Dictionnaire philosophique/portatif - 6e ed. - Londres (1767)/Athée, Athéisme

ATHÉE, ATHÉISME.


Autrefois quiconque avait un secret dans un art, courait risque de passer pour un sorcier ; toute nouvelle secte était accusée d’égorger des enfans dans ses mystères ; & tout philosophe qui s’écartait du jargon de l’école, était accusé d’Athéïsme par les fanatiques & par les fripons, & condamné par les sots.

Anaxagore ose-t-il prétendre que le soleil n’est point conduit par Apollon, monté sur un quadrige ? on l’appelle Athée, & il est contraint de fuïr.

Aristote est accusé d’Athéïsme par un prêtre, & ne pouvant faire punir son accusateur, il se retire à Calcis. Mais la mort de Socrate est ce que l’histoire de la Grèce a de plus odieux.

Aristophane, (cet homme que les commentateurs admirent, parce qu’il était Grec, ne songeant pas que Socrate était Grec aussi) Aristophane fut le premier qui accoutuma les Athéniens à regarder Socrate comme un Athée.

Ce poëte comique, qui n’est ni comique ni poëte, n’aurait pas été admis parmi nous à donner ses farces à la foire St. Laurent ; il me paraît beaucoup plus bas & plus méprisable que Plutarque ne le dépeint. Voici ce que le sage Plutarque dit de ce farceur : « Le langage d’Aristophane sent son misérable charlatan ; ce sont les pointes les plus basses & les plus dégoutantes ; il n’est pas même plaisant pour le peuple, & il est insupportable aux gens de jugement & d’honneur ; on ne peut souffrir son arrogance, & les gens de bien détestent sa malignité. »

C’est donc là, pour le dire en passant, le Tabarin que Madame Dacier admiratrice de Socrate, ose admirer : Voilà l’homme qui prépara de loin le poison, dont des juges infames firent périr l’homme le plus vertueux de la Grèce.

Les tanneurs, les cordonniers & les couturières d’Athènes applaudirent à une farce dans laquelle on représentait Socrate élevé en l’air dans un panier, annonçant qu’il n’y avait point de Dieu, & se vantant d’avoir volé un manteau en enseignant la philosophie. Un peuple entier, dont le mauvais gouvernement autorisait de si infames licences, méritait bien ce qui lui est arrivé, de devenir l’esclave des Romains, & de l’être aujourd’hui des Turcs.

Franchissons tout l’espace des temps entre la république Romaine & nous. Les Romains bien plus sages que les Grecs, n’ont jamais persécuté aucun philosophe pour ses opinions. Il n’en est pas ainsi chez les peuples barbares qui ont succèdé à l’Empire Romain. Dès que l’Empereur Frederic II. a des querelles avec les Papes, on l’accuse d’être Athée, & d’être l’auteur du livre des trois imposteurs, conjointement avec son chancelier de Vineis.

Notre grand chancelier de l’Hôpital se déclare-t-il contre les persécutions ? on l’accuse aussitôt d’Athéïsme.[1] Homo doctus, sed verus Atheos. Un Jésuite, autant au-dessous d’Aristophane, qu’Aristophane est au-dessous d’Homère ; un malheureux dont le nom est devenu ridicule parmi les fanatiques mêmes, le Jésuite Garasse, en un mot, trouve partout des Athéistes ; c’est ainsi qu’il nomme tous ceux contre lesquels il se déchaîne. Il appelle Théodore de Bèze Athéïste ; c’est lui qui a induit le public en erreur sur Vanini.

La fin malheureuse de Vanini ne nous émeut point d’indignation & de pitié comme celle de Socrate ; parce que Vanini n’était qu’un pédant étranger sans mérite ; mais enfin, Vanini n’était point Athée, comme on l’a prétendu ; il était précisément tout le contraire.

