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STATION, s. f. C’est ainsi qu’on désignait, pendant le moyen âge, les points d’un chemin où s’étaient arrêtés les pèlerins ou les cortèges qui transféraient des reliques de corps-saints. Les translations de reliques donnaient lieu, de la part des populations, à des manifestations religieuses dont aujourd’hui nous ne pouvons nous faire une idée. Tous ceux qui avaient quelque grâce à demander au ciel, se transportaient sur le passage des reliques, et espéraient obtenir l’accomplissement de leurs vœux par l’intercession du saint dont ils pouvaient approcher les restes. L’empressement redoublait autour des châsses, si ceux qui les transportaient faisaient une halte ; alors c’étaient des guérisons subites de malades ayant la foi, ou des punitions terribles des incrédules et profanateurs. On consacrait ordinairement le souvenir de ces haltes dans la campagne par un petit monument, une pierre, une croix, un reposoir (voyez Reposoir).

Quand Philippe le Hardi fit transporter les restes du roi son père à l’abbaye de Saint-Denis, il accompagna et voulut même porter la châsse qui contenait les ossements rapportés de Tunis à Paris. Le funèbre cortège fit le trajet à pied, et s’arrêta plusieurs fois sur le chemin. Et, dit Corrozet[1], « furent édifiées des stations et reposois, en façon de pyramides, à chacune desquelles sont les effigies de trois roys et l’image du crucifix à la poincte, ainsi qu’on les voit encores de présent. Aucuns les appellent mont-joyes. » Il ne reste plus aujourd’hui qu’un fragment de ces stations sur le bord de la Seine, à Saint-Denis même.

  1. Les Antiquitez de Paris, par G. Corrozet Parisien, 1586.