALE (Place), une des places de Paris, au Marais, entre la rue St-Antoine et le boulevard Beaumarchais, se compose de bâtiments en briques construits d'une manière uniforme et régulière autour d'un jardin et supportés par des arcades en pierre formant une galerie continue pour les promeneurs. Au centre s'élève une statue équestre en marbre de Louis XIII. Commencée par Henri IV en 1605, cette place fut achevée en 1612 et fut longtemps le quartier à la mode; elle est auj. bien déchue. Pendant la Révolution, on la nomma Place des Vosges.

ROYAN, Novioregum, ch.-l. de cant. (Charente-Inf.), à 25 kil. S. de Marennes, à l'embouchure de la Gironde, r. dr.; 4005 hab. Petit port, pêche de sardines, bains de mer. Prise par les Calvinistes, reprise et presque détruite par Louis XIII (1622).

ROYANEZ ou ROYANS, anc. pays de France, avec titre de marquisat, dans le Dauphiné, sur la r. g. de l'Isère; ch.-l., Pont-en-Royans. Il est auj. compris dans les dép. de l'Isère et de la Drôme.

ROYAT, vge du Puy-de-Dôme, sur la Tiretaine, à 4 k. S. O. de Clermont-Ferrand; 1150 h. Eaux thermales: anciens Thermes romains; curieuse grotte.

ROYAUMONT, vge de Seine-et-Oise, à 6 kil. N. O. de Luzarches. Anc. abbaye de l’ordre de Cîteaux, fondée en 1227 par S. Louis ; les bâtiments ont été transformés en une filature de coton. — On connaît sous le nom de Bible de Royaumont un recueil des figures de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec explications ; cet ouvrage, communément attribué à Lemaistre de Sacy, paraît plutôt être de Nic. Fontaine, qui le publia en 1694, sous le pseudonyme de Royaumont, prieur de Sombreval.

ROYBON, ch.-l. de cant. (Isère), sur la Calaure, à 18 k. N. O. de St-Marcellin ; 2128 h. Grosse draperie.

ROYE, ch.-l. de c. (Somme), sur l’Ayre, à 18 kil. E. N. E. de Montdidier ; 3797 h. Église St-Pierre, avec de beaux vitraux. Bas de laine, filature de coton, sucre de betterave. Grand marché de grains et de farines. — Roye, autrefois fortifiée, était une de ces Villes de la Somme qui furent un objet de litige entre Charles le Téméraire et Louis XI. Celui-ci la céda, puis la reprit (1475). Elle a subi onze siéges, trois pestes et deux incendies.

ROYE (GUY DE), prélat français, d’une illustre maison de Picardie, s’attacha aux papes Clément VII et Benoit XIII, et occupa successivement les sièges de Verdun, Castres, Dole, Tours, Sens, Reims(1390). Il se rendait au concile de Pise, en 1409, lorsqu’il fut tué d’un coup d’arbalète à Voltri, près de Gênes, dans une émeute suscitée contre ses gens. Il avait fondé à Paris le collège dit de Reims en face de Ste-Barbe.

ROYER-COLLARD (Pierre Paul), philosophe et politique, né en 1763 à Sompuis, près de Vitry-le-Français (Marne), m. en 1845, étudia sous les Pères de la Doctrine, enseigna quelque temps dans leurs collèges, puis entra au barreau de Paris ; adopta en 1789 les principes de la Révolution, fut même un instant secrétaire de la Commune, mais s’éloigna après la néfaste journée du 10 août 1792. Élu en 1797 député de la Marne au Conseil des Cinq-Cents, il s’en vit expulsé au 18 fructidor : il se lia dès lors avec les royalistes, et fit partie d’un conseil secret formé en France par Louis XVIII ; mais il se retira de la politique après le couronnement de l’Empereur pour se livrer tout entier aux études philosophiques et fut nommé professeur d’histoire de la philosophie moderne à la Faculté des lettres de Paris et doyen de la Faculté. Élu de nouveau en 1815, après le retour des Bourbons, député de la Marne, il devint successivement conseiller d’État, directeur de la librairie, enfin président de la Commission d’instruction publique (1816) : il signala son administration par d’importantes améliorations, notamment par la création de chaires d’histoire. Il quitta ce poste en 1820, quand le parti ultra-royaliste l’eut emporté, combattit énergiquement à la Chambre des Députés la loi d’aînesse, la loi du sacrilège, et autres mesures réactionnaires, et obtint par là une telle popularité qu’en 1827 sept collèges l’élurent à la fois ; il fut, en 1828, appelé à la présidence de la Chambre, et remplit ces fonctions avec autant de fermeté que d’impartialité ; il s’éclipsa volontairement après 1830, mais ne quitta la Chambre que peu d’années avant sa mort. Il avait été en 1827 admis à l’Académie française. M. Royer-Collard fut un des fondateurs du régime constitutionnel en France. On lui avait donné, ainsi qu’à ses amis, le titre de doctrinaire, soit par allusion à la congrégation de la Doctrine où il avait été élevé, soit parce qu’il avait en politique une doctrine arrêtée, doctrine qui consistait à concilier par la pondération des pouvoirs la liberté et la légitimité. Comme philosophe, il a surtout attaché son nom à la réaction spiritualiste en combattant le sensualisme de Condillac et en faisant connaître en France la philosophie écossaise : c’est à son école que se sont formés MM. Cousin et Jouffroy. Comme orateur, il se distingua par une éloquence grave et nerveuse et par une dialectique puissante. On n’a de lui, outre ses discours politiques, que des fragments philosophiques joints à la traduction de Reid par Jouffroy. La ville de Vitry, dont Royer-Collard avait été longtemps le député, lui a élevé une statue. Son nom a été donné à une rue de Paris. M. de Barante a publié la Vie politique de Royer-Collard, ses discours et ses écrits, 1861.

ROYER-COLLARD (Athanase), médecin, frère du préc., né en 1768 à Sompuis près de Vitry-le-François, m. en 1825 ; devint en 1806 médecin en chef de la maison d’aliénés de Charenton, fit avec succès un cours sur les maladies mentales, devint en 1809 inspecteur général des écoles de Médecine, et en 1816 professeur de médecine légale à la Faculté de Paris. On lui doit, outre divers articles et rapports, la fondation de la Bibliothèque médicale (1803), journal de médecine estimé.

ROYÈRE, ch.-l. de cant. (Creuse), à 17 kil. E. de Bourganeuf ; 2330 h. Bestiaux.

ROYOU (l’abbé Thomas), journaliste, né à Quimper en 1741, m. en 1792, était beau-frère de Fréron. Il remplit 20 ans la chaire de philosophie du collège Louis-Ie-Grand, eut part à l’Année littéraire, et fonda en 1790 l’Ami du Roi, journal qui défendit avec courage la cause monarchique et qui lui attira des poursuites. Il m. en 1792, pendant qu’on le recherchait. On a de lui : Le monde de verre réduit en poudre, réfutation des Époques de la nature de Buffon (1780).

ROYOU (Jacq. Corentin), historien, frère du préc., né à Quimper vers 1745, m. en 1828, fut aussi journaliste, puis se fit avocat, et arracha à la mort plusieurs accusés sous le Directoire, il fut sous la Restauration censeur dramatique et pensionné. On a de lui deux tragédies. Phocion (1817) et la Mort de César (1825), une comédie, le Frondeur ; mais il est plus connu par des écrits historiques : Précis de l’Histoire ancienne d’après Rollin, 1802 ; Hist. romaine jusqu’à Auguste, 1806 ; Hist. des empereurs romains, 1808 ; Hist. du Bas-Empire, 1813 ; Hist. de France depuis Pharamond, 1819 : ce sont d’assez bons résumés, mais on les accuse de quelque partialité ; l’auteur s’y montre à la fois le défenseur du pouvoir royal et l’adversaire de la puissance cléricale.

ROZE (le chevalier), né à Marseille en 1671, m. en 1733, servit Philippe V en Espagne à la tête de deux compagnies levées à ses frais, puis fut consul à Modon, revint à Marseille au moment où se déclarait la terrible peste de 1720, y déploya le dévouement et l’intrépidité les plus rares, recueillant les malades, enterrant lui-même les morts, et réussit ainsi à rendre le courage aux Marseillais. Comme Belzunce, son digne émule, il échappa au fléau.

ROZEL, ch.-l. de cant. (Savoie), arr. de Moutiers.

ROZIER (l’abbé Franç.), agronome, né à Lyon en 1734, fut, après Bourgelat, professeur à l’école vétérinaire de cette ville, puis directeur de la pépinière du Lyonnais. Il périt en 1793, atteint dans son lit par une bombe pendant le siège de Lyon par les troupes de la Convention. On a de lui : Cours complet d’agriculture, 10 vol. in-4, 1781-98 (il n’a rédigé lui-même que les 9 premiers). Il démontra, dès 1774, que l’huile de pavot (vulgairement huile d’œillette) est un aliment sans danger.

ROZOY, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), sur l’Yère, à 15 kil. S. O. de Coulommiers ; 1489 hab. Anciens remparts flanqués de tourelles et plantés d’arbres, église gothique. Huile de graines. — ROZOY-SUR-SERRE, ch.-l. de c. (Aisne), à 45 kil. N. E. de Laon ; 1773 h.

RUAD ou ROUAD, Aradus, petite île de la Turquie d’Asie, dans la Méditerranée, sur la côte de Syrie, au S. O., et près de Tortose.

RUBEN, fils aîné de Jacob, empêcha ses frères de tuer Joseph, et leur conseilla de se contenter de le descendre dans une citerne, d’où il se proposait de venir le tirer. - Ses descendants formèrent la tribu de Ruben et occupèrent dans la Terre Promise le pays situé à l’E. de la mer Morte et du Jourdain, au S. de la tribu de Gad, entre les torrents de Jabok et d’Arnon, et qui formait la pointe S. E. de la Palestine. On y trouvait les monts Nébo et Abarim et les villes d’Adom, Sébon, Cariathaïm, Bosor et Jaser.

RUBENACH, vge des États prussiens (Prov. Rhénane), à 3 kil. N. de Coblentz ; 700 hab. C’est de là que le duc de Brunswick, sur le point d’envahir la France, lança son fameux manifeste (août 1792).