C’était un pauvre prêtre Napolitain, prédicateur & Théologien de son métier ; disputeur à outrance sur les quiddités, & sur les universaux ; & utrum chimera bombinans in vacuo possit comedere secundas intentiones. Mais d’ailleurs, il n’y avait en lui veine qui tendît à l’Athéïsme. Sa notion de Dieu est de la théologie la plus saine, & la plus approuvée ; « Dieu est son principe & sa fin, père de l’une & de l’autre, & n’ayant besoin ni de l’une, ni de l’autre ; Eternel sans être dans le temps ; présent partout sans être en aucun lieu. Il n’y a pour lui ni passé, ni futur ; il est partout, & hors de tout ; gouvernant tout, & ayant tout créé ; immuable, infini sans parties ; son pouvoir est sa volonté &c. »

Vanini se piquait de renouveller ce beau sentiment de Platon, embrassé par Averroës, que Dieu avait créé une chaîne d’êtres depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dont le dernier chaînon est attaché à son trône éternel ; idée, à la vérité, plus sublime que vraye, mais qui est aussi éloignée de l’Athéïsme, que l’être du néant.

Il voyagea pour faire fortune & pour disputer ; mais malheureusement la dispute est le chemin opposé à la fortune ; on se fait autant d’ennemis irréconciliables qu’on trouve de sçavants ou de pédants, contre lesquels on argumente. Il n’y eut point d’autre source du malheur de Vanini ; sa chaleur & sa grossiéreté dans la dispute lui valut la haine de quelques théologiens ; & ayant eu une querelle avec un nommé Francon ou Franconi, ce Francon ami de ses ennemis, ne manqua pas de l’accuser d’être Athée enseignant l’Athéïsme.

Ce Francon, ou Franconi, aidé de quelques témoins, eut la barbarie de soutenir à la confrontation, ce qu’il avait avancé. Vanini, sur la sellette, interrogé sur ce qu’il pensait de l’existence de Dieu, répondit qu’il adorait avec l’Eglise un Dieu en trois personnes. Ayant pris à terre une paille, Il suffit de ce fêtu, dit-il, pour prouver qu’il y a un créateur. Alors il prononça un très-beau discours sur la végétation & le mouvement, & sur nécessité d’un être suprême, sans lequel il n’y aurait ni mouvement ni végétation.

Le Président Grammont qui était alors à Toulouse, rapporte ce discours dans son histoire de France, aujourd’hui si oubliée, & ce même Grammont, par un préjugé inconcevable, prétend que Vanini disait tout cela par vanité, ou par crainte, plutôt que par une persuasion intérieure.

Sur quoi peut être fondé ce jugement téméraire & atroce du Président Grammont ? Il est évident que sur la réponse de Vanini, on devait l’absoudre de l’accusation d’Athéïsme. Mais qu’arriva-t-il ? Ce malheureux prêtre êtranger se mêlait aussi de médecine ; on trouva un gros crapaud vivant, qu’il conservait chez lui dans un vase plein d’eau ; on ne manqua pas de l’accuser d’être sorcier. On soutint que ce crapaud était le Dieu qu’il adorait, on donna un sens impie à plusieurs passages de ses livres, ce qui est très-aisé & très-commun, en prenant les objections pour les réponses, en interprétant avec malignité quelque phrase louche, en empoisonnant une expression innocente. Enfin la faction qui l’opprimait, arracha des juges l’arrêt qui condamna ce malheureux à la mort.

Pour justifier cette mort il falait bien accuser cet infortuné de ce qu’il y avait de plus affreux. Le minime & très-minime Mersenne a poussé la démence jusqu’à imprimer que Vanini était parti de Naples avec douze de ses Apôtres, pour aller convertir toutes les nations à l’Athéïsme. Quelle pitié ! Comment un pauvre prêtre aurait-il pû avoir douze hommes à ses gages ? comment aurait-il pû persuader douze Napolitains de voyager à grands frais pour répandre partout cette abominable & révoltante doctrine au péril de leur vie ? Un Roi serait-il assez puissant pour payer douze prédicateurs d’Athéïsme ? Personne, avant le père Mersenne, n’avait avancé une si énorme absurdité. Mais après lui on l’a répétée, on en a infecté les journaux, les dictionnaires historiques ; & le monde qui aime l’extraordinaire, a crû sans examen cette fable.

