Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHÂTEAU-DU-LOIR (CANTON)

CHÂTEAU-DU-LOIR (Canton de), cadastré, de l’arrondissement de Saint-Calais, compris entre le i. er degré 46 minutes et le 2.’degré o minutes de longitude occidentale ; le 47— c degré 3 7 minutes et le 4 7. e degré 5o de latitude septentrionale ; faisant partie de la contrée appelée Vau-du-Loir (v. ce mot), de sa situation, en majeure partie dans le bassin du Loir ; il se compose de 11 communes, ou de i4 anciennes paroisses, qui sont :

Beaumont-pied-de-Bœuf, Luceau,
Château-du-Loir, Chef-lieu ; Montabon,
Dissay-sous-Courcillon et Bannes Nogent-sur-Loir
S.t-Pierre-de-Chevillé,
Flée, Quincampoix et S.te-Cécile *Thoiré-sur-Dinan,
Jupilles, Vouvray-sur-Loir.

Ce canton qui, d’après l’organisation de 1790, faisait pardu district du même nom, n’a été augmente par celle du, i brumaire an X, que de la commune de Thoirc, qui était du canton de Chahaip.es, supprimé ; les « f™*"^* Uannes, de Ouincampoix et de Sa.nte-Cecile, fo. niaient au tant de communes séparées, dans cette première organisation.

— Le canton de Cl.âteau-du-Lo.r, dont l’extrémité N. _JN. t. la plus rapprochée du chef-lieu d’arrondissement en est distante de 25 kilom. ; et l’extrémité N., la plus voisine du chef— heu de département, en est à 26 kilo…., a pour limites le canton de Lucé-le-Grand, au N. et au N. E. ; celui de la Charlre, à TE. ; le département d’Indre-et-Loire, au S. E. et au S. ; les cantons du Lude et de Mayet, à l’O. ; enfin, celui d’Ecommoy, au N. O. Sa forme eiliplique, déformée par une extension en forme de triangle au S. E., s’étend du N. N. O. au S. S. E. Son plus grand diamètre dans ce sens, est de 23 kilom. ; son diamètre transversal, ou de PE.* à FQ., en passant par le chef-lieu, n’est que de 6 kilom., tandis qu’il s’étend jusqu’à près de 12 kil. vers le N., et à i5 kil. vers le S, dans la ligne qui passe par Dissay, où est sa plus grande extention au S. E. Le chef-lieu se trouve placé aux 3/5. es environ vers le S., du diamètre vertical, ou du N. au S. — De 189 kilom. environ de superficie, ce canton contient, d’après les évaluations cadastrales, i8, 8i4 hectares, 4 1 ares, 58 centiares, qui se divisent, par nature de terrain, ainsi qu’il suit :

hectares ares cent
Terres labourables 11, 179 3 1 49
Jardins, vergers, avenues, pépinières.. 35 1 10 72
Vignes i, i63 i5 q8
Prés, parcs herbages, pâtures et pâtis.. *2, o65 24 07
Bois fut., taill., brouss., chat., auln., oser. 934 55 70
Partie de la forêt de Bersay 2, 007 2 ^
Pinières 4 $ 3o
Landes, terres vag. et vain., sablonnières. 34i 10 45
Douves, étangs, mares, marais, etc… i3 o5 34
Superficie des bâtimens, cours i33 71 16
Églises, presbyt., cimet., propriét. comm. 9 00 69
Routes, chemins, places, rues… 4°/8 ^5 32
Rivières et ruisseaux 84 1 3 33

— 3, 805 maisons, 4 1 moulins à eau, dont plusieurs à deux roues, tant à blé, qu’à tan et à foulon, ou faisant mouvoir une filature de coton ; 2 fourneaux à chaux. Le Montant du Revenu imposable du canton, est de 3g6, o57 fr. 90 c.

populat. De 14*609 individus, repartis en 3, 425 feux, comprenant 7, 059 individus mâles et 7, 55o femelles. — Augmentation de population depuis i8o4, 1, 217 individus ou i/i2. e — La superficie du canton étant de ^89 kilomètres, et sa population de 14*609 habitans, c’est 72 individus par kilomètre carré.