RUBENS (P. Paul), le premier des peintres flamands, né en 1577, à Cologne ou plutôt à Siegen (Nassau), d’une famille noble et aisée d’Anvers, chassée de sa patrie par les persécutions religieuses, fit des études et fut d’abord destiné à la robe, mais il se sentit entraîné vers la peinture, étudia sous Adam Van Ort et Otto Vænius, puis visita l’Italie (1600), séjourna successivement à Rome, à Florence, à Mantoue, à Gênes, revint en Flandre vers 1610, précédé d’une très-grande réputation, fut appelé par l’archiduc Albert à Bruxelles, puis par Marie de Médicis à Paris, où il orna le palais du Luxembourg de ses peintures (1620) ; mais habita presque continuellement Anvers et enrichit de ses ouvrages la plupart des églises de cette ville. Il fut anobli et comblé d’honneurs par l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas, et par l’infante Isabelle, son épouse. Celle-ci le chargea même démissions diplomatiques près de Jacques I, roi d’Angleterre, de Philippe IV, roi d’Espagne, et des Sept Provinces-Unies. Rubens mourut en 1640, jouissant d’une grande fortune. La facilité de cet artiste tenait du prodige : le nombre de ses ouvrages reproduits par la gravure s’élève à plus de 1300. Il excellait dans tous les genres et peignait avec un égal succès l’histoire, le portrait, le paysage, les fleurs, les animaux ; cependant ses principaux ouvrages sont dans le genre de l’histoire et représentent des sujets religieux. On cite dans le nombre : la Descente de croix de la cathédrale d’Anvers ; les Quatre Évangélistes, aux Jacobins de la même ville ; le Crucifiement de S. Pierre, à Cologne ; une Assomption, le Christ mort sur les genoux de la Vierge, le Christ foudroyant l’hérésie. Paris possède de lui, outre 21 tableaux, la plupart allégoriques, faits pour Marie de Médicis et Louis XIII, la Fuite de Loth, le prophète Élie, l’Adoration de Mages, la Fuite en Égypte, le Denier des Césars, le Triomphe de la religion. On admire surtout chez Rubens la vigueur du pinceau, la magie de la couleur, le grandiose de l’effet, l’enthousiasme et la variété de la composition ; mais on lui reproche l’usage trop fréquent de l’allégorie et le mélange peu judicieux du sacré et du profane. Rubens a formé un grand nombre d’élèves illustres. Van Dyck, Jacques Jordaens, Quellyn, Téniers, etc., et a laissé un Traité estimé de la Peinture, 1622. Il était aussi un très-habile graveur. Anvers lui a élevé une statue. Son Histoire a été écrite par A. Vanharfelt. — Albert Rubens, son fils (1614-57), se distingua par ses connaissances en histoire et en numismatique. On a de lui : Regum et imperatorum romanorum numismata, Anvers, 1654 ; De re vestiaria veterum, 1665.

RUBICON, Rubico, auj. le Pisatello, petite riv. d’Italie, tributaire de l’Adriatique, séparait la Gaule Cisalpine de l’Italie propre. Il était défendu à tout général romain d’entrer avec son armée dans l’Italie propre : le passage du Rubicon par César en armes fut la manifestation décisive de sa révolte et le commencement de la guerre civile (49 av. J.-C.).

RUBRICATUS, riv. d’Hispanie (Tarraconaise), est auj. le Llobregat. — Fleuve de Mauritanie Sitifienne, qui se jette dans le Bagradas, est auj. la Seybouse.

RUBRUQUIS (Guill. de RUYSBRŒCK, dit), cordelier, né dans le Brabant vers 1230, m. vers 1300, fut envoyé par le roi de France Louis IX en Tartarie (1253) pour y prêcher l’Évangile ou plutôt pour nouer des intelligences avec les Mongols, visita le khan Batou, puis le grand khan Mangou à Caracorum, fut admis à disputer, en présence de ce prince, avec des prêtres nestoriens et des imams, mais sans obtenir de résultat, et rapporta une lettre du grand khan au roi de France en Terre-Sainte. Il se fixa à son retour dans un couvent d’Acre, et de là rendit compte de son voyage à Louis par une Lettre pleine de curieux détails sur l’histoire et les mœurs des Mongols. Cette lettre a été trad. du latin par Bergeron, Paris, 1629.

RUCCELLAI Bern.), en latin Oricellarius, né à Florence en 1449, m. en 1514, était allié des Médicis. Il fut ambassadeur à Gêne, à Naples, en France, prit une grande part au rétablissement des Médicis (1512), se rendit célèbre par la protection qu’il accorda aux savants, et par ses superbes jardins (dits encore auj. Orti Oricellarii), dans lesquels se réunissait l’Académie néoplatonicienne. On lui doit : De Urbe Roma (dans le Rerum italicarum scriptores florentini) ; De Bello italico, histoire de l’expédition de Charles VIII ; De magistratibus romanis. — Son fils, Jean R., 1475-1525, ami de Léon X, fut nonce en France, protonotaire apostolique et gouverneur du château St-Ange. On a de lui un poëme italien ; les Abeilles, tiré du 4e chant des Géorgiques (trad. par Pingeron, 1770, et par Crignon, 1786), des tragédies de Rosmonde (1525) et d’Oreste (1723), et quelques poésies. Rosmonde est une des premières tragédies régulières du théâtre moderne.

RUDBECK (Olaüs), savant suédois, né à Westeras en 1630, m. en 1702, était fils de Jean Rudbeck, évêque luthérien de Westeras et aumônier de Gustave-Adolphe, à qui l’on doit la Bible dite de Gustave-Adolphe (1618). Il exécuta à 10 ans une horloge eh bois, chef-d’œuvre de mécanique, puis étudia la médecine et s’appliqua surtout à l’anatomie, découvrit les vaisseaux lymphatiques (qu’il nomma conduits, hépatico-aqueux), ainsi que le réservoir du chyle (1649 et 50), fut nommé en 1657 professeur de botanique et d’anatomie, puis devint recteur, et enfin curateur perpétuel de l’Université d’Upsal, et établit à ses frais dans cette ville un jardin botanique. Il imprimait un grand ouvrage sur l’origine, les antiquités. et l’histoire de la Suède, lorsqu’il eut la douleur de le voir détruire dans l’incendie d’Upsal en 1702. On a de lui, entre autres ouvrages : Exercitatio exhibens novos ductus hepalico-aquosos ; Catalogus plantarum horti academiæ Upsalensis ; Atlantica, seu Manheim vera Japheti posterorum sedes, 1675. — Son fils, Olaüs R., né à Upsal en 1670, m. en 1740, fut reçu docteur en médecine à 19 ans, visita la Laponie par ordre de Charles XI (1689), et y recueillit 50 nouvelles espèces de plantes, puis parcourut la Hollande, l’Allemagne, l’Angleterre, et fonda en 1720, avec Éric Benzelius, la Société des sciences d’Upsal. Outre 12 vol. in-fol. de dessins de plantes (conservés manuscrits au musée de l’académie de Stockholm), on a de lui : Nova Samoland (Laponie), Upsal, 1701 ; Campi Elysii, 1701-1702. Il avait entrepris un Trésor polyglotte, destiné à faire voir l’origine et la filiation des langues ; mais l’incendie d’Upsal (1702) anéantit son travail.

RUDE (François), statuaire, né à Dijon en 1784, mort en 1855, était fils d’un poêlier et travailla d’abord avec son père. Ayant révélé un rare talent pour le dessin, il fut envoyé à Paris pour se perfectionner, et obtint en 1812 le grand prix. Après le retour des Bourbons, il accompagna dans l’exil M. Frémyet, son bienfaiteur, et resta plusieurs années à Bruxelles, où il reçut les conseils du peintre David. De retour à Paris en 1827, il exécuta pour l’Arc de Triomphe de l’Étoile le Départ des volontaires, groupe plein de verve et d’entrain, exposa en 1833, le Jeune pêcheur napolitain, et en 1834 un Mercure rattachant ses talonnières pour remonter dans l’Olympe, chefs-d’œuvre qu’on peut admirer au musée du Luxembourg. Il traita aussi avec succès plusieurs sujets religieux pour les églises de St-Gervais, de la Madeleine, de St-Vincent de Paul, et exécuta en 1846, pour M. Noisot (à Fixin, Côte-d’Or), Napoléon mort a Ste-Hélène. On lui doit en outre des statues du Maréchal de Saxe, de Lapeyrouse, Monge, Poussin, Godefroy Cavaignac, des bustes de Houdon, de David, de M. Dupin, etc. Toutes ses œuvres ne sont pas également heureuses : on estime moins sa Jeanne d’Arc (jardin du Luxembourg) et sa statue du Maréchal Ney (placée en 1853 à l’endroit même où le maréchal avait été fusillé, dans l’allée de l’Observatoire).

RUDIES, Rudiæ, auj. Rotigliano, v. d’Iapygie, chez les Salentins, entre Hydronte et Brundusium, était grecque d'origine. Patrie d'Ennius.

RUDOLPHI (Ch. Asmond), naturaliste, né en 1770 à Stockholm, m. en 1832 à Berlin, fut nommé par le roi de Suède directeur d'une école vétérinaire créée en Poméranie (1803), puis par le roi de Prusse professeur à Berlin (1810). Il a rédigé sur les vers intestinaux un ouvrage devenu classique : Entozoa seu Historia vermium intestinalium, Amst., 1808, avec un Supplément publié en 1820.

RUDOLPHINES (TABLES). V. RODOLPHE II, emp.

RUDOLSTADT, capit. de la principauté de Schwartzbourg-Rudolstadt, sur la Saale, à 31 kil. S. de Weimar; 5000 hab. Résidence du prince.

RUE, ch.-l. de c. (Somme), sur la Maye, à 24 kil. N. O. d'Abbeville; 2338 hab. Station, anc. château, chapelle gothique du St-Esprit.

RUEDA (LOPE de), écrivain espagnol. V. LOPE.

