Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/AVÉZÉ

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AVÉZÉ, AVÉSÉ ; Avezia, Avesea, Aveseia, Avezeium ; étymologie inconnue, comme celle de l’article précédent ; nous remarquerons seulement, que ce nom, comme celui de l’article qui suit, paraît indiquer ou une position sur une rivière, ou des prairies, ou ces deux circonstances à la fois.

Commune cadastrée, du canton et à 5 kilom. N. N. E. de la Ferté-Bernard ; de l’arrondiss. et à 27 k. S. E. de Mamers ; à 44 k. N. E. du Mans. Jadis du doyenné de la Ferté, de l’archid. de Montfort, du diocèse et de l’élection du Mans. — Distances légales, 6, 31 et 51 kilom.

descript. Bornée au N. et au N. E. par l’Hermitière et le Teil (Orne), dont un ruisseau la sépare ; à l’E. par Ceton (Orne), dont elle est séparée par un autre ruisseau ; au S. E. par Cherreau ; à l’O. par la rivière de Même, et Souvigné au-delà ; et au N. O. par S.-Germain-de-la-Coudre (Orne). Cette commune fait l’extrémité du département de la Sarthe, sur la route de seconde classe de Nantes à Paris. Sa forme est celle d’une ellipse ou d’un pentadécagone irréguliers, s’étendant du N. N. O. au S. S. O., en traversant le beau vallon de l’Huisne, rivière qui la divise en deux parties, dont l’une, sur la rive droite, est beaucoup plus large de l’E. à l’O. que celle sur la rive gauche. Diamètre central du N. au S., égal au cours de l’Huisne, 5 k. ; de l’E. à l’O. 4 k. Plus grand diamètre, du N. N. O. au S. S. E., 9 k. 5 h. ; plus petit, à 2 k. de l’extrémité S. S. E., 1 k. 5 h.

Le bourg, situé à peu près au milieu de la commune, sur la rive gauche de l’Huisne, que l’on y passe sur un pont en bois, se compose d’une rue qui fait le prolongement du chemin conduisant de la grande route à la rivière, de l’E. à l’O. ; et d’une seconde rue longeant l’extrémité O. de l’église, à angle droit de la précédente ; avec de nouvelles constructions qui en vont faire une troisième à l’E. Deux fontaines, d’eau de source, alimentent ce bourg que la rivière longe du N. au S.

L’église, passablement grande, ayant un bas-côté au N. ; ouvertures et arcades intérieures ogives, construction du genre gothique primitif ou secondaire, au moins, ce qui en porte la construction du 12.e au 13.e siècle : on remarque encore aux croisées quelques fragmens de vitraux coloriés. Le clocher en forme de gaine, rétrécie par le bas, est placé sur une énorme tour carrée, solidement construite en pierres de taille. Le cimetière entoure l’église au S., à l’E. et au N. ; il est clos de murs assez mal entretenus.

populat. Portée à 167 feux autrefois, elle se compose actuellement de 309, qui consistent en 738 indiv. mâl. et 783 fem. ; total 1,520, dont 350 dans le bourg. Trois hameaux principaux, les Burotières et les Hêtres, contenant chacun 50 à 55 individus ; le Boulay 30.

Mouv. decenn. De 1803 à 1812 inclus, mar., 66 ; naiss., 388 ; déc., 372. — De 1813 à 1822 : mar., 96 ; naiss., 359 ; déc., 245.

hist. eccl. L’église, dédiée à S. Pierre et S. Paul ; assemblée principale, qui tenait le mardi de Pasques, portée depuis quelques années au dimanche d’après la Quasimodo : celle de la S. Pierre nulle.

La cure, ancien prieuré de l’abbaye de S.-Aubin d’Angers, était à la présentation de l’abbé. L’évêque Mainard, qui siégea au Mans, de 950 à 970, donna cette cure à son chapitre. On ne dit point comment elle passa depuis à l’abbaye de S.-Aubin.

