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Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Julien
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Qu’on suppose un moment que Julien a quitté les faux dieux pour la religion chrétienne ; qu’alors on examine en lui l’homme, le philosophe, et l’empereur, et qu’on cherche le prince qu’on osera lui préférer. S’il eût vécu seulement dix ans de plus, il y a grande apparence qu’il eût donné une tout autre forme à l’Europe que celle qu’elle a aujourd’hui.
La religion chrétienne a dépendu de sa vie : les efforts qu’il fit pour la détruire ont rendu son nom exécrable aux peuples qui l’ont embrassée. Les prêtres chrétiens ses contemporains l’accusèrent de presque tous les crimes, parce qu’il avait commis le plus grand de tous à leurs yeux, celui de les abaisser. Il n’y a pas encore longtemps qu’on ne citait son nom qu’avec l’épithète d’Apostat ; et c’est peut-être le plus grand effort de la raison qu’on ait enfin cessé de le désigner de ce surnom injurieux. Les bonnes études ont amené l’esprit de tolérance chez les savants. Qui croirait que dans un Mercure de Paris de l’année 1741, l’auteur reprend vivement un écrivain d’avoir manqué aux bienséances les plus communes en appelant cet empereur Julien l’Apostat ? Il y a cent ans que quiconque ne l’eût pas traité d’apostat eût été traité d’athée.
Ce qui est très-singulier et très-vrai, c’est que si vous faites abstraction des disputes entre les païens et les chrétiens, dans lesquelles il prit parti ; si vous ne suivez cet empereur ni dans les églises chrétiennes ni aux temples idolâtres ; si vous le suivez dans sa maison, dans les camps, dans les batailles, dans ses mœurs, dans sa conduite, dans ses écrits, vous le trouvez partout égal à Marc-Aurèle. Ainsi cet homme, qu’on a peint abominable, est peut-être le premier des hommes, ou du moins le second. Toujours sobre, toujours tempérant, n’ayant jamais eu de maîtresses, couchant sur une peau d’ours, et y donnant, à regret encore, peu d’heures au sommeil, partageant son temps entre l’étude et les affaires, généreux, capable d’amitié, ennemi du faste, on l’eût admiré s’il n’eût été que particulier.
Si on regarde en lui le héros, on le voit toujours à la tête des troupes, rétablissant la discipline militaire sans rigueur, aimé des soldats, et les contenant ; conduisant presque toujours à pied ses armées, et leur donnant l’exemple de toutes les fatigues ; toujours victorieux dans toutes ses expéditions jusqu’au dernier moment de sa vie, et mourant enfin en faisant fuir les Perses. Sa mort fut d’un héros, et ses dernières paroles d’un philosophe. « Je me soumets, dit-il, avec joie aux décrets éternels du Ciel, convaincu que celui qui est épris de la vie quand il faut mourir est plus lâche que celui qui voudrait mourir quand il faut vivre. » Il s’entretient à sa dernière heure de l’immortalité de l’âme ; nuls regrets, nulle faiblesse ; il ne parle que de sa soumission à la Providence. Qu’on songe que c’est un empereur de trente-deux ans qui meurt ainsi, et qu’on voie s’il est permis d’insulter sa mémoire.
Si on le considère comme empereur, on le voit refuser le titre de dominus qu’affectait Constantin, soulager les peuples, diminuer les impôts, encourager les arts, réduire à soixante et dix onces ces présents de couronnes d’or de trois à quatre cents marcs, que ses prédécesseurs exigeaient de toutes les villes, faire observer les lois, contenir ses officiers et ses ministres, et prévenir toute corruption.
Dix soldats chrétiens complotent de l’assassiner ; ils sont découverts, et Julien leur pardonne. Le peuple d’Antioche, qui joignait l’insolence à la volupté, l’insulte ; il ne s’en venge qu’en homme d’esprit, et, pouvant lui faire sentir la puissance impériale, il ne fait sentir à ce peuple que la supériorité de son génie. Comparez à cette conduite les supplices que Théodose (dont on a presque fait un saint) étale dans Antioche, tous les citoyens de Thessalonique égorgés pour un sujet à peu près semblable ; et jugez entre ces deux hommes.
