Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Montagne

Éd. Garnier - Tome 20
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MONTAGNE[1].

C’est une fable bien ancienne, bien universelle, que celle de la montagne qui, ayant effrayé tout le pays par ses clameurs en travail d’enfant, fut sifflée de tous les assistants quand elle ne mit au monde qu’une souris. Le parterre n’était pas philosophe. Les siffleurs devaient admirer. Il était aussi beau à la montagne d’accoucher d’une souris qu’à la souris d’accoucher d’une montagne. Un rocher qui produit un rat est quelque chose de très-prodigieux ; et jamais la terre n’a vu rien qui approche d’un tel miracle. Tous les globes de l’univers ensemble ne pourraient pas faire naître une mouche. Là où le vulgaire rit, le philosophe admire ; et il rit où le vulgaire ouvre de grands yeux stupides d’étonnement.


  1. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)


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