Bayle lui-même, dans ses pensées diverses, parle de Vanini comme d’un athée : il se sert de cet exemple pour appuyer son paradoxe qu’une société d’Athées peut subsister ; il assure que Vanini était un homme de mœurs très-réglées, & qu’il fut le martyr de son opinion philosophique. Il se trompe également sur ces deux points. Le prêtre Vanini nous apprend dans ses dialogues faits à l’imitation d’Erasme, qu’il avait eu une maîtresse nommée Isabelle. Il était libre dans ses écrits comme dans sa conduite ; mais il n’était point Athée.

Un siècle après sa mort, le sçavant La Croze, & celui qui a pris le nom de Philalète, ont voulu le justifier ; mais comme personne ne s’intéresse à la mémoire d’un malheureux Napolitain, très-mauvais auteur, presque personne ne lit ces apologies.

Le Jésuite Hardouin, plus sçavant que Garasse, & non moins téméraire, accuse d’Athéïsme, dans son livre Athei detecti, les Descartes, les Arnaulds, les Pascals, les Nicoles, les Mallebranches ; heureusement ils n’ont pas eu le sort de Vanini.

De tous ces faits, je passe à la question de morale agitée par Bayle, savoir, si une société d’Athées pourrait subsister ? Remarquons d’abord sur cet article, quelle est l’énorme contradiction des hommes dans la dispute ; ceux qui se sont élevés contre l’opinion de Bayle avec le plus d’emportement, ceux qui lui ont nié, avec le plus d’injures, la possibilité d’une société d’Athées, ont soutenu depuis avec la même intrépidité que l’Athéïsme est la religion du gouvernement de la Chine.

Ils se sont assurément bien trompés sur le gouvernement Chinois ; ils n’avaient qu’à lire les édits des Empereurs de ce vaste pays, ils auraient vu que ces édits sont des sermons, & que partout il y est parlé de l’être suprême, gouverneur, vengeur, & rémunérateur.

Mais en même temps ils ne se sont pas moins trompés sur l’impossibilité d’une société d’Athées ; & je ne sçais comment Mr. Bayle a pû oublier un exemple frapant qui aurait pû rendre sa cause victorieuse.

En quoi une société d’Athées parait-elle impossible ? C’est qu’on juge que des hommes qui n’auraient pas de frein, ne pourraient jamais vivre ensemble, que les loix ne peuvent rien contre les crimes secrets, qu’il faut un Dieu vengeur qui punisse dans ce monde-ci ou dans l’autre les méchants échapés à la justice humaine.

Les loix de Moïse, il est vrai, n’enseignaient point une vie à venir, ne menaçaient point des châtimens après la mort, n’enseignaient point aux premiers Juifs l’immortalité de l’ame ; mais les Juifs, loin d’être Athées, loin de croire se soustraire à la vengeance divine, étaient les plus religieux de tous les hommes. Non seulement ils croyaient l’existence d’un Dieu éternel : mais ils le croyaient toujours présent parmi eux ; ils tremblaient d’être punis dans eux-mêmes, dans leurs femmes, dans leurs enfans, dans leur postérité, jusqu’à la quatriéme génération ; & ce frein était très-puissant.

Mais, chez les gentils, plusieurs sectes n’avaient aucun frein ; les sceptiques doutaient de tout ; les académiciens suspendaient leur jugement sur tout ; les Epicuriens étaient persuadés que la Divinité ne pourrait se mêler des affaires des hommes ; & dans le fonds, ils n’admettaient aucune divinité. Ils étaient convaincus que l’ame n’est point une substance, mais une faculté qui nait & qui périt avec le corps, par conséquent ils n’avaient aucun joug que celui de la morale & de l’honneur. Les sénateurs & les chevaliers Romains étaient de véritables Athées, car les Dieux n’existaient pas pour des hommes qui ne craignaient ni n’espéraient rien d’eux. Le sénat Romain était donc réellement une assemblée d’Athées du temps de César & de Cicéron.

