Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Fécond

Éd. Garnier - Tome 19
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FÉCOND[1].

Fécond est le synonyme de fertile, quand il s’agit de la culture des terres. On peut dire également un terrain fécond et fertile, fertiliser et féconder un champ.

La maxime, qu’il n’y a point de synonymes, veut dire seulement qu’on ne peut se servir dans toutes les occasions des mêmes mots : ainsi, une femelle, de quelque espèce qu’elle soit, n’est point fertile, elle est féconde.

On féconde des œufs, on ne les fertilise pas ; la nature n’est pas fertile, elle est féconde. Ces deux expressions sont quelquefois également employées au figuré et au propre : un esprit est fertile ou fécond en grandes idées.

Cependant les nuances sont si délicates qu’on dit un orateur fécond, et non pas un orateur fertile ; fécondité, et non fertilité de paroles ; cette méthode, ce principe, ce sujet est d’une grande fécondité, et non pas d’une grande fertilité ; la raison en est qu’un principe, un sujet, une méthode, produisent des idées qui naissent les unes des autres, comme des êtres successivement enfantés ; ce qui a rapport à la génération.

Bienheureux Scudéry dont la fertile plume...

(Boileau, sat. II, 77.)

Le mot fertile est là bien placé, parce que cette plume s’exerçait, se répandait sur toutes sortes de sujets.

Le mot fécond convient plus au génie qu’à la plume.

Il y a des temps féconds en crimes, et non pas fertiles en crimes.

L’usage enseigne toutes ces petites différences.


  1. Encyclopédie, tome VI, 1756. (B.)


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