Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Faction

Éd. Garnier - Tome 19
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FACTION[1].

De ce qu’on entend par ce mot.

Le mot faction venant du latin facere, on l’emploie pour signifier l’état d’un soldat à son poste, en faction ; les quadrilles ou les troupes des combattants dans le cirque ; les factions vertes, bleues, rouges, et blanches.

La principale acception de ce terme signifie un parti séditieux dans un État. Le terme de parti par lui-même n’a rien d’odieux, celui de faction l’est toujours.

Un grand homme et un médiocre peuvent avoir aisément un parti à la cour, dans l’armée, à la ville, dans la littérature.

On peut avoir un parti par son mérite, par la chaleur et le nombre de ses amis, sans être chef de parti.

Le maréchal de Catinat, peu considéré à la cour, s’était fait un grand parti dans l’armée sans y prétendre.

Un chef de parti est toujours un chef de faction ; tels ont été le cardinal de Retz, Henri duc de Guise, et tant d’autres.

Un parti séditieux, quand il est encore faible, quand il ne partage pas tout l’État, n’est qu’une faction.

La faction de César devint bientôt un parti dominant qui engloutit la république.

Quand l’empereur Charles VI disputait l’Espagne à Philippe V, il avait un parti dans ce royaume, et enfin il n’y eut plus qu’une faction. Cependant on peut dire toujours le parti de Charles VI.

Il n’en est pas ainsi des hommes privés. Descartes eut longtemps un parti en France ; on ne peut dire qu’il eut une faction.

C’est ainsi qu’il y a des mots synonymes en plusieurs cas, qui cessent de l’être dans d’autres.


  1. Encyclopédie, tome VI, 1756. (B.)


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