CRÉATION, s. f. La création du monde est fréquemment représentée en sculpture sur les portails des églises des XIIIe et XIVe siècles, et en peinture dans les vitraux. Nous l’avons dit ailleurs (voy. Cathédrale), les grandes églises bâties à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe par les évêques de France à la place des vieilles cathédrales romanes, pour réunir un très-grand nombre de fidèles et pour offrir aux populations des villes de vastes espaces couverts propres aux réunions civiles, politiques et religieuses, étaient couvertes de sculptures et de peintures sur verre qui reproduisaient les scènes de l’Ancien et du Nouveau-Testament, les prophéties, des légendes, et présentaient à la foule une véritable encyclopédie figurée de l’état des connaissances humaines à cette époque. Naturellement la création, les zodiaques, les travaux de l’année n’étaient pas oubliés, et sont, le plus souvent, sculptés sur les portails des cathédrales. Une des plus remarquables représentations de la création se voit taillée dans la voussure de la grande baie de droite de la façade occidentale de la cathédrale de Laon (commencement du XIIIe siècle).
Les sujets commencent par la gauche : le premier (1) représente Dieu pensant à l’œuvre à laquelle il va se livrer ; il semble supputer le nombre de jours qu’il lui faudra pour terminer son ouvrage. Dans le second compartiment, placé au-dessus du premier, Dieu crée la hiérarchie céleste ; dans le troisième, il sépare la terre des eaux ; dans le quatrième, il forme le ciel ; dans le cinquième, la terre, sous forme de plantes ; dans le sixième, il crée les poissons et les oiseaux ; dans le septième, l’homme et des quadrupèdes ; dans le huitième (2), Dieu est assis et dort la tête appuyée sur un bâton. Le neuvième sujet représente des anges et des hommes qui adorent Dieu ; celui-ci paraît admirer son œuvre. Le dixième sujet indique la destinée humaine. Un personnage de grande taille, couronné, porte sur ses genoux deux autres petits personnages, également couronnés, qui l’adorent. Deux anges apportent des couronnes à droite et à gauche de la tête du personnage principal : ce sont les élus réfugiés dans le sein de Dieu. Dessous ses pieds, une grosse tête de démon dévore un homme nu : c’est l’enfer et ses victimes. On voit des bas-reliefs fort beaux représentant la création sur les soubassements de la porte de gauche de la cathédrale d’Auxerre (fin du XIIIe siècle). Les sujets de la création se trouvent sculptés à la cathédrale de Rouen, au portail des Libraires (XIVe siècle). À Chartres, à Reims, on trouve également une belle série de ces mêmes sujets sculptés sous les voussures des portails.