Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/AVESSÉ

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AVESSÉ, Avesio ; Voir sur l’étymologie, celle de l’article suivant.

Commune cadastrée, du canton et à 1 kilom. 7 hectom. S. O. de Brûlon ; de l’arrondisss. et à 31 k. N. N. O. de la Flèche ; à 32 k. O. du Mans. Autrefois du doyenné de Brûlon, de l’archid. de Sablé, de l’élection de la Flèche et du diocèse du Mans.

descript. Bornée au N. O. et-au N. par Viré et S.-Denis d’Orques ; au N. E. par Brûlon ; à l’E. par le même et par la rivière de Vègre et Chevillé ; à l’O. par Epineu-le-Séguin et Cossé-en-Champagne (Mayenne). Sa forme est celle de deux espèces de cercles irréguliers dont le plus grand, situé au S., est réuni au plus petit, situé au N., par une étroite bande formant un carré long. Diamètres : du N. au S., 7 k,. 3 h. ; de l’E. à l’O., 4 k. 8 h., dans le cercle au S. ; 2 k 4 h. dans celui au N. ; et 7 h. seulement, dans la partie la plus étroite de la bande qui réunit ces deux cercles.

Le bourg, situé à 8 h. de l’extrémité E. S. E. de la commune, et à 5 k. 3 h. de celle N., se compose d’un petit nombre de maisons formant deux lignes qui se réunissent à angle droit, et entourent l’église à l’O. et au S.

L’église, dont les ouvertures sont légèrement ogives et les arcades intérieures cintrées, annonce l’époque du 11.e siècle, ou le style de transition, hors une croisée, à quatre divisions ogives et à trèfle, qui paraît d’une construction postérieure. Clocher en bâtière, sur une forte tour carrée, placée à l’extrémité occidentale. Cimetière clos de murs, entourant l’église, au S. et à l’O. principalement. Autre cimetière, à 4.00 mètres et au S. du bourg, où on a cessé d’enterrer depuis un petit nombre d’années.

populat. Autrefois de 168 feux, actuellement de 182 ; elle se compose de 409 indiv. mâl., et de 462 fem. ; total 871, dont 92 dans le bourg.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclus. : mar., 49 ; naiss., 230 ; déc, 107. — De 1803 à 1812 : mar., 84 ; naiss., 245 ; déc., 193. — De 1813 à 1822 : mar., 57 ; naiss., 309 ; déc., 134.

hist. eccl. L’église d’Avessé est sous l’invocation de S. Gilles : la fête patronale ou assemblée a lieu le dimanche le plus prochain du 1.er septembre. La chapelle de S.-Antoine, située en Avessé, au N. O. de Brûlon, est très-fréquentée le jour de la fête de ce saint : il s’y dit 5 à 6 messes et un grand nombre d’évangiles. Les paroisses circonvoisines y font en outre célébrer quelquefois l’office par leur desservant, pour tacher d’avoir de la pluie ou du beau tems, selon que la sécheresse ou une trop grande humidité désole les campagnes. La cure était un prieuré de chanoines réguliers de S.-Augustin, de l’abbaye de la Roë en Anjou, dont l’abbé présentait à cette cure.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était annexée à la terre de Martigné ou Martigny, située sur son territoire ; elle passa de la famille de ce nom à M. Chenon du Boullay. Le château de Martigné appartient aujourd’hui à M. Goupil, naturaliste et médecin, qui ne fait qu’un objet de bienfaisance de cette dernière profession.

On trouve dans le supplément manuscrit de l’histoire de Sablé, par Ménage, la mention de Jeanne Champenois, dame de Caffen en Sablé et de Martigné en Avessé, femme de Jean Brehier. Cette dame mourut en 1502. Postérieurement, son fils Jean Brehier prend le titre de chevalier, seigneur d’Avessé, etc., etc.