Des écrivains qu’on nomme Pères de l’Église, Grégoire de Nazianze et Théodoret, ont cru qu’il fallait le calomnier, parce qu’il avait quitté la religion chrétienne. Ils n’ont pas songé que le triomphe de cette religion était de l’emporter sur un grand homme, et même sur un sage, après avoir résisté aux tyrans. L’un dit qu’il remplit Antioche de sang, par une vengeance barbare. Comment un fait si public eût-il échappé à tous les autres historiens ? On sait qu’il ne versa dans Antioche que le sang des victimes. Un autre ose assurer qu’avant d’expirer il jeta son sang contre le ciel, et s’écria : Tu as vaincu, Galiléen. Comment un conte aussi insipide a-t-il pu être accrédité ? Était-ce contre des chrétiens qu’il combattait ? et une telle action et de tels mots étaient-ils dans son caractère ?
Des esprits plus sensés que les détracteurs de Julien demanderont comment il peut se faire qu’un homme d’État tel que lui, un homme de tant d’esprit, un vrai philosophe, pût quitter le christianisme, dans lequel il avait été élevé, pour le paganisme, dont il devait sentir l’absurdité et le ridicule. Il semble que si Julien écouta trop sa raison contre les mystères de la religion chrétienne, il devait écouter bien davantage cette même raison, plus éclairée contre les fables des païens.
Peut-être en suivant le cours de sa vie, et en observant son caractère, on verra ce qui lui inspira tant d’aversion contre le christianisme. L’empereur Constantin, son grand-oncle, qui avait mis la nouvelle religion sur le trône, s’était souillé du meurtre de sa femme, de son fils, de son beau-frère, de son neveu, et de son beau-père. Les trois enfants de Constantin commencèrent leur funeste règne par égorger leur oncle et leurs cousins. On ne vit ensuite que des guerres civiles et des meurtres. Le père, le frère aîné de Julien, tous ses parents, et lui-même encore enfant, furent condamnés à périr par Constance, son oncle. Il échappa à ce massacre général. Ses premières années se passèrent dans l’exil ; et enfin il ne dut la conservation de sa vie, sa fortune et le titre de césar qu’à l’impératrice Eusébie, femme de son oncle Constance, qui, après avoir eu la cruauté de proscrire son enfance, eut l’imprudence de le faire césar, et ensuite l’imprudence plus grande de le persécuter.
Il fut témoin d’abord de l’insolence avec laquelle un évêque traita Eusébie sa bienfaitrice : c’était un nommé Léontius, évêque de Tripoli, Il fit dire à l’impératrice qu’il « n’irait point la voir, à moins qu’elle ne le reçût d’une manière conforme à son caractère épiscopal, qu’elle vînt au-devant de lui jusqu’à la porte, qu’elle reçût sa bénédiction en se courbant, et qu’elle se tînt debout jusqu’à ce qu’il lui permît de s’asseoir ». Les pontifes païens n’en usaient point ainsi avec les impératrices. Une vanité si brutale dut faire des impressions profondes dans l’esprit d’un jeune homme, amoureux déjà de la philosophie et de la simplicité.
S’il se voyait dans une famille chrétienne, c’était dans une famille fameuse par des parricides ; s’il voyait des évêques de cour, c’étaient des audacieux et des intrigants, qui tous s’anathématisaient les uns les autres ; les partis d’Arius et d’Athanase remplissaient l’empire de confusion et de carnage. Les païens, au contraire, n’avaient jamais eu de querelle de religion. Il est donc naturel que Julien, élevé d’ailleurs par des philosophes païens, fortifiât dans son cœur, par leurs discours, l’aversion qu’il devait avoir pour la religion chrétienne. Il n’est pas plus étrange de voir Julien quitter le christianisme pour les faux dieux, que de voir Constantin quitter les faux dieux pour le christianisme. Il est fort vraisemblable que tous les deux changèrent par intérêt d’État, et que cet intérêt se mêla dans l’esprit de Julien à la fierté indocile d’une âme stoïque.
