Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance/Boucle
BOUCLE, s. f. (mors, mordant). L’article relatif aux baudriers donne des exemples de boucles très-simples, composées comme celles que nous fabriquons encore aujourd’hui. Il est fait mention, dans ce même article, de ces boucles de ceintures militaires mérovingiennes, faites de fer avec incrustations d’argent. Le luxe de cet objet ne paraît pas, dans l’armement, s’être perpétué après le règne de Charlemagne ; mais vers la fin du xiiie siècle on se reprit du goût pour les joyaux appliqués aux vêtements militaires et au commencement du xive siècle on se plaisait à orner d’orfèvrerie les heaumes, les baudriers et parfois aussi les ailettes, les grèves, les spallières et cubitières. La statue de Charles, comte d’Étampes, déposée aujourd’hui dans l’église de Saint-Denis et provenant des Cordeliers de Paris, présente un baudrier orné d’une boucle extrêmement riche (fig. 1). L’ardillon de la boucle passe dans la gueule d’un lion dont le mufle était rivé à la courroie. Celle-ci était, sur toute sa longueur, décorée de passants A et de têtes de lion B très-délicatement travaillées. La bielle de la boucle est composée de deux dragons affrontés et entre le museau desquels l’ardillon vient se loger. En C, est figuré l’ensemble du baudrier porté. Cet exemple montre comme le luxe entrait dans les détails de l’armement à cette époque. Mais, sous ce rapport, les Italiens et les Anglais semblent nous avoir dépassés, et ce ne fut qu’à la fin du xive siècle qu’en France l’orfèvrerie prit une grande place dans l’habillement de guerre des gentilshommes.