RUEL ou RUEIL, le Rotalgensis pagus de Grégoire de Tours, commune du dép. de Seine-et-Oise, sur le chemin de fer de St-Germain et près de la Seine, à 12 kil. O. de Paris et à 10 N. E. de Versailles; 6489 h. — Charles le Chauve, vers 870, donna ce domaine à l'abbaye de St-Denis, qui le posséda jusqu'en 1635; il fut alors acheté par le cardinal de Richelieu, qui y fit construire un beau château, où la cour se retira en 1648 pendant les guerres de la Fronde. Belles casernes; monument de l'impératrice Joséphine (dans l'église). C'est de cette commune que dépend le château de la Malmaison, où résida Joséphine: l'église de Ruel renferme les tombeaux de Joséphine et de la reine Hortense, sa fille.

RUELLE, vge du dép. de la Charente, à 7 kil. N. E. d'Angoulême, sur la Touvre; 1700 hab. Fonderie de canons, créée en 1750 par le marquis de Montalembert, achetée par l’État en 1776.

RUFFEC, ch.-l. d'arr. (Charente), à 42 kil. N. d'Angoulême; 3235 hab. Trib. de 1re inst., collége. Ancien château, église en style roman-fleuri. Commerce de marrons, fromages, truffes, pâtés de foie d'oie aux truffes : les terrines de Ruffec, faites avec des perdreaux truffés, sont renommées. — Ville très-ancienne; d'abord baronnie, puis vicomté, elle fut érigée en marquisat en 1588. Il s'y est tenu des conciles en 1258, 1304 et 1327.

RUFFI (Ant. de), conseiller à la sénéchaussée de Marseille, puis conseiller d'État, né à Marseille en 1607, m. en 1689, a rédigé l’Histoire de Marseille, 1642 et 1696 (avec augmentations), et l’Hist. des comtes de Provence de 934 à 1480, Aix, 1655. — Son fils, Louis R., 1657-1724, a écrit sur l’Origine des comtes de Provence, du Venaissin, de Forcalquier et des vicomtes de Marseille, 1712.

RUFFIEUX, ch.-l. de cant. (Savoie), arr. de Chambéry, entre le Rhône et le lac du Bourget; 1059 h.

RUFFO (Denis Fabrice), dit le Général-cardinal, homme d'état napolitain, né en 1744, mort en 1827, fut trésorier de Pie VI, qui le créa cardinal, quoiqu'il ne fût que diacre. Ayant perdu les bonnes grâces du pape, il retourna à Naples et s'y montra l'adversaire d'Acton. En 1799, il souleva la Calabre contre les Français, leur reprit Naples à l'aide des Russes, des Anglais et même des Turcs, et exerça dans cette ville de cruelles vengeances. Cependant il désapprouva en 1805 une nouvelle guerre contre la France, et fut disgracié pour ce motif.

RUFFO (Don Fabricio), comte de Castelcicala, né à Naples en 1745, m. en 1832, s'attacha au ministre napolitain Acton, qui l'envoya en mission en Angleterre, fut de 1795 à 1798 chef du tribunal d'inquisition politique, suivit la cour de Naples à Palerme en 1799, y remplaça Acton comme ministre et fit déclarer la guerre à la France après la bataille d'Aboukir. Ambassadeur à Londres après la paix d'Amiens, il vint occuper le même poste à Paris en 1815.

RUFIN, Rufinus, ministre de Théodose I et d'Arcadius, né vers 350 à Élusa (Eause) en Aquitaine, s'acquit un nom comme jurisconsulte, plut à Théodose qui l'emmena à Constantinople, y devint grand maître du palais, puis consul, conseilla à l'empereur le massacre de Thessalonique (390), fit périr Tatien, préfet du prétoire, et s'empara de sa charge (392) ; usurpa la tutelle d'Arcadius, proclamé empereur d'Orient à la mort de Théodose (395), et se fit universellement exécrer par ses crimes et sa tyrannie. Il eut de vifs démêlés avec Stilicon, tuteur d'Honorius, emp. d'Occident, qui voulait régir l'empire entier; pour se venger de lui, il appela, dit-on, les Goths, qui ravagèrent l'empire. Il allait être associé au trône par Arcadius, lorsque les troupes de Stilicon pénétrèrent dans Constantinople : il y fut tué par le goth Gaïnas (nov. 395). L'ambition, l'avarice et la cruauté de Rufin ont été énergiquement retracées par Claudien dans le poëme intitulé : Invectives contre Rufin.

RUFIN, Toranius Rufinus, prêtre, né vers 360 à Concordia dans le Frioul, vécut longtemps dans un couvent d'Aquilée, puis à Jérusalem, et y fonda un couvent sur le mont des Oliviers. D'abord lié étroitement avec S. Jérôme, il se brouilla avec lui pour des dissentiments théologiques, revint en Occident, et alla résiDer à Rome, puis en Sicile (408), où il mourut en 410. On lui doit des traductions latines de l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe et des Homélies d'Origène et de S. Basile.

RUFUS, c.-à-d. roux, surnom de plusieurs familles romaines, des Rutilius, des Minucius, des Curtius, etc.

RUFUS, médecin d’Éphèse, qui vivait probablement du temps de Trajan (vers 110), avait composé un poëme grec sur la Médecine. Il a aussi écrit sur les maladies des reins et sur l'anatomie : il reconnaît deux ordres de nerfs, ceux du sentiment et ceux du mouvement. Il ne reste de lui que des fragments, qui ont été publiés par J. Goupil, Paris, 1554, avec la traduction de Crasso, et par W. Rinch, Lond,, 1726. M. Littré (1844) et M. Daremberg (1846) en ont trouvé de nouveaux fragments.

RUFUS FESTUS ou SEXTUS RUFUS, historien latin qui vivait vers l'an 370 av. J.-C., était un personnage consulaire. On a sous son nom: l° De Historia romana libellus, Breviarium rerum gestarum populi romani, qui n'est guère qu'un dénombrement des révolutions et des agrandissements successifs de Rome ; 2° De regionibus urbis Romæ, espèce de catalogue des monuments de cette ville. Ils ont été publiés tous deux par G. Munnich, Hanovre, 1815, et trad. par A. Dubois, dans la collection Panckoucke, 1843.

RUGEN, île de la Prusse, dans la mer Baltique, est séparée de la côte de Poméranie par un canal de 2 à 3 kil. de large; elle a 55 kil. sur 42, et: compte 36 000 h.; ch.-l., Bergen. Côtes fort découpées (d'où trois presqu'îles principales), mais pas de bon port. Nombreuses antiquités germaniques. — L'île de Rugen fut le berceau des Rugiens et le principal sanctuaire des cultes d'Hertha et de Svantovit. Ses habitants se rendirent longtemps redoutables par leurs pirateries. Waldemar I, roi de Danemark, prit cette île en 1168 et y brisa les idoles; elle passa aux ducs de Poméranie en 1478, à la Suède en 1648, fut prise en 1807 par les Français, qui la donnèrent au Danemark, lequel la céda à la Prusse en 1814, en échange de Lauenbourg.

RUGGIERI (Côme), astrologue de Florence, vint en France sous Catherine de Médicis qui fit de lui son confident et son conseil, obtint de cette reine l'abbaye de St-Mahé en Bretagne, fut accusé, en 1574 de conspirer contre Charles IX avec La Môle et Coconas, fut condamné aux galères, mais obtint sa grâce par la protection de la reine mère. Accusé d'une nouvelle conspiration en 1597 (contre Henri IV), il réussit encore à se soustraire à la condamnation. Il mourut en 1615. Il avait publié depuis 1604 des almanachs, qui furent célèbres. La reine Catherine avait fait construire pour lui à Paris par Bullant un observatoire, dont le seul reste est la colonne astrologique de la Halle au blé. — V. UBALDINI.

RUGIENS, Rugii, peuple de race germanique, semble avoir eu d'abord pour demeure l'île de Rugen, dans la mer Baltique, et les bords de l'Oder. Chassés par les Goths, les Rugiens fondèrent en 450 dans la Germanie méridionale un empire qui embrassait la Moravie et l'Autriche au N. du Danube. Cet empire, appelé de leur nom Rugiland, fut détruit par Odoacre vers 487. Après la destruction de l'empire d'Odoacre (495), le Rugiland devint l'asile des Hérules. Vers 500, les Lombards se fixèrent à leur tour dans le même pays, et refoulèrent les Hérules vers la Scandinavie.

RUGLES, ch.-l. de c. (Eure), sur la Rille, à 54 k. S. O. d'Évreux; 1853 h. Épingles et pointes dites de Paris, aiguilles, fil de fer, tréfilerie, etc.

RUHNKENIUS (David RUHNEKEN, en latin), célèbre philologue, né en 1723 à Stolpe (Poméranie), m. en 1798, fut adjoint de Hemsterhuys à Leyde pour la langue grecque (1757-61), puis professeur d'histoire et d'éloquence dans la même université, et enfin bibliothécaire de l'Académie en 1771. On a de lui : Epistolæ criticæ in Homeridarum hymnos, Leyde, 1749 et 1781 ; Timæi sophistæ lexicon vocum platonicarum, 1754; Historia critica oratorum græcorum, 1768; Velleius Paterculus, cum notis variorum, 1779; Homeri hymnus in Cererem,1181; de Vita et scriptis Longini, 1766; Opuscula oratoria, philologica, critica, 1797 et 1823 ; Antiquitates romanæ, 1835. Son érudition était immense, son jugement sûr, son style latin admirable. Wyttenbach a écrit sa Vie.

RUHR (la), riv. d'Allemagne qui naît en Westphalie (Arensberg), coule au N. O., reçoit la Lenne, la Mœne, la Wolni, et se jette dans le Rhin à Ruhrort, après un cours d'environ 200 kil. — Riv. des États prussiens, affluent de la Meuse, est plus connue sous le nom de Roer. V. ce nom.

RUHRORT, v. des États prussiens (prov. Rhénane) , au confluent de la Ruhr et du Rhin, à 24 kil. N. de Dusseldorf; 4000 hab. Construct. de bateaux.

RUINART (Dom), savant bénédictin, né à Reims en 1657, m. en 1709, fut longtemps le collaborateur du P. Mabillon. Il a publié seul : Acta primorum martyrum sincera, 1689 (il réfute dans la préface les paradoxes de Dodwell sur le petit nombre des martyrs); Historia persecutionis Vandalicæ (1694), et a donné une édition estimée de Grégoire de Tours (1699), une Vie de Mabillon (1709), un Voyage en Lorraine et en Alsace, etc.

