Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Fausseté

Éd. Garnier - Tome 19
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FAUSSETÉ[1].

Fausseté est le contraire de la vérité. Ce n’est pas proprement le mensonge, dans lequel il entre toujours du dessein.

On dit qu’il y a eu cent mille hommes écrasés dans le tremblement de terre de Lisbonne : ce n’est pas un mensonge, c’est une fausseté.

La fausseté est presque toujours encore plus qu’erreur ; la fausseté tombe plus sur les faits, l’erreur sur les opinions.

C’est une erreur de croire que le soleil tourne autour de la terre ; c’est une fausseté d’avancer que Louis XIV dicta le testament de Charles II.

La fausseté d’un acte est un crime plus grand que le simple mensonge ; elle désigne une imposture juridique, un larcin fait avec la plume.

Un homme a de la fausseté dans l’esprit quand il prend presque toujours à gauche ; quand, ne considérant pas l’objet entier, il attribue à un côté de l’objet ce qui appartient à l’autre, et que ce vice de jugement est tourné chez lui en habitude.

Il y a de la fausseté dans le cœur quand on s’est accoutumé à flatter et à se parer de sentiments qu’on n’a pas ; cette fausseté est pire que la dissimulation, et c’est ce que les Latins appelaient simulatio.

Il y a beaucoup de faussetés dans les historiens, des erreurs chez les philosophes, des mensonges dans presque tous les écrits polémiques, et encore plus dans les satiriques.

Les esprits faux sont insupportables, et les cœurs faux sont en horreur.


  1. Encyclopédie, tome VI, 1756. (B.)