Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Bretagne
BRETAGNE, Britannia minor, Armorica, prov. de l’anc. France, avait pour bornes à l’O. l’Océan, au N. la Manche et la Normandie, au S. le Poitou, à l’E. l’Anjou et la Touraine. Capit., Rennes. Elle se divisait en Haute et Basse-Bretagne. La Hte-Bretagne formait 5 diocèses, Dol, Rennes, Nantes, St-Malo, St-Brieuc ; dans la Basse étaient ceux de Tréguier, Vannes, Quimper, St-Pol-de-Léon. Auj. la Bretagne forme 5 dép., Loire-Inf., Ille-et-Vilaine, Morbihan, Côtes-du-Nord, Finistère. Montagnes peu hautes (monts d’Arrée, au N. O.). Rivières côtières nombreuses ; au S. est l’emb. de la Loire ; beaucoup de baies, anses et ports excellents. Sol inégal, climat humide ; céréales en grande quantité, cidre, lin, chanvre ; forêts, marais, jachères, landes et bruyères en quelques endroits. Plomb, houille, fer, antimoine, argent, etc. Eaux minérales. Les voies de communication, longtemps imparfaites, surtout dans l’extrémité O., ont été beaucoup améliorées depuis 1830. Mœurs, usages, caractère, marqués d’un cachet particulier : en général, le Breton est laborieux, patient ; on l’accuse d’être entêté. Dans l’O. on parle encore auj. une langue celtique, dite brezad. On y trouve de nombreux monuments antiques qui consistent en pierres brutes nommées communément pierres druidiques, pierres levées, table du diable, et appelées dans le pays, selon leur forme ou leur destination, menhir (pierre longue), dolmen (table de pierre), cromlech (enceinte circulaire), galgal (témoignage). — La Bretagne fut, selon l’opinion la plus probable, peuplée par un mélange de Celtes et de Kymris. Conquise par César l’an 56 av. J.-C., elle fit, sous les Romains, partie de la Lyonnaise 3e, comprenant en outre le territoire des Pictavi dans l’Aquitaine 2e. Elle avait pour principaux habitants : à l’E., les Diablintes, les Redones ; au S., les Namnètes, séparés des Pictes par la Loire ; au centre, les Venètes et les Curiosolites ; à l’O., les Osismiens, qui habitaient le littoral du Finistère. Les peuplades voisines de la mer portaient plus spécialement le nom d’Armoricaines. Lors de la décadence de l’empire romain, la Bretagne se mit à la tête de la Confédération armoricaine ; ses chefs se disaient rois de l’Armorique. Le plus ancien prince connu qui ait porté ce titre est Conan Mériadec, qui vivait vers 384 de J.-C. Aux Ve et VIe siècles vinrent de la Grande-Bretagne des Bretons fuyant les armes des Angles et des Saxons : c’est d’eux que l’Armorique occid. prit le nom de Bretagne. En 510, le roi breton Bodic se soumit à Clovis ; ses descendants, tout en continuant à régner, ne prirent que le titre de comtes ; cependant les Bretons n’étaient soumis que de nom aux Francs, ou bien ils étaient sans cesse en insurrection. En 799 toute la Bretagne reconnut l’autorité de Charlemagne. En 822 commença avec Noménoé une 2e dynastie de comtes : sous celle-ci, la Bretagne se scinde souvent en trois comtés, Vannes, Nantes, Rennes. Tout le comté de Bretagne est déclaré vassal du duché de Normandie en 912. Geoffroy I, qui régnait sur la Bretagne en 992, veut prendre le titre de duc, mais ce titre n’est pas reconnu par ses suzerains. En 1171, après la mort de Conan IV, Constance, sa fille, porta la Bretagne en dot à un fils du roi d’Angleterre Henri II, nommé Geoffroy, puis elle régna avec son propre fils Arthur, qui périt en 1202, assassiné par son oncle Jean sans Terre. La Bretagne ne tarda point à passer dans de nouvelles mains par le mariage d’Alix, fille et héritière de Constance, avec Pierre de Dreux, dit Mauclerc (1213), arrière-petit-fils de Louis le Gros : Pierre commença une 4e dynastie, dite dynastie capétienne de Bretagne, et prit le titre de duc. Les descendants de Pierre régnèrent jusqu’en 1488. L’événement capital de cette période fut la guerre de la succession de Bretagne entre la maison de Blois, appuyée par la France, et celle de Montfort, appuyée par l’Angleterre (V. CHARLES DE BLOIS et JEAN DE MONTFORT). La question fut vidée, en 1364, en faveur des Montfort, par la bataille d’Auray, que suivit, en 1365, le traité de Guérande. Leur triomphe rendit longtemps la Bretagne hostile à la France, surtout pendant la guerre de 100 ans et sous Louis XI. La mort du duc François II, en 1488, laissa le duché de Bretagne à sa fille unique, Anne, qui épousa successivement deux rois de France, Charles VIII (1491) et Louis XII (1499), et dont la fille, Claude, après avoir épousé François I (1514), assura à la France ce bel héritage (15151. La réunion solennelle eut lieu en 1532.
Noménoé, | 824 | Eudes et Hoël III, | 1148 |
Erisopoé, | 851 | Conan IV, | 1156 |
Salomon, | 857 | Geoffroy II, | 1175-1186 |
Pasquiten et Gurvand, | 874 | Constance Id. et Arthur I, | 1187 |
Alain I et Judicaël, | 877 | Pierre Mauclerc et Alix, | 1213 |
Gurmhaillon, | 907 | ||
Juhel Bérenger, | 930 | Jean I, | 1237 |
Alain II, Barbetorte, | 937 | Jean II, | 1286 |
Drogon, | 952 | Arthur II, | 1305 |
Hoël I, | 953 | Jean III, | 1312 |
Guerech, | 980 | Charles de Blois, | 1341 |
Conan I, | 987 | Jean IV de Montfort, | 1365 |
Geoffroy I, | 992 | Jean V, | 1399 |
Alain III, | 1008 | François I, | 1442 |
Conan II, | 1040 | Pierre II, | 1450 |
Hoël II, | 1066 | Arthur III, | 1457 |
Alain-Fergent, | 1084 | François II, | 1458 |
Conan III, | 1112 | Anne, | 1488-1515 |
Dom Lobineau, Daru, Roujoux, ont écrit l’histoire de la Bretagne ; M. de Courson a donné un Essai sur la Bretagne armoricaine.