Grâce (de la)
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Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Gracieux
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Gracieux est un terme qui manquait à notre langue, et qu’on doit à Ménage. Bouhours, en avouant que Ménage en est l’auteur, prétend qu’il en a fait aussi l’emploi le plus juste, en disant :
Pour moi, de qui le chant n’a rien de gracieux[2].
Le mot de Ménage n’en a pas moins réussi. Il veut dire plus qu’agréable ; il indique l’envie de plaire, des manières gracieuses, un air gracieux. Boileau, dans son Ode sur Namur, semble l’avoir employé d’une façon impropre, pour signifier moins fier, abaissé, modeste :
Et désormais gracieux,
Allez à Liége, à Bruxelles,
Porter les humbles nouvelles
De Namur pris à vos yeux.
La plupart des peuples du Nord disent : Notre gracieux souverain ; apparemment qu’ils entendent bienfaisant. De gracieux on a fait disgracieux, comme de grâce on a formé disgrâce : des paroles disgracieuses, une aventure disgracieuse. On dit disgracié, et on ne dit pas gracié. On commence à se servir du mot gracieuser, qui signifie recevoir, parler obligeamment ; mais ce mot n’est pas employé par les bons écrivains dans le style noble.