Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BERNAY

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BERNAY, BERNAI-EN-CHAMPAGNE ; Bernayo, Berneïo ; étymologie inconnue : le surnom de Champagne est celui de la contrée dont fait partie Bernay (Voir champagne). Commune du canton et à 6 kilom. 3 hectom. S. S. O. de Conlie ; de l’arrondissement et à 21 kilom. O. N. O. au Mans. Jadis, du doyenné de Vallon, archid. de Sablé, du diocèse et de l’élection du Mans. - Distances légales, 7 et 24 kilomètres.

descript. Bornée au N. E., par la Vègre, sur la rive gauche de laquelle le bourg est situé, et par Neuvy ; à l’E., par Saint-Julien ; au S., par Amné ; au S. O., à l’O. et au N. O., par Ruillé et Saint-Symphorien ; sa forme est celle d’une élipse qui s’étend du N. O. au S. E ; son diamètre, dans le premier sens, est de 4 kil. 1/2 et de 1 kil. 1/2 dans le second. - Le bourg forme avec l’église, deux petites rues au S. et à l’E. — Assez belle église de construction moderne, ne datant que de 1766 ; clocher en flèche élevée. — Cimetière hors du bourg, à l’E., en partie clos de murs, dans lequel est une chapelle dédiée à S.te-Anne, en bon état.

populat. Comptée autrefois pour 94 feux, elle est de 117 actuellement, et se compose de 303 individus mal., 315 fem. ; total, 618 dont 271 dans le bourg. — Hameaux principaux : la Champagne, la Touche et Chazé contiennent chacun de 35 à 45 personnes.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812 inclusiv. : mar., 5i ; naiss., 176 ; déc., 145. — De 1813 à 1822 : mar., 54 ; naiss., 207 ; déc., 127.

hist. ecclés. Église dédiée à S. Pierre et à S. Paul ; assemblée le dimanche le plus rapproché du 16 juillet. La cure était à la présentation de l’Abbé de la Couture du Mans, ainsi qu’un prieuré que possédaient les religieux de cette abbaye ; la chapelle S.te-Anne du grand Cimetière, fut fondée par un curé de Bernay, nommé Broutin, pour une messe par semaine, depuis Pâques jusqu’à la Toussaint.

Sous l’épiscopat de l’évêque Hoël, 1085 à 1097, Patri de Chaource ayant tué par malheur Geoffroi, fils de Geoffroi de Brûlon, Patri donna par accommodement, au père au défunt, la propriété et la seigneurie de l’église et du cimetière de Bernay, avec les dixmes et autres profits auxquels il avait droit dans la paroisse. Geoffroi transféra de suite ce don à l’abbaye de la Couture du Mans, à la charge de prier Dieu pour le repos de l’âme de son fils ; pourquoi lesdits religieux chantèrent mille messes, et reçurent un religieux gratis. Cette donation fut mise sur le grand autel de l’église de la Couture, et acceptée par Johel abbé, en présence de Geoffroi de Brûlon, de Patri de Chaource, de Bon et de Foulques de Montfaucon, de Robert de Folletorte, etc. — Quelque temps après, ce même Patri de Chaource, étant sur le point de faire le voyage de la Terre-Sainte, recommanda son fils aux religieux de la même abbaye, et leur donna la propriété de quelques terres, vignes et prairies qu’il possédait encore dans la paroisse de Bernay, avec un moulin et tous les droits féodaux qu’il y pouvait prétendre ; donation qui fut ratifiée par Hugues son fils. Voir pour la maison de Chaource, l’article saint-symphorien, et l’article sourches, ainsi qu’on prononce aujourd’hui.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était annexée au fief de Biest, réuni au marquisat de Sourches en Saint-Symphorien : la juridiction de ce marquisat, exercée par un bailli, un procureur fiscal et un greffier, dont les appels allaient à Sainte-Suzanne et à la Flèche, tenait à Bernay ; ses fourches patibulaires étaient également sur cette paroisse, au tertre des Bouderies, lieu très-élevé et dont l’horizon s’étend de 3 à 4 myriamètres.

