Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Basilique

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BASILIQUE, s. f. Chez les Grecs et les Romains de l’antiquité, la basilique était une salle plus longue que large, souvent avec bas-côtés et tribune au-dessus, terminée, à l’extrémité opposée à l’entrée, par un hémicycle. C’était là qu’on rendait la justice, que se traitaient les affaires commerciales comme dans nos Bourses modernes. Parmi les édifices qui entouraient le forum, la basilique tenait une des premières places. Vitruve la décrit, en indique l’usage et les dimensions.

Les basiliques antiques possédaient quelquefois des doubles bas-côtés ; telle était la basilique Émilienne dont le plan est tracé sur les fragments de marbre du grand plan de Rome levé sous Septime-Sévère. Lorsque les chrétiens purent pratiquer leur culte ostensiblement, ils se servirent de la basilique antique comme convenant mieux aux réunions de fidèles que tout autre édifice du paganisme ; les premières églises qu’ils élevèrent en adoptèrent la forme. À proprement parler, il n’y a pas en France, depuis le Xe siècle, de basilique (voy. Architecture, Architecture Religieuse).

Ce nom fut seulement appliqué à quelques églises primitives de Rome, telles que Saint-Pierre[1], Sainte-Marie-Majeure, Saint-Jean-de-Latran, qui sont les trois grandes basiliques chrétiennes de premier ordre. Saint-Laurent, Sainte-Agnès, Saint-Paul (hors les murs) et plusieurs autres églises de la cité antique, conservent aussi le titre de basilique. En France, quelques-unes de nos églises obtinrent des papes le privilège d’être désignées comme basiliques ; mais, au point de vue architectonique, on ne peut leur donner ce nom. Le plan et les dispositions générales de la basilique antique peuvent convenir aux églises chrétiennes ; mais ces monuments ne doivent être considérés que comme l’appropriation d’un édifice antique à un besoin moderne, non comme la réalisation d’un programme arrêté ; cela est si vrai, que les constructeurs du moyen âge, du moment qu’ils abandonnèrent les traditions abâtardies de l’antiquité, cherchèrent de nouvelles dispositions comme plan, et un nouveau système de construction ; c’est ce qui a fait dire à beaucoup de personnes s’occupant des arts religieux, que les églises romane et ogivale étaient les seules qui fussent vraiment chrétiennes.

Si cela n’est pas soutenable au fond, puisque dans la ville chrétienne par excellence il n’existe pas une église bâtie suivant la donnée romane ou ogivale, nous sommes bien forcés de reconnaître que le christianisme, en Occident, a trouvé une forme nouvelle qu’il a merveilleusement appliquée aux besoins du culte. On peut adopter ou repousser cette forme, elle n’appartient pas moins au catholicisme ; bonne ou mauvaise, c’est son œuvre.

  1. Si Saint-Pierre de Rome a conservé son nom de basilique, il n’est pas besoin de dire que la disposition de l’édifice actuel ne rappelle en rien celle des basiliques primitives.