RUINES, ch.-l. de c. (Cantal), à 11 kil. S. E. de St-Flour; 846 hab. Scieries de planches de sapin.

RUISDAEL (Jacq.), paysagiste hollandais de Harlem, 1636-81, avait d'abord exercé la médecine. Il excella dans les paysages et les marines. Nul ne sut mieux rendre la nature en général, les chutes d'eau, les forêts sauvages, et la mélancolie de certains sites, éclairés par une lumière funèbre. Ne dessinant pas aussi bien la figure, il empruntait pour cette partie le pinceau de Berghem, de Wouwermans ou de quelque autre maître. On cite surtout de lui une Chasse au cerf (à Dresde), le Coup de soleil, la Tempête ou le Coup de vent (tous deux au Louvre).

RULHIÈRE (Claude Carloman de), littérateur, né en 1735 à Bondy près de Paris, m. en 1791, fut aide de camp du maréchal de Richelieu en Guyenne, puis secrétaire du baron de Breteuil, qui l'emmena dans son ambassade en Russie (1760), put observer dans ce pays la révolution de 1762, dont il traça depuis le tableau, fut chargé d'écrire l'histoire des troubles de la Pologne pour l'instruction du dauphin (depuis Louis XVI), reçut pour ce travail une pension de 6000 fr., et parcourut l'Allemagne, la Prusse, la Pologne, afin de rassembler les matériaux de son ouvrage, qui ne parut qu'après sa mort. Il avait été reçu à l'Académie française en 1787. Les plus importants de ses écrits sont : Éclaircissements sur les causes de la révocation de l'édit de Nantes (1788); Anecdotes sur la révolution de Russie en 1762 (cet ouvrage, composé dès 1765, ne put paraître du vivant de Catherine II : il ne fut publié qu'en 1797); Hist. de l'anarchie de Pologne, ouvrage estimé, qui malheureusement n'a pu être achevé par lui; elle n'a été publiée qu'en 1807, par Daunou ; elle a été continuée par A. F. C. Ferrand, 1820, et complétée dans une nouvelle édition due à C. Ostrowski, Par., 1862. On a aussi de Rulhière des poésies, parmi lesquelles on remarque le Discours sur les disputes et les Jeus de main, poëme en 3 chants. Auguis a donné ses Œuvres diverses, 2 vol. in-8, 1819.

RULLUS (P. SERVILIUS), tribun du peuple en 63 av. J.-C, proposa une loi agraire tendant à faire vendre an profit du peuple toutes les terres appartenant au domaine public dans les provinces, et à faire acheter avec le produit de la vente des champs en Italie pour les distribuer aux pauvres. Cicéron, alors consul, parvint, par son éloquence, à faire rejeter par le peuple même cette loi si populaire. Nous possédons 3 des discours qu'il prononça à cette occasion.

RUMFORD (Benjamin THOMPSON, comte de), physicien et philanthrope, né en 1753 dans l'Amérique anglaise, à Rumford, auj. Concord (New-Hampshire), m. en 1814 à Auteuil, prit parti pour la métropole dans la guerre de l'indépendance, fut chargé, en 1776, de porter à Londres la nouvelle de l'évacuation de Boston par les troupes anglaises, fut nommé en 1780 sous-secrétaire d’État en Angleterre, retourna en 1782 en Amérique avec le grade de colonel pour y combattre les insurgés, quitta ce pays après la reconnaissance de son indépendance, prit du service auprès de l'électeur de Bavière Charles Théodore, fut nommé par ce prince lieutenant général de ses armées, puis chargé du département de la guerre et de la direction de la police, signala son administration par d'utiles réformes, supprima la mendicité, et appliqua la science au soulagement des malheureux : c'est lui qui forma le 1er établissement de ces soupes économiques qui portent son nom. Charles-Théodore, en reconnaissance de ses services, le créa comte et le nomma ambassadeur en Angleterre; mais quelques défauts de forme l'empêchèrent d'être reconnu comme tel à Londres. À la mort de l'électeur (1799), il quitta la Bavière, vint se fixer en France en 1802, et épousa en 1804 à Paris la veuve de Lavoisier. On doit à ce savant des recherches sur la vertu nutritive de différentes substances et sur la chaleur, ainsi qu'un calorimètre et un thermoscope; il perfectionna les cheminées, les lampes, et inventa les foyers qui portent son nom. Il était membre de la Société royale de Londres et associé étranger de l'Institut de France. Il a inséré plusieurs mémoires dans les Transactions philosophiques de Londres et dans les Mémoires de l'Institut. On a publié à part ses Mémoires sur la chaleur, Paris, 1804, et sur la combustion, 1812. Ses Essais politiques, économiques et philosophiques avaient paru dès 1798.

RUMIGNY, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 25 kil. S. O. de Rocroy; 847 hab. Patrie de La Caille.

RUMILLY, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 16 k. S.O. d'Annecy, dans une plaine fertile en grains; 4446 h.

RUMMEL (le), Ampsagas, riv. de l'Algérie, passe à Constantine et à Milah, et tombe dans la Méditerranée à l'E. de Bougie, après 150 kil. de cours.

RUMP, c.-à-d. Croupion, nom donné par dérision en Angleterre aux débris du long-parlement.

RUNDJET-SING (c.-à-d. Roi victorieux), roi de Lahore, né vers 1782 à Lahore, d'une tribu obscure, mort en 1839, se distingua dans plusieurs combats contre les Anglais, fut élu pour chef par les Seikhs vers 1800, réussit à soustraire son pays à la domination anglaise, et fut en peu de temps maître d'une vaste contrée embrassant le Pendjab, le Moultan, le Kachmir, le Peychawer et partie de l'Afghanistan. Il accueillit dans ses États les généraux français Allard et Ventura, qui disciplinèrent ses troupes, les organisèrent à l'européenne, et leur assurèrent la victoire. Depuis sa mort, son empire est devenu le théâtre de révolutions et de guerres intestines.

RUNES (du goth runa, secret), caractères dont se servaient jadis les Scandinaves (Danemark, Suède, Norvège, Allemagne septent.) et dont leurs prêtres se réservaient la connaissance. L'alphabet runique n'a que 16 lettres; elles sont formées de barres horizontales et verticales; plusieurs ressemblent au plus ancien alphabet grec. On trouve surtout en Suède (dans la prov. d'Upland et l'île de Gottland), dans le Schleswig, et même dans l'Amérique du Nord, des pierres dites pierres runiques, qui sont couvertes de ces caractères. On conjecture que les runes dérivent des caractères phéniciens, et qu'ils auront été apportés par des navigateurs de Phénicie, qui auraient pénétré dans la Baltique. Quelques-uns pensent au contraire qu'ils ne datent que du IXe s. de J.-C. En effet, les plus anciennes inscriptions runiques connues ne remontent pas au delà.

RUPEL (la), riv. de Belgique (Anvers), se forme à Rumpst, à 7 kil. N. E. de Malines, par la réunion de la Dyle et de la Nèthe, et va se joindre à l'Escaut, en face de Rupelmonde, à 13 kil. S. O. d'Anvers, après un cours de 15 kil. Elle est très-large : les vaisseaux la parcourent à la voile.

RUPELLA, nom latinisé de La Rochelle.

RUPELMONDE (c.-à-d. Bouche de la Rupel), v. de la Belgique (Flandre orient.), sur l'Escaut, en face de l'embouch. de la Rupel, à 15 kil. N. E. de Dendermonde; 2800 hab. Quelques-uns y font naître le géographe Mercator.

RUPEN ou ROUPEN I, roi d'Arménie, fondateur de la dynastie des Rupéniens, qui régna sur l'Arménie jusqu'au XIVe s., fut souverain de la Petite-Arménie (Cilicie et Cappadoce) de 1080 à 1095. — II, roi de l'Arménie Cilicienne (1174-85), abdiqua en faveur de Léon, son frère, et se retira dans un couvent. — Fils du comte de Tripoli Raymond et d'Alix, fille de Rupen II, fut exclu du trône d'Antioche par Boémond, mais le recouvra, grâce à l'intervention de Léon, son grand-oncle, roi d'Arménie. Il ne paya ce prince qu'en tentant de le déposséder, mais il échoua. Attaqué de rechef par Boémond, puis par le baron Constantin, il perdit la couronne et la vie en 1221.

RUPERT (S.), apôtre de la Bavière, prêcha la foi dans ce pays de 700 à 712, et devint en 716 év. de Salzbourg.

RUPERT (Robert DE BAVIÈRE, dit le prince), né en 1619, m. en 1682, était fils de l'électeur palatin Frédéric V (qui avait épousé la fille aînée de Jacques I, roi d'Angleterre) et neveu de Charles I. Il fut un des principaux généraux de Charles dans la guerre civile, eut part à la bataille d'Edge-hill, près de Warwick (1642), fit lever le siège d'York (1644), mais perdit les batailles de Marston-Moor (1644) et de Naseby (1645), et fut forcé de rendre Bristol à Fairfax. Comblé d'honneurs à la Restauration, il devint amiral avec Monk (1666). Il quitta les affaires en 1679 pour ne plus s'occuper que de physique et de chimie. On lui attribue plusieurs inventions, entre autres celle de la gravure a l’aquatinta. Il a laissé des Mémoires, publiés seulement en 1849, à Londres.

RUREMONDE, Roermonde en flamand, v. forte de Hollande (Limbourg), au confluent de la Roër (ou Ruhr) et de la Meuse, a 44 kil. N. E. de Maëstricht; 8000 h. Anc. évêché, suffragant de Liège. Drap, autres lainages ; commerce important. Patrie du géographe Mercator (que d'autres font naître à Rupelmonde). — Fortifiée et érigée en ville en 1290 par Othon III, comte de Gueldre ; prise par les Hollandais sur les Espagnols en 1572 et 1632, mais rendue à l'Espagne; reprise par les Hollandais en 1702; cédée en 1716 aux Impériaux, qui en firent la capitale de la Gueldre autrichienne. Prise par les Français en 1792, elle fut sous leur domination le ch.-l. d'un des arrondissements du dép. de la Meuse-Inférieure jusqu'en 1814. L'évêché, érigé en 1561 par Pie IV, a été réuni à celui de Liège en 1801.