Il est probable que la seigneurie d’Avessé dépendait de la baronnie de la Champagne-Hommet, dont le château de Verdelle, en Poillé, était le chef-lieu. Nous inférons ce fait de ce que Poillé et Avessé avaient des mesures qui leur étaient particulières, ce qui était un droit féodal. (Voir plus bas commerce agricole). Les terres fieffées de la Rue, la Rougerie, Noyau, en Avessé, relevaient des seigneurs de Juigné-Verdelle, ce qui vient à l’appui de cette opinion.

Il y avait en outre une seigneurie attachée à la métairie de Grezillon et de la lande de Poibelle. On y voit encore la butte féodale où se tenaient les assises.

hist. civ. La commune d’Avessé, comme presque toutes celles des cantons de Brûlon, de Sablé et autres circonvoisines de la Mayenne, prit une part active à l’insurrection royaliste, dans toutes nos guerres civiles, depuis 1792 jusqu’à 1814 inclusivement.

P. Renouard, dans ses Ess. hist. sur le Maine, pag. 316, cite cette commune comme l’une de celles dont les habitans accoururent en foule sous les drapeaux de M. de Bourmont, lorsque ce général eut envahi la ville du Mans, dans le mois d’octobre 1799.

Plusieurs rencontres eurent lieu, aux différentes époques de la chouannerie, entre les royalistes et le parti opposé, sur le territoire d’Avessé ; les uns et les autres firent du château de Martigné leur caserne, leur place d’armes ; et, dans la première de ces guerres, les républicains y furent même assiégés. Voir l’article brulon (Canton de).

antiq. Nous avons dit à l’article Athenay, que l’on trouverait à celui-ci, un usage singulier, confirmant de l’opinion émise par le Paige, sur l’usage d’enterrer dans les carrefours. De nouveaux renseignemens, pris à une source certaine, nous apprennent que ce qui se pratique à cet égard à Avessé, n’a rien que de moderne, ce qui ne détruit nullement ce que dit Lepaige, et ce nous avons ajouté pour y applaudir.

hydrogr. La rivière de Vègre arrose et fertilise la commune en la limitant à l’E. ; le ruisseau de Roche de Poil la traverse du N. au S. E., en passant à peu de distance au N. et au N. E. du bourg.

Moulins à blé, de Moudon, attaché à la seigneurie de Martigné et de Courcelle, sur la Vègre.

géolog. Passage des terrains intermédiaires ou de transition aux terrains secondaires ; les premiers bornés par le cours de la Vègre. Sol montueux sur toute la rive droite de cette rivière, de l’E. au S. de la commune, offrant le calcaire marbre, tandis que les roches de la rive opposée donnent le grès ; montueux également au N. et au N. E. du bourg, ainsi qu’au S et au S. O. Il est évident que l’anthracite doit exister dans la partie O. d’Avessé, puisque le hameau du Bois-des-Loups touche à la ferme de la Dorbélière, en Poillé, où ce fossile est en pleine exploitation.

hist. natur. Peu de communes nous offriront autant de richesses en histoire naturelle que celle d’Avessé, grâce aux explorations de M. Goupil, qui y fait son séjour le plus habituel. C’est à sa complaisance et à l’intérêt qu’il prend à notre travail, que nous devons l’accueil plein de cordialité que nous en avons reçu en visitant son canton, et la plupart des renseignemens que nous pouvons offrir, sur l’une des contrées les plus intéressantes du département.

Minéral. Anthracite, marbre coquiller gris, contenant des gryphées et des térébratules, formant en entier le coteau qui longe la rive droite de la Vègre ; calcaire grossier : il renferme plusieurs espèces d’ammonites et de térébratules, des nautiles, peignes et bucardes, un troque, quelques bélemnites et oursins, etc. ; grès ferrifère, dit roussard, dans lequel on rencontre des morceaux fort riches de minerai de fer ; ludus calcaire, etc.

Coquilles terrestres et fluviatiles. Auricula minima, Bulimus acicula, Clausilia dubia, Hélix aculeata, Planorbis imbricatus, Cyclostoma viride, Pupa vertigo, P. antivertigo et P. pigmæa ; Testacella haliotidea, Valvata planorbis : toute nommées d’après draparnaud, se sont rencontrées, à peu près, sur la terre de Martigné.