Ce grand orateur dans sa harangue pour Cluentius, dit à tout le sénat assemblé, quel mal lui fait la mort ? nous rejettons toutes les fables ineptes des enfers, qu’est-ce donc que la mort lui a ôté ? Rien que le sentiment des douleurs.

César, l’ami de Catilina, voulant sauver la vie de son ami, contre ce même Cicéron, ne lui objecte-t-il pas que ce n’est point punir un criminel que de le faire mourir, que la mort n’est rien, que c’est seulement la fin de nos maux, que c’est un moment plus heureux que fatal ? Cicéron, & tout le sénat ne se rendent-ils pas à ces raisons ? Les vainqueurs & les législateurs de l’Univers connu, formaient donc visiblement une société d’hommes qui ne craignaient rien des Dieux, qui étaient de véritables Athées ?

Bayle examine ensuite si l’idolatrie est plus dangereuse que l’Athéïsme, si c’est un crime plus grand de ne point croire à la Divinité que d’avoir d’elle des opinions indignes ; il est en cela du sentiment de Plutarque ; il croit qu’il vaut mieux n’avoir nulle opinion, qu’une mauvaise opinion ; mais, n’en déplaise à Plutarque, il est évident qu’il valait infiniment mieux pour les Grecs de craindre Cérès, Neptune & Jupiter, que de ne rien craindre du tout ; il est clair que la sainteté des serments est nécessaire, & qu’on doit se fier davantage à ceux qui pensent qu’un faux serment sera puni, qu’à ceux qui pensent qu’ils peuvent faire un faux serment avec impunité. Il est indubitable que dans une ville policée, il est infiniment plus utile d’avoir une religion (même mauvaise) que de n’en avoir point du tout.

Il paraît donc que Bayle devait plutôt examiner quel est le plus dangereux, du fanatisme, ou de l’Athéïsme. Le fanatisme est certainement mille fois plus funeste ; car l’Athéïsme n’inspire point de passion sanguinaire, mais le fanatisme en inspire : l’Athéïsme ne s’oppose pas aux crimes, mais le fanatisme les fait commettre. Supposons avec l’auteur du Commentarium rerum Gallicarum, que le chancelier de l’Hôpital fût Athée, il n’a fait que de sages loix, & n’a conseillé que la modération & la concorde. Les fanatiques commirent les massacres de la St. Barthelemi. Hobbes passa pour un Athée, il mena une vie tranquille & innocente. Les fanatiques de son temps inondèrent de sang l’Angleterre, l’Ecosse & l’Irlande. Spinosa était non-seulement Athée, mais il enseigna l’Athéïsme ; ce ne fut pas lui assurément qui eut part à l’assassinat juridique de Barneveldt, ce ne fut pas lui qui déchira les deux frères de Witt en morceaux, & qui les mangea sur le gril.

Les Athées sont pour la plupart des sçavans hardis & égarés qui raisonnent mal, & qui ne pouvant comprendre la création, l’origine du mal & d’autres difficultés, ont recours à l’hypothèse de l’éternité des choses, & de la nécessité.

Les ambitieux, les voluptueux n’ont guère le temps de raisonner, & d’embrasser un mauvais systême ; ils ont autre chose à faire qu’à comparer Lucrèce avec Socrate. C’est ainsi que vont les choses parmi nous.

Il n’en était pas ainsi du sénat de Rome qui était presque tout composé d’Athées de théorie & de pratique, c’est-à-dire qui ne croyaient ni à la providence ni à la vie future ; ce sénat était une assemblée de philosophes, de voluptueux & d’ambitieux, tous très-dangereux, & qui perdirent la république.