RURIK, fondateur de la monarchie russe, avait été chef de Varègues (V. ce mot). Appelé en 861 par les habitants de Novogorod, il leur prêta secours contre des voisins pillards; mais dès l'année suivante, il s'empara du pouvoir, et assujettit ceux qu'il était venu défendre. Il étendit son autorité sur Polotsk, Rostov, Mourom, etc., et prit le titre de grand-prince ou grand-duc. Il mourut en 879, laissant son fils Igor sous la tutelle d'Oleg, son parent. Sa dynastie occupa le trône de Russie jusqu'à la fin du XVIe siècle.

RUSCINO, auj. Perpignan, ou plutôt la Tour de Roussillon ou Castel-Roussillon, ch.-l. des Sardones, peuple de la Narbonaise 1re, à l'E., près de la Méditerranée et de l'embouch. du Telis (auj. le Tet), reçut après la conquête romaine une colonie et les privilèges de ville latine. C'est de cette ville que le pays a pris le nom de Roussillon.

RUSICADA, v. de Numidie, auj. Philippeville.

RUSSELL (William), patriote anglais, fils de Will. Russel, 1er duc de Bedford, qui avait pris parti dans les guerres civiles contre Charles I, naquit en 1639, voyagea sur le continent, entra en 1661 à la Chambre des communes, se mit à la tête de l'opposition qui, en 1672, renversa le ministère dit de la Cabal (V. ce mot), se prononça de même contre lord Danby, devenu 1er ministre, sollicita en vain une accusation en forme contre cet homme d'État, provoqua des rigueurs contre les fauteurs du prétendu complot papiste, auquel il croyait de bonne foi (V. OATES), proposa d'écarter des conseils du roi le duc d'York, depuis Jacques II (1679), eut une grande part à l'adoption par les Communes du bill qui excluait ce prince du trône, et porta ce bill à la Chambre des lords, qui le rejeta (1680). Quand Charles se mit à gouverner sans le parlement, il entra dans la conspiration de Monmouth, et fut condamné à mort, bien qu'il n'eût voulu qu'une modification dans la marche du gouvernement. Il subit son arrêt avec courage le 21 juillet 1683. Sa mort fut généralement regardée comme un assassinat juridique, et sa mémoire fut réhabilitée en 1689. — Edward R., cousin du précéd., né en 1651, m. en 1727, prit part à la révolution de 1688, fut nommé par Guillaume III membre du conseil privé, et mis à la tête de la flotte chargée de s'opposer au débarquement de Jacques II. Secondé par la flotte hollandaise, il gagna en 1692 la bataille de La Hogue sur l'amiral français de Tourville, mais il ne put empêcher la réunion des flottes françaises de Brest et de Toulon. Envoyé comme amiral en chef dans la Méditerranée, il força Tourville à s'éloigner de la Catalogne, et délivra Barcelone, assiégée par les Français (1694). Il fut en récompense nommé pair et fait comte d'Oxford. Accusé de concussions sous la reine Anne par la Chambre des communes, il fut acquitté par la Chambre des lords (1698), et replacé à la tête de l'amirauté. Il se retira lors du triomphe des tories (1714). Sa Vie a été écrite récemment par lord John Russel.

RUSSEY, ch.-l. de canton (Doubs), à 49 kil. S. de Montbéliard; 1147 hab. Marais et tourbières.

RUSSIE (Empire de), le plus vaste État du globe, s'étend en Europe, en Asie et en Amérique, de 16° 10' long. E. à 133° long. O., et de 38° 40' à 81° lat. N., ayant env. 15 000 kil. de l'E. à l'O. et 5000 du N. au S. Baignée partout au N. par l'Océan glacial arctique, la Russie a pour bornes ailleurs : 1° en Europe, à l'O., l'empire d'Autriche, la monarchie prussienne, la mer Baltique, la Suède: au S., la Moldavie et la Turquie d'Europe; 2° en Asie, au S., la Turquie d'Asie, la Perse, le Turkestan, et les vastes annexes de l'empire chinois; 3° en Amérique, l'Amérique anglaise à l'E. Des trois Russies, la Russie d'Asie est sans comparaison la plus grande; mais celle d'Europe, qui en est à peine la moitié, est infiniment plus importante. La population totale de l'empire, en y comprenant celle de la Pologne et de la Finlande, est de près de 75 000 000 d'âmes. la capitale générale est depuis 1703 St-Pétersbourg; c'était auparavant Moscou. Les divisions de l'empire russe portent pour la plupart le nom de gouvernements; quelques-unes sont appelées provinces et districts; une seule (l'anc. Pologne) a le titre de royaume
RUSSIE D'EUROPE
.
Provinces Baltiques. Pultava ou Poltava.
Gouvt de St-Pétersbourg (capit., St-Pétersbourg). Slobodes d'Ukraine ou Kharkov.
Esthonie (Revel). Russie méridionale.
Livonie (Riga). Kherson.
Courlande (Mittau). Iékatérinoslav.
Finlande (Helsingfors). Tauride (Simféropol).
Russie septentrionale. Bessarabie (Kichenev).
Arkhangel. Pays des Cosaques du Don (Novi-Tcherkask).
Olonetz (Petrozavodsk)
Vologda. Russie occidentale.
Grande Russie. Vilna.
Moscou. Grodno.
Smolensk. Vitepsk.
Pskov. Mohilev.
Tver. Minsk.
Novogorod. Volhynie (Jitomir).
Iaroslav. Podolie (Kaminiec).
Kostroma. Prov. de Bialystok.
Vladimir. 7° Roy. de Pologne (Varsovie). V. POLOGNE.
Nijnéi-Novogorod.
Tambov. Russie orientale.
Riazan. Kazan.
Toula. Viatka.
Kalouga. Perm.
Orel. Simbirsk.
Koursk. Penza.
Voronèje. Astrakhan.
Petite Russie. Saratov.
Kiev. Samara.
Tchernigov. Orenbourg (Oufa).
RUSSIE D'ASIE.
Sibérie. Pays des Kirghis.
Partie orient. de Perm et d'Orenbourg. Pays des Tchouktchis.
Tobolsk. 10° Région Caucasienne.
Tomsk. Stavropol.
Iénisséisk (Krasnoïarsk). Géorgie (Tiflis).
Irkoutsk. 2e Géorgie (Akhaltsikhé).
Province d'Omsk. Chirvan (Bakou et Chamaky).
Province d'Iakoutsk. Arménie russe (Érivan).
District d'Okhotsk. Iméréthie (Khoutaïs).
District Transbaikalien (Nertschinsk). Vladikavkas ou Pays des montagnes.
Distr. de Kamtchatka (Pétropavlovsk). Daghestan (Kouba).
Prov. de l'Amour. Prov. du Caucase (Derbent).
RUSSIE AMÉRICAINE.

Partie continentale et îles (Nouv. Arkhangel).

On appelle vulgairement Grande-Russie la région qui occupe le N. et le milieu de la Russie d'Europe; on la nommait jadis Moscovie, de sa capitale Moscou; — Petite-Russie, la région S. O. de la Russie d'Europe; — Nouv.-Russie, la région méridionale de la Russie d'Europe, comprenant les gouvts de Kherson, Iékatérinoslav, Tauride, Bessarabie, les territoires des Cosaques du Don et de la mer Noire, tous pays récemment conquis;— Russie Baltique, la portion de la Russie d'Europe qui comprend les gouvts voisins de la mer Baltique; — Russie Blanche, la partie de la Lithuanie détachée de la Pologne en 1772 en faveur de la Russie, et qui a formé les gouvts de Smolensk, Mohilev, et Vitebsk; — Russie Noire, la partie occid. de la Lithuanie, qui a formé les gouvts de Minsk et de Grodno; — Russie Rouge, la contrée qu'occupaient les palatinats polonais de Lemberg, Chelm et Belcz : après avoir formé un duché indépendant, ce dernier pays fut tour à tour soumis par la Russie, la Hongrie, la Pologne, et fut enfin attribué presque en entier à l'Autriche en 1772, lors du premier partage de la Pologne ; le reste appartient à la Russie.