Mouv. décenn. De i8o3 à 1812, inclusivement : mariages, 965 ; naissances, 3, 229 ; décès, 2, 944 — Produit de chaque mariage, 3 1/2 environ. Excédant des naissances sur les décès, 285 ou 2/i7. es =3 De i8i3 à 1822 : mariages, 1, 119 ; naissances, 3, i3o ; décès, 2, 688. — Produit de chaque mariage, 2 3/4— Excédant des naissances sur les décès, 44ou 1/7. % à très-peu près.

contrib. Foncier, 65, 407 f. ; personn. et mobil., 11, 090 f. ; port, et fen., 3, 940 f. ; 6^7 patentés : droit fixe, 4^ l 4 f— ; droit proporlionnel, 1, 874 f* 85 c. Total, 86, 625 f. 85 c., ce qui fait par individu 5 f. g3 c. à-peu-près : ajouter 3 f. 62 c. i/3 additionnels, c’est en total 9 f 35 c. i/3 de contributions directes payées par chaque individu. C’est aussi 5 f. 84 c. d’impôt foncier, en principal et accessoires, par hectare de terre, ou 6 f. i3 c, l’impôt des portes et fenêtres compris. Trois percepteurs, ayant leur résidence dans le canton. sont chargés du recouvrement de ces contributions.

Le canton de Château-du-Loir, de l’arrondissement électoral de Saint-Calais, a fourni aux élections du collège d’arrondissement, en novembre 1827, 43 électeurs, et i3 à celui de département. Le nombre des jurés de ce canton, pour 1829, est de 49 1 dont 4$ électeurs du collège d’arrondissement, et 1 1 de celui de département.

géolog. hydrogr. Sol découvert, excepté au tiers N., où se trouve la forêt de Bersay, comprise en partie dans ce canton ; se composant de la portion du vallon appelé Vau-du-Loir, de la rivière qui le coupe de l’E. à l’O, ; bas dans cette partie ; élevé vers le N. et le S., où sont les plateaux qui dominent ce vallon. Les principaux cours d’eau qui arrosent ce territoire, outre le Loir, sont, sur la rive droite de cette rivière, celles de Dinan, d’Ire et de Prélambert ou Profontevaut de M, Cauvin, qui, descendant de la forêt de Bersay au N., viennent se jeter dans le Loir au S. ; sur la rive gauche, les rivières et ruisseaux de Lon ou Long et de Gravot, qui se réunissent à Dissay, et celui de Gué de Mézières ; lesquels venant du S., descendent au N., pour aller grossir le Loir de leurs eaux. Des 45 moulins établis sur ces cours d’eau, on en compte 3 à tan, 2 à fouler les étoffes, 1 faisant mouvoir une fdature de colon, et les autres à blé. Les étangs sont peu nombreux et peu importans sur ce canton, malgré son voisinage d’une forêt. — Terrain calcaire crayeux dit de tufeau, dans toute l’étendue, si ce n’est à l’extrémité N., où se trouve le grès, formant deux bancs parallèles sur les deux rives du Loir, déjà décrits à l’article canton de la Chartre, qu’on peut consulter, ainsi que l’article Vau-du-Loir, lequel commençant ici, se prolonge jusqu’à Troo (Loir-et— Cher), l’espace de 3o kilom., offrant à l’œil de riches tapis de verdure, dans son bassin ; de nombreux plants de vignes, sur ses coteaux, entremêlés de champs cultivés en céréales et de quelques bouquets de bois ; ce qui forme un aspect extrêmement pittoresque et véritablement enchanteur. Les produits minéralogiques de ce canton, sont absolument les mêmes que ceux décrits à l’article de celui de la Charlre, en y ajoutant de beaux échantillons de quartz mamelonné, qu’on nous y a fait observer. Le plateau qui s’étend au nord du bassin du Loir, sur lequel sont situées la ville de Château-du-Loir et les communes de Luceau, Jupilles et Thoiré, dont le sol humide et fangenx, formant le fond de cuve au centre de ce plateau, se trouve abrité des vents du nord, ne jouit pas des avantages de salubrité qui se rencontre dans le bassin du Loir et sur le plateau sud, moins élevé et plus découvert. On voit régner dans ces communes, assez constamment, des fièvres intermittentes rebelles, des hydropisies, des dartres, etc., qui y prennent ordinairement une habitude chronique, tandis que dans l’autre partie, où le Loir coule avec rapidité et où les vents soufflent sans obstacles, les maladies y sont inflammatoires, et les phtisies assez communes. L’observation de M. le docteur Lussault, consignée à l’article du canton de la Charlre, sur l’usage et les effets prophylactiques du vin blanc, est également applicable au canton de Château-du-Loir. Le coteau nord de la rive droite du Loir, présente un grand nombre de grottes creusées dans le tuf, qui offrent une habitation saine et agréable tout à la fois.