Plant. rar. Callitriche pedunculata, dec. ; Cardamine amara, lin. ; Caucalis grandiflora, lin. ; Helleborus viridis, lin. ; Hypericum dubium, leers : Lamium hybridum, {{sc|vill. ; Leersia orysoïdes, willd. ; Lolium arvense, smith. ; Lotus diffusus, smith. ; Myosurus minimus, lin, ; Pyrethrum inodorum, smith. ; Ranunculus tripartitus, dec. ; Rosa canina, grandiflora, thory ; Selinum carvifolia, lin. ; Trifolium Michelianum, savi.

cadastr. Nous avons donné sur cette commune les indications topographiques, d’après le plan cadastral ; mais la division des terres par nature de culture et leur estimation, ne pouvant être encore à notre disposition, nous les renvoyons au supplement.

contrib. Foncier, 5,839 fr. ; pers. et mob., 435 fr ; port. et fen., 160 fr. ; 14 patentés : dr. fixe, 83 fr. 50 c. ; dr. prop, 37 fr. ; Total, 6,554 fr. 50 c. — Perception de Brûlon.

cultur. Terrain médiocrement productif en céréales ; de bonnes prairies sur les bords de la Vègre et du ruisseau de Roche-de-Poil. Culture principale en seigle ; froment et orge, beaucoup moins ; très-peu d’avoine et menus ; peu de prairies artificielles ; pommes de terre ; peu de chanvre, davantage de lin ; arbres à fruits. Beaucoup d’élèves de bestiaux.

Assolement triennal perfectionné, dans lequel on fait emploi de chaux. Un petit nombre de grosses fermes, beaucoup de moyennes et de closeries ; 52 charrues. Beaucoup de domaines affermés à moitié, les plus considérables surtout.

comm. agric. Exportation d’un tiers environ des céréales ; pommes de terre, chanvre, lin, graine de trèfle, fil, cidre, fruits, beurre, menues denrées ; beaucoup de bœufs et vaches, porcs, etc., l’éducation des bestiaux étant la principale ressource agricole des cultivateurs, fort curieux de faire de beaux élèves.

Avessé, comme nous l’avons dit, avait, avec Poillé, des mesures particulières pour les liquides et pour les grains, dont voici la comparaison avec les mesures métriques : pinte, 1 litre 40 centil. ; boisseau, ras, 20 litres 02 centil., comble, 22 litres 86 centil.

comm. industr. Extraction du marbre et du calcaire grossier, employés, le premier à faire de la chaux, le second à bâtir, tous les deux à l’encaissement de la route de Sablé à Brûlon. 20 à 25 métiers, servant à confectionner 80 pièces de toiles environ, en lin ou en chanvre, en 2/3, depuis 50 jusqu’à 150 aunes de long, tant pour le commerce que pour les particuliers : les premières, celles en lin, se vendent à Laval, les secondes, à Loué.

march. fréq. Brûlon, Loué, Sablé ; les deux derniers pour les bestiaux et les grosses provisions, et pour les toiles le second.

rout. et. chem. La route de Sablé à Brûlon, en assez bon état sur la commune ; les chemins vicinaux très-mauvais.

habit. et lieux remarq. Martigné, ancien château, en grande partie à la moderne, habité et réparé par M. Goupil ; l’extrémité du jardin forme une terrasse élevée sur le vallon de la Vègre, dont l’aspect est charmant. Noyau, jolie maison moderne, appartenant au maire, M. Charpentier. Courcelle, ancien fief, comme son nom l’indique, qui possédait le moulin de ce nom : ce devait être, dans l’origine, le véritable lieu seigneurial. La Salle, nom qui exprime une dépendance de quelqu’autre manoir féodal ; les Minerais, hameau, qui indique qu’autrefois on y a exploité le fer que nous avons signalé dans le grès ferrugineux.

établ. publ. Mairie, succursale, bureau de bienfaisance doté par M. Chenon du Boullay. Bureau de poste aux lettres à Sablé.