Les prêtres païens n’avaient point de dogmes ; ils ne forçaient point les hommes à croire l’incroyable ; ils ne demandaient que des sacrifices, et ces sacrifices n’étaient point commandés sous des peines rigoureuses ; ils ne se disaient point le premier ordre de l’État, ne formaient point un État dans l’État, et ne se mêlaient point du gouvernement. Voilà bien des motifs pour engager un homme du caractère de Julien à se déclarer pour eux. Il avait besoin d’un parti ; et s’il ne se fût piqué que d’être stoïcien, il aurait eu contre lui les prêtres des deux religions, et tous les fanatiques de l’une et de l’autre. Le peuple n’aurait pu alors supporter qu’un prince se contentât de l’adoration pure d’un être pur, et de l’observation de la justice. Il fallut opter entre deux partis qui se combattaient. Il est donc à croire que Julien se soumit aux cérémonies païennes, comme la plupart des princes et des grands vont dans les temples : ils y sont menés par le peuple même, et sont forcés de paraître souvent ce qu’ils ne sont pas ; d’être en public les premiers esclaves de la crédulité. Le sultan des Turcs doit bénir Omar, le sophi de Perse doit bénir Ali ; Marc-Aurèle lui-même s’était fait initier aux mystères d’Éleusis.
Il ne faut donc pas être surpris que Julien ait avili sa raison jusqu’à descendre à des pratiques superstitieuses ; mais on ne peut concevoir que de l’indignation contre Théodoret, qui seul de tous les historiens rapporte qu’il sacrifia une femme dans le temple de la Lune à Carrès. Ce conte infâme doit être mis avec ce conte absurde d’Ammien, que le génie de l’empire apparut à Julien avant sa mort ; et avec cet autre conte non moins ridicule, que, quand Julien voulut faire rebâtir le temple de Jérusalem, il sortit de terre des globes de feu qui consumèrent tous les ouvrages et les ouvriers.
Iliacos intra muros peccatur et extra.
Les chrétiens et les païens débitaient également des fables sur Julien ; mais les fables des chrétiens, ses ennemis, étaient toutes calomnieuses. Qui pourra jamais se persuader qu’un philosophe ait immolé une femme à la Lune, et déchiré de ses mains ses entrailles ? Une telle horreur est-elle dans le caractère d’un stoïcien rigide ?
Il ne fit jamais mourir aucun chrétien : il ne leur accordait point de faveurs ; mais il ne les persécutait pas. Il les laissait jouir de leurs biens comme empereur juste, et écrivait contre eux comme philosophe. Il leur défendait d’enseigner dans les écoles les auteurs profanes, qu’eux-mêmes voulaient décrier : ce n’était pas être persécuteur. Il leur permettait l’exercice de leur religion, et les empêchait de se déchirer par leurs querelles sanglantes : c’était les protéger. Ils ne devaient donc lui faire d’autre reproche que de les avoir quittés et de n’être pas de leur avis ; cependant, ils trouvèrent le moyen de rendre exécrable à la postérité un prince dont le nom aurait été cher à l’univers sans son changement de religion.
Quoique nous ayons déjà parlé de Julien, à l’article Apostat ; quoique nous ayons, à l’exemple de tous les sages, déploré le malheur horrible qu’il eut de n’être pas chrétien, et que d’ailleurs nous ayons rendu justice à toutes ses vertus, cependant nous sommes forcés d’en dire encore un mot.
