Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Vénalité

Éd. Garnier - Tome 20
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VÉNALITÉ[1].

Ce faussaire dont nous avons tant parlé[2], qui fit le Testament du cardinal de Richelieu, dit, au chapitre iv, « qu’il vaut mieux laisser la vénalité et le droit annuel que d’abolir ces deux établissements, difficiles à changer tout d’un coup sans ébranler l’État ». Toute la France répétait, et croyait répéter après le cardinal de Richelieu, que la vénalité des offices de judicature était très-avantageuse.

L’abbé de Saint-Pierre fut le premier qui, croyant encore que le prétendu testament était du cardinal, osa dire dans ses observations sur le chapitre iv : « Le cardinal s’est engagé dans un mauvais pas en soutenant que, quant à présent, la vénalité des charges peut être avantageuse à l’État. Il est vrai qu’il n’est pas possible de rembourser toutes les charges. »

Ainsi, non-seulement cet abus paraissait à tout le monde irréformable, mais utile ; on était si accoutumé à cet opprobre qu’on ne le sentait pas : il semblait éternel ; un seul homme en peu de mois l’a su anéantir.

Répétons donc qu’on peut tout faire, tout corriger ; que le grand défaut de presque tous ceux qui gouvernent est de n’avoir que des demi-volontés et des demi-moyens. Si Pierre le Grand n’avait pas voulu fortement, deux mille lieues de pays seraient encore barbares.

Comment donner de l’eau dans Paris à trente mille maisons qui en manquent ? comment payer les dettes de l’État ? comment se soustraire à la tyrannie révérée d’une puissance étrangère qui n’est pas une puissance, et à laquelle on paye en tribut les premiers fruits ? Osez le vouloir, et vous en viendrez à bout plus aisément que vous n’avez extirpé les jésuites et purgé le théâtre de petits-maîtres.



  1. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)
  2. Voyez les notes, tome XVII, page 211, et ci-dessus, page 430.


Velletri ou Vellitri

Vénalité

Venise