Je ne voudrais pas avoir à faire à un Prince Athée, qui trouverait son intérêt à me faire piler dans un mortier ; je suis bien sûr que je serais pilé. Je ne voudrais pas, si j’étais souverain, avoir à faire à des courtisans Athées, dont l’intérêt serait de m’empoisonner ; il me faudrait prendre au hazard du contrepoison tous les jours. Il est donc absolument nécessaire pour les Princes & pour les peuples, que l’idée d’un etre suprême créateur, gouverneur, rémunérateur & vengeur soit profondément gravée dans les esprits.

Il y a des peuples Athées, dit Bayle dans ses pensées sur les comètes. Les Caffres, les Hottentots, les Topinamboux, & beaucoup d’autres petites nations, n’ont point de Dieu ; ils ne le nient ni ne l’affirment, ils n’en ont jamais entendu parler ; dites leur qu’il y en a un, ils le croiront aisément ; dites leur que tout se fait par la nature des choses, ils vous croiront de même. Prétendre qu’ils sont Athées est la même imputation que si l’on disait qu’ils sont anti-Cartésiens, ils ne sont ni pour, ni contre Descartes. Ce sont de vrais enfans ; un enfant n’est ni Athée, ni Déiste, il n’est rien.

Quelle conclusion tirerons-nous de tout ceci ? Que l’Athéïsme est un monstre très-pernicieux dans ceux qui gouvernent, qu’il l’est aussi dans les gens de cabinet, quoique leur vie soit innocente, parce que de leur cabinet ils peuvent percer jusqu’à ceux qui sont en place ; que s’il n’est pas si funeste que le fanatisme, il est presque toujours fatal à la vertu. Ajoutons surtout qu’il y a moins d’Athées aujourd’hui que jamais, depuis que les philosophes ont reconnu qu’il n’y a aucun être végétant sans germe, aucun germe sans dessein, &c. & que le bled ne vient point de pourriture.

Des géomètres non philosophes ont rejeté les causes finales, mais les vrais philosophes les admettent ; &, comme l’a dit un auteur connu, un catéchiste annonce Dieu aux enfans, & Newton le démontre aux sages.


Section Seconde.

S’il y a des Athées, à qui doit-on s’en prendre, sinon aux tyrans mercenaires des ames qui en nous révoltant contre leurs fourberies, forcent quelques esprits faibles à nier le Dieu que ces monstres déshonorent ? Combien de fois les sangsues du peuple ont-ils porté les citoyens accablés jusqu’à se révolter contre le Roi ! (Voyez fraude.)

Des hommes engraissés de notre substance nous crient : soyez persuadés qu’une ânesse a parlé ; croyez qu’un poisson a avalé un homme & l’a rendu au bout de trois jours sain & gaillard sur le rivage ; ne doutez pas que le Dieu de l’univers n’ait ordonné à un Prophête Juif de manger de la merde, & à un autre. (Ezéchiel) Prophête d’acheter deux putains, & de leur faire des fils de putains. (Osée) Ce sont les mots qu’on fait prononcer au Dieu vérité & de pureté ; croyez cent choses ou visiblement abominables ou Mathématiquement impossibles ; sinon le Dieu de miséricorde vous brulera non seulement pendant des millions de milliards de siècles au feu d’enfer, mais pendant toute l’éternité, soit que vous ayez un corps, soit que vous n’en ayez pas.

Ces inconcevables bêtises révoltent des Esprits faibles & téméraires aussi bien que des Esprits fermes & sages. Ils disent : si nos maîtres nous peignent Dieu comme le plus insensé & comme le plus barbare de tous les êtres, donc il n’y a point de Dieu ; mais ils devraient dire ; donc nos maîtres attribuent à Dieu leurs absurdités & leurs fureurs, donc Dieu est le contraire de ce qu’ils annoncent, donc Dieu est aussi sage & aussi bon qu’ils le disent fou & méchant. C’est ainsi que s’expliquent les sages. Mais si un fanatique les entend il les dénonce à un magistrat sergent de prêtres, & ce sergent les fait brûler à petit feu, croyant venger & imiter la Majesté divine qu’il outrage.

  1. Commentarium rerum Gallicarum, L. 28.