cultur. Sol argilo-calcaire, en général ; argilo-sablonneux vers ses extrémités IN. et S. S. E. ; passablement fertile, considéré, de même que le canton de la Chartre, comme pays de vignobles, dans lequel la culture de la vigne se trouve dans la proportion de i/6. e de la superficie totale ; comme i à 10 environ par rapport à celle des céréales ; et comme n à 20, avec celle des prés et pâtures. Les terres cultivées en grains, le sont dans cette proportion : 4 parties en froment, 5 en orge, 3 en avoine et 6 en seigle, méteil et menus. Le trèfle, plus pour pâture que pour graine, le chanvre, les pommes de terre sont aussi cultivés abondamment ; la luzerne et le sainfoin, en très-petite quantité. Les foins et herbages des bords du Loir, sont de la première qualité ; ceux qui croissent sur les rives des autres cours d’eau leur sont sensiblement inférieurs. La culture de la vigne, produisant le vin blanc, en donne de bien connus et généralement estimés, qui vont de pair avec ceux du canton de la Chartre et s’exportent jusqu’en Angleterre, en Hollande et en Flandre. Les vins de cette couleur sont prédominans dans ce canton comme dans celui de la Chartre : les coteaux de Montabon, de Youvray, de S. le —Cécile, de Fiée, et de la Fuye, en Dissay, donnent les plus estimés. Les vins rouges, qui ne sont récoltés que dans la proportion d’un tiers du total, peu estimés autrefois, commencent à être recherchés, depuis que les propriétaires se sont attachés à mieux choisir l’espèce de cépage et les expositions ; observation (pie nous aimons à consigner ici, dans l’intérêt des producteurs, et que nous devons à M. Rocher, chirurgien à Dissay, homme instruit et rempli de zèle, à qui nous sommes redevables de trois excellentes notices sur sa commune et les cantons de la Chartre et de Château-du-Loir. Les espèces de vignes cultivées dans ce canton, sont les mêmes que dans celui de la Chartre. On cultive également beaucoup de noyers et un assez grand nombre de châtaigners, qui offrent les trois variétés de fruits marrons, châtaignes et nouzillards. Les arbres à cidre, généralement répandus dans le canton, le sont plus abondamment dans les communes de Fiée, Luceau et Beaumont-pied-de-Bœuf. On y cultive, pour cet usage, en pommiers : le Rouge-Vert, en plus grande quantité ; le Jaune, le Côné, et plusieurs variétés de Fréquin ; en poiriers : le Sauge et le Guédai. — Comme dans le canton de la Chartre, une grande partie des prairies destinées à servir de pâtures, est divisée en parcs dans lesquels on engraisse des bœufs venant du Poitou, et qui sont ensuite vendus pour la consommation de Paris. On élève peu de chevaux dans celui-ci, et ils y sont d’une très-chétive espèce ; avant la révolution, au contraire, on y entretenait un certain nombre d’étalons du Cotentin, destinés à améliorer la race des jumens du pays, remarquable par sa couleur généralement noire et bai-brun, ayant naturellement les jambes et le corsage bien faits, mais la tête et l’encolure défectueuses. Beaucoup de veaux vendus jeunes ; presque pas de bœufs, peu de moutons et de chèvres, beaucoup de porcs La culture des abeilles y est passablement abondante, et la quantité du miel, surtout de celui recueilli sur Dissay, imite celle de la Touraine et parait être la meilleure du département. Propriétés rurales très-divisées : on n’y trouve qu’un très-petit nombre de fermes de 1, 200 à i, 5oo fr. de rente, données par baux de 6 et 9 ans, presque tous à prix d’argent. La plupart des bordages le sont à moitié de grains et bestiaux, et quelques-uns à gros, c’est-à-dire moyennant une quantité de grains, vins et bestiaux déterminée. Assolement quadriennal dans les grandes et moyennes fermes ; triennal dans les petites et les bordages. Labours faits à la charrue, à l’aide des chevaux seuls, pour les 7/8. es de celles employées, qui, au nombre d’environ 5oo dans le canton, s’y divisent par demi, tiers et quart de charrue, de manière à servir à plus de i5 à 16 cents cultivateurs. Les engrais généralement employés, sont les fumiers naturels, la marne, qui se trouve presque partout, de de 25 à 5o mètres de profondeur, et la cendre lessivée ou charrée, que l’on met dansées prés : l’usage de la chaux et du plâtre est pour ainsi dire inconnu dans ce canton. Le peu de landes et terres vagues et vaines qui y subsiste encore, en moindre quantité peut-être que dans aucun autre du déparlement, n’est que la 55. e partie à-peu-près de sa superficie. Les bois et forêts, la plupart essence de chêne, y sont dans la proportion d’un 6. e au moins, dont la partie de la forêt de Bersay qui s’y trouve comprise, forme les 3/3 de cette quantité, et les plantations de pins i/y44— e seulement.

