Dictionnaire pratique et historique de la musique/Harmonica
Harmonica, n. m. Instrument
autophone composé d’une série de
verres de cristal que l’on accorde sur
des degrés différents en y versant
plus ou moins d’eau ; le plus ou moins
d’élévation du niveau de l’eau dans
le corps sonore a pour effet d’en
modifier l’élasticité et par conséquent
d’abaisser ou d’élever le son, qui sera
produit par le frottement des doigts,
préalablement mouillés, sur les bords
du verre. Sous cette forme primitive,
qui subsiste encore dans les spectacles
forains, l’H. était connu déjà
dans la seconde moitié du xviie s.
On désigne l’Irlandais Richard Pockrich
comme le premier musicien qui
en joua en public, en 1743. Intéressé
par la sonorité de l’instrument, Gluck
ne dédaigna pas de s’y exercer et de
se produire à Londres, en 1746, comme
exécutant sur un jeu de 26 verres,
accompagné par l’orchestre. C’est
après avoir entendu Pockrich, en 1762,
que Benjamin Franklin entreprit de
construire d’après le même principe
un instrument nommé par lui Armonica,
et bientôt connu sous le nom
d’H., qui se composait d’une série de
verres ou bassins de cristal demi-sphériques,
disposés verticalement dans
l’ordre de grandeur décroissante sur
un axe mis en rotation par
un système de pédale ;
chaque verre se trouvant
mouillé à chaque tour de
roue par son passage dans
une caisse remplie d’eau
acidulée, entrait en vibration
dès qu’on le touchait
du doigt. Marianne Davies
fut la première virtuose sur
cet instrument réputé « unique
en son genre », lorsqu’elle le
fit connaître à Paris en 1765.
Marianne Kirchgessner, musicienne
aveugle, le joua devant Mozart, qui
composa pour elle un petit quintette
pour H., flûte, hautbois, alto et
violoncelle (1791). Une Méthode pour
H. fut publiée à Leipzig, par Müller
(1788). L’instrument était encore
joué en Allemagne et en Angleterre
vers 1820. Les essais tentés pour
y adapter un mécanisme à archets
ou à clavier (clavicylindre de Chladni)
n’en prolongèrent pas le succès. La
sonorité de l’H. est aujourd’hui avantageusement
suppléée par le jeu de
carillon et le Célesta. (Voy. Carillon.)
|| 2. Jouet composé de lames métalliques,
de longueur décroissante, fixées
Harmonica.
sur deux supports longitudinaux et
mises en vibration par le choc d’un
ou deux petits maillets de bois ;
ce petit appareil, vendu dans les bazars,
est une réduction des jeux de carillon
dont la disposition est analogue à
celle du claquebois, ou xylophone, quelquefois
appelé h. de bois. || 3. Jouet
répandu en Allemagne sous le nom
d’H. de bouche (Mundharmonica),
composé d’une série d’anches libres
métalliques logées dans une petite
boîte de fer-blanc rectangulaire, qui
est percée sur l’un de ses côtés d’une
rangée de trous correspondant aux
anches ; on le joue à la manière de la
flûte de Pan, ou Syrinx, en promenant
cette rangée de trous devant la
bouche. || 4. Jeu d’orgue, de la facture
allemande, de 16 pieds, en bois,
placé au pédalier et dont le timbre
est apparenté à celui du Salicional.