La Russie renferme plusieurs grandes mers : au N., la mer Blanche; à l'O., la Baltique, qui y forme les golfes de Bothnie, de Finlande et de Livonie; au S. la mer Noire et la mer d'Azov; au S. E. la mer Caspienne. La Russie d'Europe n'a point de mont. remarquables, hormis à l'E. où elle est bornée par la chaîne des monts Ourals ou Poyas. La Russie d'Asie au contraire en a beaucoup, et de fort grandes : ce sont d'abord au S. le Caucase, au N. les ramifications du système ouralien, qui s'étendent loin dans l'est, puis le petit Altaï, les monts Sayaniens, ceux du Ht-Kentéï, de Daourie, Iablonoï, Aldan, Stanovoï. Les fleuves de l'empire de Russie sont au nombre des plus grands cours d'eau du globe; ce sont : en Europe le Volga, le Dnieper, le Petchora, les deux Dvinas, le Niémen, le Dniester, le Don, et quelques fleuves communs à la Russie et à d'autres États (Vistule, Kour); en Asie, le Kouban, l'Obi, l'Iénisséi, le Léna, et d'autres moins longs, Oural, Khatanga, Indigirka, Kamtchatka, etc. Des canaux lient entre elles les diverses mers de la Russie d'Europe, notamment la Baltique et la mer Caspienne, la mer Caspienne et la mer Noire. Des chemins de fer, encore peu nombreux, font communiquer la capitale avec Moscou, Riga, Dunaborg, etc. — La Russie comprend une foule de peuples différents, parmi lesquels domine la race slave, à laquelle appartiennent les Russes, les Polonais, les Livoniens, les Courlandais, les Lithuaniens. La race finnoise ou thoude, très-répandue dans la Russie septentr., comprend les Finnois, Esthoniens, Lapons ou Samoyèdes, Tchérémisses, Ostiaks, Tchouvaches, Permiens, etc. Viennent ensuite des Allemands, des Grecs, des Juifs (surtout en Pologne), des Tartares ou Turcs, des Arméniens, des Géorgiens, les farouches tribus caucasiennes, enfin une multitude de hordes (Mongols, Kalmouks, Korièkes, Kamtchadales, Tchoukotches, Aléoutes, etc.). On parle en Russie au moins 30 langues; le russe même n'est qu'une forme du slave; la langue et la littérature françaises sont en grande faveur. La religion grecque non unie dite orthodoxe domine en Russie : elle compte plus de 50 millions d'âmes : le czar en est le chef depuis Pierre le Grand; il est secondé dans l'administration des affaires ecclésiastiques par le St-Synode. Il s'y trouve aussi des Grecs-unis et des Catholiques; mais on fait tout pour en diminuer le nombre. Le gouvernement est absolu ; le souverain se nomme czar ou empereur (quelquefois on dit autocrate pour indiquer la plénitude de sa souveraineté). Ses sujets sont divisés en 4 grandes classes : la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et les paysans. L'aristocratie, représentée par les boïards, jouit d'un grand pouvoir, surtout sur ses terres; et, jusqu'en 1861, les paysans étaient presque tous serfs de la glèbe; mais le servage, de plus en plus restreint depuis le commencement de ce siècle, a été définitivement aboli par l'empereur Alexandre II. L'armée monte à près d'un million d'hommes, dont une partie cependant forme des colonies militaires. La marine russe n'a pas cessé de se développer depuis un siècle et demi, époque à laquelle elle fut créée par Pierre le Grand. La civilisation, très-inégale, varie selon les pays, les latitudes et les positions. Les sciences, les lettres et les arts ne fleurissent que dans quelques villes : on ne compte dans tout l'empire que 8 universités : St-Pétersbourg. Moscou, Dorpat, Kazan, Kharkov, Kiev, Varsovie, Hessingfors : mais l'empereur Alexandre II prépare une grande réorganisation de l'instruction publique. — Le sud et l'ouest sont généralement plus peuplés, plus fertiles et plus riches; mais quand on a dépassé Moscou et le Volga, les villes et villages deviennent rares; plus d'agriculture; on ne trouve plus guère que des steppes ou maigres prairies désertes, des neiges, quelques mines, des animaux à fourrure. La Russie d'Asie (ou Sibérie) n'a guère pour habitants que des sauvages, des exilés et ceux qui les gardent. Un froid horrible désole au moins les trois quarts de l'empire pendant neuf mois de l'année; puis vient un été très-chaud et très-court. Au S., le climat est tempéré : il est doux et même chaud en Bessarabie, en Tauride, en Arménie, moins cependant que dans les latitudes semblables en Europe. Le sol varie beaucoup et donne, selon les localités, les productions les plus diverses. Le lin de Courlande et de Livonie est magnifique ; l’Ukraine est une des régions du monde les plus fertiles en céréales : ou en exporte de grandes quantités. D’immenses forêts couvrent la plupart des provinces et fournissent en abondance des résines, du brai, du goudron, de superbes bois de construction ; la rhubarbe et autres plantes médicinales croissent vers la mer Caspienne et à l’entrée de l’Asie ; la Tauride, la région Caucasienne, l’Astracan, etc., récoltent des fruits exquis et de bons vins. L’hermine et la martre donnent des fourrures du plus grand prix et en abondance ; les loutres, les phoques abondent sur les côtes. L’industrie, bien inférieure en général a celle de l’Europe occid., est cependant très-active sur certains points. La Russie fabrique et exporte de nombreux articles, tels que cuirs (remarquables par leur odeur aromatique), savons, toiles à voiles, cordages, coutils, chandelles, feutre, caviar, colle de poisson, huile, eau-de-vie de grain, carrosserie, bijouterie, orfèvrerie, armurerie, serrurerie, verrerie, fonderie, papeterie, faïence et porcelaine avec cristaux, cachemires, draps, coton, etc. La Russie possède, surtout en Sibérie et dans les monts Ourals de nombreuses mines d’or, d’argent, de platine, de ter, d’étain, qui occupent une foule d’ouvriers. Le commerce intérieur est très-actif ; le commerce extérieur est immense et se fait soit par les villes maritimes (Odessa, Riga, Arkhangel, etc.), soit par terre avec l’Europe occid. ou avec l’Inde et la Chine.

Histoire. Les anciens n’ont connu que le sud de la Russie d’Europe, qu’ils comprenaient très-vaguement dans les régions dites Sarmatie et Scythie, et où ils plaçaient, outre les Sarmates, les Roxolans, Iazyges, Agathyrses, Cimmériens, Taures, Méotes, etc. Dès les premiers siècles de l’empire romain, les Sarmates ou Slaves, habitants primitifs de la Russie septentrionale, envahirent tout le pays. Au IIIe s., les Goths, sortis de la Scandinavie, soumirent à peu près toutes les peuplades comprises entre la mer Baltique et la mer Noire, et fondèrent entre le Niémen, le Dniepr, le Volga et le Don un vaste empire qui comprenait toute la Russie d’Europe. Cet empire fut renverse en 376 par les Huns, et la Russie méridionale fut pendant quatre siècles le passage de tous les barbares de l’est et un théâtre de fluctuations perpétuelles. Les Huns, les Alains, les Bulgares, les Khazares s’y établirent et en furent chassés successivement. Quelques villes cependant y furent fondées vers le VIe s., notamment Novogorod-la-Grande et Kiev. Enfin, en 862, parurent des chefs Varègues, dont un seul, Rurik, fonda un État durable : il régnait à Novogorod avec le titre de grand-prince. Sa postérité s’étendit rapidement sur une partie de la Russie méridionale et sur la Galicie, s’établit à Kiev, fit trembler Constantinople et s’éleva à un très-haut point de prospérité sous Vladimir le Grand, qui introduisit le Christianisme parmi les Russes en 988, et sous Iaroslav I, qui fut leur législateur (1019-54). Mais la funeste coutume des apanages vint sans cesse morceler le territoire et engendrer des guerres civiles : outre Kiev, qui était alors la résidence du grand-prince et la vraie capitale de l’empire, existaient plusieurs autres principautés sous des princes du sang de Rurick : Novogorod, Polotsk, Smolensk, Tchernigov, Péréiaslav, Tmoutarakan, Halicz, Tver, Vladimir ou Vlodimierz, Souzdal, enfin Moscou, fondée en 1147. En même temps les invasions orientales continuaient, et l’on vit affluer les Petchenègues, les Polovises, enfin les Mongols. En 1224, ces derniers, sous la conduite de Batou-Khan, fils de Gengis-Khan, franchirent le Volga, conquirent une partie de la Russie mérid. et fondèrent le grand empire du Kaptchak ou de la Horde d’Or. En 1240, un autre Batou, fils de Touchi, prit Kiev : bientôt la Podolie, la Volhynie, la Galicie orient. reconnurent sa loi, et les princes russes du nord devinrent ses vassaux. Celui de Moscou, resté indépendant, eut seul, à partir de 1328, le titre de grand-prince. L’assujettissement des Russes aux Mongols dura dans toute sa force pendant cent cinquante ans (1240-1389). Les guerres civiles des Mongols et des Tartares et le contre-coup des conquêtes de Tamerlan allégèrent le joug ; mais Moscou fut encore menacée et pillée plus d’une fois, et ce n’est qu’en 1481 que le grand Ivan III affranchit la Moscovie du joug des Tartares. Ce même prince venait de soumettre Novogorod, Pskov, la Biarmie, et de réunir nombre de principautés, entre autres la Sévérie ; peu après, il y ajouta la partie occid. de la Sibérie. Vasili IV et Ivan IV, ses successeurs, furent toujours en guerre avec la Pologne, les Chevaliers Teutoniques, la Suède ; ils conquirent Smolensk, Kazan, Astrakan et la plus grande partie de la Sibérie ; mais Ivan fit de vains efforts pour avoir la Livonie. En 1598, la dynastie de Rurik s’éteint et Boris Godounov usurpe le trône : de là une période de troubles, dans laquelle la Russie, que se disputent les Polonais et les Suédois, semble à la veille de périr : l’élection de Michel Romanov (1613) met un terme à tant de maux. La Russie se relève peu à peu sous ce czar et ses deux successeurs ; la Sévérie, dont les Polonais s’étaient emparés, est reconquise. Pierre le Grand (1682-1725) poursuit cette œuvre d’agrandissement, en même temps qu’il entreprend de régénérer son peuple : il étend son empire jusqu’à la Baltique, à la mer Caspienne et à la mer Noire, fonde St-Pétersbourg, voit décliner la Pologne, brise la puissance de la Suède et se mêle à la politique générale de l’Europe ; à l’intérieur, il augmente encore sa puissance en se déclarant le chef de la religion. Sous ses successeurs (lesquels, à partir de 1762, sont des princes de la maison de Holstein-Gottorp et ne tiennent plus à la maison de Romanov que par des alliances), la prospérité de la Russie s’arrête, sans reculer toutefois ; mais Catherine II (1763-1796) porte la Russie au plus haut point de splendeur, conquiert la Petite-Tartarie (comprenant la Crimée), la Lithuanie, la Courlande, le Caucase, et obtient la moitié de la Pologne (par les partages de 1772 et 1795). Paul I, son fils, entre dans la coalition contre la France, et envoie jusqu’en Suisse ses armées, commandées par Souvarov (1799). Sous Alexandre I, malgré une lutte continuelle avec la France (interrompue seulement par la paix de Tilsitt, 1807), malgré l’expédition de 1812, pendant laquelle Moscou est livrée aux flammes par les Russes eux-mêmes, la Russie se grossit de la Finlande, de la Bothnie orient., de la Bessarabie, de la Géorgie ; en 1815, elle s’empare des deux tiers au moins de la Grande-Pologne (dont la France avait fait en 1807 le grand-duché de Varsovie) et en forme le Royaume de Pologne. À cette époque, la Russie, à la tête de la Ste-Alliance, était la puissance prépondérante en Europe. Nicolas I, qui succéda à Alexandre, ajoute à ses États la plus grande partie de l’Arménie, enlevée au roi de Perse, le pachalik d’Akhaltsiké et les bouches du Danube, enlevés à la Turquie. Ses armées victorieuses allaient marcher sur Constantinople, si l’intervention des puissances européennes ne l’eût pas arrêté (1829) ; néanmoins, il avait encore réussi à affaiblir considérablement l’empire turc en aidant à l’indépendance de la Grèce (1820-27), et en affranchissant presque entièrement la Servie, la Valachie, la Moldavie, placées sous sa protection ; il avait enfin vu cet empire contraint à se mettre à sa merci par le traité d’Unkiar-Skelessi (1833). A la même époque, la Pologne, soulevée à la suite de la révolution française de 1830, avait été réduite malgré des efforts héroïques et incorporée à l’empire. Ainsi maître partout, l’empereur Nicolas n’avait plus qu’à consolider ses conquêtes, lorsqu’en 1853, en voulant s’imposer comme protecteur des fidèles de l’Église grecque dans les provinces turques, il fit naître une nouvelle guerre avec la Turquie et suscita une querelle qui amena une guerre européenne : après deux campagnes désastreuses, dans lesquelles Nicolas eut à combattre, outre la Turquie, la France et l’Angleterre, la Russie, vaincue sur l’Alma et à Sébastopol, fut forcée de signer, le 30 mars 1856, une paix désavantageuse. Alexandre II, prince pacifique, s’est appliqué à réparer les maux de la guerre et à réformer le régime intérieur de l’empire : il a entrepris l’affranchissement des serfs et la réorganisation de l’instruction publique ; mais en 1863 la paix de son règne fut troublée par un nouveau soulèvement des Polonais, qui ne put être apaisé qu’au bout de deux ans et après de sanglants combats.

