Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance/Carquois

Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance
VE A. MOREL ET CIE, ÉDITEURS (tome 5p. 251).

CARQUOIS, s. m. (couire, curie). Étui des flèches.


« Curies, targes, prennent è lor ars maniers tendent,
« Saetes è carrels sagement lor despendent[1]. »

Les carquois de l’époque carlovingienne , ainsi que ceux, des populations germaines, étaient cylindriques, suspendus en bandoulière ou attachés à la ceinture du côté droit, et munis d’un morceau de peau à l’ouverture supérieure, qu’on rabattait sur les flèches pour les préserver de l’humidité. Des carquois de cette sorte sont représentés sur les beaux bas-reliefs du socle de la colonne Trajane. Nous les voyons encore figurés sur les monuments des xi- siècle et xiie siècle, bas-reliefs, miniatures, peintures (voy. Arc, fig. 3 et 3 bis). Plus tard, vers la première moitié du xiiie siècle, ils sont parfois représentés méplats, entourés de lanières de cuir, ou faits de cuir bouilli, avec couvercle. Les archers des xiv- siècle et xve siècle ne portent plus le carquois, mais un sac de cuir fermé, dont, au moment de combattre, on extrayait un certain nombre de flèches qu’on passait dans la ceinture. L’archer à pied, redouté pendant ces derniers temps, ne paraît pas s’embarrasser, pendant l’action, de ce sac de cuir. Il se contente d’un paquet de flèches libres, attachées par une courroie ou disposées derrière son dos, la penne tournée en haut, du côté droit (voy. Arc, fig. 8). Quant à l’archer à cheval, à dater du xive siècle, il portait ses flèches dans un sac de peau ou de toile derrière son dos (voy. Arc, fig. 10).

L’arc n’étant point une arme propre aux gentilshommes, à dater du xe siècle, l’enveloppe des flèches était extrêmement simple, et à dater de l’époque carlovingienne on ne trouve plus d’exemple de ces carquois enrichis d’or ou de pierreries tels que ceux en usage dans l’Orient, et tels aussi que le carquois d’or trouvé près de Poitiers, travaillé au repoussé, et que l’on croit avoir appartenu à un guerrier hun.

  1. Le Roman de Rou, vers 4088.