Il y avait en outre à Bernay, le fief de la Roche-Tabari, réuni à la terre de Bordigné, appartenant encore aujourd’hui à la famille Thébaudin de Bordigné, originaire du Maine, qui s’est distinguée dans la magistrature, tant au présidial du Mans, que dans les cours supérieures à Paris ; celui de Quincé, qui de la famille Champion passa par mariage à celle de Tilly ; et celui de Chassai, appartenant à l’abbaye de la Couture du Mans : tous ces fiefs relevaient du marquisat de Sourches.

hist. civ. A une époque qu’on n’indique pas, Matignon, prêtre, fonda un collège à Bernay, dont le principal était à la nomination du curé, du syndic de la paroisse et des religieux de la Couture. — Le 8 janvier 1795, Bernay et plusieurs communes circonvoisines, furent le théâtre de voies de fait de la part des chouans. — Dans des notes fort intéressantes, qui m’ont été adressées par une personne respectable du pays, je trouve une nomenclature d’épithètes données vulgairement aux habitans de plusieurs communes de ce canton, d’après laquelle ceux-ci sont appelés les glorieux de Bernay. — Cette commune a produit Jean Bourdigné, historien. Voir la biographie.

hydrog. La rivière de Vègre arrose Bernay du N. au S. O. ; le ruisseau de Neuvy y coule du N. E. à l’O., et se perd dans la précédente, sur son territoire. — Moulin du Bourg, à blé, sur la Vègre.

géolog. Minéral. Sol montueux dans les parties O. et S. ; terrain secondaire offrant le calcaire jurassique à la superficie du sol, dont il existe des carrières immenses de la plus belle pierre de taille connue, d’un grain fin, égal et serré ; on y trouve aussi des marnes grises, dans lesquelles on rencontre des cristaux lenticulaires de chaux sulfatée (plâtre, gypse) ; du marbre grisâtre, argileux, peu susceptible de poli.

cultur. Terres argileuses douces et fertiles à l’O., sablonneuses et pierreuses dans la partie E. ; produisant froment, orge, méteil, en abondance ; avoine et seigle, moins ; trèfle, sainfoin, jarosses, pommes de terre, chanvre ; peu d’arbres à fruits ; bouquets de bois dits de Bordigné et de la Fabrique ; élèves de bestiaux, de porcs ; volailles, etc. — une douzaine de fermes principales, un plus grand nombre de bordages ; 50 charrues. Assolement quadriennal. Le terrain des fameuses carrières dites les Caves, dont parle Lepaige, exploitées de temps immémorial, est en culture et planté en bois aujourd’hui.

contrib. Foncier, 4,866 fr. ; pers. et mobil., 342 fr. ; port. et fen., 114 fr. ; 15 patentés : dr. fixe, 81 fr. 50 c. ; dr. proport., 39 ; Total, 5,442 fr. 50 c. — Chef-lieu de perception.

comm. agric. Exportation de grains, de graine de trèfle ; chanvre et fil ; bestiaux, porcs jeunes et porcs gras ; menues denrées.

comm. industr. Fabrique de quelques pièces de toile pour l’usage des habitans. Carrières en extraction, dont une dans le bois de la Fabrique, fournissant l’excellente pierre de taille dont il est parlé plus haut, et qui s’exporte au Mans : le beau château de Sourches, voisin de Bernay, fut construit de ce calcaire, il y a 50 ans. Sa qualité et sa beauté sont telles, que le géologiste Desmarest vint en visiter les carrières, et leur a consacré un article bernai, dans son Dictionn. de Géogr. phys. de l’encyclopédie méthodique.

march fréq. Conlie, Loué, Sillé. Bernay avait lui-même deux foires, et un marché qui tenait le lundi, lesquels sont supprimés.

rout. et chem. Une ancienne route du Mans à Laval ; une autre de Beaumont-sur-Sarthe à Sablé, par Conlie et Loué, passent sur le territoire et dans le bourg de Bernay.

habit. et lieux remarq. Le château de Bordigné, bien bâti, avec de beaux dehors ; la Roche-Tabary, Ouincé et Chassé, anciens fiefs, ne sont plus que des fermes actuellement.

établ. publ. Mairie, succursale ; instituteur et institutrice primaires ; résidence de notaire et de percepteur ; débit de tabac. Bureau de poste aux lettres à Sillé-le-Guillaume.