Grands-princes et czars de Russie.
Dynastie de Rurik.
À Kiev (sauf Rurik I). Sviatoslav II, 1073-76
Rurik I, d’abord avec Sinéous et Trouvor, puis seul, 862 Vsévolod I, 1078
Sviatopolk II, 1093
Oleg, régent, 879 Vladimir II, 1113
Igor, fils de Rurik, 913 Mstislav I, 1125
Olga, sa veuve, 945 Iaropolk II, 1132
Sviatoslav I, 964 Viatchislav, 1137
Iaropolk I, 973 Vsévolod II, 1138
Vladimir I, 980 Igor II, 1146
Sviatopolk I, 1015 Isiaslav II, 1146-54
Iaroslav I, 1019 Iourié I Dolgorouki, duc de Souzdal, 1125,
Isiaslav I (deux fois chassé), 1054-78 de Moscou, 1147,
Vseslav, 1067 enfin de Kiev, 1149-57
Schisme de 86 ans.
À Kiev. À Moscou.
Rostislav I, 1154-62 André I Bogolioubski, 1154-75
Isiaslav III, 1156-67
Mstislav II, 1167-70
Gleb Iourievitch, 1168-72
Iaroslav II Isiaslavitch, 1172-75 Michel I, 1175-77
Roman I, 1179 Vsévolod III, 1177-1212
Sviatoslav III, 1179-93
Rurik II, 1193-1209
Roman II, 1193-1206
Vsévolod III, 1206-12
Mstislav III, 1212-24 Iourié II, 1213-38
Vladimir III, 1230-39 (Constantin, 1217-18)
Michel I Vsévolodovitch, 1239-40 Iaroslav II Vsévolodovitch, 1238-40


À Vladimir jusqu’en 1339 et ensuite à Moscou.
Iaroslav II Vsévolodovitch, 1240 Dmitri II, de Tver, 1323
Alexand. II, de Tver, 1326
Sviatoslav III Vsévolodovitch, 1247 Ivan I Kalita, 1328
André Iaroslavich, 1249 Siméon, 1340
S. Alexandre I, Newski, 1252 Ivan II, 1353
Iaroslav III Iaroslavitch, 1263 Dmit. III, de Souzdal, 1359
Vasili I, 1272 Dmitri IV (ou III bis) Donski, 1362
Dmitri I, 1276-94 Vasili II, 1389
André II, 1294-1304 Vasili III l’Aveugle, 1425
Daniel, 1295 Ivan III le Grand, 1462
Vasili, de Souzdal, 1304 Vasili IV, 1505
Michel II, de Tver, 1304-19 Ivan IV le Terrible (il prend le titre de tzar), 1533
Iourié III, 1319 Fédor I, 1584
}
Transition aux Romanov.
Boris Godunoff, 1598 Vasili V Chouiski, 1606
Fédor II, 1605 Vladilslas de Pologne, 1610
Dmitri V, Grégoire Otrepiev (le faux Dmitri), 1605
Dynastie des Romanov.
Michel III, 1613 Pierre I, seul, 1689
Alexis I, 1645 Catherine I, veuve de Pierre, 1725
Fédor III, 1676 Pierre II, 1727
Ivan V et Pierre I, le Grand, 1682 Anne Ivanovna, 1730
Sophie, co-régente, 1686-89 Ivan VI, 1740
Élisabeth Pétrovna, 1741
Dynastie de Holstein-Gottorp.
Pierre III de Holstein-Gottorp, neveu d’Elisabeth, 1762 Paul I, leur fils, 1796
Alexandre I, 1801
Nicolas I, 1825
Catherine II, d’Anhalt, sa veuve, 1762 Alexandre II, 1855

RUSTAUDS (Guerre des), ou G. des Paysans, guerre qui éclata en 1525 en Alsace. Les Paysans, excités par les Anabaptistes, se soulevèrent sous la conduite d’un certain Érasme Gerbert de Molsheim, s’emparèrent de Saverne, et s’y défendirent quelque temps. Chassés de l’Alsace par le duc de Lorraine, ils se répandirent en Allemagne, où, mêlés aux Anabaptistes, ils commirent de grands ravages.

RUSTICUS (FABIUS ARULENUS), romain courageux qui ne craignit point, sous Néron et Domitien, de faire l’éloge de Thraséas et d’Helvidius Priscus : Domitien lui envoya l’ordre de se donner la mort. Rusticus était l’ami de Pline le jeune et de Tacite. Il avait composé une Histoire des empereurs, qui se faisait remarquer par l’esprit d’indépendance.

RUSTIQUE (S.), compagnon de S. Denis, subit avec lui le martyre à la fin du IIIe s. On le fête le 9 oct.

RUSUCURRU, v. de la Mauritanie Césarienne, à l’O. d’Iol ou Césarée, est auj. Dellys.

RUTEBEUF, trouvère du XIIIe s., né à Paris sous le règne de S. Louis, composa des poésies fugitives, des complaintes, des mystères et un grand nombre de satires. Il vécut dans une profonde misère et accablé de dettes. Ses poésies, encore empreintes de la rudesse de la langue naissante, sont remarquables par la franchise des pensées et l’énergie de l’expression. A. Jubinal a publié ses Œuvres complètes, Paris, 1840, 2 vol. in-8.

RUTENI, peuple de l’Aquitaine 1re, entre les Arverni, les Cadurci, les Arecomici, occupaient le pays appelé depuis Rouergue (Aveyron), et avaient pour ch.-l. Segodunum, depuis Ruteni (auj. Rhodez). Originairement ils possédaient aussi ce qui fut plus tard nommé l’Albigeois ; mais, battus par les Romains en 106 av. J.-C., ils abandonnèrent ce pays, qui fut joint à la Province romaine.

RUTGERS (Jean), Janus Rutgersius, né à Dordrecht en 1589, d’une famille noble, m. en 1625, était oncle de Nic. Heinsius. Il fut l’élève de Vossius, acheva ses études en France, visita la Suède, la Livonie, fut nommé par Gustave-Adolphe conseiller d’État et ambassadeur près des États généraux. On lui doit, outre des notes sur plusieurs classiques latins, Variarum lectionum libri sex, Leyde, 1618, des Lectiones Venusinæ (remarques sur Horace, natif, comme on sait, de Venusium), des Poemata, Leyde, 1653, et un Glossarium græcum, 1729.

RUTH, femme moabite, avait épousé en première noces un jeune israélite nommé Mahalon, fils de Noémi. Devenue veuve, elle suivit Noémi, sa belle-mère, à Bethléem, se mit, pour subsister, à glaner dans les champs de Booz, riche agriculteur, parent de son premier mari, réussit, en suivant les avis de Noémi, à se faire épouser par lui, et devint mère d’Obed, un des ancêtres de David. L’histoire de Ruth, contemporaine de Jephté, est consignée dans un livre de l’Ancien Testament dit le Livre de Ruth ; elle a été mise en vers par Florian.

RUTHÉNIENS, peuple de race slave, répandu partie en Autriche (Galicie), partie en Pologne, habite ce qu’on appelle vulgt Russie rouge et R. blanche.

RUTHVEN (W.), seigneur écossais, comte de Gowrie, eut part au meurtre de Rizzio et à la ligue qui força Marie Stuart d’abdiquer, forma en 1582 le projet de s’emparer de la personne de Jacques VI et commença même l’exécution de ce complot, mais fut vaincu, pris et mis à mort. — Jean et Alexandre Ruthven, ses deux fils, tramèrent aussi, dit-on, en 1600, un complot contre Jacques VI, mais le roi vint inopinément les surprendre à Gowrie-House, déjoua ainsi leurs trames et les fit mettre à mort. RUTILIUS (P.) RUFUS, né vers 150 av. J.-C, suivit Métellus comme lieutenant à la guerre de Numidie, devint consul l'an 105 av. J.-C., répara les fautes de son collègue Mallius, qui s'était laissé battre par les Cimbres, et forma une armée toute prête pour Marius. En 98, il accompagna en Asie comme lieutenant le proconsul Q. Mucius Scævola : ayant voulu réprimer les exactions des chevaliers qui remplissaient l'office de publicains, il fut lui-même à son retour accusé de concussion et condamné à l'exil par l'effet de l'intrigue. Sylla, maître de Rome, lui offrit de rentrer dans sa patrie; mais Rutilius refusa, ne voulant point être ramené contrairement aux lois, et mourut dans l'exil. Il s'était retiré à Smyrne.

