Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance/Boce
BOCE, BOCÈTE, s. f. Rondelles sous les têtes de rivets des armures de plates ; faites de cuivre, d’argent et même d’or. Lorsqu’on posait un rivet sur les armures dont l’exécution était soignée, on posait sous la tête du rivet, vue extérieurement, une rondelle d’un métal doux pour que la rivure serrât fortement. Ces rondelles sont appelées bocêtes dans les inventaires : « C’est assavoir, pour faire la garnison de 2 bacinès et d’une gorgerette, c’est assavoir 70 vervelles, 20 bocêtes, tout d’or... » — « Pour faire forger 200 bocêtes pour deux heaumes, pesant 6 onces d’argent[1]... » Ces bocètes étaient souvent finement ciselées.
La figure 1 montre quelques échantillons, datant de la fin du xive siècle, de rivets avec et sans bocètes, grandeur d’exécution.
On donnait aussi le nom de boce à une petite targe ronde qui était attachée au fourreau de l’épée et qu’on tenait de la main gauche pour combattre à pied et parer les coups d’estoc. Cette arme défensive était surtout usitée en Italie et ne servait guère que dans les combats singuliers (fig. 2[2]). Les gens de pied portaient aussi de ces sortes de boces, en France, vers le milieu du xve siècle, ainsi que le fait voir la figure 3[3]. Ce fantassin est vêtu d’un haubert de mailles à manches larges ne couvrant que les arrière-bras, avec jacque d’étoffe par-dessus. Il est coiffé de la salade du piéton, à larges bords et à vue. Sur le jacque est enfourmé un chaperon blanc. Au fourreau de l’épée est suspendue la boce, qui plus tard prit le nom de rondache et qui, faite d’acier, avec mamelon au centre et bords relevés, était souvent percée de petits trous, afin d’engager la pointe de l’épée de l’adversaire. Ce fantassin s’appuie sur un fauchard.On appelait encore boces ou bocètes (bossettes) des ornements circulaires bombés qui ornaient les harnais des chevaux. Ces boces étaient parfois émaillées ou finement ciselées et enrichies de pierres fines. (Voyez Harnais.)