C’est à l’occasion d’une imposture aussi absurde qu’atroce que nous avons lue par hasard dans un de ces petits dictionnaires dont la France est inondée aujourd’hui, et qu’il est malheureusement trop aisé de faire. Ce dictionnaire théologique est d’un ex-jésuite nommé Paulian[4]; il répète cette fable si décréditée que l’empereur Julien, blessé à mort en combattant contre les Perses, jeta son sang contre le ciel, en s’écriant : Tu as vaincu, Galiléen ; fable qui se détruit d’elle-même, puisque Julien fut vainqueur dans le combat, et que certainement Jésus-Christ n’était pas le dieu des Perses.
Cependant Paulian ose affirmer que le fait est incontestable. Et sur quoi l’affirme-t-il ? Sur ce que Théodoret, l’auteur de tant d’insignes mensonges, le rapporte ; encore ne le rapporte-t-il que comme un bruit vague : il se sert du mot on dit[5]. Ce conte est digne des calomniateurs qui écrivirent que Julien avait sacrifié une femme à la Lune, et qu’on trouva après sa mort un grand coffre rempli de têtes, parmi ses meubles.
Ce n’est pas le seul mensonge et la seule calomnie dont cet ex-jésuite Paulian se soit rendu coupable. Si ces malheureux savaient quel tort ils font à notre sainte religion, en cherchant à l’appuyer par l’imposture et par les injures grossières qu’ils vomissent contre les hommes les plus respectables, ils seraient moins audacieux et moins emportés ; mais ce n’est pas la religion qu’ils veulent soutenir : ils veulent gagner de l’argent par leurs libelles, et, désespérant d’être lus par les gens du monde, ils compilent, compilent, compilent du fatras théologique, dans l’espérance que leurs opuscules feront fortune dans les séminaires[6].
On demande très-sincèrement pardon aux lecteurs sensés d’avoir parlé d’un ex-jésuite nommé Paulian, et d’un ex-jésuite nommé Nonotte, et d’un ex-jésuite nommé Patouillet ; mais, après avoir écrasé des serpents, n’est-il pas permis aussi d’écraser des puces[7] ?
- ↑ Dans l’édition de 1767 (fin 1766) du Dictionnaire philosophique, l’article Julien se composait du morceau que Voltaire reproduisit avec additions et sous le titre de Portrait de l’empereur Julien, en tête de son édition du Discours sur l’empereur Julien (voyez les Mélanges, année 1769). C’est ce morceau qui, dans l’édition de Kehl et quelques autres, faisait ici la première section. (B.)
- ↑ Ce qui compose cette seconde section a paru dans la Suite des Mélanges (4e partie), 1756. (B.)
- ↑ Dans les Questions sur l’Encyclopédie, septième partie, 1771, tout l’article se composait de cette seule section. (B.)
- ↑ Dictionnaire philosopho-théologique portatif (par Paulian), 1770, un volume in-8o. Voyez l’Avertissement de Beuchot, tome XVII.
- ↑ Théodoret, chapitre xxv. (Note de Voltaire.)
- ↑ Voyez l’article Philosophie.
- ↑ M. de Voltaire a osé le premier rendre une justice entière à ce prince, l’un des hommes les plus extraordinaires qui aient jamais occupé le trône. Chargé, très-jeune, et au sortir de l’école des philosophes, du gouvernement des Gaules, il les défendit avec un égal courage contre les Germains et contre les exacteurs qui les ravageaient au nom de Constance. Sa vie privée était celle d’un sage ; général habile et actif pendant la campagne, il devenait l’hiver un magistrat appliqué, juste et humain. Constance voulut le rappeler ; l’armée se souleva, et le força d’accepter le titre d’Auguste. Les détails de cet événement, transmis par l’histoire, nous y montrent Julien aussi irréprochable que dans le reste de sa vie. Il fallait qu’il choisit entre la mort et une guerre contre un tyran souillé de sang et de rapines, avili par la superstition et la mollesse, et qui avait résolu sa perte. Son droit était le même que celui de Constantin, qui n’avait pas, à beaucoup près, des excuses aussi légitimes.