RUTILIUS LUPUS (P.), grammairien latin que l'on fait vivre au temps de Tibère, est auteur d'un traité De figuris sententiarum, écrit avec une élégance cicéronienne, et édité en 1768 par Ruhnkenius, et en 1841, à Leipsick, par Frotscher.

RUTILIUS NUMATIANUS (Claudius), maître des offices et préfet de Rome sous Honorius en 417, était natif de Toulouse ou de Poitiers. Il a laissé un Itinerarium, en vers élégiaques, où il décrit un voyage fait de Rome en Gaule de 417 à 420. On n'a que le Ier livre et 68 vers du IIe livre de ce poëme, écrit en latin assez pur et qui offre de gracieuses descriptions. Publié pour la 1re fois à Bologne en 1520, il a été reproduit dans les Poetæ latini minores de Wernsdorf, et donné à part par Zumpt, Berlin, 1840. Il a été paraphrasé en français par Lefranc de Pompignan, et trad. par Collombet, 1842, et par E. Despois, 1843, dans la collection Panckoucke.

RUTLAND (comté de), le plus petit des comtés d'Angleterre, entre ceux de Lincoln, de Northampton et de Leicester, a 31 kil. sur 25, et 22 000 hab.; ch.-l. Oakham. La famille Manners porte le titre de duc de Rutland.

RUTULES, Rutuli, petit peuple du Latium, du temps d'Enée, était au S. de Rome et avait pour capit. Ardée. Conduits par Turnus, leur roi, ils firent la guerre à Énée. Tarquin le Superbe allait leur enlever Ardée lorsqu'il fut chassé du trône.

RUVIGNY (H. de), gentilhomme protestant, né en 1647, m. en 1720, était député des Églises réformées de France quand la révocation de l'édit de Nantes le força de passer en Angleterre. Il s'y fit naturaliser, fut nommé comte de Gallway, prit du service dans l'armée anglaise, se battit à Nerwinde contre ses anciens compatriotes à la tête d'un régiment de réfugiés français et devint général en chef des troupes britanniques en Piémont, puis en Portugal, pendant la guerre de la succession d'Espagne. Ayant perdu la bataille d'Almanza (1707), il fut rappelé, il publia pour se justifier des Mémoires qui reportaient toute la faute sur le ministre Sunderland, gendre de Marlborough.

RUVO, Rubi, Rubia, v. d'Italie (Terre de Bari), à 29 k. S. E. de Barletta; 6000 hab. Évêché.

RUYSBROCK (Jean de), mystique, né en 1294 à Ruysbrock près de Bruxelles, m. en 1381, fut longtemps vicaire de l'église Ste-Gudule à Bruxelles, puis prieur d'un monastère de chanoines réguliers à Groendal. Ses ouvrages, où il ne fait guère que reproduire les doctrines de S. Denis l'Aréopagite, sont écrits en allemand ; une collection en a été donnée en latin par Surius, Cologne, 1552, et a été réimprimée en 1609 et 1692. On y remarque le traité De nuptiis spiritualibus.

RUYSCH (Fréd.), médecin anatomiste, né à La Haye en 1638, m. en 1731, professa l'anatomie et la botanique à l'Université d'Amsterdam, fut en même temps médecin légiste près des tribunaux, et eut une grande clientelle. Il est surtout célèbre par la perfection à laquelle il porta l'art des injections avec des cires colorées, dont il se servit, soit pour conserver les corps, soit pour suivre les dernières ramifications des vaisseaux dans les tissus : il fit à l'aide de ce procédé de nombreuses découvertes anatomiques, notamment celle des valvules des vaisseaux lymphatiques et d'une membrane inférieure de l'œil, qui a conservé son nom. Malheureusement, il n'a pas laissé en mourant le secret de son procédé. Il a aussi fait connaître le premier beaucoup de plantes exotiques. Son superbe cabinet de préparations anatomiques fut visité et acheté par Pierre le Grand (1717). Il a laissé de nombreux ouvrages, qui furent réunis à Amsterdam en 1737, 5 vol. in-4.

RUYSDAEL, peintre. V. RUISDAEL.

RUYTER (Michel), célèbre marin hollandais, né en 1607 à Flessingue, commença par être mousse, fit huit campagnes, aux Indes comme capitaine de vaisseau, commanda comme contre-amiral en 1645 l'escadre opposée aux Espagnols, et en 1652 celle que la Hollande envoyait contre l'Angleterre; soutint glorieusement Tromp dans ses trois combats contre Blake (1653), fit éprouver de grandes pertes aux corsaires barbaresques (1656), puis, courant au secours du Danemark, battit 2 fois la flotte suédoise (1659), fut nommé vice-amiral à son retour en Hollande, et fit en 1664 une nouvelle expédition contre les Barbaresques. Il mit le comble à sa gloire dans la guerre de 1665-67 contre l'Angleterre, et dans celle de 1672-76 contre la France : pendant la 1re, il prit le port de Sheerness, remonta la Tamise, et jeta l'effroi dans Londres; dans la 2e, il livra combat aux Anglais et aux Français réunis à Soults-Bay, sur la côte d'Angleterre (1672); dans la campagne navale de 1673 il montra autant de prudence que de bravoure. Cependant il tenta en vain de s'emparer de la Martinique (1674). Envoyé en 1675 pour débloquer Messine, Ruyter livra bataille à Duquesne devant Catane : il y fut vaincu et blessé mortellement, mais après avoir fait un mal immense aux Français; il alla mourir de ses blessures à Syracuse (26 avril 1676). Les États généraux lui élevèrent un magnifique mausolée dans Amsterdam. Sa Vie a été écrite par G. Brandt, et trad. en français par Aubin, Amst., 1690.

RYE, v. et port d'Angleterre (Sussex) , une des Cinq Ports, sur la Manche, à l'embouchure de la Rother, à 13 kil. N. E. de Winchelsea; 3000 h. Pêche du hareng. Ville jadis très-fortifiée.

RYEGATE, bg d'Angleterre (Surrey), à 26 kil. E. de Guilford et à 34 S. E. de Londres; 5000 h. Station de chemin de fer. Église antique, dite le Prieuré, ruines d'un château fort. Titre de baronnie.

RYE-HOUSE (Complot de), complot formé en Angleterre en 1683, sous le règne de Charles II, avait, dit-on, pour but de tuer le roi et son frère, le duc d'York (Jacques II); un colonel Rumsay en était le chef ostensible. L'attentat devait s'accomplir à Rye-House, maison de campagne d'un des conjurés (d'où son nom); mais le complot fut découvert avant d'avoir reçu aucune exécution.

RYES, ch.-l. de cant. (Calvados), à 9 k. N. E. de Bayeux; 506 hab.

RYMER (Thomas), historien anglais, né vers 1650 dans le comté d'York, m. en 1713, fut nommé historiographe de la couronne, fit d'immenses recherches dans les archives de la Tour de Londres, et publia un précieux recueil de pièces continuées dans ce dépôt. Ce recueil, connu vulgairement sous le nom d’Actes de Rymer, est intitulé : Fœdera, conventiones, litteræ et cujuscumque generis acta publica inter reges Angliæ et alios imperatores, reges, pontifices, ab anno 1066 ad nostra usque tempora, Londres, 1704-35, 20 vol. in-fol. Il mourut pendant l'impression du XVe vol., mais il avait préparé les 2 suivants; le XVIIe contient la table générale; les 3 derniers (1726-35), rédigés par Sanderson, conduisent les Actes jusqu'à 1654. Il a été donné 3 autres éditions des Actes de Rymer : l'une à Londres, 1727-35, 2 v. in-f.; l'autre à La Haye, 1739-45, 20 v. in-4 ou l0 in-fol.; la 3e à Londres en 1816, par ordre du Parlement. On doit à Leclerc et à Rapin-Thoyras un Abrégé des Actes de Rymer.

RYSWICK, vge de Hollande (Holl. mérid.), près du canal de La Haye à Delft, à 3 k. S. E. de La Haye; 2000 hab. Château où se tint un congrès dans lequel fut signé, le 20 septembre 1697, entre la France d’une part, et l’Empereur, l’Espagne, l’Angleterre et la Hollande de l’autre, le célèbre traité de Ryswick, qui mit fin à la guerre du Palatinat : Louis XIV rendait à l’Espagne ce qu’il lui avait enlevé vers les Pyrénées, et, en Flandre, Luxembourg, Mons, Ath, Courtrai ; il reconnaissait Guillaume III pour roi d’Angleterre ; il rendait à l’Empire Fribourg, Brisach, Philippsbourg, Kehl, mais il conservait Strasbourg ; il restituait au duc de Lorraine ses États. Le stathouder Guillaume V fit élever en 1792 un obélisque sur le lieu où se tinrent les conférences.

RZESZOW, v. des États autrichiens (Galicie), ch.-l. de cercle, sur la Wisloka, à 165 k. O. de Lemberg ; 10 000 hab., dont moitié Juifs. Orfèvrerie, bijouterie. — Le cercle, entre la Pologne au N., les cercles de Bochnia à l’O., de Sandec, de Jaslo et de Sanok au S., de Przémysl à l’E., a 300 000 hab.

RZEWUSKI (Wenceslas), grand-général de Pologne, né en 1705, m. en 1779, prit alternativement parti pour Stanislas Leczinski et pour Auguste III, repoussa en 1739 une invasion de Tartares, combattit de tout son pouvoir, à la diète de Varsovie, l’élection de Stan. Poniatowsky et les projets de la Russie sur la Pologne, fut pour ce fait enlevé avec son fils (1767) et retenu six ans prisonnier en Russie. Il resta depuis étranger aux affaires, et cultiva les lettres avec succès. On a de lui deux tragédies, tirées de l’histoire de la Pologne, diverses autres poésies et un Nouvel Art poétique. — Son fils, Sévérin R., né vers 1745, était vice-grand général de Pologne lors qu’il fut enlevé. De retour en 1773, il fit d’abord cause commune avec les patriotes ; mais en 1792, il fut un des premiers à signer l’acte funeste de Targovice. Cependant, après le 2e démembrement de la Pologne, il protesta, mais inutilement. En 1794, les Polonais insurgés confisquèrent ses biens et le pendirent en effigie. Le triomphe des Russes lui permit de revenir dans sa patrie, où il vieillit méprisé.




◄  Q R S   ►