Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Faste

Éd. Garnier - Tome 19
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FASTE[1].

Des différentes significations de ce mot.

Faste vient originairement du latin fasti, jours de fête ; c’est en ce sens qu’Ovide l’entend dans son poëme intitulé les Fastes.

Godeau a fait sur ce modèle les Fastes de l’Église, mais avec moins de succès : la religion des Romains païens était plus propre à la poésie que celle des chrétiens ; à quoi on peut ajouter qu’Ovide était un meilleur poëte que Godeau.

Les fastes consulaires n’étaient que la liste des consuls.

Les fastes des magistrats étaient les jours où il était permis de plaider ; et ceux auxquels on ne plaidait pas s’appelaient néfastes, nefasti, parce qu’alors on ne pouvait parler, fari, en justice.

Ce mot nefastus, en ce sens, ne signifiait pas malheureux ; au contraire nefastus et nefandus furent l’attribut des jours infortunés en un autre sens, qui signifiait jours dont on ne doit point parler, jours dignes de l’oubli ; ille nefasto te posuit die. (Hor., ode xiii, liv. II, vers 1.)

Il y avait chez les Romains d’autres fastes encore, fasti urbis, fasti rustici : c’était un calendrier de l’usage de la ville et de la campagne.

On a toujours cherché dans ces jours de solennité à étaler quelque appareil dans ses vêtements, dans sa suite, dans ses festins. Cet appareil étalé dans d’autres jours s’est appelé faste. Il n’exprime que la magnificence dans ceux qui, par leur état, doivent représenter ; il exprime la vanité dans les autres.

Quoique le mot de faste ne soit pas toujours injurieux, fastueux l’est toujours. Un religieux qui fait parade de sa vertu met du faste jusque dans l’humilité même.


  1. Encyclopédie, tome VI, 1756. (B.)


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Faste

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