En 1445, Nicolas Bellème, docteur en théologie, fonda à Avézé une prestimonie de son nom, pour l’établissement d’une première messe les dimanches et fêtes. Le prêtre qui en était pourvu, devait y résider, et aider le curé dans toutes ses fonctions. La commune étant assez forte en population, on accorde encore aujourd’hui un vicaire au curé-desservant.

La dame Marguerite du Crochet, femme d’Alcibiade de Courcelles, seigneur de la Proûterie, fonda en 1637, une confrairie du Rosaire dans l’église d’Avézé.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était un membre de la baronnie de la Ferté-Bernard : elle appartenait, comme cette baronnie, à la maison de Richelieu, depuis 1641. Voir l’art. Ferté-bernard. Il existait plusieurs autres fiefs dans la paroisse ; celui de la Proûterie, celui des Seilleries ; le fief de la Pelice, dont le chef-lieu était en Cherreau ; Glaye, dont les terres et le château ont été réunis à Ceton (Orne), depuis une vingtaine d’années.

La majeure partie de la paroisse formait, avec celle de Cherreau et de Souvigné, un baillage de la châtellenie de la Plesse, en Cherreau, dépendant de la baronnie de la Ferté. Le surplus, composé de 13 feux, situés à l’extrémité N. O., appelé Ressort de Ravine, du ruisseau de ce nom, dépendait de l’élection de Mortagne, dans le Haut-Perche. Suivant des mémoires anciens, qui parlent d’Avézé, la mesure de l’arpent des prairies de cette paroisse, différait de moitié, en plus, suivant les uns, en moins, suivant les autres, de celui des prairies de Souvigné, qui, dans le premier cas aurait été de 60 perches, de 120 dans le second. Il est possible que cette différence n’eut lieu que pour la partie du ressort de Ravine : c’est une conjecture sur laquelle nous n’oserions rien affirmer.

Le château de la Proûterie, dans une situation charmante, sur le coteau N., à 2 k. 6 h. du bourg, domine le vallon de l’Huisne jusqu’à la Ferté, au S. ; et jusqu’à Nogent-le-Rotrou, au N. E. Il appartenait, comme nous l’avons vu, dans la première moitié du 17.e siècle, à la dame de Courcelles, née du Crochet, qui en avait hérité de ses pères. Il passa ensuite à la maison d’Angennes, qui le vendit à un M. Gayot, doyen de la cour des aides de Paris ; et depuis à M. Gondouin, ancien notaire de Paris, homme recommandable par une illustre liaison, celle avec Volney, qui, dans une lettre datée de Philadelphie le 23 janvier 1793, écrite à un tiers, le qualifie du titre de son ami ; et par la confiance du roi actuel qui, lors de sa sortie du royaume en 1790, lui laissa une somme considérable en dépôt. Le fils de M. Gondouin, aussi notaire à Paris, a hérité de cette propriété.

hist. civ. En 1810, l’abbé René-François Guyon, curé d’Avézé dès avant la révolution, légua à la commune le bordage de la Croix, affermé actuellement 721 fr., pour l’établissement de trois sœurs chargées de faire l’école aux enfans indigens et de donner des soins aux pauvres à domicile. La maison dans laquelle ces sœurs sont logées et tiennent un pensionnat, appartient à la commune. Le même curé Guyon légua également le presbytère qui lui appartenait.

M. Gondouin père, donna au bureau de charité d’Avézé, le 24 août 1824, une rente annuelle sur l’État, de 47 fr.

L’histoire civile d’Avézé offre une particularité remarquable, relative au caractère de ses habitans. Son territoire fertile y rend aisés les cultivateurs intelligens ; et les habitans du bourg, également adonnés à la culture, pour la plupart, et participant de l’aisance qu’elle procure, sont néanmoins turbulens et tracassiers. Mon respectable père, qui fut le premier juge de paix du canton rural de la Ferté, qui le fut pendant dix années, et dont l’esprit était si conciliant, avait remarqué que cette commune seule lui fournissait autant d’affaires de police que le reste de son canton, quoiqu’elle n’en formât pourtant que le 5.e ou le 6.e de la population totale.