Tandis que son armée, conduite par ses généraux, marche en Grèce, en traversant les Alpes et le nord de l’Italie, Julien, à la tête d’un corps de cavalerie d’élite, passe le Rhin, traverse la Germanie et la Pannonie, partie sur les terres de l’empire, partie sur celles des barbares ; et on le voit descendre des montagnes de Macédoine lorsqu’on le croyait encore dans les Gaules. Cette marche, unique dans l’histoire, est à peine connue : car la haine des prêtres a envié à Julien jusqu’à sa gloire militaire.
En seize mois de règne, il assura toutes les frontières de l’empire, fit respecter partout sa justice et sa clémence, étouffa les querelles des chrétiens, qui commençaient à troubler l’empire, et ne répondit à leurs injures, ne combattit leurs intrigues et leurs complots, que par des raisonnements et des plaisanteries. Il fit enfin contre les Parthes cette guerre dont l’unique objet était d’assurer aux provinces de l’Orient une barrière qui les mit à l’abri de toute incursion. Jamais un règne si court n’a mérité autant de gloire. Sous ses prédécesseurs, comme sous les princes qui lui ont succédé, c’était un crime capital de porter des vêtements de pourpre. Un de ses courtisans lui dénonça un jour un citoyen qui, soit par orgueil, soit par folie, s’était paré de ce dangereux ornement ; il ne lui manquait, disait-on, que des souliers de pourpre. « Portez-lui-en une paire de ma part, dit Julien, afin que l’habillement soit complet. »
La Satire des Césars est un ouvrage rempli de finesse et de philosophie ; le jugement sévère, mais juste et motivé, porté sur ces princes par un de leurs successeurs, est un monument unique dans l’histoire. Dans ses Lettres à des philosophes, dans son Discours aux Athéniens, il se montra supérieur en esprit et en talents à Marc-Antonin, son modèle, le seul empereur qui, comme lui, ait laissé des ouvrages. Pour bien juger les écrits philosophiques de Julien et son livre contre les chrétiens, il faut le comparer, non aux ouvrages des philosophes modernes, mais à ceux des philosophes grecs, des savants de son siècle, des Pères de l’Église : alors on trouvera peu d’hommes qu’on puisse comparer à ce prince mort à trente-deux ans, après avoir gagné des batailles sur le Rhin et sur l’Euphrate.
Il mourut au sein de la victoire, comme Épaminondas, et conversant paisiblement avec les philosophes qui l’avaient suivi à l’armée. Des fanatiques avaient prédit sa mort ; et les Perses, loin de s’en vanter, en accusèrent la trahison des Romains. On fut obligé d’employer des précautions extraordinaires pour empêcher les chrétiens de déchirer son corps et de profaner son tombeau. Jovien, son successeur, était chrétien. Il fit un traité honteux avec les Perses, et mourut au bout de quelques mois, d’excès de débauche et d’intempérance.
Ceux qui reprochent à Julien de n’avoir pas assuré à l’empire un successeur digne de le remplacer oublient la brièveté de son règne, la nécessité de commencer par rétablir la paix, et la difficulté de pourvoir au gouvernement d’un empire immense dont la constitution exigeait un seul maître, ne pouvait souffrir un monarque faible, et n’offrait aucun moyen pour une élection paisible. (K.)
— Depuis ce jugement confirmatif de celui de Voltaire, la figure de Julien a bien changé. Aux yeux de la critique moderne, ce n’est pas, il est vrai, le féroce persécuteur créé par les légendes catholiques, mais ce n’est pas non plus le prince sceptique que nous présentaient les rationalistes. Il se trouve que ce terrible ennemi des chrétiens est un des esprits les plus chrétiens qui fut jamais, et que, séparé d’eux par des questions de mots, il leur était intimement lié par la théologie, la morale, les aspirations mystiques, etc. (G. A.)