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ENFER, s. m. Le séjour des damnés est représenté habituellement dans les peintures et les sculptures du moyen âge par une gueule monstrueuse dans laquelle s’engloutissent les réprouvés. Dans l’Office des morts, on lit cette prière : « Libera me, Domine, de morte œterna, de manu inferni, de ore leonis, etc. » Les artistes anciens ont traduit le texte à la lettre. Sur le linteau de la porte principale de la cathédrale d’Autun, qui date du XIIe siècle, on voit, en effet, dans le Jugement dernier, du côté des damnés, deux mains colossales qui s’emparent d’un ressuscité. Quant aux gueules indiquant l’entrée de l’enfer, on les retrouve sur quantité de bas-reliefs et de peintures. L’idée de classification des damnés dans l’enfer par genres de peines en raison des causes de la damnation est une idée dont on retrouve très-anciennement la trace dans les monuments du moyen âge, et le Dante n’a fait que donner à ces traditions une forme poétique, qui résume dans son œuvre tout ce que les artistes occidentaux avaient peint ou sculpté sur les monuments religieux. En effet, dans des édifices des XIe et XIIe siècles, nous voyons l’avarice, la luxure, l’orgueil, la paresse, etc., subissant en enfer des peines proportionnées à ces vices. Les avares sont accablés sous le faix de sacoches d’argent suspendues à leur cou ; ceux qui se sont abandonnés aux plaisirs des sens sont dévorés par des animaux immondes ; les orgueilleux sont précipités à bas de chevaux lancés au galop ; des crapauds s’attachent aux lèvres des calomniateurs, etc. (voy. jugement dernier, vice).