hydrogr. L’Huisne, riv., traverse la commune du N. N. E. au S. S. O., et la sépare en deux parties ; la Même, autre riv., la borne au S. O., en la séparant de Souvigné ; le ruiss. de Ravine, qui coule de deux sources situées au S. et au S. E. du bourg de l’Hermitière (Orne), se dirige au S. E. et sert de limite entre les deux départemens de ce côté ; son confluent est dans l’Huisne, vis-à-vis la ferme de Maroisse, au-dessous du Theil, après 4 k. de cours. Le ruiss. de Jaux, prend sa source dans le petit étang du même nom, à l’extrémité S. E. de la commune, coule de l’E. à l’O., et se jette aussi dans l’Huisne peu au-dessus du moulin d’Avézé : cours 2 k. 7 h. Enfin, celui de Chantenai, venant de la ferme de ce nom, dans la direction de l’E. au N. O., se perd dans la même rivière, au-dessous de la ferme de la Mouchetière, après un cours de 4 k. 1/2. Etang de Jaux, déjà cité.

Moulin d’Avézé, sur l’Huisne, à 2 roues et à blé.

géolog. Le vallon de l’Huisne, de 2 à 3 k. de largeur, est dominé par deux coteaux au N. O. et au S. O., boisés, surtout le premier ; ayant jusqu’à 100 mètres d’élévation. On l’apperçoit, lorsque venant de Paris, par la grande route qui conduit à Nantes, on quitte les bois qui l’ont masque depuis Nogent-le-Rotrou ; « on le découvre de nouveau, pour ne plus le perdre de vue, du haut de la côte de Queune ou de Maroisse, que l’on va descendre, et d’où l’on remarque sur l’autre rive le village du Theil, dépendant de l’Orne, ensuite le château de la Proûterie, celui de Beauvais, en Ceton, et à une lieue en face le village d’Avézé, que la route va longer à droite. On est dans la partie la plus agréable de la route, depuis Versailles jusqu’au Mans ; l’on découvre, du haut de la même côte, le territoire de la Ferté-Bernard, ou le Pays Fertois (l’entrée du département de la Sarthe, de ce côté) qui se présente sous un aspect ravissant. On voit se développer la vallée large, belle et verdoyante de l’Huisne ; des coteaux rians et sinueux se dessinent sur la rive opposée, et les campagnes qu’on traverse sont elles-mêmes aussi riches que gracieuses. C’est au milieu de ce joli paysage qu’est située la petite ville de la Ferté-Bernard.... » Vaysse de Villiers, Itinér. descrip. L’auteur de cette description a bien rendu, mais n’a pas surchargé le tableau : il n’a été que l’écho de tous les voyageurs, que vingt fois nous-même avons vu s’extasier à l’aspect de ce charmant paysage. Nous avons visité celui de Montlignon, dans la vallée de Montmorency, que l’on cite comme une autre vallée de Tempé, et son aspect n’a fait que nous rappeler le paysage dont on vient de lire la description, moins les belles et agréables prairies de l’Huisne, qui manquent à Montlignon.

Terrain secondaire, dont le calcaire à bâtir et le grès forment les roches au S. E. ; le calcaire coquiller au N. O.

hist. natur. Minéral. Calcaire grossier à bâtir, et grès déjà cités ; marnes blanche et grise, dans le vallon ou au bas des côtes seulement, et dans lesquelles on rencontre des débris de coquillages ; argile à brique ; sables quartzeux, etc. Coquilles fossiles, comme à l’article Souvigné-sur-Même, auquel nous renvoyons.