industr. La principale industrie manufacturière de ce canton, consiste dans la fabrication des toiles de ménage et à voiles pour la navigation de la Loire et du Loir, connues sous le nom de toiles de Château-du-Loir, estimées les meilleures de France, non pour leur finesse, mais pour leur extrême solidité : elles s’exportent dans la Touraine, l’Orléanais, le Berry, la Beauce, le Poitou ; en Normandie et jusqu’en Espagne. Cette fabrique occupe un grand nombre de bras dans toutes les communes de ce canton, dans ceux de la Chartre, Lucé, Mayet, le Lude et Pontvallain, de ce département ; et dans plusieurs de celui d’Indre-et-Loire ( v. l’article qui suit). — Le blanchiment des fils employés à la confection de ces toiles ; une filature de coton ; deux tanneries, au chef-lieu ; deux fourneaux à chaux, en Dissay ; l’extraction de la marne, du tuffau et du grès, pour l’amendement des terres, pour bâtir, convertir en chaux, paver et reparer les routes ; l’exploitation des bois de la forêt de Bersay et le travail des ustensiles nombreux qui s’y fabriquent et auxquels sont employés un certain nombre d’individus des communes de Thoiré, de Jupilles, etc., sont les principales ressources industrielles de ce canton, où la fabrication des étoffes, citée autrefois, a entièrement cessé. — Le produit des céréales, insuffisant pour la consommation, n’y donne lieu qu’à un commerce fictif, qui consiste dans la vente de certaines espèces de grains quïl faut remplacer ; celui du cidre y est peu important. Les vins, les bœufs gras, les foins surabondans pour la consommation, et dont il s’exporte une quantité assez considérable ; les fruits à couteau, les noix et les marrons ; la volaille, le gibier, le poisson ; le beurre, le miel et la cire, la laine, etc. sont, avec les toiles, les ressources principales des habitans qui, du reste, sachant se contenter de cette médiocrité tant vantée par les philosophes, ont une grande tendance à se livrer au doux far niante des italiens, aussitôt qu’ils la possèdent, et savent y trouver le bonhenr, grâce à l’esprit de sociabilité dont ils sont doués. — Le chef-lieu de ce canton possède seul des foires et des marchés.

rout. et chem. Le Loir, devenu flottable dès Poncé, dans le canton de la Chartre, commence à être navigable à Coëmon, espèce de faubourg de Château-du-Loir. Le canton est traversé par la roule royale n.° i58, de Tours à Caen, qui passe au chef-lieu, en franchissant Le Loir sur le beau pont de Goémon, construit depuis peu d’années, ( voir, au sujet de ce pont, une observation importante à l’article suivant ) ; par les routes départementales n. os g et 6, du Lude à Château-du-Loir et de celte ville à Montoire ; enfin, par les chemins de L’ucé et de Saint-Calais à Château-du-Loir. Ces moyens d’exploitation, plus ou moins en bon état de construction et de réparations, offrent de nombreux et assez faciles débouchés à ses produits, dans toutes les directions.

monum. antiq. Son territoire renferme peu de monumens remarquables des différens âges. Quelques dolmens et peulvens fort grossiers, quelques tombelles ou mottes, dont l’époque de construction et la destination sont difficiles à déterminer ; les restes du château de Courcillon, en Dissay ; plusieurs églises conservant encore des vestiges du style roman, et celle du chef-lieu, d’un assez beau gothique : ces monumens seront décrits aux articles particuliers de chaque localité.