cadastr. La superficie de la commune est de 2,083 hect., 3 ares, 56 cent., divisés ainsi qu’il suit : Terr. labour, 1,119 hect., 47, ar., 50 cent. ; en 5 class., de 36, 30, 22-50, 13-50 et 4 fr. 50 cent. — Terrain d’agrém. et vivier., 8-62-40 ; à 36 fr. — Mares, 0-04-60 ; à 1 fr. — Jard. potag., 16-74.-43 ; en 4 cl. : 63, 54, 45 et 36 fr. — Landes, 6-68-40 ; en 2 cl. : 7 fr. et 3 fr. 50 c. — Pâtis, 3-31-80 ; à 2 fr. Pâtures, 1-89-40 ; en 2 cl. : 30 et 15 fr. — Prés et herbag., 448-68-73 ; en 5 cl. : 72, 60, 45 et 30 et 15 fr. — B. taillis, 395-70-00 ; en 5 cl. : 12, 9, 7, 4 et 3 fr. — B. futaie, 0-11-10 ; à 12 fr. — Sapin, et aulnaies, 7-42-00 ; à 9 fr. — Superf. des propr. bât., 18-19-50 ; en masse, 655 fr. 09 c. Objets non imposables : Egl., cimet., presbyt,, rout. et chem., 42-36-50. — Riv. et ruiss., 13-77-20 = 287 maisons, en 6 cl., de 6 à 75 fr. — 1 chât., 200 fr. — 1 moulin, 270 fr. — 1 tuilerie, 60 fr.

total du Revenu imposable de la commune, 59,353 f. 78 c.

contrib. Foncier, 10,314 fr. ; pers. et mob., 798 fr. ; port. et fen., 206 fr. ; 23 patentés : dr. fixe, 154 fr. 50 c. ; dr. prop., 58 fr. ; tôt., 11,530 fr. 50 c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol fertile dans le vallon où des herbages abondans et de première qualité forment des prairies sur la rive droite de l’Huisne ; terrain argileux, sablonneux et caillouteux sur les deux coteaux décrits ; la majeure partie de celui N. O., plantée en bois. Culture du froment, de l’orge et du méteil, principalement ; très-peu de seigle ; avoine, chanvre, pommes de terre, trèfle ; arbres à fruits ; élèves de bestiaux de toutes sortes ; de chevaux, en moindre quantité ; engrais des bœufs.

Assolement quadriennal, pour les principales fermes, au nombre de 40 ; triennal, pour les petites, dites bordages, à-peu-près en nombre égal ; 80 charrues.

comm. agric. Exportation d’un quart environ des grains produits ; engrais des bœufs, venant du Poitou, de l’Anjou, de l’Ouest du département et de celui de la Mayenne, qui s’achètent maigres aux marchés de carême du Mans, aux foires de pâques de Sablé, etc. et qui se vendent gras aux marchés de Sceaux et de Poissy, pour l’approvisionnement de Paris ; jeunes chevaux ou poulains, jeunes vaches, moutons, porcs jeunes et porcs gras ; laine, graine de trèfle, chanvre, fil, pommes de terre, fruits et cidre en abondance ; beaucoup de beurre, fromages, volailles, menues denrées.

comm. industr. Exploitation du grès, dit moëllon, et de la pierre calcaire, pour bâtir ; de la marne, etc. ; une tuilerie ; 5 à 6 métiers à toile de chanvre, dite commune, de commande, pour la consommation des habitans.

march. fréq. La Ferté-Bernard, principalement ; Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).

rout. et chem. La route royale de 2.e classe, de Paris à Nantes, traversant la commune de l’E. à l’O ; un joli et bon chemin, simulant une route, conduisant du bourg au château de la Proûterie.

habit. et lieux remarq. La Proûterie, citée ; la Chevalerie, ferme ; la Clergerie, hameau ; la Forge, ferme ; noms qui indiquent des établissemens dont il ne reste plus d’autres traces. Le dernier indique-t-il seulement la présence du grès ferrugineux, pris pour un minerai de fer ; ou bien ce minerai y existe-t-il ; ou, plutôt, y rencontre-t-on des scories produites par d’anciennes forges des romains ? Il nous est impossible de répondre à cette question, la géologie et l’archéologie de cette commune n’ayant point été étudiées avec soin.

etabl. publ. Mairie, succursale, trois sœurs d’Evron (V. plus haut hist. civ.), un instituteur primaire. Bureau de poste aux lettres à la Ferté-Bernard.